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  • Méditation : les distractions dans la prière

    « Les distractions que vous aurez dans la prière ne doivent point vous étonner ; elles sont inévitables après tant d'agitations et dissipations volontaires ; mais elles ne vous nuiront point, si vous les supportez avec patience. L'unique danger que j'y crains est qu'elles ne vous rebutent. Qu'importe que l'imagination s'égare, et que l'esprit même s'échappe en mille folles pensées, pourvu que la volonté ne s'écarte point, et qu'on revienne doucement à Dieu sans s'inquiéter, toutes les fois qu'on s'aperçoit de sa distraction. Pourvu que vous demeuriez dans cette conduite douce et simple, vos distractions mêmes se tourneront à profit, et vous en éprouverez l'utilité dans la suite, quoique Dieu la cache d'abord. La prière doit être simple, beaucoup du cœur, très peu de l'esprit ; des réflexions simples, sensibles et courtes, des sentiments naïfs avec Dieu, sans s'exciter à beaucoup d'actes dont on n'aurait pas le goût. Il suffit de faire les principaux de foi, d'amour, d'espérance et de contrition (*) ; mais tout cela sans gêne, et, suivant que votre cœur vous y portera. Dieu est jaloux de la droiture du cœur ; mais autant qu'il est jaloux sur cette droiture, autant est-il facile et condescendant sur le reste. Jamais ami tendre et complaisant ne le fut autant que lui. Pour votre prière, vous pouvez la faire sur les endroits des Psaumes qui vous touchent le plus. Toutes les fois que votre attention se relâche, reprenez le livre et ne vous inquiétez pas. L'inquiétude sur les distractions est la distraction la plus dangereuse. »

    Fénelon, extrait de la Lettre au Marquis de Seignelai, 1690, in "Œuvres spirituelles", Correspondance, Coll. Les maîtres de la spiritualité chrétienne, Aubier, Paris, 1954.

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    (*) : Actes de foi, d'espérance, de charité et de contrition, pour mémoire, ci-dessous :

    Acte de Foi

    Mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que vous avez révélées, et que vous nous enseignez par votre Église, parce que vous ne pouvez ni vous tromper, ni nous tromper.

    Acte d’Espérance

    Mon Dieu, j’espère, avec une ferme confiance, que vous me donnerez, par les mérites de Jésus-Christ, votre grâce en ce monde, et si j’observe vos commandements, le bonheur éternel dans l’autre, parce que vous l’avez promis, et que vous êtes fidèle dans vos promesses.

    Acte de Charité

    Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur, et par-dessus toutes choses, parce que vous êtes infiniment bon et infiniment aimable, et j’aime mon prochain comme moi-même pour l’amour de vous.

    Acte de contrition

    Mon Dieu, j'ai un très grand regret de vous avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre Sainte Grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence.

  • Méditation : notre misère et les trésors de grâces de Notre Seigneur

    « Notre Seigneur vient à nous avec les trésors infinis de ses grâces. Notre confiance en Lui doit être grande et inébranlable, comme est étendue, et immense, la bonté de Notre Seigneur. Que faut-il pour que les trésors de ses grâces puissent se déverser ? Il faut qu'ils rencontrent les abîmes de notre bien grande misère, il faut que nous ouvrions nos abîmes de misères devant Lui. Si Notre Seigneur pouvait avoir une peine, ce serait je crois, d'avoir ses mains chargées de toutes sortes de grâces de choix et de ne rencontrer, de ne trouver personne qui veuille les recevoir. Ah ! Combien en laissons-nous passer ? Et combien y résistent ? Et sont infidèles à la grâce ? Il est certain qu'une des grandes souffrances de Notre Seigneur étant sur la terre, a été ce manque de confiance, ce peu de compréhension de son amour ; l'amour enseigne tout ; il n'y a que cela qui compte. La confiance n'est pas un sentiment, mais un mouvement de la volonté. »

    Mère Marie de la Croix (1901-1999), Entretiens spirituels B 13e, in "Textes choisis - Avec Marie - S'unir au Christ Rédempteur", Éditions de la Morinaie, Saint Aignan sur Roë, 2008.

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  • Un mois avec Marie - Quinzième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    QUINZIÈME JOUR
    L’Éducation

    enfant en prièreMarie est la Mère parfaite, éclairée, tendre et forte à la fois. Regardons-la à Bethléem.

