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humilité - Page 12

  • 30 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Samedi Saint

    « Pour nous, bien-aimés, qui ne trouvons pas en notre Seigneur Jésus-Christ crucifié un motif de scandale ni une folie, mais la force de Dieu et la sagesse de Dieu ; pour nous, dis-je, race spirituelle d'Abraham, non pas engendrés dans une descendance esclave, mais régénérés dans une famille libre ; nous pour qui a été immolé l'agneau véritable et immaculé, le Christ, après que nous eussions été retirés de l'oppression et de la tyrannie de l'Egypte par une main puissante et un bras étendu ; étreignons cet admirable sacrement de la Pâque salutaire, et réformons-nous à l'image de celui qui s'est rendu conforme à notre difformité. Elevons-nous jusqu'à celui qui, de la poussière de notre abjection, a fait un corps à sa gloire ; et, afin de mériter d'avoir part à sa résurrection, mettons-nous en tout en accord avec son humilité et avec sa patience. Grand est le nom au service duquel nous nous sommes enrôlés, grand l'état dont nous avons assumé la règle. Ceux qui suivent le Christ n'ont pas le droit de s'écarter de la voie royale ; mais il est juste que, tendus vers les réalités éternelles, ils ne soient pas absorbés par les temporelles. Et, puisque nous sommes rachetés par le sang précieux du Christ, glorifions et portons Dieu dans notre corps ; ainsi mériterons-nous de parvenir aux biens qui ont été préparés pour les fidèles ; par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen. »

    Saint Léon le Grand, Sermon III sur la Passion (40, 3), in Sermons tome III, SC 74, Editions du Cerf, Paris, 1961.

  • Méditation : le tromphe du Christ

    « C'est un fait bien étrange que Notre-Seigneur, qui toute sa vie avait fui la gloire et l'éclat, pour s'ensevelir dans l'obscurité, accepte les honneurs d'un triomphe avec toutes les démonstrations de l'estime publique ; et cela à la veille de sa mort, lorsqu'il sait parfaitement qu'il va être crucifié. D'où vient cette différence de conduite ? Pourquoi accepter aujourd'hui ce qu'il a toujours refusé ?

    - C'est 1° qu'il veut nous montrer combien il aime les volontés de son Père. Toute sa vie employée à lui plaire avait été, sans doute, un éclatant hommage rendu à ses volontés adorables, mais une occasion solennelle se présente de porter jusqu'au plus sublime héroïsme ce parfait amour. Son Père lui demande le sacrifice de sa liberté, de son honneur, de sa vie. O mon Père, me voici, s'écrie-t-il, je viens accomplir vos ordres (Mt X,7) ; je viens, non avec la patience qui se résigne, mais avec la joie qui triomphe, enseigner au monde combien vos volontés sont aimables, surtout quand elles crucifient ; votre bon plaisir ravissant, surtout quand il immole.

    - 2° Jésus triomphe, parce qu'il va nous donner les deux plus grands témoignages de son amour : l'un à la Cène, en établissant le sacrifice et le sacrement de l'amour ; l'autre au Calvaire, en mourant pour nous. Depuis longtemps il désirait l'un et l'autre avec une ardeur incroyable (Mt XII,30). Le moment tant désiré est venu : tant de bonheur vaut bien une marche triomphale. Allant à la Cène, c'est un bon père qui vient, surabondant de joie, léguer à ses enfants le plus magnifique héritage ; allant au Calvaire, c'est un Roi-Sauveur qui va livrer combat aux puissances infernales, au monde, à la chair, au péché. Il lui en coûtera tout le sang de ses veines, sa vie même ; mais n'importe, à ce prix il nous sauvera : il est content, voilà pourquoi il triomphe. Oh ! qui ne bénira ce divin triomphateur et ne criera avec tout le peuple : "Hosanna au fils de David !"

    - 3° Jésus triomphe pour nous apprendre le prix des croix et des souffrances. Le monde fait consister le bonheur dans les jouissances qui passent, dans les honneurs qui se fanent. Pour le désabuser, Jésus a pris la fuite quand on a voulu le faire roi (Jn VI,15). Il s'est retiré à l'écart lorsqu'il a voulu se transfigurer ; et quand on lui a offert des jouissances, il s'y est dérobé, mais quand il s'agit d'être humilié et de souffrir : Allons en avant ! s'écrie-t-il (Mt XXVI,46) ; la croix m'attend ; c'est ma gloire, j'irai la chercher en triomphe. Je la porterai sur mes épaules, comme a dit le prophète. Bel exemple qui a fait voler à la mort douze millions de martyrs en chantant des cantiques de joie.

