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malheur

  • Méditation 2ème semaine de Carême : égoïsme et amour de Jésus-Christ (6)

    « Que pouvait-il sortir du triomphe de l'amour et de la défaite de l'Egoïsme, si ce n'est le dévouement ? Quand l'homme a cessé de se donner à lui-même, quel autre besoin peut-il éprouver, si ce n'est le besoin de se donner aux autres, c'est-à-dire de se dévouer ? Dieu a creusé au fond du cœur humain comme un immense réservoir d'amour d'où les dévouements peuvent jaillir toujours. Mais l'Egoïsme, posé au cœur humain par le péché, était comme la pierre qui y scellait la source des dévouements, et retenait dans son fonds cette eau vive et féconde qui a besoin de se répandre. Jésus-Christ a ôté cette pierre ; et de tous les cœurs d'où l'Egoïsme s'est retiré, les dévouements vont déborder pour se répandre sur toutes les misères ; ils vont former dans l'humanité chrétienne ce fleuve vaste et profond de la charité qui, coulant à travers les siècles, ira grandissant tous les jours par les milliers d'affluents grossir son cours...

    Ah ! dans ces dévouements que l'amour de Jésus-Christ fera sortir du cœur humain, quelle multiplicité ! et dans cette prodigieuse multiplicité, quelle unité plus prodigieuse encore ! multiplicité des dévouements sortant d'un même amour pour y retourner sans cesse, comme on voit tous les fleuves aller se verser dans l'abîme d'un même océan, d'où ils sont sortis par mille canaux mystérieux pour arroser la terre. Ces dévouements créés pour toutes les misères, qui les comptera ! qui pourra dire, avec leur nombre, leurs divines industries ? Il y en aura pour les vieillards, il y en aura pour les enfants, il y en aura pour les veuves, il y en aura pour les orphelins, il y en aura pour les sourds, il y en aura pour les muets, il y en aura pour les aveugles, il y en aura pour les paralytiques, les estropiés, les lépreux, les captifs ; il y en aura pour ceux qui manquent de pain, de travail, de santé. Aussi intelligent que libéral, le dévouement chrétien visitera, pour se donner à elles, toutes les misères humaines, il découvrira toutes les douleurs, sondera toutes les blessures, devinera tous les malheurs : et il trouvera pour chaque douleur un soulagement, pour chaque blessure un remède, et pour tout malheur une consolation ; il attestera enfin par les miracles du sacrifice la défaite de l'Egoïsme au fond du cœur humain : et il prouvera par la plus invincible démonstration que comme Jésus-Christ pose dans sa doctrine le fondement de tous les progrès, il leur donne par son amour leur couronnement sublime. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Septième conférence : le progrès moral par la destruction de l'égoïsme), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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    Rembrandt (1606–1669) : Le Christ prêchant
    (Bibliothèque Nationale de France, Paris, Inv. W.B. 74.2, Bartsch 74)

  • Méditation - Poésie : Chant de la Divine Merci

    « Dieu grand, Dieu saint, Dieu sans faute,
    Puisque Vous ne voulez pas
    Qu'en marchant sur terre j'ôte
    Leur malheur à ceux d'en bas ;

    Puisqu'il vous est nécessaire
    Pour votre travail de Dieu
    Comme à l'homme la misère
    Du bois souffrant pour son feu ;

    La nuit de la créature,
    Puisqu'il faut sans doute afin
    De vous aider qu'elle dure,
    Je lui donnerai la main.

    La détresse de la terre,
    Tant qu'il la faudra, mon Dieu,
    Mêler à votre mystère,
    Je lui baiserai les yeux.

    Ah ! faites, immense Père,
    Faites vite, Père obscur,
    Ce que Vous avez à faire,
    Si vaste, si long, si dur !

    Moi, je porte cette foule.
    Je soutiendrai dans mes mains
    Humaines d'où le sang coule,
    Le poids de ces fronts humains.

    Les affamés de ce monde,
    Les faibles et leur langueur,
    Viendront manger à la ronde
    Le pain que j'ai dans le cœur,

    Et pendant que je les mène
    Se refaire en mon amour,
    Ils apercevront leur peine
    Qui devient ciel alentour.

    Et pendant qu'en moi je serre
    Ces errants que j'ai trouvés,
    Ils verront dans leur misère
    Un royaume se lever.

    Et pendant que je les aime
    A mourir pour eux de mort,
    Ils se diront que Vous-même
    Les aimez malgré leur sort.