    Elle entoure l'Enfant divin de son amour, Elle lui prodigue ses soins, et avec quelle joie, quelle douceur ! Mais bientôt le saint vieillard Siméon plante le glaive dans son Cœur maternel...
    Elle pressent pour son cher « Premier-Né » les contradictions, les blasphèmes, la persécution...
    Auprès du berceau de Jésus flotte déjà une vision de mort... Une couronne sanglante s'esquisse autour de sa tête blonde…
    La Vierge adhère pleinement au plan de l’Éternel ; Elle accepte la part immense des douleurs qui la submergeront... Plus encore, s'élevant au-dessus de ses sentiments naturels, sa volonté perdue en celle du Père, Elle accepte, Elle veut avec Lui, la Passion de son Bien-Aimé.
    Il lui en coûte tout le sang de son Cœur, car sa tendresse est incommensurable ; mais le but est sublime... Elle sacrifie tout et se sacrifie elle-même pour l'Œuvre de la Rédemption.
    Au pied de la Croix, une nouvelle maternité s'offre à Marie. Son Cœur se dilate pour accueillir tous les humains.
    Toujours Mère parfaite : éclairée, tendre et forte à la fois, Elle ne les aimera point d'autre façon que son Jésus, car Elle ambitionne pour eux le plus beau, le meilleur.
    En chacun, Elle voudrait mouler un Saint. Pour cela - vu la déchéance originelle - il faut passer par l'épreuve, à sa suite et à celle du Sauveur. Elle le sait, Elle y consent pour nous, mais Elle accourt à notre premier appel pour nous secourir, nous aider.
    Éducatrice incomparable, lorsqu'Elle apparaît aux trois petits enfants de Fatima, Elle leur apprend à réprimer leurs défauts, Elle les exhorte aux sacrifices généreux, à l'acceptation de la souffrance. Elle les aime trop pour trahir leurs intérêts majeurs, aussi les élève-t-elle à une hauteur morale et spirituelle qui, devenue leur félicité et leur gloire, excite aujourd'hui notre admiration.
    Quelle leçon pour nous !
    Si nous avons charge d'âmes, prenons conscience de nos responsabilités.
    La Foi abreuvait nos pères de l'éternelle Vérité ; son affaiblissement ruine en nous l'esprit surnaturel. La matière, le temporaire nous subjuguent, ils captent notre attention, nos activités, s'emparent de la première place, et l'âme est sacrifiée.
    Combien d'enfants sont les victimes de ce dangereux renversement des valeurs !
    Certes, il convient de bien soigner ces chers petits, de les acheminer peu à peu vers une situation convenable. Cela est nécessaire, mais insuffisant.
    Le Baptême dépose en nos enfants un germe divin qui demande à être cultivé, développé par la répression des défauts naissants, le redressement des inclinations fâcheuses, la formation à la vertu. C'est la belle mission des parents. On ne peut l'accomplir sans parfois faire souffrir l'enfant. Souffrance salutaire, agent souvent indispensable de l'éducation et recommandé par l'Esprit-Saint.
    Trop nombreux, hélas ! sont parmi les chrétiens ceux qui, pour s'éviter une peine, car il en coûte, ou bien par une faiblesse coupable, une sensibilité cruelle, ont manqué de courage pour contrarier leurs enfants, les punir et les corriger à propos. Ils ont compromis leur bonheur ici-bas - car le joug des passions est le pire des tourments -, et peut-être aussi leur avenir éternel.
    A l'égard même de la société, ils ont failli à leur devoir, contribuant à entretenir et accroître en son sein la veulerie et la dépravation, dont nous subissons aujourd'hui les terribles conséquences.
    Il est temps de réagir.
    Parents chrétiens, regardez Marie, votre Modèle. Sachez vouloir à son exemple, pour les vôtres, en vue d'un bien supérieur, même l'épreuve et le juste châtiment.
    Veillez à la santé de vos enfants, entourez-les d'affection, mais aussi appliquez-vous sans faiblir, à leur donner un esprit juste, une volonté énergique, une âme loyale et généreuse, qui ne transige jamais avec le devoir quel qu'il soit et quoi qu'il lui en puisse coûter.

    PRIÈRE

    Très Saint Cœur de Marie, doux et fort à la fois, apprenez-nous à marcher vaillamment à votre suite, sans rien négliger de ce qui est pour nous le devoir. Aidez-nous à accomplir parfaitement la mission que le Seigneur a bien voulu nous confier.

    Bénie soit la très pure, très sainte et très immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Mère de Dieu. Ainsi soit-il.
    (300 j. plénière une fois le mois.)

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.
  • Méditation : un temps pour prier

    « Les premiers Pères et toute la tradition orthodoxe nous enseignent que nous devons nous concentrer, par un effort de volonté, sur les mots de la prière que nous prononçons. Nous devons articuler attentivement les mots, objectivement, sans chercher à créer une sorte d'état émotionnel, et nous devons laisser à Dieu le soin d'éveiller en nous la réaction dont nous sommes capables.

    Saint Jean Climaque nous indique une façon simple d'apprendre à nous concentrer. Il nous dît : choisissez une prière, que ce soit le Notre Père ou toute autre, mettez-vous en présence de Dieu, prenez conscience de l'endroit où vous êtes et de ce que vous êtes en train de faire, et prononcez attentivement les mots de la prière. Après un certain temps, vous vous apercevrez que vos pensées se sont mises à errer ; recommencez alors la prière aux derniers mots, à la dernière phrase que vous avez prononcés avec attention. Vous aurez peut-être à faire cela dix, vingt ou cinquante fois ; il se pourrait que dans le laps de temps fixé pour votre prière, vous ne prononciez que trois phrases, trois demandes, et soyez incapables d'aller plus loin ; mais dans ce combat vous aurez réussi à vous concentrer sur les mots, de sorte que vous apportez à Dieu, sérieusement, sobrement, respectueusement, des paroles de prière dont vous êtes conscients et non une offrande qui ne serait pas vôtre parce qu'elle ne serait plus consciente.

    Jean Climaque nous conseille aussi de lire la prière de notre choix sans hâte, sur un mode monotone, assez lentement pour avoir le temps de porter attention aux mots mais pas au point d'en faire un exercice ennuyeux et de ne jamais y chercher une expérience affective car notre but est d'établir une relation avec Dieu. Lorsque nous nous approchons de Dieu, nous ne devrions jamais faire du sentiment ; pour prier il faut se mettre en état de prière, le reste dépend de Dieu.

