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humilité - Page 4

  • Méditation - « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde »

    « Voyez lorsque Jean, éclairé d'en haut, reconnaît en celui qui se présente le Fils de Dieu, celui dont il avait dit : « Il est avant moi, et je ne suis pas digne de dénouer le cordon de sa chaussure » (1), il se refuse avec force à lui conférer le baptême de pénitence : « C'est moi qui devrais être baptisé par vous, et vous, vous venez à moi ! » Mais que lui répond le Christ ? « Ne t'y oppose pas en ce moment, c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice » (2).

    Quelle est cette justice ? - Ce sont les humiliations de l'adorable humanité de Jésus, qui, en rendant un hommage suprême à la sainteté infinie, constituent la solde plénière de toutes nos dettes envers la justice divine. Jésus, juste et innocent, prend la place de toute la race pécheresse (3) ; et, par son immolation, il est devenu « l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde » (4) ; la « propitiation pour tous les crimes de la terre » (5) ; c'est ainsi qu' « il accomplit toute justice ».

    Lorsque nous méditons cette profonde parole de Jésus, humilions-nous avec lui ; reconnaissons notre qualité de pécheurs ; et, surtout, renouvelons le renoncement au péché qui a marqué notre baptême. [...]

    - Vous savez que le caractère de baptisé demeure indélébile au fond de notre âme ; et quand nous réitérons les promesses faites à l'heure de notre initiation, une vertu nouvelle jaillit de la grâce baptismale pour affermir notre pouvoir de résistance à tout ce qui conduit au péché ; les suggestions du démon et les séductions du monde et des sens ; c'est à ce prix que nous pouvons sauvegarder en nous la vie de la grâce.

    Par là aussi, nous témoignerons au Christ Jésus notre vive reconnaissance de ce qu'il s'est chargé de nos iniquités pour nous en délivrer. »

    1. Luc. III, 16. - 2. Matth. III, 14. - 3. Petr. III, 18. - 4. Joan. I, 29. - 5. Ibid. II, 2.

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. X, I), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937 (Quatre-vingtième mille).

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    Juan Fernández Navarette (1526-1579), Le Baptême du Christ
    Musée du Prado, Madrid (Espagne)

  • Méditation - « Jésus, doux et humble de coeur... »

    « « Un jour d'hiver, le charpentier de Nazareth, encore ignoré de tous, se présenta sur les bords du Jourdain, mêlé à la foule... Chose étrange (1) et pourtant certaine, son cousin Jean ne le connaissait pas personnellement » (Prat, I, 160)

    Averti peut-être par une voix intérieure, Jean reconnaît alors Jésus qui vient à lui humble et modeste, qui s'avance au milieu des pénitents coupables d'injustices ou de violences, de luxure ou de fraude. Il ne peut retenir un cri de surprise quand il voit le fils de Marie descendre à son tour dans le fleuve et s'incliner comme les autres : « Comment ! c'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et tu viens à moi ! - Laisse-moi faire, répond Jésus, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice » (Matthieu III, 14-15).

    Je contemplerai longuement et avec amour le divin Sauveur, car il est là pour moi. Je me dirai que cet homme si humilié, perdu au milieu des pécheurs, et qui semble par son geste s'avouer pécheur, c'est le Maître du monde, à qui tout pouvoir a été donné sur terre et dans les cieux (Matthieu XXVIII, 18).

    Pourquoi cette démarche, cette humiliation incroyable de l'Agneau de Dieu, de Celui qui est non seulement innocent, mais le modèle et le réparateur de toute innocence ?...

    Si Jésus, fils de Marie, est innocent, le Christ, nouvel Adam, est le chef d'une société de pécheurs ; il est la tête d'un corps mystique dont les membres, couverts de souillures, ont grand besoin de baptême et de rédemption.
    Le Chef vient purifier les membres. Le Christ va expier l'orgueil des chrétiens. Son baptême sera le premier acte public, solennel, de son ministère de réparation. « En se soumettant à cette cérémonie humiliante, il prétend « accomplir toute justice », agir en parfaite conformité avec la volonté de son Père céleste. Sans attendre le Calvaire, Jésus a pris sur lui nos iniquités. Le baptême, qui ouvre la prédication de l’Évangile, inaugure aussi l’œuvre publique d'expiation et de réparation, dont l'Incarnation a marqué le principe secret » (Huby, saint Marc, p. 13). C'est donc pour moi que Jésus s'abaisse de la sorte, pour réparer mes désobéissances et mes péchés d'orgueil. Que dirai-je, que lui offrirai-je pour témoigner ma reconnaissance ? A tout le moins la résolution de mieux accepter les petites humiliations qu'il m'enverra (2).

    Je demanderai au Père céleste de réformer intérieurement mon cœur d'après celui de Jésus, et de me faire comprendre que, si le baptême est le premier et le plus nécessaire des sacrements, l'humilité lui ressemble et peut être considérée en quelque manière comme la clef des autres vertus. »

    1. Voir Jean I, 33. - 2. « Toutes les visions, révélations et délices du ciel, malgré le vif attrait qu'elles exercent sur l'homme spirituel, ne valent pas le moindre acte d'humilité. » (Saint Jean de la Croix, Maxime 335).

    P. J.-B. Gossellin s.j., Sujets d'oraison pour tous les jours de l'année, Tome III (Le Baptême du Christ), 3e édition, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1950.

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  • Méditation - Les leçons de Noël

    « Regardez le dénuement du Verbe ; Celui qui est la parole se tait : in-fans. Nous voilà plongés dans l'anonymat d'une vie ignorée de tous, mais cet enfant qui vagit doucement, c'est Lui qui gouverne le monde, c'est Lui qui maîtrise les étoiles. Dieu voile sa grandeur sous les dehors les plus ordinaires ; ainsi en sera-t-il à Nazareth pendant les trente ans de vie cachée. Pourquoi nous-mêmes nous offusquer lorsque les autres font peu de cas de notre personne ? Il devrait nous suffire d'être des porteurs de Dieu, et de revivre, dans sa somptuosité, la richesse infinie du mystère.

