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dieu - Page 16

  • Méditation - Prières : "O Dieu de mon cœur..."

    « Dans le courant de ce jour, où tu vaqueras à l’amour, afin que tes sens soient embrasés du vrai Soleil qui est Dieu, et que ta flamme ne s’éteigne pas, mais que tu ailles toujours croissant en amour, tu rumineras assidûment un de ces versets :

    Bienheureux les yeux qui te voient, ô amour Dieu ! Oh ! quand donc arriverai-je là où tu es, ô Dieu vraie lumière, Dieu et agneau ? Je sais qu’enfin je te verrai de mes yeux, ô Jésus, Dieu mon Sauveur !

    Bienheureuses les oreilles qui t’entendent, ô amour Dieu, Verbe de vie ! Oh ! quand donc serai-je consolée de ta parole pleine d’une suavité plus douce que le miel, et par elle appelée vers toi ? De grâce, que je n’aie point à craindre la sentence formidable, mais que j’entende bientôt ta voix m’appelant à la gloire. Amen.

    Bienheureux l’odorat qui te respire, ô amour Dieu, très doux arôme de vie ! Oh ! quand donc soufflera pour moi la suave odeur de ta divinité d’où coule le miel ? De grâce, que bientôt j’arrive aux pâturages riches et délicieux de ta vision éternelle. Amen.

    Bienheureuse la bouche qui goûte, ô amour Dieu, tes consolantes paroles plus douces que le miel, que le miel en rayon ! Oh ! quand mon âme sera-t-elle donc nourrie, rassasiée de ta divinité, et enivrée de l’abondance de tes délices ? De grâce, mon Seigneur, qu’ici-bas je goûte combien tu es doux, afin que là dans l’éternité, j’aie le bonheur de jouir de toi, ô Dieu de ma vie. Amen.

    Bienheureuse l’âme qui dans un embrassement d’amour s’est inséparablement attachée à toi, et bienheureux le cœur qui sent le baiser de ton cœur, ô amour Dieu, contractant avec toi une alliance d’indissoluble amitié. Oh ! quand donc serai-je serrée dans tes bras, ô Dieu de mon cœur, et quand donc te verrai-je sans milieu ? De grâce que bientôt, bientôt retirée de cet exil, je voie dans la jubilation ta face d’où coule le miel. Amen. »

    Ste Gertrude, Les Exercices, Cinquième exercice, pour exciter le divin amour (Oraison et versets), Trad. du Père Emmanuel, OSB oliv., Paris, 1919.

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  • Méditation - Sexagésime : Diverses manières dont Dieu nous parle

    « Dieu, dans sa bonté infinie, a multiplié les canaux pour faire arriver sa parole à notre cœur. Il nous parle,

    1° par la prédication orale, soit dans les chaires chrétiennes, soit au saint tribunal, soit dans l'administration des sacrements, soit dans les avis que sa providence nous fait donner par divers organes. Que de bonté dans cette conduite de Dieu, et combien il nous favorise plus que tant de millions d'hommes épars sur le globe ! Il nous parle,

    2° par les livres saints et tous les ouvrages de piété que nous pouvons lire. Cette lecture a converti des milliers de pécheurs, et tous les jours encore elle nourrit et perfectionne la piété dans les âmes. Il nous parle,

    3° par les bonnes pensées, les pieux mouvements, les remords salutaires, les avertissements et les lumières que sa grâce répand en nous, tantôt à l'oraison, à la communion, à la visite du Saint-Sacrement ; tantôt aux moments mêmes les plus inattendus. Heureuses les âmes assez recueillies pour entendre cette voix, et assez généreuses pour lui obéir ! Il nous parle,

    4° par les bons exemples qu'il nous met sous les yeux. Chaque bon exemple est une prédication, qui nous apprend ici la charité, la douceur, la patience, le dévouement, là le respect du lieu saint, l'assiduité aux offices, la fréquentation des sacrements.

    Quel fruit retirons-nous de tant de moyens de salut ? »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Dimanche de la Sexagésime), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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     (Source et crédit photo)

  • Méditation : "Qu'est-ce que chercher Dieu ?"

    « C'est tâcher en toute rencontre d'élever son cœur au Ciel, et d'accomplir la divine volonté ; ce qui consiste en trois choses.

    Le première est de marcher en la présence de Dieu, sans jamais le perdre de vue, suivant ce que dit le Saint Esprit par la bouche de ses Prophètes : Cherchez le Seigneur pendant qu'on le peut trouver ; cherchez continuellement sa face (Is 55.6 & Ps 104, 4). Celui-là cherche la face du Seigneur, qui dans toutes ses actions se souvient de lui, qui s'oublie soi-même, et oublie toutes les créatures. Les âmes lâches n'aiment pas à se souvenir de Dieu, elles craignent ses inspirations et ses lumières, parce qu'elles appréhendent d'être obligées de changer de vie. Ceux au contraire qui veulent être fidèles à la grâce ont toujours Dieu présent à l'esprit ; ils le conjurent sans cesse de les gouverner, de les soutenir, de les aider à pratiquer la vertu. Et sitôt que ce secours vient à leur manquer, sitôt qu'ils commencent à perdre le goût de Dieu, ils sont dans de continuelles inquiétudes, jusqu'à ce qu'ils l'aient recouvert : tous leurs soins, tous leurs efforts vont à rappeler dans leur mémoire la douce idée de celui qui faisait lui seul tous leurs délices, et qui seul peut les conduire à la perfection. Ils ne sont pas comme les tièdes et les imparfaits, qui souffrent tranquillement la privation de la lumière divine, et ne sentent point leur malheur. Ils crient, ils gémissent, ils ne cessent de réclamer le Seigneur, jusqu'à ce qu'ils l'aient enfin retrouvé ; et voilà le fruit d'une sainte simplicité qui ne regarde purement que Dieu.

