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humilité - Page 13

  • Méditation : L'ivresse de l'Amour

    « S'oublier non par vertu mais par ivresse, parce qu'on a goûté à la drogue de l'amour : Jésus, Marie, Marie-Madeleine, le lavement des pieds, Nazareth, les folies des saints ne font que monnayer cette ivresse. Il n'y a pas de chemin pour y parvenir : on l'a ou on ne l'a pas. Mais quand on l'a, et plus on l'a, plus on est terrifié par l'horreur d'être habité aussi par l'orgueil, la dureté de coeur et le démon, qui persécutent inlassablement cette humilité. Alors commence le combat spirituel, les stratégies, la sagesse des Anciens, les conseils de l'Eglise, les traditions monastiques, l'ascèse quotidienne, etc. Au terme de ce périple il y a un océan de larmes, qui est en même temps l'Océan de Dieu. Mais au départ il faut au moins pleurer pour la première fois, comme Zampano à la fin de La Strada. »

    P. Marie-Dominique Molinié, op, présentation de "Coupable de tout pour tous - Variations sur le mystère du Salut", La Nef, 2008.

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  • Messe à la Chapelle Sixtine et Angélus de ce dimanche 13 janvier 2013

    Messe à la chapelle Sixtine
    Le Pape baptise 20 nouveau-nés et rappelle le sens d'une éducation chrétienne

    Comme chaque année, une semaine après le dimanche de l’Epiphanie, Benoît XVI a présidée une messe dans la chapelle Sixtine. Une célébration au cours de laquelle 20 nouveaux-nés ont reçu le baptême, 11 filles et 9 garçons. Ils sont tous des enfants dont les parents travaillent au Vatican, à la radio, ou encore au Musée ou à la secrétairerie d’Etat. Comme le veut la tradition le père de chaque famille a prononcé à haute voix le nom de baptême de son enfant, puis le Pape a apposé le signe de croix sur le front du néo baptisé. Dans son homélie Benoît XVI a rappelé l’important devoir d’éducation des parents et des parrains et marraines.

    Les parents doivent transmettre les vertus chrétiennes à leurs enfants

    « Sachez offrir à vos enfants le bon exemple, à travers l’exercice des vertus chrétiennes ». Benoît XVI a invité ainsi la famille de chaque baptisés à faire grandir leurs enfants dans une amitié toujours plus profonde avec le Seigneur. La société d’aujourd’hui « considère souvent comme démodés et en dehors du temps ceux qui vivent de la foi en Jésus » a expliqué le Pape. Il a toutefois admis « qu’il est difficile de manifester ouvertement et sans compromis ce à quoi l’on croit dans le contexte actuel ».

    La relation avec Jésus n'est pas une limite a dénoncé Benoît XVI

    Benoît XVI a également mis en garde les fidèles :
    « en suivant cette mentalité, il peut y avoir parmi les chrétiens le risque de vivre la relation avec Jésus comme une limite, comme quelque chose qui mortifie la réalisation personnelle ». Au contraire, a-t-il insisté, dans le chemin de foi il existe « l’action libératrice de l’amour de Dieu, qui nous fait sortir de notre égoïsme, de notre repli sur soi, pour nous conduire à une vie pleine, en communion avec Dieu et ouverte aux autres ». Benoît XVI a ainsi décrit la beauté de la foi, reçue comme « un grand don, que personne n’a mérité, mais qui nous a été donné gratuitement et auquel nous avons répondu Oui ».

    Source : Radio Vatican.

    Angélus de ce dimanche 13 janvier
    Le Pape appelle a plus de solidarité envers les migrants

    Un dimanche 13 janvier chargée pour Benoît XVI. Après la messe dans la chapelle Sixtine, le Pape a récité la prière de l’Angélus depuis la fenêtre de ses appartements. Devant plusieurs milliers de fidèles réunis sur la place Saint-Pierre qui ont dû affronter la pluie, Benoît XVI a invité « chacun à se remémorer son baptême, cette renaissance spirituelle qui nous a ouvert le chemin de la vie éternelle ». Commentant l’épisode du baptême de Jésus dans le Jourdain, le Pape a expliqué que le Christ « est l’homme qui face au mal du monde a choisi la voie de l’humilité et de la responsabilité, il a choisi de ne pas se sauver lui-même, mais d’offrir sa propre vie pour la vérité et la justice ». Le Baptême reçu des mains de Jean Baptiste – a ajouté le Pape – marque « le début de la vie publique du Christ » et « s’apparente à l’Incarnation ».

    Plus de solidarité pour les migrants et les réfugiés

    Ce dimanche 13 janvier on célébre la Journée mondiale des migrants et des réfugiés. Cette année dans son message le Pape a comparé les migrations à un « pèlerinage de foi et d’espérance ». Il a souhaité plus de solidarité pour ces personnes.

    Le texte de l'allocution de Benoît XVI aux pèlerins francophones :

    « Chers pèlerins francophones, la fête du Baptême de Jésus nous fait souvenir de notre baptême. Ce jour-là, nous sommes devenus enfants de Dieu, appelés à être dans le monde des témoins de l’amour de Dieu pour chaque personne. Cette mission est importante alors que nous célébrons la Journée internationale des migrants et des réfugiés. Que partout, ces personnes puissent être accueillies et aidées pour qu’elles aient chacune, ainsi que leur famille, une existence digne. Comme Jésus, soyons proches de ceux qui souffrent et n’ont pas de voix pour se faire entendre. Il bénira chaque geste de charité. Bon dimanche à tous ! »

    Source : Radio Vatican.

  • Benoît XVI célèbre l'Epiphanie à Saint Pierre de Rome

    Benoît XVI rejette l'agnosticisme tout puissant et intolérant



    Benoît XVI qui impose les mains sur la tête de Mgr Georg Gänswein, agenouillé devant lui. C’est l’image que tout le monde gardera en mémoire de ce dimanche de l’Epiphanie. Le Pape, en la Basilique Saint Pierre, a ordonné évêque son secrétaire particulier, nommé aussi préfet de la Maison Pontificale. Trois autres prélats ont reçu l’ordination épiscopale : le nigérian Mgr Fortunatus Nwachukwu, qui devient nonce au Nicaragua, le français Mgr Nicolas Thévenin, qui devient nonce au Guatemala, et Mgr Vincenzo Zani, récemment nommé secrétaire de la Congrégation pour l’Education catholique.

    Le Pape, dans son homélie, a voulu parler des qualités que devraient avoir les évêques. Des hommes « inquiets, qui doivent se préoccuper des autres hommes et être capables de leur indiquer la route vers la foi et le juste chemin de la vie ». Des hommes « courageux, valeureux, que le Seigneur envoie comme des agneaux au milieu des loups » et qui annoncent la vérité « en conflit avec la pensée dominante et avec l’agnosticisme aujourd’hui tout puissant et extrêmement intolérant ».

    L'évêque participe au pèlerinage des hommes vers Jésus-Christ, il en montre le chemin

    Benoît XVI a alors trace un parallèle entre le rôle des évêques et les figures de Mages d’Orient, dont le chemin vers Bethléem est fêté en ce dimanche de l’Epiphanie. « Les quatre évêques ordonnés aujourd’hui, a souligné le Pape, collaboreront au Ministère du Pape pour l’unité de l’unique Eglise de Jésus-Christ dans la pluralité des Eglises particulières », et « le lien entre cette Ordination épiscopale et le thème du pèlerinage des peuples vers Jésus-Christ est évident, parce que l’évêque a le devoir non seulement de participer à ce pèlerinage avec les autres, mais de le précéder et d’en indiquer la route ».

    « C’est comme pour les Mages qui alors partirent vers l’inconnu, hommes au cœur inquiet et poussés par la recherche inquiète de Dieu et du salut du monde », « aujourd’hui l’inquiétude de l’homme vers Dieu et l’inquiétude de Dieu vers l’homme ne peuvent laisser de répit aux Evêques. En d’autres mots, pour le Pape, « un Evêque doit être un homme qui a à cœur les autres hommes, qui est touché par le quotidien des hommes ».