    Comment, après cela, plaçons-nous notre gloire dans la réputation, notre félicité dans les plaisirs, notre honte dans les humiliations, au lieu de dire avec l'Apôtre : "Je me complais dans l'humiliation, la persécution et l'angoisse pour Jésus-Christ" (2Co XII,10). »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Dimanche des Rameaux), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : St Benoît et la prière

    Au calendrier est inscrit aujourd'hui le Dies Natalis de St Benoît de Nursie, patriarche des moines d'Occident (Mémoire le 11 juillet).

    « Si, quand nous voulons présenter quelque requête aux hommes puissants, nous n’osons le faire qu’avec humilité et révérence, combien plus devons-nous supplier le Seigneur Dieu de l’univers en toute humilité et très pure dévotion ! Et ce n’est pas par l’abondance des paroles, mais par la pureté du cœur et les larmes de la componction que nous serons exaucés, sachons-le bien. Aussi l’oraison doit-elle être brève et pure, à moins qu’elle ne vienne à se prolonger sous l’effet d’un sentiment inspiré par la grâce. »

    Règle de Saint Benoît, ch. XX (De la révérence dans la prière), Trad. OSB.

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  • Méditation : la miséricorde (suite)

    « Si tu pardonnes l'injure que t'a faite un détracteur ou à un calomniateur, pardonne-le de tout coeur, et confie toute offense à l'oubli éternel, car notre Père oublie nos péchés, comme l'écrit le prophète Ezéchiel : "Si le méchant renonce à son péché, on ne se souviendra plus de tous ses crimes." (Ez 18,21s) Et comme dit David : "Autant l'orient est distant de l'occident, autant le Seigneur écarte de nous nos iniquités" (Ps 102,12) ; et cela pour qu'elles ne puissent plus continuer à nous être nuisibles.
    Si tu fais l'aumône au pauvre, comprends que tu reçois plus que tu ne donnes, car "celui qui donne au pauvre, prête à Dieu." (Pr 19,17) C'est pourquoi, donne avec humilité et respect, non pas comme une aumône à un pauvre, mais comme un petit cadeau fait à un prince.
    Si tu supportes quelque chose de gênant pour être utile à ton prochain dans le besoin, pense à la distance qu'il y a entre toi et ton Seigneur, lui qui, pour t'être utile, a donné son sang et sa vie ! Ainsi, sans attente d'une récompense terrestre, sans aucun aiguillon de vaine gloire, mais par pur amour de Dieu et du prochain, tu feras des progrès dans la vertu de miséricorde. »

    Saint Robert Bellarmin (1542-1621), La montée de l'âme vers Dieu (XIV, 3), Trad. Jean-Baptiste Herman s.j., Charles Beyaert, Bruges, 1924.

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  • Méditation : "Sans moi, vous ne pouvez rien faire" (Jn XV,5)

    « Quiconque veut prier, doit commencer par se mettre véritablement et intimement dans le coeur cette parole : Vous ne pouvez rien sans moi (Jn XV,5) : rien, rien encore une fois, rien du tout. Car c'est pour cela qu'on prie, qu'on demande, parce qu'on n'a rien ; et par conséquent qu'on ne peut rien, ou pour tout dire, en un mot, qu'on n'est rien ; en matière de bien, un pur néant. Et c'est pourquoi il a dit qu'on doit prier, et qu'on n'est entendu qu'au nom de Jésus-Christ : ce qui montre que de soi-même on n'est qu'un pur néant ; mais qu'au nom de Jésus-Christ on peut tout obtenir.
    [...]
    C'est pourquoi on entend toujours dans les prières de l'Eglise cette conclusion aussi humble que consolante, Par Jésus-Christ, notre Seigneur : humble, parce qu'elle confesse notre impuissance ; consolante, parce qu'elle nous montre en qui est notre force. Et cela s'étend si loin, que lorsque nous interposons envers Dieu les intercessions et les mérites des saints, même ceux de la sainte Vierge, nous y ajoutons encore cette nécessaire conclusion : Par Jésus-Christ, notre Seigneur ; par où nous confessons qu'il n'y a de mérite, ni de prière, ni de dignité dans les saints, à quelque degré de gloire qu'ils soient élevés, que par Jésus-Christ, et en son nom. »

    Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Méditations sur l'Evangile : Extraits du discours après la Cène, 2e Partie.

