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prophètes

  • Désirons-nous la sainteté ?

    « Quand nous sera-t-il donné de nous réunir aussi à nos pères ? De leur être présentés en personne ? Tel est le premier désir que le souvenir des saints fait naître en nous, que dis-je ? dont il nous embrase. Quand jouirons-nous de leur société si désirable, quand serons-nous dignes d'être les concitoyens, les conchambristes des esprits bienheureux, d'entrer dans l'assemblée des patriarches, de nous unir aux phalanges des prophètes, au sénat des apôtres, aux innombrables bataillons des martyrs, aux collèges des confesseurs, et aux chœurs des vierges, de nous perdre, en un mot, et de nous réjouir en commun dans la troupe entière des saints ?
    ...
    L'Église des premiers-nés nous attend, et nous négligeons de l'aller rejoindre ; les saints nous appellent, et nous n'en tenons aucun compte. Réveillons-nous enfin, mes frères, ressuscitons avec le Christ, cherchons, goûtons les choses d'en haut. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, que nos cœurs tendent par leurs vœux, vers ceux qui les appellent. »

    St Bernard, Vème Sermon pour la Toussaint (5,6), Trad. de l'Abbé Charpentier, in "Œuvres complètes" Tome III, Paris, Librairie Louis de Vivès, 1866.

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  • Méditation de St Bonaventure : le Christ et l'Eglise

    « Dans cette Église répandue dans le monde entier, par l'opération de l'Esprit-Saint, distincte de multiples façons et groupée en un seul corps, préside un Pontife, le Christ, comme hiérarque suprême, qui selon un ordre admirable à l'instar de la cité céleste, répartit la dignité des charges en distribuant "les charismes des dons. C'est lui qui a donné aux uns d'être apôtres, à d'autres d'être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l’œuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ" (*). Il a aussi, selon la grâce septiforme de l'Esprit-Saint, donné les sacrements comme sept médicaments contre les maladies ; leur administration confère la grâce sanctifiante et remet les péchés qui ne sont jamais pardonnés que dans la foi et dans l'unité de la sainte mère Église. Parce que les péchés sont purifiés dans le feu de la tribulation, de même que Dieu a soumis le Chef de l’Église, le Christ aux flots des passions, de même il permet que son corps, son Église, soit éprouvée et purifiée par la tribulation jusqu'à la fin des siècles. Ainsi les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres, les Martyrs, les Confesseurs et les Vierges ainsi que tous ceux qui ont plu à Dieu, supportèrent de nombreuses tribulations dans la fidélité. Ainsi, tous les membres élus du Christ, jusqu'au jour du jugement, auront à les supporter. »

    (*) : citation de Ep 4, 11-13.

    St Bonaventure, fêté ce jour, L'Arbre de Vie (40), Trad. J.G. Bougerol, in "L'Arbre de Vie", EF, Paris, 1996.
    Voir le texte latin et surtout l'excellent commentaire de Richard S. Martignetti dans "L'Arbre de Vie de saint Bonaventure - Théologie du voyage mystique", Éditions franciscaines, 2014, pp. 271 sq., ouvrage présenté en nos pages Librairie.

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    Mosaïque de l'abside de la basilique Saint-Clément à Rome, XIIe siècle (détail)
    (Source et crédit photo)

    D’après l’inscription que comprend cette mosaïque, il s'agit d'une représentation de l’Église. Celle-ci est figurée par la croix du Christ, avec douze colombes qui représentent les apôtres, tandis que l'arbre de la croix se développe en de nombreuses volutes comme autant d'Églises qui en forment une seule.
  • Vendredi 04 juillet 2014

    Calendrier liturgique

  • Mois de Marie - Vingt-neuvième jour

    Vingt-neuvième jour

    Reine des patriarches, Reine des prophètes, priez pour nous.
     
    Reine des patriarches, Reine des prophètes, vous avez surpassé les uns par une espérance plus pure, plus ferme et plus tranquille ; vous avez surpassé les autres par une foi plus vive, plus soumise et plus étendue ; vous avez été l’objet des désirs et des vœux des uns et des autres, ils attendirent votre venue sur la terre ; ils vous glorifient dans le ciel. Obtenez-nous cette foi vive et cette espérance ferme qui nous conduisent au bonheur qu’ils ont de vous louer dans toute l’éternité.