    Celui qui annonce l'Evangile est en bute à la pensée dominante, agnostique, intolérante

    Benoît XVI a aussi souligné combien
    « l’humilité de la foi aujourd’hui se trouvera continuellement en conflit avec la pensée dominante de ceux qui font confiance à ce qui apparemment est sûr. ». « Celui qui vit et annonce la foi de l’Eglise, a averti le Pape, en de nombreux points n’est pas conforme aux opinions dominantes de notre époque ». « L’agnosticisme aujourd’hui tout-puissant a ses dogmes et se révèle extrêmement intolérant à l’égard de tout ce qui le met en question et interroge ses critères »

    Pour cela, « le courage de contredire les orientations dominantes est aujourd’hui particulièrement urgent et nécessaire pour un Evêque. Cela nécessite du courage. Et cette force n’a pas à frapper avec violence ou agressivité, mais doit se laisser frapper et doit tenir tête aux critères des opinions dominantes ». « Le courage de rester fermement avec la vérité, a conclu le Pape, est évidement une nécessité pour ceux que le Seigneur envoie comme des agneaux au milieu des loups ». « Les successeurs des Apôtres doivent s’attendre à être continuellement l’objet de coups, de manière moderne, en ne cessant d’annoncer de façon audible et compréhensible l’Evangile de Jésus-Christ. « En somme, a ajouté le Pape, l’approbation des opinions dominantes n’est pas le critère auquel nous nous soumettons ».

    Source : Radio Vatican

  • 6 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Visite des mages à Bethléem (Mt 2, 1-12)

    « 1. Il y a peu de jours, nous avons célébré, comme il vous en souvient, la naissance de Celui qui est appelé le Jour. En ce moment nous célébrons le mystère de sa manifestation, alors qu'il s'est révélé aux Gentils avec un éclat ravissant. En ce jour, selon le texte même de l’Évangile, les Mages vinrent d'Orient, cherchant le Roi des Juifs qui venait de naître, et s'écriant : "Nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l'adorer (Mt II, 2)". Pour annoncer Jésus-Christ aux bergers d'Israël, nous avons lu que des anges étaient descendus du ciel ; et pour amener les Mages des confins de l'Orient au berceau du Sauveur, une étoile parut jetant un vif éclat dans le ciel. Soit qu'il s'agisse des Juifs avertis par des anges, soit qu'il s'agisse des Gentils guidés par une étoile étincelante, il est toujours vrai de dire que "les cieux ont raconté la gloire de Dieu (Ps XVIII, 2)" ; et c'est par ces prémices de la foi des peuples à la nativité du Sauveur, "que notre pierre angulaire" s'est manifestée (Eph II, 20). Ils ont cru, et bientôt ils ont prêché Jésus-Christ. Avertis par la voix des anges, les bergers ont cru ; les Mages aussi ont adoré, eux qui venaient de pays si éloignés. De son côté, Jésus-Christ, qui était venu "annoncer la paix à ceux qui étaient loin et à ceux qui étaient près (Id. II, 17)" reçut dans la paix chacun de ces peuples ; car "il est lui-même notre paix, ayant formé des uns et des autres l'unité (Id. 14)", c'est-à-dire de tous les peuples dont il avait reçu les prémices au moment de sa naissance ; cette unité, cependant, ne commença à se réaliser qu'après le grand miracle de l'Ascension.

    2. Isaïe avait entrevu cette unification des peuples par Jésus-Christ, quand il s'écriait "Le bœuf connaît son possesseur, et l'âne l'étable de son maître (Is I, 3)". Le bœuf désigne ici les Israélites courbés sous le joug de la loi ; les Gentils sont désignés par l'âne, animal immonde, parce que l'impureté de l'idolâtrie séparait ces Gentils des Israélites adorateurs du vrai Dieu ; et cependant ces Gentils, comme les Juifs, devaient venir à l'étable, et après y avoir été purifiés par la foi de Jésus-Christ, participer à la table commune du corps de Jésus-Christ. C'est ainsi que le Seigneur, s'adressant à l’Église formée des deux peuples, disait : "Venez à moi, vous tous qui souffrez et êtes chargés de quelque fardeau, et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau est léger (Mt XI, 28-30)". Comme s'il eût dit au bœuf. "Mon joug est doux", et à l'âne : "Mon fardeau est léger". Aux Juifs courbés sous le joug écrasant de la loi, il disait Mon joug est doux ; aux Gentils plongés dans les voluptés naturelles et refusant le fardeau salutaire des préceptes, il disait : Pourquoi restez-vous rebelles ; pourquoi refusez-vous d'accepter le fardeau ? "Mon fardeau est léger".

    3. Aux Mages qui, à leur arrivée, demandaient où était né le Christ, les Juifs firent connaître le lieu de sa naissance, et cependant restèrent immobiles. Dans tous les livres des Prophètes, les Juifs trouvent clairement désignés Jésus-Christ et son Eglise, et cependant ce n'est point par eux, mais par les Gentils, que Jésus-Christ est adoré. De son côté, l'impie Hérode, apprenant des Mages la naissance du Roi des Juifs, frémit aussitôt pour sa couronne, et se flattant, "malgré l'Ange du Grand Conseil (Is IX, 6)", de triompher de ses alarmes par l'habileté de ses desseins, prend deux moyens, à ses yeux infaillibles, de s'assurer la victoire : le mensonge et la cruauté. D'abord, il ment aux Mages quand il leur dit : "Allez donc, informez-vous avec soin de l'enfant, et quand vous l'aurez trouvé, empressez-vous de m'en instruire, afin que j'aille moi-même et que je l'adore (Mt II, 8)" ; il feint ainsi de vouloir adorer Celui qu'il désirait tuer. Déçu dans ses desseins, il ordonna d'immoler, dans toute la Judée, les enfants qui pourraient avoir le même âge que Jésus-Christ. Horrible cruauté dictée par l'ambition, et qui fit couler inutilement des flots de sang innocent !

    4. Vous le voyez, mes frères, Jésus-Christ est encore porté dans les bras de sa Mère, et déjà il multiplie les prodiges. Petit enfant, il triomphe d'un roi puissant ; sans armes, il se joue de la force armée ; enveloppé de langes, il dédaigne ce prince couvert de la pourpre ; couché dans une crèche, il se joue du tribunal d'un roi ; silencieux, il a ses hérauts ; caché, il trouve des témoins. Hérode, vous usez de cruauté, et parmi les persécuteurs du Christ, vous tenez le premier rang. Mais Celui "qui a le pouvoir de donner sa vie (Jn X, 18), n'a rien à craindre de votre colère. L'aiguillon de la crainte peut vous agiter, vous pouvez brûler des feux de la fureur ; mais, pour Jésus-Christ, le temps n'est point encore venu de mourir. Toutefois, s'il vous faut satisfaire votre affreuse cruauté, faites des martyrs de Jésus-Christ. Arrachez aux embrassements des nourrices ceux que vous n'arracherez pas aux embrassements des anges. Qu'ils quittent le sein maternel pour s'élever au-dessus des astres ; qu'ils échappent aux larmes de leurs mères pour se couvrir de la gloire des martyrs ; qu'ils quittent les bras de celles qui les portent, afin qu'ils parviennent à la couronne immortelle ; qu'ils soient témoins, eux qui ne peuvent encore parler ; qu'ils rendent témoignage, ceux qui n'ont pas encore l'usage de la parole, et que ceux qui, par leur âge, ne peuvent prononcer le nom de Jésus-Christ, commencent, par sa grâce, à confesser Jésus-Christ. Hérode, vous ne connaissez pas l'ordre des décrets divins, et voilà ce qui vous trouble. Jésus-Christ est venu sur la terre, non point pour s'emparer de votre trône, mais pour subir des humiliations de toute sorte ; non pas pour s'enivrer des flatteries des peuples et de leurs adulations, mais pour s'élever sur la croix que lui auront assignée les clameurs des Juifs ; non pas pour faire scintiller sur son front le diadème royal, mais pour être méprisé sous une couronne d'épines.