    Voyez les bergers. Ce ne sont pas les savants et les psychologues que Dieu a conviés aux premières places des banquets des noces, mais des pauvres gens passablement grossiers, qui se disputent parfois au sujet d'une bête de leur troupeau, perdue ou blessée. Seulement ils ont cru à la parole de l'ange : ils ont dévalé les pentes qui menaient à l'étable ; ils ont entendu le concert des Bienheureux, là-haut dans le ciel, sans se croire victimes d'une hypnose collective ! Ils ont cru. Simplement. Ils ont reçu la grâce insigne de voir le Verbe Incarné, le petit corps bien droit et les yeux encore fermés ; ils ont vu Marie, le Miroir de Justice, le silence de Marie, qui est le sommet de l'univers créé. Ils sont devenus des hommes de vie intérieure ; ils sont nos modèles. Ah ! comme je voudrais ressembler aux bergers !

    Voyez les anges. Totalement libres, ils adorent, ils louent, ils chantent l'infinie bonté de Dieu, ils forment sa cour céleste ; ils montrent qu'il n'y a rien d'autre à faire sinon devenir des louanges de gloire ; ils montrent que la suprême humilité est de s'oublier dans l'admiration et de se cacher dans la lumière. Telles sont les leçons de Noël. - N'est-ce pas là la vocation de tout chrétien, et la vôtre en particulier ? Je vous exhorte donc à puiser intensément dans le trésor des grâces de Noël ; vous y trouverez en toute sa profondeur, la vérité de l'esprit filial, la pauvreté des bergers, le silence de Marie, l'exultation des anges. Et comme eux, vous annoncerez avec douceur que la Paix de Dieu descend sur les hommes de bonne volonté. »

    Dom Gérard (1927-2008), Benedictus. Écrits spirituels, Tome I (N°280 - Février 1984. Noël continue), Éditions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 2009.

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  • Méditation - Les fruits de la douleur

    « Dieu envoie la douleur aux âmes pécheresses, aux âmes tièdes et aux âmes parfaites. Aux âmes pécheresses, pour les ramener de ce monde à Lui ; aux âmes tièdes, pour achever de se les attacher, et aux âmes parfaites, pour leur obtenir plus de perfection et les conduire plus avant dans son cœur. Ne trouvant auprès des premières ni humilité, ni force de volonté, ni innocence dans les désirs, ni dès lors aucun moyen de les faire profiter de sa miséricorde, il veut du moins, par la souffrance, leur procurer cette dernière ressemblance avec son divin Fils ; et cette ressemblance seule devient un prétexte à sa miséricorde. Voyant que les secondes, toujours ballotées, languissent entre le bien et le mal, Dieu jette dans leur âme le lest de la douleur. Quand à celles qui déjà le servent dans la ferveur de leur amour, il leur envoie la douleur pour ennoblir de plus en plus leur effort, en les faisant expier et mériter pour celles qui ne méritent pas. Comment soupçonner dès ce monde les générations qu'elles enfantent à la Gloire ? Mais, au seuil de l’Éternité, de telles âmes verront ces générations accourir à leur rencontre et se presser au-devant d'elles. Elles se demanderont alors comment des peines passagères ont engendré tant de bonheur ! Aussi voyons-nous ici-bas ces grands amis de Dieu parcourir l'échelle entière de la douleur. »

    Antoine Blanc de Saint-Bonnet (1815-1880), La douleur (ch.III), Le Mans, Le Club du livre rare, 1961 (1ère éd. 1849).

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  • Méditation - « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28)

    « Si l'homme juste, résistant à la convoitise, tombe quelquefois dans le mal, du moins il a cet avantage qu'il ne s'y plaît pas ; au contraire il déplore sa servitude, il soupire ardemment après cette bienheureuse liberté du ciel. Il dit avec l'apôtre saint Paul : Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort (Rom., VI, 24) ? S'il tombe, il se relève aussitôt ; s'il a quelques péchés, il a aussi la charité qui les couvre ; La charité, dit l'apôtre saint Pierre, couvre la multitude des péchés (I Petr., IV, 8).

    Bien plus, ce grand Dieu tout-puissant fait éclater (1) la lumière même du sein des plus épaisses ténèbres ; il fait servir à la justice le péché même. Admirable économie de la grâce ! oui, les péchés mêmes, je l'oserai dire, dans lesquels la fragilité humaine fait tomber le juste, si d'un côté ils diminuent la justice, ils l'augmentent et l'accroissent de l'autre. Et comment cela ? C'est qu'ils enflamment les saints désirs de l'homme fidèle ; c'est qu'en lui faisant connaître sa servitude, ils font qu'il désire bien plus ardemment les bienheureux embrassements de son Dieu, dans lesquels il trouvera la vraie liberté ; c'est qu'ils lui font confesser sa propre faiblesse et le besoin qu'il a de la grâce, dans un état d'un profond anéantissement. Et d'autant que le plus juste c'est le plus humble, le péché même, en quelque sorte, accroît la justice, parce qu'il nous fonde de plus en plus dans l'humilité.

    Vivons ainsi, fidèles, vivons ainsi ; faisons que notre faiblesse augmente l'honneur de notre victoire, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Aimons cette justice divine qui fait que le péché même nous tourne à bien ; quand nous voyons croître nos iniquités, songeons à nous enrichir par les bonnes œuvres, afin de réparer notre perte (1). Le fidèle qui vit de la sorte, expiant ses péchés par les aumônes, se purifiant toute sa vie par la pénitence, par le sacrifice d'un cœur contrit, par les œuvres de miséricorde, il ne détruit pas seulement le règne du péché, [...] il détruit entièrement le péché, parce que, dit saint Augustin, comme notre vie n'est pas sans péché, aussi les remèdes pour les purger ne nous manquent pas. (Ad Hilar., ep. CLVII, C. 1, t. II). »

    Variantes : 1. Sait tirer.- 2. Plus nous devons songer à en obtenir le pardon par les bonnes œuvres.

    Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Fragment d'un discours sur la vie chrétienne, in "Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés du premier ordre" par M. l'Abbé Migne, Tome vingt-cinquième contenant les œuvres oratoires complètes de Bossuet (Sermons complets, deuxième partie), Chez l'auteur, 1846.
     
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  • Méditation - La prière du pauvre

    « Gerson fait mention d'un serviteur de Dieu qui avait coutume de dire que, depuis quarante ans qu'il s'adonnait à l'oraison avec tout le soin qui lui était possible, il n'avait point trouvé de méthode plus courte et plus facile pour faire une bonne oraison, que de se présenter devant Dieu comme un enfant ou comme un homme accablé de misère, aveugle, nu, dépourvu de toutes choses et abandonné de tout le monde. Le Prophète royal se servait si fréquemment de cette sorte d'oraison, que les Psaumes ne sont remplis que d'endroits où il s'appelle tantôt malade, tantôt orphelin, tantôt aveugle et tantôt pauvre et mendiant ; et plusieurs, en pratiquant la même méthode, sont parvenus à exceller dans l'oraison. Pratiquez-la donc, et Dieu vous fera la grâce d'obtenir par là ce que vous souhaitez. C'est une manière de prier fort efficace, dit Gerson (1), que celle dont se sert le pauvre : regardez avec quelle utilité et avec quelle patience il demande et attend l'aumône à la porte du riche, et avec quel soin il va aux lieux où il sait qu'on la donne. Nous devons en user de cette sorte à l'égard de Dieu ; et de même que, quand le pauvre se présente devant le riche, il lui remontre sa misère avec soumission, et en attend le soulagement dans une contenance respectueuse, aussi lorsque nous nous présentons devant Dieu dans l'oraison, nous devons lui remontrer nos besoins et notre misère avec une profonde humilité, et en attendre avec respect le remède de sa libéralité et de sa bonté. Comme les yeux de la servante sont continuellement attachés sur les mains de sa maîtresse, lorsqu'elle en attend quelque récompense, ainsi nos yeux doivent être continuellement attachés sur le Seigneur notre Dieu et notre maître, jusqu'à ce qu'il ait pitié de nous (2). »

    1. Gerson, de mont. contempl.. - 2. Ps. 122, 2.

    R.P. Alphonse (Alonso) Rodriguez s.j. (1526–1616), Pratique de la perfection chrétienne, Tome I (Première Partie, Traité V, Ch. XIX), Trad. Abbé Regnier-Desmarais, Poitiers, Henri Oudin, 1866.

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    Eugène Burnand (1850-1921), L'homme riche et Lazare (3)
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  • Méditation - humilité et examen de conscience

    « Il est capital que tu insistes sur ce qui est la base de la sainteté et le fondement de la bonté, je veux parler de la vertu par laquelle Jésus se présente explicitement comme modèle : l'humilité (Mt 11,29). L'humilité intérieure ; plus intérieure qu'extérieure. Reconnais qui tu es véritablement : un rien, bien misérable, faible, pétri de défauts, capable de changer le bien en mal, d'abandonner le bien pour le mal, de t'attribuer le bien et de te justifier dans le mal, et par amour de ce mal, de mépriser Celui qui est le Bien suprême.
    Ne te mets jamais au lit sans avoir au préalable examiné en conscience comment tu as passé ta journée. Tourne toutes tes pensées vers le Seigneur, et consacre-Lui ta personne ainsi que tous les chrétiens. Puis offre à Sa gloire le repos que tu vas prendre, sans jamais oublier ton Ange gardien, qui se tient en permanence à tes côtés. »

    St Padre Pio de Pietrelcina (fêté ce jour, 1887-1968), Ep 3,713 ; 2,277 in "Buona Giornata", Trad. Une Pensée, Médiaspaul, 1991.

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  • Méditation - Dans les aridités

    « Dans les aridités, ne vous découragez jamais. Recevez de la main de Dieu Notre Seigneur cet état d'impuissance (car cette épreuve, surtout avec la bonne volonté que vous avez, est un bienfait de la bonté paternelle de Dieu) ; avec humilité, songeant que de vous-même vous n'êtes rien, vous ne pouvez rien ; avec patience, supportant cet état pénible, aidée de la grâce et voulant le supporter tant qu'il plaira à la divine Volonté ; enfin, avec une entière confiance que Notre Seigneur vous envoie tout cela pour votre bien, que ce bon Maître n'est pas mécontent de vous, qu'il demeure toujours avec vous, pour vous défendre et vous soutenir, selon le besoin, et qu'il vous fera sentir de nouveau sa sainte présence, lorsque sa divine et bien aimante Sagesse le jugera meilleur pour sa gloire et pour votre bien spirituel.

    Contentez-vous donc alors de faire de grands actes de foi, d'espérance, de charité, d'humilité, de patience, d'abandon total de tout vous-même et de toutes choses à la douce Providence de Notre-Seigneur. - Vous pourriez encore renouveler vos saints vœux, ou bien simplement vous tenir en la présence de Dieu, attendant avec une résignation amoureuse l'heure de sa visite.

    Terminer par la résolution, ferme quoique sèche : 1° de ne commettre aucune faute délibérée avec le secours de la grâce ; 2° de bien observer toutes vos règles ; 3° de bien remplir vos emplois et faire toutes choses, en vue seulement de plaire à Notre-Seigneur et de le glorifier ; 4° enfin de ne rien laisser paraître de votre désolation mais d'aller quand même et toujours. »

    P. Paul Ginhac s.j. (1824-1895), Extrait d'une Lettre à la Mère Marie de Saint Ignace (c. 1871), in "Choix de Lettres de Direction" (CXIV), Apostolat de la Prière, Toulouse, 1927.

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  • Méditation - Prière pour demander la douceur quotidienne

    « Ô Jésus, très doux agneau, qui ne maudissiez pas ceux qui Vous maudissaient, ne menaciez pas ceux qui Vous injuriaient, qui répondiez avec une divine douceur au cruel mépris dont on Vous couvrait, ou Vous taisiez dans un admirable silence, aidez-moi, afin qu'à votre exemple, je puisse réprimer la colère, embrasser la mansuétude et, armé de patience, souffrir volontiers toute peine, afin d'arriver à jouir avec Vous de l'éternel repos » (Vén. Louis Du Pont).

