Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

intérieur

  • Méditation - Poésie - Dieu si loin, et pourtant si près

    « Ne pas connaître Dieu me causait tant d’alarmes,
    Qu’à sa recherche un jour je partis tout en larmes.
    D’abord je rencontrai la terre, auguste lieu,
    Et lui dis : Est-ce ici le royaume de Dieu ?

           Le royaume de Dieu ? murmura-t-elle.
                Oh non ! Trop pauvre est ce séjour,
                Je ne suis que la vaste cour
           Du palais d’or où gît son escabelle.

    Au bord de l’Océan je m’enfuis au plus vite.
    En vain mon œil s’égare au loin : pas de limite.
    L’infini m’apparaît, joyeux pressentiment.
    Plus de doute, c’est Dieu : voilà son vêtement.

           Le vêtement de Dieu ? mugit la grève.
                Y penses-tu ? petit distrait,
                Vois donc ! je n’en suis que l’ourlet.
           Parler ainsi, c’est mêler veille et rêve.

    Alors, je pris mon vol vers la céleste voûte.
    Des mondes y couraient leur gigantesque route,
    Des soleils y traînaient leur parure de feu.
    Cette fois j’étais bien en présence de Dieu.

           Et le ciel me cria : Quelle impudence !
                C’est vrai, je connais le Seigneur ;
                Mais tout ce que je puis, quêteur,
           C’est te montrer un coin de sa puissance.

    Grande fut ma surprise, et plus grande ma peine.
    Pourquoi tenter encore une recherche vaine,
    Pour trouver Dieu ? Pourquoi porter plus loin mes pas ?
    Puisque ciel, terre et mer ne le contenaient pas.

           Déjà fuyait pour moi toute espérance,
                L’ennui plissait mon front rêveur,
                Quand regardant soudain mon cœur,
           J’y vis ce Dieu, cause de ma souffrance.

    Ô Dieu ! vous habitez sous mon toit solitaire,
    Et moi j’interrogeais le ciel, les flots, la terre.
    Vous étiez là, Seigneur, vous me prêchiez tout bas
    Votre présence. Et moi je ne comprenais pas.

           Aussi, grand Dieu, quel douloureux reproche,
                D’avoir erré si loin de vous !
                Mais quel bonheur intense et doux,
           De vous savoir mon voisin le plus proche ! »

    R.P. Albert Maria Weiss o.p. (1844-1925), Sagesse pratique : pensées, récits, conseils (ch.I, 5)
    Ouvrage traduit de l’allemand sur la 6e édition par l’abbé L. Collin, 1898.
    (Gallica - BNF)

    NB : Ce poème renvoie bien sûr à la célèbre page des Confessions de St Augustin, en laquelle il relate son expérience de Dieu au jardin de Milan, un Dieu présent au cœur de l’homme : « Bien tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi... » (Conf. X, XXVII, 38).

    bougie_coeur_1a.jpg

  • Méditation - Recueillement intérieur

    « Comment pratiquer le recueillement intérieur ?
    1° Il faut d'abord en demander la grâce à Dieu ;
    2° Ensuite, avant d'agir, se recueillir intérieurement en Jésus pour consulter sa sainte volonté, son esprit, son bon plaisir ; lui demander la grâce de l'action ; le prier d'agir avec nous ;
    3° Agir dans le calme et la paix. - Quand on est troublé, agité, commencer avant tout par se pacifier, se recueillir dans le silence ;
    4° S'exercer habituellement à la présence de Dieu en nous ;
    5° Dans les peines intérieures ou extérieures, commencer par consentir intérieurement à la volonté de Dieu sur nous ;
    6° Dans les tentations, les combattre par un acte intérieur, un regard sur Jésus pour lui dire : « Vous savez que je vous aime et vous aimerai jusqu'à la mort ! » C'est le regard de l'amour indigné contre Satan, et une protestation d'amour au Bien-Aimé ;
    7° Dans les désolations et abandons intérieurs, pas d'agitation, pas d'inquiétude ni trop de moyens extérieurs de soulagement ; - mais un acte d'abandon avec Jésus abandonné sur la croix. - C'est là l'acte le plus parfait de l'amour ; c'est le dernier acte que Jésus ait fait pour notre amour, afin de nous tenir toujours compagnie. »

