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  • Mercredi 20 août 2014

    St Bernard, abbé et docteur de l’Église

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    Apparition de la Vierge à Saint Bernard (détail), Filippino Lippi (v.1486)
    (Badia Fiorentina, Florence, Italie)

  • Méditation : l'Assomption de la Très Sainte Vierge Marie

    « Aujourd’hui la Vierge immaculée, qui n’a connu aucune des affections terrestres, mais s’est nourrie des pensées du ciel, n’est pas retournée à la terre ; comme elle était un ciel vivant, elle est placée dans les tabernacles célestes. Qui donc en effet manquerait à la vérité en l’appelant un ciel ; à moins peut-être de la dire, en comprenant bien ce qu’on entend par là, qu’elle est supérieure aux cieux par ses incomparables privilèges... Aujourd’hui le trésor de la vie, l’abîme de la grâce, nous est caché par une mort vivifiante ; sans crainte, elle la voit s’approcher, elle qui a engendré celui qui l’a détruite si toutefois il est permis d’appeler mort ce départ lumineux de vie et de sainteté. Car celle qui a donné la vraie vie au monde, comment eût-elle pu être soumise à la mort ? Mais elle a obéi à la loi imposée par celui qu’elle a engendré, et comme fille du vieil Adam, elle subit la sentence prononcée contre le père. Son Fils, qui est la vie même, ne l’a pas refusée, il est juste qu’il en soit de même pour la mère du Dieu vivant.

    Si le corps saint et incorruptible que Dieu, en elle, avait uni à sa personne, est ressuscité du tombeau le troisième jour, il était juste que sa mère, elle aussi, fût arrachée à la tombe et rejoignît son Fils ; et que, de même qu’il était descendu vers elle, elle fût emportée dans un tabernacle plus haut et plus précieux, le ciel lui-même ; il importait, dis-je, que celle qui avait donné asile en son sein à Dieu le Verbe, fût placée dans les divins tabernacles de son Fils ; et, de même que le Seigneur avait dit qu’il voulait être en compagnie de ceux qui appartenaient à son père, de même convenait-il que la Mère demeurât au palais de son Fils, dans la demeure du Seigneur, et les parvis de la maison de notre Dieu. Car si là est la demeure de tous ceux qui sont dans la joie, où donc eût été la cause de leur joie ? Il fallait que le corps de celle qui, dans l’enfantement, avait gardé une virginité sans tache, fût aussi conservé peu après la mort. Il fallait que l’épouse choisie par Dieu habitât la demeure du ciel. Il fallait que celle qui avait contemplé son Fils en croix et qui avait eu le cœur traversé par le glaive qui l’avait épargnée dans son enfantement, le contemplât lui-même siégeant à côté du Père. Il fallait enfin que la Mère de Dieu possédât tout ce que possédait son Fils et fût honorée de toutes les créatures. »

    St Jean Damascène (v.675-749), Homélie II sur la Dormition de la B.V.M., P.G. 99 (Trad. Mlle Mestivier).

    assomption_titien_1a.jpg

    Tiziano Vecellio dit le Titien (v.1488-1576) : L'Assomption de la Vierge (détail)
    Église Santa Maria Gloriosa dei Frari (Venise)

    (Source, crédit photo, détails et commentaires)

    « Aujourd'hui la Vierge Marie monte, glorieuse, dans le ciel. Elle met le comble à la joie des anges et des saints. C'est elle, en effet, dont la simple parole de salutation a fait exulter l'enfant encore enfermé dans le sein maternel (Lc 1,44). Quelle a dû être l'exultation des anges et des saints, lorsqu'ils ont pu entendre sa voix, voir son visage, et jouir de sa présence bénie ! Et pour nous, frères bien-aimés, quelle fête dans son Assomption glorieuse, quelle cause d'allégresse et quelle source de joie aujourd'hui ! La présence de Marie illumine le monde entier, tellement le ciel resplendit, irradié par l'éclat de la Vierge toute sainte. C'est donc à bon droit que résonne dans les cieux l'action de grâce et la louange.

    Mais nous, dans la mesure où le ciel exulte de la présence de Marie, n'est-il pas raisonnable que notre monde d'ici-bas pleure son absence ? Mais non, ne nous plaignons pas, car nous n'avons pas ici-bas de cité permanente (He 13,14) ; nous cherchons celle où la Vierge Marie est parvenue aujourd'hui. Si nous sommes déjà inscrits au nombre des habitants de cette cité, il convient aujourd'hui de nous souvenir d'elle, de partager sa joie, de participer à cette allégresse qui réjouit aujourd'hui la cité de Dieu ; elle retombe aujourd'hui en rosée sur notre terre. Oui, elle nous a précédés, notre reine, elle nous a précédés et elle a été reçue avec tant de gloire que nous pouvons, nous ses humbles serviteurs, suivre notre souveraine en toute confiance en criant [avec l'Épouse du Cantique des Cantiques] : « Entraîne-nous à ta suite. Nous courrons à l'odeur de tes parfums ! » (Ct 1,3-4 LXX) Voyageurs sur la terre, nous avons envoyé en avant notre avocate, mère de miséricorde, pour plaider efficacement notre salut. »

    St Bernard (1091-1153), 1er sermon pour l'Assomption (trad. Pain de Cîteaux 32, p. 63 rev.)

