Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

seigneur - Page 11

  • 13 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Le Seigneur est tendresse et pitié,
    lent à la colère et plein d'amour"
    (Ps 144)

    « Ici-bas notre âme s’efforce de s’élever à Dieu qui est descendu jusqu’à elle. — Bénis le Seigneur, ô mon âme. La joie est proposée ainsi à l’âme dans le trouble ; et l’interlocuteur n’est pas le corps, qui ne saurait donner un conseil, et qui est corruptible et inférieur à l’âme, celle-ci fût-elle souillée, comme le plomb le plus net est inférieur à l’or le plus maculé. C’est donc la partie supérieure, qui s’adresse à la partie inférieure, troublée par son attachement aux créatures, tandis que l’âme a besoin de s’attacher à Dieu afin qu’il la dirige, comme elle-même dirige le corps.

    Je bénirai le Seigneur pendant ma vie, ou dans la terre des vivants, alors que le Seigneur sera notre héritage. Ici-bas nous passons, allant à une destination bien différente, comme le riche et Lazare ; mais dans la maison du Seigneur, nous le bénirons éternellement. Dieu seul doit être notre appui, et non les hommes qui ne sauraient sauver, encore moins les hérétiques se vantant de donner le salut. L’esprit s’en ira, et ils retourneront dans la terre avec leurs pensées. Bienheureux celui qui a pour appui le Dieu de Jacob, qui le fait Israël ; il est à nous par le culte que nous lui rendons et par le soin qu’il prend de nous, sans l’un ou sans l’autre l’homme est stérile. Mais Dieu prend-il soin des hommes ? Oui, parce qu’il est le créateur de tout, et même du moindre insecte, et de plus qu’il sauvera les hommes et les animaux.

    [...]

    C’est Dieu qui garde la vérité, qui rend justice à ceux que l’on opprime, c’est-à-dire à ceux qui souffrent pour la justice, et non à cause du mal qu’ils ont fait. Ainsi les hérétiques se plaignent des lois portées contre eux ; qu’ils considèrent leurs oeuvres, qu’ils voient si elles sont justes. L’Evangile n’assigne pas le bonheur à ceux qui souffrent, mais à ceux qui souffrent pour la justice. Or, l’Eglise souffre pour la justice, elle qui doit vivre parmi ces scandales ; mais il n’en est pas ainsi des hérétiques persuadant aux hommes de nier qu’ils soient chrétiens, les conduisant à l’apostasie, et se prétendant justes.

    Dans les ministres de l’Eglise, ne nous inquiétons pas de la sainteté de l’homme ; c’est Dieu qui donne la nourriture, et à tous ceux qui ont faim et soif de la justice. C’est lui qui délie les captifs et non les hérétiques, lui qui donne la sagesse aux aveugles. Cette captivité est celle du corps, dont Dieu nous délivrera en le rendant immortel. C’est pour ceux que le péché fait tomber que le Christ est descendu, lui qui aime les justes, les étrangers qui viennent dans le giron de l’Eglise ; il soutient la veuve ou l’Eglise sans époux en cette vie, et l’orphelin on le chrétien détaché de tout ce qui est ici-bas ; il confond la voie des impies, ou la voie large de ceux qui ne connaissent que les jouissances terrestres, et donne aux justes le royaume éternel. »

    Saint Augustin, Discours sur le Psaume CXLV, in Oeuvres complètes de saint Augustin, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • Méditation : la joie

    « Quoi qu'on fasse - pour Dieu - pour soi-même - ou pour les autres - rien ne réussit bien que ce que l'on fait avec joie.

    Est-ce que Dieu n'est pas infiniment heureux, saint, beau ?... Est-ce que la Sainte Humanité de Jésus n'est pas en possession de la gloire et du bonheur infini que Lui ont valu ses souffrances ? Eh donc... quare tristis es anima mea ?... Pourquoi, mon âme, es-tu triste ?
    "Notre Seigneur est ressuscité ; c'est là le fond vrai de notre joie. Quelque triste que je sois, quand je me mets au pied de l'autel et que je dis à Notre-Seigneur Jésus : Seigneur, vous êtes infiniment heureux et rien ne vous manque", je ne puis faire autrement que d'ajouter : alors, moi aussi, je suis heureux et rien ne me manque : votre bonheur me suffit." (P. de Foucauld)

    Tout moment où la paix s'altère, où le sourire se voile, où la joie s'éteint est un moment perdu en grande partie :
           pour le bon Dieu,
           pour le progrès de l'âme,
    parce que si la paix s'altère, si la joie s'éteint, c'est signe que la foi, l'espérance, la charité sont en baisse, subissent une éclipse.

    Si nous ne cherchons que Dieu, nos capitaux sont en sûreté et le placement que nous avons fait nous assure le plus beau rendement. Scio cui credidi.
    Nos travaux, nos compositions sont au cahier d'honneur, au Livre de vie.

    Ou nous souffrons, ou nous ne souffrons pas. Si nous ne souffrons pas, laisser tous les jeux (tous les motifs ou tous les ressorts, ou tous les moyens d'expression) donner librement, naturellement, leur note de joie. Si nous souffrons, tirer le grand jeu, comme l'organiste qui veut dominer le bruit.