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Écrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Troisième Série, Retraites aux pieds de Jésus-Eucharistie (Première Retraite de Sept jours, Quatrième jour), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1912 (dixième édition).

    the-golden-lagoon_1a.jpg

    The golden lagoon, par (c) Maurizio Fecchio - Copyright © Maurizio51
    Photo reproduite avec la sympathique autorisation de son auteur
    Les magnifiques albums de Maurizio Fecchio sont en ligne sur Flickr et sur sa page Facebook.

  • Méditation : Le silence intérieur

    « « Votre force sera dans le silence » (cf Is 30,15). Conserver sa force au Seigneur, c'est faire l'unité en tout son être par le silence intérieur, c'est ramasser toutes ses puissances pour les occuper au seul exercice de l'amour ; c'est avoir cet œil simple qui permet à la lumière de nous irradier (Mt 6,22). Une âme qui discute avec son moi, qui s'occupe de ses sensibilités, qui poursuit une pensée inutile, un désir quelconque, cette âme disperse ses forces, elle n'est pas tout ordonnée à Dieu. Il y a encore trop d'humain, c'est une dissonance.

    L'âme qui se garde encore quelque chose en son propre royaume intérieur, dont toutes les puissances ne sont pas « encloses » en Dieu, ne peut pas être une parfaite « louange de gloire » (Ep 1,14) ; elle n'est pas en état de chanter sans interruption le « canticum magnum », le grand cantique dont parle saint Paul, parce que l'unité ne règne pas en elle ; et, au lieu de poursuivre sa louange à travers toutes choses dans la simplicité, il faut qu'elle réunisse sans cesse les cordes de son instrument un peu perdues de tous côtés.

    Combien elle est indispensable, cette belle unité intérieure, à l'âme qui veut vivre ici-bas de la vie des bienheureux, c'est-à-dire des êtres simples, des esprits. Il me semble que le Maître regardait à cela lorsqu'il parlait à Marie de « l'unique nécessaire ». Comme la grande sainte l'avait compris ! L'œil de son âme, éclairé par la lumière de foi, avait reconnu son Dieu sous le voile de l'humanité, et, dans le silence, dans l'unité de ses puissances, « elle écoutait la parole qu'il lui disait ». Oui, elle ne savait plus rien sinon lui. »

    Bse Élisabeth de la Trinité (1880-1906), Dernière retraite, in "Œuvres Complètes", Le Cerf, 1991.

    Bse Elisabeth de la Trinité,silence,intérieur,âme,lumière,désir,forces,puissances,royaume,louange,simplicité,unité

    Tableau de Henryk Semiradsky (1886)

  • Méditation : du recueillement intérieur

    « Et il ne faut pas penser que le recueillement intérieur rende les gens oisifs, et entretienne la négligence. Un homme véritablement intérieur est plus agissant, fait plus de bien et rend plus de service à l’Église dans un jour, que cent autres qui ne sont pas intérieurs ne sauraient lui en rendre en plusieurs années, quand ils auraient beaucoup plus de talents naturels que lui.
    Non seulement parce que la dissipation est un obstacle aux fruits du zèle, mais parce qu’un homme qui n’est point intérieur et qui cependant travaille beaucoup, c’est un homme qui tout au plus agit pour Dieu, au lieu que par le moyen du recueillement, c’est Dieu lui-même qui agit par cet homme.
    C’est-à-dire qu’une personne qui ne vit pas dans le recueillement intérieur peut avoir Dieu pour motif de ses actions, mais l’humeur, l’amour-propre et le naturel ont d’ordinaire le plus de part à ses bonnes œuvres ; au lieu qu’une personne recueillie, toujours attentive à soi et à Dieu, toujours sur ses gardes contre les saillies du naturel et les artifices de l’amour-propre, n’agit que pour Dieu seul et selon l’impression et la conduite de l’esprit de Dieu. »