    « Ô Seigneur, avec votre aide, je veux m'exercer particulièrement à la douceur et à la résignation à votre volonté, moins dans les choses extraordinaires que dans les rencontres et les contrariétés quotidiennes.
    Dès que je m'apercevrai que la colère s'allume en moi, je recueillerai mes forces, non avec impétuosité, mais suavité, non avec violence, mais doucement, et je chercherai à rétablir mon cœur dans la paix. Mais, sachant bien que seul je ne pourrai rien faire, je prendrai soin de Vous appeler au secours, comme le firent les Apôtres tourmentés par la tempête et ballotés par la mer en furie. Permettriez-Vous Seigneur, que je Vous invoque en vain ? En ces moments, daignez accourir à mon secours et commander aux passions de se taire, daignez lever votre main bénissante, et il s'ensuivra un grand calme. Enseignez-moi à être doux avec tous, même avec ceux qui m'offensent ou me sont opposés, et jusqu'avec moi-même, ne m'indisposant pas à cause de mes rechutes et de mes défauts. Quand je me retrouverai à terre, malgré mes efforts, je me reprendrai doucement et dirai : Allons ! mon pauvre cœur, nous voici de nouveau tombé dans cette fosse que nous nous étions proposé si souvent d'éviter. Relevons-nous et quittons-la pour toujours. Recourons à la miséricorde de Dieu, mettons notre espoir en elle et elle nous viendra en aide. Me confiant en Vous, Seigneur, je recommencerai, reprenant le chemin de l'humilité et de la mansuétude » (cfr. St François de Sales). »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome II (15e semaine après l'Octave de la Pentecôte - 10. La Mansuétude Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation - Prière : « Pardonnez-nous nos offenses... »

    « J'ai bien pu de moi-même vous offenser, ô mon Père, mais je ne pouvais pas de moi-même obtenir le pardon de mes fautes. Votre Fils bien-aimé est venu à mon secours. Il s'est revêtu de ma nature humaine pour me guérir de mes infirmités. En expiation de mes offenses, il vous a offert un sacrifice de louanges, et afin d'appeler sur moi votre pitié et votre miséricorde, celui qui est assis à votre droite, ne dédaigne pas de porter la ressemblance de ma nature humaine. Voilà, mon Dieu, ce qui me remplit d'espoir et de confiance. Si, par mes iniquités, je mérite votre mépris, prenez du moins en considération, pour me pardonner, l'ineffable charité de votre Fils bien-aimé. Que les mérites de ce Fils vous rendent favorable à votre serviteur. Par le mystère de son incarnation, pardonnez à notre chair mortelle et coupable. Que la vue de ses plaies divines fasse disparaître à vos yeux nos péchés et nos crimes. Que le sang précieux qui coule de son côté efface les souillures de mon âme. [...]

    De quelle faute l'homme pourrait-il se rendre coupable, qui ne pût être rachetée par le Fils de Dieu qui s'est fait homme ? Quel orgueil, quelque grand qu'il fût, ne tomberait pas devant l'humilité d'un Dieu ? Quel empire la mort peut-elle avoir, qui ne soit détruit par le supplice du Fils de Dieu sur la croix ? Ô mon Dieu, si l'on mettait dans la même balance tous les péchés de l'homme et la miséricorde de celui qui les a rachetés, la clémence du Sauveur l'emporterait sur l'iniquité humaine autant que l'orient est éloigné de l'occident, et que le plus profond des enfers est au-dessous du plus haut des cieux. Daignez donc, ô Dieu mon créateur, me pardonner mes fautes. Je vous en conjure par les souffrances infinies de votre Fils bien-aimé. Que sa piété rachète mon impiété ; sa modération et son innocence, ma perversité ; sa douceur, ma violence ; son humilité, mon orgueil ; sa patience à souffrir, mon aversion pour la douleur ; sa bonté, ma dureté ; son obéissance, ma rébellion contre vos commandements ; son calme, mes inquiétudes ; sa douceur, l'aigreur de mon esprit ; sa clémence, mes emportements ; sa charité, ma malice. (St Augustin, Méditations) »

    Père Alphonse de la Mère des Douleurs, Pratique journalière de l'oraison et de la contemplation divine d'après la méthode de Sainte Thérèse et de Saint Jean de la Croix, Tome cinquième (Vendredi de la quatorzième semaine, Oraison de la nuit), Desclée, De Brouwer, Lille - Paris - Bruges, 1917.

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    Bartolomé Esteban Murillo (1618-1682), Crucifixion
    Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg (Russie)

  • Méditation - De la charité fraternelle (1)

    « Lorsque vous sentez quelque répugnance, ou aversion, ou sentiment d'envie, au regard d'autrui, ayez soin dès le commencement d'y renoncer fortement, de l'anéantir aux pieds de Notre-Seigneur, de le prier qu'il l'anéantisse lui-même et qu'il vous remplisse de sa divine charité ; et de produire des actes intérieurs de charité au regard de cette personne-là, en cette façon :

    « Ô Jésus, je veux aimer cette personne-là pour l'amour de vous. Oui, mon Sauveur, en l'honneur et union de la charité que vous lui portez, je la veux aimer de tout mon cœur, et je me donne à vous pour faire et souffrir pour elle tout ce qu'il vous plaira. » Efforcez-vous aussi de lui parler, et d'exercer des actions extérieures de la charité vers elle, et ne cessez de faire ainsi, jusqu'à ce que vous ayez entièrement effacé en vous ce sentiment d'aversion et de répugnance.

