« Rien n’est vrai que d’aimer… Mon âme, épuise-toi,
Coule du puits sans fond que Jésus te révèle,
Comme un flot que toujours sa source renouvelle,
Et déborde, poussée en tous sens hors de moi.
Quels usages prudents te serviront de digue ?
Donne tout ! Donne plus et sans savoir combien.
Ne crains pas de manquer d'amour, ne garde rien
Dans tes mains follement ouvertes de prodigue.
Qu'aimeras-tu ? Quel temps perdrons-nous à ce choix ?
Aime tout ! Tout t'est bon. Sois aveugle, mais aime !
Le plus près, le plus loin, chacun plus que toi-même
Et, comment ce miracle, ô Dieu, tous à la fois.
Celui qui t'est pareil, celui qui t'est contraire.
Et n'aime rien uniquement pour sa beauté :
L'enchantement des yeux leur est trop vite ôté,
Du charme d'aujourd'hui demain te vient distraire.
N'aime rien pour ses pleurs : les larmes n'ont qu'un jour ;
N'aime rien pour son chant : les hymnes n'ont qu'une heure...
Ô mon âme qui veux que ton amour demeure,
Aime tout ce qui fuit pour l'amour de l'amour.
Aime tout ce qui fuit sur la terre où tu passes,
Le long de ton chemin aveugle et sans arrêts :
Les herbes des fossés, les bêtes des forêts,
Les matins et les soirs, les pays, les espaces.
Aime, l'enthousiasme est fort comme la mer
Qui d'un seul mouvement emporte les navires.
Laisse aller tes destins au fil de ses délires
Sans goûter si le flot qui te pousse est amer.
Rien n'est vrai que d'aimer, mon âme, et d'être dupe.
Si tu cherches un cœur où reposer ton front
Et si tu te sens lasse au bout de quelque affront,
Qu'est-ce que cet amour que son gain préoccupe ?
Ô préteuse sans fin de biens jamais rendus,
Laisse abuser chacun de ta folle abondance,
Tant que jetés au vent de l'amour sans prudence,
Ta paix, tes jours, ta force et ton cœur soient perdus.
[...]
Rien n'est vrai que d'aimer et que d'aimer toujours !
Tes aimés passeront mais ton amour demeure
Malgré les renouveaux qui te changent de leurre
Et les petites morts des petites amours.
Et tant qu'il y aura des vivants d'heure en heure
Menant leur sort à la rencontre de ton sort,
Ou t'ayant devancée au delà de la mort...
Toi-même, disparais, mais ton amour demeure !
Mon amour ! Mon amour ! quand ce cœur arrêté
Ne te contiendra plus... à ta source première,
A Jésus remontant d'un grand jet de lumière,
Mon amour, sois mon Dieu toute l'éternité ! »
Marie Noël (1883-1967), Les chansons et les heures, « À tierce » (extraits)
Les Éditions G. Crès et Cie, Paris, 1928.
poème
-
Poème - Rien n'est vrai que d'aimer...
-
Poème - Annonciation
« La Vierge Marie a fermé les yeux
Et voilé son cœur de ses deux paupières
pour ne plus rien voir, pour entendre mieux
Un souffle qui fait trembler ses prières...
Un frisson le long du petit jardin
A couru... Qui vient ? La feuille nouvelle ?
Qui passe ?... Un oiseau sort du ciel. Soudain,
La graine des champs les sent partir d'elle.
Le vent sur le toit vient de rencontrer
Dessus, un oiseau que l'azur apporte.
Qui vole ?... Le ciel a poussé la porte,
La porte a chanté, un Ange est entré.
Un Ange a parlé tout bas dans la chambre.
Toi seule, ô Marie, entends ce qu'il dit,
Toi seule dans l'ombre et le Paradis.
Il a semé Dieu tout grand dans tes membres.
Je ne l'ai pas vu. Mais en s'en allant,
- J'étais sur le pas ému de la porte -
Il a laissé choir dans mon coeur tremblant
Un grain murmurant du Verbe qu'il porte.