    Jean Croiset (1656-1738), La Dévotion au Sacré-Cœur, Lyon, 1691, II, IV.

    notre-dame_vitrail_1a.jpg

     (Source et crédit photo)

  • Méditation : Dieu, mystère de l'infini

    « Le ciel tout entier tient dans la paume de Dieu, la terre tout entière dans le creux de sa main. Même si la parole de Dieu permet de se faire une idée de son mystère, elle gagne plus en signification quand l'esprit en saisit la profondeur que lorsque seule l'oreille la perçoit. Le ciel renfermé dans la main de Dieu est aussi son trône, et la terre, qui tient dans le creux de sa paume, l'escabeau de ses pieds (Is 66, 1-2). Il faudrait se garder de se représenter Dieu sur un trône ou sur un escabeau comme une personne assise, selon une image tout humaine. Car ce qui lui sert de trône et d'escabeau est son infinitude toute-puissante, qui renferme tout dans la paume et le creux de sa main. Les images empruntées aux choses créées veulent exprimer que Dieu existe en elles et hors d'elles, qu'il les transcende et les pénètre, c'est-à-dire qu'il déborde et habite toute chose : la paume et le creux de sa main expriment la puissance de sa nature qui se dévoile. Le trône et l'escabeau montrent qu'il a prise sur les choses extérieures parce qu'il est à l'intérieur d'elles : il se trouve donc au-dedans d'elles et en même temps il les enveloppe et les enferme au-dedans de lui-même. Il se tient à l'intérieur et à l'extérieur de tout. Son infinitude ne peut être absente de nulle part, et rien ne peut se dérober à celui qui est l'infini. »

    St Hilaire de Poitiers (v.315-367), Itinéraire à Dieu, P.L. 10, 25-35, Traité de la Trinité, 1, 6, Trad. A. Hamman, in "Les chemins vers Dieu", Lettres chrétiennes n°11, Le Centurion / Grasset, Paris, 1967.

    nasa-univers_2a.jpg

    Photographie du télescope spatial Hubble - Source et crédit photo : HubbleSite

  • Méditation : qu'est-ce que le péché ?

    « Mais, dira-t-on, qu'est-ce donc enfin que le péché ? est-ce un animal ? est-ce un ange ? est-ce un démon ? quel en est le moteur ? Ce n'est pas, ô homme, un ennemi qui s'attaque de l'extérieur, mais une production mauvaise qui grandit à partir de toi. Regarde avec des yeux francs (cf. Pr 4, 25) et il n'y a pas de concupiscence. Garde ce qui t'appartient et ne prends pas ce qui est aux autres, et voici l'avarice par terre. Pense au jugement, alors ni la fornication ni l'adultère ni le meurtre ni aucune sorte de désobéissance ne prévaudra chez toi. Mais quand tu oublies Dieu, alors tu te mets à penser au mal et à commettre l'iniquité.

    Tu n'es pourtant pas le seul instigateur de la mauvaise action ; il en est un autre dont la perversité te la souffle : c'est le diable. Cet être souffle (le mal), mais il ne triomphe pas de ceux qui refusent de l'écouter. D'où la parole de l'Ecclésiaste : "Si l'esprit de celui qui possède la puissance s'élève contre toi, ne quitte pas ta place" (Qo 10, 4), verrouille ta porte, tiens-le loin de toi, et il ne te nuira pas. Que si tu accueilles à la légère la suggestion d'un désir, grâce à tes considérations, elle enfoncera en toi des racines, elle enchaînera ton intelligence et t'attirera dans la fosse de misère. Mais peut-être dis-tu : "Je suis un 'fidèle', et le désir ne me domine pas, même si je m'arrête à y réfléchir." Ignores-tu qu'une racine, à force de s'y accrocher, brise même une pierre ? N'accueille pas la graine, car elle brisera ta foi. Avant qu'elle ne fleurisse, arrache le mal jusqu'aux racines, de peur que ta nonchalance première ne te vaille plus tard d'avoir à beaucoup penser haches et feu. Commence par guérir tes mauvais yeux en temps opportun, pour n'avoir pas à chercher le médecin une fois devenu aveugle.

