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  • Méditation - « Quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est présent dans le secret. » (Mt 6, 6)

    « Il faut sans cesse te redire que le lieu de la prière, c'est ton cœur, c'est-à-dire le centre de ton être, là où tu es toi-même pleinement libre, où tu t'ouvres ou tu te fermes à Dieu. Ton cœur, c'est la source même de ta personnalité consciente, intelligente et libre, et surtout le lieu où tu es habité par la présence de l'Esprit. Descends toujours plus profond dans ces abîmes de silence, où tu communies à la vie même de la Trinité.

    Trop souvent tu penses que prier, c'est développer devant Dieu de belles considérations intellectuelles. Détrompe-toi, Dieu n'a pas besoin de tes idées, il en a d'infiniment plus belles que toi. De même, ta prière ne peut consister en des sentiments ou des résolutions morales. Il te faut prier avec ton cœur, avec ton être tout entier. Prier c'est, avant tout, être en face de Dieu sous son regard. Si ton cœur est avec Dieu, le reste suivra, et tu sauras que lui dire et que faire.
    [...]
    Apprends à te tenir là, en face du Père, dans le silence de tout ton être, et surtout dans la conscience de son amour. A quoi bon parler pour lui dire ce qu'il sait et voit bien mieux que toi ? Viens simplement à l'oraison, avec le désir véhément et pacifié d'être là avec Dieu, pour Dieu, en présence de Dieu. Assieds-toi aux pieds du Seigneur, ouvre-lui largement ton cœur et tes mains, pour accueillir le don de sa présence amoureuse. Il ne t'est pas demandé d'élaborer des méditations rationnelles, ou d'adopter des comportements, mais simplement cette conscience de la présence et de l'amitié de Jésus-Christ.
    [...]
    Si tu exposes ton être profond au soleil de l'amour de Dieu, dans une cure de prière, tu purifieras l'air que tu respires, et tu retrouveras une paix profonde. N'oublie jamais que les hommes qui prient sont les poumons de l'humanité. Si la prière venait à disparaître de ta vie et de celle de tes frères, nous serions tous menacés d'asphyxie. »

    P. Jean Lafrance (1931-1991), Prie ton Père dans le secret (IV), Abbaye Ste Scholastique, Dourgne, 1978.

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  • Méditation - Quel est ton désir ?

    « Les hommes n'en font qu'à leur tête, alors que Dieu ne leur demande qu'une seule chose : n'en faire que selon leur coeur. Dieu voudrait les faire résonner - de toutes les musiques du ciel -, mais non : les hommes n'en finissent pas de raisonner - de faire taire à terre. A tort et à travers. C'est même leur tort principal, ce travers-là, cette manière de claquemurer les vérités, alors que celles-ci sont nées du désert et conduisent au désert. Et le désert est presque aussi grand que le ciel, ou que la mer, ou que l'amour du Père.
    - Faites de vos désirs des réalités, dit Dieu. Et vous verrez que le manque conduit à la plénitude plus sûrement que le trop-plein.
    Le trop-plein c'est la satiété jusqu'au dégoût. Le manque c'est le désir. Et le désir est un désert. Le Grand-Tout avec rien du tout autour. Le silence... Juste le murmure d'une brise légère. »

    François Garagnon, La Mise en Lumière. Mystère de l'Epiphanie & Message d'Amour de l'Enfant-Dieu (Chap.2 : Mise en route), Monte-Cristo, Annecy, 2003.

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  • Méditation - Lentement, devenir...

    « Tu la connais, ta vocation, à ce qu'elle pèse en toi. Et si tu la trahis, c'est toi qui la défigures ; mais sache que la vérité se fera lentement car elle est naissance d'arbre et non trouvaille d'une formule, car c'est le temps d'abord qui joue un rôle, car il s'agit pour toi de devenir autre et de gravir une montagne difficile ; car l'être neuf qui est unité dégagée dans le disparate des choses ne s'impose point à toi comme une solution de rébus, mais comme un apaisement des litiges et une guérison des blessures. Et son pouvoir, tu ne le connaîtras qu'une fois qu'il sera devenu. C'est pourquoi j'ai toujours honoré, d'abord pour l'homme, comme des dieux trop oubliés, le silence et la lenteur. »

    Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), Citadelle (chap.56), Éditions Gallimard, Paris, 1948.