Il a fait tomber à la place en moi
La plus ignorée et la plus profonde,
Un mot où palpite on ne sait quoi,
Un mot dans mon sein pour le mettre au monde.
Ah ! comment un mot sortira-t-il bien
De moi que voilà qui suis peu savante ?
Mais le Saint-Esprit - je suis sa servante -
S'Il veut qu'il me naisse y mettra du sien.
......................................
La Vierge Marie est dans son bonheur.
La Vierge Marie est là qui se noie
Dans le miel de Dieu. L'épine est en fleur
Autour du jardin, autour de ma joie.
Il y a dans toi, Vierge, un petit Roi,
Ton petit enfant, un Dieu ! Trois ensemble !
Et nul ne s'en doute. Il y a dans moi
Un petit oiseau dont le duvet tremble... »
Marie Noël (1883-1967), Le Rosaire des joies ("Annonciation", extrait), Crès, 1930.Fra Angelico (v.1395–1455), Annonciation faite à Marie
Musée du Prado de Madrid (Espagne) -
Poème - Épiphanie
« Il était trois grands rois jadis
Qu'une étoile du Paradis
Un soir mena jusqu'au lieu-dit
Où le Seigneur était petit.
Ils partirent pour voir l'Enfant,
Montés sur leurs trois éléphants.
Un nègre en pantalons bouffants
Jouait de la flûte devant.
Derrière allaient deux nains jumeaux
En balançant de grands plumeaux...
Ils traversèrent les hameaux,
Suivis de trente-trois chameaux.
Ils passèrent de bourg en bourg,
précédés de quatre tambours,
S'interrogeant aux carrefours
De peur de marcher à rebours.
Mais à l’Étable droit conduits,
Ils arrivèrent à minuit
Non sans faire quelque grand bruit...
Saint Joseph entrebâilla l'huis.
Ceints de pourpre qui resplendit,
Ils entrèrent. La Vierge dit :
"Prenez garde, sires hardis,
De faire peur à mon petit".
Mais les trois rois, très bas, très doux,
Baissant le front, ployant le cou,
Se prosternèrent tout d'un coup
Disant : "Ayez pitié de nous".
Et dans leurs trésors ayant pris,
Ils offrirent à Jésus-Christ
L'or, l'encens, la myrrhe prescrits
Plus un don qui n'est pas écrit :
La galette dorée au lait
Où leurs reines dans leurs palais
Ont pétri farine, œufs, sel et
La fève sans dire où elle est.
Lors tout riant le petit Dieu
De les voir si beaux, si pieux,
Leur fourra son doigt dans les yeux
Et tira la barbe au plus vieux.
Et le vieux roi barbu savant,
Et grave, et triste bien souvent
D'avoir souffert à tous les vents
Aussitôt redevint enfant.
Et quoique ayant eu des malheurs
Après - tous les rois ont les leurs -
Ce sire, malgré maux et pleurs,
Mourut à cent ans l'âme en fleur.
Veuille, ô Jésus, nous qu'ont raidis
Le temps passé, les ans partis,
Comme lui nous garder petits
Jusqu'aux portes du Paradis. »
Marie Noël (1883-1967), Les chansons et les heures,
Paris, Éditions G. Crès et Cie, 1928.Charles-André van Loo (1705-1765), L'Adoration des Mages
Los Angeles County Museum of Art
(Crédit photo) -
Zdenek Fibich (1850-1900) : Poème pour violon et piano
Pep Serdà, piano et violon
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Méditation - Poésie : La Messe Réparatrice
« Pour la première fois, au doux festin de l'ange,
Un bon petit enfant était venu s'asseoir ;
Mais, hélas ! son bonheur ne fut pas sans mélange,
On le vit triste tout le soir.
Il était allé seul, sans son père et sa mère,
A la Table de Dieu, comme un pauvre orphelin :
C'était pour lui douleur amère !
Il les avait priés, suppliés, mais en vain.
Ils ne vont même pas le Dimanche à la Messe.