    Dans cette sorte d'entraînement, un temps déterminé est réservé pour la prière, et si la prière est attentive, la durée que vous vous êtes fixée importe peu. Si, au contraire, vous vous étiez donné pour règle de lire trois pages, et qu'au bout d'une demi-heure vous vous aperceviez que vous en êtes toujours aux douze premiers mots, vous éprouverez évidemment un sentiment de découragement ; c'est pourquoi, il vaut mieux fixer une règle de durée et s'y tenir. Vous savez de combien de temps vous disposez et vous avez le texte sur lequel vous désirez prier ; si vous vous efforcez sérieusement, très vite vous vous apercevrez que votre attention devient docile, parce que l'attention est beaucoup plus dépendante de la volonté que nous ne l'imaginons, et lorsqu'il est absolument certain que, quelles que soient les tentatives d'échappatoire, ce sera vingt minutes et pas un quart d'heure, il ne reste plus qu'à persévérer.

    Saint Jean Climaque a formé des douzaines de moines par cette formule toute simple : une limite de temps et une attention sans pitié, un point c'est tout. »

    Métropolite Anthony Bloom (Anthony de Sourozh, 1914-2003), Prière vivante (ch. IV), Trad. Jacques Mignon, Ed. du Cerf, Paris, 1972.

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    St Jean Climaque

  • Méditation : la volonté de Dieu avant tout et en tout...

    « La résignation préfère la volonté de Dieu à toutes choses ; mais elle ne laisse pas d'aimer beaucoup d'autres choses outre la volonté de Dieu. Or, l'indifférence est au-dessus de la résignation, car elle n'aime rien, sinon pour l'amour de la volonté de Dieu. [...] Le coeur indifférent est comme une boule de cire entre les mains de son Dieu, pour recevoir semblablement toutes les impressions du bon plaisir éternel : un coeur sans choix, également disposé à tout, sans aucun autre objet de sa volonté que la volonté de son Dieu, qui ne met point son amour dans les choses que Dieu veut, mais en la volonté de Dieu qui les veut. C'est pourquoi, quand la volonté de Dieu est en plusieurs choses, il choisit, à quelque prix que ce soit, celle où il y en a le plus. »

    Saint François de Sales, Traité de l'amour de Dieu, Livre IX ch. 4.

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  • Méditation : les tentations

    « Ne vous effrayez ni ne vous découragez des tentations ; luttez toujours, humiliez-vous toujours, ne vous découragez jamais. La tentation ne dépend pas de nous et n'est pas une faute : tâchons de ne pas nous y arrêtez, d'y résister dès le premier moment ; luttons et prions. Si nous succombons, humilions-nous. Souvenons-nous que la tentation est toujours un moyen de nous faire croître en force par le combat et croître en humilité par la vue de notre misère ; c'est un moyen de nous faire croître en sainteté par la lutte en vue de Dieu contre ce qui est opposé à sa volonté ; c'est quelquefois la peine de fautes anciennes dont Dieu veut nous faire mesurer la gravité en nous faisant voir les longues traces qu'elles laissent ; c'est toujours une leçon d'indulgence pour le prochain, dont nous avons tant besoin étant si portés à la sévérité pour autrui. Courage, humilité, espérance. »

    Bx Charles de Foucauld, Lettre à Louis Massignon, in "L'aventure de l'amour de Dieu - 80 lettres inédites de Charles de Foucauld à Louis Massignon", ed. J.-F. Six, Paris, Le Seuil, 1993.

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  • Méditation : Marcel Van (fêté ce jour)

    « Petit frère, tu marches actuellement sur une route tracée par Dieu ; ne te décourage donc jamais, garde confiance, et tu verras que tout s'arrangera. Dieu n'a pas besoin de chercher de belles intelligences, des esprits brillants, puisqu'il est l'origine de tout. Tout ce qu'il cherche, c'est un cœur sincère, une volonté fermement décidée à mettre en lui son entière confiance. Continue de croire que Dieu mènera ton projet à bonne fin. Rappelle-toi toujours qu'Il donne ses grâces selon la mesure de notre foi. Si notre foi est faible, nous obtenons peu, si elle est grande, nous obtenons beaucoup, et si nous mettons en lui toute notre confiance, Dieu nous donnera toute sa puissance qui agira en nous, car étant infiniment juste, si nous lui offrons tout, nécessairement, sa justice l'oblige à tout nous donner.

    Si tu ne me crois pas, interroge ma sur la petite Thérèse, et tu verras. L'Évangile rend également témoignage de ce fait. Chaque fois que Jésus opère un miracle en faveur de quelqu'un, il ne lui pose que cette question : est-ce que tu crois ? Et le miracle n'a lieu que s'il a la foi.

    Fais des efforts pour mettre toute ta confiance en Dieu. Si tu crois fermement, tu n'as plus aucune raison de t'inquiéter de ton avenir, puisque Dieu s'en occupe déjà.

    Sois joyeux ! »

    Marcel Van (1928-1959, "apôtre de l'Amour" fêté ce jour, cause de béatification en cours), Lettre à J. Tôn, 1er mars 1953, in Œuvres complètes - 3 : Correspondance, Editions Saint-Paul/Amis de Van, 2001.

