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manne

  • Méditation : de la sainte présence

    « Seigneur, ô que l'abondance est grande des douceurs que vous avez réservées pour ceux qui vous craignent ! (Ps 30, 20)
    Quand je rappelle en ma mémoire, ô mon Dieu ! avec quelle dévotion et quelle ardeur certaines personnes pieuses s'approchent de votre Sacrement, je me confonds souvent en moi-même, et je rougis de m'approcher de votre Autel et de votre sainte Table si froidement et avec tant de tiédeur.
    J'ai honte d'être si sec et sans aucune affection pour vous dans le cœur, de n'être pas tout enflammé devant vous, qui êtes mon Dieu, et de ne pas ressentir en moi ces attraits et ces mouvements affectueux qu'ont eus tant de personnes dévotes, qui pressées d'un désir extrême de la communion, et du sentiment d'un amour tendre, n'ont pu retenir leurs larmes ; mais qui vous ouvrant en même temps la bouche de leur cœur et de leur corps, comme à la source des eaux vivantes, aspiraient à vous de toutes leurs forces, ne pouvant autrement apaiser leur faim et se rassasier, que par la réception de votre corps qu'elles recevaient avec un transport de joie et avec une avidité spirituelle.
    Ô que leur foi était véritable et vive ! qu'elle prouve bien la vérité de votre sainte présence !
    Car ces personnes reconnaissent véritablement leur Seigneur dans la fraction du pain (Lc 24, 35), lorsqu'elles ont le cœur si brûlant et si plein de Jésus qui marche avec elles. Je suis souvent bien éloigné d'une affection et d'une dévotion semblables, et d'une charité si ardente.
    Ô bon Jésus ! qui êtes la bonté et la douceur même, soyez-moi propice. Accordez à votre serviteur pauvre et mendiant, de ressentir au moins de temps en temps dans la sainte communion quelque étincelle de votre amour, afin que ma foi se fortifie de plus en plus, que mon espérance en votre bonté s'augmente, et que ma charité étant une fois bien allumée, et ayant goûté cette Manne céleste, ne s'éteigne jamais. »

    L'Imitation de Jésus-Christ, Livre IV ch. XIV, trad. R.P. de Gonnelieu, Paris, chez Le Fuel, s.d.

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  • 19 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Il est admirable que Dieu ait fait pleuvoir la manne pour nos pères et qu'ils aient été rassasiés chaque jour du pain du ciel. C'est pourquoi il est dit : "L'homme a mangé le pain des anges" (Ps 77,25). Pourtant ceux qui ont mangé ce pain au désert sont tous morts. Au contraire, cette nourriture que tu reçois, ce pain vivant qui est descendu du ciel, fournit le soutien de la vie éternelle, et quiconque le mange ne mourra jamais. C'est le corps du Christ...
    Cette manne-là était du ciel, celle-ci d’au-dessus du ciel ; celle-là était un don du ciel, celle-ci du Seigneur des cieux ; celle-là était sujette à la corruption si on la gardait jusqu'au lendemain, celle-ci est étrangère à toute corruption : quiconque en goûte avec respect ne peut pas être atteint par la corruption. Pour les Hébreux l'eau a coulé du rocher, pour toi le sang coule du Christ. L'eau les a désaltéré pour un moment, toi le sang te lave à jamais. Les Hébreux ont bu et ont eu soif. Toi, une fois que tu auras bu, tu ne pourras plus avoir soif (Jn 4,14). Cela  était la préfiguration, ceci est la vérité plénière...
    C'était "l'ombre des choses à venir" (Col 2,17). Écoute ce qui s'est manifestée à nos pères : "Ils buvaient, dit-on, du rocher qui les suivait au désert ; or le rocher c'était le Christ" (1Co 10,4)... Toi, tu as connu l’accomplissement, tu as vu la pleine lumière, la vérité préfigurée, le corps du Créateur plutôt que la manne du ciel… Ce que nous mangeons et ce que nous buvons, l’Esprit Saint l’exprime ailleurs : "Goûtez et voyez que le Seigneur est bon. Heureux ceux qui espèrent en lui" (Ps 33,9). »

    Saint Ambroise (v.340-397), Traité sur les Mystères, 48-49, 58 (trad. SC 25 rev.).