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  • Méditation : vivre en présence de Dieu

    « D'une façon générale, nous devrions vivre comme si nous étions constamment en présence de Dieu seul (Et c'est la réalité !).
    Il ne suffit pas que l'âme se détourne d'elle-même et des hommes : il faut qu'elle regarde tout entière Jésus et Marie, ou l'abîme délicieux de la simplicité divine. Les saints même ne sont des exemples pour nous que sous certaines réserves.
    [...]
    Ce que l'on gagne à être tourné vers Dieu seul, c'est d'abord la liberté. Car Dieu nous demande toujours ce que nous pouvons donner tandis que le souci de plaire aux hommes ou de les imiter nous jette nécessairement dans les plus grandes angoisses.
    C'est ensuite la générosité car lorsqu'on se voit aimé d'un Dieu d'amour, lorsqu'on fixe du regard ce foyer éblouissant, on se sent prêt à Lui donner tout ce qu'on peut : ce seront quelquefois des choses plus petites en apparence, des choses plus simples, en tout cas, mais qui auront beaucoup plus de valeur parce qu'elles seront offertes à Dieu seul.
    En outre, ce que l'on gagne dans ce tête-à-tête avec Dieu, c'est la véritable humilité. Devant l'infini de la justice et de la miséricorde divines, on se sent tout petit, on disparaît comme un grain de poussière dans le ciel.
    [...]
    Enfin, le dernier fruit de l'attitude contemplative, de l'orientation objective, c'est la paix et la joie. Voilà ce que Dieu veut de nous par-dessus tout.
    [...]
    Dieu nous appelle à chaque instant : tournez-vous vers Moi seul et je vous ferai découvrir un refuge qui est au-delà de tous les conflits, de toutes les contradictions et de toutes les douleurs. »

    Un Chartreux (Dom Jean-Baptiste Porion, auteur de "Amour et Silence", † 1987), Ecoles de silence (XXV), Parole et Silence, 2001.

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  • Méditation : Dieu n'exauce pas mes prières ... ?

    Il est bon que nos prières ne soient pas aussitôt exaucées

    « Dieu nous a promis de nous exaucer, mais il n'a jamais promis de le faire immédiatement, témoin le saint homme Tobie dont les prières furent si agréables au Seigneur, et qui néanmoins n'obtint ce qu'il désirait qu'au bout de quatre années de soupirs et de larmes. Il ne nous appartient pas de savoir quand il plaira au Seigneur de nous accorder ce que nous lui demandons. Contentons-nous d'adorer ses décrets divins, et de nous conformer aux dispositions de sa Providence qui règle toutes choses suivant l'ordre immuable de l'éternelle Sagesse, et non selon nos vues et nos désirs. Ce dont nous pouvons être certains, c'est que nous serons exaucés au temps propice, ainsi que nous le dit l'apôtre, et de la manière la plus utile à notre salut.
    Bien que les desseins de Dieu soient si fort au-dessus de notre pauvre raison humaine, nous pouvons cependant comprendre quelques-uns des motifs pour lesquels le Seigneur nous fait parfois attendre l'accomplissement de ses promesses. Enumérons les plus ordinaires.

    C'est d'abord pour nous maintenir dans les sentiments d'humilité et de componction qui conviennent à de pauvres misérables tels que nous. La plus grande gloire de Dieu, aussi bien que l'intérêt de notre âme, veut que nous soyons toujours devant le Seigneur à l'état de suppliants.
    Pour l'honneur de la Majesté divine, afin que nous comprenions mieux tout le prix de ses dons. Ce qu'on acquiert avec trop de facilité se dissipe d'autant plus aisément, et nous n'apprécierons jamais assez les faveurs célestes...
    Pour éprouver notre foi, notre espérance et notre amour envers lui et nous exercer à l'humilité, à la patience et à la soumission à sa volonté souveraine.
    ...
    Pour offrir à la Justice divine quelque compensation à nos offenses et à l'ingratitude dont nous nous sommes rendus coupables envers elle. Que de fois n'avons-nous pas été sourds à la voix de notre Dieu ! Que de fois n'avons-nous pas résisté à ses inspirations ! ...
    Pour mieux disposer notre âme à recevoir les faveurs divines, et la remplir d'une sainte ardeur. Le Seigneur l'aide ainsi à se purifier et à acquérir de nouveaux mérites...

    Il est donc certain que la prière, lorsqu'elle sort de notre coeur pour monter vers Dieu, attire toujours sur nous, tôt ou tard, les bénédictions divines...
    O sainte Oraison, âme de mon âme, et vie de ma vie, non jamais je ne t'abandonnerai ; jamais je ne cesserai de m'adresser à mon Dieu, quand bien même je me trouverais au milieu des ténèbres, des aridités, des troubles, des désolations et des douleurs les plus amères ; toujours j'aurai recours à vous, Seigneur, à vous qui êtes lumière et vérité. »

    Annales de la bonne sainte Anne, in Abbé R. Béringer, "Recueil documentaire - L'espérance, la providence, la prière", Arras, 1928.