    Bonam semper confiteri Domino et psallere nomini sancto ejus.
    In te cantatio mea semper
    (Ps LXX, 6) »


    Germain Foch s.j., La vie intérieure : Dispositions prochaines - Paix et Joie, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1924.

    louange_3.jpg

  • Méditation : vivre de la foi

    « Si, selon l'expression de saint Paul, nous voulons vraiment vivre de la foi, elle devra s'épancher de notre intelligence, pénétrer tout, inspirer toutes nos pensées, tous nos sentiments, tous nos désirs, toutes nos résolutions, tous nos actes, notre vie en un mot tout entière. Les maximes de Jésus-Christ, et non celles du siècle, doivent nous servir de fil conducteur dans nos pensées et dans nos paroles, quand nous agissons comme quand nous nous abstenons. Il n'est pas une situation, pas un instant de notre vie qui ne doive être déterminé par une pensée de foi.
    Sommes-nous heureux, nous nous rappellerons que Dieu est le Dieu de toute consolation, et nous lui rendrons grâces.
    Sommes-nous dans la tristesse, nous nous dirons que dans le jardin des Oliviers, Jésus fut triste à en mourir, et nous prendrons courage.
    Si les tentations viennent nous assaillir, nous penserons que Jésus aussi fut tenté, et nous dirons avec lui : Arrière Satan ! C'est Dieu seul que je veux servir.
    Si les méchants nous persécutent, il faudra nous souvenir que Jésus a appelé bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice. Si nous-mêmes nous sentons l'aversion pour le prochain envahir notre coeur, il est temps de nous rappeler qu'on ne peut aimer Dieu et détester son prochain.
    Le monde veut nous attirer, nous éblouir par les joies qu'il prétend donner : nous avons renoncé au monde et à ses pompes ; ce qui est du monde n'est pas du Père.
    La mort nous enlève un être qui nous est cher ; n'est-ce pas Dieu qui nous l'avait donné ? Il a donc le droit de le reprendre.
    La tâche journalière nous devient difficile et accablante, la continuité du labeur nous épuise : Jésus travailla pendant trente ans dans l'atelier de son père nourricier. On ne le connaissait que comme le fils de l'artisan.
    Si nous nous laissions guider par ces motifs de foi, si de semblables pensées nous étaient présentes dans nos joies et nos souffrances, dans nos labeurs comme dans notre repos, n'est-il pas vrai que notre vie deviendrait plus méritoire aux yeux de Dieu, plus facile à vivre aussi !
    Cependant la vie est réellement difficile, et plus d'une fois nous aurons besoin de toute notre énergie pour rester fidèles au bon Dieu. Oh, alors souvenons-nous que la prière toujours nous reste, et que tout est possible à celui qui croit.
    Jetons avec les Apôtres en détresse vers Jésus ce cri : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons ; Seigneur, je crois, mais venez au secours de mon incrédulité ; Seigneur, augmentez notre foi. »

    B. Willemsen (Annales de N.-D. du Sacré-Coeur), in Abbé R. Béringer, "Recueil documentaire - La Foi", Arras, 1928.

    marche-solitaire.jpg

  • 7 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse." (Lc 11, 14-23)

    « Vous, enfants de la vraie lumière, fuyez les querelles et les mauvaises doctrines. Comme des brebis, suivez partout votre berger. Car souvent des loups apparemment dignes de foi égarent ceux qui courent dans la course de Dieu, mais si vous demeurez unis, ils ne trouveront pas de place parmi vous.
    Ayez donc soin de ne participer qu'à une seule eucharistie ; il n'y a, en effet, qu'une seule chair de notre Seigneur, une seule coupe pour nous unir en son sang, un seul autel, comme il n'y a qu'un seul évêque entouré des prêtres et des diacres. Ainsi, tout ce que vous ferez, vous le ferez selon Dieu… Mon refuge, c’est l’Evangile, qui est pour moi Jésus lui-même en chair, et les apôtres, qu’incarne le presbytérium de l'Église. Aimons aussi les prophètes, car eux aussi ont annoncé l'Évangile ; ils ont espéré dans le Christ et l'ont attendu ; croyant en lui, ils ont été sauvés et, demeurant dans l'unité de Jésus Christ, saints dignes d'amour et d’admiration, ils ont mérité de recevoir le témoignage de Jésus Christ et d'avoir part à l'Évangile, notre commune espérance…
    Dieu n’habite pas là où règnent la division et la colère. Mais le Seigneur pardonne à tous ceux qui se repentent, si le repentir les ramène à l’unité de Dieu et à la communion avec l’évêque. Je crois en la grâce de Jésus Christ qui nous délivrera de toute chaîne. Je vous en supplie, n’agissez jamais par esprit de querelle, mais selon l'enseignement du Christ. J'en ai entendu qui disaient : "Ce que je ne trouve pas dans les archives, je ne le crois pas dans l'Évangile"... Pour moi, mes archives, c'est le Christ ; mes archives inviolables, c'est sa croix, sa mort et sa résurrection et la foi qui vient de lui. Voilà d’où j’attends, avec l’aide de vos prières, toute ma justification. »

    Saint Ignace d'Antioche (?-v.110), Lettre aux Philadelphiens.

  • Méditation : chercher Dieu...

