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seigneur - Page 13

  • 17 novembre : Méditation

    « Recueillez-vous, c'est-à-dire, rentrez en vous-même et demeurez-y, car c'est là que vous trouverez Dieu. Dieu est partout, mais il est d'une manière particulière dans l'âme de l'homme. Il habite son image, et jamais il n'en sort : heureux donc celui à qui le Seigneur est présent, non seulement par son essence, comme à toutes les créatures, mais encore par sa grâce !
    Croyez fermement que Dieu est près de vous et au-dedans de vous, d'une manière invisible ; et, avec un saint tremblement, un respect et une humilité profonds, tenez-vous, comme une chaste épouse, en sa présence, disant avec le prophète Elie : "Vive le Seigneur, devant qui je suis" (I R XVII, 1). Répétez souvent ces paroles : "Le Seigneur est présent, le Seigneur me voit." Soyez aussi attentif à sa présence que s'il n'existait que lui et vous. Renfermez-vous en quelque sorte en Dieu, et demeurez-y comme dans le ciel même ; réjouissez-vous de pouvoir le trouver aussi aisément, et de posséder en vous un si grand trésor. Se souvenir de lui, c'est le trouver ; mais on le trouve d'une manière plus excellente encore, lorsqu'on peut parvenir jusqu'à ce fond intime de l'âme où lui seul existe... Vous serez heureux, alors que ni la société des hommes, ni aucun autre empêchement, ne vous ravira cette chère présence de Dieu ; ce qui arrivera quand vous serez tellement renfermé et affermi en lui, que vous le voyiez toujours en toutes choses. »

    Louis Blosius (de Blois, 1506-1566), Instruction spirituelle (ch.VI), Nouvelle édition, Paris, Veuve Pierres, 1752.

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  • 16 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Ce qui se passera dans les jours du Fils de l'homme ressemblera à ce qui est arrivé dans les jours de Noé." (Lc 17, 26-37)

    « Autant que la petitesse de mon esprit me le permet, je pense que le déluge, qui mit alors, pour ainsi dire, un terme au monde, figure la véritable fin du monde. Le Seigneur lui-même l'a proclamé quand il a dit : "Aux jours de Noé les hommes achetaient, vendaient, bâtissaient, se mariaient, mariaient leurs filles, et le déluge vint qui les perdit tous : ainsi en sera-t-il à l'avènement du Fils de l'homme." (Lc XVII,26-27)
    Dans ce texte, il apparaît bien que le Seigneur décrit d'une seule et même façon le déluge qui est passé et la fin du monde qu'il annonce. Jadis, il fut dit à l'antique Noé de faire une arche et d'y introduire avec lui non seulement ses fils et ses proches mais des animaux de toute espèce ; à la consommation des siècles, il a été dit par le Père au Seigneur Jésus-Christ, notre Noé, qui est véritablement le seul Juste et le seul Parfait, de se faire une arche de bois équarris et de lui donner des mesures pleines de mystères célestes [le bois de la Sainte Croix]. C'est ce qui est indiqué dans le Psaume qui dit : "Demande et je te donnerai les nations pour héritage et pour domaine les extrémités de la terre." (Ps II,8) Il construit donc une arche et il fait des cellules, c'est-à-dire des logements pour recevoir les différentes espèces d'animaux. Ce sont ces logements que vise le prophète quand il dit : "Va, mon peuple, entre dans tes logements, cache-toi pour quelques instants jusqu'à ce que ma colère ait passé." (Is XXVI,20) La comparaison s'impose donc entre ce peuple qui est sauvé dans l'Eglise, et tous ces êtres, hommes et animaux, qui ont été sauvés dans l'arche. »

    Origène, Homélies sur la Genèse, II, 3 (Trad. SC 7, Le Cerf, 1943).

  • 10 novembre : Méditation

    « Que le chrétien s'établisse là où le Christ l'a élevé avec lui ; qu'il dirige tous ses pas vers ce lieu où il sait qu'a été sauvée la nature humaine. La Passion du Seigneur, en effet, se continue jusqu'à la fin du monde ; comme c'est lui qui est honoré, lui qui est aimé dans ses saints, lui aussi qui est nourri, lui qui est vêtu dans ses pauvres, c'est lui encore qui souffre en tous ceux qui supportent l'adversité pour la justice... [...]
    "Oui, tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus seront persécutés" (2 Tm III, 2). Cette parole accuse de tiédeur et de lâcheté quiconque n'est soumis à aucune persécution. Il n'y a que les amis de ce monde à pouvoir être en paix avec ce monde ; nulle communion n'a jamais existé de l'iniquité avec la justice, nul accord du mensonge avec la vérité, nulle union des ténèbres avec la lumière (Cf. 2Co VI, 14). Même si la piété des bons désire l'amendement des méchants et obtient la conversion d'un grand nombre par la grâce du Dieu de miséricorde, jamais pourtant ne cessent les pièges que tendent aux saints les esprits mauvais, et, que ce soit par des ruses cachées ou par des luttes à découvert, ceux-ci s'attaquent à tous les fidèles et à leur bon propos. »

    Saint Léon le Grand, Sermon XIXX sur la Passion, in Sermons III, SC 74, Editions du Cerf, Paris, 1961.