    Les amis de Van

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  • Méditation : avis spirituels

    « Ne dis pas : cette personne me pèse. - Pense : cette personne me sanctifie. (174)

    Tout ce qui ne te porte pas vers Dieu est un obstacle. Arrache-le et jette-le au loin. (189)

    Triomphe chaque jour de toi-même dès le réveil, en te levant ponctuellement, à heure fixe, sans concéder une minute à la paresse.
    Si, avec l'aide de Dieu, tu te vaincs, tu auras pris beaucoup d'avance pour le reste de la journée.
    Il est si démoralisant de se sentir battu à la première escarmouche ! (191)

    Ne sois pas mou, indolent. - Il est temps que tu repousses cette étrange pitié que tu éprouves pour toi-même. (193)

    "Passez un bon après-midi", nous a-t-on dit comme d'habitude. Réflexion d'une âme pénétrée de Dieu : "Que ce souhait est donc court !" (228)

    Habitue-toi à élever ton coeur vers Dieu en action de grâces, et souvent dans la journée. - Parce qu'Il te donne ceci ou cela. - Parce qu'on t'a humilié. - Parce que tu ne possèdes pas ce dont tu as besoin, ou parce que tu le possèdes.
    Parce que sa Mère, qui est aussi ta Mère, Il l'a voulue si belle. - Parce qu'Il a créé le soleil et la lune, et cet animal et cette plante. - Parce qu'Il a donné à celui-ci d'être éloquent et à toi de bredouiller...
    Remercie-Le de tout, parce que tout est bon. (268) »

    St Josemaría Escrivá de Balaguer (fêté ce jour), Chemin, S.E.P.A.L., Paris, 1957-1966.action-de-grace-a.gif

  • Méditation : crainte d'offenser Notre-Seigneur et scrupules

    « Ma chère enfant, je le sais, vous êtes sujette à des inquiétudes et craintes d'offenser Notre-Seigneur ; cela ne cesse pas de vous tourmenter, et pourrait bien dégénérer en scrupule ou pusillanimité. Ecoutez-moi, ma fille, je vous offre de la part de Notre-Seigneur le moyen qui doit vous servir pour calmer vos craintes. Ma pauvre enfant, nos fragilités, nos faiblesses, nos légèretés mêmes n'irritent jamais ce divin Maître tant qu'elles nous déplaisent. Souvenez-vous bien que c'est la seule attache de notre volonté à ces sortes de défectuosités et manquements, qui offense Notre-Seigneur et refroidit son amour. Dieu, qui découvre le fond de notre cœur, ne voit-il pas que le vôtre est entièrement à lui, malgré vos inattentions et vos surprises ! Comment ce Dieu si bon cesserait-il de chérir son enfant, qu'il aime ? Allons, vite, à l'oeuvre ! pas de retard ! faites cesser vos craintes, repoussez-les vivement, car elles feraient une grande injure au Cœur sacré de Jésus, qui ne cesse de vous prouver sa divine tendresse. Croyez-moi, ma chère enfant, elles sont plus volontaires que vos chutes, et dès lors plus répréhensibles. Sachez-le bien, ce serait vous défier et avoir peur de son infinie bonté. »

    Mère Marie-Amélie (Amélie Fristel, 1798-1866) à l'une de ses filles, in Abbé A. Leroy, Histoire des Sœurs des SS Cœurs de Jésus et de Marie, Chez les Sœurs de Notre-Dame des Chênes, Paramé - Chez Fr. Simon, Rennes, 1918.

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  • Méditation : progresser...

    « Notre avancée dans la pratique de la vie spirituelle sera l'augmentation progressive de l'habitude de vivre dans l'esprit, non dans la chair ; c'est-à-dire d'identifier notre moi réel avec la "pointe de l'âme", et non pas avec toutes les émotions et les imaginations qui nous troublent. Le "JE" réel est la volonté qui se donne elle-même à Dieu (les émotions et les imaginations ne sont pas moi, elles sont en moi, mais pas sous mon contrôle) ; les sentiments vont et viennent, mais toute ma tâche consiste à concentrer ma volonté sur Dieu. Voilà la charité pure.
    Il y a deux espèces d'amour :
    (1) L'amour qui veut recevoir ; il est bon, mais imparfait.
    (2) L'amour qui veut donner ; c'est la charité.
    Nous ne devons pas penser que la distraction, l'aridité, la désolation, soit simplement un état à travers lequel nous passons dans notre chemin vers la perfection. La perfection en ce monde n'est pas une calme union à Dieu, à moins que Dieu ne le veuille. Notre-Seigneur souffrit la tentation et la désolation pour nous montrer qu'elles ne sont pas incompatibles avec la perfection, mais sont la perfection.
    Le progrès signifiera devenir de plus en plus indifférents à l'état dans lequel nous nous trouvons. Nous devons de moins en moins prendre soin de notre âme, sauf de cette partie supérieure dans laquelle nous devons vivre unis à Dieu. Nous ne devons même pas nous préoccuper de perfection, simplement être ce que Dieu nous permet d'être à ce moment.
    Lorsque nous nous rendrons compte que Dieu est non seulement dans chaque événement extérieur, mais dans chaque événement intérieur - je veux dire dans chaque sentiment involontaire que nous avons -, nous prendrons conscience qu'à chaque moment de notre vie, nous sommes en contact avec Dieu, et que sa main est sur nous ; nous avons seulement à être pris dans ses bras. Notre seul soin doit être de ne pas sauter à terre pour essayer de marcher tout seul...
    Ne regardez pas dans votre âme, mais regardez Dieu. »

    Dom John Chapman, O.S.B. (1865-1933), Lettre 35 [74] à Soeur Mary-Peter d'Ursel (Fête du Corpus Domini, 1922), in "Correspondance spirituelle", Trad. Hervé Benoît, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, Paroisse et Famille, 2004.

