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pardon - Page 9

  • 19 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "La charité aime tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout." (1Co 13,7) Par là l'apôtre Paul montre que, si cette vertu peut se maintenir avec une telle fermeté, c'est qu'elle a été trempée dans une patience à toute épreuve. Il dit encore : "Supportez-vous les uns les autres dans l'amour, faisant tout ce qui est en votre pouvoir pour garder l'unité de l'esprit dans le lien de la paix." (Ep 4,2)
    Il n'est pas possible de maintenir l'unité ni la paix, si les frères ne s'appliquent pas à garder la tolérance mutuelle et le lien de la concorde grâce à la patience. Que dire encore, sinon de ne pas jurer, ni maudire, de ne pas réclamer ce qu'on nous enlève, de présenter l'autre joue à qui nous frappe, de pardonner au frère qui a péché contre nous, non seulement soixante-dix fois sept fois, mais de lui remettre tous ses torts, d'aimer nos ennemis, de prier pour nos adversaires et ceux qui nous persécutent ?
    Comment parvenir à accomplir tout cela si l'on n'est pas fermement patient, tolérant ? C'est ce que fit saint Étienne quand, loin de crier vengeance, il demanda grâce pour ses bourreaux en disant : "Seigneur, ne leur impute pas ce péché !" (Ac 7,60) »

    Saint Cyprien (v.200-258), Des bienfaits de la patience, 13-16 (trad. cf SC n°291).

  • 14 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Écoute ce que dit le Seigneur : "Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande". Mais tu diras : "Vais-je laisser là l'offrande et le sacrifice ?" "Certainement, répond-il, puisque le sacrifice est offert justement pour que tu vives en paix avec ton frère." Si donc le but du sacrifice est la paix avec ton prochain, et que tu ne sauvegardes pas la paix, il ne sert à rien que tu prennes part au sacrifice, même par ta présence. La première chose que tu aies à faire c'est bien de rétablir la paix, cette paix pour laquelle, je le répète, le sacrifice est offert. De celui-ci, alors, tu tireras un beau profit.
    Car le Fils de l'homme est venu dans le monde pour réconcilier l'humanité avec son Père. Comme Paul le dit : "Maintenant Dieu a réconcilié avec lui toutes choses" (Col 1,22) ; "par la croix, en sa personne, il a tué la haine" (Ep 2,16). C'est pourquoi celui qui est venu faire la paix nous proclame également bienheureux, si nous suivons son exemple, et il nous donne son nom en partage : "Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu" (Mt 5,9). Donc ce qu'a fait le Christ, le Fils de Dieu, réalise-le aussi autant qu'il est possible à la nature humaine. Fais régner la paix chez les autres comme chez toi. Le Christ ne donne-t-il pas le nom de fils de Dieu à l'ami de la paix ? Voilà pourquoi la seule bonne disposition qu'il requiert de nous à l'heure du sacrifice, c'est que nous soyons réconciliés avec nos frères. Il nous montre par là que de toutes les vertus la charité est la plus grande. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Homélie sur la trahison de Judas, 6 ; PG 49, 390 (trad. Delhougne, Les Pères commentent).

  • 13 juin : Méditation

    « Comment oserai-je te prier de me pardonner, moi qui ai si souvent promis de me convertir et qui n'ai jamais exécuté ma promesse ? Moi qui ai si souvent protesté dans l'église que je ne pécherais plus, et qui suis aussitôt retombé dans mes crimes ?
    Donne-moi encore une année de temps. Aie pitié de moi, parce que je suis faible et infirme.
    Je me suis livré malheureusement aux mauvais penchants de mon corps et de mon âme, et je n'ai suivi que mes passions et mes affections dépravées. Je vois que le temps de la moisson est venu, et que le moissonneur paraît avec la faux à la main. Je vois que la mesure de mes jours est remplie, et que le juge va paraître.
    Tourne, Seigneur, tes yeux favorables sur moi. Sauve-moi par un effet de ta miséricorde. Sauve-moi par cette pitié qui a sauvé tous ceux qui ont eu le bonheur de l'être. Moïse a péché, Aaron a péché, David a péché, saint Pierre le chef des apôtres a péché.
    Fais-moi donc entendre ces paroles consolantes : "Ta foi t'a sauvé, va en paix." Car de tous ceux qui sont sauvés, aucun n'a entendu ces paroles : "ce sont tes oeuvres qui t'ont sauvé."
    C'est toi qui sauves ceux qui ont mis en toi toute leur confiance. »

    Saint Anastase (le Sinaïte, 7ème siècle), Vie des Pères des déserts d'Orient d'après le R.P. Michel-Ange Marin (T.V), Louis Vivès, 1869.