    Le second moyen de chercher Dieu, c'est d'avoir toujours l'intention droite ; c'est de mettre tout en œuvre pour le trouver ; c'est de faire en toute rencontre ce qui lui plait davantage ; c'est d'étouffer dans son cœur tout ce qui inspire le respect humain et la vaine gloire ; c'est en un mot de ne songer qu'à honorer Dieu et à le servir. Quiconque en use autrement se cherche lui-même, et non Jésus-Christ. La simplicité fait cela, parce qu'elle n'a qu'un seul but, et qu'elle détourne la vue de tout le reste. Il n'y a en effet qu'une seule route pour une âme simple, au lieu qu'il y en a mille pour celle qui prend des détours, et qui se jette à l'écart. Le droit chemin est unique, et ceux qui le suivent n'ont en vue que de faire ce que Dieu désire d'eux. Quand on a peu d'amour pour Dieu, et peu de zèle pour son service, on s'attache à tout ce qui s'offre d'agréable aux sens ; mais quand on l'aime tout de bon, on ne veut que ce qui lui plait, et c'est proprement ce qu'on appelle chercher Dieu ; c'est ce que notre Seigneur nous recommande, lorsqu'il veut que nous cherchions son Royaume avant toute chose (Mt 6, 33). Mais Dieu se plaint avec raison en plusieurs endroits de l’Écriture, qu'il n'y a personne qui le cherche (Ps 51, 3), et qui aille à lui, par une intention pure et efficace de lui plaire.

    Le troisième moyen de le chercher, est de faire tout ce qu'on peut pour se remettre dans le bon chemin, dès qu'on s'aperçoit qu'on l'a quitté. Si donc vous reconnaissez que vous vous êtes trop épanché au dehors, trop dissipé, trop laissé aller à des divertissements et à des conversations du monde, si vous sentez que votre âme est appesantie par la recherche des biens périssables, ou relâchée par la paresse et par la tiédeur, rentrez incontinent en vous-même ; fortifiez-vous par l'oraison ; ayez soin de bien régler votre intérieur. Car ceux qui mettent leur béatitude dans les voluptés sensuelles, et dans les plaisirs du monde, y trouvent enfin leur dernier malheur. Pour ce qui est des âmes pures et fidèles, rien ne leur fait plus de peine que le relâchement où elles croient être. Elles sont dans l'impatience de rallumer le premier feu de leur dévotion, de s'unir à notre Seigneur plus fortement que jamais, de renouveler leur vigilance et leur ferveur, soit dans leurs prières, soit dans leurs œuvres. De cette sorte elles cherchent Dieu, et font tant qu'à la fin elles le trouvent. »

    Jean-Joseph Surin s.j. (1600-1665), Les fondements de la vie spirituelle tirés du Livre de l'Imitation de Jésus-Christ (Livre II, ch. VII), Nouvelle édition revue et corrigée par le P. Brignon s.j., A Paris, Chez la Veuve Le Mercier, 1737.

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  • Méditation : "Dieu présent partout"

    « Le respect qui est dû à la présence de Dieu demande particulièrement que l'on évite le péché. Oh ! combien cette vérité est efficace pour nous empêcher d'offenser la majesté infinie de cet être suradorable, Dieu nous regarde ! Ce solitaire s'en servit saintement, à l'égard d'une malheureuse qui le sollicitait au péché. « Allons, lui dit-il, dans la place publique » ; ce qui ayant comblé de confusion cette infâme créature, elle s'écria qu'il n'était pas possible de commettre des actions pareilles devant tant de monde. « Hélas ! lui répondit le solitaire, comment donc peut-on les faire devant Dieu ! » Un autre ermite se servit encore heureusement de la même pensée : dans un voyage s'étant trouvé dans une hôtellerie où il rencontra une femme qui le portait au crime, il lui dit qu'il le voulait bien, à condition qu'elle le mena en quelque lieu si retiré, qu'ils ne pussent être aperçus de personne. Ensuite cette femme l'ayant conduit dans plusieurs chambres écartées, car l'ermite lui disait toujours qu'il n'en trouvait pas d'assez retirées, comme elle en demandait la raison : « C'est, lui dit-il, que je n'en trouve point où nous ne soyons vus de Dieu. » Où ira le pécheur pour se cacher de son esprit, et pour fuir de devant sa face ? il n'y a point de ténèbres qui le puissent cacher à ses yeux ; car la nuit même sera lumineuse au milieu de ses plaisirs. L'obscurité des ténèbres n'est point obscure pour Dieu, elle est claire pour lui comme le jour ; et la nuit et le jour sont pour lui la même chose : comment donc faire, en sa présence, ce qu'on ne voudrait pas faire devant le moindre des hommes ? Si saint Bernard s'étonnait si fortement de ce que l'on osait pécher en la présence de son ange gardien, dans quel étonnement devons-nous être de ce que l'on est assez hardi d'offenser Dieu devant Dieu ? »

    Vénérable Henri-Marie Boudon (1624-1702), in "Œuvres complètes de Boudon, Grand Archidiacre d'Evreux", Tome Premier (Dieu présent partout, ch. V), J.-P. Migne, Editeur, Paris, 1856.