Mais à ce cœur bien pur Jésus avait parlé ;
Et l'enfant avait fait une intime promesse
Qui l'avait un peu consolé :
Deux fois dans la semaine, à l'auguste Mystère
Il viendra : c'est son vœu ;
Une fois pour son père, une fois pour sa mère,
Et priera le bon Dieu !
La mère a remarqué l'heure de ses sorties ;
Elle observe le cher enfant,
Le suit jusqu'à l'église et l'aperçoit priant
Avec des ardeurs infinies.
Troublée, elle l'attend au portail du Lieu Saint ;
Et voyant quelques pleurs perler sur son visage :
- Qu'as-tu donc, ô mon fils ? Du chagrin à ton âge ?
Dépose ton secret dans un cœur qui te plaint.
Il se jette en ses bras : - Mère, plus de souffrance !
Aux pieds du bon Jésus j'ai pleuré d'espérance ;
Je vais dire pour qui j'étais à genoux :
Hier, c'était pour mon père ; aujourd'hui, c'est pour vous.
Dans cette classe populaire
Les bons cœurs, croyez-le, ne sont pas peu nombreux.
Le dimanche suivant on vit au sanctuaire
Un adolescent bien heureux :
Il avait près de lui, recueillis et pieux,
Et son père et sa mère. »
V.N.P., in "La Divine Hostie",
Bulletin mensuel de l'Archiconfrérie de la Messe Réparatrice,
Mars 1888 à Décembre 1891, Publié à Bonlieu (Drôme), novembre 1890.(Gravure d'après le tableau de Reynolds)
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Méditation - Poème : "Redonnez-moi, Seigneur..."
« Seigneur, vous écoutez la plus humble prière,
Et le cri de l'insecte et celui de l'oiseau,
Et cet agneau perdu qui demande sa mère,
Et cette herbe séchée à qui manque un peu d'eau.
Votre nom prononcé rafraîchit la pensée ;
Il rayonne dans l'ombre où je m'enveloppais.
Toute larme pieuse, à vos genoux versée,
Est, pour un cœur souffrant, le baume de la paix.
Vous m'entendrez, Seigneur, car je pleure et j'espère !
J'élève à vous mon cœur par le monde abattu.
J'espère ! et votre loi, tendre comme une mère,
De la douce espérance a fait une vertu.
Redonnez-moi, Seigneur, la vie et le courage ;
Que j'aille en vous servant jusqu'à la fin du jour ;
Dissipez des erreurs le stérile nuage
Au rayon de la foi rallumé par l'amour.
L'orgueil ferme le cœur aux innocentes joies
Et tient la porte ouverte à l'ennui triomphant.
Donnez-moi, pour marcher humblement dans vos voies,
La raison du vieillard et la foi de l'enfant.
Alors, Seigneur, alors, mon âme calme et forte
Souffrira, sans colère et sans fougueux transports
Le mal que chaque jour et chaque nuit apporte
A cette argile de mon corps.
1852. »
Victor de Laprade (1812-1883), Extrait de Les œuvres de la foi (V)
"Œuvres poétiques de Victor de Laprade. Poèmes évangéliques", Paris, Alphonse Lemerre, s.d. (v.1875)
Texte intégral en ligne sur Wikisource. -
Siegmund von Hausegger (1872-1948) : Natursinfonie (1911)
Finale sur le poème de Goethe Proömium
WDR Rundfunkchor Köln / WDR Sinfonieorchester Köln - Dir. Ari Rasilainen -
Automne
L’automne
Voici venu le froid radieux de septembre :
Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ;
Mais la maison a l’air sévère, ce matin,
Et le laisse dehors qui sanglote au jardin.
Comme toutes les voix de l’été se sont tues !
Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues ?
Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois
Que la bise grelotte et que l’eau même a froid.
Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin
Elles iront mourir sur les étangs demain.
Le silence est léger et calme ; par minute
Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
Et puis tout redevient encor silencieux,
Et l’Amour qui jouait sous la bonté des cieux
S’en revient pour chauffer devant le feu qui flambe
Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes,
Et la vieille maison qu’il va transfigurer
Tressaille et s’attendrit de le sentir entrer.
