« Pour la première fois, au doux festin de l'ange,
Un bon petit enfant était venu s'asseoir ;
Mais, hélas ! son bonheur ne fut pas sans mélange,
On le vit triste tout le soir.
Il était allé seul, sans son père et sa mère,
A la Table de Dieu, comme un pauvre orphelin :
C'était pour lui douleur amère !
Il les avait priés, suppliés, mais en vain.
Ils ne vont même pas le Dimanche à la Messe.
Mais à ce cœur bien pur Jésus avait parlé ;
Et l'enfant avait fait une intime promesse
Qui l'avait un peu consolé :
Deux fois dans la semaine, à l'auguste Mystère
Il viendra : c'est son vœu ;
Une fois pour son père, une fois pour sa mère,
Et priera le bon Dieu !
La mère a remarqué l'heure de ses sorties ;
Elle observe le cher enfant,
Le suit jusqu'à l'église et l'aperçoit priant
Avec des ardeurs infinies.
Troublée, elle l'attend au portail du Lieu Saint ;
Et voyant quelques pleurs perler sur son visage :
- Qu'as-tu donc, ô mon fils ? Du chagrin à ton âge ?
Dépose ton secret dans un cœur qui te plaint.
Il se jette en ses bras : - Mère, plus de souffrance !
Aux pieds du bon Jésus j'ai pleuré d'espérance ;
Je vais dire pour qui j'étais à genoux :
Hier, c'était pour mon père ; aujourd'hui, c'est pour vous.
Dans cette classe populaire
Les bons cœurs, croyez-le, ne sont pas peu nombreux.
Le dimanche suivant on vit au sanctuaire
Un adolescent bien heureux :
Il avait près de lui, recueillis et pieux,
Et son père et sa mère. »
V.N.P., in "La Divine Hostie",
Bulletin mensuel de l'Archiconfrérie de la Messe Réparatrice,
Mars 1888 à Décembre 1891, Publié à Bonlieu (Drôme), novembre 1890.
(Gravure d'après le tableau de Reynolds)