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  • Méditation : Comment Dieu veut que nous le servions

    Septuagésime : Comment Dieu veut que nous le servions

    « Dieu veut que nous nous donnions à lui tout entiers, à lui seul, à lui toujours, à lui par estime et par amour.

    - 1° A lui tout entiers : car, puisque nous tenons tout de lui, et l'âme et le corps, et nos facultés avec leurs actes, et notre existence avec tous les moments dont elle se compose, nous devons tout lui donner ; et, en lui donnant tout, nous ne faisons que lui rendre son bien : lui donner un rien de moins ne saurait le contenter.

    - 2° A lui seul, car nul autre n'ayant contribué à notre être, sinon comme instrument de ses volontés, je dois le servir lui seul, c'est-à-dire avoir une intention constante et invariable, droite et pure, de plaire à lui seul, sans égard à personne ni à moi-même. Donner à une autre la moindre partie de mon coeur ou de mon temps, ce serait le crime du serviteur qui, ayant sous la main les biens de son maître et la dispensation de ses revenus, en retiendrait une partie pour son propre usage ou pour celui de ses amis ; car les actes de mon corps ou de mon âme ne sont que comme les produits ou les revenus de ma substance qui est toute à Dieu.

    - 3° A lui toujours : car tous mes moments lui appartiennent essentiellement ; s'il cessait un seul instant de me soutenir, je tomberais dans le néant ; s'il cessait de concourir avec moi pour l'action, la parole ou la pensée, je ne pourrais ni me mouvoir, ni parler, ni agir. Donc, tous les jours et à tous les instants du jour et de la nuit, je dois être à vous, ô mon Dieu, toujours appliqué à vous plaire ; et dérober un seul moment pour moi ou pour la créature, ce serait léser vos droits, ce serait usurper ce qui vous appartient.

    - 4° Je dois être à Dieu par estime et par amour, c'est-à-dire que, quand même je n'attendrais rien de Dieu, je devrais encore être tout à lui, parce qu'il m'a créé et me conserve par un amour tout gratuit, non seulement sans intérêt, mais souvent même contre les intérêts de sa gloire que j'offense.

    Je dois donc m'oublier moi-même pour ne chercher en tout que Dieu seul, et ne plus rien faire que pour son amour. C'est là la première leçon du catéchisme, contenue dans ces paroles : Dieu nous a créés pour le connaître, l'aimer et le servir : telle est la pierre ferme sur laquelle doit s'élever l'édifice de toute religion et de toute perfection ; et ce fut dans ces pensées qu'Abraham trouva le courage de quitter son pays, de sacrifier Isaac, de mener une vie parfaite, et que Job trouva la patience et la résignation parmi les plus grandes calamités. C'est à nous à en tirer le même profit. Malheur à nous, si nous ne le faisons pas ! Oui, mon Dieu, j'en prends mon parti ; je me détermine franchement, généreusement, entièrement à vous servir : je ne veux que cela au monde et je le veux de toutes mes forces, sans vue intéressée, sans respect humain. Je vous laisse mon cœur et le livre tout à votre amour ; je le dévoue à vos desseins, je l'abandonne à votre conduite : j'éviterai avec soin les moindres fautes, et je ferai tout le bien possible avec toute la perfection dont je suis capable, c'est-à-dire promptement et sans délai, pleinement et sans aucun mélange de ma volonté, purement et sans autre vue que celle de vous plaire, constamment et sans me lasser ni m'ennuyer, ni cesser que je n'aie fini ce que vous voulez de moi. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Dimanche de la Septuagésime), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Estampe du graveur Cochin – Parabole des ouvriers de la vigne (XVIIe siècle)
    Musée des beaux-arts de Nancy

  • Méditation : ... allons !

    « Si vous me demandez : Comment pourrai-je faire pour acquérir l'amour de Dieu ? - En le voulant aimer. Au lieu de vous appliquer à penser et demander : Comment pourrai-je faire pour unir mon esprit à Dieu ? mettez-vous en la pratique par une continuelle application de votre esprit à Dieu, et je vous assure que vous parviendrez bien plus tôt à votre prétention que non pas par aucune autre voie ; car à mesure que nous nous dissipons nous sommes moins ramassés, et partant plus incapables de nous unir et joindre avec la divine Majesté, qui nous veut tout sans réserve... En ce qui regarde notre perfection, qui consiste en l'union de notre âme avec la divine Bonté, il n'est question que de peu savoir et beaucoup faire. Il faut aller grandement simplement en cette sainte besogne, car ceux qui vont continuellement demandant le chemin le plus court pour aller en la ville où ils prétendent d'aller, courent fortune d'arriver plus tard que ceux qui ayant enfilé le grand chemin ne s'en détournent point... Allez toujours, dit-on à ces âmes pleines de désirs de leur perfection, en la voie de votre vocation en simplicité, vous amusant plus à faire que non pas à désirer le plus court chemin. »

    St François de Sales (1567–1622), Entretiens spirituels (VI. Sur le sujet de la modestie), in "Œuvres", nrf Gallimard, 1969.