    Si quelqu'un vous a offensé, ou si vous avez offensé quelqu'un, n'attendez pas qu'on vous vienne rechercher ; mais souvenez-vous que Notre-Seigneur a dit : Si tu apportes ton oblation à l'autel, et là il te souvient que ton frère a quelque chose à l'encontre de toi, laisse là ton oblation, et t'en va premièrement te réconcilier avec ton frère. Et pour obéir à ces paroles du Sauveur, comme aussi en l'honneur de ce qu'il est le premier à nous rechercher, lui qui ne nous fait que toutes sortes de faveurs, et qui ne reçoit de nous que toutes sortes d'offenses, allez rechercher celui que vous avez offensé ou qui vous a offensé, pour vous réconcilier avec lui, vous disposant à lui parler avec toute sorte de douceur, de paix et d'humilité. »

    (à suivre demain)

    St Jean Eudes (1601-1680, fêté demain), La Vie et le Royaume de Jésus dans les âmes chrétiennes (Seconde Partie, Pratique de la charité chrétienne), Montréal, Monastère de N.-D. de Charité du Bon Pasteur, 1930.

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  • Premier Vendredi du mois, dédié au Sacré-Coeur de Jésus

    Jésus, doux et humble de Cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre

    « La douceur était le caractère distinctif de saint François de Sales : c'est par elle qu'il a converti tant de pécheurs et ramené tant d'hérétiques. « Il faut », disait-il, « agir sur les âmes comme font les anges, par des mouvements gracieux et sans violence ; il faut les attirer, mais à la manière des parfums qui n'ont d'autre pouvoir pour attirer à leur suite que leur suavité ; et la suavité, comment pourrait-elle tirer, sinon suavement ? Il faut enfin imiter l'exemple de Jésus Christ qui, se tenant à la porte des cœurs, presse l'ouverture sans la forcer jamais ». — Il accueillait les pécheurs avec une tendresse maternelle, en leur disant : « Venez, mes chers enfants, venez, que je vous embrasse et que je vous mette dans mon cœur. Dieu et moi, nous vous assisterons avec confiance ». — Quand on lui reprochait sa trop grande commisération pour le prochain, il répondait : « Ah ! il vaut mieux avoir à rendre compte de trop de douceur que de trop de sévérité. Dieu n'est-il pas tout amour ? Dieu le Père est le Père des miséricordes ; Dieu le Fils se nomme un agneau ; Dieu le Saint-Esprit se montre sous la forme d'une colombe, qui est la douceur même. S'il y avait quelque chose de meilleur que la bénignité, Jésus-Christ nous l'aurait dit, et cependant il ne nous donne que deux leçons à apprendre de lui : la mansuétude et l'humilité de cœur. Me voulez-vous donc empêcher d'apprendre la leçon que Dieu m'a donnée, et êtes-vous plus savant que Dieu ? » Aussi recommandait-il constamment cette vertu par ces paroles : « L'esprit humain est ainsi fait, il se cabre contre la rigueur : tout par douceur, rien par force ; la rudesse perd tout, aigrit les cœurs, engendre la haine ; et le bien qu'elle fait, elle le fait de si mauvaise grâce, qu'on ne lui en sait pas gré. La douceur, au contraire, manie le cœur de l'homme à volonté et le façonne selon ses desseins... On fait des pénitents par la douceur et des hypocrites par la sévérité ». »

    Mgr Paul Guérin (1830-1908), Vie de Saint François de Sales, in "Les Petits Bollandistes. Vie des Saints", Tome XIV, Paris, Bloud et Barral, 1886. (pp. 516-517) Citation relevée par le Bx Charles de Foucauld en 1897 (Notes détachées 77, in "Voyageur dans la nuit", nouvelle cité, Paris, 1979).

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  • Méditation - « Mais priez mes enfants... »

    « La prière est une lumière, une puissance ; elle est l'action même de Dieu : celui qui prie dispose de la puissance de Dieu.
    Vous ne verrez jamais celui qui ne prie pas devenir un saint. Ne vous laissez pas prendre aux belles paroles et aux apparences. Le démon aussi peut beaucoup : il est très savant ; il se change en ange de lumière. Ne vous fiez pas à la science : elle ne fait pas le saint. La seule connaissance de la vérité est impuissante à sanctifier : il y faut l'amour. [...]
    Je vais plus loin, et je dis que les bonnes œuvres de zèle, de charité, ne sanctifient pas toutes seules. Dieu n'a pas donné ce caractère à la sainteté. Les Pharisiens observaient la loi, faisaient l'aumône, consacraient la dîme au Seigneur : le Sauveur les appelle cependant des « sépulcres blanchis ». L’Évangile nous montre que la prudence, la tempérance, le dévouement peuvent s'allier à des consciences vicieuses : témoin les Pharisiens, ils travaillaient beaucoup mais leurs œuvres ne priaient point.
    Les bonnes œuvres extérieures ne font donc pas la sainteté d'une âme, ni la pénitence, ni la mortification. Que d'hypocrisie et d'orgueil peuvent recouvrir un habit pauvre et une mine exténuée par les privations !
    Mais une âme vit de prière. - Oh ! on ne se trompe jamais à ce caractère ! On prie : dès lors on a toutes les vertus, on est un saint. Qu'est-ce que la prière, sinon la sainteté en pratique ? Toutes les vertus y trouvent leur exercice. L'humilité, qui vous fait avouer à Dieu que vous manquez de tout, que vous ne pouvez rien ; qui vous fait avouer vos péchés, lever les yeux vers Dieu et confesser que Dieu seul est saint et bon.
    Il y a là aussi l'exercice de la foi, de l'espérance et de l'amour. Quoi encore ? En priant, nous exerçons toutes les vertus morales et évangéliques.
    Quand on prie, on fait pénitence, on se mortifie : on domine l'imagination, on cloue la volonté, on enchaîne le cœur, on s'humilie. La prière est donc la sainteté même, puisqu'elle renferme l'exercice de toutes les vertus.
    Il en est qui disent : La prière, ce n'est que de la paresse ! - Eh bien ! qu'on prenne ceux qui travaillent le plus, qui se dépensent toujours avec ardeur, ils auront bien plus de peine à prier qu'ils n'en avaient à se dévouer, à se sacrifier aux œuvres de zèle. Ah ! c'est qu'il est plus doux, plus consolant pour la nature, plus facile de donner que de demander à Dieu ! Oui, la prière est à elle seule la pratique de toutes les vertus ; sans elle, rien ne vaut ni ne dure. La charité même, sans la prière, qui la féconde et la rafraîchit, la charité se dessèche comme une plante sans racine. »

    (à suivre ce mardi 2 août, en la fête de St Pierre-Julien Eymard)

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Ecrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Deuxième Série, La sainte Communion (L'esprit de prière), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1926 (seizième édition).