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    Tympan de l'abbatiale de Conques (Aveyron) - La main droite de Dieu, écoinçon de sainte Foy

  • Méditation : importance de la prière

    « La prière comme moyen pour puiser toujours à nouveau la force du Christ devient ici une urgence tout à fait concrète. Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l’action. La piété n’affaiblit pas la lutte contre la pauvreté ou même contre la misère du prochain. La bienheureuse Teresa de Calcutta est un exemple particulièrement manifeste que le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l’efficacité ni à l’activité de l’amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable...

    Le moment est venu de réaffirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme dominant de nombreux chrétiens engagés dans le travail caritatif. Bien sûr, le chrétien qui prie ne prétend pas changer les plans de Dieu ni corriger ce que Dieu a prévu. Il cherche plutôt à rencontrer le Père de Jésus Christ, lui demandant d’être présent en lui et dans son action par le secours de son Esprit. La familiarité avec le Dieu personnel et l’abandon à sa volonté empêchent la dégradation de l’homme, l’empêchent d’être prisonnier de doctrines fanatiques et terroristes. Une attitude authentiquement religieuse évite que l’homme s’érige en juge de Dieu, l’accusant de permettre la misère sans éprouver de la compassion pour ses créatures. Mais celui qui prétend lutter contre Dieu en s’appuyant sur l’intérêt de l’homme, sur qui pourra-t-il compter quand l’action humaine se montrera impuissante ? »

    Benoît XVI, Encyclique "Deus caritas est" (36-37), 25 décembre 2005.

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  • Méditation : le tromphe du Christ

    « C'est un fait bien étrange que Notre-Seigneur, qui toute sa vie avait fui la gloire et l'éclat, pour s'ensevelir dans l'obscurité, accepte les honneurs d'un triomphe avec toutes les démonstrations de l'estime publique ; et cela à la veille de sa mort, lorsqu'il sait parfaitement qu'il va être crucifié. D'où vient cette différence de conduite ? Pourquoi accepter aujourd'hui ce qu'il a toujours refusé ?

    - C'est 1° qu'il veut nous montrer combien il aime les volontés de son Père. Toute sa vie employée à lui plaire avait été, sans doute, un éclatant hommage rendu à ses volontés adorables, mais une occasion solennelle se présente de porter jusqu'au plus sublime héroïsme ce parfait amour. Son Père lui demande le sacrifice de sa liberté, de son honneur, de sa vie. O mon Père, me voici, s'écrie-t-il, je viens accomplir vos ordres (Mt X,7) ; je viens, non avec la patience qui se résigne, mais avec la joie qui triomphe, enseigner au monde combien vos volontés sont aimables, surtout quand elles crucifient ; votre bon plaisir ravissant, surtout quand il immole.

    - 2° Jésus triomphe, parce qu'il va nous donner les deux plus grands témoignages de son amour : l'un à la Cène, en établissant le sacrifice et le sacrement de l'amour ; l'autre au Calvaire, en mourant pour nous. Depuis longtemps il désirait l'un et l'autre avec une ardeur incroyable (Mt XII,30). Le moment tant désiré est venu : tant de bonheur vaut bien une marche triomphale. Allant à la Cène, c'est un bon père qui vient, surabondant de joie, léguer à ses enfants le plus magnifique héritage ; allant au Calvaire, c'est un Roi-Sauveur qui va livrer combat aux puissances infernales, au monde, à la chair, au péché. Il lui en coûtera tout le sang de ses veines, sa vie même ; mais n'importe, à ce prix il nous sauvera : il est content, voilà pourquoi il triomphe. Oh ! qui ne bénira ce divin triomphateur et ne criera avec tout le peuple : "Hosanna au fils de David !"

    - 3° Jésus triomphe pour nous apprendre le prix des croix et des souffrances. Le monde fait consister le bonheur dans les jouissances qui passent, dans les honneurs qui se fanent. Pour le désabuser, Jésus a pris la fuite quand on a voulu le faire roi (Jn VI,15). Il s'est retiré à l'écart lorsqu'il a voulu se transfigurer ; et quand on lui a offert des jouissances, il s'y est dérobé, mais quand il s'agit d'être humilié et de souffrir : Allons en avant ! s'écrie-t-il (Mt XXVI,46) ; la croix m'attend ; c'est ma gloire, j'irai la chercher en triomphe. Je la porterai sur mes épaules, comme a dit le prophète. Bel exemple qui a fait voler à la mort douze millions de martyrs en chantant des cantiques de joie.