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  • Méditation avec Ste Catherine de Sienne : gloire de la Résurrection

    « 1.- Ô notre Résurrection ! notre Résurrection ! puissante et éternelle Trinité, faites donc éclater mon âme ! Ô Rédempteur ! notre Résurrection ! Trinité éternelle ! Feu qui brûlez toujours, qui ne vous éteignez jamais, qui ne pouvez diminuer quand même vous vous communiqueriez à toute la terre ! Ô Lumière qui donnez la lumière, je vois dans votre lumière, et je ne puis rien voir sans vous, parce que vous êtes Celui qui êtes, et moi je suis celle qui ne suis pas! Je connais par vous mes besoins, ceux de l'Église et du monde ! C'est parce que je les connais que je vous conjure d'ébranler, d'enflammer mon âme pour le salut du monde ; non pas que je puisse porter quelque fruit par moi-même, mais je le puis par la vertu de votre charité, qui est la source de tout bien.

    2.- Oui, dans l'abîme de votre charité, l'âme agit pour son salut et pour celui de prochain, comme votre Divinité, ô éternelle Trinité, nous a sauvés au moyen de notre humanité bornée, qui nous a procuré un bien infini. C'est par cette vertu toute puissante de votre Divinité qu'a été créé tout ce qui participe à l'être, et qu'a été donné à l'homme le bien spirituel et temporel qui se trouve en lui. Ce bien, vous avez voulu que l'homme le cultivât par son libre arbitre.

    3.- Ô Trinité, Trinité éternelle ! votre lumière nous fait connaître que vous êtes le Jardin parfait qui renfermez les fleurs et les fruits. Vous êtes une Fleur de gloire qui vous glorifiez et qui fructifiez vous-même ! Vous ne pouvez rien recevoir d'un autre : sans cela vous ne seriez pas le Tout-Puissant, l’Éternel ! Celui qui vous donnerait ne paraîtrait pas venir de vous. Mais vous êtes votre gloire et votre fruit ; ce que vous offre votre créature vient de vous ; si elle ne recevait rien, elle ne pourrait rien vous rendre.

    4.- Ô Père éternel ! l'homme était renfermé dans votre sein ; vous l'avez tiré de votre sainte pensée, comme une fleur où se distinguent les trois puissances de l'âme. Dans chacune de ces puissances, vous avez mis un germe afin qu'elles puissent fructifier dans votre jardin et vous rendre le fruit que vous lui avez donné. Vous entrez dans l'âme pour la remplir de votre béatitude, et l'âme y est comme le poisson dans la mer et la mer dans le poisson.

    5.- Vous lui avez donné la mémoire afin qu'elle puisse retenir vos bienfaits, pour fleurir à la gloire de votre nom et porter de bons fruits. Vous lui avez donné l'intelligence afin qu'elle connaisse votre vérité et votre volonté qui veut toujours notre sanctification, et que, la connaissant, elle vous honore et produise des vertus ! Vous lui avez donné la volonté afin qu'elle puisse aimer ce que l'intelligence a vu et ce que la mémoire a retenu.

    6.- Si je regarde en vous, qui êtes la Lumière, ô Trinité éternelle, je vois que l'homme a perdu la fleur de la grâce par la faute qu'il a commise. Il ne pouvait dès lors vous rendre gloire et atteindre le but pour lequel vous l'aviez créé. Votre plan était détruit ; votre jardin était fermé, et nous ne pouvions recevoir vos fruits. Alors vous avez envoyé le Verbe, votre Fils unique, à notre secours.

    7.- Vous lui avez donné la clef de la Divinité et de l'humanité réunies pour nous ouvrir la porte de la grâce ; la Divinité ne pouvait l'ouvrir sans l'humanité, parce que l'humanité l'avait fermée par la faute du premier homme ; et l'humanité seule ne pouvait ouvrir sans la Divinité, parce que son action est finie et que la faute avait été commise contre la perfection infinie. La satisfaction devait égaler la faute ; tout autre moyen ne pouvait suffire. Et vous, doux et humble Agneau, vous nous avez ouvert les portes du jardin céleste ; vous nous livrez l'entrée du paradis et vous nous offrez les fleurs et les fruits de l'éternité.