    5. Nous, mes frères, pour qui tout a été fait, pour qui le Très-Haut s'est humilié si profondément, pour qui un Dieu s'est fait homme, pour qui notre Créateur a été créé, pour qui notre pain a daigné avoir faim, et passant tant d'autres titres, nous pour qui notre vie a goûté les horreurs de la mort, vivons de telle sorte qu'au moins en quelque manière nous nous rendions dignes d'un si grand bienfait ; marchons sur les traces mortelles de l'humilité de Jésus-Christ, afin que nous recevions de lui la récompense éternelle. »

    Saint Augustin, XIXe Sermon, sur l'Epiphanie de Notre-Seigneur (Sermons sur le Propre du Temps), in Oeuvres complètes de Saint Augustin (Tome XI), traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • Méditation : Saint Etienne

    « Hier, nous avons célébré la naissance temporelle de notre Roi éternel ; aujourd'hui, nous célébrons la passion triomphante de son soldat. Hier, en effet, notre Roi, revêtu de notre chair, sortant du palais d'un sein virginal, a daigné visiter notre monde ; aujourd'hui, le soldat sortant de la tente de son corps, est parti pour le ciel en triomphateur.

    Notre Roi, alors qu'il est le Très-Haut, est venu vers nous dans l'humilité, mais il ne pouvait pas venir les mains vides. Il apportait à ses soldats un don magnifique, non seulement pour leur confier une richesse considérable, mais pour les rendre absolument invincibles dans ce combat. Car il leur apportait le don de la charité, qui conduirait les hommes à partager la vie divine.
    Ce qu'il apportait, il l'a distribué ; mais lui-même n'y a rien perdu car, s'il a transformé en richesse la pauvreté de ses fidèles, lui-même est resté comblé de trésors inépuisables.
    La charité qui fait descendre le Christ du ciel sur la terre, c'est elle qui a élevé saint Etienne de la terre jusqu'au ciel. La charité qui existait d'abord chez le Roi, c'est elle qui, à sa suite, a resplendi chez le soldat.

    Etienne, pour obtenir de recevoir la couronne que signifie son nom, avait pour armes la charité, et grâce à elle il était entièrement vainqueur. Par l'amour de Dieu, il n'a pas reculé devant l'hostilité des Juifs ; par l'amour du prochain, il a intercédé pour ceux qui le lapidaient. Par cette charité, il leur reprochait leur erreur, afin qu'ils se corrigeassent ; par cette charité, il priait pour ceux qui le lapidaient, afin que le châtiment leur fût épargné.
    Fortifié par la charité, il a vaincu Saul qui s'opposait cruellement à lui et, après l'avoir eu comme persécuteur sur la terre, il a obtenu de l'avoir pour compagnon dans le ciel. Sa sainte et persévérante charité désirait gagner à lui par la prière ceux qu'il n'avait pu convertir par ses avertissements. [...]

    Et voici que maintenant Paul partage la joie d'Etienne, il jouit avec Etienne de la gloire du Christ, il exulte avec Etienne, il règne avec lui. Là où Etienne est allé le premier, mis à mort par la lapidation de Paul, c'est là que Paul l'a suivi, secouru par les prières d'Etienne.
    C’est ici la vraie vie, mes frères, celle où Paul n’est pas accablé pour le meurtre d’Etienne, mais où Etienne se réjouit de la compagnie de Paul, parce que la charité apporte sa joie à l’un comme à l’autre. Chez Etienne, la charité a surmonté l’hostilité des Juifs ; chez Paul, la charité a recouvert une multitude de péchés. Chez l’un comme chez l’autre, la charité a pareillement obtenu de posséder le royaume des cieux.

    La charité est donc la source et l’origine de tous les biens, une protection invincible, la route qui mène au ciel. Celui qui marche selon la charité ne pourra ni s’égarer, ni avoir de crainte. Elle dirige, elle protège, elle conduit au but.
    C’est pourquoi, mes frères, puisque le Christ a dressé l’échelle de la charité, par laquelle tout chrétien peut monter au ciel, soyez courageusement fidèles à la pure charité, pratiquez-la entre vous et, en progressant dans la charité, faites votre ascension. »

    Saint Fulgence de Ruspe (467-533).

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    Le martyr de St Etienne par Pierre Paul Rubens
    Huile sur toile, Musée des Beaux-Arts, Valenciennes

  • 23 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La Visitation (Lc 1, 39-45)

    « Il est normal que tous ceux qui veulent qu'on les croie donnent des raisons de croire. C'est pourquoi l'ange...a annoncé à Marie, la vierge, qu'une femme âgée et stérile devenait mère, montrant ainsi que Dieu peut faire tout ce qui lui plaît. Dès que Marie l'a appris, elle est partie vers les montagnes — non par manque de foi en la prophétie, ni par incertitude devant cette annonce, ni par doute..., mais dans l'allégresse de son désir, pour remplir un devoir religieux, dans l'empressement de la joie. Désormais remplie de Dieu, comment pouvait-elle ne pas s'élever en hâte vers les hauteurs ? Des raisonnements lents sont étrangers à la grâce de l'Esprit Saint.
    Jusque-là Marie vivait seule, retirée du monde extérieur : elle n'a pas été retenue par sa pudeur de partir en public, ni par les escarpements des montagnes de réaliser son dessein, ni par la longueur du chemin du service à rendre. Cette vierge se hâte vers les hauteurs, une vierge qui pense à servir et qui oublie sa peine ; la charité fait sa force...; elle quitte sa maison et elle part... Vous avez appris la délicatesse de Marie ; apprenez aussi son humilité. La cadette vient vers l'aînée..., ce qui est supérieur vient à ce qui est inférieure : Marie à Élisabeth, le Christ à Jean, comme plus tard le Seigneur viendra se faire baptiser par Jean pour consacrer le baptême. Et tout de suite se manifestent les bienfaits de l'arrivée de Marie et de la présence du Seigneur, car « dès qu'Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son sein et elle fut remplie de l'Esprit Saint »... Les deux femmes parlent de la grâce qui leur est faite ; les deux enfants réalisent cette grâce et entraînent leurs mères dans ce mystère de la miséricorde. »

    Saint Ambroise (v.340-397), Commentaire sur l'évangile de Luc, II,19s (Trad. SC 45).

  • 22 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Magnificat (Lc 1, 46-56)

    « On me demande comment l'âme magnifie (c'est-à-dire agrandit) le Seigneur. Car, si le Seigneur ne peut être ni augmenté ni diminué, s'il est ce qu'il est, comment Marie peut-elle dire maintenant : "Mon âme magnifie le Seigneur" ? Si je considère que le Seigneur notre Sauveur est "l'image du Dieu invisible" (Col I,15), si je vois mon âme faite "à l'image du créateur" (Gn I,27), afin d'être l'image de l'image (car mon âme n'est pas exactement l’image de Dieu, mais elle a éte créée à la ressemblance de la première image) alors voici ce que je comprendrai : à la manière de ceux dont le métier est de peindre des images et d'utiliser leur art à reproduire un seul modèle, le visage d'un roi par exemple, chacun de nous donne à son âme l'image du Christ ; il en trace une image plus ou moins grande, délavée ou ternie, ou, au contraire, claire et lumineuse, ressemblant au modèle. Donc, lorsque j'aurai agrandi l'image de l'image, c'est-à-dire mon âme, lorsque je l'aurai "magnifiée" par mes actions, mes pensées et mes paroles, alors l'image de Dieu grandira et le Seigneur lui-même sera "magnifié" dans mon âme qui en est l'image. De même que le Seigneur grandit dans cette image que nous sommes de lui, de méme, si nous tombons dans le peché, il diminue et décroît...

    Voilà pourquoi l'âme de Marie magnifie d'abord le Seigneur et ensuite "son esprit exulte en Dieu." En effet, si nous n'avons pas grandi auparavant, nous ne pouvons exulter. "Parce que, dit-elle, il a jeté les yeux sur l'humilité de sa servante." (Lc I,48) Quelle est cette humilité de Marie que le Seigneur a regardée ? Qu’avait d'humble et de bas la mère du Sauveur qui portait en elle le Fils de Dieu ? "Il a jeté les yeux sur l'humilité de sa servante", cela veut dire à peu près : il a jeté les yeux sur la justice de sa servante, sur sa tempérance, sur sa force et sur sa sagesse. D'ailleurs, il est naturel que Dieu regarde les vertus. On me dira peut-être : Je comprends que Dieu regarde la justice et la sagesse de sa servante ; mais il n'est pas évident qu'il fasse attention à son humilité. Celui qui cherche à comprendre doit remarquer que précisement l'humilité est designée dans les Ecritures comme l’une des vertus. Du reste, le Sauveur déclare : "Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez soulagement pour vos âmes." (Mt XI,29)

    "Désormais toutes les générations me diront bienheureuse." (Lc I,48) Si je comprends dans le sens le plus simple les mots "toutes les générations", je l'interprète des croyants. Mais si je réfléchis plus profondément, je remarque qu'il vaut bien mieux ajouter : "car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. (Lc I,49)" En effet, puisque "tout homme qui s'abaisse sera élevé" (Lc XIV,11), Dieu qui a regardé l'humilité de la bienheureuse Marie, a naturellement le Tout-Puissant fait pour elle de grandes choses.

