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concentration

  • Méditation : l'effort fait les hommes...

    « Dieu, qui nous aime... a coutume d'en agir ainsi avec nos âmes. Il dose habituellement et amoureusement les douceurs et les amertumes, pour que celles-ci nous gardent de nous amollir en celles-là, et pour que les premières nous aident à porter le poids des secondes. C'est la loi des contrastes qui régit généralement les développements des créatures, et qui s'achève - et nous achèvera nous-mêmes - dans l'harmonie définitive et parfaite... Et c'est aussi le signe infaillible que Dieu a pitié de nous... Désirer dans nos peines un fiat voluntas tua immédiat et apaisé, c'est la perfection, à laquelle il faut tendre... Mais Dieu nous y conduit par le chemin que nous suivrons tous. Le soulèvement de notre nature, les résistances de notre amour-propre nous font avancer souvent, quand nous avons bonne volonté... beaucoup plus que nos victoires trop rapides ou trop complètes. Celles-ci peuvent provoquer l'orgueil ou produire une vertu superficielle. La longue et dure bataille nous tient à notre place, qui est impuissance et néant, et construit nos âmes sur des assises qui ne croulent jamais.
    [...]
    L'effort fait les hommes, et les difficultés les trempent pour la vie. En dehors de là, il n'y a que des ombres d'hommes ; ils en ont seulement l'air. Et l'on s'en contente. Ne pas avoir peur de faire le point, de voir ce qui est, savoir dépasser ce présent déjà périmé pour se tendre vers le but.
    [...]
    L'effort consiste dans le recueillement des facultés : au lieu de les laisser courir à droite et à gauche, on les concentre sur l'objet à fixer. L'effort est aidé par le détachement qui est le calme de l'âme : il faut secouer toute préoccupation, tout souci de succès, tout souci de réussir ou d'en finir, d'être puni ou récompensé. Il faut se mettre tout entier et tranquillement en face de l'objet, lui consacrer toutes ses forces. De même, quand on se détend, il convient de le faire en plein, sans penser à autre chose.
    Se plonger à fond dans ce que l'on fait en le faisant de toutes ses forces est le secret des vrais développements et des vraies joies. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Chartreux, Écrits spirituels Tome II (L'effort), Benedettine di Priscilla, Roma, 1967.

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  • Méditation : un temps pour prier

    « Les premiers Pères et toute la tradition orthodoxe nous enseignent que nous devons nous concentrer, par un effort de volonté, sur les mots de la prière que nous prononçons. Nous devons articuler attentivement les mots, objectivement, sans chercher à créer une sorte d'état émotionnel, et nous devons laisser à Dieu le soin d'éveiller en nous la réaction dont nous sommes capables.

    Saint Jean Climaque nous indique une façon simple d'apprendre à nous concentrer. Il nous dît : choisissez une prière, que ce soit le Notre Père ou toute autre, mettez-vous en présence de Dieu, prenez conscience de l'endroit où vous êtes et de ce que vous êtes en train de faire, et prononcez attentivement les mots de la prière. Après un certain temps, vous vous apercevrez que vos pensées se sont mises à errer ; recommencez alors la prière aux derniers mots, à la dernière phrase que vous avez prononcés avec attention. Vous aurez peut-être à faire cela dix, vingt ou cinquante fois ; il se pourrait que dans le laps de temps fixé pour votre prière, vous ne prononciez que trois phrases, trois demandes, et soyez incapables d'aller plus loin ; mais dans ce combat vous aurez réussi à vous concentrer sur les mots, de sorte que vous apportez à Dieu, sérieusement, sobrement, respectueusement, des paroles de prière dont vous êtes conscients et non une offrande qui ne serait pas vôtre parce qu'elle ne serait plus consciente.

    Jean Climaque nous conseille aussi de lire la prière de notre choix sans hâte, sur un mode monotone, assez lentement pour avoir le temps de porter attention aux mots mais pas au point d'en faire un exercice ennuyeux et de ne jamais y chercher une expérience affective car notre but est d'établir une relation avec Dieu. Lorsque nous nous approchons de Dieu, nous ne devrions jamais faire du sentiment ; pour prier il faut se mettre en état de prière, le reste dépend de Dieu.

    Dans cette sorte d'entraînement, un temps déterminé est réservé pour la prière, et si la prière est attentive, la durée que vous vous êtes fixée importe peu. Si, au contraire, vous vous étiez donné pour règle de lire trois pages, et qu'au bout d'une demi-heure vous vous aperceviez que vous en êtes toujours aux douze premiers mots, vous éprouverez évidemment un sentiment de découragement ; c'est pourquoi, il vaut mieux fixer une règle de durée et s'y tenir. Vous savez de combien de temps vous disposez et vous avez le texte sur lequel vous désirez prier ; si vous vous efforcez sérieusement, très vite vous vous apercevrez que votre attention devient docile, parce que l'attention est beaucoup plus dépendante de la volonté que nous ne l'imaginons, et lorsqu'il est absolument certain que, quelles que soient les tentatives d'échappatoire, ce sera vingt minutes et pas un quart d'heure, il ne reste plus qu'à persévérer.

    Saint Jean Climaque a formé des douzaines de moines par cette formule toute simple : une limite de temps et une attention sans pitié, un point c'est tout. »

    Métropolite Anthony Bloom (Anthony de Sourozh, 1914-2003), Prière vivante (ch. IV), Trad. Jacques Mignon, Ed. du Cerf, Paris, 1972.

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    St Jean Climaque