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  • Méditation - Visitation de la Sainte Vierge

    « Il est bien juste, âmes chrétiennes, que la créature s'abaisse lorsque son Créateur la visite ; et le premier tribut que nous lui devons quand il daigne s'approcher de nous, c'est la reconnaissance de notre bassesse. Aussi est-ce pour cela que je vous ai dit qu'aussitôt qu'il vient à nous par sa grâce, le premier sentiment qu'il inspire, c'est une crainte religieuse, qui nous fait en quelque sorte retirer de lui par la considération du peu que nous sommes. [...] Ainsi dès la première vue de Marie, dès le premier son de sa voix, sa cousine sainte Elisabeth, qui connaît la dignité de cette Vierge et contemple par la foi le Dieu qu'elle porte, s'écrie, étonnée et confuse : « D'où me vient un si grand honneur, que la Mère de mon Seigneur me visite ? »

    C'est, mes Sœurs, cette humilité, c'est ce sentiment de respect que l'exemple d'Elisabeth devrait profondément graver dans nos cœurs ; mais pour cela il est nécessaire que nous concevions sa pensée, et que nous pénétrions les motifs qui l'obligent à s'humilier de la sorte. J'en remarque deux principaux dans la suite de son discours, et je vous prie de les bien comprendre. « D'où me vient cet honneur, dit-elle, que la Mère de mon Seigneur me visite ? » C'est sur ces paroles qu'il faut méditer ; et ce qui s'y présente d'abord à ma vue, c'est qu'Elisabeth nous témoigne que, dans la visite qu'elle reçoit, il y a quelque chose qu'elle connaît et quelque chose qu'elle n'entend pas. La Mère de mon Seigneur vient à moi : voilà ce qu'elle connaît et ce qu'elle admire ; d'où vient qu'elle me fait cet honneur : c'est ce qu'elle ignore et ce qu'elle cherche. Elle voit la dignité de Marie ; et dans une telle inégalité elle la regarde de loin, s'abaissant humblement devant elle. C'est la bienheureuse entre toutes les femmes ; c'est la Mère de mon Seigneur ; elle le porte dans ses bénites entrailles. Puis-je lui rendre assez de soumissions ?

    Mais pendant qu'elle admire toutes ces grandeurs, une seconde réflexion l'oblige à redoubler ses respects. La Mère de son Dieu la prévient par une visite pleine d'amitié : elle sait bien connaitre l'honneur qu'on lui fait ; mais elle n'en peut pas concevoir la cause : elle cherche de tous côtés en elle-même ce qui a pu lui mériter cette grâce : D'où me vient cet honneur, dit-elle, d'où me vient cette bonté surprenante ? Qu'ai-je fait pour la mériter, ou quels services me l'ont attirée ? Là, mes Sœurs, ne découvrant rien qui soit digne d'un si grand bonheur, et se sentant heureusement prévenue par une miséricorde toute gratuite, elle augmente ses respects jusqu'à l'infini, et ne trouve plus autre chose à faire, sinon de présenter humblement à Jésus-Christ, qui s'approche d'elle, un cœur humilié sous sa main et une sincère confession de son impuissance.

    Voilà donc deux motifs pressants qui la portent aux sentiments de l'humilité, lorsque Jésus-Christ la visite. Premièrement, c'est qu'elle n'a rien qui puisse égaler ses grandeurs ; secondement, c'est qu'elle n'a rien qui puisse mériter ses bontés : motifs en effet très puissants, par lesquels nous devons apprendre à servir notre Dieu en crainte et à nous réjouir devant lui avec tremblement. Car quelle indigence pareille à la nôtre, puisque si nous n'avons rien par nature et n'avons rien encore par acquisition, nous n'avons aucun droit d'approcher de Dieu ni par la condition ni par le mérite ? Et n'étant pas moins éloignés de sa bonté par nos crimes que de sa majesté infinie par notre bassesse, que nous reste-t-il autre chose lorsqu'il daigne nous regarder, sinon d'apprendre d'Elisabeth à révérer sa grandeur suprême par la reconnaissance de notre néant, et à honorer ses bienfaits en confessant notre indignité ? »

    Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Premier Sermon pour la fête de la Visitation de la Sainte Vierge (Troisième point modifié), Prêché le 2 juillet 1660, devant la reine d'Angleterre, à la Visitation de Chaillot. Oeuvres complètes de Bossuet Tome XI, F. Lachat, Paris, Librairie de Louis Vivès Éditeur, 1862.

    Texte intégral en ligne à l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais (Suisse).

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    Luca Giordano (1634-1705), La Visitation
    Staatsgallerie, Stuttgart (Allemagne)

    (Crédit photo)

  • Méditation - Jésus, doux et humble de Coeur

    « Jésus était doux par nature : c'est l'Agneau de Dieu ; doux par vertu, pour glorifier son Père par cet état ; doux par mission de son Père : la douceur devait être le caractère du Sauveur, afin qu'il pût attirer les pécheurs, les encourager à venir, se les attacher et les fixer dans la loi divine.
    Nous aurions grand besoin de cette douceur de cœur ! Nous ne l'avons pas ; bien souvent, au contraire, nous nous sentons pleins d'irritation dans nos pensées et nos jugements. Nous jugeons trop des choses et des personnes au point de vue du succès, à notre point de vue, et nous brisons ceux qui s'opposent à nous ; nous devrions en juger comme Notre-Seigneur, ou dans sa sainteté, ou dans sa miséricorde : toujours nous serions charitables, et notre cœur garderait sa paix...
    [...]
    O mon âme, sois douce envers le prochain qui t'exerce, comme Dieu, comme Notre-Seigneur, comme la sainte Vierge sont doux envers toi ; sois douce envers lui, afin que ton juge le soit pour toi : car on te rendra dans la mesure que tu auras donné. Et si tu penses à tes péchés, à ce que tu as mérité et à ce que tu mérites ; en voyant avec quelle bonté et quelle douceur, quelle patience et quel honneur Notre-Seigneur te traite, ô pauvre âme, tu devras te confondre envers le prochain en douceur et en humilité de cœur. »

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Écrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Première Série, La Présence réelle (Jésus doux et humble de cœur, II et V), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1928 (seizième édition).