    Dieu aime l'homme, et son amour de l'homme n'est pas petit. De fait, ne dis pas : du fornicateur, de l'adultère, du grand pécheur que j'ai été non pas une fois mais bien des fois, Dieu se rapprochera-t-il ? consentira-t-il à oublier ? Écoute ce que dit le Psalmiste : "Qu'elle est grande, Seigneur, l'abondance de ta bonté !" (Ps 30, 20) L'accumulation de tes fautes ne l'emporte pas sur l'abondance des compassions divines. Tes blessures ne l'emportent pas sur le savoir-faire du prince des médecins. Donne-toi seulement toi-même avec foi, dis ton mal au médecin. Toi aussi, dis avec David : "J'ai dit : contre moi-même je confesserai au Seigneur ma transgression" (Ps 37, 19), la suite de sa parole te sera aussi applicable : "et toi, tu as enlevé l'impiété de mon cœur." (Ps 31,5) »

    St Cyrille de Jérusalem (v.315-387), Deuxième catéchèse baptismale improvisée à Jérusalem (2,3,6), au sujet de la pénitence et de la rémission des péchés, à partir d'une lecture d'Ezéchiel : "La justice du juste sera sur lui et l'impiété de l'impie sera sur lui. Et si l'impie se convertit de toutes ses impiétés..." (Ez 18, 20). Traduction française du Chanoine Bouvet. (Source)

    Saint_Cyrille-de-Jerusalem-2a.jpg

    St Cyrille de Jérusalem, par Francesco Bartolozzi (XVIIIe siècle)

  • Méditation : la paix de Dieu

    « Chacun doit se connaître ou apprendre à se connaître pour savoir où et comment trouver le calme. Le mieux, si cela est possible, est de retourner pour un court laps de temps devant le tabernacle pour y décharger tous ses soucis. Pour celui à qui cela est impossible, il s'agit de s'enfermer en soi-même un instant, de se réfugier auprès du Seigneur. Ainsi le reste de la journée s'écoulera, peut-être dans une grande lassitude et dans la peine, mais au moins dans la paix. Et quand la nuit vient et que d'un coup d'oeil rétrospectif on s'aperçoit que tout n'a été que rapiéçage, et que de nombreux projets sont restés en plan, lorsque tant de choses éveillent honte et regret : il faut alors tout prendre tel quel, le déposer dans les mains de Dieu et s'en remettre à lui. C'est ainsi qu'on pourra se reposer en lui, et commencer la nouvelle journée comme une nouvelle vie. »

    Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein, fêtée ce jour), La puissance de la Croix, Textes réunis et présentés par Waltraud Herbstrith, Nouvelle Cité, 1982.

    soleil_couchant_11.jpg

  • 16 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "docteurs de la loi et pharisiens hypocrites..." (Lc 11, 37-41 ; Mt 23, 23-26)

    « "Malheur à vous, docteurs de la loi et pharisiens hypocrites, qui nettoyez le dehors de la coupe et du plat, pendant que le dedans demeure plein de rapine et d’impureté. Pharisien aveugle, nettoyez premièrement le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors en soit net aussi". Jésus-Christ voulant rappeler les pharisiens à la véritable piété qu’ils méprisaient, et les faire passer de ce soin de l’extérieur au soin du dedans de l’âme, leur parle de la "miséricorde", de la "justice" et de la "foi". Car ce sont là les choses qui renferment toute la vie et toute la sanctification de nos âmes. La "miséricorde" nous rend doux et compatissants envers nos frères. Elle nous porte à leur pardonner aisément leurs fautes, et à ne pas témoigner trop de dureté envers les pécheurs. Nous trouvons en elle ce double avantage, qu’elle attire la miséricorde de Dieu sur nous, et qu’en nous attendrissant le coeur, elle nous rend plus prompts à assister ceux que l’on outrage et à compatir à tout ce qu’ils souffrent. La "justice" et la "foi" nous empêchent d’être hypocrites et trompeurs, et nous rendent purs et sincères.