    8.- Je comprends maintenant la vérité de ce que vous disiez, lorsque vous êtes apparu sous la forme d'un pèlerin à vos deux disciples, sur la route d'Emmaüs. Vous leur disiez qu'il fallait que le Christ souffrit et qu'il entrât dans la gloire par la voie de la Croix (Lc XXIV, 26) ; vous leur citiez les prophéties de Moïse, d'Élie, d'Isaïe, de David, et vous leur expliquiez les Écritures ; mais ils ne vous comprenaient pas, parce que les yeux de leur intelligence étaient obscurcis. Mais vous vous compreniez bien, doux et aimable Verbe, et vous saviez où était votre gloire ; il vous fallait souffrir pour entrer en vous-même. Ainsi soit-il. »

    Ste Catherine de Sienne (25 mars 1347 - 29 avril 1380), Prière faite à Rome le Jeudi 5 Avril 1379 (Prière XXI), in Œuvres, Trad. de l'italien par E. Cartier, Paris, P. Lethielleux, 1802.
    A lire en ligne et/ou à télécharger ici.

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    Sainte Catherine de Sienne, église de Sainte-Marie du Rosaire à Prati, Rome
    (Source)

  • Méditation : la Transfiguration

    Levantes autem oculos suos neminem viderunt nisi solum Jesum.
    Ayant levé les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul.
     
    « Il n'y a de sainteté que dans le devoir d'état, devoir sacré s'il en est : éviter le mal sous toutes ses formes et faire le bien en toute manière, declina a malo et fac bonum (Ps XXXVI, 27). Il n'y a de vraie paix du cœur que dans le renoncement chrétien.

    Pour m'encourager à ce labeur, je regarde Jésus, je ne regarde plus que Lui. Je l'ai vu au désert ; je l'entrevois déjà au Calvaire ; aujourd'hui, pour m'encourager, il m'entraîne au Thabor. Ces deux montagnes se regardent. Jésus descendra du Thabor pour s'engager dans la voie royale qui conduit au Golgotha. Il n'a pas besoin, Lui, de la consolation qui encourage : s'il nous révèle un instant sa Gloire, c'est pour nous. Il nous crie : Voyez et contemplez ce que je suis, afin d'espérer ce que vous deviendrez, si vous voulez me suivre jusqu'au pied de mon gibet.

    Mon âme, ne regarde pas uniquement Jésus au Calvaire, contemple-Le aussi au Thabor. Là, il n'est que défiguré, ici il apparaît transfiguré ; là, il est pâle, livide, meurtri dans sa Face ; ici, il resplendit comme le soleil à midi. Là, il est dépouillé ; ici, il est revêtu d'un manteau plus pur que la neige. Là, il apparaît entre deux scélérats ; ici, Moïse et Elie s'entretiennent avec Lui et lui rendent hommage. Là, tous l'ont abandonné ; ici, Pierre souhaite de demeurer avec Lui, tant il fait bon. Là, les ténèbres affreuses enveloppent la terre ; ici la nuée lumineuse enveloppe à la fois la Loi, la Prophétie et l’Évangile. Là enfin, Jésus s'écrie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné (Mc XV, 34). Ici, le Père des cieux, penché sur Jésus-Christ murmure : Celui-ci est mon Fils Bien-aimé dans lequel j'ai mis toutes mes complaisances. Les splendeurs du Thabor transfigurent les horreurs du Calvaire ; la récompense du Ciel soutient le sacrifice de la terre.

    Non, il n'y a pas de plus grande force ici-bas que celle que l'on puise dans le regard sur Jésus seul ; au Calvaire, oui, mais aussi et en même temps au Thabor. C'est pourquoi, Seigneur, vers Vous j'élève mon âme (1), j'étends mes mains vers Vous (2), et je mets ma confiance en Vous seul ; non, je n'aurai pas à rougir de mon courage (3) ! Ah ! comprenez mon cri... C'est Vous seul que je prie, Seigneur (4). »

    (1) : Introït - (2) : Offertoire - (3) : Introït - (4) : Communion

    Dom Vandeur, Dimanche de la deuxième semaine in "Élévations sur la Messe de chaque jour" (Septuagésime - Carême - Passion), Éditions de Maredsous, 1955.