    « Que l'âme s'en souvienne : c'est l'Époux qui, le premier, l'a cherchée et, le premier, l'a aimée ; telle est la source de sa propre recherche et de son propre amour...
    "J'ai cherché, dit l'Epouse [du Cantique des Cantiques], celui que mon cœur aime" (3,1). Oui, c'est bien à cette recherche que t'invite la tendresse prévenante de celui qui, le premier, t'a cherchée et aimée. Tu ne le chercherais pas, s'il ne t'avait d'abord cherchée ; tu ne l'aimerais pas, s'il ne t'avait d'abord aimée.
    Ce n'est pas une seule bénédiction de l'Epoux qui t'a prévenue, mais deux : il t'a aimée, il t'a cherchée. L'amour est la cause de sa recherche ; sa recherche est le fruit de son amour, c'en est aussi le gage assuré. Tu es aimée de lui, en sorte que tu ne peux pas le soupçonner de te chercher pour te punir. Tu es cherchée par lui, en sorte que tu ne peux pas te plaindre de ne pas être aimée réellement. Cette double expérience de sa tendresse t'a remplie d'audace : elle a chassé toute honte, elle t'a persuadée de revenir à lui, elle a soulevé ton élan. De la cette ferveur, de là cette ardeur à "chercher celui que ton cœur aime", car évidemment tu n'aurais pas pu le chercher, s'il ne t'avait d'abord cherchée ; et maintenant qu'il te cherche, tu ne peux pas ne plus le chercher. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons sur le Cantique des Cantiques, n°84 (Trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, Tome 6, Médiaspaul, 1988).

    soleil-neige.JPG

  • 3 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Bénis le Seigneur, ô mon âme,
    bénis son nom très saint, tout mon être !"
    Ps 102

    « En nous appelant à bénir le Seigneur, le Prophète s’adresse à ce qu’il y a d’intérieur en nous, ou à notre âme, qui a toujours quelqu’un qui l’écoute et qui doit chanter intérieurement, au souvenir de nos péchés pour les désavouer, au souvenir des bienfaits de Dieu, lequel stimulait dans les martyrs l’espérance de retrouver dans le ciel la vie qu’ils donnaient pour Dieu. Ils ne lui reportaient que ses dons, il est vrai, et ne pas oublier ses dons, c’est lui en rendre grâce ; s’il nous demande un culte, c’est pour nous attirer à lui. De nous-mêmes nous n’avons que le péché ; de lui nous vient le calice du salut, ou la douleur qu’il faut subir en invoquant son nom. N’oublions, donc jamais : — Qu’il nous remet nos fautes, mais en nous imposant des peines qui nous ramènent à lui ; — Qu’il guérit nos langueurs, pourvu que nous soyons patients dans nos peines dont il nous guérira certainement, comme le malade se laisse opérer par le médecin qui n’est pas sûr de le guérir ; — Qu’il nous délivrera ainsi de la corruption en nous donnant le Christ par qui nous sommes incorruptibles ; — Qu’il nous couronnera dans sa miséricorde, car la lutte qui nous donnera la couronne viendra de la grâce ; — Qu’il nous rassasiera de bonheur, en nous donnant Dieu lui-même, dont nous ne sentons point ici-bas l’ineffable douceur, parce que notre corps est appesanti ; — Qu’il renouvellera ce corps quand l’aigle sent son bec trop allongé par les années, pour laisser passage à la nourriture, il l’use sur la pierre et reprend par la nourriture de nouvelles forces ; ainsi Dieu usera notre corps sur la pierre qui est le Christ et le revêtira de. jeunesse en le rassasiant des trois pains de l’Evangile ou de Dieu en trois personnes ; — Qu’il fait miséricorde à ceux qui sont miséricordieux, et quand on lui amène la femme adultère, il écrit la loi sur la terre, pour marquer les vertus chrétiennes, et nous apprendre à chercher si nous ne sommes point coupables. Pour le juste nous n’avons que la miséricorde corporelle ; à l’injuste pourtant nous devons faire aussi miséricorde, non parce qu’il est injuste, mais parce qu’il est homme, comme au juste, parce qu’il est juste. La vengeance n’est permise que quand elle est une juste correction infligée à ceux qui nous sont soumis ; s’agit-il des puissants, endurons persécution. Dieu a montré à Moïse qu’il donnait la loi, afin que l’homme vit le nombre de ses fautes, et eût recours à l’aveu et à la grâce. Toutefois Dieu est lent à punir, parce qu’il nous invite à la pénitence, et pourtant nous remettons cette pénitence indéfiniment ; et Dieu ne nous traite point selon nos offenses ; chaque jour il nous protège comme le ciel protége la terre. Il met nos péchés au couchant pour n’y plus revenir, et sa grâce à un orient sans occident, Il sait que nous sommes faibles, que nos jours sont courts, que tout passe vite ici-bas, qu’il récompensera non ceux qui connaissent la loi, mais ceux qui en font les oeuvres, non point, seulement à l’extérieur, mais aussi de coeur. »

    Saint Augustin, Discours sur le Psaume CII, in Oeuvres complètes de saint Augustin , traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • Méditation - Prière : Seigneur, apprenez-moi à aimer...

    « Votre Loi, Seigneur, c'est la Charité, ô Vous qui êtes l'Amour miséricordieux.
    Apprenez-moi donc à aimer véritablement, pour Dieu et en Dieu.
    Apprenez-moi à vous aimer, oui Vous d'abord, avant tout et au-dessus de tout ; d'aimer de toute mon intelligence, de tout mon coeur, de toutes mes forces.
    Que je sache renoncer à tout ce que je sais qui vous déplaît.
    Il y a encore tant de choses qui vous déplaisent dans mon âme, je m'en rends compte à tout instant.

    Seigneur, créez en moi un coeur pur, un coeur bien vierge, un coeur tout simple ; et renouvelez jusqu'au fond de mes entrailles votre Esprit de droiture. Et Spiritum rectum innova in visceribus meis.