    "Et sa miséricorde s'étend d'âge en âge." (Lc I,50) La miséricorde de Dieu s'étend non pas sur une, deux, trois, ni même cinq genérations, mais éternellement, d'âge en âge. "Pour ceux qui le craignent, il a déployé la force de son bras." (Lc I,50-51) Si, malgré ta faiblesse, tu approches du Seigneur dans la crainte, tu pourras entendre sa promesse en réponse à ta crainte. Quelle est cette promesse ? Il se fait, dit Marie, la force de ceux qui le craignent. La force ou la puissance est une qualité royale... Si donc tu crains Dieu, il te donne sa force et sa puissance, il te donne son Royaume, afin que, soumis au Roi des rois, tu possèdes le Royaume des Cieux, dans le Christ Jésus.

    "Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle." (Lc I,56) S'il a suffi de la venue de Marie chez Elisabeth et de sa salutation pour que l'enfant tressaille de joie et qu'Elisabeth, remplie de l'Esprit-Saint, prophétise ce que rapporte l'Evangile, si une seule heure a apporté de si grandes transformations, il nous reste à imaginer quels progrès Jean a réalisés pendant les trois mois du séjour de Marie près d'Elisabeth. Si en un instant le petit enfant a tressailli et, pourrait-on dire, bondi de joie, et si Elisabeth a été remplie de l'Esprit Saint, il est anormal que, pendant trois mois, ni Jean, ni Elisabeth n'aient pas réalisé de progrès au voisinage de la mère du Seigneur et en la présence du Sauveur lui-même. »

    Origène, Homélie sur l'Evangile de Luc (suite du commentaire proposé hier).

    Source : missel.free.fr

  • Méditation : "En prière avec Marie, Mère de Jésus" (5)

    Nous vivons cette dernière semaine avant la Nativité à l'école de Marie, et de sa prière.
    Les méditations sont extraites du livre du P. Jean Lafrance (1931-1991) : En prière avec Marie, Mère de Jésus.

    « Sans le vouloir et sans que ce soit toujours de notre faute, nous avons un coeur dur qui ne permet pas à l'amour de Dieu de circuler librement en nous ; dès que Dieu s'approche pour nous "dire" son amour, nous nous raidissons, en nous défendant contre lui. Comme nous n'avons pas l'humilité de la Vierge qui n'opposait aucune résistance au désir de Dieu, nous avons besoin de subir toute une opération de raffinage pour nous réduire à notre plus simple expression de pauvreté et de nudité. Toutes les "tuniques de peau" qui nous recouvrent et cachent notre misère, comme disent les Pères, doivent être dissoutes pour que le soleil de l'Amour qui porte "la guérison dans ses rayons" puisse nous transformer. C'est pourquoi Dieu nous fait passer au désert de l'indigence, il met à nu le fond de notre coeur, afin que nous comprenions le besoin extrême que nous avons de lui. »

    Jean Lafrance, En prière avec Marie, Mère de Jésus (ch. IV, 6), Abbaye Ste-Scholastique, Dourgne, 1985.

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  • 20 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    L'Annonciation (Lc 1, 26-38)

    « Le Verbe éternel se faisant homme, et daignant habiter parmi les hommes, tel est le grand mystère que célèbre aujourd'hui l'Eglise universelle, et dont elle salue chaque année le retour par des transports de joie. Après l'avoir une première fois reçu pour sa propre rédemption, le monde fidèle en a consacré le souvenir de génération en génération, afin de perpétuer l'heureuse substitution de la vie nouvelle à la vie ancienne. Maintenant donc, lorsque le miracle depuis longtemps accompli nous est remis annuellement sous les yeux dans le texte des divines Ecritures, notre dévotion s'enflamme et s'exhale en chants de triomphe et de joie. Le saint Evangile que nous lisions nous rappelait que l'archange Gabriel a été envoyé du ciel par le Seigneur pour annoncer à Marie qu'elle serait la Mère du Sauveur. L'humble Vierge priait, silencieuse et cachée aux regards des mortels; l'ange lui parla en ces termes : « Je vous salue, Marie, » dit-il, « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » (Lc 1, 28). O annonciation miraculeuse ! ô salutation céleste, apportant la plénitude de la grâce et illuminant ce cœur virginal ! L'Ange était descendu porté sur ses ailes de feu et inondant de clartés divines la demeure et l'esprit de Marie. Député par le Juge suprême et chargé de préparer à son Maître une demeure digne de lui, l'ange, éblouissant d'une douce clarté, pénètre dans ce sanctuaire de la virginité, rigoureusement fermé aux regards de la terre : « Je vous salue, Marie, » dit-il, « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » ; Celui qui vous a créée vous a prédestinée ; Celui que vous devez enfanter vous a remplie de ses dons. A l'aspect de l'ange, la Vierge se trouble et se demande quelle peut être cette bénédiction. Dans son silence humble et modeste, elle se rappelle le vœu qu'elle a formé, et, jusque-là, tout à fait étrangère au langage d'un homme, elle se trouble devant un tel salut, elle est saisie de stupeur devant un tel langage, et n'ose d'abord répondre au céleste envoyé. Plongée dans l'étonnement, elle se demandait à elle-même d'où pouvait lui venir une telle bénédiction. Longtemps elle roula ces pensées dans son esprit, oubliant presque la présence de l'ange que lui rappelaient à peine quelques regards fugitifs attirés par l'éclat de l'envoyé céleste. Elle hésitait donc et s'obstinait dans son silence ; mais l'ambassadeur de la Sainte Trinité, le messager des secrets célestes, le glorieux archange Gabriel, la contemplant de nouveau, lui dit : « Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu ; voici que vous concevrez et enfanterez un fils, et vous le nommerez Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut, et le Seigneur-Dieu lui donnera le siège de David son père; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, a et son règne n'aura pas de fin » (Lc 1, 30-21). Alors Marie, pesant sérieusement ces paroles de l'ange et les rapprochant de son vœu de virginité perpétuelle, s'écria : « Comment ce que vous me dites pourra-t-il se réaliser, puisque je ne connais point d'homme ? ». Aurai-je un fils, moi qui ne connais point d'homme ? Porterai-je un fruit, moi qui repousse l'enfantement ? Comment pourrai-je engendrer ce que je n'ai point conçu ? De mon sein aride, comment pourrai-je allaiter un fils, puisque jamais l'amour humain n'est entré dans mon cœur et n'a pu me toucher. L'ange répliqua : Il n'en est point ainsi, Marie, il n'en est point ainsi ; ne craignez rien ; que l'intégrité de votre vertu ne vous cause aucune alarme ; vous resterez vierge et vous vous réjouirez d'être mère ; vous ne connaîtrez point le mariage, et un fils fera votre joie ; vous n'aurez aucun contact avec un homme mortel, et vous deviendrez l'épouse du Très-Haut, puisque vous mettrez au monde le Fils de Dieu. Joseph, cet homme chaste et juste, qui est pour vous, non point un mari mais un protecteur, ne vous portera aucune atteinte ; mais « l'Esprit-Saint surviendra en vous », et, sans qu'il s'agisse ici d'un époux et d'affections charnelles, « la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre : voilà pourquoi le Saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu ».