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  • 7 novembre : Méditation

    « Oui, mon enfant, laissez-vous faire... Laissez-vous dépouiller quand on vous dépouille , obscurcir quand on éteint autour de vous toute lumière, enrichir quand on vous donne, illuminer quand on vous éclaire, élever quand on vous élève, et jeter, abîmer dans toutes les profondeurs, quand on vous y jette et l'on vous y abîme. Que voulez-vous ? C'est la part de la créature, et son unique part. Tout le reste est à Dieu et aux instruments dont il se sert pour opérer à son gré dans nos âmes.

    Oh ! nous réfléchissons trop, nous considérons par trop de faces et de côtés la conduite de Notre-Seigneur sur nous, nous tendons trop par le fond de notre esprit à nous rendre compte de ce qui se fait en nous et ce qui ne s'y fait pas ; de la manière dont Notre-Seigneur opère, des moyens qu'il emploie, des résultats qu'ils obtiennent, des lumières qu'ils nous apportent, des consolations qu'ils amènent, et de mille autres circonstances qui s'y rattachent ou qui en découlent.

    Ah ! qu'il faut plus de simplicité sur la voie où vous êtes ! Recevez, et c'est tout. Vous avez besoin de préparation ? c'est Dieu qui prépare. De fidélité ? c'est de Dieu que vous devez l'attendre. De lumière ? elle vous viendra de lui. Ce bon Maître ne vous laissera manquer de rien, et plus vous serez pauvre, plus il vous donnera de ses richesses. Laissez-vous donc là, vous, et laissez-le faire, Lui. De grâce, consentez enfin à ne présenter que votre pauvreté infinie à l'infini de la miséricorde de Notre-Seigneur. »

    P. Barrelle (1794-1863), extrait d'une lettre du 4 novembre 1858, in P. Léon de Chazournes, Vie du Révérend Père Joseph Barrelle de la Compagnie de Jésus (Tome 2, ch. 28), Henri Plon, Paris, 1868.

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  • 2 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La mort et les défunts

    « Forts des enseignements [de l'Ecriture], marchons sans trembler vers notre rédempteur Jésus, vers l'assemblée des patriarches, partons vers notre père Abraham, lorsque le jour sera venu. Marchons sans trembler vers ce rassemblement de saints, cette assemblée de justes. Nous irons vers nos pères, ceux qui nous ont enseigné la foi ; même si les oeuvres nous manquent, que la foi nous aide, défendons notre héritage ! Nous irons aux lieux où Abraham ouvre son sein aux pauvres comme à Lazare (Lc 16,19 sq) ; là reposent ceux qui ont supporté le rude poids de la vie de ce monde. Maintenant, Père, encore et encore étends tes mains pour accueillir ces pauvres, ouvre tes bras, élargis ton sein pour en accueillir davantage, car très nombreux sont ceux qui ont cru en Dieu...
    Nous irons au paradis de joie où Adam, jadis tombé dans une embuscade de brigands, ne pense plus à pleurer ses blessures, où le brigand lui-même jouit de sa part du Royaume céleste (cf Lc 10,30 ; 23,43). Là où aucun nuage, aucun orage, aucun éclair, aucune tempête de vent, ni ténèbres, ni crépuscule, ni été, ni hiver ne marqueront l'instabilité des temps. Ni froid, ni grêle, ni pluie. Notre pauvre petit soleil, la lune, les étoiles, ne serviront plus à rien ; seule la clarté de Dieu resplendira, car Dieu sera la lumière de tous, cette lumière véritable qui illumine tout homme resplendira pour tous (Ap 21,5 ; Jn 1,9). Nous irons là où le Seigneur Jésus a préparé des demeures pour ses petits serviteurs, pour que là où il est, nous soyons aussi (Jn 14,2-3)...
    "Père, ceux que tu m'as donné, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire" (Jn 17,24)... Nous te suivons, Seigneur Jésus ; mais pour cela, appelle-nous, car sans toi personne ne monte. Tu es la voie, la vérité, la vie (Jn 14,6), la possibilité, la foi, la récompense. Reçois-nous, raffermis-nous, donne-nous la vie ! »

    Saint Ambroise (v.340-397), Sur le bien de la mort (Trad. Pierre Cras, "Cyprien, Ambroise - Le Chrétien devant la mort", Coll. Les Pères dans la Foi, DDB, Paris, 1980 rev.).

  • 31 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Que tes oeuvres, Seigneur, te rendent grâce
    et que tes fidèles te bénissent !"
    (Psaume 144)

    « Bénissons Dieu toujours, dans la prospérité comme dans le malheur ; mais nulle prospérité n’est comparable à celle de posséder Dieu, que nul ne saurait nous ravir, que le malheur n’enleva point à Job. Croyons dès lors qu’il agit toujours avec miséricorde ; louons sans fin sa grandeur sans borne. Ainsi font ceux qui ne passent par la mort que pour arriver à la terre des vivants. Bénissons-le dans ses oeuvres, surtout dans celles qui nous connaissons. Toute génération le bénira. Elles annonceront la puissance de Dieu, en laquelle se résument toutes ses oeuvres ; et tout ce que l’on peut louer vient de celui qui a tout fait, qui gouverne tout. Louer les oeuvres de Dieu, c'est nous louer nous-mêmes, et nous louer sans orgueil. Ces oeuvres sont pour nous des degrés pour nous élever jusqu’à lui ; ses faveurs sont accompagnées de menaces afin de nous encourager et de nous contenir. Ils raconteront ce mémorial du Seigneur qui n’a point oublié l’homme, quand l’homme l’oubliait. Ils tressailliront dans cette justice de Dieu qui nous refaits par sa grâce, et sans que nous ayons rien mérité par aucune oeuvre, puisque toute bonne oeuvre vient de lui. Il est miséricordieux envers les pécheurs, qu’il encourage contre le désespoir, qu’il détourne d’une folle espérance. Sa bonté s’étend sur toutes ses oeuvres, puisqu’il fait luire son soleil sur les bons et sur les méchants, et néanmoins il donne, c’est-à-dire qu’il est sévère pour nos oeuvres, et nous force à retrancher les mauvaises, ou les retranche lui-même.