Comtesse Anna-Élisabeth de Noailles (1876-1933), Le coeur innombrableAutumn in the Catskills
Sanford Robinson Gifford (1823-1880) -
Méditations - Prières : St Grégoire de Nazianze
Prière du matin« Voici l’aurore
Voici mes mains
Ô mon Dieu
Je te les donne.
Les œuvres de la nuit
Ne pas les faire miennes
Ne pas y consentir.
Mon désir, cette journée
Te l’offrir sans réserve
Rester inébranlable
Libre de tout péché.
Je rougis, à mon âge
Être encore mauvais
Et partager ta table.
Vois mon désir
Ô mon Christ
Avec toi
Le chemin est aisé. »
St Grégoire de Nazianze
Extrait des Poèmes sur sa vie (PG 37, 1284, trad. L. Fritz).Hymne du soir« Nous Te bénissons maintenant,
ô mon Christ, Verbe de Dieu,
Lumière de la Lumière sans commencement,
dispensateur de l'Esprit.
Nous Te bénissons, triple lumière
de la gloire indivise.
Tu as vaincu les ténèbres
et produit la lumière
afin de tout créer en elle.
Tu as donné consistance à la matière
en y façonnant le visage du monde
et la forme de sa beauté.
Tu as éclairé l'esprit de l'homme
en lui donnant raison et sagesse.
Partout se retrouve
le reflet de la lumière éternelle,
pour que, dans la lumière,
l'homme découvre la splendeur
et tout entier devienne lumière.
Tu as éclairé le ciel
de lumière diaprées.
A la nuit et au jour,
Tu as commandé d'alterner en paix,
leur donnant comme règle
une fraternelle amitié.
La nuit met un terme
aux labeurs de notre corps,
le jour nous éveille au travail,
aux affaires qui nous préoccupent.
Mais nous fuyons les ténèbres,
vers le Jour sans déclin nous nous hâtons,
vers le Jour qui jamais ne connaîtra
la tristesse du crépuscule.
Accorde à mes paupières
un sommeil léger,
pour que ma voix
ne reste pas longtemps muette.
Ta Création veillera
pour psalmodier avec les Anges.
Que mon sommeil toujours
soit habité de Ta présence.
Que la nuit ne retienne rien
des souillures du jour passé.
Que les folies de la nuit
ne viennent point peupler mes songes.
Même séparé du corps,
l'esprit, ô Dieu, Te chante :
Père et Fils
et Saint-Esprit,
à Toi honneur, gloire et puissance,
dans les siècles des siècles.
Amen. »
St Grégoire de Nazianze
Poèmes Dogmatiques, Patrologie Grecque PG 37, 311-314. -
Ernest Chausson (1855-1899) : Poème pour violon et orchestre, op. 25
Orchestre National de Lorraine - Dir. Jacques Mercier (Metz, 2004)
Olivier Charlier, violon -
Salve, sancta Parens
-
Méditation - Poésie : "Je ne veux plus aimer que ma mère Marie"
« Je ne veux plus aimer que ma mère Marie.
Tous les autres amours sont de commandement
Nécessaires qu'ils sont, ma mère seulement
Pourra les allumer aux cœurs qui l'ont chérie.
C'est pour Elle qu'il faut chérir mes ennemis,
C'est par Elle que j'ai voué ce sacrifice,
Et la douceur de cœur et le zèle au service,
Comme je la priais, Elle les a permis.
Et comme j'étais faible et bien méchant encore,
Aux mains lâches, les yeux éblouis des chemins,
Elle baissa mes yeux et me joignit les mains,
Et m'enseigna les mots par lesquels on adore.
C'est par Elle que j'ai voulu de ces chagrins,
C'est pour Elle que j'ai mon cœur dans les Cinq Plaies,
Et tous ces bons efforts vers les croix et les claies,
Comme je l'invoquais, Elle en ceignit mes reins.
Je ne veux plus penser qu'à ma mère Marie,
Siège de la Sagesse, et source des pardons,
Mère de France aussi, de qui nous attendons
Inébranlablement l'honneur de la Patrie.
