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  • Méditation - « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert. » (Is. XL, 3)

    Ce désert est le pécheur ; son âme, en effet, en a toutes les conditions. Elle est comme un champ inculte et négligé, où jamais ne tomba la semence d'un bon fruit ; elle ne produit que des buissons et des épines ; les mauvaises pensées et les désirs pervers, comme des ronces épaisses, la couvrent de toutes parts. [...] Quelle solitude là où Dieu n'est pas ! Quelle sécheresse là où ne tombe jamais la pluie du ciel ! Quelle stérilité là où le soleil ne fait jamais sentir sa chaleur, là où la piété n'est pas cultivée !

    Tel est le désert auquel Dieu ne cesse de parler pour le convertir et le rappeler à lui. Depuis le jour où la raison commence à s'ouvrir jusqu'à la mort, le Seigneur ne cesse d'appeler le pécheur avec une clémence infinie. Ce doux Seigneur est l'offensé et pourtant c'est lui qui nous invite, c'est lui qui nous sollicite : « Je me tiens à la porte et je frappe (Ap. III, 20). » [...]

    « Préparez la voie du Seigneur (Is. XL, 3). » Il ne demande pas des choses grandes ou difficiles ; il ne nous demande pas de nous enrichir de ses dons et de ses grâces ; car lui seul peut ainsi enrichir les âmes. Il demande seulement que nous nous préparions, que nous nous disposions à sa venue ; car c'est à l'homme de préparer son cœur au Dieu qui vient y habiter ; Dieu lui-même perfectionnera cette œuvre de préparation, et alors vous ne lui opposerez aucune résistance, quand il se présentera pour entrer dans le sanctuaire de votre cœur : « Préparez la voix du Seigneur, dit-il » ; ne résistez pas, cela suffit. Écoutez ce qu'il dit lui-même : « Je me tiens à la porte et je frappe (Ap. III, 20). » [...]

    Ne résistez donc point, cela suffit, je le répète ; ôtez les pierres, les cailloux, les épines qui embarrassent vos voies ; ôtez les péchés qui souillent votre âme, les querelles, les discordes, les haines, les inimitiés, les usures, les simonies, les adultères, les larcins, les jalousies, l'orgueil ; ôtez tous vos péchés, ce sont eux qui vous ont séparés de votre Dieu. Purifiez votre conscience par la confession, que vos larmes l'arrosent et en effacent les souillures ; ornez-la de bons désirs et de saintes pensées ; que la prière soit l'odorant parfum qui la pénètre de son odeur suave ; en expiation de vos péchés, offrez des jeûnes et des veilles et faites l'aumône à l'indigent. Voilà la préparation qui convient à la demeure de Dieu, suivant la parole du Psalmiste : « La justice et l'équité préparent votre demeure (Ps. LXXXV11I, 15). »

    Accomplissez ces œuvres saintes, et la Majesté divine daignera venir habiter dans vos cœurs. Dès ici-bas il comblera votre âme de paix, de joie, de toutes sortes de biens. Je vous donne volontiers ma parole que toutes ces solennités se passeront dans le bonheur, pour celui qui donnera à son Dieu l'hospitalité de son cœur. Maintenant il entrera dans la grâce et plus tard dans la gloire éternelle, vers laquelle supplions le Seigneur notre Dieu, béni dans tous les siècles, de nous conduire et de nous faire habiter à jamais. Ainsi soit-il. »

    St Thomas de Villeneuve (1487-1555), Sermon pour le 4e dimanche de l'Avent, in "Œuvres de St Thomas de Villeneuve Religieux Augustin et Archevêque de Valence Traduites du latin par le Père V. Ferrier", Tome I, Sermons pour l'Avent, Paris, P. Lethielleux, 1866.

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  • Méditation - Prenons soin de notre âme !

    « Frères, il y a deux sortes de champs : l'un est le champ de Dieu, l'autre celui de l'homme. Tu as ton domaine ; Dieu aussi a le sien. Ton domaine, c'est ta terre ; le domaine de Dieu, c'est ton âme. Est-il juste que tu cultives ton domaine et que tu laisses en friche celui de Dieu ? Si tu cultives ta terre et que tu ne cultives pas ton âme, c'est parce que tu veux mettre ta propriété en ordre et laisser en friche celle de Dieu ? Est-ce juste ? Est-ce que Dieu mérite que nous négligions notre âme qu'il aime tant ? Tu te réjouis en voyant ton domaine bien cultivé ; pourquoi ne pleures-tu pas en voyant ton âme en friche ? Les champs de notre domaine nous feront vivre quelques jours en ce monde ; le soin de notre âme nous fera vivre sans fin dans le ciel...