    Les créatures intelligentes loueront le Seigneur, puisqu’elles révèlent sa grandeur, sa puissance ; elles le loueront sans voix, car on ne saurait en considérer la beauté sans louer Dieu.

    Les saints feront connaître la beauté de Dieu, beauté supérieure à toutes les beautés visibles, et que nous découvre la foi ; sa fidélité dans ses promesses, dont plusieurs qui sont accomplies nous font croire au reste ; sa bonté à soutenir cens qui tombent, c’est-à-dire ou ceux qui se séparent du mal, ou ceux qui tombent de leur prospérité comme Job ; sa miséricorde qui donne en temps opportun, mais non tout ce que nous demandons, et quand nous le demandons. Souvent il diffère, ou nous accorde ce que nous ne demandons point, mais ce qui nous convient le mieux. Qu’il frappe ou qu’il guérisse il est toujours juste ; il est proche de ceux qui l’invoquent, mais en vérité, c’est-à-dire qui méprisent le reste pour ne désirer que lui-même, qui ne l’en aiment pas moins quand il nous ôte les biens terrestres. Il fera la volonté de ceux qui le craignent en leur accordant le salut, en perdant les pécheurs obstinés et murmurateurs. »

    Saint Augustin, Discours sur le Psaume CXLIV, in Oeuvres complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois, sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 30 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "L'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un." (Ep 5, 21-33)

    « Ainsi, de même que le Fils de Dieu participe de notre nature, nous participons, nous, de sa substance : et de même qu'il nous a en lui, nous l'avons en nous. "A cause de cela, l'homme laissera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme ; et ils seront deux dans une seule chair"... Il montre que l'on quitte ses parents, les auteurs de ses jours, pour s'attacher à sa femme : et dès lors le père, la mère et l'enfant forment une chair unique résultant de l'union conjugale : car c'est la combinaison des semences qui produit l'enfant, de sorte que tous trois ne forment qu'une chair. De même, nous devenons une seule chair avec le Christ par la participation ; et cela, encore bien plus effectivement que l'enfant. Pourquoi ? Parce qu'il en a été ainsi dès l'origine. Ne venez pas me dire que votre femme est comme ceci ou comme cela. Ne voyons-nous pas que dans la chair aussi nous sommes sujets à beaucoup d'imperfections ? L'un est boiteux, l'autre pied bot, un autre perclu des mains, un autre faible dans quelque autre membre : néanmoins, il ne se plaint pas de ce membre imparfait, il ne le retranche pas : souvent même il le préfère à tout autre : rien de plus naturel, il est le sien. — Paul veut donc que nous ayons pour notre femme autant d'affection que chacun en a pour soi-même : non comme participant de la même nature ; notre rapport légitime avec notre femme est plus étroit : il consiste en ce que nous ne formons plus deux corps, mais un seul, dont l'un forme la tête, l'autre le corps. — Et comment dit-il ailleurs que "Dieu est la tête du Christ ?" — Oui, de même que nous formons un seul corps, de même le Christ et le Père ne font qu'un. Il en résulte que le Père aussi est notre tête. Paul allègue deux exemples, celui du corps et celui du Christ : de là ce qu'il ajoute : "Ce mystère est grand : je le dis dans le Christ et dans l'Eglise". Qu'entend-il par là ? Il appelle ce mystère grand parce que le bienheureux Moïse, ou plutôt Dieu avait fait allusion à quelque chose de grand et de merveilleux. Il ajoute : "Je le dis dans le Christ", parce que le Christ aussi a quitté son Père pour descendre, pour venir vers l'épouse, et former un seul esprit : "Car celui qui s'unit au Seigneur est un seul esprit avec lui" (I Co VI, 17). C'est fort à propos qu'il dit : "Ce mystère est grand" ; cela revient à dire : D'ailleurs l'allégorie ne détruit pas le précepte d'amour.
    [...]
    Et voyez comme il s'étend sur l'amour, et en rappelant l'exemple du Christ, et en insistant sur l'identité de chair, en disant : "A cause de cela, l'homme laissera son père et sa mère" ; ... ce qu'il veut voir régner surtout, c'est la tendresse. Qu'elle existe, tout le reste s'ensuit ; en son absence, tout fait défaut. Celui qui aime sa femme, la trouvât-il médiocrement docile, saura tout supporter ; pareillement, la concorde sera la chose du monde la plus difficile, si la liaison n'est pas resserrée par l'instinct impérieux de l'amour ; quant à la crainte, elle ne saurait jamais produire un tel effet. Voilà pourquoi il insiste davantage sur ce point, qui est capital. Et en réalité l'avantage est pour la femme, à qui pourtant la crainte est ordonnée : l'obligation la plus essentielle est celle de l'homme qui doit aimer. Et si ma femme ne me craint pas ? dira-t-on. Aimez-la, payez votre contingent... Peu importe que les autres ne nous secondent pas : il faut obéir de nôtre côté. Par exemple, il est écrit : "Soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ". Mais si les autres ne pratiquent pas cette soumission ? Eh bien ! obéissez, vous, à la loi de Dieu. Il en est de même ici : La femme doit craindre, ne fût-elle pas aimée , afin qu'aucun obstacle ne vienne d'elle ; et l'homme doit aimer sa femme, n'en fût-il pas craint, afin de ne pas se mettre lui-même en faute ; car chacun a son devoir particulier. Voilà le mariage selon le Christ, le mariage spirituel, la génération spirituelle, qui ne procède pas du sang, que n'accompagne point la douleur. De ce genre fut la génération d'Isaac : écoutez plutôt ce que dit l'Ecriture : "Et les pertes de Sara avaient cessé" (Gen. XVIII, 11). Voilà le mariage qui ne procède ni de la passion ni du corps, le mariage tout spirituel que contracte une âme jointe à Dieu par des liens ineffables que lui seul connaît. De là ces paroles : "Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui" (I Co VI, 17). »