Marie Immaculée, amour essentiel,
Logique de la foi cordiale et vivace,
En vous aimant qu'est-il de bon que je ne fasse,
En vous aimant du seul amour, Porte du ciel ? »
Paul Marie Verlaine (1844-1896), Sagesse, II, Messein.
Autres poésies dédiées à la Vierge Marie -
Méditation - Poésie : La Louange des Clochers
« Vous nous faites un don encor plus salutaire :
Sans vous, ô bons clochers, combien de pauvres gens
Vivraient le front toujours abaissé vers la terre,
Limitant leurs désirs aux bornes de leurs champs.
Asservis aux labeurs que la glèbe réclame,
Portant leurs jours ainsi qu'un éternel fardeau,
Sans vous, hélas ! combien désapprendraient leur âme
Et que leurs yeux sont faits pour regarder en haut !
Mais votre voix s'élève, et, trois fois la journée,
Elle rappelle à ceux qui peinent pour le pain
Que la tâche ici-bas saintement terminée
Reçoit, dans l'autre vie, un salaire divin.
Ainsi vous conservez à ceux dont les mains rudes
Dirigent la charrue et tiennent l'aiguillon
L'instinct de l'invisible et la saine habitude
De relever la tête au bout de leur sillon.
Si le peuple des champs garde sous ses paupières
Une clarté qui fait la beauté de ses yeux,
C'est qu'à son horizon vous restez en prière
Et que vous ne cessez de lui parler de Dieu. »
Louis Mercier, Les Pierres sacrées, Paris, Calmann-Lévy, 1922 (1ère éd. Lyon, Lardanchet, 1920).(Source et crédit photo : Village de Méré)
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"Aimer c'est tout donner"
R. Aimer, c'est tout donner
Aimer, c'est tout donner
Aimer, c'est tout donner
et se donner soi-même.
1. Quand je parlerais les langues des hommes et des anges,
Si je n'ai pas l'Amour, je suis comme l'airain qui sonne
ou la cymbale qui retentit.
2. Si je prophétisais et connaissais tous les mystères,
Si j'avais la foi à transporter les montagnes,
sans l'Amour je ne suis rien.
3. Quand je distribuerais ce que je possède en aumônes,
Et si je livrais mon corps à brûler dans les flammes,
cela ne me sert de rien.
Poème de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, interprété par Sylvie Buisset et la Communauté des Béatitudes. Chanson extraite de l'album "Aimer, c'est tout donner", disponible chez Béatitudes Musique. -
Méditation : le chapelet
« Récite ton chapelet, dit Dieu,
Cette prière-là, je te le dis
est un rayon de l’Évangile :
on ne me le changera pas.
Ce que j'aime dans le chapelet, dit Dieu,
c'est qu'il est simple et qu'il est humble.
Comme fut mon Fils.
Comme fut sa Mère.
Va, mon fils, dis ton chapelet de ton mieux.
Il ne t'empêchera jamais de suivre la sainte liturgie que j'ai donné à mon Église,
qui est le plus belle des prières, la plus grande,
quand elle est faite d'un cœur simple,
et qu'elle ne veut que ma louange,
c'est à dire l'Eucharistie.
Récite ton chapelet : tu trouveras à tes côtés
toute la compagnie rassemblée en l’Évangile :
la pauvre veuve qui n'a pas fait d'études,
le publicain repentant qui ne sait plus son catéchisme,
la pécheresse effrayée qu'on voudrait accabler,
tous les éclopés que leur foi a sauvés,
et les bons vieux bergers, comme ceux de Bethléem,
qui découvrent mon Fils et sa Mère...
Récite ton chapelet, dit Dieu,
et ne crains surtout pas les ritournelles,
car je vous connais bien,
vous avez souvent la tête creuse,
et la pensée qui tourne à vide.
Mais si vous voulez que je vous accorde de moudre le bon grain de l'Esprit,
vous devez vous prendre en patience vous-même,
comme je le fais,
il faut que votre prière du chapelet, tourne, tourne et retourne,
comme font entre vos doigts les grains du chapelet.