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    Vue du sommet du Mont Sinaï

  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 12ème jour

    Douzième jour : Le Cœur de Jésus dans son agonie

    Sa tristesse fut très grande à cause des nombreux motifs que son Cœur si bon avait de s’attrister. Un combat se livra dans son âme : la partie supérieure acceptait la souffrance et la mort, la partie inférieure tremblait et refusait ; mais l’amour que Jésus avait pour Dieu et son grand désir de procurer notre salut triomphèrent de cette résistance et terminèrent la lutte qui s’était élevée dans son Cœur. La sang du Sauveur bondit alors d’allégresse et se prépara à couler pour nous ; il se sentait comme poussé et pressé par l’amour qui sortait du Cœur de Jésus, se répandait dans tout son être ; oui, c’est à cause du désir qu’il avait de nous sauver, c’est par l’excès et dans l’enthousiasme de son trop excessif amour que Jésus a sué le sang au jardin des oliviers… Oui, Jésus, qui fortifia les autres et leur donna du courage, intrépidité, persévérance, entra lui-même en agonie, et l’angoisse de son Cœur fut si cruelle, qu’il sua du sang en grande abondance… Sans doute, il était entièrement résigné à tout, puisqu’il était venu, bien volontairement, exprès pour souffrir ; néanmoins, puisqu’il avait pris la nature humaine dans sa réalité, son Cœur souffrait, parce que c’était un vrai cœur, le plus généreux, le plus noble des cœurs… Oh ! qu’il est donc pénible de voir le Cœur si bon de Jésus rempli de tant de tristesse !
    Lansperge le Chartreux (1489-1543)

    Exemple : (Sixième Promesse) Les pécheurs trouveront dans mon Cœur l’océan infini de la miséricorde
    Dans une paroisse de Belgique vivait un homme livré aux plus honteux excès de l’ivrognerie. Depuis plus de vingt-cinq ans, il ne cessait d’être un sujet de profonde affliction pour ses frères et sœurs. En 1864, un zélé missionnaire vint donner un sermon sur la dévotion au Sacré-Cœur. Les nombreux assistants l’écoutèrent avec un vif intérêt, mais l’un d’entre eux fut plus ému que les autres : c’était le pauvre ivrogne. Son cœur qui avait été insensible en entendant les plus terribles vérités, fut amolli par l’exposé que fit le ministre de Dieu sur toutes les amabilités du Cœur de Jésus. Il fondit en larmes, lorsqu’il entendit citer ces paroles de Jésus-Christ révélant son Cœur à sainte Marguerite-Marie : « Les pécheurs trouveront dans la dévotion à mon Sacré-Cœur l’assurance de leur pardon. Mon Cœur est l’océan infini de la miséricorde ! » A ce moment, l’infortuné saisit qu’il avait trouvé ce qu’il n’osait plus croire possible, une miséricorde plus grande que ses fautes, et une grâce plus puissante que ses mauvais penchants. Son parti est pris… Immédiatement après le sermon, il va se jeter aux pieds du prédicateur : « Mon Père, lui dit-il, j’ai beaucoup péché, vous m’avez touché le cœur ; je veux me confesser. » Cette conversion fut aussi durable qu’elle fut sincère. D’un seul coup, il brisa tous ses liens. Il renonça pour toujours à ses anciens amis, à ses compagnons de débauche, et il ne connut plus d’autre chemin que celui de l’église. Il communiait au moins tous les quinze jours. La paroisse fut grandement étonnée de ce changement. Le Cœur de Jésus qui avait opéré cette belle conversion se hâta de la couronner ; car un an après, la paroisse recevait la grâce d’une mission. Le converti y assista à tous les exercices. Il ne pouvait entendre parler de l’amour de Dieu et de l’ingratitude des pécheurs sans verser d’abondantes larmes… Pendant une instruction du matin, il sentit le désir irrésistible d’aller immédiatement se confesser et de recevoir ensuite la Sainte Communion. La multitude des fidèles qui assiégeaient les confessionnaux ne lui permit pas de satisfaire sa dévotion avant l’heure de midi. Tout porte à croire qu’il avait le pressentiment de sa fin prochaine. Etant rentré chez lui, il monta directement à sa chambre et s’étendit sur son lit. Quand on vint pour s’enquérir de ce qu’il était devenu, on le trouva endormi dans le Seigneur !... En rassemblant les circonstances extraordinaires de cette mort, on ne peut douter que notre converti ne soit allé s’unir au Cœur de Jésus, qu’il aimait si tendrement depuis sa conversion.
    (Messager du Cœur de Jésus)