    Certes, je n'ai plus qu'un désir ici-bas, après l'espérience des années, après les désillusions de la vie, après les infidélités de l'amitié, après les ingratitudes de l'homme ; non, vraiment, je n'ai plus qu'une aspiration, et vous la savez bien, c'est celle de Vous aimer, Vous, uniquement et cela de toutes les énergies, conservées grâce à Vous, de mon pauvre coeur.

    Dites-moi, ô Jésus, tous vos désirs, révélez-moi vos desseins, ne me cachez pas ce que vous attendez de moi. Je voudrais accomplir tout cela, avec votre grâce, dans l'unique intention de vous rendre tout ce que je vous dois.

    Que votre Loi d'Amour reste la lampe qui éclaire mes pas. Qu'en l'observant, sincèrement et sans réserve, j'accumule en mon coeur cet Amour de Vous-même, afin, alors, comme un radiateur diffusant sa chaleur, de savoir le répandre autour de moi sur le cher prochain, en bonté, en condescendance, en dévouement inlassable.

    Vous aimer, Vous et le cher prochain, ô Jésus, quel programme et quelle sécurité.
    Quel acompte sur la Vie éternelle !... »

    Dom Eugène Vandeur, Les voies à la Fournaise d'Amour - Elévations, Beyaert, Bruges, 1953.

    soleil_hiver.jpg

  • 21 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte."
    (Mt 7, 7-12 - cf Lc 11, 9-13 & Lc 6, 31)

    « Croyez-vous donc, mes frères, que Dieu ignore ce qu'il vous faut ? Il le sait, il connaît notre pauvreté et prévient nos désirs. Aussi, lorsqu'il apprend à prier et qu'il avertit ses Apôtres de ne point parler beaucoup dans la prière, "Gardez-vous, dit-il, de parler beaucoup en priant ; car votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez" (Mt VI, 7-8).

    Le Seigneur cependant dit autre chose. Qu'est-ce ? Pour nous défendre de parler beaucoup dans la prière : "Ne parlez pas beaucoup, a-t-il dit, lorsque vous priez ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez."

    Mais si notre Père sait de quoi nous avons besoin avant que nous le lui demandions, pourquoi parler, si peu même que ce soit ? A quoi bon même la prière, si notre Père sait de quoi nous avons besoin ? Il dit à chacun : Ne me prie pas longuement ; je sais ce qu'il te faut. — Si vous savez ce qu'il me faut, Seigneur, pourquoi vous prier même tant soit peu ? Vous ne voulez pas que ma supplique soit longue, vous exigez même qu'elle soit presque nulle.

    Mais qu'enseigne-t-il ailleurs différemment ? Il dit bien : "Ne parlez pas longuement dans la prière". Cependant il dit encore dans un autre endroit : "Demandez et vous recevrez." Et pour ôter la pensée qu'il n'aurait recommandé la prière que d'une manière accidentelle, il ajoute : "Cherchez et vous trouverez." Dans la crainte encore que ces derniers mots ne paraissent prononcés qu'en passant, voici ceux qu'il y joint, voici comment il conclut : "Frappez et il vous sera ouvert" (Mt VII, 7). Ainsi donc il veut que l'on demande pour recevoir, que l'on cherche Pour trouver et que pour entrer on frappe. Mais puisque notre Père sait d'avance de quoi nous avons besoin, pourquoi demander ? pourquoi chercher ? pourquoi frapper ? pourquoi, en demandant, en cherchant et en frappant, nous fatiguer à instruire plus savant que nous ? Ailleurs encore le Seigneur parle ainsi : "Il faut prier toujours sans jamais se lasser" (Lc XVIII, 1). S'il faut prier toujours, comment dire : "Gardez-vous de parler beaucoup ?" Comment prier toujours quand on finit sitôt ? D'un côté vous me commandez de terminer promptement ; d'autre part vous m'ordonnez de "prier toujours sans me lasser" ; qu'est-ce que cela signifie ?

    Eh bien ! prie aussi pour comprendre, cherche et frappe à la porte. Si ce mystère est profond, ce n'est pas pour se rendre impénétrable, c'est pour nous exercer.

    Ainsi donc, mes frères, nous devons vous exhorter tous à la prière, et nous avec vous. Au milieu des maux innombrables de ce siècle, nous n'avons d'autre espoir que de frapper par la prière, que de croire invariablement que notre Père ne nous refuse que ce qu'il sait ne pas nous convenir. Tu sais bien ce que tu désires, mais lui connaît ce qu'il te faut. Figure-toi que tu es malade et entre les mains d'un médecin, ce qui est incontestable. Notre vie en effet n'est qu'une maladie et une longue vie n'est qu'une maladie longue. Figure-toi donc que tu es malade entre les mains d'un médecin. Tu voudrais boire du vin nouveau, tu voudrais en demander à ce médecin. On ne t'empêche pas d'en demander, car il pourrait se faire qu'il ne te nuisit pas, qu'il te fût même bon d'en prendre. Ne crains doue pas d'en demander, demande sans hésitation ; mais ne t'attriste point si on t'en refuse. Voilà ta confiance à l'homme qui soigne ton corps ; et tu n'en aurais pas infiniment plus envers Dieu, qui est à la fois le médecin, le créateur et le réparateur de ton corps aussi bien que de ton âme ? »

    Saint Augustin, Sermons détachés sur l'Evangile de Saint Matthieu, Sermon LXXX (2), in Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • Méditation - Prière : saint Silouane