    O séjour digne de Dieu ! Avant que l'ange ne lui eût fait connaître clairement le Fils qui lui était promis au nom du ciel, Marie ne laissa échapper de ses lèvres pudiques aucune parole d'assentiment. Mais dès qu'elle sut que sa virginité ne subirait aucune atteinte, dès qu'elle en reçut l'attestation solennelle, faisant de son cœur un sanctuaire digne de la Divinité, elle répondit : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole ». Comme si elle eût dit : « Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt », puisque mon sein doit rester intact. « Qu'il me soit fait selon votre parole », ô glorieux archange Gabriel; qu'il vienne dans sa demeure, « Celui qui a placé sa tente dans le soleil » (Ps XVIII, 6). Puisque je dois demeurer vierge, « que le Soleil de justice se lève en moi » (Ml IV, 2) sous ses rayons je conserverai ma blancheur, et la fleur de mon intégrité s'épanouira dans une chasteté perpétuelle. « Que le juste sorte dans toute sa splendeur » (Is LVI, 1), et que le Sauveur brille « comme un flambeau » (Si XLVIII, 1). Le flambeau du soleil illumine l'univers ; il pénètre ce qui semble vouloir lui faire obstacle, et il n'en jette pas moins ses flots de lumière. Qu'il apparaisse donc aux yeux des hommes « le plus beau des enfants des hommes » ; « qu'il s'avance comme un époux sort du lit nuptial » (Ps XLIV, 3) ; car maintenant je suis assurée de persévérer dans mon dessein. Quelle parole humaine pourrait raconter cette génération ? Quelle éloquence serait suffisante pour l'expliquer ? Les droits de la virginité et de la nature sont conservés intacts, et un fils se forme dans les entrailles d'une vierge. Lorsque les temps furent accomplis, le ciel et la terre purent contempler cet enfantement sacré auquel toute paternité humaine était restée complètement étrangère. Telle est cette ineffable union nuptiale du Verbe et de la chair, de Dieu et de l'homme. C'est ainsi qu'entre Dieu et l'homme a été formé « le Médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Christ Jésus » (I Tm II, 5). Ce lit nuptial divinement choisi, c'est le sein d'une Vierge. Car le Créateur du monde venant dans le monde, sans aucune coopération du monde, et pour racheter le monde de toutes les iniquités qui le souillaient, devait sortir du sein le plus pur et entourer sa naissance d'un miracle plus grand que le miracle même de la création. Car, comme le dit lui-même le Fils de Dieu et de l'homme, le Fils de l'homme est venu « non point pour juger le monde, mais pour le sauver » (Jn XII, 47).

    O vous, Mère du Saint des Saints, qui avez semé dans le sein de l'Eglise le parfum de la fleur maternelle et la blancheur du lis des vallées, en dehors de toutes les lois de la génération et de toute intervention purement humaine ; dites-moi, je vous prie, ô Mère unique, de quelle manière, par quel moyen la Divinité a formé dans votre sein ce Fils dont Dieu seul est le Père. Au nom de ce Dieu qui vous a faite digne de lui donner naissance à votre tour, dites-moi, qu'avez-vous fait de bien ? Quelle grande récompense avez-vous obtenue ? Sur quelles puissances vous êtes-vous appuyée ? Quels protecteurs sont intervenus ? A quels suffrages avez-vous eu recours ? Quel sentiment ou quelle pensée vous a mérité de parvenir à tant de grandeur ? La vertu et la sagesse du Père « qui atteint d'une extrémité à l'autre avec force et qui dispose toutes choses avec suavité » (Sg VIII, 1), le Verbe demeurant tout entier partout, et venant dans votre sein sans y subir aucun changement, a regardé votre chasteté dont il s'est fait un pavillon, dans lequel il est entré sans y porter atteinte et d'où il est sorti en y mettant le sceau de la perfection. Dites-moi donc comment vous êtes parvenue à cet heureux état ? Et Marie de répondre : Vous me demandez quel présent m'a mérité de devenir la mère de mon Créateur ? J'ai offert ma virginité, et cette offrande n'était pas de moi, mais de l'Auteur de tout bien ; car tout don « excellent et parfait nous vient du Père des lumières » (Jc I, 17). Toute mon ambition, c'est mon humilité ; voilà pourquoi « mon âme grandit le Seigneur, et mon esprit a tressailli en Dieu mon Sauveur » (Lc I, 47) ; car il a regardé, non pas ma tunique garnie de noeuds d'or, non pas ma chevelure pompeusement ornée et jetant l'éclat de l'or, non pas les pierres précieuses, les perles et les diamants suspendus à mes oreilles , non pas la beauté de mon visage trompeusement fardé ; mais « il a regardé l'humilité de sa servante ».

    Le Verbe est venu plein de douceur à son humble servante, selon l'oracle du Prophète : « Gardez-vous de craindre, fille de Sion. Voici venir à vous votre Roi plein de douceur et de bonté, assis sur un léger nuage » (Is LXII, 11). Quel est ce léger nuage ? C'est la Vierge Marie dont il s'est fait une Mère sans égale. Il est donc venu plein de douceur, reposant sur l'esprit maternel, humble, « calme et craignant ses paroles » (Is LXVI, 1). Il est venu plein de douceur, remplissant les cieux, s'abaissant parmi les humbles pour arriver aux superbes, ne quittant pas les cieux et présentant ses propres humiliations pour guérir avec une mansuétude toute divine ceux qu'oppressent les gonflements de l'orgueil. O profonde humilité ! O grandeur infinie des trésors de la sagesse et de la science de Dieu ; que les « jugements de Dieu sont incompréhensibles et ses voies impénétrables » (Rm XI, 33). Le pain des Anges est allaité par les mamelles d'une mère ; la source d'eau vive jaillissant jusqu'à la vie éternelle demande à boire à la Samaritaine, figure de l'Eglise ; il ne refuse pas de manger avec les publicains et les pécheurs, lui que les Anges au ciel servent dans la crainte et la terreur. Le Roi des rois a rendu à la santé le fils de l'officier, sans employer aucun remède et par la seule efficacité de sa parole. Il guérit le serviteur du centurion et loue la foi de ce dernier, parce qu'il a cru que le Seigneur commande à la maladie et à la mort comme lui-même commandait à ses soldats. Quelque cruelles que fussent les souffrances de la paralysie, il en trouva la guérison infaillible dans la visite miséricordieuse de Jésus-Christ. Une femme affligée depuis de longues années d'une perte de sang qui faisait de ses membres une source de corruption, s'approche avec foi du Sauveur qui sent aussitôt une vertu s'échapper de lui et opérer une guérison parfaite. Mais comment rappeler tant de prodiges ? Le temps nous manque pour énumérer tous ces miracles inspirés à notre Dieu par sa puissance infinie et sa bonté sans limite. Abaissant sa grandeur devant notre petitesse et son humilité devant notre orgueil, il est descendu plein de piété, et, nouveau venu dans le monde, il a semé dans le monde des prodiges nouveaux. C'est lui que les évangélistes nous dépeignent sous différentes figures : l'homme, le lion, le boeuf et l'aigle. Homme, il est né d'une Vierge sans le concours de l'homme ; lion, il s'est précipité courageusement sur la mort et s'est élevé sur la croix par sa propre vertu ; boeuf, il a été volontairement immolé dans sa passion pour les péchés du peuple ; et comme un aigle hardi, il a repris son corps, est sorti du tombeau, a fait de l'air le marchepied de sa gloire, « est monté au-dessus des chérubins, prenant son vol sur les ailes des vents », et maintenant il siège au ciel, et c'est à lui qu'appartient l'honneur et la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ».

    Saint Augustin, Cinquième sermon pour la fête de l’Annonciation.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • Méditation : "En prière avec Marie, Mère de Jésus" (4)

    Nous vivons cette dernière semaine avant la Nativité à l'école de Marie, et de sa prière.
    Les méditations sont extraites du livre du P. Jean Lafrance (1931-1991) : En prière avec Marie, Mère de Jésus.

    « On est étonné de la richesse des dons que Dieu a accordés à Marie, mais on ne soupçonne pas à quel abîme de pauvreté, d'humilité et de confiance elle a été acculée pour séduire le Coeur de Dieu. Il ne faut pas que la simplicité de la confiance de Marie nous cache le mouvement spontané de sa prière. Marie était une enfant, et un enfant ne fait pas de difficultés pour recourir à ses parents quand il est dans le besoin : il tend la main naturellement pour demander. Nous sommes souvent trop orgueilleux pour demander à un autre ce que nous ne pouvons pas nous donner à nous-mêmes. Alors, nous préférons mourir de faim devant un garde-manger fermé, plutôt que de mendier en demandant la clé. Il suffirait de sortir de soi et d'ouvrir la main pour accueillir le don de Dieu. Quand il parle de l'invocation, saint Augustin dit que c'est une relation de personne à personne, un appel adressé à quelqu'un, qui s'oppose absolument à une mise en demeure. Invoquer Dieu, c'est le prier et donc respecter sa Sainteté. La difficulté pour supplier vient de ce que nous ne savons pas "demander" aux autres gentiment et poliment.