    St Jean Chrysostome, Commentaire sur l'Epitre aux Ephésiens, Homélie XX (4-5), in Oeuvres complètes (Tome X) traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 25 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé !" (Lc 12, 49-53)

    « Le Seigneur nous veut vigilants, attendant à tout moment la venue du Sauveur... Mais puisque le profit est mince, et faible le mérite, quand c'est la crainte du supplice qui empêche de s'égarer, et puisque c'est l'amour qui a une valeur supérieure, le Seigneur lui-même enflamme notre désir d'acquérir Dieu lorsqu'il dit : "Je suis venu jeter un feu sur la terre". Non pas, bien sûr, le feu qui détruit, mais celui qui produit la volonté bonne, celui qui rend meilleurs les vases d'or de la maison du Seigneur, en consumant le foin et la paille (1Co 3,12 sq), en dévorant toute la gangue du monde, amassée par le goût du plaisir terrestre, oeuvre de la chair qui doit périr. C'est ce feu divin qui brûlait dans les os des prophètes, comme le déclare Jérémie : "C'est devenu comme un feu ardent qui brûle dans mes os" (Jr 20,9). Car il y a un feu du Seigneur, dont il est dit : "Un feu brûlera devant lui" (Ps 96,3). Le Seigneur lui-même est un feu, dit-il, "qui brûle sans consumer" (Ex 3,2). Le feu du Seigneur est lumière éternelle ; à ce feu s'allument les lampes des croyants : "Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées" (Lc 12,35). Les jours de cette vie étant encore nuit, une lampe est nécessaire. »

    Saint Ambroise, Commentaire sur l'Evangile de Luc, 7, 131-132 (Trad. SC 52 rev.).

  • 13 octobre : Prière

    « Mon Dieu, je tremble quand je considère le peu de bonnes actions que j’ai faites jusqu’ici et le nombre innombrable de mauvaises actions que j’ai commises. Prosterné humblement devant vous, Seigneur, je vous demande pardon et miséricorde pour toutes les actions criminelles, passionnées, et corrompues que j’ai faites dans toute ma vie. Je vous demande aussi pardon pour toutes les bonnes œuvres que j’ai omises ou mal faites. Réparez, Seigneur, tout le mal que j’ai fait et suppléez au bien que j’ai omis. Je vous offre à cette intention, c’est-à-dire pour expier mes actions criminelles et réparer les défauts qui ont vicié et altéré mes bonnes œuvres. Je vous offre toutes les actions et la vie de Jésus et de Marie. Je vous offre de même toutes les affections et leurs intentions pour réparer la perversité de mes intentions et la corruption de mes affections. Je vous offre toutes les actions que je ferai le reste de ma vie. Je vous demande la grâce de les faire saintement et prudemment d’une manière surnaturelle, avec une intention droite, pour votre gloire et mon salut avec une affection pure, agissant par le mouvement du Saint-Esprit et par le sentiment des vertus chrétiennes, dans la grâce habituelle et avec la grâce actuelle, en union des actions que Jésus et Marie ont faites sur la terre. Ne permettez pas, Seigneur, que je fasse aucune de mes actions par passion ; mais aidez-moi à les faire en vous et pour vous. Soyez seul le principe et la fin, le motif et la règle de tout ce que je ferai, dirai, penserai, et souffrirai en ce monde, afin que vous en soyez la récompense dans l’autre. Ainsi soit-il. »

    Bx Jean-Martin Moyë (1730-1793), Instruction sur la manière de bien faire ses actions, prière finale (v. 1785).
    Source : Ecrits du Bx Jean-Martin Moyë.

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  • Audience générale de ce mercredi 5 septembre au Vatican

    La prière passe par l'écoute de la voix de Dieu

    C’est le mois de septembre et, après la pause estivale, les audiences générales du Pape se déroulent à nouveau au Vatican. Ce mercredi matin, Benoît XVI a fait l’aller-retour en hélicoptère depuis Castel Gandolfo, où se trouve sa résidence d’été, pour rencontrer quelque 8 000 personnes rassemblées dans la salle Paul VI. Poursuivant sa catéchèse sur « l’école de la prière », le Pape s’est attardé sur le Livre de l’Apocalypse, le dernier du Nouveau Testament : « Un livre difficile – a-t-il relevé – mais qui renferme une grande richesse ».