    Comment, après cela, plaçons-nous notre gloire dans la réputation, notre félicité dans les plaisirs, notre honte dans les humiliations, au lieu de dire avec l'Apôtre : "Je me complais dans l'humiliation, la persécution et l'angoisse pour Jésus-Christ" (2Co XII,10). »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Dimanche des Rameaux), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : le dépouillement

    « Le désir me fut donné de connaître la voie de la croix, afin de savoir me tenir debout à ses pieds, et trouver le refuge, l’universel refuge des pécheurs. La lumière vint, et voici comment me fut montrée la voie. Si tu veux aller à la croix, me dit l’Esprit, dépouille-toi de toutes choses, car il faut être légère et libre. Il fallut pardonner toute offense, me dépouiller de toute chose terrestre, hommes ou femmes, amis, parents et toute créature ; et de la possession de moi, et enfin de moi-même, et donner mon coeur à Jésus-Christ, de qui je tenais tout bien, et marcher par la voie épineuse, la voie de la tribulation. Je me défis pour la première fois de mes meilleurs vêtements et des aliments les plus délicats, et des coiffures les plus recherchées. Je sentis beaucoup de peine, beaucoup de honte, peu d’amour divin. J’étais encore avec mon mari, c’est pourquoi toute injure qui m’était dite ou faite avait un goût amer. Cependant je la portais comme je pouvais. Ce fut alors que Dieu voulut m’enlever ma mère, qui m’était, pour aller à lui, d’un grand empêchement. Mon mari et mes fils moururent aussi en peu de temps. Et parce que étant entrée dans la route, j’avais prié Dieu qu’il me débarrassât d’eux tous, leur mort me fui une grande consolation (Il est bien entendu que ces sentiments exceptionnels tiennent à la voie exceptionnelle par où était conduite Angèle de Foligno. Les dernières lignes, du reste, ne laissent aucun doute à cet égard). Ce n’était pas que je fusse exempte de compassion ; mais je pensais qu’après cette grâce, mon coeur et ma volonté seraient toujours dans le Coeur de Dieu, le Coeur et la volonté de Dieu toujours dans mon cœur. »

    Bse Angèle de Foligno, Le Livre des visions et instructions (Neuvième pas : "La voie de la croix"), Trad. Ernest Hello, Paris, A. Tralin, 1910.
    Texte intégral en ligne : Abbaye St Benoît.

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  • Méditation : le jeûne (suite)

    « Mon Dieu, voici un temps d'abstinence et de privation. Ce n'est rien de jeûner des viandes grossières qui nourrissent le corps, si on ne jeûne pas aussi de tout ce qui sert d'aliment à l'amour-propre. Donnez-moi donc, ô époux des âmes, cette virginité intérieure, cette pureté du coeur, cette séparation de toute créature, cette sobriété dont parle votre apôtre, par laquelle on n'use d'aucune créature que pour le seul besoin, comme les personnes sobres usent des viandes pour la nécessité. O bienheureux jeûne, où l'âme jeûne tout entière et tient tous les sens dans la privation du superflu ! O sainte abstinence, où l'âme, rassasiée de la volonté de Dieu, ne se nourrit jamais de sa volonté propre ! Elle a, comme Jésus-Christ, une autre viande dont elle se nourrit. Donnez-le moi, Seigneur, ce pain qui est au-dessus de toute substance ; ce pain qui apaisera à jamais la faim de mon coeur ; ce pain qui éteint tous les désirs ; ce pain qui est la vraie manne et qui tient lieu de tout.
    [...]
    Je jeûnerai donc, ô mon Dieu, de toute volonté qui n'est pas la vôtre ; mais je jeûnerai par amour, dans la liberté et dans l'abondance de mon coeur. Malheur à l'âme rétrécie et desséchée en elle-même, qui craint tout et qui, à force de craindre, n'a pas le temps d'aimer et de courir généreusement après l'Epoux !
    [...] Faites, Seigneur ; rendez mon âme vide, affamée, défaillante ; faites selon votre bon plaisir. Je me tais, j'adore, je dis sans cesse : "Que votre volonté se fasse, et non la mienne (Lc XXII, 42)". »

    Fénelon, Manuel de piété, Pour le Carême (VI, 61), in "Oeuvres spirituelles", Aubier, Paris, 1954.

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  • 29 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère." (Mc 3, 31-35 - cf Mt 12, 46-50 ; Lc 8, 19-24)

    « Comprenons donc cette vérité, mes frères, et si nous avons des enfants qui se signalent par leur piété, ne tirons point vanité de leur gloire, si nous n’avons aussi leur vertu. Ne nous glorifions point de même de la piété de nos pères, si nous ne tâchons de leur ressembler. Il peut se faire dans le christianisme que celui qui nous aura donné la vie ne soit pas notre père, et qu’un autre le sera véritablement, quoiqu’il ne nous ait pas engendrés. C’est pourquoi lorsqu’une femme disait à Jésus-Christ dans un autre endroit de 1’Evangile : "Bienheureux le sein qui vous a porté, et lés mamelles que vous avez sucées" (Lc XI,27), il ne lui répond point : Je n’ai point été porté dans le sein d’une femme, et je n’ai point sucé ses mamelles, mais "bienheureux au contraire ceux qui font la volonté de mon Père !" Ainsi on peut remarquer partout qu’il ne désavoue pas cette liaison et cette parenté charnelle ; mais qu’il lui en préfère une autre qui est toute spirituelle et toute sainte.