    C'est pourquoi, au moment où nous sommes invités à faire nôtre l'acte de confiance de la Vierge, nous devons en même temps approcher le mystère de sa supplication. [...]

    Il ne faut jamais dissocier la consécration de la supplication ; ce sont les deux faces d'un seul et même mouvement : vous vous donnez en suppliant et vous suppliez en vous donnant. Nous devons demander à la Vierge de nous apprendre à supplier pour nous consacrer : voilà ce qu'est l'obéissance de la foi, ou la consécration et le don. Quand un homme supplie en permanence, il est consacré en permanence. Et c'est ce que dit Grignion de Montfort, le maître de la Consécration à la Vierge : il faut apprendre à transformer toutes nos résolutions en demandes et en supplications. A la limite, il faut transformer la consécration elle-même en supplication, en faisant un acte de non-consécration : "Je ne suis pas consacré, je ne suis pas donné vraiment. Apprends-moi, Vierge Marie, à me donner et à me consacrer. Aie pitié et apprends-moi à supplier de me donner." Cette résolution de supplier n'a d'original que son exclusivité, c'est-à-dire que je ne veux en prendre aucune autre. »

    Jean Lafrance, En prière avec Marie, Mère de Jésus (ch. IV, 6), Abbaye Ste-Scholastique, Dourgne, 1985.

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    La Vierge Marie en prière, par Albrecht Dürer (1471-1528)

  • Méditation : "En prière avec Marie, Mère de Jésus" (1)

    Nous vivrons cette dernière semaine avant la Nativité à l'école de Marie, et de sa prière.
    J'ai choisi pour cela un très beau livre du P. Jean Lafrance (1931-1991) : En prière avec Marie, Mère de Jésus, que vous retrouverez donc tout au long de cette semaine dans cette rubrique "Méditation".

    « Le jour où nous verrons Dieu face à face, nous serons vraiment humbles. En attendant, plus on s'approche de Dieu dans la prière, plus on est en contact avec lui, plus il grandit en nous, et plus nous diminuons. C'est pourquoi Jésus est le modèle parfait de l'humilité, en tant qu'homme ; en effet, il voyait sans cesse la Face du Père, car il était toujours avec lui. On comprend que le Christ ait dit : "Je suis doux et humble de coeur" (Mt 11,29). L'humilité de la Vierge, dit le Père Molinié, est encore peu de chose à côté de l'anéantissement du Christ devant Dieu. C'est pourquoi les saints affirment que la véritable humilité est celle de Jésus en nous. Lorsqu'un homme a vu l'humilité du Christ, dit Silouane de l'Athos, il éprouve une joie indescriptible, il oublie la terre et tend toujours plus ardemment vers Dieu : "Si le monde comprenait la puissance des paroles du Christ : Apprenez de moi la douceur et l'humilité, il mettrait de côté toute autre science pour acquérir cette connaissance céleste" (*). »

    (*) : Silouane, Spiritualité orientale, Bellefontaine, n.5.

    Jean Lafrance, En prière avec Marie, Mère de Jésus (ch. IV, 6), Abbaye Ste-Scholastique, Dourgne, 1985.

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  • 14 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Jean le Baptiste et Jésus : la voix et la Parole (Mt 11,16-19)

    « Jean était la voix, mais le Seigneur au commencement était la Parole. Jean, une voix pour un temps ; le Christ, la Parole au commencement, la Parole éternelle.

    Enlève la parole, qu'est-ce que la voix ? Là où il n'y a rien à comprendre, c'est une sonorité vide. La voix sans la parole frappe l'oreille, elle n'édifie pas le coeur.

    Cependant, découvrons comment les choses s'enchaînent dans notre propre coeur qu'il s'agit d'édifier. Si je pense à ce que je dis, la parole est déjà dans mon coeur ; mais lorsque je veux te parler, je cherche comment faire passer dans ton coeur ce qui est déjà dans le mien.

    Si je cherche donc comment la parole qui est déjà dans mon coeur pourra te rejoindre et s'établir dans ton coeur, je me sers de la voix, et c'est avec cette voix que je te parle : le son de la voix conduit jusqu'à toi l'idée contenue dans la parole ; alors, il est vrai que le son s'évanouit ; mais la parole que le son a conduite jusqu'à toi est désormais dans ton coeur sans avoir quitté le mien.

    Lorsque la parole est passée jusqu'à toi, n'est-ce donc pas le son qui semble dire lui-même : Lui, il faut qu'il grandisse ; et moi, que je diminue ? Le son de la voix a retenti pour accomplir son service, et il a disparu, comme en disant : Moi, j'ai la joie en plénitude. Retenons la parole, ne laissons pas partir la parole conçue au fond de nous.

    Tu veux voir comment la voix s'éloigne, tandis que demeure la divinité de la Parole ? Où est maintenant le baptême de Jean ? Il a accompli son service, et il a disparu. Maintenant le baptême du Christ se multiplie. Tous nous croyons au Christ, nous espérons le salut dans le Christ : c'est cela que la voix faisait entendre.

    Il est difficile de distinguer la parole de la voix, et c'est pourquoi on a pris Jean pour le Christ. On a pris la voix pour la parole ; mais la voix s'est fait connaître afin de ne pas faire obstacle à la parole. Je ne suis pas le Messie, ni Elie, ni le Prophète. On lui réplique : Qui es-tu donc ? Il répond : Je suis la voix qui crie à travers le désert : Préparez la route pour le Seigneur. La voix qui crie à travers le désert, c'est la voix qui rompt le silence. Préparez la route pour le Seigneur, cela revient à dire : Moi, je retentis pour faire entrer le Seigneur dans le coeur ; mais il ne daignera pas y venir, si vous ne préparez pas la route.

    Que signifie : Préparez la route, sinon : Priez comme il faut ? Que signifie : Préparez la route, sinon : Ayez d'humbles pensées ? Jean vous donne un exemple d'humilité. On le prend pour le Messie, il affirme qu'il n'est pas ce qu'on pense, et il ne profite pas de l'erreur d'autrui pour se faire valoir.

    S'il avait dit : Je suis le Messie, on l'aurait cru très facilement, puisqu'on le croyait avant même qu'il ne parle. Il l'a nié : il s'est fait connnaître, il s'est défini, il s'est abaissé.

    Il a vu où se trouvait le salut. Il a compris qu'il n'était que la lampe, et il a craint qu'elle ne soit éteinte par le vent de l'orgueil. »

    Saint Augustin (354-430), Homélie 293 (3) pour la nativité de Jean Baptiste.

    Source : Les Pères de l'Eglise.

  • 12 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "...devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur..." (Mt 11, 28-30)

    « Aujourd'hui encore, le Christ est pour nous un maître plein de douceur et d'amour.... Voyez comment il agit. Il se montre compatissant pour le pécheur qui mérite pourtant ses rigueurs. Ceux qui provoquent sa colère devrait être anéantis, mais il adresse aux hommes coupables des paroles pleines de douceur : "Venez à moi, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur". Dieu est humble, l'homme orgueilleux. Le juge se montre clément, le criminel arrogant. L'artisan fait entendre des paroles d'humilité, l'argile discourt à la manière d'un roi (cf Is 29,16; 45,9). "Venez à moi, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur (Mt 11,28-29)". Il n'apporte pas le fouet pour frapper, mais le remède pour guérir.

    Songez donc à son ineffable bonté. Allez-vous refuser votre amour au Maître qui jamais ne frappe et votre admiration au juge qui implore pour le coupable ? Ses paroles si simples ne peuvent vous laisser insensible : Je suis le Créateur et j'aime mon oeuvre. Je suis le statuaire et je prends soin de celui que j'ai formé (cf Gn 2,7). Si je ne voulais me soucier que de ma dignité, je ne relèverais pas l'homme déchu. Si je ne traitais pas sa maladie incurable avec des remèdes appropriés, jamais il ne pourrait recouvrer la santé. Si je ne le réconfortais pas, il mourrait. Si je ne faisais que le menacer, il périrait. Il gît sur le sol,mais je vais lui administrer les onguements de la bonté (cf Lc 10,34). Plein de compassion, je m'incline profondément pour le relever de sa chute. Celui qui se tient debout ne saurait relever un homme couché par terre sans se pencher pour lui tendre la main. "Venez à moi, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur". »

    Saint Jean Chrysostome, La mémoire de saint Bassus, 2, in "Commentaire sur les Proverbes" (Trad. Gustave Bady, rev. Delhougne, Les Pères commentent, Brepols, 1991).