  • Mercredi 22 janvier 2014

    Calendrier liturgique

  • Hymne "Jesu, dulcis memoria"

    The Cathedral Singers - Dir. Richard Proulx

    Cette hymne est attribuée à Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153). Sa longueur varie d’un manuscrit à l’autre, et va de 42 à 53 strophes. De fait, elle était divisée en trois parties, et employée dans trois offices différents de la Fête du Nom de Jésus (vêpres, matines, laudes). Le texte figure dans le Romanum Breviarium, le Bréviaire romain de 1908, avec ce découpage en trois parties (tel qu’il est donné ici), selon le site internet www.preces-latinae.org.

    Cette fête se célébrait anciennement, dans le temps de Noël, au dimanche entre la Circoncision (1er janvier) et l’Épiphanie (6 janvier), ou faute d'un tel dimanche, le 2 janvier.


    1ère partie en 5 strophes (vêpres)
    Trad. littérale française : Yves Kéler 13.10.08

    Jesu, dulcis memoria,
    dans vera cordis gaudia:
    sed super mel et omnia
    ejus dulcis praesentia.

    Nil canitur suavius,
    nil auditur jucundius,
    nil cogitatur dulcius,
    quam Jesus Dei Filius.

    Jesu, spes paenitentibus,
    quam pius es petentibus!
    quam bonus te quaerentibus!
    sed quid invenientibus?

    Nec lingua valet dicere,
    nec littera exprimere:
    expertus potest credere,
    quid sit Jesum diligere.

    Sis, Jesu, nostrum gaudium,
    qui es futurum praemium:
    sit nostra in te gloria,
    per cuncta semper saecula.
    Amen.

    Doux est le souvenir de Jésus,
    Qui donne les vraies joies du cœur,
    Mais plus que le miel et toutes choses
    Est sa douce présence.

    Rien de plus suave n’est chanté,
    Rien de plus joyeux n’est écouté,
    Rien de plus doux n’est pensé,
    Que Jésus, le Fils de Dieu.

    Jésus, espoir du pénitent,
    Combien doux tu es pour ceux qui te prient !
    Combien bon pour ceux qui te cherchent !
    Mais que n’es-tu pour ceux qui te trouvent ?

    Ni la langue ne veut le dire,
    Ni l’écriture l’exprimer ;
    Qui l’a éprouvé peut croire
    Ce qu’est de choisir Jésus.

    Sois, Jésus, notre joie,
    Toi qui dois être notre récompense,
    Que notre gloire soit en toi
    A travers tous les siècles toujours.

  • Mercredi 4 décembre 2013

    Calendrier liturgique

  • Mardi 20 août 2013

    Saint Bernard, abbé et docteur de l’Eglise

    Appelé par le Pape Pie VIII "Docteur melliflu" ("d’où coule le miel"), pour son art de butiner et de transformer en miel les textes bibliques et ceux des Pères de l'Eglise, excellant "à faire distiller des textes bibliques le sens qui s'y trouvait caché".

    « La mesure d’aimer Dieu, c’est de l’aimer sans mesure. »
    St Bernard de Clairvaux (1090-1153)
     
  • Mardi 28 mai 2013

    Calendrier liturgique

  • Mardi 12 mars 2013

    Calendrier liturgique

  • Samedi 12 janvier 2013

    Calendrier liturgique

  • 9 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Le Temple de Dieu
    "Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic." (Jn 2, 13-22)

    « Nous faisons aujourd'hui une fête solennelle, mes frères... nous faisons la fête de la maison de Dieu, du temple de Dieu, de la cité du Roi éternel, de l'Épouse du Christ...

    Voyons quelle est la maison de Dieu, cherchons son temple et sa cité, voyons aussi quelle est son épouse. Je ne l'ai point oublié, et je le redis encore avec crainte, en même temps qu'avec respect, c'est nous, oui, c'est nous, vous dis-je qui sommes tout cela, mais dans le Coeur de Dieu, c'est nous, mais par la grâce de Dieu, non par nos propres mérites. Que l'homme ne revendique point comme de lui ce qui vient de Dieu, et qu'il ne cède point à la pensée de s'exalter lui-même, autrement Dieu, le mettant à sa place, fera ce qu'il aurait dû faire lui-même, et humiliera celui qui ne songe qu'à s'élever. Si dans une ardeur toute puérile nous voulons nous sauver gratis, nous ne nous sauverons point, et ce sera justice : quand on dissimule sa misère, on ferme la porte à la miséricorde, et la grâce n'a plus de place là où on présume de ses propres mérites, tandis que l'humble aveu de nos souffrances provoque la compassion. Il a pour résultat de nous faire nourrir dans notre faim, par Dieu même, comme par un riche père de famille, et trouver, sous lui, dans une grande abondance de pain. C'est donc nous qui sommes sa maison, cette maison à laquelle les provisions de vie ne manquent jamais. Mais rappelez-vous qu'il appelle sa maison une maison de prière ; or cela semble parfaitement répondre au témoignage du Prophète qui nous annonce que nous serons nourris de Dieu dans nos prières, avec un pain de larmes, et abreuvés de nos pleurs (Ps LXXIX, 6)... "Soyez saint, est-il dit, parce que moi qui suis le Seigneur votre Dieu, je suis saint" (Lev XI, 44). Et l'Apôtre continue : "Ne savez-vous pas que vos corps sont les temples du Saint-Esprit, et que le Saint-Esprit réside en vous" (I Co VI, 19), or, si quelqu'un profane le temple de Dieu, Dieu le perdra (I Co III, 17).

