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  • 27 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez..." (Lc 13, 1-9)

    « Voici cinq chemins de la conversion : d'abord la condamnation de nos péchés, puis le pardon accordé aux offenses du prochain ; le troisième consiste dans la prière ; le quatrième dans l'aumône ; le cinquième dans l'humilité. Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins ; ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère.
    Car, même si tu vis dans la plus grande pauvreté, tu peux abandonner ta colère, pratiquer l'humilité, prier assidûment et condamner tes péchés ; ta pauvreté ne s'y oppose nullement. Alors que sur ce chemin de la conversion il s'agit de donner ses richesses, même la pauvreté ne nous empêche pas d'accomplir le commandement. Nous le voyons chez la veuve qui donnait ses deux piécettes.
    Voilà donc comment soigner nos blessures ; appliquons ces remèdes. Revenus à la vraie santé, nous nous approcherons hardiment de la table sainte et avec beaucoup de gloire nous irons à la rencontre du roi de gloire, le Christ. Obtenons les biens éternels par la grâce, la miséricorde et la bonté de Jésus Christ notre Seigneur. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Sermon sur le diable tentateur ; PG 49, 263-264 (Trad. bréviaire).

  • 24 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail..." (Lc 12, 39-48)

    « Que personne ne se glorifie de ce qu'il fait, puisque c'est en simple justice que nous devons notre service au Seigneur... Tant que nous vivons, nous devons toujours travailler pour notre Seigneur. Reconnais donc que tu es un serviteur tenu à un grand nombre de services. Ne te rengorge pas d'être appelé "enfant de Dieu" (1Jn 3,1) : reconnaissons cette grâce, mais n'oublions pas notre nature. Ne te vante pas si tu as bien servi, car tu as fait ce que tu devais faire. Le soleil remplit son rôle, la lune obéit, les anges font leur service. Saint Paul, "l'instrument choisi par le Seigneur pour les païens" (Ac 9,15), écrit : "Je ne mérite pas le nom d'apôtre, parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu" (1Co 15,9). Et si ailleurs il montre qu'il n'a conscience d'aucune faute, il ajoute ensuite : "Mais je n'en suis pas justifié pour autant" (1Co 4,4). Nous non plus, ne prétendons pas être loués pour nous-mêmes, ne devançons pas le jugement de Dieu. »

    Saint Ambroise (v.340-397), Sur l’Evangile de Saint Luc 8, 31-32 (Trad. Maurice Véricel, L'Evangile commenté par les Pères, Editions Ouvrières, Paris, 1961 ; cf SC 52).

  • Angélus de Benoît XVI en ce dimanche 14 octobre 2012

    "Donner tous ses biens nous met sur la voie du Christ"

    Avant la prière de l’Angélus, Benoît XVI est revenu sur l’Évangile de ce dimanche qui revient sur l’homme riche demandant à Jésus comment hériter de la vie éternelle. Le Pape a ainsi développé une réflexion sur la richesse. « Jésus enseigne qu’il est très difficile à un riche d’entrer dans le règne de Dieu, mais pas impossible » a-t-il souligné. C’est en se débarrassant de ses biens, les partageant avec ceux qui sont dans le besoin. « Dieu peut conquérir le cœur d’une personne qui possède de grands biens en la faisant entrer dans une logique du don. »

    « Jésus comprend aussi le point faible de l’homme : son attachement à ses nombreux biens » a poursuivi le Pape. « C’est pour cela qu’il pose un regard d’amour sur lui et l’invite à le suivre afin que son cœur ne soit plus sur terre mais dans le Ciel » a encore souligné Benoît XVI. Il faut donc apprendre à se déposséder soi-même pour pourvoir suivre le Christ.

    A l’issue de l’Angélus, Benoît XVI a rappelé la béatification de 14 moines franciscains ce samedi à Prague. Il s'agit de Federico Bachstein et treize autres frères mineurs qui furent tués au nom de leur foi en 1611. « Les premiers bienheureux de l’Année de la Foi sont des martyrs » a-t-il souligné, rappelant que « croire au Christ signifie être disposé à souffrir pour Lui ».

    Message aux pèlerins francophones :

    « Chers pèlerins francophones, en ce début de l'Année de la foi, l’Évangile de ce jour nous invite à tout abandonner pour suivre Jésus. N'ayons pas peur de vivre et de proclamer notre foi en Dieu. Aujourd'hui encore, vivre pour Dieu nous oblige à faire des choix pour avancer. Ils sont parfois difficiles. Mais nous savons que Dieu nous accompagne et nous aide à faire le bien, car sa grâce nous devance toujours. En ce mois du Rosaire, tournons-nous vers la Vierge Marie. Elle a su accueillir et vivre de la Parole de Dieu. Confions-lui également nos familles, et tous les participants rassemblés ici en Synode pour réfléchir et échanger sur la Nouvelle Évangélisation. Bon dimanche et bonne semaine à tous ! »

    Source : Radio Vatican.