    Mais quand Jésus-Christ dit : "Il fallait faire ces choses et ne pas omettre les autres", il ne prétend pas nous engager à toutes les observances de l’ancienne loi ; comme lorsqu’il dit "qu’il faut purifier le dedans du vase afin que le dehors soit aussi pur", il ne veut pas nous ramener à toutes ces purifications légales. Il nous montre au contraire qu’elles sont vaines et inutiles. Car il ne dit pas : "Et purifiez ensuite le dehors", mais, "purifiez le dedans, et le dehors sera pur et net". Par cette "coupe" et par ce "plat", il marque l’homme. Le "dedans" de la coupe en marque l’âme, et le "dehors" en marque le corps. Si c’est donc un désordre de ne se mettre pas en peine qu’un plat soit net au dedans pour en tenir le dehors propre, combien serait-il plus dangereux de négliger la pureté du dedans de l’âme ? Mais vous, ô pharisiens, vous faites tout le contraire. Vous gardez avec soin les petites choses qui ne sont qu’extérieures, pendant que vous négligez les importantes qui regardent le coeur. C’est de cette source que vient ce mal si dangereux, et comme cette plaie mortelle qui vous fait croire que vous avez accompli toute la loi, et qu’il ne vous reste plus rien à faire, et qu’ainsi vous ne devez point penser à corriger et à purifier votre vie. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Commentaires sur l'Evangile selon Saint Matthieu, Homélie LXXIII (2), in Oeuvres complètes (Tome VIII) traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 30 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas." (Mc 9,48)

    « Partons en guerre comme Josué ; prenons d’assaut la cité la plus considérable de ce monde – la malice – et détruisons les murailles orgueilleuses du péché. Regarderais-tu alentour quel chemin il faut prendre, quel champ de bataille il faut choisir ? Tu vas sans doute trouver mes paroles étonnantes ; elles sont vraies pourtant : limite tes recherches à toi seul. En toi est le combat que tu vas livrer ; à l’intérieur de toi l’édifice de malice qu’il faut saper ; ton ennemi sort du fond de ton coeur.
    Ce n’est pas moi qui le dis, mais le Christ ; écoute-le : "C’est du coeur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les paroles injurieuses" (Mt 15,19). Réalises-tu la puissance de cette armée ennemie qui s’avance contre toi du fond de ton coeur ? Les voilà, nos ennemis à massacrer au premier combat, à terrasser en première ligne. Si nous sommes capables de renverser leurs murailles et de les exterminer jusqu’à ce qu’il n’en reste aucun pour le raconter, aucun pour reprendre haleine (Jos 11,14), s’il n’en est plus un seul pour reprendre vie et pour resurgir dans nos pensées, alors Jésus nous donnera le grand repos. »

    Origène (v.185-253), Homélies sur Josué, n°5, 2 (trad. SC 71).

  • 31 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Que ta joie soit d'écouter Dieu ; que la nécessité seule t'engage à parler ; et tu ne seras point le grand parleur que l'on ne saurait diriger. Pourqoi vouloir parler, sans vouloir écouter ? Toujours être dehors, sans jamais rentrer en toi-même ? Celui qui t'instruit est dans ton coeur ; mais, pour toi, instruire c'est sortir de toi-même pour parler à ceux qui sont au dehors. Or, c'est à l'intérieur que nous écoutons la vérité, et nous parlons à ceux qui sont au dehors de notre coeur. Dire en effet que nous avons dans le coeur ceux à qui nous pensons, c'est dire que nous en avons une certaine image intérieure. Car s'ils étaient au-dedans de nous, ils sauraient ce qui est dans notre coeur, et ils n'auraient aucun besoin de notre parole. Mais si tu aimes l'action du dehors, crains aussi l'orgueil du dehors, crains de ne pouvoir entrer par la porte étroite...
    N'aimons donc point ce qui est au dehors, mais ce qui est à l'intérieur. Mettons notre joie dans l'intérieur ; quant à l'extérieur, subissons-le, mais dégageons-en notre volonté... »

    Saint Augustin (354-430), Homélie sur le Psaume 139, 15.

    Source : A la découverte des Pères de l'Eglise.