    Nous contenterons-nous de la sainteté ? La paix encore est requise, si nous en croyons l'Apôtre qui nous dit : "Tâchez d'avoir la paix avec tout le monde, et de conserver la sainteté sans laquelle nul ne verra Dieu (Hb XII, 14). C'est elle, en effet, qui fait que les hommes vivent ensemble comme des frères, car c'est elle qui édifie pour notre Roi, le vrai Roi pacifique, la nouvelle citée qui a nom Jérusalem, c'est-à-dire la vision de Dieu... Enfin il dit lui-même : "Je vous ai rendu mon épouse dans la foi, dans la justice et le jugement", dans sa justice à lui, comprenez bien, non point dans la vôtre, et "je vous ai épousée dans ma miséricorde et dans ma compassion" (Os II, 19). S'il n'a pas fait ce que fait un époux, s'il n'a point aimé comme aime un époux, s'il n'a pas eu la jalousie qu'a un époux, ne vous flattez point d'être son épouse.

    Ainsi, mes frères, si nous pouvons nous reconnaître pour la maison du Père de famille, parce que nous avons des pains en abondance ; si nous sommes le temple de Dieu par la sanctification, la cité du souverain Roi par la communion de la vie en commun, si nous sommes l'épouse de l'Epoux immortel par l'amour, il me semble que je ne dois pas craindre d'appeler cette solennité notre fête. Ne soyez pas surpris non plus que cette fête se passe sur la terre, attendu qu'elle se célèbre aussi dans les cieux. En effet, s'il est vrai, or c'est la Vérité même qui l'affirme, et ce ne peut donc point ne pas être vrai, qu'il y a de la joie dans les cieux et même parmi les anges de Dieu, pour un seul pécheur qui fait pénitence, on ne saurait douter qu'aujourd'hui il y ait une joie immense pour tant de pécheurs qui font pénitence. Mais voulez-vous que je vous dise encore ? Eh bien ! "La joie du Seigneur est notre force" (II Esdr VIII, 10). Réjouissons-nous donc avec les anges de Dieu, réjouissons-nous avec Dieu, et que la fête d'aujourd'hui se passe en actions de grâces, attendu que plus elle nous est personnelle, plus aussi elle doit nous trouver remplis de dévotion. »

    Saint Bernard, Cinquième Sermon pour la Dédicace de l'Eglise (1,8-9-10), in Oeuvres complètes de Saint Bernard (Tome III), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 3 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé." (Lc 14, 1-11)

    « Il n'y a point de danger que vous vous humiliiez au-delà même de ce que vous devriez, et que vous vous estimiez beaucoup moindre que vous n'êtes, c'est-à-dire que la vérité ne vous estime. Mais il y a un grand mal et un horrible danger à vous élever le moins du monde au dessus de ce que vous êtes selon la vérité, à vous préférer en vous-même à un seul que peut-être la vérité juge vous être égal, ou même supérieur. Car, pour vous faire comprendre ceci par un exemple familier, de même que lorsque vous passez par une porte basse, quelque profondément que vous vous baissiez, vous n'avez rien à craindre, au lieu que, si peu que vous vous éleviez plus haut que la porte, quand ce ne serait que d'un doigt, vous en recevez un grand mal, et vous vous mettez en danger de vous blesser rudement la tête ; ainsi, pour ce qui regarde l'âme, il ne faut jamais craindre de trop vous humilier, mais il faut appréhender extrêmement, et même redouter avec frayeur de vous élever tant soit peu plus qu'il ne faut. C'est pourquoi ne vous comparez jamais à de plus grands ni de moindres que vous, ni à quelques-uns, ni même à un seul. Car, que savez-vous, ô homme, si celui que peut-être vous estimez le plus vil et le plus misérable des hommes, dont vous abhorrez la vie infâme et souillée de crimes, que vous croyez, à cause de cela, devoir mépriser en comparaison de vous, qui pensez peut-être vivre déjà dans la tempérance, dans la justice et dans la piété, et que vous tenez en comparaison de tous les autres scélérats, comme le plus scélérat des hommes, que savez-vous, dis-je, si par un coup de la main du Très-Haut, il ne doit point être un jour au regard des hommes meilleur que vous, et que ceux que vous lui préférez, où s'il ne l'est point déjà au regard de Dieu ? Aussi, est-ce pour ce sujet qu'il n'a pas voulu que nous choisissions une place au milieu, non pas même à l'avant dernier rang ou parmi les derniers, et qu'il a dit : "Asseyez-vous à la dernière place" (Lc XIV, 10), c'est-à-dire placez-vous le dernier de tous, non seulement ne vous préférez à personne, mais ne présumez pas même de vous comparer à qui que ce soit. Vous voyez quel grand mal cause l'ignorance de nous-mêmes, puisqu'elle produit le péché du diable, et le commencement de tout péché, qui est l'orgueil. »

    Saint Bernard, Sermon XXXVII sur le Cantique des Cantiques (7), in Oeuvres complètes de Saint Bernard, Traduction nouvelle de M. l'Abbé Louis Charpentier (Tome IV), Paris, Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 1er novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La Toussaint

    « Pourquoi notre louange à l’égard des saints, pourquoi notre chant à leur gloire, pourquoi cette fête même que nous célébrons ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors que le Père du ciel, en réalisant la promesse du Fils, les honore lui-même ? De nos honneurs les saints n’ont pas besoin, et rien dans notre culte ne peut leur être utile. De fait, si nous vénérons leur mémoire, c’est pour nous que cela importe, non pour eux. Pour ma part, je l’avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un violent désir.