  • Méditation : la simplicité

    « C'est bien la vérité que notre bien dépend de nous laisser conduire et gouverner par l'Esprit de Dieu sans réserve ; c'est cela que prétend la vraie simplicité que Notre-Seigneur a tant recommandée : "Soyez simples comme la colombe" (Mt X,16) dit-il à ses apôtres ; mais il ne s'arrête pas là, leur disant de plus : "Si vous n'êtes faits" simples "comme petits enfants, vous n'entrerez point au Royaume" de mon Père (Mt XVIII,3). Un enfant, tandis qu'il est bien petit, est réduit en une grande simplicité qui fait qu'il n'a autre connaissance que de sa mère ; il a un seul amour qui est pour sa mère, et en cet amour il n'a qu'une seule prétention qui est le sein bien-aimé, il ne veut rien autre. L'âme qui a la parfaite simplicité n'a qu'un amour, qu'une seule prétention, qui est de reposer sur la poitrine du Père céleste, et là, comme un enfant d'amour, faire sa demeure, laissant entièrement tout le soin de soi-même à son bon Père, sans que jamais plus elle se mette en peine de rien, sinon de se tenir en cette sainte confiance ; non pas même les vertus et les grâces qui lui semblaient être fort nécessaires ne l'inquiètent point à force de les désirer, ni n'a aucune sollicitude à la poursuite de la perfection. Elle ne néglige rien de ce qu'elle rencontre en son chemin, mais aussi elle ne s'amuse point à rechercher d'autres moyens de se perfectionner que ceux qui lui sont prescrits. A quoi servent aussi les désirs des vertus dont la pratique ne nous est pas nécessaire ? La douceur, l'amour de notre abjection, l'humilité, la douce charité et cordialité envers le prochain sont des vertus, avec l'obéissance, dont la pratique nous doit être commune, d'autant qu'elle nous est nécessaire aussi les rencontres nous en sont fréquents ; mais quant à la constance, à la magnificence, que sais-je moi ? telles autres vertus que peut-être n'aurons nous jamais occasion de pratiquer, ne nous en mettons point en peine. »

    Saint François de Sales, Entretiens spirituels, XIV. De la simplicité, in "Oeuvres", nrf Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1969.

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    Tableau du peintre allemand Bernhard Plockhorst (1825-1907)

  • 3 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit..." (Mt 8, 5-11)

    « ... Je vous prie d’examiner avec soin les paroles de cet homme, et de ne pas oublier qu’il était centenier, c’est-à-dire qu’il commandait cent hommes de guerre, pour juger de là quelle était sa foi. Car l’orgueil est grand dans les charges publiques, et il ne cède pas même à l’affliction. Aussi l’officier dont il est question dans saint Jean (Jn IV, 35), entraîne plutôt Jésus-Christ chez lui, qu’il ne l’invite à y descendre : "Seigneur", dit-il, "descendez avant que mon fils ne meure". Ce n’est pas là l’humble prière de notre centenier, et sa foi est même beaucoup plus grande que celle de ceux qui découvraient le toit d’une maison pour descendre le paralytique, et le présenter devant le Sauveur. Car il ne croit point que la présence extérieure de Jésus-Christ fût nécessaire, et il ne se met point en peine de lui présenter le malade. Il rejette toutes ces pensées comme trop disproportionnées à ce Médecin céleste. Mais se formant une idée du Fils de Dieu digne véritablement de sa grandeur, il ne lui demande autre chose, sinon qu’il dise une seule parole, et qu’il commande à la maladie de s’en aller.

    Il ne commence pas même par là ; mais il représente d’abord son affliction. Car son extrême humilité l’empêchait de croire que Jésus-Christ se rendît si tôt à sa prière, et qu’il s’offrît même de venir chez lui. C’est pourquoi, surpris de cette parole : "J’irai et je le guérirai", il s’écrie aussitôt : "Je n’en suis pas digne, Seigneur ; dites seulement une parole". L’affliction où il était ne lui ôte point la liberté de son jugement, et il montre une haute sagesse dans sa douleur. Il n’était point tellement préoccupé de sauver son serviteur malade, qu’il n’appréhendât en même temps de rien faire d’irrespectueux pour le Sauveur. Et quoique Jésus-Christ s’offrît de lui-même à aller chez lui sans qu’il l’y eût engagé, il ne laissait pas de craindre cette visite comme une grâce dont il était trop indigne, et comme un honneur qui l’accablait.

    ... Si vous me demandez pourquoi Jésus-Christ n’alla point chez lui, et ne l’honora pas de sa visite, je vous réponds qu’il l’honora d’une manière bien plus excellente. Premièrement en faisant voir sa foi et son humilité, qui parurent surtout en ce qu’il ne souhaita point que Jésus-Christ vînt en sa maison. Secondement en protestant devant tout le monde qu’il aurait place dans le royaume de Dieu... Car c’est pour ne s’être pas cru digne de recevoir Jésus-Christ chez lui, qu’il mérita d’être appelé au royaume du ciel, et d’avoir part aux biens ineffables dont Dieu a récompensé la foi d’Abraham. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XXVI sur Saint Matthieu (3), in "Oeuvres complètes" Tome VII, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 22 novembre : Méditation

    « Quand nous présentons à Dieu nos intentions de le servir, ce doit être avec une conviction profonde que nous sommes incapables, et indignes même, de rendre aucun service à une si grande Majesté que la sienne, et que, s'il nous traitait d'après nos mérites, il ne nous permettrait pas même d'y penser. Nous devons donc être intimement persuadés que c'est par sa très grande bonté, et par les mérites et le sang de son Fils, que Dieu nous souffre en sa présence, et nous permet d'espérer de lui la grâce de le servir. Il faut que notre indignité soit bien grande, puisqu'il a fallu que Jésus-Christ nous achetât au prix de son sang la grâce de former même la plus petite pensée de servir Dieu son Père, et jusqu'à la permission de nous présenter à lui !
    [...]
    Nous devons désirer sa grâce et la lui demander ; mais il faut que nous nous contentions de ce qu'il nous en donne, en adorant son jugement. Quand nous tomberons, ne nous en décourageons pas, mais humilions-nous, et persévérons toujours à nous donner à lui pour entrer dans la conduite de sa grâce avec plus d'énergie, et vivre toujours avec une plus grande reconnaissance envers lui de ce qu'il nous souffre en sa présence et nous donne la pensée de vouloir le servir. Car, quand même après beaucoup de travail Dieu ne nous donnerait qu'une seule bonne pensée, nous devons reconnaître que nous ne la méritons pourtant pas, et qu'elle est une ample récompense de toutes nos peines... Ses dons, si petits qu'ils soient, sont toujours supérieurs à nos mérites. »

    P. de Condren (1588-1641), Lettre LXII (à une personne du monde), in Oeuvres complètes du P. Charles de Condren - Ses Lettres, Quatrième édition, Paris, Ch. Guyot et Roidot, 1857.