  • 13 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Heureux ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent !" (Lc 11, 28)

    « Que celui qui possède l'amour du Christ accomplisse les commandements du Christ. Ce lien de la charité de Dieu, qui peut le raconter ? Qui peut exprimer dignement sa suprême beauté ? La hauteur où nous emporte la charité est ineffable. La charité nous unit à Dieu ; la charité "couvre la multitude des péchés" (1P 4,8) ; la charité endure tout, supporte tout (1Co 13,7). Rien de bas en elle, rien d’enflé. La charité ne crée pas la division, la charité ne pousse pas à la rupture, la charité accomplit tout dans la paix. La charité mène à la perfection tous les élus de Dieu et, sans elle, rien ne plaît à Dieu. Par la charité, le Maître nous a attirés à lui. Par sa charité envers nous, Jésus Christ notre Seigneur, selon la volonté de Dieu, a versé son sang pour nous, offrant sa chair pour notre chair, sa vie pour nos vies.
    Vous voyez, mes bien-aimés, combien l'amour est quelque chose de grand et d'admirable ; il est impossible d'expliquer sa perfection. Qui peut être trouvé d'y atteindre, sinon ceux à qui Dieu en a fait la grâce ? Prions donc, et demandons à sa miséricorde d'être trouvés dans l'amour, loin de tout acception de personnes, irréprochables. Depuis Adam jusqu'à aujourd'hui, toutes les générations ont disparu ; mais ceux qui, par la grâce de Dieu, ont été trouvés dans l'amour, demeurent dans le séjour des saints, qui seront manifestés lorsque le Christ apparaîtra dans son règne...
    Heureux sommes-nous, mes bien-aimés, si nous accomplissons les commandements de Dieu dans la concorde qui vient de l'amour, pour que nos péchés soient pardonnés à cause de l'amour. »

    Saint Clément de Rome († v.101), Lettre aux Corinthiens, 49-50.

  • 13 octobre : Prière

    « Mon Dieu, je tremble quand je considère le peu de bonnes actions que j’ai faites jusqu’ici et le nombre innombrable de mauvaises actions que j’ai commises. Prosterné humblement devant vous, Seigneur, je vous demande pardon et miséricorde pour toutes les actions criminelles, passionnées, et corrompues que j’ai faites dans toute ma vie. Je vous demande aussi pardon pour toutes les bonnes œuvres que j’ai omises ou mal faites. Réparez, Seigneur, tout le mal que j’ai fait et suppléez au bien que j’ai omis. Je vous offre à cette intention, c’est-à-dire pour expier mes actions criminelles et réparer les défauts qui ont vicié et altéré mes bonnes œuvres. Je vous offre toutes les actions et la vie de Jésus et de Marie. Je vous offre de même toutes les affections et leurs intentions pour réparer la perversité de mes intentions et la corruption de mes affections. Je vous offre toutes les actions que je ferai le reste de ma vie. Je vous demande la grâce de les faire saintement et prudemment d’une manière surnaturelle, avec une intention droite, pour votre gloire et mon salut avec une affection pure, agissant par le mouvement du Saint-Esprit et par le sentiment des vertus chrétiennes, dans la grâce habituelle et avec la grâce actuelle, en union des actions que Jésus et Marie ont faites sur la terre. Ne permettez pas, Seigneur, que je fasse aucune de mes actions par passion ; mais aidez-moi à les faire en vous et pour vous. Soyez seul le principe et la fin, le motif et la règle de tout ce que je ferai, dirai, penserai, et souffrirai en ce monde, afin que vous en soyez la récompense dans l’autre. Ainsi soit-il. »

    Bx Jean-Martin Moyë (1730-1793), Instruction sur la manière de bien faire ses actions, prière finale (v. 1785).
    Source : Ecrits du Bx Jean-Martin Moyë.

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  • 6 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits." (Lc 10, 17-24)

    « Quoi donc ! est-ce qu’il se réjouit de la perte de ceux qui n’ont pas voulu croire ? Nullement, mais Dieu garde cette conduite très sage pour notre salut. Lorsque les hommes s’opposent à la vérité, et refusent de la recevoir, il ne les force point, mais il les rejette, afin qu’ayant méprisé celui qui les appelait, et ne s’étant point corrigés de leurs désordres, ils rentrent en eux-mêmes, en se voyant rejetés, et qu’ils commencent à désirer ce qu’ils avaient négligé. Cette conduite servait aussi à rendre plus ardents ceux qui avaient embrassé la foi.

    Ces mystères donc, si grands et si divins, ne pouvaient être révélés aux uns sans que Jésus-Christ en ressentît de la joie, ni cachés aux autres, sans lui causer une profonde tristesse, comme il le témoigna en effet en pleurant sur cette Ville malheureuse. Ce n’est donc point parce que ces mystères sont cachés aux sages que Jésus-Christ se réjouit, mais parce que ce qui était caché aux sages était révélé aux petits. C’est ainsi que saint Paul dit : "Je rends grâces à Dieu de ce qu’ayant été auparavant esclaves du péché, vous avez obéi du fond du coeur à la doctrine de l’Evangile, à laquelle vous vous êtes conformés comme à votre modèle." (Rm VI, 7). Il ne se réjouit pas de ce qu’ils avaient été esclaves du péché, mais de ce qu’ayant été tels, ils se sont convertis à Dieu.

    Jésus-Christ, par ce mot de "sages", entend les scribes et les pharisiens. Et il parle de la sorte pour relever le courage de ses disciples, en leur représentant que tout pécheurs et grossiers qu’ils sont, ils ne laissent pas d’avoir reçu des lumières et des connaissances que les sages et les prudents avaient laissé perdre. Jésus-Christ marque donc par ce mot de "sage" non ceux qui le sont véritablement, mais ceux qui le croient être, parce qu’ils ont cette sagesse que le monde estime. Aussi il ne dit pas : "Et vous les avez révélées" aux fous et aux insensés, mais "aux petits", c’est-à-dire à ceux qui sont simples et sans déguisement. Ce qui fait voir que si ces faux sages n’ont pas reçu cette grâce, ç'a été par une grande justice de Dieu.