    Le premier désir, en effet, que la mémoire des saints éveille, ou plus encore stimule en nous, le voici : nous réjouir dans leur communion tellement désirable et obtenir d’être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux, d’être mêlés à l’assemblée des patriarches, à la troupe des prophètes, au groupe des Apôtres, à la foule immense des martyrs, à la communauté des confesseurs ; au choeur des vierges, bref d’être associés à la joie et à la communion de tous les saints. Cette Église des premiers-nés nous attend, et nous n’en aurions cure ! Les saints nous désirent et nous n’en ferions aucun cas ! Les justes nous espèrent et nous nous déroberions !

    Réveillons-nous enfin, frères ; ressuscitons avec le Christ, cherchons les réalités d’en haut ; ces réalités, savourons-les. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, et puisqu’ils comptent sur nous, accourons avec nos désirs spirituels. Ce qu’il nous faut souhaiter, ce n’est pas seulement la compagnie des saints, mais leur bonheur, si bien qu’en désirant leur présence, nous ayons l’ambition aussi de partager leur gloire, avec toute l’ardeur et les efforts que cela suppose. Car cette ambition-là n’a rien de mauvais : nul danger à se passionner pour une telle gloire.

    Et voici le second désir dont la commémoration des saints nous embrase : voir, comme eux, le Christ nous apparaître, lui qui est notre vie, et paraître, nous aussi, avec lui dans la gloire. Jusque là, il ne se présente pas à nous comme il est en lui-même, mais tel qu’il s’est fait pour nous : notre Tête, non pas couronnée de gloire, mais ceinte par les épines de nos péchés. Il serait honteux que, sous cette tête couronnée d’épines, un membre choisisse une vie facile, car toute la pourpre qui le couvre doit être encore non pas tant celle de l’honneur que celle de la dérision. Viendra le jour de l’avènement du Christ : alors on n’annoncera plus sa mort de manière à nous faire savoir que nous aussi sommes morts et que notre vie est cachée avec lui. La Tête apparaîtra dans la gloire, et avec elle les membres resplendiront de gloire, lorsque le Christ restaurera notre corps d’humilité pour le configurer à la gloire de la Tête, puisque c’est lui la Tête.

    Cette gloire, il nous faut la convoiter d’une absolue et ferme ambition. Et vraiment, pour qu’il nous soit permis de l’espérer, et d’aspirer à un tel bonheur, il nous faut rechercher aussi, avec le plus grand soin, l’aide et la prière des saints, afin que leur intercession nous obtienne ce qui demeure hors de nos propres possibilités. »

    Saint Bernard, Sermon pour la solennité de la Toussaint (extrait).

    Source : Diocèse Belley-Ars.

  • 9 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Marthe et Marie (Lc 10, 38-42)

    « Que veulent dire ces paroles, mes frères, Marie a choisi la meilleure part ? Et que devient après cela ce que nous avons coutume de lui dire, quand il lui arrive de trouver que sa part est meilleure que celle si troublée, de la besogneuse Marthe ? Que devient le proverbe "l'homme qui fait du mal, vaut mieux encore que la femme qui fait du bien" (Eccli. XLII, 14) ? Ce mot encore, "si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera" (Jn XII, 26) ? Et cet autre : "Celui qui est le plus grand parmi vous, sera votre serviteur" (Mt XX, 26) ? D'ailleurs où sera la consolation de celle qui travaille, si on exalte la part de sa soeur au détriment de la sienne ? De deux choses l'une, ou bien, il nous faut choisir tous, si cela dépend de nous, la part qui est louée en Marie, ou bien il faut reconnaître qu'elle a réuni les deux parts, en ne se précipitant point d'elle-même sur l'une des deux, et en se tenant prête à obéir au commandement du Maître, quelque chose qu'il lui ordonne. En effet, y a-t-il quelqu'un qui ressemble au fidèle David, qui aille et qui vienne, soumis avec empressement aux ordres du Roi (I Reg. XXII, 14) ? N'est-ce pas lui qui s'écriait : "Mon coeur est préparé, Seigneur, mon coeur est préparé" (Ps LVI, 8) ? C'est peu d'une fois, il est deux fois préparé à vaquer au Seigneur, et préparé à servir le prochain. Voilà certainement quelle est la meilleure part qui ne doit point lui être ôtée ; voilà la disposition d'esprit la meilleure, puisqu’elle ne saurait changer de quelque côté qu'on l'appelle.
    [...]
    Pendant que Marthe est ainsi absorbée par les mille occupations de son emploi, il faut que Marie voie comment elle vaque au sien, et reconnaisse "combien le Seigneur est doux" (Ps XXXIII, 9). Oui, elle doit voir avec quelle piété d'âme et quelle tranquillité d'esprit elle doit se tenir assise aux pieds de Jésus, l'avoir constamment sous les yeux, recevoir les paroles qui tombent de ses lèvres, car autant sa vue est agréable, autant ses entretiens sont doux. "Une grâce admirable est répandue sur ses lèvres, et il surpasse en beauté tous les enfants des hommes" (Ps XLIV, 3), et les anges eux-mêmes. Réjouissez-vous et rendez grâces à Dieu, ô Marie, d'avoir choisi la meilleure part. Heureux, en effet, les yeux qui voient ce qu'il vous est donné de contempler, et les oreilles qui sont dignes d'entendre ce que vous entendez (Mt XIII, 16). Oui, heureuse êtes-vous, vous qui percevez le bruit imperceptible des entretiens divins, dans le silence où il est bon à l'homme d'attendre le Seigneur. »