    Cette semaine, Benoît XVI a voulu insister sur le thème de l’écoute. Pour apprendre à prier – a-t-il expliqué - il faut savoir écouter, être disposé à écouter la voix de Dieu qui nous appelle et nous parle. Une attitude difficile dans une époque comme la nôtre où nous sommes submergés de mots et où le silence est rare. Par ailleurs – souligne encore le Pape - il faut prier non seulement pour demander, mais aussi pour rendre grâce à Dieu. C’est dans la prière que la communauté se constitue.

    La prière constante réveille en nous le sens de la présence du Seigneur dans nos vies et dans l’histoire ; une présence qui nous soutient, qui nous guide et qui nous permet d’espérer dans les ténèbres des vicissitudes humaines. Jésus est venu nous apporter la force, l’espérance et le salut. Benoît XVI a assuré que Dieu, comme Il nous l’a promis, est présent et qu’Il agit dans nos vies et dans l’histoire, aujourd’hui et demain comme hier, jusqu’au but final.

    Texte intégral de son intervention en Français

    « Chers frères et sœurs, nous reprenons ce matin les catéchèses sur la prière. Le livre de l’Apocalypse, dont je voudrais parler aujourd’hui, nous met en contact avec la prière de l’assemblée chrétienne, réunie « le Jour du Seigneur » (Ap 1, 10). Dès le début un souhait joyeux est annoncé : « Heureux le lecteur et les auditeurs de ces paroles prophétiques ! » (1, 3). Les premiers versets de ce livre nous disent que notre prière est d’abord écoute de Dieu qui nous parle et qu’elle doit être avant tout une prière de louange à Dieu pour son amour, pour Jésus Christ qui nous a apporté force, espérance et salut. La prière réveille le sens de la présence du Seigneur dans notre vie et dans l’histoire, présence qui nous soutient, nous guide et nous donne une grande espérance. Elle est la sève qui nourrit la vie chrétienne authentique. Dans son message, saint Jean affirme qu’il s’agit d’écouter ce que l’Esprit dit, et de s’engager avec persévérance sur le chemin de la conversion et de l’amour ! Chers amis, plus nous prions avec constance et avec intensité, plus nous nous assimilons au Christ qui entre vraiment dans notre vie lui donnant joie et paix. Plus nous connaissons, aimons et suivons Jésus, plus nous ressentons le besoin de nous arrêter en prière avec lui, recevant sérénité, espérance et force dans notre vie. »

    Source : Radio Vatican

  • 3 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "L'Esprit du Seigneur est sur moi, il m'a consacré par l'onction."

    « Ce n'est pas un simple hasard mais une intervention de la divine Providence si Jésus a déroulé ce livre et a trouvé dans le texte le chapitre qui prophétisait à son sujet. S'il est écrit : "Un moineau ne tombe pas dans le filet sans la volonté du Père, les cheveux de votre tête sont tous comptés" (Mt 10, 29-30), serait-ce un effet du hasard que le choix du livre d'Isaïe exprimait le mystère du Christ ? En effet, ce texte nous rappelle le Christ... Car Jésus dit : "Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres". "Les pauvres" désignent les païens. De fait, ils étaient pauvres, eux qui ne possédaient absolument rien : ni Dieu, ni Loi, ni prophètes, ni justice, ni aucune autre vertu. c'est pour ce motif que Dieu l'a envoyé comme messager auprès des pauvres, pour "annoncer la libération, aux captifs la délivrance"... Y a-t-il un être plus opprimé et plus meurtri que l'homme, avant qu'il soit libéré et guéri par Jésus ? "Après avoir lu cela et roulé le livre, Jésus le rendit et s'assit ; et tout le monde dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui". »

    Origène (v.185-253), Homélies sur Saint Luc, n°32, 3-6 (trad. SC 87 rev.)

  • 30 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « C'est à notre temps que songeait le Seigneur quand il a dit : "Le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ?" (Lc 18,8) Nous voyons cette prophétie se réaliser. La crainte de Dieu, la loi de la justice, la charité, les bonnes oeuvres, on n’y croit plus... Tout ce que craindrait notre conscience, si elle y croyait, elle ne le craint pas, parce qu'elle n’y croit pas. Car si elle y croyait, elle serait vigilante ; et si elle était vigilante, elle se sauverait.
    Réveillons-nous donc, frères très chers, autant que nous en sommes capables. Secouons le sommeil de notre inertie. Veillons à observer et à pratiquer les préceptes du Seigneur. Soyons tels qu'il nous a prescrit d'être, quand il a dit : "Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller".
    Oui, restons en tenue de service, de peur que, quand viendra le jour du départ, il ne nous trouve embarrassés et empêtrés. Que notre lumière brille et rayonne de bonnes oeuvres, qu'elle nous achemine de la nuit de ce monde à la lumière et à la charité éternelles. Attendons avec soin et prudence l'arrivée soudaine du Seigneur, afin que, lorsqu'il frappera à la porte, notre foi soit en éveil pour recevoir du Seigneur la récompense de sa vigilance. Si nous observons ces commandements, si nous retenons ces avertissements et ces préceptes, les ruses trompeuses de l’Accusateur ne pourront pas nous accabler pendant notre sommeil. Mais reconnus serviteurs vigilants, nous régnerons avec le Christ triomphant. »

    Saint Cyprien (v.200-258), De l’unité, 26-27 (trad. cf. DDB, 1979 et AELF).