    Page d’histoire :
    Notre-Seigneur, ayant un jour apparu à Marguerite-Marie, lui demanda si elle voulait bien céder un peu du bien qu’elle avait fait, et supporter des souffrances pour obtenir les grâces dont une âme avait grand besoin. Marguerite-Marie s’offrit autant que son divin Maître le voudrait. Peu après, elle souffrit de grandes douleurs et telles que Dieu seul peut en connaître l’étendue. Ce n’a pas été pour cette seule personne que cela lui est arrivé, mais il y en a une quantité d’autres pour lesquelles Dieu l’a fait souffrir. C’était pour elle une joie incroyable de pouvoir, par ses peines, satisfaire aux outrages commis contre la divine Bonté.
    (Vie de sainte Marguerite-Marie, édition de Paray)

    ☞   Rappel : la biographie résumée de Sainte Marguerite-Marie dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur

    Bouquet spirituel :
    Ô très doux Jésus, transformez mon pauvre cœur en votre Cœur Sacré ; que vos douleurs unissent votre Cœur au mien et me le rendent toujours aimable et propice !
    Bienheureux Henri Suso (v.1295-1366)

    Apprenons par cette agonie mortelle à mettre nos souffrances dans le Cœur de Jésus, en le priant de les perfectionner, de les offrir à son Père céleste, afin que, par cette union, elles soient anoblies et procurent aux Saints la gloire, aux justes des mérites, la miséricorde aux pécheurs et le soulagement aux âmes du Purgatoire.
    Ludolphe de Saxe (v.1300-1378)

    Pratique :
    Se priver d’un plaisir permis en expiation des péchés des hommes.

    Oraison jaculatoire :
    Ô Cœur de Jésus, plutôt la mort que le péché.

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.

  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 9ème jour

    Neuvième jour : L’amour du Cœur de Jésus dans l’incarnation

    Qui l’a fait ainsi habiter parmi nous ? L’amour ; c’est donc l’amour qui l’a fait descendre pour se revêtir de la nature humaine ; mais quel cœur aurait-il donné à cette nature humaine, sinon un cœur tout pétri d’amour ? Qu’aura donc fait le Verbe divin en se faisant homme, sinon de se former un cœur sur lequel il imprimât cette charité infinie qui l’obligeait à venir au monde ? Donnez-moi tout ce qu’il y a de plus tendre, tout ce qu’il y a de plus doux et d’humain ; il faut faire un Sauveur qui ne puisse souffrir les misères, saisi de douleur ; qui voyant les brebis perdues, ne puisse supporter leurs égarements. Il lui faut un amour qui le fasse courir au péril de sa vie, qui lui fasse baisser les épaules pour charger dessus ses brebis perdues, qui lui fasse crier : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi. Venez à moi, vous tous qui êtes chargés. Venez, pécheur, c’est vous que je cherche. Enfin, il lui faut un cœur qui lui fasse dire : Je donne ma vie, parce que je veux. C’est moi qui ai un cœur amoureux, qui dévoue mon corps et mon âme à toutes sortes de tourments. Voilà quel est le Cœur de Jésus, voilà quel est le mystère du christianisme.
    Bossuet (1627-1704)

    Exemple : (Troisième Promesse) Je les consolerai dans toutes leurs peines
    Nous lisons dans les chroniques des Frères Mineurs qu’un homme riche et de qualité, étant entré dans l’Ordre, fut aussitôt assailli du tentateur au sujet de son changement de vie ; « pour ce qu’au lieu de manger des viandes délicates et de se vêtir somptueusement, il trouva au monastère des febves et des herbes avec autres légumes, du gros drap, de la paille au lieu d’un lict bien mol, et au lieu des richesses une estroite pauvreté, au lieu d’honneur, vileté, une grande austérité et rigueur au lieu des plaisirs. »
    L’ennemi lui représentant vivement tout cela au cœur, il résolut de reprendre les idées du siècle, et aucune considération ne put le faire changer de sentiment.
    « Comme il se retirait, ses yeux s’arrêtèrent sur un crucifix qui se trouvait sur son passage, et il se mit à genoux pour implorer la miséricorde du Sauveur. On n’a pas en vain recours à la Passion du Sauveur ; la prière du fugitif n’était pas achevée qu’il se sentit élevé en oraison jusqu’à l’extase. Notre-Seigneur lui apparut, accompagné de sa bienheureuse Mère. « Mon fils, lui dit-il, pourquoi abandonnes-tu ta sainte vocation ? – Seigneur, répondit le novice, vous savez que, accoutumé dans le monde à vivre délicatement, je ne puis supporter ici l’austérité de la règle, principalement en ce qui concerne le vêtement et la nourriture. » Alors le divin Sauveur, étendant le bras droit et lui montrant la plaie sanglante de son côté, lui dit : Porte ici ta main, mon fils, imprègne-la du sang qui en découle, et lorsqu’une chose te paraîtra difficile, marque-la de ce sang puisé à mon Cœur. Alors, ce qui auparavant te semblait insupportable te deviendra doux et agréable.
    Le novice obéit, et depuis, quand la tentation ou le dégoût assiégeaient son âme, il rappelait à son esprit la Passion du Fils de Dieu et contemplait l’amoureuse plaie de son Cœur. Et par la vertu de cette contemplation, toutes les amertumes de la vie religieuse se changeaient pour lui en délices. N’est-ce pas en action, la parole que nous chantons dans l’office du Sacré-Cœur :
    Quicumque certum quaeritis
    Rebus levamen asperis…
    Ad Cor reclusum vulnere,
    Ad mite cor accedite.