    Il nous avertit aussi par ces paroles de fuir la vaine gloire, et de rechercher avec ardeur la simplicité et l’humilité. C’est ce que saint Paul marque clairement et avec force, lorsqu’il dit : "Que nul ne se trompe soi-même : Si quelqu’un d’entre vous pense être sage selon le monde, qu’il devienne fou à l’égard du monde pour devenir vraiment sage." (Cor. III, 17). C’est dans cette sainte folie que paraît la grâce de Dieu. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Commentaires sur l'Evangile selon Saint Matthieu, Sermon XXXVIII (1), in Oeuvres complètes (Tome VII) traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 26 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Jésus convoqua les Douze... Il les envoya proclamer le règne de Dieu et faire des guérisons." (Lc 9, 1-6)

    « Si Jésus avait choisi, pour en faire les ministres de son enseignement, des hommes savants selon l'opinion publique, capables de saisir et d'exprimer des idées chères aux foules, il aurait été soupçonné d'avoir prêché suivant la méthode des philosophes qui tiennent école, et le caractère divin de sa doctrine n'aurait pas paru dans toute son évidence. Sa doctrine et sa prédication auraient consisté "en discours persuasifs de la sagesse" (1Co 1,17)... ; et notre foi, pareille à celle qu'on accorde aux doctrines des philosophes de ce monde, "reposerait sur la sagesse des hommes et non sur la puissance de Dieu" (1Co 2,5). Mais quand on voit des pêcheurs et des publicains sans instruction assez hardis pour discuter avec les juifs de la foi en Jésus Christ, et pour le prêcher au reste du monde, et y réussir, comment ne pas chercher l’origine de cette puissance de persuasion ? Comment ne pas avouer que la parole de Jésus : "Venez à ma suite, je vous ferai pêcheurs d'hommes" (Mt 4,19), il l'a réalisée dans ses apôtres par une puissance divine ?

    Paul aussi manifeste cette puissance quand il écrit : "Ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, c’était une démonstration de l'Esprit et de la puissance de Dieu" (1Co 2,4)... C’est ce qu’ont dit les prophètes déjà, quand ils ont annoncé par avance la prédication de l'Evangile : "Le Seigneur donnera sa parole aux messagers de la bonne nouvelle avec une grande puissance", afin que "rapide court sa parole" (Ps 67,12 ; 147,4). Et de fait, nous voyons que "la voix" des apôtres de Jésus "a retenti par toute la terre et leurs paroles jusqu'aux limites du monde" (Ps 18,5 ; Rm 10,18). Voilà pourquoi ceux qui écoutent la parole de Dieu annoncée avec puissance sont remplis eux-mêmes de puissance ; ils le manifestent par leur conduite et par leur lutte pour la vérité jusqu’à la mort. »

    Origène (v.185-253), Contre Celse I, 62 (Trad. SC n°132).

  • 24 septembre : Méditation

    « La suite de Jésus, la "sequela Christi", est un thème cher à la Tradition de l'Eglise. Jésus, dans les Evangiles, appelle inlassablement : "Venez à ma suite... toi, suis-moi..." (Mc 1,17...). Cet appel retentira dans l'histoire de l'Eglise jusqu'à la fin des temps ; il est pour chacun de nous aujourd'hui, au coeur de l'Evangile... Pourquoi est-il si important de suivre Jésus ? Simplement parce que c'est la seule manière d'avoir le coeur libre et de ne pas se laisser récupérer par le "monde" avec ses séductions omniprésentes et dégradantes pour l'être. La ligne générale nous est donnée : mourir à soi-même pour revivre avec Lui...

    Suivre Jésus, c'est d'abord répondre à un appel. il ne s'agit pas de faire une démarche aveugle et fondée sur le vouloir propre ; en cela suivre Jésus n'est pas une démarche d'origine personnelle ; appliquer la formule "mettre ses pas dans les pas de Jésus" suppose un réel discernement ; trop de chrétiens se découragent parce qu'ils ont essayé et ont échoué, il se sont découragés...
    Il y a une manière purement extérieure de suivre Jésus, de type moraliste, qui n'est pas juste ; certes il est souhaitable d'imiter Jésus en tout, de calquer notre comportement sur le sien. Mais il n'est pas juste de choisir de faire quelque chose "pour" lui, en demandant l'aide de sa grâce au lieu de se "laisser faire", de demander à la grâce d'agir en nous... Cette dernière démarche n'est plus morale mais spirituelle. ELle suppose une relation ou au moins le désir d'une relation avec Jésus...

    Entendre l'appel suppose un goût réel pour la prière, mais cela ne suffit pas, il faut également désirer faire la volonté de Dieu, comme le Fils : "Je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté" (Hb 10,7). Ce point est déterminant. Les chrétiens qui tournent en rond dans leur vie spirituelle doivent toujours s'interroger sur ce point, même s'ils prient beaucoup et sont au service du prochain, en méditant cette Parole : "Il ne suffit pas de me dire Seigneur, Seigneur ! pour entrer dans le Royaume des Cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux" (Mt 7,21)...