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  • 14 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Action de grâce du lépreux samaritain (Lc 17, 11-19)

    « ... Heureux le Samaritain qui reconnut qu'il ne possédait rien qu'il ne l'eût reçu (1Co IV,7) ; aussi conserva-t-il le dépôt qui lui avait été confié (2Tm I,12), et revint-il vers le Seigneur, en lui rendant grâces. Heureux celui qui, à chaque don de la grâce, revient à celui en qui se trouve la plénitude de toutes les grâces, car si nous nous montrons reconnaissants à son égard pour tout ce que nous en avons reçu, nous préparons la place en nous à la grâce, et nous nous rendons dignes de la recevoir en plus grande abondance. Il n'y a, en effet, que notre ingratitude qui arrête nos progrès après notre conversion, attendu que le donateur, regardant comme perdu tout ce que l'ingrat a reçu, se tient, par la suite, sur ses gardes, de peur de perdre, d'autant plus qu'il lui donnerait davantage. Heureux donc celui qui se regarde comme un étranger, et qui rend de très grandes actions de grâces, même pour les moindres bienfaits, dans la pensée que tout ce qui se donne à un étranger et, à un inconnu est un don purement gratuit. Que nous sommes au contraire malheureux et misérables, lorsque, après nous être regardés dès le principe, comme des étrangers, et nous être montrés d'abord assez timorés, assez humbles et assez dévots, nous oublions ensuite si facilement combien était gratuit ce que nous avons reçu, et nous présumons à tort, en quelque sorte, de l'amitié de Dieu, sans remarquer que nous nous rendons dignes de nous entendre dire que "les ennemis du Seigneur sont les gens mêmes de sa maison" (Ps LIV,13). Nous l'offensons plus facilement alors, comme si nous ne savions pas que nos fautes seront bien plus sévèrement jugées, selon ce que nous lisons dans le Psalmiste : "Si ce fût mon ennemi qui m'eût chargé de malédictions, je l'aurais certainement supporté" (Ps LIII,13). Je vous en prie donc, mes frères, humilions-nous de plus en plus sous la main puissante de Dieu (1P V,6), et faisons en sorte de nous tenir éloignés du vice si grand et si affreux de l'ingratitude. Tenons-nous avec une entière dévotion dans l'action de grâces, et nous nous concilierons la grâce de notre Dieu qui seule peut sauver nos âmes. Montrons notre reconnaissance, non pas seulement en paroles et du bout des lèvres, mais par les oeuvres et en vérité, attendu que ce n'est pas le mot, mais l'acte de la reconnaissance qu'exige de nous Celui qui nous donne la grâce, le Seigneur notre Dieu qui est béni dans tous les siècles. Ainsi soit-il. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons divers, Vingt-septième Sermon (Contre le vice détestable de l'ingratitude, 8), in Oeuvres complètes de Saint Bernard (Tome III), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 13 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir." (Lc 17, 7-10)

    « Que personne ne se glorifie de ce qu'il fait, puisque c'est en simple justice que nous devons notre service au Seigneur... Tant que nous vivons, nous devons toujours travailler pour notre Seigneur. Reconnais donc que tu es un serviteur tenu à un grand nombre de services. Ne te rengorge pas d'être appelé « enfant de Dieu » (1Jn 3,1) : reconnaissons cette grâce, mais n'oublions pas notre nature. Ne te vante pas si tu as bien servi, car tu as fait ce que tu devais faire. Le soleil remplit son rôle, la lune obéit, les anges font leur service. Saint Paul, « l'instrument choisi par le Seigneur pour les païens » (Ac 9,15), écrit : « Je ne mérite pas le nom d'apôtre, parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu » (1Co 15,9). Et si ailleurs il montre qu'il n'a conscience d'aucune faute, il ajoute ensuite : « Mais je n'en suis pas justifié pour autant » (1Co 4,4). Nous non plus, ne prétendons pas être loués pour nous-mêmes, ne devançons pas le jugement de Dieu. »

    Saint Ambroise (v.340-397), Sur l’Evangile de Saint Luc 8, 31-32 (Trad. Maurice Véricel, L’Evangile commenté par les Pères, Editions Ouvrières, Paris, 1961 ; cf SC 52)

  • Angélus de ce dimanche 11 novembre

    Benoît XVI : "personne n'est pauvre au point de n'avoir rien à donner"

    Le Pape a récité la prière de l'Angélus ce dimanche depuis la fenêtre de ses appartements. Devant la foule massée sous des parapluies, Benoît XVI est revenu sur les deux figures de veuves qui sont au cœur des lectures dominicales, la première tirée du Livre des Rois, et l'autre de l'Évangile de Saint Marc. La première veuve rencontre le prophète Élie qui lui demande de l'eau et du pain, la seconde est celle qui donne toute sa fortune dans le tronc du temple de Jérusalem. « Ces deux figures sont un enseignement précieux pour la foi » a souligné Benoît XVI, car elles sont le signe de la confiance mise en Dieu. Les veuves, comme les enfants sont des figures importantes dans la Bible, a poursuivi le Pape, car si elles sont vulnérables sur terre, Dieu prend soin d'elles, Il est leur époux, leur père. « Personne n'est pauvre au point de n'avoir rien à donner » à encore expliqué le Pape dans sa méditation. Ces deux figures de veuves sont ainsi des exemples du lien inséparable entre la foi et la charité.

    Message adressé aux pèlerins francophones :

    « Chers pèlerins francophones, Jésus nous invite à poser comme lui un regard bon et juste sur les personnes et sur les événements. Souvent, nous nous laissons impressionner et conditionner par les apparences et les slogans qui dénaturent les choses. Cherchons à voir, au-delà de ce qui paraît, l’étincelle de bonté qui y est déposée, et qui pourra éclairer notre jugement. Alors notre relation avec Dieu et avec les autres sera plus vraie, et nos choix seront plus libres. L’humilité nous apprend que nous ne valons que ce que nous sommes devant Dieu. Sur ce chemin que la Vierge Marie soit notre modèle ! Bon dimanche à tous ! »

    À l'issue de l'Angélus, Benoît XVI a salué en particulier les pèlerins polonais, à l'occasion de la fête de l'indépendance en Pologne qui rappelle la foi des Pères fondateurs du pays. Le Pape a adressé aussi ses prières en particulier pour les chrétiens d'Égypte, alors qu'a lieu ce dimanche la journée de solidarité avec les chrétiens persécutés.

    Source : Radio Vatican.

  • 3 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé." (Lc 14, 1-11)

    « Il n'y a point de danger que vous vous humiliiez au-delà même de ce que vous devriez, et que vous vous estimiez beaucoup moindre que vous n'êtes, c'est-à-dire que la vérité ne vous estime. Mais il y a un grand mal et un horrible danger à vous élever le moins du monde au dessus de ce que vous êtes selon la vérité, à vous préférer en vous-même à un seul que peut-être la vérité juge vous être égal, ou même supérieur. Car, pour vous faire comprendre ceci par un exemple familier, de même que lorsque vous passez par une porte basse, quelque profondément que vous vous baissiez, vous n'avez rien à craindre, au lieu que, si peu que vous vous éleviez plus haut que la porte, quand ce ne serait que d'un doigt, vous en recevez un grand mal, et vous vous mettez en danger de vous blesser rudement la tête ; ainsi, pour ce qui regarde l'âme, il ne faut jamais craindre de trop vous humilier, mais il faut appréhender extrêmement, et même redouter avec frayeur de vous élever tant soit peu plus qu'il ne faut. C'est pourquoi ne vous comparez jamais à de plus grands ni de moindres que vous, ni à quelques-uns, ni même à un seul. Car, que savez-vous, ô homme, si celui que peut-être vous estimez le plus vil et le plus misérable des hommes, dont vous abhorrez la vie infâme et souillée de crimes, que vous croyez, à cause de cela, devoir mépriser en comparaison de vous, qui pensez peut-être vivre déjà dans la tempérance, dans la justice et dans la piété, et que vous tenez en comparaison de tous les autres scélérats, comme le plus scélérat des hommes, que savez-vous, dis-je, si par un coup de la main du Très-Haut, il ne doit point être un jour au regard des hommes meilleur que vous, et que ceux que vous lui préférez, où s'il ne l'est point déjà au regard de Dieu ? Aussi, est-ce pour ce sujet qu'il n'a pas voulu que nous choisissions une place au milieu, non pas même à l'avant dernier rang ou parmi les derniers, et qu'il a dit : "Asseyez-vous à la dernière place" (Lc XIV, 10), c'est-à-dire placez-vous le dernier de tous, non seulement ne vous préférez à personne, mais ne présumez pas même de vous comparer à qui que ce soit. Vous voyez quel grand mal cause l'ignorance de nous-mêmes, puisqu'elle produit le péché du diable, et le commencement de tout péché, qui est l'orgueil. »

    Saint Bernard, Sermon XXXVII sur le Cantique des Cantiques (7), in Oeuvres complètes de Saint Bernard, Traduction nouvelle de M. l'Abbé Louis Charpentier (Tome IV), Paris, Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.