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  • Méditation - Le sens du sacré

    « Notre siècle ne comprend rien parce qu'il a perdu le sens du sacré. L'esprit humain s'est merveilleusement développé dans le sens de l'analyse. Nous nous croyons très forts parce que nos psychologues et nos romanciers se sont livrés à de vraies débauches d'analyse psychologique : pourtant jamais l'homme n'a jamais moins su ce que c'est que vivre de son âme. Nos savants ont poussé si loin l'analyse de la matière qu'elle commence à s'évanouir entre leurs mains et qu'ils se demandent si par hasard la matière ne serait pas que de l'énergie, mais qu'est-ce que l'énergie ? L'essentiel nous échappe ; et l'essentiel, c'est que tous les êtres appartiennent à Dieu et qu'ils portent, pour ainsi dire, sa marque ; c'est qu'ils peuvent dire avec le Psaume : Signatum est super nos lumen vultus tui Domine (La lumière de votre visage a été marquée sur nous, Seigneur, Ps 4).
    [...]
    Toutes les grandes civilisations ont été l’œuvre de peuples qui, à un moment heureux de leur histoire, un moment de lucidité, ont pris conscience que le salut pour l'homme consistait à retrouver le sens de la création, à couper toutes les végétations parasites et à se greffer à nouveau, par une opération remontante, sur le tronc même de la création...
    Jamais aucun siècle n'a fait un aussi mauvais usage de ses génies et de ses saints. Jamais un tel mépris ne s'est aussi ouvertement exprimé à l'égard de ce qui n'a pour se défendre que les armes de la pureté. Dans cette énorme foire du monde moderne, où la réclame et la publicité grossissent les voix les plus bêtes au point qu'on n'entend plus qu'elles, dans cette bourse de commerce où tout est truqué, où tout le jeu consiste à ce que rien ne soit juste, celui qui a usé sa vie pour essayer de faire entendre un son pur se sent le cœur gonflé de mélancolie. Mais n'est-ce pas bien ainsi ? Rien de grand et de vrai ne s'accomplit que dans le secret du cœur, et rien n'en est révélé que par une mystérieuse naissance. Tant de bruit emplit le monde que les événements vraiment graves doivent s'envelopper d'un silence accru : cela ne les empêche pas d'éclore à l'heure qu'il faut. »

    André Charlier (1895-1971), Que faut-il dire aux hommes (Le sens du sacré), Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1964.
    (Biographie d'André Charlier)

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    Tympan de la cathédrale Saint Pierre de Worms en Allemagne (l'arbre de Jessé)

  • Méditation - De la vie intérieure

    « Le royaume de Dieu s'édifie surtout dans le silence ; il est, avant tout, intérieur, et caché dans les profondeurs de l'âme : Vita vestra est abscondita cum Christo in Deo : Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu (Col 3, 3). Sans doute, la grâce possède une vertu qui se traduit presque toujours au dehors par le rayonnement des œuvres de charité ; mais le principe de sa puissance est tout intime. C'est dans le fond du cœur que gît la véritable intensité de la vie chrétienne, là où Dieu habite, adoré et servi dans la foi, le recueillement, l'humilité, l'obéissance, la patience, la simplicité, le travail et l'amour.
    Notre activité extérieure n'a de stabilité et de fécondité surnaturelles qu'autant qu'elle se rattache à cette vie intérieure. Nous ne rayonnerons vraiment avec fruit au dehors que dans la mesure où le foyer surnaturel de notre vie intime sera ardent. »

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans ses mystères, Abbaye de Maredsous - DDB, 1923.

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    « Bien tard je t’ai aimée,
    ô beauté si ancienne et si nouvelle,
    bien tard je t’ai aimée !
    Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors
    et c’est là que je te cherchais,
    et sur la grâce de ces choses que tu as faites,
    pauvre disgracié, je me ruais !
    Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ;
    elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant,
    si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas !

    Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ;
    tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ;
    tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi ;
    j’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ;
    tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix.

    […]
    Ô amour qui toujours brûles et jamais ne t’éteins,
    ô charité, mon Dieu, embrase-moi ! »

    St Augustin, Confessions, X, 27, 38-29, 40 (BA 14, p. 209-213).
  • Méditation - N'oubliez pas votre joie

    « Nous sommes une joie qui trop souvent ne se connaît pas. Que le bavardage de notre tristesse se taise - la tristesse ne cesse de se dire - pour que le silence laisse aller la joie. »

    Vivre dans l'intimité du Christ, Tome 1, par un Chartreux, Presses de la Renaissance, 2005.

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  • Méditation - Du précieux silence intérieur

    « Vous devez être à la recherche de Dieu, l'appeler, courir après lui, lui dire sans cesse du matin au soir, et si vous êtes réveillé, du soir au matin : « Mon Dieu, où êtes-vous ? Donnez-vous à moi, je vous désire, je vous appelle, je vous cherche, j'ai besoin de vous. Vous n'avez pas besoin de moi pour être heureux, mais moi, je ne le suis pas sans vous. Mon cœur « a été fait pour vous et il est dans l'inquiétude tant qu'il ne se repose pas en vous. (1) » Il souffre quand il se rend compte qu'il ne vous aime pas, qu'il ne vous possède pas tout entier. » Voilà l'esprit d'oraison : un échange continuel de connaissance et d'amour, un tête-à-tête, un cœur-à-cœur. Y a-t-il une vie plus belle que celle-là ? [...]

