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saint bernard

  • Méditation - Cultivons la gratitude

    « Nous en voyons bien encore de nos jours un certain nombre qui demandent à Dieu, avec assez d'instance, ce qui leur manque, mais on n'en voit qu'un bien petit nombre qui semblent reconnaissants des bienfaits qu’ils ont reçus. Il n'y a pas de mal à demander avec instance, mais ce qui fait qu’il ne nous exauce point, c'est qu'il nous trouve ingrats...

    ... Heureux celui qui, à chaque don de la grâce, revient à celui en qui se trouve la plénitude de toutes les grâces, car si nous nous montrons reconnaissants à son égard pour tout ce que nous en avons reçu, nous préparons la place en nous à la grâce, et nous nous rendons dignes de la recevoir en plus grande abondance. Il n'y a, en effet, que notre ingratitude qui arrête nos progrès après notre conversion, attendu que le donateur, regardant comme perdu tout ce que l'ingrat a reçu, se tient, par la suite, sur ses gardes, de peur de perdre, d'autant plus qu'il lui donnerait davantage. Heureux donc celui qui se regarde comme un étranger, et qui rend de très grandes actions de grâces, même pour les moindres bienfaits, dans la pensée que tout ce qui se donne à un étranger et, à un inconnu est un don purement gratuit. Que nous sommes au contraire malheureux et misérables, lorsque, après nous être regardés dès le principe, comme des étrangers, et nous être montrés d'abord assez timorés, assez humbles et assez dévots, nous oublions ensuite si facilement combien était gratuit ce que nous avons reçu, et nous présumons à tort, en quelque sorte, de l'amitié de Dieu, sans remarquer que nous nous rendons dignes de nous entendre dire que « les ennemis du Seigneur sont les gens mêmes de sa maison » (Ps LIV,13). Nous l'offensons plus facilement alors, comme si nous ne savions pas que nos fautes seront bien plus sévèrement jugées, selon ce que nous lisons dans le Psalmiste : « Si ce fût mon ennemi qui m'eût chargé de malédictions, je l'aurais certainement supporté » (Ps LIII,13). Je vous en prie donc, mes frères, humilions-nous de plus en plus sous la main puissante de Dieu (1P V,6), et faisons en sorte de nous tenir éloignés du vice si grand et si affreux de l'ingratitude. Tenons-nous avec une entière dévotion dans l'action de grâces, et nous nous concilierons la grâce de notre Dieu qui seule peut sauver nos âmes. Montrons notre reconnaissance, non pas seulement en paroles et du bout des lèvres, mais par les œuvres et en vérité, attendu que ce n'est pas le mot, mais l'acte de la reconnaissance qu'exige de nous Celui qui nous donne la grâce, le Seigneur notre Dieu qui est béni dans tous les siècles. Ainsi soit-il. »

    St Bernard (1091-1153), Sermons divers, Vingt-septième Sermon (Contre le vice détestable de l'ingratitude, 6-8), in "Œuvres complètes de Saint Bernard" (Tome III), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Louis Vivès, 1866.
    Texte intégral de ce sermon

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    Jef Leempoels (1867-1935), "Et, l'Angélus sonna"

  • Méditation - Pour honorer la Vierge Marie

    « La Salutation angélique est l'une des prières à la bienheureuse Vierge, qui a plus de bénédiction. Elle remplit le ciel de joie et la terre de grâces... C'est donc bien fait de dire une chose si sainte, qui renferme le mystère de l'Incarnation, et tout ce qu’il y a de plus grand en la glorieuse Vierge ; c'est imiter un Ange, c'est faire la volonté de Dieu, c'est parler comme la bienheureuse Élisabeth par le mouvement du Saint Esprit ; c’est suivre l'esprit de l’Église, qui la joint dans tous les Offices avec l’Oraison Dominicale, et qui l'a ordonnée pour nous obtenir des grâces, et particulièrement le don de persévérance à la mort. C’est cette prière avec l’Oraison Dominicale qui compose le Rosaire, enseigné par le grand saint Dominique, et que Dieu a comblé de tant de faveurs...

    Les dévots de la Mère de Dieu ne manquent pas à l'honorer tous les jours ; et c'est l'une des marques qu'ils sont à son service. Cependant ils s'y appliquent encore plus spécialement en certains jours qui lui sont consacrés plus particulièrement. Nous avons parlé des jours de ses fêtes ; mais toutes les semaines l’Église lui dédie le jour du samedi, en faisant célébrer son Office, quand ce jour n'est pas occupé d'autre part...