    « Où es-Tu ô ma Lumière et ma Joie ?
    Le parfum de ton passage est resté dans mon âme et j'ai soif de Toi !
    Mon coeur est sans courage et rien ne me donne de joie.
    Je t'ai attristé et Toi Tu m'as caché ta face.
    Mon coeur t'aime, aussi te désire-t-il et te cherche-t-il en pleurant.
    Tu as orné le ciel d'étoiles, l'air de nuages, la terre de fleuves et de riants jardins ;
    mais c'est Toi et Toi seul que j'aime, et non le monde si beau soit-il.
    C'est Toi que je désire, Seigneur.
    Je ne puis oublier ton regard tranquille et doux ;
    je t'en supplie avec des larmes :
    viens, pénètre en moi et purifie-moi de mes péchés.
    Toi qui, du haut de ta gloire, jettes un regard ici-bas,
    Tu sais bien la ferveur du désir de mon àme.
    Ne m'abandonne pas, exauce ton serviteur qui crie, comme le prophète David :
    "Pardonne-moi, mon Dieu, selon ta grande miséricorde." »

    Saint Silouane l'athonite, moine russe du Mont Athos (1866-1938), Ecrits spirituels.

    Saint_Silouane_Athos_icone3.jpg

  • Méditation : la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus

    « Qui peut penser au Cœur de Jésus sans reconnaître tout ce qu'il lui doit, et sans se sentir intérieurement pressé de l'aimer ? Sans gémir de l'avoir si peu aimé, de l'avoir si peu servi, si fort outragé, et sans désirer en même temps de réparer autant qu'il est en lui et ses propres négligences et celles d'autrui… Seriez-vous insensibles aux outrages que notre Seigneur reçoit de toutes sortes de personnes ? N'auriez-vous pas horreur de ces irrévérences grossières, que l'on renouvelle chaque jour dans nos temples, presque sans y faire attention ? Vous-même, vous verrait-on assister avec si peu de respect au sacrifice redoutable de nos autels ? Vous éloignerez-vous tant de temps de la table du Sauveur du monde, qui vous sollicite de venir à lui, et qui a fait tant de prodiges pour venir vous-même à lui ? Une vraie dévotion au Sacré-Cœur de Jésus vous aurait préservé de tous ces vices. »

    P. Pierre-Joseph de Clorivière s.j. (1735-1820), extrait d'un Sermon inédit, in Christus n°190 HS, "Le Cœur de Jésus", mai 2001.

    sacre_coeur_vitrail.jpg

  • Méditation : la communion eucharistique

    « Nous mangeons notre Dieu. Quel admirable et innefable amour il a fallu, pour inventer cette merveille ! Cet amour dépasse tous les sens, et cet amour devrait blesser le coeur de tous les hommes, tellement il est au-dessus de tout, l'amour de Jésus pour nous.
    Or, il n'y a point de chose matérielle qui soit aussi proche et aussi intime à l'homme que le boire et le manger reçus dans la bouche de l'homme, et c'est précisément pour cela, c'est pour s'unir à nous de la façon la plus proche et la plus intime, qu'il a trouvé ce merveilleux procédé. [...] De même que la nourriture corporelle est transformée en notre chair, de même celui qui mange dignement l'adorable nourriture est changé en elle. C'est ainsi que Notre Seigneur a pu dire à saint Augustin : "Ce n'est pas moi qui suis changé en toi, c'est toi qui est changé en moi." Cette nourriture s'en va, par les artères, jusqu'au fond intime de celui qui la reçoit dignement. Prenons la parole de saint Bernard : "Quand nous mangeons la nourriture corporelle, nous la mâchons tout d'abord, et ensuite elle descend doucement dans le corps." Qu'est-ce donc que cette mastication ? Saint Bernard le dit : "Quand nous mangeons Dieu, c'est nous qui sommes mangés par Lui, Il nous mange." »

    Bx Jean Tauler (1300-1361), Sermon XXX (3), Le Cerf, Coll. Sagesses, Paris, 1991

    benoitxvi_communion-a.jpg

  • 7 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Envoi des Douze en mission (Mc 6, 7-13 - cf Mt 10, 1,9-14 ; Lc 9, 1-6)