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  • Méditation : allégresse dans l'éternité

    « Saint Jean dit que la multitude des élus est si grande, que nul ne peut venir à bout de les compter. Saint Denis dit que le nombre des anges est si grand, qu'il dépasse, sans comparaison, celui de toutes les choses matérielles que renferme la terre. Saint Thomas, se conformant au sentiment de saint Denis, dit : De même que la grandeur des cieux l'emporte, sans proportion, sur celle de la terre ; de même la multitude de ces esprits glorieux l'emporte, avec la même supériorité, sur celle de toutes les choses matérielles qui sont renfermées en ce monde. Or, que peut-on concevoir de plus admirable ? Certes, c'est là une chose qui, bien approfondie, suffirait pour jeter tous les hommes dans le ravissement.

    En outre, chacun de ces bienheureux esprits, même le moindre d'entre eux, est plus beau que tout ce monde visible. Que sera-ce donc de voir un nombre si prodigieux de ces esprits si beaux, de voir les perfections, les offices de chacun d'entre eux ? Là, les anges portent les messages, les Archanges servent, les Principautés triomphent, les Puissances tressaillent d'allégresse, les Dominations exercent l'empire, les Vertus resplendissent, les Trônes jettent des éclairs, les Chérubins envoient leurs lumières, les Séraphins brûlent, et tous chantent des cantiques de louange à Dieu. Si la compagnie et le commerce des bons a tant de charme et de douceur, que sera-ce de traiter dans le ciel avec tant de saints, de s'entretenir avec les apôtres, de converser avec les prophètes, de communiquer avec les martyrs et tous les élus ? S'il y a tant de gloire à jouir de la compagnie des bons, que sera-ce de jouir de la compagnie et de la présence de Celui que louent les étoiles du matin, dont le soleil et la lune admirent la beauté, et devant qui se courbent de respect et d'amour les anges et tous ces esprits souverains ? [...] C'est là la gloire essentielle des saints ; c'est là la fin dernière, le terme suprême de tous nos désirs.
    [...]
    Là, tous sont dans l'allégresse ; là, tous bénissent et chantent ce souverain Bienfaiteur de qui émanent tous les dons, et par la largesse duquel ils vivent et règnent pour une éternité. Ô cité céleste, séjour sûr, paradis de toutes les délices, peuple heureux, où l'on n'entend jamais aucune plainte, habitants paisibles, mortels fortunés à qui rien ne manque ! Ah ! que ne puis-je en ce moment voir le terme de mon combat ! Oh ! si mon exil touchait à sa fin ! quand arrivera ce jour ? Quand viendrai-je, et quand me sera-t-il donné de paraître devant la face de mon Dieu ? »

    St Pierre d'Alcantara (fêté hier au nouveau calendrier, et aujourd'hui au calendrier traditionnel), Traité de l'oraison et de la méditation - Méditations série I : Samedi, in "Œuvres spirituelles" traduites en français par le P. Marcel Bouix, Nlle Maison Périsse Frère, Paris - Lille, 1872 (seconde édition).

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    Gravure de Gustave Doré (Dante, La divine comédie)

  • Méditation : la Transfiguration

    « "Seigneur, il nous est bon d'être ici !" Las de vivre au milieu de la foule, Pierre avait trouvé la solitude sur la montagne, où son âme se nourrissait du Christ. Pourquoi quitter ce lieu pour aller vers les fatigues et les peines, puisqu'il brûlait pour Dieu d'un saint amour et, par le fait même, sanctifiait sa vie ? Il voulait ce bonheur pour lui, si bien qu'il ajouta : "Si tu le veux, faisons ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie". Pierre désirait trois tentes : la réponse venue du ciel a montré que nous n'en avons qu'une : le Verbe de Dieu est le Christ, le Verbe de Dieu est dans la Loi, le Verbe de Dieu est dans les prophètes... Au moment où la nuée les enveloppa tous, et forma pour ainsi dire une seule tente au-dessus d'eux, une voix en sortit. Celui que la voix révélait est celui dont la Loi et les prophètes se glorifiaient : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le". Car vous l'avez écouté dans les prophètes, vous l'avez écouté dans la Loi, et où ne l'avez-vous pas entendu ? A ces mots, les disciples tombèrent à terre. En tombant à terre, les apôtres symbolisent notre mort, mais en les relevant, le Seigneur symbolise la résurrection. Et, après la résurrection, à quoi sert la Loi ? A quoi sert la prophétie ? Dès lors Elie disparaît, et Moïse disparaît. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 78, 2-6 (PL 38, 490-493), Trad. Delhougne, "Les Pères commentent", Brepols, 1991.