    Choisir de suivre Jésus suscite des résistances intérieures et extérieures, parfois tout notre être se révolte lorsque notre nature suscite incompréhension voire hostilité dans notre entourage et nos rencontres... Comprenons bien que notre nature, l'esprit du monde et parfois le malin (moins souvent qu'on ne le croit selon Ste Thérèse d'Avila notamment) s'opposent à notre désir de Dieu : il y a en nous quelque chose qui dit "non" ; que de désordres spirituels demeurent chez ceux qui ont oublié ou ignoré cette réalité à discerner. Demandons à l'Esprit sa force et à Jésus qu'il libère en nous son énergie de ressuscité, sa puissance de résurrection (Phil 3,10) et soyons attentifs à notre appel : toi, suis-moi". »

    Xavier Desjeux, L'éveil du coeur ou du sens spirituel de la Parole (7), Parole et Silence, 2005.

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  • 19 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "A quoi donc vais-je comparer les hommes de cette génération ?" (Lc 7,31)

    « L'Apôtre dit que quelques-uns ignorent Dieu. Mais moi je dis que tous ceux qui ne veulent point se convertir à lui ignorent Dieu (I Cor. XV, 34). Car ils ne refusent sans doute de le faire, que parce qu'ils se le représentent sévère et rigoureux, quand il est bon, et inexorable quand il est plein de miséricorde ; cruel et terrible quand il est aimable ; et l'iniquité se ment à elle-même en se formant une idole au lieu de ce qu'il est en effet. Gens de peu de foi, que craignez-vous ? Qu'il ne veuille pas remettre vos péchés ? Ne les a-t-il pas attachés à la croix avec ses mains ? Vous êtes tendres et délicats, il est vrai, mais ne tonnait-il pas la faiblesse de notre nature ? Vous avez de mauvaises habitudes, et vous êtes liés par l'habitude du péché, comme avec de fortes chaînes ; mais le Seigneur n'a-t-il pas brisé les liens des captifs (Ps. CXLV, 8) ? Vous appréhendez peut-être qu'étant irrité contre vous, de l'énormité et de la multitude de vos crimes, il ne tarde à vous tendre une main secourable. Mais sachez qu'ordinairement la grâce surabonde où le péché a abondé (Rm. V, 20). Est-ce que vous êtes en peine pour le vêtement, la nourriture et les choses nécessaires au corps, et cela vous empêche-t-il d'abandonner vos biens ? Mais ne sait-il pas que vous avez besoin de toutes ces choses (Mt. VI, 32) ? Que voulez-vous donc davantage ? Qu'est-ce qui, maintenant, fait obstacle à votre salut ? C'est ce que je dis, vous ne connaissez pas Dieu, et vous ne voulez pas en croire notre parole. Je voudrais bien que vous crussiez au moins ceux qui ont l'expérience de ce qu'ils vous disent. Car, si vous ne croyez, vous n'aurez jamais la véritable intelligence. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermon XXXVIII (2) sur le Cantique des Cantiques, in Oeuvres complètes de saint Bernard, Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Louis de Vivès Editeur, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 12 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Et le nom de la Vierge était Marie". Arrêtons-nous un peu à ce nom, qui signifie, dit-on, Etoile de la mer, et qui convient à merveille à la Vierge Mère. Il est tout indiqué de la comparer à un astre : car si l'astre émet un rayon sans en éprouver de tort, la Vierge met au monde son Fils sans la moindre lésion d'elle-même. Ni le rayon ne diminue l'éclat de l'astre, ni le Fils l'intégrité de la Vierge. C'est donc bien elle, "l'étoile glorieuse qui s'est levée de Jacob", dont le rayon éclaire l'univers entier, dont l'éclat brille au ciel et pénètre jusqu'aux enfers, parcourant toute la terre et y réchauffant les âmes plus que les corps, excitant les vertus et brûlant les vices. C'est elle, dis-je, cette étoile étincelante et incomparable, qui se balance au-dessus de notre mer immense et dangereuse, radieuse par ses mérites, nous éclairant le chemin par ses exemples.

    Oh, qui que tu sois, si tu te sens entraîné par le courant du siècle et balloté au milieu des orages et des tempêtes, au lieu de marcher sur la terre solide, ne détourne pas tes regards de cette lumineuse étoile, si tu ne veux pas sombrer dans la tourmente. Si le vent des tentations s'élève, si tu cours droit aux écueils des tribulations, regarde l'étoile, invoque Marie. Si tu es roulé par les flots de l'orgueil, de l'ambition, du dénigrement, de l'envie, regarde l'étoile, appelle Marie. Si la colère, l'avarice, la passion charnelle, bat à coups redoublés la nacelle de ton âme, tourne tes regards vers Marie. Si, déconcerté par l'énormité de tes crimes, confus de tes souillures de conscience, effrayé par l'horreur du jugement, tu te sens glisser dans le gouffre de la tristesse et l'abîme du désespoir, que ta pensée aille vers Marie. Dans les dangers, dans les difficultés, dans les incertitudes, pense à Marie, invoque Marie.

    Que son nom ne soit jamais loin de tes lèvres, ni loin de ton coeur ; et pour obtenir l'appui de sa prière, ne t'écarte pas des exemples de sa vie. En la suivant, on ne s'égare pas ; en la priant, on ne désespère pas ; qui se règle sur elle ne quitte pas le droit chemin. Si elle te tient par la main, tu ne tombes pas ; si elle te protège, tu n'as rien à craindre ; si elle te précède, tu marches sans fatigue, et avec son aide tu parviens au but : ainsi éprouves-tu, par ton expérience personnelle, combien pleine de sens est cette parole : "Et le nom de la Vierge était Marie". »

    Saint Bernard (1091-1153), Sur l'Evangile 'Missus Est', II, 17 ; P.L. t. 183, col.70-71.