  • Audience générale de ce mercredi 29 août à Castelgandolfo

    La vie chrétienne exige le martyre de la fidélité quotidienne à l’Evangile

    Une foule en fête massée sur la place devant le Palais apostolique. Benoît XVI leur a rappelé que les chrétiens ne peuvent accepter aucun compromis quand il s’agit de l’amour du Christ. Sa catéchèse était centrée cette semaine sur le martyre de Saint Jean-Baptiste dont l’Eglise fait mémoire le 29 août. La vie chrétienne exige le martyre de la fidélité quotidienne à l’Evangile.

    « Le martyre de Saint Jean-Baptiste nous aide à comprendre que la foi rend les hommes capables de rester fidèles à la vérité et au bien, même au prix de l’abnégation et du sacrifice.
    Son exemple nous invite à ne pas faire de compromis dans notre vie avec l’amour du Christ, avec sa Parole et avec la Vérité. »
    Benoît XVI a invité les fidèles à être persévérants dans la prière afin que notre vie ne soit pas falsifiée par des compromis avec le mal et avec le mensonge. Il ne peut y avoir de compromis avec la vérité.
    « Nous devons avoir le courage de laisser grandir Dieu en nous afin qu’il puisse orienter nos pensées et nos actions. Seule une vie de prière fidèle, constante et confiante nous en rendra capables.
    La prière n’est donc pas une perte de temps, un espace volé à nos activités y compris apostoliques. Au contraire, elle permet à Dieu de nous donner la force et la capacité de vivre dans la joie et la sérénité et de lui rendre fidèlement témoignage. »

    Source : Radio Vatican.


    Benoît XVI aux servants d’autel français :

    « Faites grandir votre relation avec Jésus »

    Quelques 2.600 servants d'autel sont en pèlerinage à Rome depuis dimanche dernier.
    Le Colisée, le Forum ou la basilique Saint Clément, ils découvrent la Rome antique afin de mieux comprendre le monde dans lequel est né le christianisme. Visite aussi des catacombes.

    Mais ce mercredi matin, ils étaient à Castelgangolfo pour l'audience générale du mercredi. Et Benoît XVI, au-delà de sa catéchèse sur le martyr de Saint Jean-Baptiste, a pris le temps de s'adresser directement à tous ces jeunes qui "servent la messe". Le Pape leur a rappelé que ce service à l'église était un privilège :

    « C’est avec affection que je vous salue chers servants d’autel venus de France pour leur pèlerinage national à Rome, ainsi que Mgr Breton, les autres Évêques présents et les accompagnateurs de ce groupe important. Chers jeunes, le service que vous accomplissez fidèlement vous permet d’être particulièrement proches du Christ-Jésus dans l’Eucharistie. Vous avez l’énorme privilège d’être près de l’autel, près du Seigneur. Ayez conscience de l’importance de ce service pour l’Église et pour vous-même. Que ce soit pour vous l’occasion de faire grandir une amitié, une relation personnelle avec Jésus. N’ayez pas peur de transmettre avec enthousiasme autour de vous la joie que vous recevez de sa Présence ! Que votre vie tout entière resplendisse du bonheur de cette proximité avec le Seigneur Jésus ! Et si un jour vous entendez son appel à le suivre sur le chemin du sacerdoce ou de la vie religieuse, répondez-lui avec générosité ! À tous je souhaite un bon pèlerinage aux tombeaux des Apôtres Pierre et Paul ! »

    Source : Radio Vatican

    Message aux pèlerins francophones et vidéo sur le site internet du Vatican.

  • 25 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Qui s'élève sera humilié, et qui s'abaisse sera élevé" (Mt 23,12)... Imitons le Seigneur qui est descendu du ciel jusqu'au dernier abaissement, et qui, en retour, a été élevé du dernier rang jusqu'à la hauteur qui lui convenait. Découvrons tout ce que nous enseigne le Seigneur pour nous conduire à l'humilité.
    Petit bébé, le voici déjà dans une grotte, couché non dans un berceau, mais dans une mangeoire. Dans la maison d'un artisan et d'une mère sans ressources, il est soumis à sa mère et à son époux. Se laissant enseigner, écoutant ceux dont il n'avait nul besoin, il interrogeait, mais pourtant de telle sorte que par ses interrogations, on s'étonnait de sa sagesse. Il se soumet à Jean, et le Maître reçoit de son serviteur le baptême. Jamais il n'a résisté à ceux qui se dressaient contre lui, et n'a pas fait preuve de sa puissance invincible pour se libérer des mains qui l'enchaînaient, mais il s'est laissé faire, comme impuissant, et dans la mesure où il l'a jugé bon, il a donné prise sur lui à un pouvoir éphémère. Il a comparu devant le grand prêtre en qualité d'accusé ; conduit devant le gouverneur, il s'est soumis à son jugement, et alors qu'il pouvait répondre aux calomniateurs, il a subi en silence leurs calomnies. Couvert de crachats par des esclaves et des servants indignes, il a été enfin livré à la mort, à une mort infamante aux yeux des hommes. Voilà comment s'est déroulé sa vie d'homme depuis sa naissance jusqu'à sa fin. Mais après un tel abaissement, il a fait éclater sa gloire... Imitons-le pour arriver, nous aussi, à la gloire éternelle. »

    Saint Basile de Césarée (Basile le Grand) (v.330-379), Homélie sur l'humilité, 5-6 (trad. Brésard, 2000 ans B.)