    Que le silence est précieux à cause de la liberté qu'il donne à l'âme d'écouter Dieu, de Lui parler, de le contempler ; qu'il est nécessaire et que vous devez bien le pratiquer. Ne vous contentez pas du silence extérieur, mais assurez l'intérieur. Faites taire l'imagination, ce qui vous occupe et vous préoccupe, ce que vous avez à faire ; laissez tomber tout cela. Détachez le cœur des mille riens inutiles qui l'encombrent.

    [...] Une âme d'oraison se recueille, se sépare, se détache, se mortifie, se renonce pour trouver Dieu ; d'autre part cette âme le donne. Un centre lumineux éclaire, une source d'énergie se répand, un foyer d'amour embrase. Vous n'avez pas besoin de vous inquiéter, ni de chercher comment cela se fera. Par le fait même que vous serez une âme d'oraison, vous compterez parmi ces âmes vraiment mortifiées et apostoliques, qui répandent dans le monde un peu plus de connaissance de Dieu, un peu plus de charité. »

    1. St Augustin, Les Confessions I, 1.

    Robert de Langeac [Abbé Augustin Delage p.s.s. (1877-1947)], La vie cachée en Dieu (I), La Vigne du Carmel, Éditions du Seuil, Paris, 1947.

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  • Méditation - Prier comme un enfant

    « Oh ! la prière d'un véritable enfant de Dieu, comme elle est belle et mystérieuse ! Elle a quelque chose de la prière même de Jésus que certains ont essayé de décrire d'une manière touchante : Jésus priant seul sur les montagnes de Palestine, dans la solitude et le silence des nuits d'Orient.
    Qui pourrait dire quelque chose de ces divins colloques entre le Père et le Fils, dont la pensée seule nous ravit tout en nous aidant à prier, c'est-à-dire à parler cœur à cœur avec notre Père du Ciel tout aimant et tant aimé ?
    Rien du reste ne nous satisfait plus que les paroles mêmes de Jésus qui ont alors un sens si plein, si profond, si mystérieux.
    Notre Père qui êtes aux Cieux. Le Père de Jésus, du Verbe incarné, qui est aussi le mien.
    Que Votre Nom soit sanctifié ! Lui seul mérite la gloire et tant d'hommes la Lui refusent et L'offensent !
    Que Votre Règne arrive. Tous les hommes Lui appartiennent et si peu Le connaissent et L'aiment !
    Que Votre Volonté soit faite. Moi qui ai l'immense bonheur de Vous connaître, je ne veux vivre que pour faire cette aimable et toujours paternelle volonté.
    Sur la terre comme au ciel. Oui, jusque là ! N'être qu'un avec Vous, un seul esprit, un seul coeur, une seule volonté. C'est là ma mission, comme aussi la source de mon bonheur au ciel et déjà ici-bas.
    Car dans la mesure où je Vous aimerai Vous me donnerez le pain de chaque jour, Vous me pardonnerez mes offenses... Et Vous ne me laisserez pas succomber à la tentation, mais Vous me délivrerez du mal.

    Dans l'état dont nous parlons, cette prière dite lentement dans le silence, en présence de Dieu, est pleine ; elle dit tout, elle contient tout, elle suffit à tout. »

    Dom Godefroid Bélorgey (1880-1964), Abbé auxiliaire de N.D. de Cîteaux, Dieu nous aime (Ch. premier, III), Éditions du Cerf, Paris, 1949.

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    (Crédit photo : Charles Ostrand)

  • Méditation - Silence

    « Il faut toujours avoir soin d'employer fidèlement deux heures par jour à cultiver le silence, afin de le rendre susceptible de la présence de Dieu, et de recevoir ses saintes impressions, et sa divine opération, en sorte qu'il y ait une heure le matin et une autre heure après midi destinée à ce saint exercice ; et si en ce temps on est obligé de parler, qu'on observe de le faire avec modestie et grande récollection en la présence de Dieu.
    Ce silence s'étendra insensiblement de la langue sur tous les sens intérieurs, et pour lors il fera silence intérieur, nous rendant dégagés de toutes les passions, de tous les désirs, et de tous les desseins temporels ; et enfin nous arriverons au silence intime, qui mettra l'entendement, la volonté et la mémoire en un saint dénuement et dans un calme admirable, pour y entendre Dieu, et y recevoir ses saintes opérations quand et autant qu'il voudra, se tenant résigné à tout ce qu'il lui plaira nous donner : Tout ceci se fera avec la grâce de Dieu, à laquelle nous nous efforcerons avec la même grâce d'être forts fidèles. Paratum cor meum Deus, paratum cor meum ; paratum ad prospera, paratum ad adversa, paratum ad omnia (1) dit S. Bernard.
    [...]
    Il ne faut jamais omettre l'exercice de la présence de Dieu, qui est un regard mutuel de Dieu sur nous, et de nous vers Dieu : on doit donc travailler très soigneusement à la pratique de cette vertu, puisque c'est le fondement de toute la Vie spirituelle. »

    1. D'après le Ps. LVI : "Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt...".

    R.P. Nicolas Barré (1621-1686), Lettre LIX à un Ami, in "Lettres spirituelles du R. Père Nicolas Barré, Religieux de l'Ordre des Minimes", A Rouen, Chez Jean-Baptiste Besongne, 1697.