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  • Méditation : louange et adoration, un devoir

    « L'adoration est un profond abaissement de l'âme devant la Majesté suprême, devant celui qui, d'un seul mot, a créé le ciel et la terre, qui, d'un regard, fait fondre les nations comme la cire, sous les pas duquel les collines se courbent avec respect, devant ce Dieu qui envoie les foudres et les tempêtes, pour être les ministres de sa colère, et qui les enchaîne, quand il lui plaît d'exercer sa miséricorde. A la vue de la grandeur de Dieu, l'âme s'humilie, se confond et s’anéantit en sa présence ; elle fait l'humble aveu de sa dépendance ; elle loue et glorifie le saint nom de Dieu ; elle lui rend grâce des biens qu'elle a reçus de lui, et lui demande humblement ceux qui lui manquent, et qu'elle n'attend que de sa seule bonté ; elle s'offre elle-même et se consacre à lui sans réserve, pour accomplir en tout sa sainte volonté. Ces sentiments intérieurs se manifestent au-dehors par des actions qui y répondent, comme des génuflexions, des prières, et surtout par le sacrifice de la Messe, qui est de tous les actes d'adoration le plus excellent et le plus auguste.

    Vous devez donc, mon cher Théophile, rendre à Dieu tous les jours, principalement le matin et le soir, le tribut de louange et d'adoration qu'il exige de vous. C'est par cet exercice de religion qu'il faut commencer et finir la journée. Ne manquez jamais de remplir un devoir si important et si essentiel ; que votre première pensée, que le premier mouvement de votre cœur s'élève vers celui qui vous a créé, qui vous conserve, et qui vous comble chaque jour de nouveaux bienfaits. »

    Abbé Lhomond (1727-1794), Doctrine chrétienne en forme de lectures de piété (Seconde Partie, Des commandements, XXXIXe Lecture), Nouvelle édition, Lyon, Chez Rusand, 1808.

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  • Méditation : action de l'Esprit Saint en l'âme

    « L'Esprit divin purifie, par la foi, l'image de Dieu dans mon âme. Il guérit mon aveuglement spirituel et ouvre mes yeux aux choses de Dieu. Il prend possession de ma volonté pour que je ne demeure plus esclave de mes passions, de mes impulsions et que je puisse agir dans la paix féconde que donne la liberté spirituelle. En m'enseignant peu à peu la charité, Il perfectionne dans mon âme la ressemblance à Dieu en me rendant conforme au Christ. Car mon union au Christ est bien davantage que l'imitation de Ses vertus telles que les décrit l’Évangile ; ce doit être une union créée en moi par l'action de Son Esprit transformateur. Et la vie que l'Esprit insuffle au mien est le Christ Lui-même, mystiquement présent dans mon être et ma personne. La vie surnaturelle qui Le rend spirituellement présent dans mon âme est tout aussi réelle que la vie physique qui Le rend matériellement présent en moi. Ces deux vies sont des dons que Dieu a voulus pour moi puisque l'une est élevée et perfectionnée par l'autre. Et bien qu'elles puissent être considérées comme théoriquement (de jure) séparées, elles sont destinées, dans le plan de Dieu, à être réalisées (de facto) ensemble, et, ensemble, à me donner ma pleine stature et ma pleine réalité en Dieu. Elles sont toutes deux nécessaires pour faire de moi ce que Dieu veut que je sois. »

    Thomas Merton (1915-1968), Le Nouvel Homme (105), aux Éditions du Seuil, Paris, 1969.

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  • Méditation : l'adoration

    « L'adoration est la première justice que Dieu réclame.
    Dieu est. Quand il se nomme il prouve ses droits ; car il est l’Être. Son existence est absolue, sans limitation, immuable et nécessaire. Comme un centre aux mille rayons, l'être s'épanouit en lui dans toutes ses formes. Intelligence, vouloir, amour, bonté, fécondité, justice, puissance... allongez jusqu'à l'infini cette liste... et tout cela dans sa plénitude, et tout cela dans l'unité, dans la simplicité parfaite, et tout cela éternellement : voilà Dieu.
    Et tous les autres, qui possèdent un reflet de ces choses, ne le possèdent que par lui, ne le possèdent qu'en lui, sans qu'il soit possible de lui en enlever la possession primordiale, il en reste le maître plus qu'eux-mêmes, de sorte que c'est une justice qu'ils reconnaissent devant lui qu'ils ne sont rien, et que lui seul est tout.
    Or cela, c'est l'adoration.
    Adorer, c'est reconnaître le tout de l'objet et le néant de celui qui adore. C'est proclamer que cet objet a toutes les perfections, tous les droits, tout l'être. L'adoration, c'est le néant qui se pâme et volontairement expire en face de l'Infini. »

    R.P. Sertillanges o.p. (1863-1948), Jésus (La prière de Jésus), Paris, Librairie Victor Lecoffre, 1900.

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  • Méditation : silence et prière

    « Il faut s'habituer à prier en tout lieu comme en tout temps. Le lieu de la prière, c'est l'âme et Dieu qui l'habite. Quand vous prierez, suivant le conseil de Jésus, entrez dans la chambre intime et retirée de votre âme, enfermez-vous là, et parlez à votre Père dont le regard aimant cherche votre regard. Voilà le vrai temple, le sanctuaire réservé. On le porte avec soi ; on peut sans cesse ou s'y tenir ou y rentrer bien vite après quelque sortie. Il faut en faire un lieu bien propre ; il faut l'orner : le grand ornement, c'est Dieu même. Il doit y retrouver ses traits. Ses traits, ce sont ses perfections. Participées par notre âme elles prennent le nom de vertus. L'âme qui les porte est belle de la beauté divine. Les vertus nous refont à l'image de Dieu, à l'image du divin Fils qui est venu les pratiquer ici-bas pour nous montrer les traits divins.

