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louis bourdaloue

  • Méditation - « Supportez-vous les uns les autres » (Ga 6,2 ; Col 13,3)

    « Dieu vous ordonne d'aimer le prochain tel qu'il est, et avec toutes ses faiblesses : et ce sont les faiblesses mêmes du prochain qui doivent être la matière de votre charité. Si les gens étaient sans défaut, qu'aurions-nous à en souffrir ? Et n'ayant rien à souffrir de personne, comment accomplirions-nous cette divine leçon de saint Paul : Supportez-vous les uns les autres (Ga 6,2 ; Col 13,3) ? Mais que cet homme ne se corrige-t-il pas ? De se corriger, c'est son affaire ; mais de le supporter, quoiqu'il ne se corrige pas, c'est la vôtre. Faites ce qui est pour vous du devoir de la charité, et du reste n'examinez point si les autres font ce qu'ils doivent, ou s'ils ne le font pas, puisque vous n'aurez point à en rendre compte. »

    Louis Bourdaloue s.j. (1632-1704), Pensées diverses sur la charité du prochain, in "Œuvres de Bourdaloue" Tome V (Pensées - De la charité chrétienne et des amitiés humaines), Paris, Lefevre - Pourrat Frères, 1888.

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  • Méditation : La grande force des humbles

    « Autant qu'un chrétien humble se défie de lui-même, autant il se confie en Dieu ; moins il s'appuie sur lui-même, plus il s'appuie sur Dieu. Or il sait que rien n'est impossible à Dieu. Il sait que Dieu prend plaisir à faire éclater sa gloire dans notre infirmité, et que c'est aux plus petits, dès qu'ils ont recours à lui, qu'il communique sa grâce avec plus d'abondance. Muni de ces pensées, et comme revêtu du pouvoir tout-puissant de Dieu même, est-il rien désormais de si laborieux et de si pénible, rien de si sublime et de si grand, dont il craigne de se charger, et dont il désespère de venir à bout ? Que Dieu l'appelle, il n'hésitera pas plus que le prophète Isaïe à lui répondre, me voici, Seigneur, envoyez-moi (1). Que Dieu en effet l'envoie, il ira partout. Il se présentera devant les puissances du siècle, il entrera dans les cours des princes et des rois, il leur annoncera les ordres du Dieu vivant, et ne sera touché ni de l'éclat de leur pourpre, ni de leurs menaces, ni de leurs promesses. Il plantera, selon les expressions figurées de l’Écriture, et il arrachera ; il bâtira, et il détruira ; il amassera, et il dissipera.

    Quelle espèce de prodige, et quel admirable accord de deux choses aussi incompatibles, ce semble, que le sont tant de défiance d'une part, et de l’autre tant de confiance et de force ! Car, au milieu de tout cela, le même homme qui agit si délibérément et si courageusement ne perd rien de son humilité ; c'est-à-dire qu'il conserve toujours le souvenir de sa faiblesse ; qu'il se regarde toujours comme un serviteur inutile, comme un enfant ; qu'il dit toujours à Dieu, dans le même sentiment que Jérémie, Ah ! Seigneur, mon incapacité est telle que je ne puis pas même prononcer une parole (2). Non, il ne le peut de lui-même et par lui-même ; mais tandis qu'il en a fait la confession la plus affectueuse et la plus sincère, il n'oublie point d'ailleurs ce que lui apprend le Docteur des nations, qu'il peut tout en Celui qui le fortifie (3). De sorte qu'il ne balance pas un moment à se mettre en œuvre et à commencer, quel que soit l'ouvrage où la vocation de Dieu le destine. Qu'il y voie mille traverses à essuyer, et mille oppositions à vaincre ; que le succès lui paraisse, non seulement douteux, mais hors de vraisemblance, il espère contre l'espérance même. Ce n'est point par une témérité présomptueuse, puisque son espérance est fondée sur ce grand principe de saint Paul, que Dieu fait choix de ce qui paraît plein de folie selon le monde, pour confondre les sages ; qu'il choisit ce qui est faible devant le monde, pour confondre les forts ; et qu'il se sert enfin de ce qu'il y a de plus bas et de plus méprisable, même des choses qui ne sont point, pour détruire celles qui sont (4). »

    1. Is VI, 8. ; 2. Jr I, 6. ; 3. Ph IV, 13. ; 4. 1 Co I, 27-28.

    P. Louis Bourdaloue s.j. (1632-1704), in "Pensées du Père Bourdaloue de la Compagnie de Jésus, sur divers sujets de religion et de morale", Tome premier (Solide et véritable grandeur de l'humilité chrétienne), A Louvain, Chez Vanlinthout et Vandenzande, 1823.
    Texte intégral en ligne ici - Œuvres complètes à l'Abbaye Saint-Benoît.

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    Vocation de Saint Pierre et Saint André, James Tissot (1836-1902)