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  • Méditation - Présence de Dieu au milieu des croix

    « Vous demandez, monsieur, un moyen de conserver la présence de Dieu au milieu des croix. Pour moi, j'espère que vous sentirez combien les croix sont elles-mêmes propres à nous tenir dans la fréquente présence de Dieu. Qu'y a-t-il de plus naturel, quand on souffre, que de chercher du soulagement ? Mais quel soulagement et quelle consolation ne trouve-t-on pas dans la souffrance, quand on se tourne avec amour du côté de Dieu ! Quand vos maux vous pressent, vous envoyez chercher les médecins et les personnes de votre famille que vous croyez les plus propres à vous soutenir : appelez de même à votre secours le médecin d'en haut [...]. Appelez l'unique ami, le vrai consolateur, le père tendre, qui vous portera dans son sein, et qui vous donnera, ou l'adoucissement de vos maux, ou le courage de les souffrir patiemment dans toute leur amertume. Ô qu'il est doux de sentir une telle ressource en Dieu, et de savoir qu'elle ne peut jamais nous manquer ! [...]

    Je ne vous propose donc, monsieur, de vous jeter entre les bras de Dieu, que pour y trouver le plus doux de tous les remèdes. Comptez que c'est moins un sacrifice de votre volonté dans les douleurs, qu'un adoucissement de vos douleurs mêmes. Si vous vous accoutumez peu à peu à chercher en Dieu avec confiance tout ce qui vous manque en vous-même, vous vous ferez peu à peu une douce et heureuse habitude de vous tourner vers lui, toutes les fois que vos maux vous presseront, comme un petit enfant se retourne vers le sein de sa nourrice toutes les fois qu'il voit quelque objet qui l'effraie, ou qu'il sent quelque peine. [...]

    Demeurez souvent devant Dieu, à repasser doucement toutes ces choses. Un mot d'un Psaume ou de l'Évangile, ou de quelque autre endroit de l'Écriture qui vous aura touché, suffira pour élever de temps en temps votre cœur vers Dieu. Mais il faut que ces élévations de cœur soient faciles, courtes, simples et familières ; vous pouvez même les faire au milieu des gens qui sont avec vous, sans que personne s'en aperçoive. D'ailleurs, vous avez un avantage que vous ne devez pas laisser perdre, qui est de parler de piété avec les personnes de votre famille [...]. Quand ces petites conversations se font par épanchement de cœur, et avec une entière liberté, elles nourrissent l'âme, elles la fortifient, elles l'encouragent, elles la rendent robuste dans les croix, elles la soulagent dans ses tentations d'accablement ; elles élargissent un cœur serré par la peine, elles le tiennent dans une certaine paix qu'on ne goûte presque jamais lorsqu'on demeure renfermé en soi-même. [...] Vous pouvez laisser parler votre famille et vos amis, et vous contenter d'écouter. Pendant qu'on écoute la conversation, le cœur ne laisse pas de se recueillir souvent sur les choses intérieures, et il se nourrit de Dieu en secret. Le silence est très nécessaire et à votre corps et à votre âme. C'est dans le silence et dans l'espérance, comme dit l'Écriture, que sera votre force. »

    Fénelon (1651-1715), Extraits de la Lettre 48 (Au Marquis de Seignelay), in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

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  • Méditation - du silence intérieur

    « Dieu est le vrai ami qui nous donne toujours le conseil et la consolation nécessaire. Nous ne manquons qu'en lui résistant : ainsi il est capital de s'accoutumer à écouter sa voix, à se faire taire intérieurement, à prêter l'oreille du cœur, et à ne perdre rien de ce que Dieu nous dit. On comprend bien ce que c'est que se taire au-dehors, et faire cesser le bruit des paroles que notre bouche prononce ; mais on ne sait point ce que c'est que le silence intérieur. Il consiste à faire taire son imagination vaine, inquiète et volage ; il consiste même à faire taire son esprit rempli d'une sagesse humaine, et à supprimer une multitude de vaines réflexions qui agitent et qui dissipent l'âme. ll faut se borner dans l'oraison à des affections simples, et à un petit nombre d'objets, dont on s'occupe plus par amour que par de grands raisonnements. La contention de tête fatigue, rebute, épuise ; l'acquiescement de l'esprit et l'union du cœur ne lassent pas de même. L'esprit de foi et d'amour ne tarit jamais quand on n'en quitte point la source. »

