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jalousie

  • Méditation - Reparlons de la gratitude...

    (Cf. méditations des 11 et 17 août derniers)

    « Si la gratitude devient la disposition la plus fondamentale de notre cœur, nous guérirons de bien des amertumes et des déceptions, et nous serons en fin de compte heureux.

    « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur. Il s'est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me diront bienheureuse ! »
    (Lc 1, 46-47)

    Demandons à Marie, la Vierge du Magnificat, qui n'a cessé de rendre grâces, qui s'est ainsi constamment ouverte davantage au don de Dieu et a expérimenté toujours plus la générosité et la bienveillance divines, de nous aider à entrer dans cette attitude. Marthe Robin disait : « Une âme qui n'est pas dans l'action de grâce est une âme malade ! » Cette parole n'est pas pour nous condamner : il est normal d'être parfois malade, même dans la vie spirituelle. Mais il faut chercher la guérison : que Marie nous fasse découvrir l'action de grâce comme un chemin de santé spirituelle !

    Je suis persuadé que si une personne s'efforçait de vivre en permanence dans l'action de grâce, elle deviendrait très vite une sainte, car c'est l'attitude spirituelle la plus puissante qui soit pour purifier le cœur et l'ouvrir à l'action divine. Quand on est dans cette disposition intérieure, il n'y a plus de place pour les retours sur soi, les regrets, les jalousies, les amertumes, les désirs de vengeance. Le mal n'a plus de prise sur un coeur qui est dans l'action de grâce.
    [...]
    Cette attitude de gratitude s'exprime de la manière la plus haute, et trouve en même temps sa nourriture et son encouragement le plus fort, dans la célébration de l'Eucharistie, l'action de grâce par excellence, où l’Église s'unit à l'action de grâce du Christ qui bénit son Père pour l'abondance de son amour et de ses bienfaits. Le pape Jean-Paul II disait dans son encyclique sur l'Eucharistie : « L'Eucharistie nous est donnée pour que notre vie, comme celle de Marie, soit tout entière un magnificat. » (Ecclesia de Eucaristia, n°50) Puisse-t-il en être ainsi. »

    P. Jacques Philippe, Appelés à la vie (ch. IV, Revendication ou gratitude), Éditions des Béatitudes, 2007.

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  • Méditation : Guerres fraternelles...

    « Mes Frères, le monde est tous les jours le théâtre de quelque grand crime ; l'orgueil, l'ambition, l'égoïsme, la cupidité, les haines, les vengeances, les jalousies, voilà autant de démons qui se disputent comme une proie le triste héritage du malheureux Adam. Non contents des fléaux, des épidémies, des guerres meurtrières qui déciment la pauvre humanité, nous nous étudions encore à nous torturer les uns les autres, à nous détruire sourdement, quand ce n'est pas le front haut et la visière levée... Et ce n'est pas au moins entre inconnus, entre étrangers, c'est de porte à porte, entre parents, quelquefois dans la même famille que, pour une légère insulte, un malentendu, pour une bagatelle, on nourrira les uns contre les autres des sentiments de haine et de vengeance, surtout si la question d'intérêt se met de la partie ; oh ! alors la haine devient rancune, elle durera des années entières, toute la vie peut-être, et trop souvent quelque sanglante scène en sera le dénouement.

    Voilà le monde, mes Frères ; et ne dites pas que j'exagère, que je vois tout en noir ; j'en appelle à votre expérience qui ne me démentira pas, car je n'ai fait que soulever un coin du voile, et suis resté bien au-dessous de la réalité... - Oui, voilà le monde tel que l'ont fait Satan et les passions humaines ; mais si la paix, l'union des cœurs, si la charité chrétienne y pouvait régner un jour sans mélange ; si cet ardent souhait de l'Homme-Dieu, si ce soupir continuel des trente-trois ans de sa vie mortelle pouvait s'y réaliser ! oh ! cette triste et misérable terre d'exil deviendrait la patrie et les pures délices de l'Eden y renaîtraient encore !

    C'est en effet une si douce chose que l'union et la paix entre enfants d'une même famille ! Partagées avec nos frères, que nos joies seraient vives, nos peines légères ; que nos larmes couleraient douces, consolantes, mêlées aux larmes d'un frère, d'un ami ! ...

    Quel bonheur, si cette paix céleste, que Jésus nous a laissée en mourant, devenait notre trésor, notre besoin, l'ardente aspiration de toute notre vie ! Ah les plus grands sacrifices ne nous coûteraient rien pour l'obtenir, et la pauvreté, l'humiliation, la souffrance, les plus grands maux nous sembleraient bien doux, plongés que nous serions dans cette pure et sainte volupté !