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    Gravure Gustave Doré

  • Samedi 13 juillet 2013

    Calendrier liturgique

  • Jeudi 4 juillet 2013

    Calendrier liturgique

  • 24 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La Transfiguration

    « Il nous faut contempler, mes bien-aimés, et expliquer le spectacle saint due le Seigneur présenta sur la sainte montagne. C'est de cet évènement qu'il avait dit : "Je vous le déclare en vérité, il y en a quelques-uns ici présents qui ne goûteront pas la mort qu'ils n'aient vu le Fils de l'homme dans son royaume" (Mt XVII,1-8).

    Voici le commencement de la lecture qui vient de nous être faite. "Six jours après avoir prononcé ces paroles, il prit avec lui trois disciples, Pierre, Jean et Jacques, et alla sur la montagne." Ces disciples étaient ceux dont il avait dit : "Il y en a ici quelques-uns qui ne goûteront point la mort qu'ils n'aient vu le Fils de l'homme dans son royaume." Qu'est-ce que ce royaume ? Question assez importante. Car l'occupation de cette montagne n'était pas la prise de possession de ce royaume. Qu'est-ce en effet qu'une montagne pour qui possède le ciel ? Non seulement les Ecritures nous enseignent cette différence, mais nous la voyons en quelque sorte des yeux de notre coeur.

    Or Jésus appelle son royaume ce que souvent il nomme le royaume des cieux. Mais le royaume des cieux est le royaume des saints ; car il est dit : "Les cieux racontent la gloire de  Dieu" ; et aussitôt après : "Il n'y a point de langues ni d'idiomes qui n'entendent leurs voix" ; les voix de ces mêmes cieux. "L'éclat s'en est répandu sur toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu'aux extrémités de l’univers" (Ps XVIII, 4,5). N'est-ce donc pas des Apôtres et de tous les prédicateurs fidèles de la parole de Dieu qu'il est fait ici mention ? Ces mêmes cieux régneront avec le Créateur du ciel, et voici ce qui s'est fait pour le démontrer.

    Le Seigneur Jésus en personne devint resplendissant comme le soleil, ses vêtements blancs comme la neige, et avec lui s'entretenaient Moïse et Elie. Jésus lui-même, Jésus en personne parut resplendissant comme le soleil, marquant ainsi qu'il était la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (Jn I,9). Ce qu'est ce soleil pour les yeux de la chair, Jésus l'est pour les yeux du coeur ; l'un est pour les âmes ce que l'autre est pour les corps.

    Ses vêtements représentent ici son Eglise ; car ils tombent s'ils ne sont portés et maintenus. Paul était dans ces vêtements comme l'extrémité de la frange ; aussi dit-il. "Je suis le moindre des Apôtres" (I Cor. XV, 9) ; et ailleurs : "Je suis le dernier des Apôtres" (Ibid. IV,19). Or la frange est ce qu'il y a de moindre et d'extrême dans le vêtement. Aussi, comme cette femme qui souffrait d'une perte de sang fut guérie en touchant la frange de la robe du Seigneur (Lc VII,44) ; ainsi l'Eglise des gentils se convertit à la prédication de Paul. Eh ! qu'y a-t-il d'étonnant que l'Eglise soit figurée par de blancs vêtements, puisque nous entendons le prophète Isaïe s'écrier : "Vos péchés fussent-ils rouges comme l'écarlate, je vous blanchirai comme la neige" (Is I,18) ?