    Fénelon (1651-1715), Lettre 167 (Au Vidame d'Amiens, fils puiné du Duc de Chevreuse), 31 mai 1707, in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

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    (Crédit photo : Pixabay)

  • Méditation - Les exercices de piété

    « Pour vos exercices de piété, je ne vois que deux choses : l'une est de souffrir en paix l'ennui, la sécheresse et la distraction quand Dieu l'envoie, alors elle fait plus de bien que toutes les lumières, les goûts et les sentiments de ferveur ; l'autre est de ne se procurer jamais par infidélité cette espèce de distraction.

    ll faut se donner quelques amusements pour se délasser l'esprit ; mais il faut se les donner par pure complaisance, dans le besoin, comme on fait jouer un enfant. ll faut un amusement sans passion : il n'y a que la passion qui dissipe, qui dessèche et qui indispose pour la présence de Dieu. Prenez sobrement les affaires ; embrassez-les avec ordre, sans vous noyer dans les détails, et coupant court avec une décision précise et tranchante sur chaque article.

    Réservez-vous du temps pour être avec Dieu. Soyez-y dans la société la plus simple, la plus libre et la plus familière. Faites de toutes choses matière de conversation avec lui ; parlez-lui de tout selon votre cœur, et consultez-le sur tout ; faites taire vos désirs, vos goûts, vos aversions, vos préjugés et vos habitudes. Dans ce silence de tout vous-même, écoutez celui qui est la parole et la vérité : Audiam quid loquatur in me Dominus (1). Vous trouverez qu'un quart d'heure sera facilement rempli dans une telle occupation. Ne cherchez point plus qu'il ne faut dans l'oraison. Quand vous ne feriez que vous ennuyer avec Dieu, pour l'amour de lui, et que laisser tomber vos distractions quand vous les apercevez, sans vous rebuter de leurs importunités, ce serait beaucoup. ll faut une grande patience avec vous-même. Soyez gai, sans vous livrer avec passion à vos goûts. Il faut vous ménager sans vous flatter, comme vous ménageriez sans flatterie un bon ami que vous craindriez de gâter. La vraie charité place tout dans son ordre, et soi comme les autres. Point de tristesse, point d'évaporation, point de gêne, point de hauteur ni de mollesse. Pendant que vous êtes seul en liberté et en repos, accoutumez-vous à être souvent avec Dieu, en rappelant sa présence dans les occupations extérieures. Dès que vous sentez que quelque occupation vous passionne, flatte votre amour-propre, et vous éloigne de Dieu, interrompez-la : vous la reprendrez, s'il le faut, quand la passion n'y entrera plus. »

    1. Ps. 85 (84), 9 : "J'écouterai ce que le Seigneur va me faire entendre".

    Fénelon (1651-1715), Lettre 232 (Au Vidame d'Amiens, fils puiné du Duc de Chevreuse), 13 septembre 1710, in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

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  • Méditation - Du jeûne de l'esprit

    « Ce que je souhaite le plus pour vous est le recueillement et la cessation un peu fréquente de tout ce qui dissipe. L'action de l'esprit, quand elle est continuelle et sans ordre absolu de Dieu, dessèche et épuise l'intérieur. Vous savez que Jésus-Christ écartait ses disciples de la foule des peuples, et qu'il suspendait les fonctions les plus pressées. ll laissait même alors languir la multitude qui venait de loin, et qui attendait son secours ; quoiqu'il en eût pitié, il se dérobait à elle, et disait à ses apôtres : Requiescite pusillum (1). Trouvez bon que je vous en dise autant de sa part. Il ne suffit pas d'agir et de donner, il faut recevoir, se nourrir, et se prêter en paix à toute l'impression divine. Vous êtes trop accoutumé à laisser votre esprit s'appliquer. Il vous reste même une habitude de curiosité insensible. C'est un approfondissement, un arrangement, une suite d'opérations, soit pour remonter aux principes, soit pour tirer les conséquences.

    J'aimerais mieux vous voir amuser à quelque bagatelle qui occuperait superficiellement l'imagination et les sens, et qui laisserait votre fond vide pour y entretenir une secrète présence de Dieu. Un simple amusement ne tient point de place dans le fond ; mais le travail sérieux, quoiqu'il paraisse plus solide, est plus vain et plus dangereux quand il revient trop souvent, parce qu'il nourrit la sagesse humaine, dissipe le fond, et accoutume une âme à ne pouvoir être en paix. Il lui faut toujours des ébranlements et de l'occupation par rapport à elle-même. Les esprits appliqués auraient autant de peine à se passer d'application, que les gens inappliqués auraient de peine à mener une vie appliquée.