    Saint Bernard, 3e sermon pour l’Assomption de la Vierge Marie (3,7), Sermons pour des fêtes de saints, in Oeuvres complètes de saint Bernard, Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Librairie de Louis Vivès, Editeur, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 20 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Elle m'a versé un parfum précieux sur les pieds..." (Lc 7, 36-50)

    « Aujourd'hui la miséricorde et la vérité se sont rencontrées, et l'abondance des miséricordes du Seigneur s'est épanchée sur une femme pécheresse. Car le fils de la Vierge est touché par les mains d'une créature coupable et souillée, une femme qui avait perdu toute honte porte les mains sur Dieu et sur le Fils de Dieu. Impure, elle touche les pieds de celui qui est pur et qui purifie ; coupable, elle tombe aux pieds de son Créateur. Celle qui avait prévariqué revient à de meilleurs sentiments et rentre dans son coeur ; elle condamne, par l'abondance de ces larmes, la multitude de ses crimes. La bonté de celui qu'elle touche ainsi laisse accomplir cet acte, l'oeil bienfaisant de sa majesté, par un heureux dédain, ne méprise point l'empressement de l'office qu'on lui rend. Marie couvre de baisers fréquents les pieds de Jésus-Christ, elle les arrose de ses larmes insaisissables, elle les essuie de ses cheveux, et les oint de parfums embaumés. L'ami de la singularité le voit et est envieux, et l'orgueil du Pharisien accuse Jésus d'ignorance et Madeleine de présomption. Mais la clairvoyance divine délibère et suspend son jugement ; tant qu'elle reçoit cet hommage, elle retient le reproche qu’elle a préparé, jusqu'à ce que le sacrifice de Marie s'achève en holocauste. Les anges se réjouissent à la vue d'une pécheresse qui fait pénitence, et leur assemblée céleste est parfumée de cette odeur, et toute la douceur de la miséricorde entoure celui qui sauve et celle qui va être sauvée. Où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Rm. V, 20), et la piété, en devenant prépondérante, arrête le cours de nombreux péchés. Que l'étendue de votre piété est grande, Seigneur, dans la confession de cette pécheresse, que vous réprimandez justement l'orgueil et l'illusion du Pharisien. Vous rappelez les attentions de celle qui vous honore, et vous blâmez indirectement l'injustice de celui qui s'indigne dans l'ensemble de ce passage dirigé contre la jalousie de Simon. Et parce que là où est l'esprit du Seigneur, là se trouve la liberté (II Cor. III, 17), beaucoup de péchés sont remis à celle qui a beaucoup aimé, et beaucoup sont le partage de ceux qui se montrent bien négligents. Ce pharisien ne s'était pas rassasié aux mamelles de l'Épouse, il n'avait point pris des sentiments de compassion, il lisait la loi qui ignore la miséricorde, il ne connaissait que la justice. Loi divine, gravée sur des pierres dures, prête à frapper, ne sachant point pardonner. Loi qui ne laisse jamais de place au pardon, qui refuse l'indulgence et ignore le changement. Vin âpre et acide sorti de grappes fort amères, destiné aux hommes cruels, versé à Israël et offert au Sauveur. Vice qui agace les dents de ceux qui le boivent, et qui ne vient point de cette espèce de vigne, dont le Sauveur boit le jus nouveau dans le royaume de son Père...

    Que l'affection de l'âme pénitente oigne l'un et l'autre pied, mais que, tantôt embrassant la miséricorde, tantôt baisant la justice, elle offre l'holocauste d'un coeur contrit. Voyez Marie s'attachant fortement au pied du jugement, lorsque, femme noble et pécheresse, elle ne regarde pas ceux qui sont assis à table, mais, le corps prosterné, se roule aux pieds de la majesté divine, remplie de douleur, impatiente de crainte, et blessée des traits de la componction. Mais elle embrasse avec plus d'affection le pied de la miséricorde, espérant qu'on l'exercera à son endroit ; elle se colle fortement aux pieds du Rédempteur, jusqu'à ce qu'elle entende : "Vos péchés vous sont remis".

    C'est là un parfum bien précieux, il embaume non-seulement la maison de la terre, mais encore le palais des cieux. Ce sont des espèces bien viles qui le composent, on en peut trouver une grande quantité dans nos jardins. Nos péchés plantés dans nos consciences, en nombre incalculable, en sont les ingrédients. Placés dans le mortier de la pénitence, broyés par la macération, arrosés de l'huile de la discrétion, mis au feu de la douleur, cuits dans le vase de la discipline, ils forment un parfum précieux et agréable aux pieds du Sauveur. Nous le confectionnons d'une manière plus abrégée, en abandonnant entièrement toutes choses à celui qui le goûte. Et quoique la matière paraisse indigne, ce parfum est bon néanmoins, il remplit la maison, pénètre les cieux, réjouit les anges, et procure allégresse et joie à la cité bienheureuse. C'est là le sacrifice de justice : "Parce qu'un esprit brisé de douleur est un sacrifice à Dieu" (Ps. L, 19). »

    Nicolas de Clairvaux († v. 1176 ou 1178), Sermon pour la fête de la Bienheureuse Marie-Madeleine (1,4,5), in Oeuvres complètes de Saint Bernard, Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Louis de Vivès Editeur, 1866.