  • 25 août : Prière de Saint Louis

    « Dieu Tout-Puissant et éternel,
    Qui avez établi l'empire des Francs pour être dans le monde
    L'instrument de vos divines volontés,
    Le glaive et le bouclier de votre sainte Église,
    Nous vous en prions, prévenez toujours et partout de votre céleste lumière,
    Les fils suppliants des Francs,
    Afin qu'ils voient ce qu'il faut faire pour réaliser votre règne en ce monde,
    Et que pour accomplir ce qu'ils ont vu,
    Ils soient remplis de charité, de force et de persévérance,
    Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
    Amen. »

    Oraison tirée d'un missel Carolingien.
    (Prière favorite du Père de Foucauld)

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    C'est Saint Louis qui rapporta à Paris les reliques de la Passion du Christ, en particulier la couronne d'épines, pour laquelle il fit construire la Sainte Chapelle.

  • 24 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Pour avoir suivi la Parole de Dieu, son appel, spontanément et librement dans la générosité de sa foi, Abraham était devenu "l'ami de Dieu" (Jc 2,23). Ce n'était pas à cause d'une indigence que le Verbe de Dieu s'est acquis cette amitié d'Abraham, lui qui est parfait dès l'origine ; "Avant qu'Abraham ait été, dit-il, je suis" (Jn 8,58). Mais c'était pour pouvoir, lui qui est bon, donner à Abraham la vie éternelle... Au commencement non plus, ce n'était pas parce qu'il avait besoin de l'homme que Dieu a modelé Adam, mais pour avoir quelqu'un en qui déposer ses bienfaits.
    Ce n'était pas davantage parce qu'il avait besoin de notre service qu'il nous a commandé de le suivre, mais pour nous procurer le salut. Car suivre le Sauveur c'est avoir part au salut, comme suivre la lumière c'est avoir part à la lumière. Lorsque des hommes sont dans la lumière, ce ne sont pas eux qui illuminent la lumière et la font resplendir, mais ils sont illuminés et rendus resplendissants par elle... Dieu accorde ses bienfaits à ceux qui le servent parce qu'ils le servent, et à ceux qui le suivent parce qu'ils le suivent ; mais il ne reçoit d'eux nul bienfait, car il est parfait et sans besoin.
    Si Dieu sollicite le service des hommes, c'est pour pouvoir, lui qui est bon et miséricordieux, accorder ses bienfaits à ceux qui persévèrent dans son service. Car, si Dieu n'a besoin de rien, l'homme a besoin de la communion de Dieu. La gloire de l'homme, c'est de persévérer dans le service de Dieu. C'est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : "Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais moi qui vous ai choisis" (Jn 15,16), indiquant par là que...pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient glorifiés par lui : "Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire" (Jn 17,24). »

    Saint Irénée de Lyon (v.130-v.208), Contre les hérésies, IV, 14,1 ; SC 100.

  • 24 août : Méditation

    « Voyant qu'elle ne peut atteindre par elle-même à la douceur de la connaissance et de l'expérience tant souhaitée, et découvrant que, plus elle accède aux profondeurs du coeur, plus Dieu semble s'éloigner (Ps 64(63),7-8), l'âme se fait humble et se réfugie dans la prière en disant :
    Seigneur, toi qui ne peux être vu que des coeurs purs, je cherche par la lecture et la méditation ce qu'est la vraie pureté de coeur et comment elle peut être obtenue, afin de pouvoir par elle te connaître peut-être un peu.
    J'ai cherché ton visage (Ps 27(26),8), Seigneur, je l'ai longtemps cherché en méditant dans mon coeur (Ps 77(76),7), et dans ma méditation a grandi le feu, le désir de mieux te connaître.
    Quand tu romps pour moi le pain de la Sainte Ecriture, dans cette fraction du pain (Lc 24,30-31.35) pour moi tu te fais connaître ; et plus je te connais, plus je désire te connaître, non plus seulement dans l'écorce de la lettre, mais dans le vécu de l'expérience.
    Et cela, je ne le demande pas, Seigneur, à cause de mes mérites, mais en vertu de ta miséricorde. Je confesse que, de fait, je suis un indigne pécheur ; mais "les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres" (Mt 15,27).
    Donne-moi donc, Seigneur, des avances sur l'héritage futur, une goutte au moins de l'eau du ciel par laquelle je pourrai étancher ma soif (Lc 16,24), car je brûle d'amour pour toi (Ct 2,5). »

    Guigues le Chartreux (neuvième prieur de la Grande Chartreuse, XIIème s.), L'Echelle du Paradis (ch. VI), Parole et Silence, Saint-Maur, 1999.