    Davantage, les dévots de la Reine des anges et des hommes s'appliquent en différentes manières à lui donner des témoignages de leur estime et de leur amour. Ils ont une dévotion spéciale à son très doux nom de Marie ; et il y en a qui l'honorent en récitant le Magnificat, Ave Maris stella, Regina caeli laetare, Inviolata, Ave Regina caelorum : Cantique, Hymne et Antiennes qui commencent par les lettres qui composent son précieux nom de Marie... Saint Bernard, au sermon quatrième de l'Assomption, écrit qu'on ne saurait la nommer sans être embrasé du pur amour ; qu'on ne saurait y penser sans sentir son cœur tout rempli de joie ; que son souvenir apporte la paix, la douceur, la délectation spirituelle, qui est inséparable de sa véritable dévotion. Cette Mère admirable a bien voulu révéler à sainte Brigitte, comme elle l'assure dans ses Révélations, que les Anges se réjouissent entendant son nom, que les Démons tremblent et s'enfuient, que les âmes qui sont dans le Purgatoire en reçoivent du soulagement, et que les Anges gardiens redoublent leurs soins. Cela se doit entendre quand il est bien invoqué. Ô nom précieux ! ô nom sacré ! ô nom aimable ! nom admirable ! nom de douceur ! de consolation et de paix ! nom de protection ! je désire vous révérer tous les jours de ma vie : servez-moi toujours de refuge et d'asile, particulièrement à l'heure de ma mort. Ô mon bon Ange, esprit céleste, au milieu de tous les soins assidus que vous prenez de tout ce qui me regarde avec des bontés inexplicables, redoublez ces soins pour me donner de plus en plus de la vénération et de l'amour pour le très doux nom de Marie, pour la gloire du divin nom de Jésus, par lequel le nom de Marie est grand au ciel et en la terre, le tout se terminant à la très adorable Trinité, qui est la fin de toutes choses. »

    Vénérable Henri-Marie Boudon (1624-1702), La dévotion à l'Immaculée Vierge Marie Mère de Dieu (Livre Troisième, Pratique V), A Paris, Chez Jean-Thomas Hérissant, 1749.

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    Fra Angelico (v.1395–1455), Vierge d'humilité
    National Gallery of Art, Washington, D.C.

    (Crédit photo)

  • Méditation : Le Saint Nom de Jésus-Christ (2)

    « Quelle puissance le nom de Jésus-Christ donne à nos prières ! elles cessent alors visiblement de ramper sur la terre, elles s'élèvent vers le ciel comme un encens d'agréable odeur. O nom de Jésus-Christ ! nom auguste, au-dessus de tout nom : Nomen quod est super omne nomen. Nom consolant, puisqu'il nous rappelle la miséricorde de Jésus-Christ pour l'homme ; nom qui nous rend par la prière tout puissants auprès de Dieu : car la parole de Jésus-Christ y est formelle ; c'est la parole du Dieu de vérité, il a daigné la confirmer par serment : en vérité, en vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, vous sera accordé. On voit que rien n'est excepté, mais seulement dans l'ordre du salut ; car, dit saint Augustin, au nom d'un Dieu qui est venu pour nous sauver, peut-on demander comme des biens ce qui serait étranger ou quelquefois contraire à notre salut ?

    On sent bien que, pour obtenir ces heureux effets du nom de Jésus-Christ, il doit être prononcé avec foi et dans de saintes dispositions ; la parole de l’Écriture y est formelle : tous ceux qui diront, Seigneur, Seigneur, c'est-à-dire, qui ne le diront que des lèvres, n'entreront point dans le royaume des cieux. Ce nom a été sur les lèvres de l'aveugle de Jéricho. Jésus, fils de David, s'écriait-il, ayez pitié de moi. En vain on lui imposa le silence ; sa foi le fit triompher de ces obstacles, et lui obtint un miracle. Combien de fois de nom de salut et de bénédiction est-il répété par nous chaque jour dans ces litanies si connues, composées en l'honneur de Jésus-Christ. On ne voit point que ce nom, quoique tout-puissant, nous guérisse d'aucune de nos passions. Croyons avec l’Écriture que nul ne peut dire Seigneur Jésus que par un mouvement de l'Esprit Saint. Alors ce nom sera prononcé avec intelligence, avec amour ; alors il excitera dans nos cœurs cet heureux tressaillement qu'éprouvait saint Bernard (*). Nous ne le prononcerons point, selon la pensée de saint Augustin, sans goûter les consolations de l'espérance, et le tentateur effrayé s'éloignera de nous. »

    (*) : cf. la méditation proposée hier.

