Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

eglise domestique

  • Méditation : A famille chrétienne, sanctuaire domestique (3)

    (suite de la méditation d'hier mercredi)

    « Mais ces oratoires domestiques, où sont-ils ? Où sont-ils, ces souvenirs des vieilles mœurs ? ... On sent qu'un souffle nouveau a passé sur ces villages chrétiens, et qu'il en arrache, pierre par pierre, les derniers restes de la civilisation, pour y faire triompher l'égoïsme et la barbarie des mœurs révolutionnaires.
    Voulez-vous résister au torrent, prenez donc la croix et plantez-la résolument au fond de votre foyer. Là vous assemblerez vos enfants au moins chaque soir, et vous prierez le Père commun.
    Cette communauté de sentiments et de vœux relie les membres de la famille en pliant leurs genoux et leurs fronts devant le même Maître, en leur faisant partager les mêmes espérances, en tournant ensemble leurs yeux vers le même but. Là le père paraît avec la majesté du sacerdoce, et la mère avec cette tendresse et cette sollicitude qui l'a fait comparer à la poule rassemblant ses petits sous ses ailes pour les mettre à l'abri de l'orage. Là accourent les enfants avec cette régularité que l'exemple de leurs parents commande, et il ne leur vient pas à l'esprit, devant ces exemples vivants, que la prière soit le devoir de l'enfance, mais qu'on puisse la négliger à mesure que l'on grandit, et que l'âge mûr a le droit de l'oublier. [...]
    Avec cette habitude de la prière commune, croyez-vous que l'esprit de famille puisse tarder à renaître parmi les vôtres ? Dieu la bénira, et, vous voyant à ses pieds dans cette unanimité de sentiments, il vous donnera de ne faire, comme au temps de la primitive Église, qu'une seule âme et un seul cœur. »

    Abbé Besson, Restauration de la France par la famille (II), extrait de "L'Année d'expiation et de grâce : 1870-1871", M. Turbergue éd., Besançon, 1872.

    abbé besson,sanctuaire,oratoire,eglise domestique,prière,famille,foyer,croix

  • Méditation : A famille chrétienne, sanctuaire domestique (2)

    (suite de la méditation d'hier mardi)

    « Peut-être est-il préférable, en général, que le sanctuaire domestique ne se distingue nullement de ce qui est le foyer proprement dit, de ce qui est le lieu ordinaire de l'habitation, du travail, de la conversation, du repos, de tous les actes de la journée, car c'est alors vraiment que la demeure de l'homme peut devenir celle de Dieu. Eh bien donc, à quel signe, en mettant le pied sur le seuil de cette demeure, connaîtrez-vous que Dieu y habite, et qu'il y recueille des hommages ? Lorsque vous entrez dans une église, un seul coup d’œil jeté devant vous, en vous montrant l'autel, vous dit bien vite où vous êtes. ici quel est le symbole qui doit tenir la place de l'autel ? Vous m'avez déjà prévenu et vous me répondez : un Christ, un crucifix, voilà le centre du temple de famille, voilà l'autel. Oui, dans l'endroit le plus honorable, le plus en lumière, le plus exposé à tous les yeux ; dans l'endroit où l'on est le plus souvent réuni, c'est là. Il y faut l'image du Sauveur, étendant ses deux bras, montrant ses blessures d'amour, et du haut de sa croix, comme du haut d'un trône, présidant à tout ce qui se passe. C'est à ce signe que, sur-le-champ, vous pressentirez une famille sérieusement chrétienne. A la manière dont ce Christ est placé, aux objets qui le décorent, aux petits tableaux, gravures, statuettes qui lui font cortège, vous pouvez vous dire : « Ici, l'on est chez des croyants ; ici, l'on vit dans l'influence des doux mystères de la foi ; ici, quand il y a des pleurs l'on sait où les répandre ; ici, l'on porte l'espoir d'une destinée céleste ; ici, enfin, il ne sera pas trop amer de mourir... » Voilà, mes Frères, ce que doit être la demeure des chrétiens pour ressembler à un sanctuaire. La richesse et le luxe, les chefs-d’œuvre trop souvent frivoles ou scandaleux de l'art profane, peuvent bien faire un beau salon païen : mais deux bâtons en croix, mais un misérable chiffon de papier où sont grossièrement empreints les traits sacrés, ah ! c'est dans une famille, un symptôme mille fois plus favorable, et surtout c'est un refuge mille fois plus assuré, car c'est le christianisme tout entier sans cesse présent devant les yeux, et par les yeux dans la pensée et dans le cœur. »

    Abbé Pierre Chevallard (1820-1908), Le culte domestique ou la religion pratiquée en famille (II).

    (à suivre demain)

    oratoire_5a.jpg

  • Méditation : A famille chrétienne, sanctuaire domestique (1)