    « Rien n'est plus froid qu'un chrétien qui ne sauve pas ses frères. Vous ne pouvez pas ici objecter la pauvreté ; la femme aux deux petites pièces de monnaie parlerait contre vous. Pierre disait : "Je n'ai ni or ni argent" (Ac III,6). Paul était pauvre, à tel point que souvent il ressentit la faim et manqua de la nourriture nécessaire. Vous ne pouvez pas objecter votre obscurité : les apôtres étaient obscurs et sortis d'hommes obscurs. Vous ne pouvez pas prétexter de votre ignorance dans la littérature ; eux aussi étaient des hommes sans lettres. Et seriez-vous un esclave, seriez-vous un esclave fugitif, vous pouvez toujours faire ce qui dépend de vous. Tel était Onésime ; et voyez le nom que Paul lui donne, à quelle dignité il l'élève : "Afin", dit-il, "qu'il communique avec moi dans mes liens" (Phm I,10). Vous ne pouvez pas objecter vos maladies ; car Timothée aussi avait des maladies fréquentes ; écoutez la preuve qu'en donne Paul : "Usez d'un peu de vin, à cause de votre estomac et de vos fréquentes maladies". (ITm V,23). Il n'est personne qui ne puisse être utile au prochain, avec la volonté de faire ce qui dépend de lui. Ne voyez-vous pas combien les arbres stériles sont vigoureux, beaux, élancés, unis, élevés ; cependant, si nous avions un jardin, nous préférerions à ces arbres des grenadiers, des oliviers couverts de fruits ; car ces arbres stériles sont pour le plaisir, non pour l'utilité ; l'utilité qu'ils peuvent avoir est mince ; à eux ressemblent ceux qui ne considèrent que leur intérêt propre ; ou plutôt ils ne leur ressemblent même pas, ils ne sont bons qu'à subir la vengeance. Ces arbres stériles servent à construire des édifices, à en consolider l'intérieur. Telles étaient ces vierges, chastes, parées, pratiquant la continence, mais inutiles ; aussi on les brûle. Tels sont ceux qui n'ont pas nourri le Christ. Et maintenant, voyez : aucun d'eux n'est accusé pour ses péchés, pour ses fornications, pour ses parjures, pour rien ; la grande accusation, c'est d'avoir été inutile. Tel était celui qui enfouissait le talent ; sa vie était sans reproche, mais inutile. Comment, je vous le demande, un tel homme peut-il être un chrétien ? Répondez-moi : si le ferment, mêlé à la farine, ne transforme pas toute la pâte, est-ce, à vrai dire, un ferment ? Et encore, si un parfum n'embaume pas ceux qui approchent, pouvons-nous l'appeler un parfum ? Ne dites pas qu'il vous est impossible d'agir sur les autres ; si vous êtes chrétien, ce qui est impossible, c'est que vous n'agissiez pas. Ce qui est dans la nature n'admet pas de contradiction ; il en est de même de ce que nous disons ici : Ce que nous demandons est dans la nature du chrétien ; n'outragez pas Dieu. Dire que le soleil ne peut pas briller, c'est outrager le soleil ; dire qu'un chrétien ne peut pas être utile, c'est outrager Dieu et l'accuser de mensonge. Car il est plus facile pour le soleil de n'avoir ni chaleur ni clarté, que pour le chrétien de n'avoir pas de lumière ; il est plus facile à la lumière de devenir les ténèbres, que de voir une telle contradiction. Ne dites pas impossible ; l'impossible c'est le contraire. N'outragez pas Dieu. Si nous disposons bien nos affaires, ce que je dis se fera comme une conséquence naturelle ; la lumière du chrétien ne peut rester cachée ; on ne peut dérober aux regards cette lampe brillante. Donc, pas de négligence. De même que la vertu profite et à nous et à ceux à qui notre vertu est utile, ainsi la malignité est doublement funeste et à nous et à ceux que nous blessons. Supposez un ignorant, si vous voulez, souffrant, de la part d'un ennemi, des maux sans nombre, et personne ne le venge, et il répond à ses ennemis par des bienfaits : quel enseignement, quelle parole, quelle exhortation ne serait pas au-dessous de cette conduite ? Donc, pénétrés de ces vérités, attachons-nous à la vertu, puisque c'est le seul moyen de conquérir le salut, puisqu'il faut les bonnes oeuvres de la vie présente pour entrer dans le partage des biens à venir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la force, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XX (4) sur les Actes des apôtres, in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Texte intégral le site de l'Abbaye Saint Benoît.

  • 5 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Résurrection de la fille de Jaïre : "Talitha koum" (Mc 5, 21-43 - cf Mt 9, 18-26 ; Lc 8, 40-46)

    « Avant de ressusciter une morte, pour amener à la foi Jésus commence par guérir la femme atteinte de pertes de sang. Ce flux s'est arrêté pour notre instruction : quand Jésus s'approche de l'une, l'autre est déjà guérie. De même, pour croire en notre vie éternelle, nous célébrons la résurrection temporelle du Seigneur qui a suivi sa Passion... Les serviteurs de Jaïre qui lui disent : "Ne dérange pas le Maître" ne croient pas dans la résurrection prédite dans la Loi et accomplie dans l'Evangile. Aussi Jésus ne prend-il avec lui que peu de témoins de la résurrection qui va se produire : ce n'est pas le grand nombre qui a cru de prime abord à la résurrection. La foule, elle se moque de Jésus quand il déclare : "L'enfant n'est pas morte, elle dort". Ceux qui ne croient pas se moquent. Qu'ils pleurent donc leurs morts, ceux qui les croient morts. Quand on a la foi à la résurrection, ce n'est pas une fin que l'on voit dans la mort mais un repos... Et Jésus, prenant la main de l'enfant, la guérit ;  puis il lui fait donner à manger. C'est là une attestation de la vie afin qu'on ne puisse croire à une illusion mais à la réalité. Heureuse celle dont la Sagesse tient ainsi la main ! Plaise à Dieu qu'elle tienne aussi la nôtre, dans nos actions. »

    Saint Ambroise, Traité sur Saint Luc 6, 58-61 (Trad. SC 45).

  • 3 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Cette parole de l'Écriture que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit." (Lc 4, 21-30)

