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  • Méditation - Prière du matin

    « Les voilà tous, groupés dans mon heureuse chambre,
    M'apportant du matin le sourire empressé,
    Eux que j'ai pour soleil dans mon pâle novembre...
    Et maintenant, amis, qu'on s'est bien embrassé,

    À genoux ! et pensons à notre Père, au Maître
    Qui fit vos petits cœurs et les remplit d’amour.
    Son doux regard commence à luire à ma fenêtre ;
    Disons vite au bon Dieu, disons notre bonjour.

    L’aurore le salue ; amis, faisons de même ;
    Parlons-lui cœur à cœur, nous, ses enfants chéris ;
    Répétons-lui d’abord la prière qu’il aime,
    Vers le père céleste élevons nos esprits.

    Mon Dieu ! notre famille entière
    Chaque jour vous fait sa prière
    Et cherche en vous son seul appui ;
    Gardez nos âmes dans la joie,
    Gardez-nous dans la bonne voie,
    Réunis tous comme aujourd’hui.

    Vous avez comblé notre enfance ;
    Vous nous donnez en abondance
    Le pain que tant d’autres n’ont pas.
    Accordez-nous le pain de l’âme ;
    Allumez en nous votre flamme,
    Éclairez chacun de nos pas.

    Faites que nous aimions sans cesse ;
    Aimer, c’est la grande sagesse ;
    Nos trésors à nous, c’est l’amour !
    L’amour, sainte et douce monnaie
    Dont l’humble enfant, mon Dieu, vous paie
    Le prix du pain de chaque jour.

    Donnez-nous à tous de répandre
    Sur nos pauvres cet amour tendre
    Qui se nomme la charité,
    Et qui jamais ne se repose…
    Mon Dieu, par-dessus toute chose
    Mon Dieu, donnez-nous la bonté,

    Donnez-nous encor davantage :
    La vigueur, le ferme courage.
    Redressez-nous si nous tombons.
    Ceux-là qui n’ont pas la vaillance,
    Qui n’ont pas lutté dans l’enfance,
    Ne sauraient être appelés bons.

    Demain, nous combattrons peut-être…
    Devant vous seul, ô Père ! ô Maître !
    Nous voulons fléchir les genoux.
    Dans ces champs qui seront les nôtres.
    Nous travaillerons pour les autres
    Comme on a travaillé pour nous.

    Enfants ! debout, la chambre est pleine de lumière.
    Aux pieds de notre Dieu nous reviendrons ce soir.
    Allons dans le travail poursuivre la prière,
    Et tous, petits et grands, faisons notre devoir.

    Juillet 1876. »

    Victor de Laprade (1812-1883),
    in "Œuvres poétiques de Victor de Laprade. Pernette, Le Livre d’un père" (XXXVI),
    Paris, Alphonse Lemerre, Editeur, s.d. (1878).

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  • Méditation : chaque matin du chrétien

    « C'est dès le matin qu'il faut prendre un parti décidé et affirmer par un premier acte l'acceptation du devoir.
    Le matin est un départ, le matin est une naissance. Quand je me réveille, je sors, comme par une création nouvelle, du néant relatif du sommeil. J'étais, mais je ne le savais pas, et c'était comme si je n'étais pas. Maintenant, je renais et je rentre en moi-même comme dans une demeure qu'on avait quittée.
    Je suis ; j'inaugure l'existence diurne ; je prends essor comme l'astre sur sa couche d'horizon. Où vais-je ? Quelle trajectoire correcte ou vacillante vais-je suivre ?
    Quand je vois par ma fenêtre la lueur du matin, que les liturgistes ont chantée mieux que tous les poètes ; quand le coq dressé et tout vibrant lance son hymne, dont saint Ambroise a formé le sien ; quand les bruits du travail renaissent, fleurs du silence qui pullulent peu à peu sur ses calmes eaux, et que, poussée par la lumière vers une autre nuit, la vie infatigable s'élance, mon âme aussi s'élance et transpose au surnaturel, en priant, le mystérieux départ du réveil.
    L'aurore, ne serait-ce point la lumière de la foi ? « VOUS ÉTIEZ AUTREFOIS TÉNÈBRES, dit saint Paul, VOUS ÊTES MAINTENANT LUMIÈRE DANS LE CHRIST » (Eph V, 8). Le coq, conscience sonore sonore de saint Pierre lors du reniement, ne réveille-t-il pas toujours les âmes pécheresses ou indifférentes ? Les bruits qui passent dans la trame de mon oraison disent la continuité de l'effort pour le bien. La reprise de vie dont tout rend témoignage à mes sens marque une étape vers les réalités éternelles. Le matin, c'est l'Eden. Je suis Adam sur son tertre, comme dans la fresque de Michel-Ange. Dieu apparaît, car j'ai dit : « AU NOM DU PÈRE, ET DU FILS, ET DU SAINT-ESPRIT ». La Trinité ineffable est mon horizon : elle s'enveloppe dans les brumes intérieures comme dans la draperie de la Sixtine. « ME VOICI, SEIGNEUR », semble dire le colosse enfant de Buonarotti soulevant sa poitrine large et la fine pesanteur de sa tête ; - me voici, dit le chrétien au réveil : que voulez-vous de moi, Seigneur, aujourd'hui ? »

    Abbé Sertillanges O.P. (1863-1948), La prière, Librairie de l'Art Catholique, Paris, 1917.

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    La Création d'Adam par Michel-Ange (Buonarroti, 1475-1564), plafond de la chapelle Sixtine, au Vatican.
    (Source et crédit photo)

  • Méditation : L'oraison du matin

    « L'homme qui sort le matin, la conscience mal éveillée, sans s'être pris en main, est la proie du premier journal qu'il lit, du premier étourdi qu'il rencontre, de la première billevesée qui passe. C'est de tout cela, qui est étranger à sa personne, qu'il constitue sa personnalité quotidienne.
    L'homme qui veut être lui-même, avant de sortir de sa solitude, se concentre pour faire oraison, arrête le plan de sa journée et les lignes de son action.
    Le chrétien qui veut être chrétien profite de la première heure du jour, encore pure et libre, pour prendre sa place auprès de Dieu. Quand la lumière est encore neuve, avant de sortir de sa chambre, avant que la vie l'ait envahi de son tumulte, il s'établit dans l'amour de Dieu, à qui il donne simplement sa journée. Dans cette paix que rien ne trouble encore, la prière coule plus claire, les vérités éternelles apparaissent avec plus d'évidence, les dialogues s'organisent, les décisions se fixent. Ce bloc sera impénétrable aux poussières du jour.
    Sans cette aération matinale, la vie chrétienne, la vie fervente, est impossible. Assurément la vie entière doit être une oraison ; mais elle n'est une oraison que si elle est engagée tous les matins réellement dans cette voie.
    Notre vie dépend de l'heure qui suit le réveil matinal. »

    J. Calvet, La trame des jours (ch. II), La Colombe, Paris, 1955.

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