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  • 20 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « L'amour est seul suffisant par lui-même. L'amour est seul agréable par lui-même et pour lui-même. L'amour est à soi-même son mérite et sa récompense. Il ne cherche hors de soi, ni raison, ni avantage. J'aime parce que j'aime, j'aime pour aimer. L'amour est une grande chose, si néanmoins il retourne à son principe, s'il remonte à son origine et à sa source, s'il en tire toujours comme de nouvelles eaux pour couler sans cesse. De tous les mouvements de l'âme, l'amour est le seul par lequel la créature raisonnable peut en quelque sorte reconnaître les grâces qu'elle a reçues de son créateur. Par exemple, si Dieu est en colère contre moi, me mettrais-je aussi en colère contre lui ? Nullement. Mais je m'humilierai, je tremblerai devant lui, je lui demanderai pardon. De même s'il me reprend, je ne le reprendrai pas de mon côté, mais je reconnaîtrai qu'il me reprend avec justice. S'il me juge, je ne le jugerai pas, mais je l'adorerai. Lorsqu'il me sauve, il n'exige pas de moi que je le sauve, ni que je le délivre, parce que c'est lui qui délivre et sauve tout le monde. S'il use de l'empire qu'il a sur moi, il faut que je le serve ; s'il me commande quelque chose, il faut que j'obéisse, et non pas que j'exige du Seigneur le même service ou la même obéissance que je lui rends. Quelle différence quand il s'agit de l'amour ! Lorsque Dieu aime, il ne demande autre chose que d'être aimé, parce qu'il n'aime qu'afin d'être aimé, sachant que ceux qui l'aiment deviendront bienheureux par cet amour même. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermon sur le Cantique des Cantiques (LXXXIII,4), in "Oeuvres Complètes de Saint Bernard" (Tome IV), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Librairie Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 13 août : Méditation

    « Il est un joyau dont la Sainte Vierge se plaît à parer ses fidèles enfants : c'est l'humilité.
    Là où vous avez eu la joie de contempler les charmes de l'humilité évangélique, là, je n'en puis douter, il vous a été donné de connaître un serviteur authentique de la Très Sainte Vierge.
    Là où la Mère de Dieu n'est pas honorée avec amour, ce n'est pas à tort que vous redouterez de découvrir, plus ou moins établi, le règne de l'orgueil.
    L'humilité m'apparaît comme la fleur spécifique de la dévotion à Marie. Elle se développe et fleurit dans la mesure où cette dévotion est cultivée.
    Elle est le don de Marie à ses fidèles enfants. Et c'est vraiment un don royal.
    Je dis un don royal d'une valeur à part, pour cette raison d'abord que l'humilité préserve celui qui le possède du premier et du plus grand de tous les maux.
    On n'en sera jamais assez persuadé : l'orgueil est en effet, dans l'ordre surnaturel, le mal le plus à redouter, parce qu'il est l'obstacle le plus réfractaire à l'action de Dieu en nous...
    J'ajoute de plus que l'humilité dont Marie enrichit ses serviteurs est vraiment un don royal, parce que cette vertu, qu'on a si bien dénommée la mère et la gardienne de toutes les autres vertus, est, dans l'ordre de la grâce, l'origine de toutes les fortunes surnaturelles et le secret de toutes les élévations dont les privilégiés de Dieu sont l'objet.
    L'humilité orne l'âme d'une parure tellement séduisante qu'elle attire irrésistiblement l'Eternel vers celui qui s'en trouve paré. Lui, le Très-Haut, qui n'a besoin de personne, il fait ses délices de vivre avec les humbles et de les exalter selon le degré même de leur humilité. Il est le Dieu des petits !
    Notre-Dame proclame elle-même au moment où elle devient Mère du Sauveur : "Le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses parce qu'il a regardé l'humilité de sa servante"...
    L'humilité fut le premier trésor de la Vierge. Elle en fait part dans une large mesure à tous ceux qui se distinguent par une ardente dévotion à son égard. »

    Chanoine Marie-Eugène Henry, chapelain de Paray-le-Monial, Bienheureux les serviteurs de la T.S. Vierge, Imprimerie Nouvelle, Paray-le-Monial, 1931.

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  • 7 août : Méditation

    « Ne t'étonne pas, enfant, si, sur la route qui conduit vers les sommets, tu tombes dans les épines et parfois dans la boue, pour retrouver ensuite le chemin uni. Car ceux qui sont au combat tombent eux-même et font tomber tour à tour. "La vie de l'homme sur la terre, a dit le grand Job, n'est-elle pas un temps d'épreuve ?" (Job 7,1). Et un autre saint déclare : "L'homme qui n'a pas été éprouvé n'est pas sûr." Car nous sommes éprouvés, dans l'exercice de la foi, pour que soit reconnue notre valeur et que nous apprenions à combattre. "C'est par beaucoup de tribulations, dit le Seigneur, qu'il nous faut entrer dans le Royaume des Cieux" (Ac 14,22). Que l'espérance du terme soit notre secours au milieu de tous les événements ! Le saint Apôtre dit pour nous fortifier dans la patience : "Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. A côté de la tentation, il placera les moyens qui vous permettront de résister" (I Cor 10,13). Et que Notre Seigneur, qui est la Vérité, te console par ces paroles : "Vous aurez à souffrir dans le monde, mais courage ! j'ai vaincu le monde" (Jn 16,33). Médite cela, n'en sors pas. Souviens-toi du Seigneur, et sa bonté, enfant, t'accompagnera en tout, car il est miséricordieux et connaît notre impuissance. Lui-même commandera encore aux flots et fera le calme dans ton âme, par les prières de ses saints. »

    Dorothée de Gaza (VIème s.), Lettre 12 (197), in Oeuvres spirituelles, Trad. Regnault - Préville, SC 92, Editions du Cerf, 1963.

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