    Dans ce sanctuaire réservé, nouveau ciel et royaume de Dieu, la solitude et le silence doivent régner. Dieu est seul avec lui-même. Les Personnes divines ne portent pas atteinte à cette solitude ; elles la constituent. L'amour qui les anime les ferme à tout ce qui n'est pas lui : la cité est immense mais close, et Dieu seul l'occupe qui est "tout en tous" (1Co 15, 28). L'âme qui prie doit reproduire cette solitude, s'emplir de lui, rejeter tout autre.

    Le colloque qui s'engage alors est silence...

    C'est vers cette unité que nous tendons quand nous sommes enfermés en Dieu. il est devenu tout, nous le lui disons et nous ne savons plus dire autre chose. C'est le silence de l'âme rentrée en elle-même et occupée de Celui qu'elle y trouve... »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Face à Dieu, Parole et Silence, 1999.

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    Atelier de Rembrandt : L'adoration des bergers (1646)

  • Méditation pour la Nativité du Seigneur

    « En Jésus Christ, le Fils de Dieu, Dieu lui-même s’est fait homme. C’est à Lui que le Père dit : « Tu es mon fils ». L’aujourd’hui éternel de Dieu est descendu dans l’aujourd’hui éphémère du monde et il entraîne notre aujourd’hui passager dans l’aujourd’hui éternel de Dieu. Dieu est si grand qu’il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu’il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l’aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre dans l’étable, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu’elle se communique à nous et continue à agir par notre intermédiaire. C’est cela Noël : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Dieu est devenu l’un de nous, afin que nous puissions être avec Lui, devenir semblables à Lui. Il a choisi comme signe l’Enfant dans la crèche : Il est ainsi. De cette façon nous apprenons à le connaître. Et sur chaque enfant resplendit quelque chose du rayon de cet aujourd’hui, de la proximité de Dieu que nous devons aimer et à laquelle nous devons nous soumettre – sur chaque enfant, même sur celui qui n’est pas encore né. »

    Benoît XVI, extrait de l'Homélie de la Messe de la Solennité de la Nativité du Seigneur, 25 décembre 2005.
    (Texte intégral)

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    Dessin de Cicely Mary Barker (1895–1973)
  • Méditation : le silence du coeur...

    « Vous devez être emplies de silence, car, dans le silence du cœur, Dieu parle. Un cœur vide, Dieu le remplit. Même Dieu Tout-Puissant ne peut remplir un cœur plein - plein d'orgueil, d'amertume, de jalousie ; nous devons renoncer à ces sentiments. Tant que nous nous y accrochons, Dieu ne peut pas le remplir. Silence du cœur, pas seulement de la bouche - qui est aussi nécessaire - mais plus encore, ce silence de l'esprit, silence des yeux, silence du toucher. Alors vous pouvez L'entendre partout : dans le bruit d'une porte qui se ferme, dans la personne qui a besoin de vous, dans le chant des oiseaux, dans les fleurs, les animaux - ce silence qui est émerveillement et louange. »

    Bse Mère Teresa (1910-1997), Quand l'amour est là, Dieu est là, Desclée De Brouwer, Paris, 2011.

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  • Méditation de la 4ème semaine de l'Avent : le silence (3ème jour)

    « "Indica mihi ubi pascas, ubi cubes ?" Nous le savons maintenant ; si nous séparons Jésus de sa Croix, si nous faisons de l'apostolat en oubliant les droits exclusifs du Christ sur les âmes, si nous nous lançons dans une vie active mal comprise, avec tous ses inconvénients, nous divaguons. Si, au contraire, nous respectons, chez le Seigneur, son rôle de pasteur, tel qu'il l'entend, cela va bien ; si nous respectons en lui l'Époux de la Croix, tout va bien encore. En suivant ces deux indications, nous avons toute assurance d'être avec lui, de faire partie de son troupeau.
    Et alors... Écoutons-le puisqu'il parle : "qui loquitur tecum", et, pour l'écouter, faisons silence, car la voix du Seigneur est non pas faible (elle est, au contraire, très forte), mais tellement douce que si l'on ne fait pas un silence profond on ne peut l'entendre. Ceci n'est pas contradictoire. De là, l'importance extrême du silence... non pas seulement comme moyen de sanctification, mais bien comme condition sine qua non de notre union à Dieu. Si nous ne nous appliquons pas à tous les genres de silence, silence matériel, silence extérieur, silence intérieur, nous ne pourrons pas entendre la voix de Notre-Seigneur. C'est tout à fait impossible ; une âme qui n'est pas complètement entourée de silence ne le pourra jamais. »

    [P. Pierre-Thomas Dehau (1870-1956)], Des fleuves d'eau vive, Lyon, Les Éditions de l'Abeille, 1941.