    Que peuvent Moïse et Elie, la loi et les prophètes, s'ils ne communiquent avec le Seigneur ? Qui lira la loi ? qui lira les prophètes, s'ils ne rendent témoignage au Fils de Dieu ? C'est ce que l'Apôtre exprime en peu de mots. "La loi dit-il, fait seulement connaître le péché, tandis qu'aujourd’hui, dans la loi, la justice de Dieu a été manifestée" : voilà le soleil ; "annoncée par la loi et les prophètes" : voilà l'aurore.

    Pierre est témoin de ce spectacle, et goûtant les choses humaines à la manière des hommes : "Seigneur, dit-il, il nous est bon d'être ici." Il s'ennuyait de vivre au milieu de la foule, il avait trouvé la solitude sur une montagne où le Christ servait d'aliment à son âme. Pourquoi en descendre afin de courir aux travaux et aux douleurs, puisqu'il se sentait envers Dieu un saint amour et conséquemment des moeurs saintes ? Il cherchait son propre bien ; aussi ajouta-t-il. "Si vous voulez, dressons ici trois tentes : une pour vous, une pour Moïse et  une autre pour Elie." Le Seigneur ne répondit rien à cette demande, et toutefois il y fut répondu. En effet, comme il parlait encore, une nuée lumineuse descendit et les couvrit de son ombre. Pierre demandait trois tentes ; et la réponse du ciel témoigna que nous n'en avons qu'une, celle que le sens humain voulait partager. Le Christ est la parole de Dieu, la Parole de Dieu dans la loi, la Parole de Dieu dans les prophètes. Pourquoi, Pierre, chercher à la diviser ? Cherche plutôt à t'unir à elle. Tu demandes trois tentes, comprends qu'il n'y en a qu'une.

    Pendant que la nuée les couvrait et formait comme une seule tente au dessus d'eux, une voix sortit de son sein et fit entendre ces paroles "Celui-ci est mon Fils bien-aimé." Là se trouvaient Moïse et Elie. La voix ne dit pas : Ceux-ci sont mes Fils bien-aimés. Autre chose est d'être le Fils unique, et autre chose, des enfants adoptifs. Celui qui se trouve aujourd'hui signalé est Celui dont se glorifient la loi et les prophètes : "Voici, est-il dit, mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes douces complaisances ; écoutez-le" ; car c'est lui que vous avez entendu dans les prophètes, lui aussi que vous avez entendu dans la loi, et où ne l'avez-vous pas entendu ? Ils tombèrent à ces mots la face contre terre.

    Voilà donc dans l'Eglise le royaume de Dieu. Là en effet nous apparaissent le Seigneur, la loi et les prophètes : le Seigneur dans la personne du Seigneur même, la loi dans la personne de Moïse et les prophètes dans celle d'Elie. Ces deux derniers figurent ici comme serviteurs et comme ministres, comme des vaisseaux que remplissait une source divine ; car si Moïse et les prophètes parlaient et écrivaient, c'est qu'ils recevaient du Seigneur ce qu'ils répandaient dans autrui.

    Le Seigneur ensuite étendit la main et releva ses disciples prosternés. [...]

    Descends, Pierre, tu voulais te reposer sur la montagne, descends, annonce la parole, insiste à temps, à contre-temps, reprends, exhorte, menace, en toute patience et doctrine (II Tim IV,2) ; travaille, sue, souffre des supplices afin de parvenir par la candeur et la beauté des bonnes oeuvres accomplies avec charité, à posséder ce que figurent les blancs vêtements du Seigneur. »

    Saint Augustin, Sermons, Première série, Passages détachés de Saint Matthieu, Sermon LXXVIII (1-6), in Oeuvres complètes de saint Augustin , traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Tome VI, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 15 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Il enseignait en homme qui a autorité" (Mc 1, 21-28)