    (Nicolas de Clairvaux, qui fut l'un des secrétaires de saint Bernard, s'est attribué de nombreux sermons qui ne sont que des copies d'autres auteurs, notamment d'Hugues de Saint-Victor ('Adnotationes in Psalmos'), et surtout de saint Bernard. C'est sans doute le cas du sermon présenté ci-dessus, inclus dans les oeuvres complètes du Père de l'Eglise.)

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 19 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "A quoi donc vais-je comparer les hommes de cette génération ?" (Lc 7,31)

    « L'Apôtre dit que quelques-uns ignorent Dieu. Mais moi je dis que tous ceux qui ne veulent point se convertir à lui ignorent Dieu (I Cor. XV, 34). Car ils ne refusent sans doute de le faire, que parce qu'ils se le représentent sévère et rigoureux, quand il est bon, et inexorable quand il est plein de miséricorde ; cruel et terrible quand il est aimable ; et l'iniquité se ment à elle-même en se formant une idole au lieu de ce qu'il est en effet. Gens de peu de foi, que craignez-vous ? Qu'il ne veuille pas remettre vos péchés ? Ne les a-t-il pas attachés à la croix avec ses mains ? Vous êtes tendres et délicats, il est vrai, mais ne tonnait-il pas la faiblesse de notre nature ? Vous avez de mauvaises habitudes, et vous êtes liés par l'habitude du péché, comme avec de fortes chaînes ; mais le Seigneur n'a-t-il pas brisé les liens des captifs (Ps. CXLV, 8) ? Vous appréhendez peut-être qu'étant irrité contre vous, de l'énormité et de la multitude de vos crimes, il ne tarde à vous tendre une main secourable. Mais sachez qu'ordinairement la grâce surabonde où le péché a abondé (Rm. V, 20). Est-ce que vous êtes en peine pour le vêtement, la nourriture et les choses nécessaires au corps, et cela vous empêche-t-il d'abandonner vos biens ? Mais ne sait-il pas que vous avez besoin de toutes ces choses (Mt. VI, 32) ? Que voulez-vous donc davantage ? Qu'est-ce qui, maintenant, fait obstacle à votre salut ? C'est ce que je dis, vous ne connaissez pas Dieu, et vous ne voulez pas en croire notre parole. Je voudrais bien que vous crussiez au moins ceux qui ont l'expérience de ce qu'ils vous disent. Car, si vous ne croyez, vous n'aurez jamais la véritable intelligence. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermon XXXVIII (2) sur le Cantique des Cantiques, in Oeuvres complètes de saint Bernard, Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Louis de Vivès Editeur, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 12 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Et le nom de la Vierge était Marie". Arrêtons-nous un peu à ce nom, qui signifie, dit-on, Etoile de la mer, et qui convient à merveille à la Vierge Mère. Il est tout indiqué de la comparer à un astre : car si l'astre émet un rayon sans en éprouver de tort, la Vierge met au monde son Fils sans la moindre lésion d'elle-même. Ni le rayon ne diminue l'éclat de l'astre, ni le Fils l'intégrité de la Vierge. C'est donc bien elle, "l'étoile glorieuse qui s'est levée de Jacob", dont le rayon éclaire l'univers entier, dont l'éclat brille au ciel et pénètre jusqu'aux enfers, parcourant toute la terre et y réchauffant les âmes plus que les corps, excitant les vertus et brûlant les vices. C'est elle, dis-je, cette étoile étincelante et incomparable, qui se balance au-dessus de notre mer immense et dangereuse, radieuse par ses mérites, nous éclairant le chemin par ses exemples.

    Oh, qui que tu sois, si tu te sens entraîné par le courant du siècle et balloté au milieu des orages et des tempêtes, au lieu de marcher sur la terre solide, ne détourne pas tes regards de cette lumineuse étoile, si tu ne veux pas sombrer dans la tourmente. Si le vent des tentations s'élève, si tu cours droit aux écueils des tribulations, regarde l'étoile, invoque Marie. Si tu es roulé par les flots de l'orgueil, de l'ambition, du dénigrement, de l'envie, regarde l'étoile, appelle Marie. Si la colère, l'avarice, la passion charnelle, bat à coups redoublés la nacelle de ton âme, tourne tes regards vers Marie. Si, déconcerté par l'énormité de tes crimes, confus de tes souillures de conscience, effrayé par l'horreur du jugement, tu te sens glisser dans le gouffre de la tristesse et l'abîme du désespoir, que ta pensée aille vers Marie. Dans les dangers, dans les difficultés, dans les incertitudes, pense à Marie, invoque Marie.