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    (Crédit photo)

  • 9 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Parabole du pharisien et du publicain (Lc 18, 9-14)

    « Si vous voulez être grand, n’en tirez pas orgueil comme le Pharisien de la parabole (Lc 18,9s), et alors vous serez vraiment grand. Croyez que vous êtes sans mérite, et alors vous en aurez. Le publicain, lui, s’est reconnu pécheur et ainsi il est devenu juste ; combien plus le juste qui se reconnaît pécheur verra-t-il sa justice et ses mérites s’agrandir ! Car l’humilité fait du pécheur un juste, puisqu’il reconnaît la vérité de sa vie ; et dans l’âme des justes l’humilité véritable agit encore plus puissamment.
    Ne perdez donc pas par la vaine gloire le fruit que vous aurez gagné par vos travaux, le salaire de vos peines, la récompense des labeurs de votre vie. Dieu connaît mieux que vous-même le bien que vous faites. Un simple verre d’eau fraîche sera récompensé. Dieu agrée la plus petite aumône, ou si vous ne pouvez rien donner, même un soupir de compassion. Il accueille tout, se souviendra de tout pour vous le rendre au centuple.

    Cessons donc de compter nos mérites et de les étaler au grand jour. Si nous chantons nos mérites, nous ne serons pas loués par Dieu. Gémissons plutôt sur notre misère, et Dieu nous élèvera aux yeux des autres. Il ne veut pas que le fruit de nos labeurs se perde. Dans son amour ardent il veut couronner nos plus petites actions ; il cherche toutes les occasions pour nous délivrer de la géhenne. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélies sur Saint Matthieu, n° 3.

  • Méditation : le vrai bonheur

    « Considérons le chemin qui conduit au vrai bonheur... c'est la vrai humilité. On renonce pleinement à soi-même et à ses manières personnelles ; on ne fait aucun cas de soi, ni de tout ce qu'on fait ou peut faire ; on se dépouille de tout cela, on se tient soi-même absolument pour rien, ce qui d'ailleurs est la vérité. S'il y a là quelque chose, ce n'est pas de toi, mais uniquement de Dieu. C'est à ce fond que tu dois atteindre, si tu veux que tes yeux deviennent jamais heureux ; il te faut apprendre à regarder foncièrement dans ce fond, car c'est la loi que Notre Seigneur nous a laissée quand il a dit : "Apprenez de moi que je suis humble et doux" (Mt 11,29). Ce sont là deux compagnes, deux soeurs, qui habitent et marchent toujours ensemble. Quand l'une est dans le fond, l'autre doit nécessairement y être. C'est aux petits que le Père du ciel révèle les sublimes mystères, et il les cache aux grands et aux sages (Lc 10,21). C'est dans cette petitesse seulement, et pas ailleurs, qu'on comprend la simple et pure vérité qui fait l'essence du bonheur.
    [...]
    Mes enfants, la volonté [propre] doit être retranchée, ainsi que le dit Notre Seigneur : "Je ne suis pas venu pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de mon Père" (Jn 6,38). Aussi longtemps et tant que tu demeures en ta propre volonté, sache-le, tu seras privé de cette félicité. Car tout vrai bonheur vient du véritable abandon, du détachement de la volonté propre. Tout cela naît dans le fond de l'humilité. C'est là que la volonté propre se perd ; car la volonté est précisément comme le pilier sur lequel repose toute l'ordonnance de l'édifice : si nous pouvions abattre ce pilier, tous les murs de cet édifice s'écrouleraient. Plus on est petit et humble, moins on a de volonté. »

    Jean Tauler, Sermon 53 (3-4), in "Sermons - Edition intégrale", Cerf, coll. Sagesses chrétiennes, Paris, 1991.

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  • Méditation : les tentations

    « Si l'on pouvait voir dans la tête d'un solide marin quelle figure y prend la tempête, on verrait qu'elle s'y inscrit non comme un danger, mais comme une série de manoeuvres à exécuter, comme un "Oh ! hisse !" Devant ses lions, un bon dompteur calcule et ne tremble pas. Dans tous les cas, la tranquillité est une protection, et par elle-même elle est une valeur.
    Le danger est beau. L'homme qui l'affronte avec une prudence virile a d'avance sur lui le reflet de la victoire. Comment vaincre sans ennemis ? Le lutteur, en nous, n'aurait alors plus d'emploi. Le bien est meilleur, chez celui qui a risqué le pire. L'exercice de notre force ne consiste qu'à discipliner nos faiblesses et à franchir l'obstacle extérieur : nous exonérer de ce souci ne serait-ce pas un désastre ?
    Oh ! que la tentation nous "éprouve" bien ! On ne fait connaissance avec le poids de son corps qu'à la montée d'une côte ou sur une pente vertigineuse : la lourdeur de notre âme et son insécurité, si nécessaires à expérimenter pour provoquer l'élan vers l'unique recours, ne sont ressenties de nous qu'aux flancs de la montagne mystique et devant ses précipices. Une tentation est bienvenue, si l'expérience de nous-mêmes s'y accroît, si notre humilité s'y approfondit et si, par une fuite qui est au vrai une ascension, nous sommes portés à l'unique but de l'existence. »

    A. D. Sertilanges, O.P., Devoirs - Dix minutes de culture spirituelle par jour, Fernand Aubier / Editions Montaigne, Paris, 1936.