    Que s'ils souffrent, si je souffre
    Avec eux si tendrement,
    C'est que Vous dans votre gouffre
    Ne pouvez faire autrement.

    Et les pauvres pleins de peine,
    Fermant les yeux dans mon cœur,
    Attendront là l'incertaine
    Bonté de votre labeur.

    Les pauvres gens sans science,
    Se confiant au ciel noir,
    Mêleront leur patience
    A votre œuvre sans la voir.

    Et tant qu'ô main paternelle,
    Dans l'ombre vous n'aurez pas
    Fini la chose éternelle,
    Je les tiendrai dans mes bras,

    Dans mes bras grands ouverts d'homme
    Crucifié, mais pendant
    Que leur douleur et moi sommes
    Sous la charge haletants,

    Tenez vos portes ouvertes,
    Pour que je ramène ici
    Ces pauvres âmes désertes
    Et ces pauvres corps transis,

    Préparez la grand'lumière,
    Préparez le feu, la paix,
    Pour que sitôt la dernière
    Sueur versée, à jamais,

    Tous ensemble, eux, moi, vous, comme
    Des frères au même lieu,
    Ils se reposent d'être homme,
    Et nous, Père, d'être Dieu. »

    Marie Noël (1883-1967), extrait du "Chant de la Divine Merci" in Les Chants de la Merci, Éditions Crès et Cie, Paris, 1930.

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  • Méditation : rendre grâces en toutes circonstances

    « Il faut, en toute circonstance et quoi qu'il arrive, rendre grâces à Dieu. Voilà la véritable reconnaissance. Lui rendre grâces dans la prospérité n'a rien de bien méritoire, car c'est chose toute naturelle. Mais lui rendre grâces quand nous sommes dans la détresse, voilà ce qu'il y a d'admirable. Lui rendre grâces de ce qui pousse les autres au blasphème, de ce qui les jette dans l'impatience, voilà la philosophie ! Agir ainsi c'est réjouir le Cœur de Dieu, c'est humilier le démon, c'est déclarer que le malheur n'est rien. C'est à la fois rendre grâces à Dieu, emprunter la main de Dieu pour extirper le mal et terrasser le démon. Si vous vous montrez impatient, le démon, parvenu au comble de ses vœux, est là ; Dieu, blessé de vos blasphèmes et de vos outrages vous abandonne, en étendant, en augmentant votre plaie. Mais si vous rendez grâces à Dieu, le démon, voyant qu'il n'a rien à faire là, se retire, et Dieu, que vous honorez, vous honore davantage. L'homme qui rend grâces à Dieu de ses maux ne peut plus les ressentir. L'âme est heureuse de sa vertu ; la conscience est heureuse parce qu'elle chante ses propres louanges et sa victoire ; or la conscience, étant heureuse, ne peut être affligée. L'homme qui murmure sent peser sur lui le double fardeau de son malheur qui l'accable et de sa conscience qui le flagelle ; l'homme qui rend grâces à Dieu est couronné par sa conscience qui proclame son triomphe. »

    St Jean Chrysostome (fêté ce jour), Homélie VIII (5) sur l’Épitre aux Colossiens, in "Œuvres complètes" Tome XI, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1864.

    Source : Abbaye St Benoît.

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  • Méditation : la paix en tout temps

    « Il n'est pas rare de trouver des hommes qui désirent être les témoins du Seigneur dans la paix, c'est à dire pourvu que tout aille selon leurs désirs.
    Volontiers ils veulent devenir des saints, mais sans fatigue, sans ennui, sans difficulté, sans qu'il leur en coûte rien. Ils ambitionnent de connaître Dieu, de le goûter, de le sentir, mais il ne faut pas qu'il y ait d'amertume.
    Alors, dès qu'il faut travailler, dès que l'amertume, les ténèbres, les tentations viennent les trouver, dès qu'ils ne sentent plus Dieu et qu'ils se sentent délaissés intérieurement, ainsi qu'au dehors, leurs belles résolutions s'évanouissent.
    Ce ne sont pas de vrais témoins, des témoins comme il en faut pour le Sauveur...
    Ah, puissions-nous nous affranchir de cette recherche-là et chercher la paix en tout temps, au sein même du malheur ! C'est là seulement que naît la vraie paix, celle qui demeure. »

    Jean Tauler (v.1300-1361), Sermon 21, 4ème pour l'Ascension, Le Cerf, 1991.

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