    Quand le bienheureux précurseur disait aux Juifs : "Race de vipères, ne dites point : Nous avons Abraham pour père" (Mt III,17), ils ne niaient pas qu’ils descendissent en effet d’Abraham selon la chair ; mais il leur déclarait qu’il ne leur servirait de rien d’être sortis d’Abraham, si leur vie n’était semblable à la sienne. C’est ce que Jésus-Christ exprime clairement, lorsqu’il leur dit : "Si vous étiez les enfants d’Abraham vous en feriez les actions." Il ne veut pas dire qu’ils ne descendaient pas d’Abraham selon la chair, mais il les exhorte à s’unir à Abraham par un lien bien plus noble en se rendant les héritiers et les imitateurs de sa vertu. C’est encore ce qu’il veut faire entendre ici, mais d’une manière plus douce, parce qu’il s’agissait de sa mère. Il ne dit point : Ce n’est point là ma mère, ce ne sont point là mes frères, parce qu’ils ne font point ma volonté. Il ne les blâme point, il ne les accuse point ; mais il dit en général :

    "Quiconque fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère, ma soeur et ma mère." S’ils veulent donc être ma mère et mes frères, qu’ils marchent par cette voie. Lorsque cette femme cria : "Heureux est le sein qui vous a porté", Jésus-Christ ne répondit point que Marie n’était point sa mère ; mais il fit une réponse qui revient à ceci : Il n’y a d’heureux que celui qui fait la volonté de mon Père ; c’est celui-là qui est mon frère, ma soeur, ma mère.

    O puissance de la vertu ! ô combien grande est la gloire à laquelle elle élève ceux qui l’embrassent ! Combien de femmes, dans la suite des temps, ont admiré le bonheur de la Vierge, et béni ces chastes entrailles qui ont porté le Sauveur du monde ! Combien se sont dit qu’elles auraient tout sacrifié pour une maternité si glorieuse ! Et cependant qui les empêche d’avoir cet honneur ? Jésus-Christ nous ouvre une voie facile pour arriver à cette haute dignité, et il veut bien faire part de ce titre auguste non seulement aux femmes, mais encore aux hommes. Il nous élève même plus haut, et il nous offre encore un plus grand honneur, puisque la liaison que nous avons avec Jésus-Christ par l’Esprit de Dieu, surpasse celle que nous aurait pu donner la chair et le sang. Car on devient ainsi mère de Jésus-Christ d’une manière bien plus excellente que si on l’avait porté dans son sein. Mais ne vous contentez pas de désirer simplement un si grand honneur, et marchez avec ardeur dans la voie qui vous y conduit. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XLIV sur Saint Matthieu (2), in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • Méditation : la sainteté - volonté de Dieu

    « Quand Jésus apprend à ses disciples à prier, il leur fait demander au Père : "Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel" (Mt 6, 10). Remarquons incidemment la forme passivement active de cette prière. L'homme ne décide pas par lui-même d'accomplir la volonté de Dieu mais il demande au Père de bien vouloir l'accomplir en lui. Tout est grâce, même accomplir la volonté de Dieu.

    Dès qu'un homme a compris ce secret de la sainteté, il n'a plus qu'un désir : obéir au Père dans les moindres détails de son existence. Avant d'entreprendre toute démarche et toute prière, il se met à l'écoute du Père pour recevoir de lui ce qu'il doit faire...

    Et la volonté de Dieu, c'est qu'il devienne un saint. Mais c'est précisément au niveau de ce désir que l'Esprit Saint va l'inviter à envisager la volonté de Dieu sous sa forme la plus pure et aussi la plus vraie qui est l'abandon. C'est le dernier mot de l'Evangile et c'est lui qui, en définitive, fait basculer un "saint homme" dans la sainteté tout court.

    ... La vie d'un homme qui marche vers la sainteté comporte quelques étapes, mais la plus importante et la plus décisive est sûrement le moment où il décide de s'abandonner totalement à la volonté de Dieu. Jusque-là il marchait vers Dieu en essayant de se battre contre la nature pour conquérir la sainteté, à la pointe de l'épée, comme dit Thérèse. Puis des péripéties variées et nombreuses, l'amenant à un certain plafonnement, vont lui faire prendre conscience de l'inanité de ses efforts. Dieu n'est pas seulement au terme de notre marche vers lui, mais il en est aussi la source. Alors il fait comprendre à l'homme dans une lumière intérieure très profonde, qu'il est prêt à faire tout le travail pourvu que l'homme veuille bien s'abandonner à lui. »

    Jean Lafrance (1931-1991), Préférer Dieu (ch.13), Mediaspaul, Paris, 1996.

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  • Méditation : abandon en Dieu

    « Laissez-vous aux desseins de Dieu, et abandonnez-vous de nouveau à sa sainte conduite, pour être ce qu'il voudra. Le sage ignore les voies des oiseaux dans l'air : et vous ignorez encore plus les voies de Dieu sur vous et les desseins sacrés qu'il cache dans son sein. Adorez-les, je vous supplie, et donnez-vous à lui pour y entrer sans les connaître, jusqu'à ce qu'il vous fasse l'honneur de vous les découvrir. N'êtes-vous pas heureux d'ignorer la volonté de Dieu dans une chose pour vous sacrifier à tout, et pour embrasser avec amour tout ce qu'il peut demander en général de sa plus chère créature ?
    Soyez perdu en Dieu par amour et par grâce, comme votre chère moitié est déjà perdue et consommée dans sa gloire. Portez désormais en pénitence votre corps, qui vous retient encore au monde et qui empêche votre entière et parfaite consommation en Dieu. Je suis à vous, mon cher enfant, pour vous aider à finir et à achever le sacrifice que vous avez commencé. De bon coeur, je vous jetterais dans la fournaise qui doit vous consommer et qui vous doit réduire dans le rien de vous-même, pour vous faire être uniquement à ce souverain Maître. »

    Jean-Jacques Olier (1608-1657), in Abbé Cl. Peyroux, Les plus belles Lettres de consolation, G. de Gigord, Paris, 1917.