    « Jésus s'est rendu donc à la synagogue de Capharnaüm le jour du sabbat et il s'est mis à enseigner... "Et il enseignait avec autorité, et non pas comme les scribes." Il ne disait pas, par exemple : "Parole du Seigneur" ou bien encore : "Ainsi s'exprime celui qui m'a envoyé". Non, Jésus parlait en son propre nom : c'était lui qui avait parlé jadis par la voix des prophètes. C'est déjà bien de pouvoir dire, en s'appuyant sur un texte, "Il est écrit" ou de dire : "Parole du Seigneur". Mais c'est tout autre chose de pouvoir affirmer : "En vérité, je vous le déclare..." Comment oses-tu dire : "En vérité, moi, je vous le déclare", si tu n'es pas celui-là qui autrefois a donné la Loi ? Personne n'ose changer la Loi, sinon le roi en personne... "Les gens étaient frappés par son enseignement." Qu'est-ce donc qu'il enseignait de si nouveau ? Que disait-il de si neuf ? Il ne faisait que redire ce qu'il avait dit par les prophètes. Mais les gens étaient frappés, car il n'enseignait pas selon la méthode des scribes. Il enseignait comme ayant lui-même autorité ; non en rabbi mais en Seigneur. Il ne parlait pas en se référant à un plus grand que lui. »

    Saint Jérôme (v.347-420), Commentaire sur l'Evangile de Marc, PL 2, 137-138 (Trad. rev. Tournay).

  • 8 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Parabole du bon Samaritain

    « D'après un ancien qui voulait interpréter la parabole du bon Samaritain, l'homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho représente Adam, Jérusalem le paradis, Jéricho le monde, les brigands les forces hostiles, le prêtre la Loi, le lévite les Prophètes, le Samaritain le Christ.
    Par ailleurs, les blessures symbolisent la désobéissance, la monture le corps du Seigneur, et le "pandochium", c'est-à-dire l'auberge accueillant tous ceux qui veulent y entrer, est l'image de l'Eglise. En outre, les deux deniers représentent le Père et le Fils, l'aubergiste le chef de l'Eglise qui a charge de l'administrer. Et la promesse de revenir, faite par le Samaritain, figure, selon cet interprète, le second avènement du Seigneur. [...]
    Ce Samaritain "porte nos péchés" (Mt 8,17) et souffre pour nous. Il porte le moribond et le conduit dans une auberge, c'est-à-dire dans l'Eglise. Celle-ci est ouverte à tous, ele ne refuse son secours à personne et tous y sont invités par Jésus : Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos (Mt 11,28).
    Après y avoir conduit le blessé, le Samaritain ne part pas aussitôt, mais demeure toute la journée dans l'hôtellerie auprès du moribond. Il soigne ses blessures non seulement le jour, mais encore la nuit, l'entourant de toute sa sollicitude empressée. [...]
    Vraiment ce gardien des âmes s'est montré plus proche des hommes que la Loi et les Prophètes "en faisant preuve de bonté" (Lc 10,37) envers celui qui était tombé dans les mains des bandits et il s'est montré son "prochain" (Lc 10,36) moins en paroles qu'en actes.
    Il nous est donc possible, en suivant cette parole : "Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même du Christ" (1 Co 11,1), d'imiter le Christ et d'avoir pitié de ceux qui sont tombés dans les mains des bandits, de nous approcher d'eux, de verser de l'huile et du vin sur leurs plaies et de les bander, de les charger sur notre propre monture et de porter leurs fardeaux. Aussi, pour nous y exhorter, le Fils de Dieu a-t-il dit en s'adressant à nous tous, plus encore qu'au docteur de la Loi : "Va, et toi aussi, fais de même" (Lc 10,37). Et si nous le faisons, nous obtiendrons la vie éternelle dans le Christ Jésus, "à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen" (1 P 4,11). »

    Origène († 254), Homélies sur l'Evangile de Luc, 34, 3.7-9 ; GCS 9, 201-202.204-205 (Trad. Delhougne, Les Pères de l'Eglise commentent l'Evangile, Brepols, 1991).