    "Que Votre nom est glorieux, ô sainte Mère de Dieu ! s'écrie saint Bonaventure ; qu'il est glorieux, ce nom qui a été la source de tant de merveilles !" – "O nom plein de suavité ! s'écrie le bienheureux Henri Suzo. O Marie ! Qui êtes-Vous donc Vous-même, si Votre nom seul est déjà si aimable et si rempli de charmes ?" – "Votre nom, ô Marie, dit saint Ambroise, est un baume délicieux qui répand l'odeur de la grâce !" – Mais surtout le nom de Marie est un nom de salut. Saint Éphrem l'appelle la Clef du Ciel. "Le nom seul de Marie, dit saint Bernard, met en fuite tous les démons..." Ce n'est là qu'un faible écho de l'apologie du nom de Marie faite par les Saints.

    Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.

  • 1er septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Parabole des talents (Mt 25, 14-30)

    « "Qu'as-tu que tu n'aies reçu ?" nous dit saint Paul (1 Co 4,7). Ne soyons donc pas avares de nos biens comme s'ils nous appartenaient... On nous en a confié la charge ; nous avons l’usage d’une richesse commune, non la possession éternelle d’un bien propre. Si tu reconnais que ce bien n’est à toi ici-bas que pour un temps, tu pourras acquérir au ciel une possession qui n'aura pas de fin. Rappelle-toi ces serviteurs dans l'Évangile qui avaient reçu des talents de leur maître, et ce que le maître, à son retour, a rendu à chacun d'eux ; tu comprendras alors que déposer son argent sur la table du Seigneur pour le faire fructifier est beaucoup plus profitable que de le conserver avec une fidélité stérile sans qu'il rapporte rien au créancier, au grand dommage du serviteur inutile dont le châtiment sera d'autant plus lourd...
    Prêtons donc au Seigneur les biens que nous avons reçus de lui. Nous ne possédons rien en effet qui ne soit un don du Seigneur, et nous n’existons que parce qu’il le veut. Que pourrions-nous considérer comme nôtre, puisque, en vertu d'une dette énorme et privilégiée, nous ne nous appartenons pas ? Car Dieu nous a créés, mais il nous a aussi rachetés. Rendons grâces donc : rachetés à grand prix, au prix du sang du Seigneur, nous ne sommes plus des choses sans valeur... Rendons au Seigneur ce qu'il nous a donné. Donnons à Celui qui reçoit en la personne de chaque pauvre. Donnons avec joie, pour recevoir de lui dans l’allégresse, comme il l’a promis. »

    Saint Paulin de Nole (v.353-431), Lettre 34, 2-4 ; PL 61, 345-346 (trad. Orval et Delhougne, Les Pères commentent, Brepols, 1991)

  • 22 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Jamais le labeur personnel ou l'industrie de l'homme n'égalera le don divin que la seule miséricorde divine accorde à celui qui le désire. Disant cela, je ne cherche pas à supprimer les efforts humains, ni à détourner quiconque d'être attentif à son travail et de se donner du mal, mais je déclare ceci : bien que la perfection ne puisse pas être atteinte sans ces moyens humains, pourtant personne ne peut par ces seuls moyens et sans la grâce de Dieu la réaliser dans sa plénitude. »

    Saint Jean Cassien (360-435), Institutions cénobitiques, L. XII, chap. 13-14.

  • 21 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Que dit Jésus-Christ, mes frères ? ... "Je vous le dis en vérité : il est bien difficile qu’un riche entre dans le royaume des cieux" ; marquant par ce mot de "riche", non pas en général celui qui a du bien, mais celui qui en est l’esclave. [...]
    Ceci nous fait voir qu’un riche qui use chrétiennement de ses richesses, doit espérer de Dieu une grande récompense. Mais Jésus-Christ montre dans la suite que cela ne peut être que l’ouvrage de Dieu seul, et qu’un riche a besoin d’une grâce très-puissante pour se détacher ainsi de ses richesses. [...]

    Si vous désirez, mes frères, savoir comment "ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu", je veux bien vous l’expliquer. Car Jésus-Christ n’a point dit cette parole afin qu’elle vous abatte et que vous désespériez de pratiquer cette vertu, comme vous étant impossible, mais afin que, considérant sa grandeur, vous vous y appliquiez avec courage ; que vous invoquiez la grâce de Dieu, afin qu’elle vous soutienne dans un combat si pénible et qu’elle vous fasse acquérir enfin la vie éternelle. Comment donc cela peut-il devenir possible ? Si vous renoncez tous à l’attachement aux biens, si vous méprisez les richesses et si vous foulez aux pieds une passion si basse. Nous voyons assez par la suite que Jésus-Christ ne parle pas de la sorte afin qu’en croyant que Dieu fait tout, vous demeuriez sans rien faire, mais plutôt pour vous exciter à travailler, d’autant plus que ce qu’il vous propose est plus grand et plus difficile. [...]

