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mgr charles gay

  • Méditation - « Vous êtes lumière dans le Seigneur » (Ep V, 8)

    « Qu'est-ce qu'un chrétien ? C'est une lumière (1). « Vous êtes lumière, nous crie saint Paul, lumière dans le Seigneur. La lumière créatrice a commencé de poindre dans vos âmes. (2) » Dieu est en vous à l'état d'aurore ; votre état de grâce, c'est son matin. Qu'est-ce encore qu'un chrétien ? C'est une fleur : un Dieu en fleur, disent souvent les Pères. Le Verbe est la fleur du Père, il en exhale toute la senteur (3). Ce Verbe vient à nous, entre en nous, s'unit à nous, si bien qu'il vit en nous plus que nous-mêmes. Comme il est Fils, il nous fait fils ; comme le Père le dit, il nous dit ; l'onction qui le sacre, nous sacre ; nous devenons un baume vivant, nous exhalons la vie, l'odeur vivifiante de la vie, dit saint Paul, le parfum de notre chef, la divine odeur de Jésus (4). Qu'est-ce enfin qu'un chrétien ? c'est une force. La nature nous donne des puissances ; la grâce crée en nous des vertus, et ces vertus, qui sont des forces, se résument toutes en une seule que saint Paul nomme « la force ou la vertu du Christ. (5) » Elle est sans doute en nous plus ou moins abondante, mais elle est en nous tous.

    Or, qui ne sait que, naturellement, toute force étend son action, tout parfum se fait sentir au loin, toute lumière rayonne ? C'est pourquoi, rien qu'en existant, rien qu'en apparaissant, nous tous qui avons la foi, nous pouvons et devons édifier, avancer l’œuvre divine, élever le temple, augmenter Jésus. Croyez d'abord très fermement à ce principe actif de sainteté qui est en vous par la grâce. Cette foi entretenue et sans cesse avivée, est la pratique fondamentale de l'édification chrétienne. Je puis toujours et partout faire Jésus en laissant rayonner Jésus ; et toujours et partout je puis laisser rayonner Jésus, parce que mon fond de grâce, ma vie intérieure et mon être principal, c'est Jésus lui-même. L'âme qui, sachant ces choses, s'en pénètre comme il convient, et se les dit souvent, est, comme nécessairement, un trésor d'édification à ses frères. »

    1. Saint Jean Chrysostome (fêté ce jour au nouveau calendrier) disait : « Il est plus facile au soleil de ne point rayonner qu'au chrétien de ne point resplendir. La lumière qui est dans le chrétien ne peut rester latente : on ne dérobe pas l'éclat d'une telle lampe. » In Act. Apost. homil. XX. 4. - 2. Ephes. V, 8. - 3. Totam genitoris naturae fragantiam exerit in semetipso. S. Cyrill. Alexand. Dialog. 3 de Trinit. - 4. II Cor. II, 15, 16. - 5. II Cor. XII, 9.

    Mgr Charles Gay (1814-1891), De la vie et des vertus chrétiennes considérées dans l'état religieux, Tome III (chap. XVI, II), H. Oudin Frères, Poitiers - Paris, Huitième édition, 1878.

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  • Méditation - Espérez, espérez encore, espérez toujours !

    « La vie terrestre n'est qu'un combat (1). On y est vainqueur ou vaincu, mais nul n'a le secret de s'y soustraire. Or, j'ose bien dire que sur ce vaste champ de bataille qui s'appelle la vie chrétienne, il n'y a pas un seul coin de terrain où la lutte soit plus vive et plus acharnée que sur le terrain de l'espérance. On comprend qu'il en soit ainsi, car, à bien y regarder, c'est là que toute l'affaire du salut se décide. Il s'agit bien, pour être sauvé, de croire en Dieu et de l'aimer ; mais c'est par l'espérance que la foi fleurit en amour. Sans elle notre arbre spirituel n'est qu'une racine sans tige et par là même sans fruits. Aussi, pour une tentation que les âmes ont contre la foi, elles en ont dix et vingt contre l'espérance. Il n'y a guère non plus de péchés sur lesquels on se fasse plus facilement illusion que sur ceux qui la blessent. On y tombe de bien des manières, et bien plus souvent qu'on ne croit, bien plus souvent dès lors qu'on ne s'en accuse. [...]

    Certes, Satan sait bien ce qu'il fait, en nous livrant sur ce point de si furieux assauts ; car si, dans les profondeurs d'un cœur qui se reposait habituellement en Dieu, il parvient à jeter, à maintenir surtout un ferment de défiance, il gagne aisément le reste. [...] Et pour y arriver, tout lui est bon. Nulle part plus qu'ici il ne cherche à se transfigurer en ange de lumière (2). Il se fera contre vous une arme de toutes les perfections divines. Au nom de la sainteté, au nom même de l'amour, il s'efforcera de vous convaincre qu'après tant de grâces méprisées et perdues, le découragement n'est qu'un acquiescement raisonnable à la vérité, et qu'en vous désespérant, vous ne ferez que reconnaître et honorer la justice. [...]