Et quand je le voudrai, je vous l'assure,
vous recevrez la bonne nourriture,
qui affermit le cœur et rassure l'âme.
Allons, allons dit Dieu, récitez votre chapelet
et gardez l'esprit en paix.
Cette prière-la, je te le dis,
est un rayon de l’Évangile,
à travers les mystères joyeux,
les mystères douloureux,
les mystères glorieux,
Cette prière-la, est un rayon de l’Évangile,
on ne me la changera jamais, dit Dieu. »
Charles Péguy (1873-1914). -
Méditation - Poème à Saint Antoine de Padoue
« Antoine est grand ! Pour croire à sa puissance
Demandez-vous des miracles nombreux ?
Que dans vos coeurs règne la confiance...
Sa vie est riche en faits miraculeux. (*)
Saint de Padoue,
Cher au Seigneur,
Du peuple qui vous loue
Soyez le protecteur.
Sa voix suspend les lois de la nature,
Par maint prodige, il terrasse l'erreur,
Et, des démons dévoilant l'imposture,
Confond l'enfer qui frémit de terreur.
Domptant la mer, il commande aux tempêtes,
loin de son peuple il chasse les fléaux ;
Au trépas même arrachant ses conquêtes,
Il fait sortir les morts de leurs tombeaux.
Ah ! qu'on lui doit de grâces précieuses !
Combien par lui de malades sauvés !
De fers brisés, de familles heureuses,
De maux guéris et d'objets retrouvés !
Pour te louer, je viens avec les anges,
Chanter ta gloire, exalter tes vertus ;
A toi nos coeurs, nos voeux et nos louanges,
O si doux saint que caresse Jésus !
Reviens, grand saint, reviens dans notre France,
Ce beau pays de tes nobles aïeux ;
Rends-lui la foi, l'amour et l'espérance,
Il est si cher à la Reine des cieux. »
In La Voix de Saint Antoine, bulletin mensuel de la "Pieuse Union de Saint Antoine de Padoue", 2ème année, Février 1896.
N.B. : Ce cantique a été chanté pour la première fois dans l'église de Notre-Dame de Beaune (sur l'air de "Pitié, mon Dieu !...").
(*) : Les miracles de Saint Antoine en la Basilique Saint-Antoine à Padoue (Piazza del Santo, 11 - 35123 Padova)St Antoine de Padoue - Miracle de la mule à genoux devant l'Eucharistie
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Méditation - Poésie : "L'Hôte divin"
"J'entrerai chez lui et je souperai avec lui" Apocalypse IV - 20
Ainsi, ce serait vrai, mon Dieu, cette promesse ?
Quand le coeur épuisé sombre dans la détresse
Vous seriez cet ami qui s'en vient, vers le soir,
Et vous consentiriez, Seigneur, à vous asseoir
En mon logis désert, auprès de cette table ?
J'entendrais votre voix, suave, délectable,
Me dire avec l'accent de l'Amour souverain
Ces mots que l'on attend toute une vie en vain !
Et nous partagerions, seul à seul, et sans hâte
L'adorable repas ?...
Votre main délicate
Effleurerait ma main, silencieusement,
Cependant que la nuit tomberait doucement
Et que vos yeux divins plongeraient en mon âme
Un grand regard d'amour me brûlant de sa flamme,
Pour que je puisse enfin, d'un coeur qui se soumet
Mettre à vos pieds, Seigneur, tout mon être à jamais !
Puisque vous l'avez dit, mon Dieu, je veux le croire,
Vos promesses, jamais ne seront illusoires !
Venez, mon Dieu, venez, puisque je vous attends
Avec une âme avide et depuis si longtemps !
Tout est bien prêt ! J'ai mis, pour cette insigne agape,
L'eau pure avec le pain, sur ma plus belle nappe
Et, pour que ce festin nous réjouisse mieux,
Ma précieuse coupe est pleine de vin vieux
Et des fruits savoureux remplissent les corbeilles !
Et puis, voici le miel de mes blondes abeilles !