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    (Photo du film "Den Perfekte Stormen" - Wolfgang Petersen, 2006)

  • 4 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Comme un cerf altéré
    cherche l'eau vive,
    ainsi mon âme te cherche
    toi, mon Dieu."
    (Ps 41)

    « Ce cerf altéré désigne les membres de l’Eglise, qui sont les fils de Coré ou du Calvaire. Le désir de la vie éternelle a de l’analogie avec les moeurs des cerfs qui sont agiles, qui tuent les serpents, ce qui leur occasionne une grande soif, qui se soulagent mutuellement du fardeau de leur tête. Le cerf du psaume se nourrit de ses larmes, quand on lui dit : Où est ton Dieu ? Il le trouve dans les régions spirituelles de la méditation,  en s’élevant jusqu’aux saintes harmonies qui lui font désirer le ciel. Il s’afflige d’être encore ici-bas, il s’effraie des abîmes. Il veut aller au ciel par l’espérance, par l’humilité et surtout par la prière, qui est le meilleur des sacrifices. »

    Saint Augustin, Discours sur le Psaume XLI, in Oeuvres complètes de saint Augustin, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 28 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Le séjour des morts (Lc 16, 19-31)

    « Le pauvre couvert d'ulcères devant la porte du riche fut porté par les anges au sein d'Abraham, voilà ce que nous lisons, ce que nous croyons. Quant à ce riche, qui était revêtu de pourpre et de fin lin, qui faisait chaque jour bonne chère, il fut jeté dans les flammes de l'enfer. Est-ce bien par le seul mérite de sa pauvreté que l'un fut reçu par les anges, et pour le crime d'être riche que l'autre fut jeté dans les tourments ? Dans ce pauvre, c'est l'humilité qui est glorifiée, et dans ce riche l'orgueil qui est châtié. Et je prouve en un mot que ce n'est point la richesse, mais bien l'orgueil que Dieu a condamné dans ce riche. Assurément ce pauvre fut porté au sein d'Abraham ; mais cet Abraham, au dire de l'Ecriture, était un riche de la terre, il avait de l'or, de l'argent (Gn 13, 2). Si le riche est jeté dans les tourments, comment Abraham était-il plus élevé en gloire que le pauvre qu'il recevait en son sein ? Mais Abraham était humble au milieu de ses richesses ; il tremblait devant les préceptes de Dieu, il s'y soumettait.
    Apprenez donc à être pauvres, à être indigents, soit que vous possédiez des biens ici-bas, soit que vous n'en possédiez point. Vous trouvez en effet des gens orgueilleux dans leur pauvreté, et des hommes riches qui confessent leurs péchés. Dieu regarde l'intérieur ; voilà ce qu'il pèse et ce qu'il juge. »

    Saint Augustin, Discours sur les Psaumes, 85 (3), Le Cerf, Paris,2007.

    Texte intégral sur le site internet de l'Abbaye Saint-Benoît.

  • 27 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude
    (Mt 20, 17-28)

    « C’est ainsi que Jésus-Christ a montré que c’est un désir de païens et d’infidèles de souhaiter d’être en charge, et d’avoir le premier rang. Car cette passion est étrangement dangereuse, et elle fait sentir sa violence et sa tyrannie aux plus grandes âmes.

    C’est pourquoi, comme elle a besoin d’un remède plus puissant, et comme d’une incision plus profonde, Jésus-Christ s’élève contre elle avec force, et réprime ce désir empoisonné dans ses disciples par la comparaison qu’il fait d’eux avec les païens et les idolâtres. Ainsi il guérit en même temps l’envie des dix apôtres, et l’ambition des deux frères ; comme s’il leur disait : N’entrez point dans ces sentiments d’aigreur, et ne vous croyez point offensés. Ceux qui recherchent ainsi les premières places se font eux-mêmes plus de mal qu’ils n’en peuvent faire aux autres. Ils se déshonorent par ce désir d’honneur, et leur superbe ambition est le comble de la bassesse.