    Athanase René Merault de Bizy, in "Instructions pour les fêtes de l'année", Tome premier (Sur le saint nom de Jésus), Librairie catholique de Perisse Frères, Lyon - Paris, 1841.

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  • Désirons-nous la sainteté ?

    « Quand nous sera-t-il donné de nous réunir aussi à nos pères ? De leur être présentés en personne ? Tel est le premier désir que le souvenir des saints fait naître en nous, que dis-je ? dont il nous embrase. Quand jouirons-nous de leur société si désirable, quand serons-nous dignes d'être les concitoyens, les conchambristes des esprits bienheureux, d'entrer dans l'assemblée des patriarches, de nous unir aux phalanges des prophètes, au sénat des apôtres, aux innombrables bataillons des martyrs, aux collèges des confesseurs, et aux chœurs des vierges, de nous perdre, en un mot, et de nous réjouir en commun dans la troupe entière des saints ?
    ...
    L'Église des premiers-nés nous attend, et nous négligeons de l'aller rejoindre ; les saints nous appellent, et nous n'en tenons aucun compte. Réveillons-nous enfin, mes frères, ressuscitons avec le Christ, cherchons, goûtons les choses d'en haut. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, que nos cœurs tendent par leurs vœux, vers ceux qui les appellent. »

    St Bernard, Vème Sermon pour la Toussaint (5,6), Trad. de l'Abbé Charpentier, in "Œuvres complètes" Tome III, Paris, Librairie Louis de Vivès, 1866.

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  • Méditation : Nativité de la Bse Vierge Marie

    « Oui, Marie est la plus belle créature qui soit jamais sortie des mains du Créateur. Dieu lui-même la choisit, pour être le canal par lequel il devait faire couler ses grâces les plus précieuses et les plus abondantes sur tous ceux qui auraient confiance en elle. Dieu nous la représente comme un beau miroir où il se reflète comme un modèle accompli de toutes les vertus. Aussi voyons-nous que l'Église la considère comme sa Mère, sa patronne et sa puissante protectrice contre ses ennemis ; qu'elle s'empresse de célébrer avec la plus grande pompe le jour heureux où ce bel astre commença à briller sur la terre. [...]

    C'est donc avec raison que l'Église dit à la sainte Vierge, dans un tressaillement d'allégresse : « Votre naissance, ô Vierge sainte Marie, remplit le monde entier d'une douce consolation et d'une sainte allégresse, parce que c'est de vous qu'il nous est né ce Soleil de justice, notre Jésus, notre Dieu, qui nous a tirés de la malédiction où nous étions plongés par le péché de nos premiers parents, et nous a comblés de toutes sortes de bénédictions. » Oui, c'est vous, Vierge sans pareille, Vierge incomparable, qui avez détruit l'empire du péché et rétabli le règne de la grâce. « Levez-vous, dit l'Esprit-Saint, sortez du sein de votre mère, vous qui êtes ma plus chère, aussi bien que ma plus belle amante, venez, tendre colombe, dont la pureté et la modestie sont sans égales, montrez-vous sur la terre, paraissez au monde comme celle qui doit embellir le ciel et rendre la terre heureuse. Venez et paraissez avec tout l'éclat dont Dieu vous a ornée, car vous êtes le plus bel ouvrage de votre Créateur. » En effet, quoique la sainte Vierge fût dans les voies ordinaires, l'Esprit-Saint voulut que son âme fût la plus belle et la plus riche en grâces ; il voulut aussi que son corps fût le plus beau corps qui ait jamais paru sur la terre. L'Écriture la compare à l'aurore dans sa naissance, à la lune dans son plein, au soleil dans son midi (1). Elle nous dit encore qu'elle a une couronne de douze étoiles (2), et est établie dispensatrice de tous les trésors du ciel. Depuis la chute d'Adam, le monde était couvert de ténèbres affreuses ; alors Marie paraît, et, comme un beau soleil dans un jour serein, dissipe les ténèbres, ranime l'espérance et donne la fécondité à la terre. Dieu, M.F., ne devait-il pas dire à Marie, comme à Moïse (3) : « Va délivrer mon peuple, qui gémit sous la tyrannie de Pharaon ; va lui annoncer que sa délivrance est proche, et que j'ai entendu sa prière, ses gémissements et ses larmes. Oui, Marie, semble-t-il dire, j'ai entendu les gémissements, j'ai vu les larmes des patriarches, des prophètes et de tant d'âmes qui soupirent après l'heureux moment de leur délivrance. » En effet, M.F., Marie, encore bien mieux que Moïse, annonce que bientôt nos malheurs vont cesser et que le ciel va se réconcilier avec la terre. Ô quels trésors apporte au ciel et à la terre la naissance de Marie ! Le démon frémit de rage et de désespoir, parce que, dans Marie, il voit celle qui doit l'écraser et le confondre. Au contraire, les anges et les bienheureux font retentir la voûte des cieux de chants d'allégresse en voyant naître une Reine qui doit donner à leur beauté un nouvel éclat. »