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  • Méditation - Prière pour obtenir l'humilité

    « Mes frères, retirons-nous avec cette pensée : « Quand j'aurais toutes les vertus, et non pas l'humilité, je n'ai rien que péché, je ne suis qu'un pharisien superbe et un missionnaire abominable. » Mon Sauveur, faites-nous bien concevoir cette vérité, faites-nous voir l'excellence de cette vertu, faites que nous l'aimions et que, l'aimant, nous rejetions toutes les pensées vaines. Commençons, mes frères, dès cette heure à voir combien elle est belle et combien agréable en ceux qui tâchent perpétuellement de s'humilier, combien ils sont en paix et combien on les estime ; comme, au contraire, estimons malheureux ceux qui courent après l'honneur et travaillent pour être estimés ; n'est-il pas vrai qu'ils se tourmentent en vain, que la plupart du monde les méprise, qu'on s'en moque et qu'on s'en rit ? Nous verrons cela et nous aurons si peu de jugement que de courir après ces amusements de la nature aveugle et corrompue !

    L'humilité a cela de propre qu'elle nous empêche de prétendre à aucune estime que de vous, mon Dieu, qui donnez le prix aux choses. Les hommes n'en connaissent pas la valeur. N'est-ce pas être fol et passe-fol que de préférer l'estime du monde à la vôtre, l'ombre au corps, le mensonge à la vérité ?

    Sauveur de mon âme, remplissez-nous de ces affections qui vous ont si fort humilié, de ces affections qui vous ont fait préférer la contumélie (*) à la louange, et de ces affections qui vous ont fait chercher la gloire de votre Père dans votre propre confusion. Que nous commencions dès à présent à rejeter tout ce qui ne va pas à votre honneur et à notre mépris, tout ce qui sent la vanité, l'ostentation et la propre estime ; que nous tâchions de faire désormais des actes d'une vraie humilité ; que nous renoncions une bonne fois pour toutes à l'applaudissement des hommes trompés et trompeurs, à la vaine imagination du bon succès de nos œuvres ; et enfin, mon Seigneur, que nous apprenions à être véritablement humbles de cœur, par votre grâce et par votre exemple. »

    (*) : Vieilli, littér. Parole ou action atteignant une personne dans sa dignité ; offense très grave.

    St Vincent de Paul, extrait de la Conférence aux Missionnaires, 18 avril 1659 (S. V., XII, 195-211), in "Saint Vincent de Paul. Œuvres présentées par André Dodin", Aubier, Paris, 1949.

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  • Méditation - « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage » (Mt 5,4)

    « Ayons donc, frères, des sentiments humbles, rejetons toute jactance, tout orgueil, tout excès, tout emportement et accomplissons ce qui est écrit. En effet, le Saint-Esprit a dit : « Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, ni le fort de sa force, ni le riche de sa richesse. Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie dans le Seigneur de le chercher et de pratiquer le droit et la justice. » (Jr 9, 22-23).

    Souvenons-nous surtout des paroles de Notre-Seigneur par lesquelles il nous enseignait l'équité et la magnanimité : « Soyez miséricordieux afin d'obtenir miséricorde, pardonnez afin d'être pardonnés : selon que vous agirez, on agira envers vous ; comme vous donnerez, on vous donnera ; comme vous jugerez, on vous jugera ; selon que vous faites le bien on vous en fera ; de la mesure dont vous mesurerez, on mesurera pour vous en retour » (Mt 6, 14-15 ; 7, 1-2, 12 ; Lc 6, 31, 36-38).

    Puisons dans ce commandement et dans ces préceptes la force de marcher dans la soumission à ses paroles saintes en toute humilité. La sainte parole dit en effet : « Sur qui jetterai-je les yeux, sinon sur l'homme doux, pacifique, qui tremble à ma parole ? » (Is 66, 2). »

    St Clément de Rome († v.101), Épitre aux Corinthiens, §13-14. Cf "Les Pères apostoliques", Cerf, 2006, et SC n°167, Cerf, 1971.
    Pour approfondir : Sur la Lettre aux Corinthiens de Saint Clément de Rome.

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  • Méditation - Exerçons la miséricorde envers tous

    « Quand nous allons voir les pauvres, nous devons entrer dans leurs sentiments pour souffrir avec eux, et nous mettre dans les dispositions de ce grand apôtre, qui disait : « Omnibus omnia factus sum », je me suis fait tout à tous (1Co 9, 22). En sorte que ce ne soit point sur nous que tombe la plainte qu'a faite autrefois notre Seigneur par un prophète : « Sustinui qui simul mecum contristaretur, et non fuit » - j'ai attendu pour voir si quelqu'un ne compatirait point à mes souffrances, et il ne s'en est trouvé aucun (Ps 69, 21).
    Et, pour cela, il faut tâcher d'attendrir nos cœurs et de les rendre susceptibles des souffrances et des misères du prochain, et prier Dieu qu'il nous donne le véritable esprit de miséricorde, qui est le propre esprit de Dieu. Car, comme dit l’Église, c'est le propre de Dieu de faire miséricorde et d'en donner l'esprit.
    Demandons donc à Dieu, mes frères, qu'il nous donne cet esprit de compassion et de miséricorde, qu'il nous en remplisse, qu'il nous le conserve, en sorte que qui verra un missionnaire puisse dire : « Voilà un homme plein de miséricorde. »
    [...] Soyons donc miséricordieux, mes frères, et exerçons la miséricorde envers tous.
    En sorte que nous ne trouvions plus jamais un pauvre sans le consoler, si nous le pouvons, ni un homme ignorant sans lui apprendre en peu de mots les choses qu'il faut qu'il croie et qu'il fasse pour son salut.
    O Sauveur, ne permettez pas que nous abusions de notre vocation, et n'ôtez pas de cette Compagnie l'esprit de miséricorde ! Car que serait-ce de nous, si vous en retiriez votre miséricorde ? Donnez-nous-la donc, avec l'esprit de douceur et d'humilité. »

    St Vincent de Paul (1581-1660), Entretien 152, 6 août 1656 (XI, 340-342), in "Dieu très simple", Entretiens spirituels présentés par Jean-Pierre Renouard, Arfuyen, 2007.