Près des flambeaux d'argent que vous allumerez
De célestes parfums, comme vous les aimez,
Embaumeront le soir... et d'idéales roses,
En mon jardin secret, pour vous seront écloses !...
Seigneur, ne tardez pas, mon âme se languit !
N'ai-je pas entendu votre pas dans la nuit
S'approcher lentement de ma demeure, ô Maître !
Oui, c'est bien Vous ! Déjà, je crois voir apparaître
Votre blanche tunique au détour du chemin
Qui s'illumine enfin de ce halo divin
Dont la mauve lueur inonde l'ombre verte !
Entrez, Seigneur, entrez ! La porte est entr'ouverte...
Marlène Grunère, L'Or du silence.
(Source) -
"Moi si j’avais commis" - Interprétation de la Communauté des Béatitudes
Moi si j'avais commis tous les crimes possibles
Je garderais toujours la même confiance
Car je sais bien que cette multitude d'offenses
N'est qu'une goutte d'eau dans un brasier ardent.
Oui, j'ai besoin d'un coeur, tout brûlant de tendresse
Qui reste mon appui et sans aucun retour
Qui aime tout en moi et même ma faiblesse
Et ne me quitte pas, ni la nuit ni le jour.
Non, je n'ai pu trouver nulle autre créature
Qui m'aimât à ce point et sans jamais mourir,
Car il me faut un Dieu qui prenne ma nature
Qui devienne mon frère et qui puisse souffrir.
Je ne sais que trop bien que toutes nos justices
N'ont devant ton regard pas la moindre valeur
Et pour donner du prix à tous mes sacrifices
Oui je veux les jeter jusqu'en ton divin Coeur.
Non, tu n'as pas trouvé créature sans tache
Au milieu des éclairs, tu nous donnas ta Loi
Et dans ton Coeur sacré, Ô Jésus, je me cache
Non je ne tremble pas car ma vertu c'est Toi.
Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face
Qui a Jésus a tout - Prières et poésies (Cerf, 2009) -
"Vivre d'Amour" (Poème de Sainte Thérèse de Lisieux), chanté par Sylvie Buisset
Vivre d'Amour !...
(Air du cant. - Il est à moi.)Montage de 2 versions différentes, la 1ère, en solo (album "Rien que pour aujourd'hui" http://goo.gl/UAdm8), la 2e version en choeur.
N.B. : seuls les couplets de gauche sont interprétés ici.Au soir d'Amour, parlant sans parabole
Jésus disait : « Si quelqu'un veut m'aimer
« Toute sa vie, qu'il garde ma Parole
« Mon Père et moi viendrons le visiter.
« Et de son cœur faisant notre demeure
« Venant à lui nous l'aimerons toujours !...
« Rempli de paix, nous voulons qu'il demeure
« En notre Amour !... »
Vivre d'Amour, c'est te garder Toi-Même,
Verbe incréé ! Parole de mon Dieu,
Ah ! tu le sais, Divin Jésus, je t'aime
L'Esprit d'Amour m'embrase de son feu
C'est en t'aimant que j'attire le Père
Mon faible cœur le garde sans retour.
O Trinité ! vous êtes Prisonnière
De mon Amour !...
Vivre d'Amour, c'est vivre de ta vie,
Roi glorieux, délices des élus.
Tu vis pour moi, caché dans une hostie
Je veux pour toi me cacher, ô Jésus !
A des amants, il faut la solitude
Un cœur à cœur qui dure nuit et jour
Ton seul regard fait ma béatitude
Je vis d'Amour !...
Vivre d'Amour, ce n'est pas sur la terre
Fixer sa tente au sommet du Thabor.
Avec Jésus, c'est gravir le Calvaire,
C'est regarder la Croix comme un trésor !...
Au Ciel je dois vivre de jouissance
Alors l'épreuve aura fui pour toujours
Mais exilée je veux dans la souffrance
Vivre d'Amour.
Vivre d'Amour, c'est donner sans mesure
Sans réclamer de salaire ici-bas
Ah ! sans compter je donne étant bien sûre
Que lorsqu'on aime, on ne calcule pas !...