    Dieu a daigné nous confier notre âme comme son domaine ; mettons-nous donc à l’œuvre de toutes nos forces avec son aide, pour qu'au moment où il viendra visiter son domaine, il le trouve bien cultivé et parfaitement en ordre. Qu'il y trouve une moisson et non des ronces ; qu'il y trouve du vin et non du vinaigre ; du blé plutôt que de l'ivraie. S'il y trouve tout ce qui peut plaire à ses yeux, il nous donnera en échange les récompenses éternelles, mais les ronces seront vouées au feu. »

    St Césaire d'Arles (fêté demain, 470-543), Sermons au peuple, n° 6 ; CCL 103, 32 (trad. SC 175, Cerf, 1971 (p.327) et Orval)

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  • Méditation - « Un trésor caché dans un champ » (Mt 13, 44)

    « Que peux-tu vouloir de plus, ô âme, et que cherches-tu de plus en dehors de toi, alors qu'au-dedans de toi tu as tes richesses, tes délices, ta satisfaction, ton rassasiement et ton royaume, c'est-à-dire ton Bien-Aimé que désire et recherche ton âme ? Puisque tu le possèdes si proche, réjouis-toi et sois dans l'allégresse avec lui en ton recueillement intérieur ; désire-le là, adore-le là et ne vas pas le chercher loin de toi car tu te distrairais et tu te fatiguerais et tu ne le trouverais ni n'en jouirais plus sûrement, ni plus rapidement, ni plus intimement qu'en toi-même. [...]

    Donc, étant donné que ton Époux bien-aimé est le trésor caché dans le champ de ton âme, pour lequel le sage marchand a donné tous ses biens (Mt 13, 44), il te faudra, pour le trouver, oublier tout ce qui t'appartient, t'éloigner de toutes les créatures, te cacher dans la retraite intérieure de ton esprit et, fermant sur toi la porte, c'est-à-dire renonçant à ta volonté en toutes choses, prier ton Père dans le secret (Mt 6, 6). Ainsi, restant cachée en lui, tu le sentiras alors en secret, tu l'aimeras et tu en jouiras en secret, et tu prendras plaisir avec lui en secret, c'est-à-dire au-delà de toute parole et de tout sentiment.

    Courage donc, ô belle âme ! Puisque tu sais maintenant que le Bien-Aimé que tu désires demeure caché en ton sein, efforce-toi de rester bien cachée avec lui, et dans ton sein tu l'étreindras et tu le sentiras avec un tendre amour. »

    St Jean de la Croix, Cantique spirituel B, strophe 1, § 8-10, trad. Françoise Aptel et Marie-Agnès Haussièttre (Providence de la Pommeraye), Jean-Pierre Thibaut, carme, Cerf, 1995. In François Huguenin, "Les voix de la foi", Perrin, collection tempus, 2012.

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  • 1er août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Le royaume des cieux est semblable encore à un trésor caché dans un champ, qu’un homme ayant trouvé, cache de nouveau, et dans la joie qu’il en ressent, il va vendre tout ce qu’il a et achète ce champ."
    "Le royaume des cieux est semblable encore à un marchand qui cherche de belles perles ; lequel ayant trouvé une perle de grand prix, va vendre tout ce qu’il avait et l’achète." Comme les deux paraboles "du grain de sénevé et du levain" n’ont beaucoup de rapport ensemble, il se trouve aussi que celles du trésor et de la perle sont assez semblables. L’une et l’autre nous font entendre qu’il faut préférer la prédication de l’Evangile à tous les biens de la terre. Ces deux premières du sénevé et du levain en marquent la force, et ces deux dernières nous en font voir l’excellence. La prédication de l’Evangile croît comme "le grain de sénevé" ; elle s’étend comme "le levain" qui pénètre toute la pâte où on le mêle. Elle est aussi précieuse que "les perles", et elle enrichit et sert à toutes choses comme "le trésor".

    Nous n’y apprenons pas seulement à mépriser tout pour nous attacher uniquement à la parole évangélique, mais encore à le faire avec plaisir et avec joie. Car celui qui renonce à ses richesses pour suivre Dieu, doit être persuadé que bien loin de perdre il gagne beaucoup en y renonçant. Vous voyez donc, mes frères, que la parole et la vérité évangélique est cachée dans ce monde comme un trésor et que tous les biens y sont renfermés. On ne peut l’acheter qu’en vendant tout. On ne peut la trouver qu’en la cherchant avec la même ardeur qu’on cherche un trésor.

    Car il y a deux choses qui nous sont entièrement nécessaires ; le mépris des biens de la vie, et une vigilance exacte et continuelle. "Le royaume des cieux", dit Jésus-Christ, "est semblable à un marchand qui cherche de belles perles, lequel en ayant trouvé une de grand prix, va vendre tout ce qu’il avait et l’achète". Cette perle unique est la vérité qui est une et ne se divise point. Celui qui a trouvé cette perle précieuse sait bien qu’il est riche, mais sa richesse échappe aux autres, parce qu’il la cache, et qu’il peut tenir dans sa main ce qui le fait riche. Il en est de même de la parole et de la vérité évangélique. Celui qui l’a embrassée avec foi, et qui la renferme dans son coeur comme son trésor, sait bien qu’il est riche ; mais les infidèles ne connaissent point ce trésor, et ils nous croient pauvres parmi ces richesses. »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Homélie sur Saint Matthieu (XLVII, 2), in "Oeuvres complètes" (Tome VII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.