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  • Méditation de la 3ème semaine de l'Avent : le recueillement (1er jour)

    « La dissipation est opposée au recueillement. Être dissipé, c'est penser à plusieurs choses lorsqu'on ne devrait penser qu'à une seule. Être recueilli, c'est se fixer à ce qui doit occuper actuellement sans penser à autre chose.
    Le recueillement consiste à éviter la dissipation, et par conséquent à retenir ses sens intérieurs, qui sont l'esprit et l'imagination, ainsi que les sens extérieurs qui sont la langue, les yeux, les oreilles, afin qu'ils ne se portent pas à toutes sortes d'objets, et que l'esprit puisse s'appliquer entièrement à ce qui doit l'occuper.
    ...
    Évitez l'oisiveté. Un esprit oisif court partout et ne s'arrête nulle part ; c'est un oiseau, c'est un papillon qui ne fait que voltiger.
    Évitez l'empressement, modérez l'activité naturelle. Que votre âme ne sorte jamais de vos mains. Et si vous sentez que votre cœur veut vous échapper, dites-lui aussitôt : mon cœur, où vas-tu ? reviens, tu ne m'abandonneras pas.
    ...
    Dieu pense toujours à nous, pensons le plus souvent que nous pouvons à Dieu. Que les yeux de notre âme soient toujours, comme ceux du prophète, fixés sur le Seigneur (1). Puissions-nous dire avec lui : je ne perds point de vue le Seigneur, qui est ma défense ; il m'accompagne et me met à couvert de ce qui peut me nuire (2). Un saint abbé disait souvent à ses moines, que l'exercice de la présence de Dieu était le moyen des moyens pour devenir parfait ; il leur répétait sans cesse ces paroles du Seigneur au père des croyants, afin qu'ils les méditassent : « Marchez en ma présence et soyez parfait, j'établirai pour toujours une alliance entre vous et moi » (3). »

    1. "Oculi mei semper ad Dominum." (Ps 24, 15) - 2. "Providebam Dominum in conspectu meo semper, quoniam a dextris est mihi ne commovear." (Ps 15, 8) - 3. "Ambula coram me et esto perfectus ; ponamque foedus meum inter me et te." (Gn 17, 1-2).

    [Jean-Baptiste Lasausse], La science de l'oraison mentale ou Instructions pour chaque jour du mois (IXe Jour), A Paris, De l'Imprimerie de Crapart, 1791.

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  • Méditation : langage d'âme, offrande de silence

    « Lorsque le remous des pensées s'apaise et que s'estompe le bruissement de l'imagination, comme les ombres portées du mur dans l'avènement du soir, quelque chose, en effet, se produit, qui n'est pas la cessation de la vie ni le dépérissement de la joie, mais l'amplitude de l'Autre, la résurgence de Dieu en nous, ce vertige des lèvres désormais closes sur le bien du cœur enveloppé de son Dieu.

    « Je vous bénis, Père, de ce que vous avez montré aux petits, de ce que vous avez laissé aux savants et aux prudents » (Mt 11, 25).

    ainsi priait Jésus devant les foules ébahies de cet éloge de l'enfance qui ne sait rien, mais qui, dans  l'offertoire de son silence, reçoit sa nourriture. Il faut se laisser combler de cet éblouissement qui nous saisit là dans le secret et nous conduit sans bruit vers Celui qui Est. Le langage d'âme est silencieux. Il remonte comme un fleuve vers sa source et nous libère des bois flottants de la parole, nous plongeant inexorablement dans la réalité divine. C'est cela être attiré à plus de silence, ce cheminement intérieur jusqu'à la diminution de soi où s'exhale l'invisible, ce consentement au Dieu de notre vie dont nous ne percevons que le parfum, là au centre de notre étourdissement, comme un soleil d'amour insaisissable mais vivant et fort qui nous fait murmurer aux heures sombres de la vie :

    L’Éternel est ma force et mon bouclier ; En lui mon cœur se confie, et je suis secouru ; J'ai de l'allégresse dans le cœur. (Ps 28, 7)...
    Tant que nous ne sommes pas parvenus à la nudité nous ne pourrons devenir ni obéissants, ni patients, ni doux, ni pacifiés, ni parfaits dans la charité, vertus sans lesquelles notre cœur ne peut être la demeure du Saint-Esprit, puisque le Seigneur déclare à son prophète : « Sur qui reposera mon esprit, sinon sur le paisible, l'humble et celui qui tremble à mes paroles. » (Is 66, 2). (*)

    Et dans ce repos paisible où veille notre prière, Dieu est cette touche intérieure qui fait frémir l'être et le vivant. »

    (*) : Jean Cassien, Institutions cénobitiques, L. XII, ch. 31, Jean-Claude Guy éd., « Sources chrétiennes » n°109, Cerf, Paris, p.497-499.

    Nathalie Nabert, Le Maître intérieur (Silence), Ad Solem, Genève, 2006. (p.35 + cit. p.38)

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    Christ blessing the little child (1873)
    (courtesy of Sankt Nikolai Kirke, Holbaek, Denmark)

  • Méditations de la 1ère semaine de l'Avent : la douceur (1er jour)

    « Discite a me quia mitis sum et humilis corde »
    « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur »
    Mt XI, 29
     
    « Ne jamais parler quand on est ému.

    Quand vous murmurez contre tout, temps, personnes et choses, reconnaissez que c'est vous qui avez tort et que votre mauvaise humeur ne vient que de vous.

    C'est dans les difficultés imprévues que le fond de l'âme se révèle. On sent, on pense, puis on parle et on agit tel qu'on est.

    Jésus vous rendra doux, doucement. Il faut longtemps pour introduire une bonne habitude dans la vie.

    Il faut à tout prix arriver à la complète domination de soi-même. Notre divin Sauveur est notre modèle. Il est doux. Il veut des âmes douces comme Lui.

