« Pour ce qui regarde les lectures spirituelles, voici ce qu’il faut y considérer.
1. Ai-je un temps réglé pour en faire chaque jour ?
2. Suis-je exact et fidèle à me rendre au temps, hors la nécessité ?
3. Pensai-je à réduire en pratique ce que Dieu me fait connaître dans ces lectures être de sa volonté ?
4. Dans le choix que je fais des livres m'attachai-je à ceux qui me conviennent le plus, et d'où je puis tirer plus de fruit ?
5. Ne fais-je point ces lectures par habitude, par coutume, par une espèce de nécessité d'état, et non par un vrai désir d'en profiter ?
6. Ne vais-je pas plutôt à beaucoup lire, qu'à lire utilement ? A satisfaire ma curiosité, plutôt qu'à m'instruire de mes devoirs ? A parcourir bien des livres, à n'en rien retenir ?
7. Avant que de commencer ma lecture, songeai-je à demander la lumière de Dieu, m'imaginai-je en ouvrant le livre, que c'est Dieu qui va me parler pour me faire connaître ses adorables volontés ? Et quand je finis ma lecture, remerciai-je Dieu, et le priai-je d'affermir en moi les bons désirs que j'y sens ?
Si on manque à garder tout cela, on ne doit pas s'étonner qu'après bien des lectures faites durant plusieurs années, on en ait aussi peu profité, que si on ne les avait pas faites. Quel compte néanmoins n'en faudra-t-il pas rendre à Dieu ? Qu'il sera terrible ! »
R.P. François Le Large s.j., Retraite spirituelle ou Conduite d'une âme qui aspire à la perfection, Tome I (Troisième Jour, Méditation IV), A Lyon, Chez les Frères Bruyset, 1724.