Au Cœur Divin, débordant de tendresse
J'ai tout donné... légèrement je cours
Je n'ai plus rien que ma seule richesse
Vivre d'Amour.
Vivre d'Amour, c'est bannir toute crainte,
Tout souvenir des fautes du passé.
De mes péchés je ne vois nulle empreinte,
En un instant l'Amour a tout brûlé...
Flamme divine, ô très douce Fournaise !
En ton foyer je fixe mon séjour
C'est en tes feux que je chante à mon aise :
« Je vis d'Amour !... »
Vivre d'Amour, c'est garder en soi-même
Un grand trésor en un vase mortel
Mon Bien-Aimé, ma faiblesse est extrême
Ah ! je suis loin d'être un ange du ciel !...
Mais si je tombe à chaque heure qui passe
Me relevant tu viens à mon secours
A chaque instant tu me donnes ta grâce,
Je vis d'Amour.
Vivre d'Amour, c'est naviguer sans cesse,
Semant la paix, la joie dans tous les cœurs
Pilote Aimé, la Charité me presse
Car je te vois dans les âmes mes sœurs
La Charité, voilà ma seule étoile
A sa clarté je vogue sans détour
J'ai ma devise écrite sur ma voile :
« Vivre d'Amour. »
Vivre d'Amour, lorsque Jésus sommeille,
C'est le repos sur les flots orageux.
Oh ! ne crains pas, Seigneur, que je t'éveille
J'attends en paix le rivage des cieux...
La Foi bientôt déchirera son voile
Mon Espérance est de te voir un jour
La Charité enfle et pousse ma voile,
Je vis d'Amour !...
Vivre d'Amour, c'est, ô mon Divin Maître
Te supplier de répandre tes Feux
En l'âme sainte et sacrée de ton Prêtre
Qu'il soit plus pur qu'un séraphin des cieux !...
Ah ! glorifie ton Eglise Immortelle,
A mes soupirs, Jésus, ne sois pas sourd.
Moi son enfant, je m'immole pour elle,
Je vis d'Amour.
Vivre d'Amour, c'est essuyer ta Face
C'est obtenir des pécheurs le pardon
O Dieu d'Amour ! qu'ils rentrent dans ta grâce
Et qu'à jamais ils bénissent ton Nom...
Jusqu'à mon cœur retentit le blasphème
Pour l'effacer, je veux chanter toujours :
« Ton Nom Sacré, je l'adore et je l'Aime,
Je vis d'Amour !... »
Vivre d'Amour, c'est imiter Marie,
Baignant de pleurs, de parfums précieux,
Tes pieds divins, qu'elle baise ravie
Les essuyant avec ses longs cheveux...
Puis se levant, elle brise le vase
Ton Doux Visage elle embaume à son tour.
Moi, le parfum dont j'embaume ta Face
C'est mon Amour !...
« Vivre d'Amour, quelle étrange folie ! »
Me dit le monde, « Ah ! cessez de chanter,
« Ne perdez pas vos parfums, votre vie,
« Utilement sachez les employer !... »
T'aimer, Jésus, quelle perte féconde !...
Tous mes parfums sont à toi sans retour,
Je veux chanter en sortant de ce monde :
« Je meurs d'Amour ! »
Mourir d'Amour, c'est un bien doux martyre
Et c'est celui que je voudrais souffrir.
O Chérubins ! accordez votre lyre,
Car je le sens, mon exil va finir !...
Flamme d'Amour, consume-moi sans trêve,
Vie d'un instant, ton fardeau m'est bien lourd !
Divin Jésus, réalise mon rêve :
Mourir d'Amour !...
Mourir d'Amour, voilà mon espérance
Quand je verrai se briser mes liens
Mon Dieu sera ma Grande Récompense
Je ne veux point posséder d'autres biens.
De son Amour je suis embrasée
Je veux Le voir, m'unir à Lui toujours
Voilà mon ciel... voilà ma destinée :
Vivre d'Amour !!!...
Source : Oeuvres complètes, Poésies, PN 17, Editions du Cerf.