    Car ma conduite est bien différente de celle des hommes, Ceux qui commandent parmi les païens, sont les princes et les rois ; mais dans la religion que j’établis, celui qui est le premier par sa charge, se doit considérer comme le dernier de tous. Et pour vous faire voir la vérité de ce que je dis, considérez qui je suis et ce que je fais. Quoique je sois le roi des anges, j’ai voulu néanmoins me faire homme : j’ai embrassé volontairement les mépris, les outrages, et non seulement les outrages, mais la mort même. "Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, amis pour servir et donner sa vie pour la rédemption de plusieurs ". Ainsi, je ne me suis pas contenté de souffrir la honte et l’ignominie, mais j’ai donné "ma vie même pour la rédemption de plusieurs". Car qui sont ceux pour qui je suis mort, sinon les païens et les idolâtres ? Quand vous vous humiliez vous autres, c’est pour vous-mêmes. Mais quand je me suis humilié, ce n’était point pour moi, mais pour vous.

    Ne craignez donc point, mes frères, que votre humilité vous déshonore. Vous ne sauriez jamais, quoi que vous fassiez, vous humilier autant que votre Maître. Et néanmoins son humiliation est devenue son plus grand honneur et le comble de sa gloire. Avant qu’il se fût fait homme, il n’était connu que des anges. Mais depuis qu’il s’est revêtu de notre corps, et qu’il est mort sur une croix, non seulement il n’a pas perdu cette première gloire, mais il y a encore ajouté celle de se faire connaître et adorer de toute la terre.

    Après cela, n’appréhendez point de vous abaisser en vous humiliant. C’est ainsi au contraire que vous vous relèverez davantage, parce que l’humilité est une source d’honneur et la porte du royaume. Craignons plutôt qu’en prenant une voie tout opposée pour nous élever, nous ne nous combattions nous-mêmes dans cette injuste prétention. Car on ne devient pas grand cri désirant de l’être. Mais celui qui veut être le plus grand de tous, deviendra au contraire le dernier de tous.

    C’est une conduite que Jésus-Christ garde toujours dans l’Evangile, d’apprendre aux hommes que le moyen d’obtenir ce qu’ils désirent, est d’y tendre par des voies toutes contraires à leurs pensées. Nous avons déjà fait voir cela plusieurs fois, comme à l’égard des ambitieux et des avares. Le Fils de Dieu dit à l’ambitieux : Pourquoi donnez-vous l’aumône aux pauvres, sinon pour acquérir de l’honneur devant les hommes ? Détruisez donc ce mauvais désir, et je vous comblerai d’honneur et de gloire. Il dit à l’avare : Pourquoi amassez-vous tant de biens, sinon pour devenir riche ? Cessez donc d’aimer ces richesses passagères, et je vous enrichirai véritablement. Il agit encore ici de la même manière. Pourquoi, dit-il, désirez-vous la première place, sinon pour être le premier de tous ? Choisissez donc d’être le dernier, et vous serez le premier. Si vous voulez être grand, ne désirez point de l’être, et vous le serez. Car ce désir d’être grand est de la dernière bassesse. Vous voyez comment il les guérit de leur passion, en leur montrant que s’ils veulent la satisfaire, ils n’obtiendront point ce qu’ils désirent, et qu’ils l’obtiendront en la combattant. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie LXV sur Saint Matthieu (4), in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 26 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé" (Mt 23, 1-12)

    « Quel est le vase où la grâce se déverse de préférence ? Si la confiance est faite pour recevoir en elle la miséricorde, et la patience pour recueillir la justice, quel récipient pourrons-nous proposer qui soit apte à recevoir la grâce ? Il s'agit d'un baume très pur et il lui faut un vase très solide. Or quoi de plus pur et quoi de plus solide que l'humilité du coeur ? C'est pourquoi Dieu "donne sa grâce aux humbles" (Jc 4,6) ; c'est à juste titre qu'il "a posé son regard sur l'humilité de sa servante" (Lc 1,48). À juste titre parce qu'un coeur humble ne se laisse pas occuper par le mérite humain et que la plénitude de la grâce peut s'y répandre d'autant plus librement...

    Avez-vous observé ce pharisien en prière ? Il n'était ni un voleur, ni injuste, ni adultère. Il ne négligeait pas non plus la pénitence. Il jeûnait deux fois par semaine, il donnait le dixième de tout ce qu'il possédait... Mais il n'était pas vide de lui-même, il ne s'était pas dépouillé lui-même (Ph 2,7), il n'était pas humble, mais au contraire élevé. En effet, il ne s'est pas soucié de savoir ce qui lui manquait encore, mais il s'est exagéré son mérite ; il n'était pas plein, mais enflé. Et il s'en est allé vide pour avoir simulé la plénitude. Le publicain, au contraire, parce qu'il s'est humilié lui-même et qu'il a pris soin de se présenter comme un vase vide, a pu emporter une grâce d'autant plus abondante. »

    Saint Bernard, 3e Sermon sur l'Annonciation, 9-10.