    Ainsi, mes frères, ne nous embarrassons point en tant de soins inutiles. Renonçons entièrement à cette passion inquiète de l’argent qui ne nous laisserait jamais en repos. Pensons à un autre monde, où nous trouverons des biens sans inquiétude, qui rendent vraiment heureux, et ne désirons que les trésors qui sont dans le ciel. L’acquisition n’en est point pénible, et la possession est le comble de tous les biens. Ce commerce n’est exposé ni aux pertes ni aux périls. Nous n’avons seulement qu’à veiller sur nous-mêmes et à mépriser tout ce que nous voyons ici-bas. Car celui qui s’attache aux richesses de la terre et s’en rend esclave, perdra nécessairement celles du ciel. »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Homélie sur Saint Matthieu (LXIII, 2,3), in "Oeuvres complètes" (Tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 20 août : Méditation

    « ... Après avoir changé enfin votre volonté et réduit votre corps en servitude, après avoir tari la source du mal et soigneusement bouché toutes les ouvertures par lesquelles il pénétrait, il vous reste une troisième chose à faire, et ce n'est pas la moins difficile, il s'agit de purifier votre mémoire, de nettoyer ce cloaque infect. Comment, direz-vous, effacer de ma mémoire, l'impression qu'elle conserve de toute ma vie passée ? Le frêle et mince tissu sur lequel elle est écrite a bu l'encre et s'en est imprégné, comment l'effacer à présent ? Elle ne s'est pas arrêtée à la superficie seulement, mais elle a pénétré le tissu tout entier ; c'est en vain que je voudrais l'effacer maintenant, je détruirais le papier plutôt que d'en faire disparaître les caractères qui y sont gravés. Il en est de même de ma mémoire, il faudrait que l'oubli allât jusqu'à la détruire, comme cela arriverait, par exemple, si je venais à perdre l'esprit ; alors je ne conserverais plus aucun souvenir de mes actions. Autrement quel grattoir employer pour effacer les souillures de ma mémoire et la conserver intacte elle-même. Pas d'autre que cette parole pleine de vie et d'efficacité et plus pénétrante qu'un glaive à deux tranchants : "Vos péchés vous sont remis (Mc II, 5)." Laisser le Pharisien murmurer et dire : "Qui peut remettre les péchés si ce n'est Dieu ? (Ibid., 7)" Car c'est précisément Dieu même qui vous adresse ces paroles : "Or nul ne saurait se comparer à lui, il connaît le secret de toute science et il l'a révélé à Jacob son fils et à Israël son bien-aimé ; plus tard, il s'est fait voir lui-même sur la terre et il a conversé avec les hommes (Baruch III, 36,37,38)." C'est sa miséricorde qui efface le péché, non en en faisant perdre le souvenir à la mémoire, mais en faisant que ce dont le souvenir était en elle et la souillait, y soit encore et ne la souille plus. Et en effet, nous nous rappelons en ce moment une foule de péchés qui ont été commis ou par nous ou par d'autres ; or il n'y a que les nôtres qui nous souillent, ceux d'autrui ne sont pas une tache pour nous. D'où vient cela ? C'est qu'il n'y a que les nôtres qui nous fassent rougir et que nous craignions de nous voir reprocher. Otez la pensée du reproche, ôtez la crainte, ôtez la honte, c'est ce que fait la rémission du péché, et non seulement nos péchés ne font plus d'obstacle à notre salut, mais même ils peuvent y coopérer en nous excitant à rendre de vives actions de grâces à celui qui nous les a remis. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermon ou Livre de Saint Bernard, Abbé aux prêtres, sur la conversion (ch.XV,28), in Oeuvres Complètes de Saint Bernard (Tome II), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Librairie Louis Vivès, 1866.

    (Source : Abbaye Saint-Benoît)
     

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  • 17 août : Méditation - Prière

    « Seigneur, accorde-moi aujourd’hui cette grâce :
    Que rien ne puisse troubler ma paix en profondeur,
    Mais que j’arrive à parler santé, joie, prospérité,
    A chaque personne que je vais rencontrer,
    Pour l'aider à découvrir les richesses qui sont en elle.

    Aide-moi surtout, Seigneur, à savoir regarder
    La face ensoleillée de chacun avec qui je vis.
    Il m’est parfois si difficile, Seigneur,
    De dépasser les défauts qui m’irritent en eux,
    Plutôt que de m’arrêter à leurs qualités vivantes,
    Dont je jouis sans y prendre garde.

    Aide-moi aussi, Seigneur,
    À regarder Ta Face ensoleillée,
    Même en face des pires événements :
    Il n’en est pas un qui ne puisse
    Être source d’un bien qui m’est encore caché,
    Surtout si je m’appuie sur Marie.

    Accorde-moi, Seigneur, la grâce,
    De ne travailler que pour le bien, le beau et le vrai,
    De chercher, sans me lasser, dans chaque homme,
    L’étincelle que Tu y as déposée
    En le créant à ton image.

    Accorde-moi encore d’avoir autant d’enthousiasme
    Pour le succès des autres que pour le mien,
    Et de faire un tel effort pour me réformer moi-même
    Que je n’aie pas le temps de critiquer les autres.

    Je voudrais aussi, Seigneur, que tu me donnes
    La sagesse de ne me rappeler les erreurs du passé
    Que pour me hâter vers un avenir meilleur.
    Donne-moi à toute heure de ce jour d’offrir
    Un visage joyeux et un sourire d’ami
    À chaque homme, ton fils et mon frère.

    Donne-moi un cœur
    Trop large pour ruminer mes peines,
    Trop noble pour garder rancune,
    Trop fort pour trembler,
    Trop ouvert pour le refermer sur qui que ce soit.

    Seigneur, mon Dieu, je te demande ces grâces
    Pour tous les hommes qui luttent aujourd’hui comme moi,
    Afin que diminue la haine et que croisse l’Amour,
    Car, depuis ta Résurrection la haine et la mort
    Ont été vaincues par l’Amour et la vie.

    Ouvre nos yeux à l’invisible
    Pour que rien n’arrive à ébranler l’optimisme
    De ceux qui croient en Toi
    Et qui croient en l’Homme,
    Qui espèrent en Toi
    Et qui espèrent en l’Homme.