    Faites donc jeûner votre esprit avide ; faites-le taire ; ramenez-le au repos. Requiescite pusillum. Les affaires n'en iront que mieux ; vous y prendrez moins de peine, et Dieu y travaillera davantage. Si vous voulez toujours tout faire, vous ne lui laisserez la liberté de rien faire à sa mode. Ô qu'il est dangereux d'être un ardélîon de la vie intérieure ! Au nom de Dieu, vacate, et videte quoniam ego sum Deus (2) : c'est là le vrai sabbat du Seigneur. Cette cessation de l‘âme est un grand sacrifice. »

    1. Marc VI, 31 : "Reposez-vous un peu". - 2. Ps XLV, 11 : "Vivez en paix (tenez-vous en repos) et reconnaissez que je suis Dieu".
    "ardélîon" : homme qui fait l'empressé, se mêle de tout inopportunément.

    Fénelon (1651-1715), Lettre 122 (Au Duc de Chevreuse), 1699, in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

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  • Méditation - Du silence des pensées

    « Pour être sobre en paroles, il faut l'être en pensées. ll ne faut point suivre son empressement naturel pour vouloir persuader autrui. Vous n'irez à la source du mal qu’en faisant taire souvent votre esprit par le silence intérieur. Ce silence d'oraison simple calmerait ce raisonnement si actif. Bientôt l’esprit de Dieu vous viderait de vos spéculations et de vos arrangements. Vous verriez dans l'occasion chaque affaire d‘une vue nette et simple ; vous parleriez comme vous auriez pensé ; vous diriez en deux mots ce que vous auriez à dire, sans prendre tant de mesures pour persuader. Vous seriez moins chargé, moins agité, moins dissipé, plus libre, plus commode, plus régulier sans chercher à l'être, plus décidé pour vous et pour le prochain. D'ailleurs, ce silence, qui rendrait la manière d'expédier les occupations extérieures plus courte, vous accoutumerait à faire les affaires mêmes en esprit d'oraison. Tout vous serait facilité : sans cela, vous serez de plus en plus pressé, fatigué, épuisé ; et les affaires, qui surmontent l'âme dans ses besoins intérieurs, surmonteront aussi la santé du corps.

    Au nom de Dieu, coupez court depuis le matin jusqu'au soir. Mais faites avec vous-même comme avec les autres. Faites-vous taire intérieurement ; remettez-vous en vraie et fréquente oraison, mais sans effort, plutôt par laisser tomber toute pensée que par combattre celles qui viennent, et par chercher celles qui ne viennent pas. Ce calme et ce loisir feront toutes vos affaires, que le travail forcé et l'entraînement ne font jamais bien. Écoutez un peu moins vos pensées, pour vous mettre en état d’écouter Dieu plus souvent. »

    Fénelon (1651-1715), Extraits de la Lettre 120 (Au Duc de Chevreuse), 30 décembre 1699, in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

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    Fra Angelico (1400-1455), St Pierre demandant le silence
    Fresque du couvent Saint Marc, Florence

    (Crédit photo)

  • Prière - la grande valeur du silence

    « Ô Marie ! ô ma sainte et bonne Mère ! donnez-moi, donnez à tous de comprendre la grande valeur du silence, dans lequel on entend Dieu ! Apprenez-moi à me taire pour écouter la Sagesse éternelle. Apprenez-moi à tirer du silence tout ce qu’il renferme de grand, de saint, de surnaturel, de divin ; aidez-moi à en faire une prière parfaite, une prière toute de foi, de confiance et d’amour ; une prière vibrante, agissante, féconde, capable de glorifier Dieu et de sauver les âmes ! Ma vie vaudra ce que vaudra mon oraison. »

    Marthe Robin (1902-1981), le 12 janvier 1930 (dimanche).
    Journal de Marthe Robin version numérique
    © Éditions Foyer de Charité

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    Clouds reflection, par (c) Maurizio Fecchio - Copyright © Maurizio51
    Photo reproduite avec la sympathique autorisation de son auteur
    Les magnifiques albums de Maurizio Fecchio sont en ligne sur Flickr et sur sa page Facebook.

  • Audience générale du mercredi 10 janvier 2018

    Ce mercredi 10 janvier 2018, lors de l’audience générale, le Pape François a évoqué le chant du « Gloire à Dieu », « joyeuse annonce de l’étreinte entre ciel et terre » qui reprend les paroles des Anges à la Nativité. Mais il a surtout insisté sur le rôle de la « collecte », cette oraison qui suit le Gloria. Il a demandé aux fidèles de profiter de ce temps de recueillement silencieux pour rassembler leurs prières.