    « Vous tous qui cherchez dans vos peines une consolation assurée, approchez-vous de ce Cœur ouvert, approchez-vous de ce Cœur si doux. »
    (Etudes franciscaines sur le Sacré-Cœur par le R.P. Henri de Grèzes)

    Page d’histoire :
    Don Garcia Moreno (1821-1875), président de la république américaine de l’Equateur, et qui mourut en martyr sous le poignard d’un assassin parce que sa dévotion au Cœur sacré de Jésus en avait fait le plus ardent défenseur de l’Eglise, donna toute sa vie les plus grands exemples des vertus chrétiennes. Malgré sa position élevée, il se rappelait que tout homme est petit devant Dieu, et voici ce qu’il écrivait dans sa règle de vie : « Tous les matins, je ferai oraison et je demanderai l’humilité… Je dirai à chaque heure : je suis pire qu’un démon, et l’enfer devrait être ma demeure. Dans ma chambre, ne jamais prier assis quand je puis le faire debout. Faire des actes d’humilité, baiser la terre par exemple. Désirer toutes sortes d’humiliations, prenant soin toutefois de ne pas les mériter ; me réjouir quand on censurera ma personne et mes actes. Ne jamais parler de moi si ce n’est pour avouer mes défauts ou mes fautes. » Le jour même de sa glorieuse mort, il avait tracé ces mots : « Mon Seigneur Jésus-Christ, donnez-moi l’amour et l’humilité. »

    ☞   Des précisions dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur, concernant Garcia Moreno et le Sacré-Cœur de Jésus – voir en juillet 1873.

    Bouquet spirituel :
    C’est au Cœur du Sauveur que nous sommes redevables de toutes les faveurs que nous avons reçues, telles que la rédemption, la vocation à la foi, le pardon de nos fautes.
    Saint Alphonse de Liguori (1696-1787)

    Dans la poitrine maternelle, son Cœur divin prévoyait, disposait, méritait, impétrait tous les bienfaits que nous avons reçus.
    Saint François de Sales (1567-1622)

    Pratique :
    Rejeter les pensées de vanité dès que nous les remarquons.

    Oraison jaculatoire :
    Jésus, doux et humble de Cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre.

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.
  • Mai : le mois de la Vierge Marie - 28ème jour

    Vingt-huitième jour : Pardon des injures

    Notre-Seigneur Jésus-Christ allait expirer sur la Croix ; Il souffrait d’atroces tortures ; ses pieds et ses mains étaient transpercés par les clous du crucifiement ; Il voyait Marie, sa Sainte Mère, debout au pied de la Croix, plongée dans la plus profonde douleur ; ses ennemis l‘injuriaient et se réjouissaient de son supplice. Il vient de promettre le Paradis au bon Larron ; écoutons-Le maintenant adresser au Ciel ses plus ardentes supplications : « Mon Père, pardonnez-leur, s’écrit-il, car ils ne savent ce qu’ils font. » Quelle leçon pour nous, qui sommes ses disciples et ses enfants ! Nous rencontrons dans le cours de notre vie des personnes qui ne nous aiment pas, qui nous veulent du mal et nous en font réellement ; la nature souffrira, la pensée de nous venger par nos actes ou nos paroles nous viendra peut-être à l’esprit ; mais nous sommes chrétiens et nous devons pardonner, bien plus, aimer même nos ennemis. Jetons alors les yeux sur le crucifix ; Jésus est notre modèle, Il a fait plus que pardonner à ses ennemis, Il a prié pour eux et Marie a poussé l’héroïsme jusqu’à pardonner, Elle aussi, aux bourreaux de son Divin Fils.