    Pour la perfection de la vie contemplative, il faut au moins une paix suffisante avec le prochain. Il y a certains caractères irascibles, un peu à charge aux autres. Comment faut-il les prendre ? On les compare à un fagot d'épines : je me piquerai de quelque côté que je le touche... Ils souffrent et font souffrir... Il n'y a pas là évidemment cette ouverture de cœur, cet épanouissement de la charité nécessaire à la vie contemplative.

    De plus nous avons la grande mission de nous aider les uns les autres à aimer le Bon Dieu. Il ne faut pas être obstacle.

    Et quel a été le résultat de nos manifestations de mauvaise humeur, qu'est-ce que cela arrange ? Rien du tout.

    Que faire si l'on a pas su lentement, réellement se discipliner ? Parer tout d'abord aux difficultés immédiates : s'interdire toute manifestation extérieure, étouffer les sentiments intérieurs. Puis demander instamment à Notre Seigneur dans la Sainte Communion la vertu de douceur : « Discite a me quia mitis sum et humilis corde » (Mt XI, 29). Il la fera descendre goutte à goutte dans notre âme. Il nous donnera grâce ensuite à chaque occasion pour surmonter l'impatience qui gronde parce que nous tenons trop à notre jugement, à notre volonté ou à nos goûts et pour étouffer toute mauvaise humeur.

    Donc résolution très nette de ne se fâcher jamais, de ne s'irriter ni au dehors, ni au dedans, de réprimer dès qu'on s'en aperçoit le moindre mouvement d'impatience.

    Faites tout ce qui dépend de vous pour retrouver le calme. Ce calme divin qui vient de Dieu nous donne à nous-même, nous donne à Dieu et nous donne Dieu. Si nous savions en comprendre le prix, nous ferions tout pour le garder quand nous le possédons, tout pour le retrouver quand il nous est enlevé, tout pour le rétablir dans sa plénitude quand il a été troublé. Pour goûter Dieu, il faut être calme. Pour voir et réaliser la volonté de Dieu, il faut encore et toujours être calme.

    Une âme qui n'est pas paisible, calme et douce ne peut pas plaire au Bon Dieu : elle n'a pas la piété filiale parfaite parce qu'elle ne sait pas reconnaître la volonté du Bon Dieu dans tout ce qu'elle rencontre de pénible, dans les caractères qui l'entourent, dans les événements qui arrivent.

    Elle ne voit que ce qui la heurte ; elle ne peut pas dire au Bon Dieu qu'elle L'aime vraiment puisqu'elle regimbe contre l'aiguillon !

    Nous sommes appelés à vivre avec le Bon Dieu, à nous entretenir familièrement avec Lui, à L'aimer, à Le faire aimer dans une certaine mesure : par cette impatience, cette irritation, tout cela est compromis.

    Combien avons-nous perdu de temps à cause de nos mouvements d'humeur ? Que de souffrances inutiles, que de grâces tombées à terre !

    A quel degré d'intimité avec Notre-Seigneur serions-nous parvenus si nous étions vraiment bons et doux au dedans et au dehors ? »

    Robert de Langeac [Abbé Augustin Delage p.s.s. (1877-1947)], Conseils aux âmes d'oraison (ch. IV), 2ème série, Paris, P. Lethielleux, 1952.

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  • Méditation - Poésie : la sainte Présence

    « Ô Dieu, dans la solitude,
    Vers vous j'élève mon cœur.
    Je viens, si l'épreuve est rude,
    Me mettre à vos pieds, Seigneur !
    Ce soir, pas une chaumière
    Ne brille au triste horizon ;
    Qu'importe : j'ai la lumière
           De votre maison.

    Là-bas, c'est la nuit profonde,
    Partout on la voit passer.
    Où sont les gloires du monde
    Que l'ombre vient d'effacer ?
    Ici, dans le tabernacle,
    Au lieu des fastes d'un jour,
    Je vois l'éternel miracle
           Du céleste amour !

    Ô lampe de mon église,
    Rayon de l'astre immortel,
    Veilleuse, flamme indécise,
    Tremblante devant l'autel ;
    Au souffle qui te balance
    Mon cœur aussi doit trembler :
    J'entends, au fond du silence,
           Dieu me parler. »

    Paul Harel (1854-1927),
    Le Cantique du Prêtre dans une église de campagne
    ,

    in "Poèmes à la Gloire du Christ" Suivis de Poésies diverses,
    Editions Spes, Paris, 1928.

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  • Méditation : Jésus est roi

    « Jésus est roi en étant celui qui nous conduit à la vie qui ne passe pas, à la vie éternelle, à la résurrection. Les rois de la terre meurent. Et ils sont remplacés par d'autres. S'ils peuvent quelque chose pour la vie terrestre de leurs sujets, et encore pas toujours, ils ne peuvent rien pour les faire vivre au-delà de la mort. Jésus aussi est mort, mais il est ressuscité, et il est vivant d'une vie difficile à concevoir. S'il est ressuscité, c'est pour que nous ne restions pas dans la mort quand nous mourons, mais pour qu'avec lui nous vivions auprès de Dieu, pour que nous entrions dans le Royaume de Dieu qui est le Royaume de la Vie, de la Lumière, de l'Amour. En disant que Jésus est notre roi, nous proclamons que nous trouvons en lui l'espérance de vivre après notre mort, auprès de Dieu, avec la Vierge Marie et tous les saints.