  • Méditation : l'examen de conscience

    « Tous les saints et tous les maîtres de la vie spirituelle sont unanimes à présenter l'examen journalier de la conscience comme le moyen le plus efficace de corriger les défauts et d'avancer dans les vertus. Les philosophes païens eux-mêmes prescrivaient à leurs disciples de s'examiner chaque jour sur ces trois points : Qu'ai-je fait ? comment l'ai-je fait ? Qu'ai-je omis de faire ? C'est qu'effectivement, sans cet examen bien fait chaque jour, on ne se connaît pas. Il y a en nous des vices si déguisés, des dérèglements si cachés, des désordres si subtils, qu'on ne les aperçoit qu'à force de réflexions sérieuses. Il en est de l'âme qui ne s'examine pas ou qui s'examine mal, comme d'une vigne tombée en friche, qui, faute d'être cultivée, se couvre de ronces et d'épines. [...] Faute d'examen, les vices croissent dans l'âme, et les vertus en disparaissent ; sans qu'on le remarque, l'état de la conscience va toujours s'empirant ; et telle est l'ignorance où l'on est de soi-même, qu'on ne le soupçonne même pas. L'âme s'assoupit, perd sa force, ne se tient plus en garde contre les tentations et les occasions dangeureuses ; et, dans cet état, elle touche à sa perte. Avec l'examen journalier, au contraire, on remarque ses manquements et on les répare ; on se dit chaque soir : "J'ai fait telle faute aujourd'hui, je m'en corrigerai demain ; j'observe dans mon coeur telle mauvaise inclination, je vais la combattre." Chaque jour on se dit : "J'aurai ce soir à me rendre compte de l'emploi de mon temps, de ma fidélité à la grâce", et cette pensée éveille la vigilance, excite l'attention et empêche les mauvaises habitudes de se former. De plus, la vue de ses misères, que l'examen journalier tient sans cesse devant les yeux, conserve l'humilité, éloigne la présomption, dispose à bien se confesser par une connaissance plus claire de ses fautes. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Mercredi de la première semaine de Carême), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : la paix de l'âme

    « Rejetez de votre esprit tout ce qui peut l'élever ou l'abaisser, le troubler ou l'inquiéter ; travaillez doucement à lui acquérir ou à lui conserver sa tranquillité ; car Jésus-Christ a dit : Bienheureux sont les pacifiques ; apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur. Ne doutez pas que Dieu ne couronne ce travail, et qu'il ne fasse dans votre âme une maison de délices ; tout ce qu'il demande de vous, est qu'autant de fois que les mouvements des sens et des passions vous agiteront, vous preniez à tâche de rabaisser ces fumées, de calmer et d'apaiser ces tourbillons, et de redonner la paix à vos actions.
    Comme une maison ne se bâtit pas en un jour, aussi l'acquisition de ce trésor intérieur n'est pas une entreprise de peu de temps.
    Mais la perfection de cette oeuvre désire deux choses essentielles : l'une, que ce soit Dieu même qui s'édifie sa demeure au-dedans ; l'autre, que ce bâtiment ait pour fondement l'humilité. »

    Jean de Bonilla, Traité de la Paix de l'âme, ch. III, Ed. Perisse Frères, 1860.

    Un résumé de ce très beau Traité (au format pdf) peut être téléchargé ici.

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  • Le repentir chez les Pères du désert

    Abbé Chamé disait : Mon père abba Anter m’a dit : "Si grands que soient les péchés que j’ai commis, si je fais pénitence, le Seigneur me pardonnera ; mais si mon frère me demande le pardon et que je ne lui pardonne pas, le Seigneur non plus ne me pardonnera pas." (Abba 319)

    On demanda à un ancien : "Comment l’âme acquiert-elle l’humilité ?" Il répondit : "En n’étant attentive qu’à ses propres fautes." (Abba 209)

    Abba Poemen a dit encore : Il y a une voix qui crie à l’homme jusqu’à son dernier souffle : "Aujourd’hui, convertie-toi." (Abba 202)

    Abba Antoine dit : Je vis tous les filets de l’ennemi déployés sur la terre, et je dis en gémissant : Qui donc passe outre ces pièges ? Et j’entendis une voix me répondre : l’humilité. (Paroles 16,6)

    « Produis, ô mon âme, les dignes fruits du repentir »

    Source et autres sentences :

    « Produis, ô mon âme, les dignes fruits du repentir »

  • Méditation - Prière de Ste Bernadette

    « Prière d'une pauvre mendiante à Jésus.
    O Jésus, donnez-moi, je vous prie, le pain de l'humilité,
    le pain d'obéissance,
    le pain de charité,
    le pain de force pour rompre ma volonté et la fondre à la vôtre,
    le pain de mortification intérieure,
    le pain de détachement des créatures,
    le pain de patience pour supporter les peines que mon coeur souffre. O Jésus, vous me voulez crucifiée, "fiat",
    le pain de force pour bien souffrir,
    le pain de ne voir que vous seul en tout et toujours,
    Jésus, Marie, la Croix, je ne veux d'autres amis que ceux-là. »

    Sainte Bernadette, "Carnet de notes intimes" 12 (1873), in Les écrits de sainte Bernadette présentés par André Ravier s.j., Couvent Saint-Gildard - P. Lethielleux, Paris, 1961.

