"Il est pas facile d'être prophète", tel est le thème de la méditation proposée ce matin par le Cardinal Alencherry (Inde) à l'ouverture de la troisième Congrégation Synodale : La lecture de Jérémie (Ch. 22 v.3), a-t-il expliqué, "nous donne une indication qui peut être appliquée à notre discussion Synodale sur la famille. Le prophète avait prononcé un oracle à propos de la famille royale de Juda, avertissant le Roi de la ruine qui menacerait son Royaume s'il n'appliquait pas la justice et ne défendait pas les opprimés de l'oppresseur. A cette époque, les Rois de Juda étaient Josias et Joachim. A cause de leur faiblesse Nabuchodonosor, roi de Babylone détruisit leur Royaume et le Temple. La faute des Rois causa l'exil du peuple et entraîna tant de souffrances. La justice signifie accepter le Royaume de Dieu et la grâce de Dieu qui en résulte. Les Rois de Juda ayant échoué dans l'administration de la justice et de la droiture, le peuple dût en subir les conséquences.
Les paroles du prophète sont applicables aux gouvernants et dirigeants de tous les temps. Dans de nombreux pays, privés de la justice et de la droiture, les citoyens sont sans défense. A leur place, se développent l'individualisme, l'hédonisme et l'oppression d'autres valeurs séculières. Puissent les dirigeants de l'Eglise assumer le rôle prophétique annoncé par Jérémie, et soutenir le peuple par la Parole de Dieu et leur témoignage de vie.
Si Jérémie eut à souffrir de son prophétisme, sa vie fut un symbole du message reçu de Dieu. Il a pris sur lui la souffrance et à le désastre de Juda. Trois conditions lui avaient été imposées : Ne pas se marier, ne jamais assister à des funérailles ou à des fêtes".
"Ne pas prendre femme (16,2) : Jérémie ne connut pas l'amour profond d'une jeune épouse, car Israël sa promise avait rejeté l'amour du Seigneur. Comme Dieu il connut donc la solitude. A l'époque chrétienne, ce célibat est devenu un signe.
Ne pas aller dans une maison frappée par le deuil (16,5) : Jérémie n'eut pas à pleurer ou manifester de compassion pour les morts, car l'Eternel a perdu tout sentiment pour son peuple. Qu'ils meurent sans deuil.
Ne pas aller dans une maison en fête (16,8) : Jérémie n'a participé à aucune festivité, parce qu'il n'y a rien à y célébrer. Appelé à mener une vie terrible, il tomba dans une profonde dépression et dans la lamentation. Il est pas facile d'être un prophète. Les pasteurs de l'Eglise sont appelés à assumer un rôle prophétique de la souffrance et de la Kénosis", a conclu le Cardinal Alencherry, citant les paroles du Pape François dans l'Exhortation apostolique Evangelii Gaudium (N. 49) :
"Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : Donnez-leur vous-mêmes à manger" (Mc 6,37)".
Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 6.10.15).
Texte intégral original en anglais en Salle de Presse du Saint-Siège.