    « Un médecin est venu parmi nous pour nous rendre la santé : notre Seigneur Jésus Christ. Il a trouvé la cécité dans notre cœur, et il a promis la lumière « que personne n'a vue de ses yeux, que personne n'a entendue de ses oreilles, que le cœur de l'homme n'a pas imaginée » (1Co 2,9).
    L'humilité de Jésus Christ est le remède à ton orgueil. Ne te moque pas de ce qui te donnera la guérison ; sois humble, toi pour qui Dieu s'est fait humble. En effet, il savait que le remède de l'humilité te guérirait, lui qui connaît bien ta maladie et sait comment la guérir. Tandis que tu ne pouvais pas courir chez le médecin, le médecin en personne est venu chez toi... Il vient, il veut te secourir, il sait ce dont tu as besoin.
    Dieu est venu avec l'humilité pour que l'homme puisse justement l'imiter ; s'il était resté au-dessus de toi, comment aurais-tu pu l'imiter ? Et, sans l'imiter, comment pourrais-tu être guéri ? Il est venu avec humilité, car il connaissait la nature du médicament qu'il devait t'administrer : un peu amère, certes, mais salutaire. Et toi, tu continues à te moquer de lui, lui qui te tend la coupe, et tu te dis : « Mais quel genre de Dieu est-il, mon Dieu ? Il est né, il a souffert, il a été couvert de crachats, couronné d'épines, cloué sur la croix ! » Âme malheureuse ! Tu vois l'humilité du médecin et tu ne vois pas le cancer de ton orgueil, c'est pourquoi l'humilité ne te plaît pas...
    Il arrive souvent que les malades mentaux finissent par battre leur médecin. Dans ce cas, le médecin miséricordieux non seulement ne se fâche pas contre celui qui l'a frappé, mais il tente de le soigner... Notre médecin, lui, n'a pas craint d'être tué par des malades atteints de folie : il a fait de sa propre mort un remède pour eux. En effet, il est mort et ressuscité. »

    Saint Augustin, Sermon Delbeau 61, 14-18 (Trad. Solesmes, Lectionnaire, Tome 2 rev.).

  • 2 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Présentation de Jésus au Temple (Lc 2, 22-40)

    « Aujourd'hui la Vierge Mère introduit le Seigneur du temple dans le temple du Seigneur. Joseph aussi y amène au Seigneur ce fils qui n'est pas le sien, mais le Fils bien-aimé en qui Dieu a mis toute sa faveur (Mt 3,17). Siméon, le juste, reconnaît celui qu'il attendait ; Anne, la veuve, le loue. Une première procession est célébrée en ce jour par ces quatre personnages, une procession qui, par la suite, allait être célébrée dans la joie par l'univers entier... Ne vous étonnez pas de ce que cette procession est si petite, puisqu'il est bien petit celui que le temple reçoit. Mais en ce lieu, il n'y a pas de pécheur : tous sont justes, tous sont saints, tous sont parfaits. Ne sauveras-tu que ceux-là Seigneur ? Ton corps va grandir, ta tendresse elle aussi grandira... Je vois maintenant une seconde procession où des foules précèdent le Seigneur, où des foules le suivent ; ce n'est plus la Vierge qui le porte, mais un petit âne. Il ne dédaigne donc personne..., si du moins il ne leur manque pas ces vêtements des apôtres (Mt 21,7) : leur doctrine, leurs moeurs et la charité qui couvre une multitude de péchés (1P 4,8). Mais j'irai plus loin et je dirai qu'à nous aussi, il nous a réservé une place dans cette procession-là... David, roi et prophète, s'est réjoui de voir ce jour. »

    Saint Bernard, 1er Sermon pour la Purification (Trad. Brésard, 2000 ans d'homélie, année A, Soceval, 2001)

  • 22 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Le jour du sabbat (Mc 2, 23-28 - cf Mt 12, 1-8 & Lc 6, 1-5)

    « Il est appelé "le maître du sabbat" parce qu'il le défendait comme sa propriété. L'eût-il anéanti? il en avait le droit. Connais-tu un plus légitime seigneur que le fondateur d'une institution ? Mais tout maître qu'il était, il le respecta, afin de prouver que le Créateur ne l'avait pas détruit en faisant porter l'arche d'alliance autour de Jéricho. Encore une fois, c'était une œuvre divine recommandée par Dieu lui-même, et destinée à préserver les 1185 âmes de ses serviteurs contre les hasards de la guerre.

    Qu'il ait témoigné quelque part son aversion pour les sabbats, d'accord. Mais ce mot, vos sabbats, indiquait suffisamment qu'il ne s'agissait point de ses propres sabbats, mais des sabbats de l'homme, célébrés sans la crainte de Dieu par un peuple chargé de prévarications, "qui n'aimait Dieu que du bout des lèvres, et non du fond du cœur." Telles n'étaient point ses solennités à lui, solennités d'accord avec sa loi, "légitimes, pleines de délices", et inviolables, comme il le déclare par le même prophète.

    Ainsi le Christ n'a pas profane le sabbat. Il en a conservé la loi, et quand il soutenait d'un peu de nourriture la vie de ses disciples qui avaient faim, et quand il rétablissait la main séchée du malade, répétant par ses actions non moins que par ses paroles : "Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir." Marcion ne lui a pas fermé la bouche par ce mot. Il a réellement accompli la loi, en interprétant l'esprit de la loi, en éclairant les hommes sur la nature de ses prohibitions, en exécutant ce qu'elle permet, en consacrant par sa bienfaisance un jour déjà sanctifié par la bénédiction du Père dès l'origine du monde. Il répandait dans ce jour les grâces divines que son ennemi n'eût pas manqué d'accorder à des jours différents, de peur de relever l'excellence du sabbat du Créateur, et de restituer à cette solennité les œuvres qu'elle réclamait. Si c'est également à pareil jour que le prophète Elisée rendit à la vie le fils de la Sunamite, tu reconnais donc, ô Pharisien, et toi aussi, Marcion, que le Créateur exerçait anciennement la bienfaisance, délivrait une âme et la sauvait de la mort le jour du sabbat. Ainsi mon Christ n'a rien fait de nouveau, rien que d'après l'exemple, la douceur, la compassion et la prédiction du Créateur ; car il accomplit encore ici une prophétie qui regardait une guérison spéciale : "Mains tremblantes, vous vous êtes fortifiées, comme tout à l'heure les genoux débiles" du paralytique. »

    Tertullien, Contre Marcion, Livre IV (XII), in "Oeuvres de Tertulien" Tome I, Trad. Eugène-Antoine de Genoude, Paris, Louis Vivès, 1852 (Seconde Edition).

