« ... Ce que je ne peux dire, mon Dieu, ce qu'on saura dans l'éternité seulement, c'est la grandeur de votre amour, les grâces admirables dont Vous m'avez favorisée et que rien de ma part ne justifiait ; c'est aussi l'étendue de mes misères et tant de faiblesses dont votre Cœur a le secret. Soyez béni de tout : des fautes mêmes, puisqu'elles ont servi à m'humilier et me transformer, de vos dons, et de votre miséricorde inouïe. Soyez béni de toutes les tendresses que Vous avez mises sur ma route ; béni des épreuves, qui ont été peut-être encore vos meilleures grâces. Recevez le don renouvelé que je Vous fais de moi-même, de mon âme et de ma vie, voulant Vous aimer et Vous servir uniquement, joyeusement, partout, toujours, de tout mon être ; voulant faire entièrement votre volonté "dans la santé ou la maladie, la pauvreté ou la richesse, le bonheur ou la souffrance, la vie ou la mort", et Vous demandant seulement de m'employer comme le plus humble des instruments, pour le bien des âmes et votre gloire. Qu'à travers moi, la douleur, la joie surnaturelle, toute ma vie et la mort même affirment hautement la grandeur de l'amour divin, la sainteté de l’Église, la tendresse et la douceur du Cœur de Jésus, l'existence et la beauté de la vie surnaturelle, la réalité de nos espérances chrétiennes. Je crois, j'adore, je me place sous la protection spéciale de la Sainte Vierge, et j'ai la douce confiance que, offerte par elle, mon humble oblation servira, par la grâce divine, à l’Église, aux âmes et à celles qui me sont si pleinement chères ici-bas. »
Élisabeth Leseur (1866-1914), Journal et pensées de chaque jour (19 octobre 1911), J. de Gigord, Paris, 1920 (1ère éd. 1917)