    Jésus est roi, dit l’Évangile, en jugeant toutes les nations, tous les hommes, à commencer par nous quand il viendra à notre rencontre dans notre mort, et à la fin de l'histoire humaine. Mais il est roi parce qu'il jugera comme Dieu seul peut juger. Les rois de la terre exercent aussi la justice. Dans leurs royaumes, il y a des juges, des avocats, des palais de justice. La plupart essaient de bien juger. Pourtant leur justice est toujours imparfaite, même dans les meilleurs des cas. Elle ne peut que juger à partir des lois, souvent bonnes, parfois mauvaises. Elle ne peut jamais voir ce qu'il y a dans le cœur des hommes. Qu'est-ce qu'il y a dans le cœur d'un homme qui passe en justice ? Aucun roi de la terre ne peut le dire.

    Jésus seul, comme Dieu, nous jugera en nous amenant à voir clair nous-mêmes dans notre cœur, dans ce qu'il y a de plus caché en nous. Mis devant Jésus, nous reconnaîtrons si oui ou non nous avons mis à la première place de notre vie le seul essentiel qui compte : l'amour gratuit qui s'ignore, qui s'adresse même à ceux qui n'ont rien pour attirer : les affamés, les malades, les étrangers, les sans-logis, les prisonniers. Jésus est roi parce qu'il est le seul juge vraiment juste, devant qui tout homme sera amené à reconnaître le fond mystérieux et décisif de sa vie. il est Roi parce que, ressuscité des morts, il fera part de la vie éternelle de Dieu à ceux qui l'ont reçu. Alors, comme le dit saint Paul, sera vaincu le dernier ennemi, la mort, et, « quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 26-28). »

    Mgr Raymond Bouchex, Il est avec nous tous les jours (Vers un ciel nouveau et une terre nouvelle), Parole et Silence, Paris, 2007.

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  • Méditation : l'heureuse faiblesse

    « Bienheureux l'homme qui connaît sa propre faiblesse. Car cette connaissance est en lui le fondement, la racine, le principe de toute bonté. Quand un homme a appris et senti sa propre faiblesse, il concentre son âme hors de la vanité qui enténèbre la connaissance et il garde en lui comme un trésor la vigilance. Mais nul ne peut sentir sa propre faiblesse, s'il ne lui a pas été donné, si peu soit-il, d'être éprouvé par les peines du corps ou par celles de l'âme. Comparant alors sa faiblesse à l'aide de Dieu, il connaîtra la grandeur de cette aide.
    Par son grand désir du secours de Dieu, il approche Dieu en demeurant dans la prière. Et autant il approche Dieu par sa résolution, autant Dieu l'approche par ses dons, et il ne lui enlève pas sa grâce, à cause de sa grande humilité. Car un tel homme est comme la veuve qui ne cesse d'en appeler au juge pour qu'il lui rende justice contre son adversaire. Dieu compatissant retient les grâces, pour que cette réserve incite l'homme à l'approcher et à demeurer auprès de celui d'où coule son bien. »

    Isaac le Syrien (Isaac de Ninive, VIIe s.), Discours ascétique n°21, Trad. J. Touraille, in "Œuvres spirituelles", DDB, Paris, 1981.

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  • Méditation : se reposer en Dieu seul

    « En tout et par-dessus tout, repose-toi en Dieu, ô mon âme, parce qu'il est le repos éternel des saints. Aimable et doux Jésus, donnez-moi de me reposer en vous plus qu'en toutes les créatures ; plus que dans la santé, la beauté, les honneurs et la gloire ; plus que dans toute puissance et dans toute dignité ; plus que dans la science, l'esprit, les richesses, les arts ; plus que dans les plaisirs et la joie, la renommée et la louange, les consolations et les douceurs, l'espérance et les promesses ; plus qu'en tout mérite et en tout désir ; plus même que dans vos dons et toutes les récompenses que vous pouvez nous prodiguer ; plus que dans l'allégresse et dans les transports que l'âme peut concevoir et sentir ; plus enfin que dans les anges et dans les archanges, et dans toute l'armée des cieux ; plus qu'en toutes les choses visibles et invisibles, plus qu'en tout ce qui n'est pas vous, ô mon Dieu !

    Tendre époux de mon âme, pur objet de son amour, ô mon Jésus, Roi de toutes les créatures ! qui me délivrera de mes liens, qui me donnera des ailes pour voler vers vous et me reposer en vous ? Oh ! quand serai-je assez dégagé de la terre pour voir, Seigneur mon Dieu, et pour goûter combien vous êtes doux ? Quand serai-je tellement absorbé en vous, tellement pénétré de votre amour, que je ne me sente plus moi-même et que je ne vive plus que de vous, dans cette union ineffable et au-dessus des sens, que tous ne connaissent pas ?...

    Venez, venez, car sans vous, tous les jours, toutes les heures s'écoulent dans la tristesse, parce que vous êtes seul ma joie, et que vous pouvez seul remplir le vide de mon cœur....

    Que d'autres cherchent, au lieu de vous, tout ce qu'ils voudront ; pour moi, rien ne me plaît ni ne me plaira jamais que vous, ô mon Dieu ! mon espérance, mon salut éternel ! »

    Imitation de Jésus-Christ, Livre III, ch. 21 1,3,4,5, trad. Abbé Félicité de Lamennais.
    Texte intégral : à lire et/ou télécharger.

    Imitation de Jésus-Christ