    (1) Ct VI, 9 ; (2) Ap XII, 1 ; (3) Ex III.

    St Curé d'Ars, Fête de la Nativité de la Ste Vierge (extraits), in "Sermons du saint curé d'Ars", Tome IV, Nouvelle édition, Gabriel Beauchesne, Paris, 1925.

    A lire également, de St Bernard, le Sermon pour la Nativité de la Vierge Marie, « De Aquaeductu » (De l'Aqueduc), en extrait (traduction d’Albert Béguin, Éditions du Seuil, Paris, 1953) ou en texte intégral (traduction de l'Abbé Charpentier, Louis Vivès, Paris, 1866).

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    Naissance de la Vierge Marie, Giotto di Bondone (1267-1337), Chapelle Scrovegni à Padoue
    (Source et crédit photo)

  • Méditation : miséricorde de la Bienheureuse Vierge Marie

    « Il n'est rien qui, tout à la fois, me charme et m'effraie davantage que de parler des gloires de la Vierge Mère. Car, pour passer sous silence l'impossibilité où l'on se trouve d'exprimer le privilège de ses mérites et sa prérogative unique, tous, comme il convient, ont pour Marie une dévotion si ardente, un tel culte, une telle estime, qu'en dépit des efforts de tous, il n'est rien qu'on dise de son indicible gloire qui, par le fait même qu'on a pu le dire, satisfasse pleinement les auditeurs et réponde à leur attente...

    Qu'on ne parle plus de votre miséricorde, ô bienheureuse Vierge, s'il est un seul homme qui se rappelle vous avoir invoqué en vain dans ses besoins. Nous, vos petits serviteurs, nous vous félicitons de vos autres vertus, mais nous nous félicitons nous-mêmes de votre miséricorde. Nous louons votre virginité, nous admirons votre humilité, mais, pour les malheureux que nous sommes, votre miséricorde a plus douce saveur, plus précieuse valeur, elle revient plus souvent à notre mémoire, plus fréquemment dans nos invocations. C'est elle qui obtint la régénération du monde, le salut de tous. II est, en effet, évident que la sollicitude de Marie s'étendait au genre humain tout entier, lorsque l'ange lui dit : « Ne craignez pas, Marie, vous avez trouvé grâce (Luc, 1, 30), la grâce que vous attendiez. » Qui donc, ô Vierge bénie, pourra mesurer la longueur et la largeur, la hauteur et la profondeur de votre miséricorde ? Car, par sa longueur, votre miséricorde atteint jusqu'au dernier jour tous ceux qui l'invoquent ; par sa largeur, elle recouvre toute la surface du globe et remplit la terre ; par sa hauteur, elle contribue à la restauration de la cité céleste ; par sa profondeur, elle obtient la rédemption de ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort (Luc, I, 79). Par vous, en effet, le ciel est peuplé, l'enfer vidé, la céleste Jérusalem relevée de ses ruines, la vie rendue aux malheureux qui l'avaient perdus.

    C'est ainsi que votre toute-puissante et très miséricordieuse charité se montre aussi magnifique dans sa compassion que dans son pouvoir secourable. »

    St Bernard, Sermon pour l'Assomption, in R.P. Pierre Aubron s.j., "L’œuvre mariale de saint Bernard", Les Cahiers de la Vierge n°13-14 mars 1936, Éditions du Cerf, Juvisy, 1936.

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    Notre-Dame des Victoires, Refuge des pécheurs
    (Source et crédit photo)