    - Nous vous la demandons, ô Dieu d'amour, cette paix céleste, cette douce et tendre charité, caractère béni auquel vous voulez qu'on reconnaisse vos enfants !

    Oh ! puisque cette union, cette paix ineffable est un besoin de notre nature et une condition de notre bonheur dès cette vie, faites que désormais, rien ne vienne plus nous séparer de vous ni de nos frères, afin que la paix du cœur qui récompense ici-bas l'accomplissement de nos devoirs, en soit pour nous dans le Ciel l'immortelle couronne ! Ainsi soit-il ! »

    Abbé Victorien Bertrand, Petits sermons où l'on ne dort pas, T. II (Vingt-quatrième Sermon, Sur les moyens de conserver la paix), Paris, C. Dillet, 1867.

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  • Méditation : les saints Innocents

    Les plus anciens témoins de la fête des saints Innocents en Occident sont les sermons de St Pierre Chrysologue (+ avant 451) et St Césaire d’Arles (+ 543) :

    « Où mène la jalousie ?… Le crime commis aujourd’hui nous le montre : la peur d’un rival pour son royaume terrestre remplit Hérode d’angoisse ; il complote de supprimer « le Roi qui vient de naître » (Mt 2, 2), le Roi éternel ; il combat son Créateur et met à mort des innocents… Ces enfants, quelle faute avaient-ils commise ? Leurs langues étaient muettes, leurs yeux n’avaient rien vu, leurs oreilles rien entendu, leurs mains n’avaient rien fait. Ils ont reçu la mort, eux qui ne connaissaient pas la vie…

    Pourquoi le Christ qui lit l’avenir et connaît les secrets des cœurs, qui juge les pensées et scrute les intentions (Ps 138), pourquoi a-t-il abandonné ceux qu’il savait devoir être poursuivis à cause de lui et mis à mort en son nom ? Le roi du ciel qui venait de naître, pourquoi a-t-il négligé ces compagnons de son innocence, méprisé cette armée de son âge, oublié les sentinelles en poste autour de son berceau, si bien que lorsque l’ennemi a voulu atteindre le seul roi, il a ravagé toute la cohorte ?

    Mes frères, le Christ n’a pas abandonné ses soldats, mais il les a comblés d’honneur en leur donnant de triompher avant de vivre, et de remporter la victoire sans avoir à combattre… Il a voulu qu’ils possèdent le ciel de préférence à la terre…, il les a envoyés devant lui comme des hérauts. Il ne les a pas abandonnés : il a sauvé son avant-garde, il ne l’a pas oubliée…

    Bienheureux ceux qui sont nés pour le martyre et non pour le monde ! Bienheureux ceux qui ont échangé les travaux pour le repos, les douleurs pour le soulagement, les souffrances pour la joie ! Ils vivent, oui, ils vivent de la vraie vie, ceux qui ont subi la mort pour le Christ. Heureuses les mères qui ont porté de tels enfants et les ont nourris de leur lait, heureuses les larmes qu’elles ont répandues pour eux et qui leur ont valu la grâce du baptême. Car les mères comme les enfants ont été baptisées par un don unique, elles dans leurs larmes, eux dans leur sang. Les mères ont souffert le martyre de leurs enfants : l’épée qui transperçait les corps des petits atteignait le cœur des mères ; et si elles furent associées à leur passion, il est juste qu’elles partagent aussi leur récompense.

    Que celui qui écoute le comprenne bien : le martyre ne dépend pas du mérite, il est donné par la grâce. Dans ces petits enfants, où donc était la volonté, où donc la décision, alors qu’en eux la nature humaine était, pour ainsi dire, prisonnière ? Le martyre est un don de Dieu, il ne doit rien à nos efforts. Livrer son corps, mépriser sa chair, supporter les tortures, s’emparer de la gloire par les souffrances, de la vie par la mort, cela n’appartient pas à la force humaine, c’est une grâce de Dieu.

    Que celui qui a daigné reposer dans notre étable veuille nous conduire nous aussi aux pâturages du ciel. »

    Saint Pierre Chrysologue, Sermon 152 (PL 52, 604), Trad. En Calcat et Bouchet, & Lectionnaire monastique pour le 28 décembre, Solesmes-Cerf, 1993.

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    Le Massacre des Innocents, Giotto  (1304-1306)
    (Fresque, Chapelle des Scrovegni, Padoue, Italie)