    « Que faut-il pour rendre à nos familles le caractère chrétien ? Un sanctuaire commun, des prières communes, la pratique commune des devoirs essentiels du christianisme. Ce sanctuaire domestique n'a pas besoin de pompes ni de décors ; je ne vous demande pas d'y prodiguer les riches dorures, les tableaux des maîtres, les étoffes de soie et de velours ; je ne vous demande pas même de le séparer du reste de la maison ni de lui donner le nom d'oratoire. Non, il n'y a pas de cabane si pauvre, au fond des campagnes, pas de mansarde si étroite, cachée sous le toit d'une grande ville, qui ne puisse être un sanctuaire pour la famille. La famille la plus nombreuse fût-elle réunie au foyer le plus resserré, si je vois au-dessus de la pauvre couche l'image du Dieu rédempteur, je m'incline comme au seuil d'un temple et je salue le maître de maison. Autour de ce crucifix, voici le buis bénit et l'eau sainte. Vous trouveriez dans le coin le plus retiré d'une modeste armoire le cierge de la Chandeleur, qui a été allumé pour la première fois il y a trente ans peut-être, et avec lequel l'aïeule a béni d'une main tremblante la première communion de celle qui est devenue mère aujourd'hui. Ces images de la Vierge et des saints patrons sont enfumées par le temps ; on en distingue à peine les traits grossiers ; l'épingle qui les tient attachées date d'un autre âge ; n'importe, on sent la foi et la piété s'exhaler de cette pauvre demeure, on devine que le père s'agenouille, au milieu de ses enfants, devant cette Vierge et ce crucifix, que la mère verse des pleurs, dans les moments d'épreuve, au pied de ces vieilles images, et que les derniers nés de la famille ont appris à sourire en les saluant de leurs premiers regards. »

    Abbé Besson, Restauration de la France par la famille (II), extrait de "L'Année d'expiation et de grâce : 1870-1871", M. Turbergue éd., Besançon, 1872.

    (à suivre demain)

    cezanne_vieille-femme-au-rosaire_1a.jpg

    Paul Cezanne (1839-1906), La vieille femme au rosaire
    National Gallery, London, United Kingdom

  • Méditation : la Sainte Famille

    « Une famille pas comme les autres :
    un enfant sans père, un époux qui ne possède pas sa femme. Et pourtant la densité humaine de la vie en famille peut y être reconnue avec, en plus, un éclairage sur ce qui s'y cache en profondeur. Marie est fécondée par une parole reçue dans la foi, sans semence d'homme. Et Joseph apprend en rêve qu'il peut devenir époux et père en acceptant de n'y être pour rien. Ces récits heurtent notre logique. Il est bon qu'ils continuent de faire problème. Comment dire l'Esprit dans le langage des hommes charnels ? Nos relations avec l'Esprit de Dieu sont de l'ordre de la parole, non de la chair.
    Le Fils de Dieu ne peut pas naître parmi nous si l'homme prétend pouvoir l'engendrer. Ce n'est pas la rencontre charnelle d'un homme et d'une femme qui peut faire que leur enfant, Jésus, incarne et révèle Dieu parmi les hommes. Les Évangiles effacent donc le rôle de la chair pour souligner celui de la parole dans la génération humaine du Fils de Dieu. L'homme croit en sa puissance. Il est fier de son sexe. Voici un homme, Joseph, qui accepte d'être passif et de recevoir pour fils un enfant qui vient de l'Esprit. On dit que la femme est passive. En voici une, Marie, impuissante à concevoir seule un enfant, mais intensément active pour croire à la parole qui fait fructifier en elle le fruit de l'Esprit.
    Histoire unique, comme est unique celle de Jésus Fils de Dieu. Histoire éclairante pourtant, révélatrice de toute histoire d'hommes et de femmes qui deviennent pères et mères. Il ne suffit pas de faire un enfant pour qu'il soit enfant de l'amour. Le fruit de l'amour naît de la parole donnée et reçue qu'échangent les parents. Et les géniteurs ne deviennent père et mère qu'au terme d'un long détachement où chacun renonce à posséder l'autre. La famille est le lieu charnel où se mûrit l'expérience de relations qui dépassent les liens de la chair et du sang. Cela ne va pas sans conflits. Il est nécessaire qu'ils se disent, qu'ils s'éclatent, comme on dit, en éclats de langage, pour qu'ils soient dépassés, et que naissent, entre époux comme entre parents et enfants, des rapports fondés sur la confiance et la liberté de la parole donnée et tenue. »

    Jean Delorme, exégète, cité in Mgr Raymond Bouchex, Il a habité parmi nous - Entrer dans le mystère de l'Incarnation, Parole et Silence, 2006.

    Sainte_Famille_Murillo-a.jpg

    « La famille de Jésus nous révèle que, pour être vrai et durable, l'amour entre les époux, et entre les parents et les enfants, doit être bâti sur la parole donnée, échangée, partagée, gardée. Le foyer de Marie et de Joseph nous dit que l'amour ne s'épuise pas dans le sexe, mais qu'il réside tout autant dans la parole donnée, reçue, gardée, et sans cesse approfondie en fidélité. Marie et Joseph se sont mariés en réponse à la Parole de Dieu. Il est dit à Joseph : "Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse... Il fit ce que l'Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse" (Mt 1, 20 ; 24). Le foyer de Marie et de Joseph est bâti sur la Parole de Dieu. Jamais nous ne pourrons connaître et dire la tendresse qui a uni Marie et Joseph. Ce qui les a unis, c'est la Parole de Dieu reçue, gardée, partagée et devenue leur propre parole.
    [...]
    Les familles sont un des premiers champs de l'apostolat et parmi les premiers acteurs de la mission. La famille est la communauté où la Parole de Dieu commence à être transmise, accueillie et priée. Par là elle est une "petite Église", une Église domestique, ouverte sur la "grande Église". Telle est la raison pour laquelle nous devons promouvoir et soutenir les mouvements dont l'objectif est la promotion et le soutien de la qualité chrétienne des familles. L'attitude de l’Église catholique au sujet de l'unité, de la fidélité et de l'indissolubilité dans le mariage n'est pas d'abord disciplinaire. Elle a pour fondement la conviction que l'amour véritable réside dans la parole donnée, reçue et gardée. »

    Mgr Raymond Bouchex, Il a habité parmi nous - Entrer dans le mystère de l'Incarnation, Parole et Silence, 2006.

    Sainte_Famille_15.jpg