    « "C'est là mon bien-aimé, c'est là mon ami, filles de Jérusalem" (Ct 5,16). L'Épouse du Cantique montre celui qu'elle cherchait en disant : "Voici celui que je cherche, celui qui pour devenir notre frère est monté du pays de Juda. Il est devenu l'ami de celui qui était tombé aux mains des brigands : il a guéri ses plaies avec de l'huile, du vin et des pansements ; il l'a fait monter sur sa propre monture ; il l'a fait reposer dans l'hôtellerie ; il a donné deux pièces d'argent pour son entretien ; il a promis de donner à son retour ce qui aurait été dépensé en plus pour accomplir ses ordres". Chacun de ces détails a une signification bien évidente.
    Le docteur de la Loi tentait le Seigneur et voulait se montrer au-dessus des autres ; dans son orgueil il faisait fi de toute égalité avec les autres, disant : "Qui est mon prochain ?" Le Verbe alors lui expose, sous forme d'un récit, toute l'histoire sainte de la miséricorde : il raconte la descente de l'homme, l'embuscade des brigands, l'enlèvement du vêtement incorruptible, les blessures du péché, l'envahissement par la mort de la moitié de notre nature (puisque notre âme est restée immortelle), le passage inutile de la Loi (puisque ni le prêtre ni le lévite n'ont soigné les plaies de celui qui était tombé aux mains des brigands).
    "Il était en effet impossible que le sang des taureaux et des boucs efface le péché" (He 10,4) ; seul pouvait le faire celui qui a revêtu toute la nature humaine - des Juifs, des Samaritains, des Grecs - en un mot, de toute l'humanité. Avec son corps, qui est la monture, il s'est rendu dans le lieu de la misère de l'homme. Il a guéri ses plaies, l'a fait reposer sur sa propre monture, et il a fait pour lui de sa miséricorde une hôtellerie, où tous ceux qui peinent et ploient sous le fardeau trouvent le repos (Mt 11,28). »

    Saint Grégoire de Nysse (v.335-395), Homélie 15 sur le Cantique des Cantiques ; PG 44, 1085-1087 (Trad. Canevet, Cerf, 1992).

  • 6 août : Méditation

    « "Il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil..." Voici comment comprendre le miracle inhabituel de la Transfiguration : non qu'il y ait eu un changement ou variation de visage mais, tout en demeurant ce qu'il était auparavant, il s'y ajouta un accroissement de lumière qu'il n'est pas possible d'expliquer en paroles. Et bien que l'évangéliste compare le rayonnement de ce visage avec le soleil, cette lumière dépassait de loin l'ardeur du soleil. Toutefois, comme parmi les choses sensibles il n'est pas de meilleure comparaison à trouver que celle-ci, l'évangéliste a comparé ce miracle avec la chose la plus excellente qui soit. Et que Jésus ait resplendi plus vivement que la lumière du soleil, la prostration des disciples à terre en témoigne (cf. Mt 17,6), car personne, frappé par la splendeur du soleil, ne tombe à terre. C'est dans un sens bien plus mystique qu'il nous faut comprendre que le visage du Christ resplendissait plus que le soleil, car il s'agit de sa divinité.

    "Et ses vêtements devinrent éblouissants comme la lumière". Il s'agit du corps que notre Sauveur a assumé. Bien que le soleil et la lumière soient choses différentes, les deux restent cependant unis. Ainsi la chair est-elle unie à la divinité par-delà les lois de la nature ; elle lui demeure inséparablement unie, en l'état d'une Personne unique et composée. C'est pourquoi, en évoquant la divinité qui est simple et sans composition, notre évangéliste parle du "visage" au singulier, mais lorsqu'il évoque la chair de l'humanité, à cause de la variété de ses éléments, il parle des "vêtements" au pluriel. Et comme la divinité du Verbe n'a ni commencement dans le temps ni devenir, mais que la chair divine a été soumise au temps et au devenir, ainsi l'évangéliste ne dit-il pas du visage "qu'il devint resplendissant", mais bien "qu'il resplendit", tandis que des vêtements il dit "qu'ils devinrent éblouissants" comme la lumière. Il signifiait ainsi la nature incréée de la divinité et la procréation de l'humanité que le Fils assuma. Car sa sainte chair est devenue "comme la lumière", c'est-à-dire pure et séparée de toute souillure. »

    Théophane Céramée, Homélie 59 en l'honneur de la salutaire Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ (Homélie grecque médiévale), in Joie de la Transfiguration d'après les Pères d'Orient, Spiritualité Orientale n°39, Abbaye de Bellefontaine, nlle édition revue et corrigée, 1985.

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