    Source : Oeuvres de Tertullien.

  • Jean-Sébastien Bach : Cantate BWV 105 "Herr, gehe nicht ins Gericht mit deinem Knecht"

    (Seigneur, n'entre pas en jugement avec ton serviteur)

  • 16 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "... bien avant l'aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait." (Mc 1, 29-39)

    « Chaque fois que je parle de la prière, il me semble entendre dans votre coeur certaines réflexions humaines que j'ai entendues souvent, même dans mon propre coeur. Alors que nous ne cessons jamais de prier, comment se fait-il que si rarement nous paraissions expérimenter le fruit de la prière ? Nous avons l'impression de ressortir de la prière comme nous y sommes entrés ; personne ne nous répond un mot, ne nous donne quoi que ce soit, nous avons l’impression d'avoir peiné en vain. Mais que dit le Seigneur dans l’évangile ? « Ne jugez pas sur l'apparence, mais portez un jugement juste" (Jn 7,24). Qu'est-ce qu'un jugement juste sinon un jugement de foi ? Car "le juste vit de la foi" (Ga 3,11). Suis donc le jugement de la foi plutôt que ton expérience, car la foi ne trompe pas alors que l'expérience peut nous induire en erreur.

    Et quelle est la vérité de la foi, sinon ce que le Fils de Dieu lui-même promet : "Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez, et cela vous sera accordé" (Mc 11,24). Que donc aucun d'entre vous, frères, ne tienne pour peu de chose sa prière ! Car, je vous l'affirme, celui à qui elle s'adresse ne la tient pas pour peu de chose ; avant même qu'elle ne soit sortie de notre bouche, il la fait écrire dans son livre. Sans le moindre doute nous pouvons être sûrs que soit Dieu nous accorde ce que nous lui demandons, soit il nous donnera quelque chose qu’il sait être plus avantageux. Car "nous ne savons que demander pour prier comme il faut" (Rm 8,26) mais Dieu a compassion de notre ignorance et il reçoit notre prière avec bonté... Alors "mets ta joie dans le Seigneur, et il accordera les désirs de ton coeur" (Ps 36,4). »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons de Carême n°5, 5.

  • 15 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Il enseignait en homme qui a autorité" (Mc 1, 21-28)

    « Jésus s'est rendu donc à la synagogue de Capharnaüm le jour du sabbat et il s'est mis à enseigner... "Et il enseignait avec autorité, et non pas comme les scribes." Il ne disait pas, par exemple : "Parole du Seigneur" ou bien encore : "Ainsi s'exprime celui qui m'a envoyé". Non, Jésus parlait en son propre nom : c'était lui qui avait parlé jadis par la voix des prophètes. C'est déjà bien de pouvoir dire, en s'appuyant sur un texte, "Il est écrit" ou de dire : "Parole du Seigneur". Mais c'est tout autre chose de pouvoir affirmer : "En vérité, je vous le déclare..." Comment oses-tu dire : "En vérité, moi, je vous le déclare", si tu n'es pas celui-là qui autrefois a donné la Loi ? Personne n'ose changer la Loi, sinon le roi en personne... "Les gens étaient frappés par son enseignement." Qu'est-ce donc qu'il enseignait de si nouveau ? Que disait-il de si neuf ? Il ne faisait que redire ce qu'il avait dit par les prophètes. Mais les gens étaient frappés, car il n'enseignait pas selon la méthode des scribes. Il enseignait comme ayant lui-même autorité ; non en rabbi mais en Seigneur. Il ne parlait pas en se référant à un plus grand que lui. »

    Saint Jérôme (v.347-420), Commentaire sur l'Evangile de Marc, PL 2, 137-138 (Trad. rev. Tournay).

  • Méditation : l'adoration

    « Adorer Jésus dans l'hostie, participer à la messe, si possible chaque jour, ce n'est pas seulement accomplir des actes de piété, c'est se mettre de plus en plus dans une attitude constante, dans un état, de contemplation et d'adoration. L'adoration mène à un lent dessaisissement de soi-même, à un oubli de plus en plus grand de ses projets personnels et, par contre, à une entrée de plus en plus forte de Jésus dans l'âme. Il n'y a rien de plus humainement "inutile" que l'adoration. Demeurer là, sans rien faire, pendant de longs moments, c'est donner parfois l'impression de perdre un temps qui pourrait être mieux employé. Et pourtant c'est la source même de la vie. Sans adoration, l'action est courte et superficielle.

    Un effet important de l'adoration est la "transfusion" des sentiments même du Coeur de Jésus. Mystérieusement, peu à peu, on pense comme lui, on sent comme lui. Et l'on ressent alors une immense compasion pour le monde, pour les hommes, particulièrement pour leur souffrance. On se laisse atteindre, on abaisse ses barrières de défense. Ce qui domine, très rapidement, c'est la douleur de voir les hommes mourir de faim, matériellement, mais plus encore spirituellement. C'est le cri de saint Dominique quand il priait dans la nuit... "Seigneur mon Dieu, miséricorde ! Que vont devenir les pécheurs ?" »

    P. Bernard Peyrous, L'itinéraire de la vie spirituelle (III-7), Editions de l'Emmanuel, Paris, 2003.

    Saint_Dominique_Greco1.jpg

    St Dominique de Guzmán, par Le Greco