    Que son nom ne soit jamais loin de tes lèvres, ni loin de ton coeur ; et pour obtenir l'appui de sa prière, ne t'écarte pas des exemples de sa vie. En la suivant, on ne s'égare pas ; en la priant, on ne désespère pas ; qui se règle sur elle ne quitte pas le droit chemin. Si elle te tient par la main, tu ne tombes pas ; si elle te protège, tu n'as rien à craindre ; si elle te précède, tu marches sans fatigue, et avec son aide tu parviens au but : ainsi éprouves-tu, par ton expérience personnelle, combien pleine de sens est cette parole : "Et le nom de la Vierge était Marie". »

    Saint Bernard (1091-1153), Sur l'Evangile 'Missus Est', II, 17 ; P.L. t. 183, col.70-71.


    "Que Votre nom est glorieux, ô sainte Mère de Dieu ! s'écrie saint Bonaventure ; qu'il est glorieux, ce nom qui a été la source de tant de merveilles !" – "O nom plein de suavité ! s'écrie le bienheureux Henri Suzo. O Marie ! Qui êtes-Vous donc Vous-même, si Votre nom seul est déjà si aimable et si rempli de charmes ?" – "Votre nom, ô Marie, dit saint Ambroise, est un baume délicieux qui répand l'odeur de la grâce !" – Mais surtout le nom de Marie est un nom de salut. Saint Éphrem l'appelle la Clef du Ciel. "Le nom seul de Marie, dit saint Bernard, met en fuite tous les démons..." Ce n'est là qu'un faible écho de l'apologie du nom de Marie faite par les Saints.

    Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.

  • 6 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Qui peut gravir la montagne du Seigneur
    et se tenir dans le lieu saint ?"
    Psaume XXIII, 3.

    « C'est une parole d'exhortation, mes frères ; puisque tous nous nous efforçons de monter, tous nous tendons en haut, tous nous aspirons à nous élever, et tous nous faisons des efforts pour grandir, efforçons-nous du moins de monter là où nous puissions être bien, où nous nous trouvions en sûreté, d'où nous ne puissions tomber, là enfin, où nous puissions nous tenir fermes. Mais si le Prophète demande où est celui qui montera sur cette montagne, ce n'est pas seulement pour exciter eu nous le désir d'y monter, mais encore afin de nous apprendre le moyen de le faire si nous en avons le désir. Heureux celui qui a disposé dans son coeur des degrés pour s'élever sur cette montagne et qui soupire après la maison du Seigneur, et tombe presque en défaillance par la force de ce désir. Cette montagne est fertile, où se trouve le comble de tous les biens, c'est la montagne d'éternelle volupté, la montagne de Dieu. Et "bienheureux ceux qui demeurent dans votre maison, Seigneur, ils vous loueront dans les siècles des siècles" (Ps LXXXIII, 5). Si vous voulez être sûrs que c'est effectivement une maison, écoutez un témoin fidèle qui vous le dira : "O Israël que la maison de Dieu est grande, et combien étendu est le lieu, qu'il possède ! Il est vaste et n'a point de bornes, il est élevé, il est immense" (Ba III, 24). Que dis-je, non seulement c'est une montagne, mais c'est le mont des monts ; on y voit beaucoup d'habitations, beaucoup d'autres montagnes, ses fondements mêmes se trouvent placés dans les montagnes saintes (Ps LXXXVI, 2).

    Le saint prophète Isaïe ne s'en tait pas non plus : "La montagne, dit-il, qui est la demeure du Seigneur, sera fondée sur le haut des monts, et s'élèvera au dessus des collines" (Is II, 2). Et pourquoi ne serait-ce pas le mont des monts (fondé sur les hauteurs mêmes) de la terre entière, où se trouve une abondance si variée de toutes sortes de délices, où seulement est la plénitude de toutes les abondances ? En effet, ce sera le mont de la paix, le mont de la joie, le mont de la vie, le mont de la gloire. Or, tous ces monts ne forment qu'un mont, le mont de la félicité consommée N'est-ce point le mont de la paix, la paix même sur la paix, la paix qui passe tout sentiment ? Oui, certainement c'est un mont bien élevé que la paix dans le coeur, la paix dans la chair, la paix du côté des hommes méchants, la paix avec tous nos proches, la paix de la part des démons mêmes, la paix avec Dieu. Or, cette paix sera sans fin. Il y aura aussi de la joie, mais une joie telle que le Seigneur la dépeint, "une joie pleine" (Jn XVI, 22). Une joie sûre, une joie que personne ne nous ravira. Nous aurons aussi la vie, nous l'aurons même avec une grande abondance, car la venue d'un si grand pasteur, qui n'est venu vers ses brebis, comme il le dit lui-même, que "pour qu'elles aient la vie et qu'elles l'aient avec abondance" (Jn X, 10), ne saurait demeurer sans effet. Est-ce qu'il ne vous semble pas aussi que cette montagne c'est ce poids éternel de gloire qui s'élève au delà de toute mesure ? Or, tout cela et tout ce qu'on peut encore se figurer d'aussi désirable, ce n'est point autre chose que la bonne mesure de la félicité, la mesure foulée, agitée, et qui se répand par dessus les bords (Lc VI, 38), c'est comme si on accumulait les uns sur les autres pour n'en plus faire qu'un seul, un mont d'or, un mont d'argent, un mont d'hyacinthe, un mont d'émeraudes et de toutes les plus belles pierres fines, un mont d'étoffes de pourpre, d'écarlate et de lin et de toutes choses aussi précieuses. En effet, tout nous sera rendu avec usure, ceux qui auront élevé sur le fondement un édifice d'or, d'argent, de pierres précieuses, verront avec surprise, leur humble construction se changer en d'immenses montagnes ; ils n'auront répandu qu'une modique semence et ils moissonneront, je ne dis pas de grandes gerbes, mais de grands monceaux de gerbes. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons divers : Trente-troisième Sermon (1-2). in "Oeuvres complètes de Saint Bernard" (Tome III), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Librairie Louis Vivès, Paris, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît

  • 20 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « L'amour est seul suffisant par lui-même. L'amour est seul agréable par lui-même et pour lui-même. L'amour est à soi-même son mérite et sa récompense. Il ne cherche hors de soi, ni raison, ni avantage. J'aime parce que j'aime, j'aime pour aimer. L'amour est une grande chose, si néanmoins il retourne à son principe, s'il remonte à son origine et à sa source, s'il en tire toujours comme de nouvelles eaux pour couler sans cesse. De tous les mouvements de l'âme, l'amour est le seul par lequel la créature raisonnable peut en quelque sorte reconnaître les grâces qu'elle a reçues de son créateur. Par exemple, si Dieu est en colère contre moi, me mettrais-je aussi en colère contre lui ? Nullement. Mais je m'humilierai, je tremblerai devant lui, je lui demanderai pardon. De même s'il me reprend, je ne le reprendrai pas de mon côté, mais je reconnaîtrai qu'il me reprend avec justice. S'il me juge, je ne le jugerai pas, mais je l'adorerai. Lorsqu'il me sauve, il n'exige pas de moi que je le sauve, ni que je le délivre, parce que c'est lui qui délivre et sauve tout le monde. S'il use de l'empire qu'il a sur moi, il faut que je le serve ; s'il me commande quelque chose, il faut que j'obéisse, et non pas que j'exige du Seigneur le même service ou la même obéissance que je lui rends. Quelle différence quand il s'agit de l'amour ! Lorsque Dieu aime, il ne demande autre chose que d'être aimé, parce qu'il n'aime qu'afin d'être aimé, sachant que ceux qui l'aiment deviendront bienheureux par cet amour même. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermon sur le Cantique des Cantiques (LXXXIII,4), in "Oeuvres Complètes de Saint Bernard" (Tome IV), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Librairie Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • "Oliva fructifera", Matines de la Fête de St Bernard de Clairvaux

    Ensemble Organum, Direction Marcel Peres

  • 20 août : Méditation

    « ... Après avoir changé enfin votre volonté et réduit votre corps en servitude, après avoir tari la source du mal et soigneusement bouché toutes les ouvertures par lesquelles il pénétrait, il vous reste une troisième chose à faire, et ce n'est pas la moins difficile, il s'agit de purifier votre mémoire, de nettoyer ce cloaque infect. Comment, direz-vous, effacer de ma mémoire, l'impression qu'elle conserve de toute ma vie passée ? Le frêle et mince tissu sur lequel elle est écrite a bu l'encre et s'en est imprégné, comment l'effacer à présent ? Elle ne s'est pas arrêtée à la superficie seulement, mais elle a pénétré le tissu tout entier ; c'est en vain que je voudrais l'effacer maintenant, je détruirais le papier plutôt que d'en faire disparaître les caractères qui y sont gravés. Il en est de même de ma mémoire, il faudrait que l'oubli allât jusqu'à la détruire, comme cela arriverait, par exemple, si je venais à perdre l'esprit ; alors je ne conserverais plus aucun souvenir de mes actions. Autrement quel grattoir employer pour effacer les souillures de ma mémoire et la conserver intacte elle-même. Pas d'autre que cette parole pleine de vie et d'efficacité et plus pénétrante qu'un glaive à deux tranchants : "Vos péchés vous sont remis (Mc II, 5)." Laisser le Pharisien murmurer et dire : "Qui peut remettre les péchés si ce n'est Dieu ? (Ibid., 7)" Car c'est précisément Dieu même qui vous adresse ces paroles : "Or nul ne saurait se comparer à lui, il connaît le secret de toute science et il l'a révélé à Jacob son fils et à Israël son bien-aimé ; plus tard, il s'est fait voir lui-même sur la terre et il a conversé avec les hommes (Baruch III, 36,37,38)." C'est sa miséricorde qui efface le péché, non en en faisant perdre le souvenir à la mémoire, mais en faisant que ce dont le souvenir était en elle et la souillait, y soit encore et ne la souille plus. Et en effet, nous nous rappelons en ce moment une foule de péchés qui ont été commis ou par nous ou par d'autres ; or il n'y a que les nôtres qui nous souillent, ceux d'autrui ne sont pas une tache pour nous. D'où vient cela ? C'est qu'il n'y a que les nôtres qui nous fassent rougir et que nous craignions de nous voir reprocher. Otez la pensée du reproche, ôtez la crainte, ôtez la honte, c'est ce que fait la rémission du péché, et non seulement nos péchés ne font plus d'obstacle à notre salut, mais même ils peuvent y coopérer en nous excitant à rendre de vives actions de grâces à celui qui nous les a remis. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermon ou Livre de Saint Bernard, Abbé aux prêtres, sur la conversion (ch.XV,28), in Oeuvres Complètes de Saint Bernard (Tome II), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Librairie Louis Vivès, 1866.

    (Source : Abbaye Saint-Benoît)
     

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