    Amen. »

    Sœur Emmanuelle du Caire (1908-2008)
    Source : Jardinier de Dieu

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  • 14 août : Méditation

    « L'âme qui prend comme but la conformité de sa volonté à la Volonté de Dieu se sent immensément heureuse. Elle est dans la paix et la sérénité. Elle possède une base inébranlable : Dieu. Rien ne peut la troubler. Elle s'enfonce de plus en plus dans cette paix et ce bonheur. Elle prie beaucoup. Et nous, prions pour pouvoir comprendre de plus en plus ce que l'Immaculée a dit au moment de l'Annonciation : Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon Ta parole (Lc I,38). Que ce soit comme Dieu le veut. C'est là que se trouve tout le bonheur. Dieu nous a créés pour que nous soyons ses instruments, c'est pour cela que dans son amour, Il nous attire à Lui... Il désire perfectionner les âmes, les rendre semblables à Lui, et Il les comble de grâces. Mais l'âme doit collaborer avec la grâce, elle doit permettre à la grâce de la conduire.
    Demandons à la Vierge Marie de nous apprendre comment l'âme doit être la "Servante du Seigneur". »

    Saint Maximilien Kolbe (1894-1941), in Le Bienheureux Père M. Kolbe - Entretiens spirituels inédits (2-4-1938 : Conf.), traduits et présentés par l'Abbé J.-F. Villepelée, P. Lethielleux - Dessain et Tolra, Paris, 1974.

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  • 13 août : Méditation

    « Il est un joyau dont la Sainte Vierge se plaît à parer ses fidèles enfants : c'est l'humilité.
    Là où vous avez eu la joie de contempler les charmes de l'humilité évangélique, là, je n'en puis douter, il vous a été donné de connaître un serviteur authentique de la Très Sainte Vierge.
    Là où la Mère de Dieu n'est pas honorée avec amour, ce n'est pas à tort que vous redouterez de découvrir, plus ou moins établi, le règne de l'orgueil.
    L'humilité m'apparaît comme la fleur spécifique de la dévotion à Marie. Elle se développe et fleurit dans la mesure où cette dévotion est cultivée.
    Elle est le don de Marie à ses fidèles enfants. Et c'est vraiment un don royal.
    Je dis un don royal d'une valeur à part, pour cette raison d'abord que l'humilité préserve celui qui le possède du premier et du plus grand de tous les maux.
    On n'en sera jamais assez persuadé : l'orgueil est en effet, dans l'ordre surnaturel, le mal le plus à redouter, parce qu'il est l'obstacle le plus réfractaire à l'action de Dieu en nous...
    J'ajoute de plus que l'humilité dont Marie enrichit ses serviteurs est vraiment un don royal, parce que cette vertu, qu'on a si bien dénommée la mère et la gardienne de toutes les autres vertus, est, dans l'ordre de la grâce, l'origine de toutes les fortunes surnaturelles et le secret de toutes les élévations dont les privilégiés de Dieu sont l'objet.
    L'humilité orne l'âme d'une parure tellement séduisante qu'elle attire irrésistiblement l'Eternel vers celui qui s'en trouve paré. Lui, le Très-Haut, qui n'a besoin de personne, il fait ses délices de vivre avec les humbles et de les exalter selon le degré même de leur humilité. Il est le Dieu des petits !
    Notre-Dame proclame elle-même au moment où elle devient Mère du Sauveur : "Le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses parce qu'il a regardé l'humilité de sa servante"...
    L'humilité fut le premier trésor de la Vierge. Elle en fait part dans une large mesure à tous ceux qui se distinguent par une ardente dévotion à son égard. »

    Chanoine Marie-Eugène Henry, chapelain de Paray-le-Monial, Bienheureux les serviteurs de la T.S. Vierge, Imprimerie Nouvelle, Paray-le-Monial, 1931.

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  • 11 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le mot "foi" est unique en tant que vocable, mais il a une double signification. Il y a en effet un aspect de la foi qui se rapporte aux dogmes ; il s’agit de l'assentiment sur telle vérité donnée. Cet aspect de la foi est profitable à l'âme, selon la parole du Seigneur : "Celui qui écoute mes paroles et croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle" (Jn 5,24)...
    Mais il y a un second aspect de la foi : c'est la foi qui nous est donnée par le Christ comme un charisme, gracieusement, comme un don spirituel. "A l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse, à un autre une parole de science selon le même Esprit, à un autre la foi dans le même Esprit, à un autre le charisme de guérir" (1Co 12,8-9). Cette foi qui nous est donnée comme une grâce par l'Esprit Saint n'est donc pas seulement la foi dogmatique, mais elle a la puissance de réaliser ce qui dépasse les forces humaines. Celui qui possède cette foi dira à cette montagne : "Déplace-toi d'ici à là, et elle se déplacera". Car lorsque quelqu'un prononce cette parole avec foi, "en croyant qu'elle va s'accomplir, et sans hésitation intérieure" (Mc 11,23), alors il reçoit la grâce de sa réalisation. C'est de cette foi qu'il est dit : "Si vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde". En effet, la graine de moutarde est toute petite mais elle recèle une énergie de feu ; semence minuscule, elle se développe au point d'étendre de longues branches et de pouvoir même abriter les oiseaux (Mt 13,32). De même la foi accomplit dans une âme les plus grands exploits en un clin d’oeil.
    Quand elle est éclairée par la foi, l’âme représente Dieu et le contemple autant qu’il est possible. Elle embrasse les limites de l’univers et, avant la fin du temps, elle voit déjà le jugement et l’accomplissement des promesses. »

    Saint Cyrille de Jérusalem (313-350), Catéchèse baptismale 5, 10-11 ; PG 33, 518-519 (trad. Orval rev ; cf Bréviaire).