    Le commentaire de Samuel Bleynie est à lire sur Vatican.News.

    Texte intégral de la catéchèse traduite en français sur Zenit.org.

    Résumé en français :

    « Frères et sœurs, de la rencontre entre la misère humaine et la miséricorde divine dans l’acte pénitentiel, naît la reconnaissance exprimée avec le « Gloria ». Cette hymne très ancienne reprend le chant des anges à la naissance de Jésus, la joyeuse annonce de l’étreinte du ciel et de la terre. Chant de louange à Dieu le Père et à son Fils Jésus-Christ, l’Agneau qui enlève les péchés du monde, le « Gloria » est aussi une supplication confiante de la bienveillance divine qui se conclut avec la doxologie trinitaire, caractéristique de toute la célébration eucharistique. Après le « Gloria », ou après l’acte pénitentiel en fonction du temps liturgique, au moyen de l’invitation « prions », le prêtre exhorte le peuple à s’unir à lui dans un moment de silence qui ouvre à l’oraison dénommée « collecte ». Le silence, dont le caractère dépend du moment où il intervient au cours de la Messe, permet, juste avant la collecte, de nous disposer à écouter la voix de notre cœur et surtout celle de l’Esprit Saint et de présenter au Seigneur nos intentions personnelles. Après ce bref moment de silence, le prêtre, dans l’attitude de l’orant, les bras étendus pour imiter le Christ sur la Croix, exprime à Dieu, au nom de tous, la prière commune qui conclut les rites d’introduction, et dont le contenu va de la louange à la supplication. Aussi, méditer ces textes, en dehors de la Messe, peut nous apprendre à mieux nous tourner vers Dieu. »

    « Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et de divers pays francophones, en particulier les collégiens et lycéens de Paris, ainsi que les membres de l’association franco-péruvienne. Que la liturgie devienne pour nous, avec l’aide de l’Esprit Saint, une véritable école de prière. Que Dieu vous bénisse ! »

    Source : site internet du Vatican.

  • Méditation - Dans le silence de la nuit...

    « Celui qui veut prier en paix ne tiendra pas seulement compte du lieu, mais du temps. Le moment du repos est le plus favorable et lorsque le sommeil de la nuit établit partout un silence profond, la prière se fait plus libre et plus pure. « Lève-toi la nuit, au commencement des vigiles, et épanche ton cœur comme de l'eau devant le Seigneur ton Dieu » (Lm 2,19). Avec quelle sûreté la prière monte dans la nuit, quand Dieu seul en est témoin, avec l'ange qui la reçoit pour aller la présenter à l'autel céleste ! Elle est pure et sincère, quand la poussière des soucis terrestres ne peut pas la salir. Il n'y a pas de spectateur qui puisse l'exposer à la tentation par ses éloges ou ses flatteries.
    C'est pourquoi l'Épouse [du Cantique des Cantiques] agit avec autant de sagesse que de pudeur lorsqu'elle choisit la solitude nocturne de sa chambre pour prier, c'est-à-dire pour chercher le Verbe, car c'est tout un. Tout est en lui : les remèdes à tes blessures, les secours dont tu as besoin, l'amendement de tes défauts, la source de tes progrès, bref tout ce qu'un homme peut et doit souhaiter. Il n'y a aucune raison de demander au Verbe autre chose que lui-même, puisqu'il est toutes choses. »

    St Bernard (1091-1153), Sermon 86 sur le Cantique des Cantiques (3), Trad. Béguin, Seuil, 1953.
    Texte intégral des Sermons sur le Cantique des Cantiques.

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  • Méditation - La prière est toujours possible

    « Est-ce que l'enfant peut prier ? Mais oui, il le peut. Comment exprimera-t-il sa prière ? Comme un enfant, par un baiser au tabernacle, par un sourire peut-être, par une parole dont nous comprendrons à peine le sens, mais qu'importe ? Il exprime sa prière comme il peut ; mais puisqu'il a la foi, et qu'on lui a dit que Jésus est dans le tabernacle ou en lui, il va pouvoir exercer cette foi, d'une façon non pas explicitée à la manière d'un adulte, mais cependant réelle.

    Le contact est établi avec Dieu et, par conséquent, l'enrichissement de ce contact sera réalisé en lui. Un peu plus tard, il le prendra avec des images, puis avec une pensée ; mais ce contact, quelle que soit sa forme extérieure, sera à la mesure de sa foi.

    Et nous, dans notre prière, nous veillerons bien à prendre contact ainsi, à mettre notre foi en éveil. Notre exercice de prière sera une prière vocale peut-être, mais à la condition qu'elle soit animée intérieurement par la foi, par cet acte de la foi qui est en nous. Elle sera animée peut-être par une méditation ou par le silence.