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    (Crédit photo - David Harding from Fotolia.com)

  • Méditation - « Jésus, doux et humble de Coeur, rendez mon coeur semble au vôtre ! »

    « Jésus, mon Maître, vient m'apprendre, non à créer des mondes, dit saint Augustin, non à étonner le monde par des miracles et des prodiges, non à me rendre célèbre par des vertus éclatantes ; il vient me dire : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. (1) »
    L'humilité de Jésus, voilà, ô mon âme, le divin enseignement de Jésus. - L'humilité, voilà le caractère de sa sainteté, la condition de ses dons : « Dieu ne donne sa grâce qu'aux humbles. (2) »
    L'humilité est donc la mesure des grâces de Dieu sur moi ; - la règle de la vertu ; - le fondement de l'édifice spirituel de la perfection.
    Avec l'humilité, j'ai toutes les vertus ; sans l'humilité, mes vertus deviendront des vices et mes bonnes œuvres des œuvres mortes.
    Dieu ne me demande que l'humilité pour descendre vers moi ; et il m'élèvera dans le Ciel qu'à raison de mon humilité sur la terre. Mais comment devenir humble ? - En imitant Jésus et Marie.
    [...]
    L'humilité véritable renvoie à Dieu toute la gloire de ses œuvres, et ne garde pour elle que l'humiliation de ses imperfections.
    Elle ne se vante pas de ses succès, comme elle ne se désespère pas de ses revers.
    Elle ne se glorifie pas de ses qualités, de ses talents, de sa position ; tout cela est à Dieu.
    Elle ne parle jamais d'elle, elle a peur de la gloire et de la réputation, de crainte que ce ne soit que sa seule récompense.
    Mais voyant plutôt ce qui lui manque que ce qu'elle possède, ses fautes plutôt que ses vertus, sa faiblesse plutôt que sa force, elle se tient toujours petite en elle-même, comme l'enfant qui se croit le dernier de tous. - Telle est la règle de l'humilité.
    [...]
    Donc, ô mon âme, si tu ne peux pas faire de grandes pénitences, console-toi : tu peux être humble, et l'humilité vaut mieux que toutes les pénitences.
    Si tu ne peux pas faire de grandes choses pour Dieu, ne t'afflige pas : tu peux t'humilier devant Dieu, et l'humilité rend à Dieu plus de gloire que la conversion du monde entier sans humilité.
    Ne peux-tu pas faire oraison ? Humilie-toi, c'est la meilleure de toutes les oraisons.
    Si tu ne peux dire à Dieu que tu l'aimes beaucoup, humilie-toi à ses pieds comme la Madeleine. - Et tu l'auras beaucoup aimé, et tu deviendras, comme elle, la chaste amante du Sauveur. »

    1. Mt XI, 29. - 2. Jc IV, 6.

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Écrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Troisième Série, Retraites aux pieds de Jésus-Eucharistie (Première Retraite, Sixième jour), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1926 (treizième édition).

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    Guido Reni (1575-1642), Marie-Madeleine en extase au pied de la Croix
    Château de Versailles
    (Crédit photo)

  • Le Coeur de Jésus, siège de toutes les vertus - 3. la miséricorde

    (suite et fin de la méditation d'hier)

    « « La troisième vertu qu'il faut honorer dans le Sacré-Cœur, dit encore le P. Claude de la Colombière, c'est sa compassion très sensible pour nos misères, son amour immense pour nous malgré ces mêmes misères, et, malgré ces mouvements et impressions, son égalité inaltérable causée par une conformité si parfaite à la volonté de Dieu, qu'elle ne pouvait être troublée par aucun événement. »
    N'est-ce pas dans la miséricorde de son Cœur qu'il nous a visités : Per viscera misericordiae in quibus visitavit nos (Lc I,78). Quand Jésus rencontre des malades, des morts, son Cœur ne peut résister aux larmes de ceux qui les entourent. Emu de pitié, il les guérit, il les rend à la vie : "misericordia motus (Lc 7,13).
    En voyant la foule sans provisions pour son repas, il a compassion d'elle : misereor super turbam (Mt 14,14 ; Mt 15,32 ; cf. Lc 10,33).
    « Ce Cœur est encore autant qu'on le peut être dans les mêmes sentiments, remarque le P. Claude de la Colombière, il est toujours brûlant d'amour pour les hommes, toujours ouvert pour répandre toutes sortes de grâces et de bénédictions, toujours touché de nos maux, toujours pressé du désir de nous faire part de ses trésors et de se donner lui-même à nous, toujours disposé à nous recevoir, et à nous servir d'asile, de demeure et de paradis, dès cette vie. »
    En me tenant uni au Cœur de Jésus et en méditant ses mystères, je participerai de plus en plus à ses vertus.

    Résolutions. - J'ai à ma portée, dans le Cœur de Jésus, la source de toutes les vertus, qui se peuvent résumer dans l'humilité, la patience, la charité ; mais il faut que je boive résolument à cette source. Il faut que je m'unisse toujours plus fidèlement au Cœur de Jésus dans chacune de mes actions. »

    1. Extrait du Benedictus de Zacharie : "grâce à la miséricorde de notre Dieu en laquelle nous a visité l'Astre d'en haut" - 2. "en la voyant, il eut pitié d'elle". - 3. "il fut pris de pitié".

    Vénérable Léon Dehon (1843-1925), L'année avec le Sacré-Cœur, Tome I (18 juin, IIIe Point p. 653), Établissements Casterman, Tournai - Paris, s.d. (1909).

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