    Démasquez cet ange de ténèbres : dites-lui qu'il ment et qu'il n'est tout entier que mensonge. Fermez les yeux à ses fantômes ; rendez-vous sourdes à ses propos, surtout s'il vous engage dans des argumentations théologiques ; et en général ne redoutez aucun démon à l'égal des démons théologiens. Ne raisonnez pas du tout ici, priez. N'admettez pas que là où il s'agit d'espérance en Dieu, il y ait même une question pour vous : espérez, espérez encore, espérez toujours ; et prenez garde aux pentes, car c'est là principalement que les pièges de notre ennemi sont tendus. Les pentes, c'est l'abus de l'examen de conscience et la manie du retour sur soi-même. C'est la considération imprudente, c'est-à-dire non approuvée du directeur, ou prolongée outre mesure des vérités de la foi qu'on nomme effrayantes, telles que sont le péché, la mort, le jugement, l'enfer éternel. Les pentes, c'est l'inquiétude habituellement consentie, c'est l'esprit scrupuleux, c'est la mélancolie non combattue, c'est le découragement après les fautes, c'est le retard des confessions, c'est l'éloignement systématique et opiniâtre de la sainte Table. Je le répète, défiez-vous de ces pentes, ne restez jamais sur ces pentes. Elles mènent à des gouffres d'où il n'y a que des miracles qui puissent tirer ceux qui y sont tombés. »

    1. Job. VII, 1. - 2. II Cor. XI, 14.

    Mgr Charles Gay (1814-1891), De la vie et des vertus chrétiennes considérées dans l'état religieux, Tome I (chap. V, II), H. Oudin Frères, Poitiers - Paris, Huitième édition, 1878.

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  • Méditation : de l'intimité divine

    « Parmi tant de besoins qui pressent l'âme humaine, il y en a un qui, là où il existe, devient souvent très impérieux. C'est un besoin élevé, profond, exquis. Si tous ne l'éprouvent pas, il est du moins fort vif en ceux qui le ressentent. Je parle du besoin d'intimité. Cette idée d'intimité est étroitement liée à l'idée du bonheur. L'esprit se refuse absolument à la conception d'un bonheur tout à fait solitaire. L'isolement et la félicité semblent deux termes contradictoires. L’Écriture, en plusieurs endroits, fait plus que l'insinuer (1) ; et ce que le dogme de la Trinité nous apprend de la vie essentielle et par là même de la béatitude de Dieu, donne pleinement raison à ce refus de notre esprit.
    [...]
    O Dieu ! est-ce un rapport, est-ce un état possible entre la créature et vous ? Car, quelque joie et quelque bien qu'on puisse trouver dans l'affection et l'intimité d'êtres créés, le cœur que vous nous avez fait est trop vaste pour en être rempli. Se peut-il donc qu'entre vous et nous une intimité s'établisse et subsiste ? Bon Maître ! on ne lit pas pieusement votre Évangile, on ne prie pas avec confiance au pied de votre tabernacle, on ne vous écoute pas avec attention et humblement dans le secret de son propre cœur, sans que vous répondiez à cette question, et comme vous seul savez répondre. Vos paroles sont « esprit et vie » (2) ; elles font la certitude dans l'âme ; certitude qui touche à l'évidence, et donne je ne sais quel avant-goût des cieux. Oui, l'intimité avec vous est possible, ô mon Dieu ! Et vous ne nous la permettez pas seulement, vous la souhaitez et daignez nous l'offrir.
    [...]
    O Dieu ami ! O Dieu intime ! présent et vivant en Jésus pour devenir l'ami intime de l'homme et faire de l'homme son intime ami ! [...] O « commerce admirable », ô échange ineffable, chante l’Église en célébrant cette première et souveraine intimité de Dieu avec l'homme qui existe en Jésus, Notre-Seigneur, et d'où dérive toute intimité entre Dieu et ses créatures (3) ! Jésus nous y introduit, par sa prière d'abord, puis par sa sainte Eucharistie, demandant par l'une à son Père ce qu'il commence de nous conférer par l'autre : « Père ! vous en moi, moi en eux, afin qu'ils soient un en nous et comme nous, et consommés dans l'unité. » (4). »

    1. Gen. II, 18 ; Eccle. IV, 10. - 2. Joann. VI, 64. - 3. Ant. Laudis festo Circumcis. - 4. Joann. XVII, 21-23.

    Mgr Charles Gay (1814-1891), De l'intimité avec Dieu..., in "Élévations sur la vie et la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ" (Cinquante-deuxième élévation), Tome I, Oudin Frères, Poitiers - Paris, 1879.

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