    Trop souvent on croit que, pour que la prière soit fervente, efficace, pénétrante, il faut qu'elle soit chargée d'une activité extérieure ou intellectuelle très grande : il n'en est rien. Même dans l'état de fatigue où je n'ai plus la disposition de mes facultés, où je ne puis plus penser, état qui me laissera moi-même insensible, pourvu que cette vertu de foi qui est en moi cherche Dieu, dise sa foi et son amour à Dieu, ma prière sera efficace.

    La prière est toujours possible, justement parce que l'âme peut toujours faire cet acte intérieur de foi. »

    Bx Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus (1894-1967), Au souffle de l'Esprit. Prière et action, Éditions du Carmel, Venasque, 1990.

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  • Méditation - Ne pratiquons pas la médisance !

    « Il ne faut pas s'étonner de voir faire des manquements aux autres, parce que, comme le propre des ronces et des chardons est de porter des piquants, ainsi, dans l'état de nature corrompue, le propre de l'homme est de faillir, puisqu'il est conçu et naît dans le péché (1), et que le juste même, selon les sentiments de Salomon, tombe sept fois (2), c'est-à-dire plusieurs fois le jour. L'esprit de l'homme a ses sortes d'intempéries et de maladies comme le corps. Au lieu de s'en troubler et de s'en décourager, il doit, en reconnaissant sa condition misérable, s'en humilier, pour dire à Dieu, comme David après son péché : « Bonum mihi quia humiliasti me, ut discam justificationes tuas. Il m'est bon que vous m'ayez humilié, afin que j'apprenne vos justifications. » (3) Il faut se supporter soi-même dans ses faiblesses et imperfections, et néanmoins travailler à s'en relever. Il faut encore supporter les autres et couvrir charitablement leurs défauts ; car, s'il est défendu de juger mal d'autrui, il est encore moins licite d'en mal parler, étant le propre de la charité, comme dit le saint apôtre, de couvrir la multitude des péchés. Écoutons encore le Sage : « Audisti verbum adversus proximum tuum ? Commoriatur in te. Avez-vous entendu quelque discours contre votre prochain ? Étouffez-le et faites-le mourir en vous. » (4) »

    1. Ps 50, 5. - 2. Pr 24, 16. - 3. Ps 118, 71. - 4. Si 19, 10.

    St Vincent de Paul (fêté ce jour au calendrier traditionnel), in "Élévations, Prières et Pensées" (Faiblesse de l'homme), Paris, J. de Gigord, 1919

    St Vincent de Paul

  • Méditation - « Mettez une garde à mes lèvres, Seigneur, veillez au seuil de ma bouche. » (Ps 140 (141), 3)

    « Mettez, ô mon Dieu, mettez sur mes lèvres comme un corps de garde pour arrêter tout ce que vous m'ordonnez de retenir dans le cœur. Que la prudence et la circonspection servent de porte à ma bouche pour la fermer à tous les propos où la médisance aurait quelque part. Vous ne m'avez donné une langue que pour vous louer et pour porter les autres à vous bénir avec moi ; faites, s'il est possible, qu'elle ne se délie jamais que pour un si saint usage. Quoi ! cette langue que vous consacrez si souvent par les attouchements mystérieux de votre corps adorable, par le Sacrement de votre amour, serait-elle encore profanée par des discours contraires à la charité ? Non, Seigneur, vous ne le permettrez pas, et de mon côté, je n'oublierai rien pour me garantir de ce désordre. Je ne vous offense que trop par mes pensées, dont je ne suis pas toujours le maître ; mais, puisque je puis prendre sur ma langue un pouvoir entier et absolu, ou elle gardera un perpétuel silence, ou je veillerai sur tous ses mouvements avec tant de soin, que jamais elle ne profèrera de paroles qui ne tendent à votre gloire.
    Soit qu'il faille compatir aux peines des affligés, réunir les esprits où règne la division, instruire ceux qui ne vous connaissent pas assez, ô mon Dieu, entretenir tout le monde de votre puissance infinie et de votre miséricorde sans bornes, soit qu'il faille enfin allumer votre amour dans tous les cœurs, vous louer, vous bénir, vous glorifier ; voilà désormais à quoi je consacre ma langue et toutes mes paroles. Oui, ou je parlerai à vous, ô mon Dieu, ou je parlerai de vous, ou je me tairai par amour pour vous, afin que je puisse un jour mêler aux louanges que vous donnent vos élus, les louanges que je vous donnerai à mon tour dans la gloire, où nous conduisent le Père, le Fils et le Saint-Esprit ! Ainsi soit-il. »

    St Claude la Colombière, extraits du Sermon sur la médisance, in "Pensées et sentiments du Serviteur de Dieu le R. Père Claude de La Colombière de la Compagnie de Jésus" par le P. Pierre-Xavier Pouplard, Paris, Haton, 1877.

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    (Crédit photo)