Birmanie/Myanmar : fuite obligée de plus de 7.000 chrétiens kachins
Yangon (Agence Fides) – Plus de 7.000 chrétiens appartenant à la minorité ethnique Kachine, se trouvant dans le nord du pays, ont été contraints à évacuer à cause de l’escalade de la violence entre l’armée et les rebelles indépendantistes kachins. C’est ce que confirme à l’Agence Fides S.Exc. Mgr Francis Daw Tang, Evêque de Myitkyina, Diocèse situé dans l’Etat Kachin.
L’Evêque explique : « Au début avril, l’armée a commencé à attaquer la région à la frontière avec la Chine. De nombreux villages ont été attaqués, provoquant une grande souffrance aux civils, qui ont commencé à fuir. Nombreux sont ceux qui sont pris au piège dans la jungle depuis au moins trois semaines, sans nourriture et sans liberté de se mouvoir, en ce que soupçonnés de collaborer avec les rebelles ». « Les évacués en question – poursuit-il – sont venus dans la Paroisse de Tanghpre. Pour le moment, 243 familles sont entassées sur le territoire paroissial pour un total de 1.200 personnes. Par ailleurs, 600 autres évacués sont arrivés à Palana, dans un complexe de l’église baptiste et d’autres groupes ont trouvé refuge dans d’autres églises » raconte-t-il, remarquant que la Caritas du Myanmar les assiste. Hier, 400 autres civils évacués sont arrivés dans la capitale de l’Etat Kachin, Myitkyina, où se trouvaient déjà plus de 4.000 évacués.
A propos de ce qui se passe actuellement dans le nord du pays, l’analyste politique Stella Naw remarque : « Il s’agit d’une guerre dans le cadre de laquelle les civils sont systématiquement victimes des militaires birmans, alors que la communauté internationale ignore cette situation d’urgence » et place cette crise à côté de celle concernant les musulmans Rohingyas.
« Il s’agit d’un conflit invisible – déclare à Fides Than Htoi, un chrétien qui travaille comme assistant social dans l’Etat Kachin. Suite aux bombardements, le complexe scolaire chrétien Kachin Baptist Mission School a été détruit le 11 mai – indique-t-il – en remarquant qu’il s’agit là « d’attaques militaires contre des objectifs civils ».
Yanghee Lee, Envoyé spécial de l’ONU chargé des droits fondamentaux, dans son rapport de mars dernier au Conseil chargé des droits fondamentaux, a demandé la cessation immédiate des combats, en affirmant : « Ce à quoi nous assistons actuellement est inacceptable : des civils innocents sont tués et blessés et des centaines de familles s’enfuient pour sauver leur vie ». (SD-PA) (Agence Fides 17/05/2018)
Népal : Cinq attaques contre des églises chrétiennes
Katmandu (Agence Fides) – Cinq églises, dont une église catholique, ont fait l’objet d’attaques au Népal en l’espace d’une semaine. Ainsi que l’a appris l’Agence Fides, l’église Saint Joseph de Kohalpur, dans le district de Banke, a été incendiée par des personnes non identifiées en date du 18 mai. La population locale a indiqué que les auteurs de l’attaque ont intimé à l’agent de demeurer à son domicile. Ensuite de quoi, dix hommes non identifiés ont fait irruption dans l’église, versé de l’essence et livré aux flammes l’édifice. L’église Saint Joseph constitue une nouvelle Paroisse comptant quelques 20 fidèles. Personne n’a été blessé dans le cadre de cette attaque incendiaire mais l’intérieur de l’église a été entièrement détruit.
La Fédération nationale des chrétiens au Népal (FNCN), organisme œcuménique, demande une intervention urgente du gouvernement népalais et des enquêtes sur les auteurs de l’acte criminel. Condamnant « l’attaque directe à l’encontre des minorités religieuses au Népal qui trouble l’harmonie réciproque », la déclaration parvenue à Fides souligne que le gouvernement « doit défendre les libertés fondamentales reconnues par la Constitution et garantir que tous les droits soient protégés », de manière à ce que tous les citoyens puissent se sentir en sécurité lorsqu’ils pratiquent leur religion.
Kadhka Prakash, activiste catholique pour les droits fondamentaux de Katmandu, a déclaré à Fides : « Cette profanation constitue une attaque directe contre l’Eglise catholique. Le sanctuaire, l’autel et l’Eucharistie sont fondamentaux pour notre culte. Il s’agit d’un message proclament que le Christianisme n’est pas le bienvenu en ce lieu. Les Chrétiens au Népal désirent construire la paix et travailler pour la justice ».
Au cours de ces jours derniers, entre le 9 et le 13 mai, des temples protestants ont été incendiés, presque tous dans le cadre d’attaques nocturnes. Il s’agit de l’église de Mahima sise à Dhangadhi, de l’église de l’Emmanuel de Panchthar – dans l’est du pays – de l’église de l’Emmanuel de Doti, de l’église de l’Emmanuel de Kanchanpur – dans l’ouest du pays – et de l’église Hebron – de nouveau dans l’est du pays. Bien que personne n’ait été tué dans le cadre de ces attaques, les chrétiens du cru sont préoccupés suite à l’augmentation des actes d’hostilité envers les groupes chrétiens au Népal.
Le pasteur Tanka Subedi, fondateur et président de l’organisation Dharmik Chautari Nepal et du Forum du Népal pour la Liberté religieuse, a déclaré à Fides : « Le gouvernement népalais est un gouvernement démocratique et il a pour mission de protéger tous les groupes religieux de la même manière ».
La National Christian Fellowship du Népal (NCFN) et la Nepal Christian Society (NCS) ont, elles aussi, condamné les attaques, indiquant que les chrétiens népalais sont faussement accusés de prosélytisme à l’encontre de la population à majorité hindoue. (SD) (Agence Fides 19/05/2018)