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  • 10 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La pêche miraculeuse, appel des premiers disciples (Lc 5, 1-11)
    "Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur."
    "Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras."

    « Quelle est grande la bonté du Christ ! Pierre a été pêcheur, et maintenant un orateur mérite un grand éloge s'il est capable de comprendre ce pêcheur. Voilà pourquoi l'apôtre Paul dit en s'adressant aux premiers chrétiens : "Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous il n'y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages... Ce qui est d'origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n'est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose" (1Co 1, 26-28). Car si le Christ avait choisi en premier lieu un orateur, l'orateur aurait pu dire : "J'ai été choisi pour mon éloquence". S'il avait choisi un sénateur, le sénateur aurait pu dire : "J'ai été choisi à cause de mon rang". Enfin, s'il avait choisi un empereur, l'empereur aurait pu dire : "J'ai été choisi en raison de mon pouvoir." Que ces gens-là se taisent, qu'ils attendent un peu, qu'ils se tiennent tranquilles. Ils ne seront pas oubliés ni rejetés ; qu'ils attendent un peu, parce qu'ils pourraient se glorifier de ce qu'ils sont en eux-mêmes. »

    Saint Augustin, Sermon XLIII (5-6), CCL 41, 510-511 (Trad. Delhougne, Les Pères commentent, Brepols, 1991).

  • Méditation : le singe de Dieu...

    « Saint Paul nous dit que le démon se transforme en ange de lumière pour nous tromper, c'est-à-dire qu'il se fait passer pour un ange, ou pour un saint ou une sainte, comme il veut ; et nous sommes si simples, si orgueilleux, que nous croyons avoir affaire à un ange ou à un saint, tandis que c'est au démon que nous avons affaire. Depuis le péché, le démon a une grande influence sur nous, surtout sur ceux qui sont portés à l'orgueil et qui aiment les choses extraordinaires ; le démon en profite pour les tenter et les magnétiser de son influence : il est si rare de voir des âmes conduites vraiment par l'esprit de Dieu (1).
    Une des grandes marques à laquelle on connaît qu'une âme est conduite par l'esprit de Dieu, c'est la souffrance et l'épreuve. Une âme qui n'a pas été éprouvée et qui n'a pas souffert de contradiction peut difficilement être conduite par l'esprit de Dieu (2). Vous n'avez qu'à dire à cette personne : "C'est le démon qui vous inspire." Vous verrez la grimace qu'elle fera et vous connaîtrez par là que c'est le démon qui la conduit, ou bien sa seule imagination. Si c'est le bon Dieu qui la conduit, elle se tiendra dans la défiance d'elle-même, elle craindra d'être dans l'illusion ; elle appréhendra les choses extraordinaires, et demandera à Dieu d'en être délivrée, et ne parlera jamais à personne de ces choses, dans la crainte de se tromper ou de perdre l'humilité.
    Comme nous sommes sujets à l'erreur ! et comme il faut trembler à la vue de tant de dangers et d'ennemis !
    Soyez sage, chère enfant, restez bien dans l'humilité... »

    (1) : Du Saint curé d'Ars : "Le démon ne tente que les âmes qui veulent sortir du péché et celles qui sont en état de grâce. Les autres sont à lui, il n'a pas besoin de les tenter."
    (Sermon du 1° dimanche de Carême)

    (2) : De Saint Isaac le Syrien : "La voie de Dieu est une croix quotidienne. Nul n'est jamais monté au ciel confortablement. Nous savons où mène cette voie du confort. Dieu ne laisse jamais sans souci celui qui se consacre à Lui de tout son coeur. Il lui donne d'avoir le souci de la vérité. C'est d'ailleurs à cela qu'on connaît que Dieu veille sur un tel homme : Il lui envoie toujours ses afflictions. Celui qui veut être sans souci dans le monde, celui qui a ce désir et qui en même temps cherche à marcher sur le chemin de la vertu, a quitté ce chemin."
    (Discours ascétiques, 4° discours)


    Bx Antoine Chevrier (1826-1879), Lettre à Mlle G. (bienfaitrice du Prado) [200] du 25 mai 1874, in Lettres du Vénérable Antoine Chevrier, fondateur de la Providence du Prado, Librairie catholique Emmanuel Vitte, Paris, 1927.

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    Saint Michel terrassant Lucifer