  • 8 août : Méditation

    « Ah ! M.F., si nous avions le bonheur, une fois dans notre vie, de bien comprendre la beauté et la valeur de notre âme, ne serions-nous pas prêts, comme Jésus-Christ, à faire tous les sacrifices pour la conserver ? Oh ! qu'une âme est belle, qu'elle est précieuse aux yeux de Dieu même ! Comment se peut-il faire que nous en fassions si peu de cas, et que nous la traitions plus durement que le plus vil des animaux ? Quelle doit être la pensée de cette âme qui connaît sa beauté et toutes ses belles qualités, de se voir traînée dans les ordures du péché ? Ah ! sentons, M.F., lorsque nous la roulons dans les eaux de ces sales voluptés, quelle horreur ne doit pas avoir d'elle-même une âme qui n'a que Dieu seul qui la surpasse !... Mon Dieu, est-il bien possible que nous fassions si peu de cas d'une telle beauté ?

    Voyez, M.F., ce que devient une âme qui a le malheur de tomber dans le péché. Dans la grâce de Dieu, on la prendrait pour une divinité ; mais, dans le péché !... Le Seigneur fit un jour voir à un prophète une âme en état de péché, il nous dit qu'elle était semblable à une charogne, traînée pendant huit jours dans une rue à la rigueur du soleil. Ah ! c'est bien là, M.F., que nous pouvons dire avec le prophète Jérémie : "Elle est tombée, la grande Babylone, elle est devenue le repaire des démons (Apoc. XVIII,2 ; Jer. LI,8)." Oh ! qu'une âme est belle, quand elle a le bonheur de posséder la grâce de son Dieu ! Non, non, il n'y a que Dieu qui peut en connaître tout le prix et toute la valeur !
    [...]

    Que faisons-nous, M.F., de cette âme qui a tant coûté à Jésus-Christ ? Hélas ! M.F., si nous disions que nous ne l'avons que pour la rendre malheureuse et la faire souffrir !... Nous la tenons pour moins estimable que nos plus vils animaux ; quand ils sont dans l'écurie, nous leur donnons à manger ; nous avons soin d'ouvrir et de fermer les portes, crainte que les voleurs ne nous les prennent ; s'ils sont malades, nous allons chercher le médecin pour les soulager ; nous sommes touchés, souvent jusqu'au cœur, en les voyant souffrir. Le faisons-nous pour notre âme, M.F. ? Avons-nous soin de la nourrir par la grâce, par la fréquentation des sacrements ? Avons-nous soin de bien fermer les portes, crainte que les voleurs ne l'emportent ? Hélas ! M.F., disons-le à notre honte, nous la laissons périr de misère ; nous la laissons déchirer par nos ennemis, qui sont nos passions ; nous laissons toutes les portes ouvertes ; le démon de l'orgueil vient, nous le laissons entrer, meurtrir et déchirer notre pauvre âme ; celui de l'impureté vient, il entre, salit et pourrit cette pauvre âme. "Ah ! pauvre âme, nous dit saint Augustin, que l'on t'estime peu de chose : Un orgueilleux te vend pour une pensée d'orgueil ; un avare, pour une pièce de terre, un ivrogne, pour un verre de vin, et un vindicatif, pour une pensée de vengeance !" »

    Saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, extraits du Sermon pour le Neuvième dimanche après la Pentecôte (II-III), in Sermons du Saint Curé d'Ars (Tome II), Nouvelle édition, Gabriel Beauchesne, Paris, 1925.

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  • 7 août : Méditation

    « Ne t'étonne pas, enfant, si, sur la route qui conduit vers les sommets, tu tombes dans les épines et parfois dans la boue, pour retrouver ensuite le chemin uni. Car ceux qui sont au combat tombent eux-même et font tomber tour à tour. "La vie de l'homme sur la terre, a dit le grand Job, n'est-elle pas un temps d'épreuve ?" (Job 7,1). Et un autre saint déclare : "L'homme qui n'a pas été éprouvé n'est pas sûr." Car nous sommes éprouvés, dans l'exercice de la foi, pour que soit reconnue notre valeur et que nous apprenions à combattre. "C'est par beaucoup de tribulations, dit le Seigneur, qu'il nous faut entrer dans le Royaume des Cieux" (Ac 14,22). Que l'espérance du terme soit notre secours au milieu de tous les événements ! Le saint Apôtre dit pour nous fortifier dans la patience : "Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. A côté de la tentation, il placera les moyens qui vous permettront de résister" (I Cor 10,13). Et que Notre Seigneur, qui est la Vérité, te console par ces paroles : "Vous aurez à souffrir dans le monde, mais courage ! j'ai vaincu le monde" (Jn 16,33). Médite cela, n'en sors pas. Souviens-toi du Seigneur, et sa bonté, enfant, t'accompagnera en tout, car il est miséricordieux et connaît notre impuissance. Lui-même commandera encore aux flots et fera le calme dans ton âme, par les prières de ses saints. »

    Dorothée de Gaza (VIème s.), Lettre 12 (197), in Oeuvres spirituelles, Trad. Regnault - Préville, SC 92, Editions du Cerf, 1963.

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