    Exemple. (*) – Un pauvre noir, qui avait embrassé le christianisme, gagna par sa conduite régulière les bonnes grâces et la confiance de son maître. Un jour que celui-ci voulait acheter une vingtaine d’esclaves, il se rendit au marché avec son fidèle Tom et lui ordonna de choisir de bons ouvriers. Au grand étonnement du planteur, Tom lui présenta entre autres un vieillard caduc que le maître n’accepta que par-dessus le marché.
    Lorsqu’il fut arrivé dans ses plantations, le bon noir ne cessa de prodiguer au vieillard les soins les plus tendres. Il le logea dans sa cabane et le fit manger avec lui. S’il avait froid, Tom le conduisait au soleil ; s’il se plaignait de la chaleur, il le faisait asseoir à l’ombre des arbres. Etonné de cet attachement, le maître voulut en connaître la raison :
    - Est-ce ton père, lui dit-il ?
    - Non, maître, ce n’est pas mon père.
    - Est-ce donc un frère plus âgé que toi ?
    - Non, ce n’est pas mon frère.
    - Est-ce ton oncle ou un autre de tes parents ? car il n’est pas possible que tu prennes en si grande amitié un homme qui t’est tout à fait étranger.
    - Non, maître, il n’est pas de mes parents, il n’est pas même mon ami !
    - Explique-toi donc pourquoi tu te montres si plein d’égards pour lui.
    - Il est mon ennemi ! répondit l’esclave ; il m’a vendu aux hommes blancs sur les côtes de l’Afrique ; mais je ne puis le haïr, car le Père missionnaire m’a dit : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire. »

    (*) : L’histoire contée ici se déroule au XIXème siècle, dans les plantations de coton du sud de l’Amérique. Ne la lire qu’en la replaçant dans ce contexte – ce qui ne retire rien de la profondeur du récit et de l’exemplarité du modèle présenté.

    Prière de Saint Bonaventure. – Nous poussons vers Vous, ô Marie, des soupirs plein de ferveur, et nous Vous supplions avec un tendre amour ; détruisez tout ce que nos pensées perverses ont pu produire au-dehors d’actions criminelles. Ainsi soit-il.

    Résolution. – Je pardonnerai volontiers à ceux qui me feront du tort, et je leur rendrai service à l’occasion.
    Marie, Siège de la sagesse, priez pour nous.

    "Mois de Marie pour tous", par M.A.G.
    Approbation + Flavien, Evêque de Bayeux et Lisieux, le 13 octobre 1874.
    Imprimatur Brugis, 23a Februarii 1932. Jos. Van der Meersch vic. gen.

  • 26 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Pierre devait recevoir les clés de l'Église, plus encore les clés des cieux, et le gouvernement d'un peuple nombreux devait lui être confié... Si Pierre, avec sa tendance à la sévérité, était resté sans péché, comment aurait-il pu faire preuve de miséricorde pour ses disciples ? Or, par une disposition de la grâce divine, il est tombé dans le péché, si bien qu'après avoir fait lui-même l'expérience de sa misère, il a pu se montrer bon envers les autres.
    Rends-toi compte : celui qui a cédé au péché, c'est bien Pierre, le chef des Apôtres, le fondement solide, le rocher indestructible, le guide de l'Église, le port imprenable, la tour inébranlable, lui qui avait dit au Christ : "Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas" (Mt 26,35) ; lui qui, par une divine révélation, avait confessé la vérité : "Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant".
    Or, l'évangile rapporte que, la nuit même où le Christ fut livré..., une jeune fille dit à Pierre : "Toi aussi, hier, tu étais avec cet homme", et Pierre lui répondit : "Je ne connais pas cet homme" (Mt 26,69-72)... Lui, la colonne, le rempart, se dérobe devant les soupçons d'une femme... Jésus fixa sur lui son regard... Pierre comprit, se repentit de sa faute et se mit à pleurer. Mais alors le Seigneur miséricordieux lui accorda son pardon...
    Il a été soumis au péché pour que la conscience de sa faute et du pardon reçu du Seigneur le conduise à pardonner aux autres par amour. Il accomplissait ainsi une disposition providentielle conforme à la manière d'agir de Dieu. Il a fallu que Pierre, lui à qui l'Église devait être confiée, la colonne des Églises, le port de la foi, le docteur du monde, se montre faible et pécheur. C'était, en vérité, pour qu'il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d'exercer sa bonté envers les autres hommes. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Homélie sur saint Pierre et saint Élie, 1 ; PG 50.