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  • 29 novembre : Méditation

    « Tout de l'homme est à Dieu. Son intelligence et son coeur, son corps et son âme, son agir et son avoir. Qu'il le sache ou qu'il l'ignore, qu'il y consente ou le refuse, la réalité demeure : il est de Dieu, il est à Dieu. Ce n'est pas un don de lui-même qui a créé cette dépendance. Que faut-il entendre alors par "se donner à Dieu" ? Certainement pas ce que le mot signifie dans nos relations humaines. Avec Dieu, se donner, c'est reconnaître le fait, irrécusable, indiscutable, immodifiable, que nous sommes à Lui, que nous sommes son bien. Le reconnaître par l'intelligence, y consentir à plein coeur, le ratifier de toute la ferveur de notre volonté. Et ainsi s'opère un changement essentiel : le lien de dépendance se convertit en lien d'amour. Quand vous priez, gardez-vous donc de l'attitude naïve et prétentieuse de celui qui veut se faire dépendant de Dieu par un glorieux don de soi. Bien plutôt prenez conscience que vous êtes à Dieu, que vous Lui appartenez jusqu'aux fibres les plus profondes de l'être ; vous en éprouverez une humble et intime joie, un sentiment de sécurité totale ; et puis consentez à cette appartenance de tout votre coeur, de toute votre âme et de tout votre esprit : c'est cela se donner à Dieu. »

    P. Henri Caffarel (1903-1996), Lettres sur la prière, Editions du feu nouveau, Anneau d'or, Paris, 1961.

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  • 20 novembre : Méditation

    « O que nous serions heureux si nous avions un véritable amour des volontés de Dieu !
    [...]
    Pour exciter en nous cet amour des volontés de Dieu, nous ne devons pas seulement nous arrêter à la face extérieure de ces mêmes volontés, mais pénétrer par la vue de notre esprit jusqu'à la face intérieure, qui consiste en un épanchement et profusion admirable de grâces, par lesquelles Dieu se communique à l'âme dans l'exécution de ses saintes volontés... De sorte que notre correspondance en l'accomplissement de ses volontés doit être accompagnée non seulement de l'effort extérieur pour les faire et exécuter selon qu'il est requis, y apportant le soin, la peine, et la diligence nécessaire ; mais aussi d'un amoureux et total abandon intérieur, par lequel nous nous jetons en Dieu selon qu'il se montre à nous par l'aide de ses grâces, et nous entretenons avec lui sans le quitter de vue. En quoi nous le glorifierons d'une manière particulière, lui ramenant toutes les créatures vers lesquelles nous nous occupons comme à leur source et origine, en ce que nous nous en servions selon sa volonté. O qui pourrait bien pénétrer dans les desseins que Dieu a de nous enrichir de ses grâces, et nous revêtir de son esprit en l'accomplissement de ses volontés, même aux actions les plus communes, comme le boire, le manger, travailler, etc. nous les ferions toutes dans un grand respect et attention de sa divine Présence ; mais notre aveuglement est si grand que nous les faisons plus souvent sans y posséder celui qui en est l'esprit, l'âme et la vie. »

    P. Jean-François de Reims, La vraie perfection de cette vie, dans l'exercice de la présence de Dieu (Seconde Part. Instruction III), Cinquième édition, Chez Denys Thierry, Paris, 1669.

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    Léon Augustin Lhermitte (1844-1925) : Le Bénédicité - Au Chaussin près de Vichy, 1897.
    (Collection privée)
  • 4 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Quel est le premier de tous les commandements ?" (Mc 12, 28b-34)

    « Lorsqu'on a demandé au Maître quel était le plus grand des commandements, il a répondu : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ta force. Il n'est pas de plus grand commandement". Je le crois, puisqu'il concerne l'être essentiel et premier, Dieu notre Père, par qui tout a été fait, tout demeure, et à qui reviendront tous ceux qui seront sauvés. C'est lui qui nous a aimés le premier, qui nous a fait naître ; il serait sacrilège de penser qu'il existe un être plus ancien et plus sage. Notre reconnaissance est infime comparée à ses immenses bienfaits, mais nous ne pouvons lui en offrir d'autre témoignage, lui qui est parfait et qui n'a besoin de rien. Aimons notre Père de toute notre force et de toute notre ferveur et nous acquerrons l'immortalité. Plus on aime Dieu, plus notre nature se mêle et se confond avec la sienne.
    Le deuxième commandement, dit Jésus, ne le cède en rien au premier : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même"... Lorsque le docteur de la Loi demande à Jésus : "Et qui est mon prochain ?" (Lc 10,29), celui-ci ne lui répond pas par la définition juive du prochain - le parent, le concitoyen, le prosélyte, l'homme qui vit sous la même loi ; mais il raconte l'histoire d'un voyageur qui descendait de Jérusalem à Jéricho. Blessé par des larrons..., cet homme a été soigné par un Samaritain, qui "s'est montré son prochain".
    Et qui est davantage mon prochain que le Sauveur ? Qui nous a pris davantage en pitié lorsque les puissances des ténèbres nous avaient abandonnés et blessés de coups ?... Seul Jésus a su guérir nos plaies et extirper les maux enracinés en nos cœurs... C'est pourquoi nous devons l'aimer autant que Dieu. Et aimer le Christ Jésus, c'est accomplir sa volonté et garder ses commandements. »

    Saint Clément d'Alexandrie (150-v.215), Homélie "Quel riche peut être sauvé ?" (Trad. coll. Icthus, vol.6 rev.).