  • 5 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Moïse ne vous a point donné le pain du ciel, mais c'est mon Père qui vous donne le véritable pain du ciel" (v.32).
    La manne n'était donc pas le pain du ciel ; pourquoi donc la dit-on un pain du ciel ? On l'appelle le pain du ciel dans le même sens que l'Ecriture dit : "Les oiseaux du ciel" (Ps VIII, 8), et aussi : "Et le Seigneur a tonné du haut du ciel" (Ps XVII, 15). Le pain que le Père donne, Jésus-Christ l'appelle le pain véritable, non que le miracle de la manne fût faux, mais parce qu'il était une figure et non pas la vérité même. Jésus-Christ, parlant de Moïse, ne s'élève point au-dessus de lui, parce que les Juifs ne lui donnaient pas encore la préférence sur Moïse, et qu'ils croyaient ce législateur plus grand que lui. Voilà pourquoi, ayant dit : "Moïse ne vous a point donné", il n'a pas ajouté : C'est moi qui donne ; mais il dit : C'est mon Père. Alors les Juifs répondirent : "Donnez-nous ce pain à manger" ; ils croyaient encore qu'il s'agissait d'un pain matériel et sensible ; ils s'attendaient encore à contenter leur appétit. Voilà pourquoi ils accoururent si promptement. Que fait donc Jésus-Christ ? Peu à peu il élève leur esprit, et il ajoute : "Le pain de Dieu est celui qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde" (v.33) ; non seulement aux Juifs, dit-il, mais aussi à tout le monde. Il ne dit pas simplement la nourriture, mais une vie différente, de celle-ci : et il dit qu'il donne la vie, parce que ceux qui avaient mangé la manne étaient tous morts ; mais les Juifs encore attachés à la terre, disent : "Donnez-nous ce pain" (v.34). Sur quoi Jésus-Christ les reprend de ce que, tant qu'ils ont cru recevoir une viande corporelle, ils sont venus à lui en foule ; mais qu'aussitôt qu'ils ont appris que la viande qu'il leur voulait donner était spirituelle, ils ont cessé d'accourir, et il leur dit : "Je suis le pain de vie : celui qui vient à moi n'aura point de faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif (v.35). Mais je vous l'ai déjà dit : vous m'avez vu, et vous ne me croyez point" (v.36).

    "Je suis le pain de vie". L'évangéliste commence maintenant d'entrer dans l'exposition des mystères. Et premièrement, il découvre la divinité du Christ, en disant : "Je suis le pain de vie" ; car il ne dit pas cela de son corps. Il parle de son corps vers la fin de ce chapitre : "Et le pain que je donnerai, c'est ma chair" (v.52). Mais ici il parle de sa divinité. Il est le pain parce qu'il est Dieu, le Verbe, de même qu'ici il devient le pain céleste par la descente du Saint-Esprit...
    ... si ces paroles les choquaient, que ne s'informaient-ils de Jésus, comment il était le pain de vie, comment il était descendu du ciel ? mais au lieu de le faire, ils se mettent à murmurer.
    Ce qui prouve manifestement que ce n'était point là de quoi ils s'offensaient, c'est que Jésus-Christ disait : "C'est mon Père" qui vous "donne le pain" ; ils ne dirent pas : Priez-le de nous le donner, mais : Donnez-nous ce pain. Cependant Jésus-Christ n'avait pas dit C'est moi qui le donne, mais : "C'est mon Père qui le donne". »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Homélie sur Saint Jean (XLV, 1,2), in "Oeuvres complètes" (Tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.