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charité - Page 14

  • 7 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Les enfants de l'Epoux peuvent-ils être dans la tristesse pendant que l'Epoux est avec eux ? Il viendra un temps que l'Epoux leur sera ôté, et alors ils jeûneront" (Mt 9,15). Jésus-Christ s'était appelé auparavant le "Médecin" de nos âmes. Il montre ici maintenant qu'il en est l'"Epoux". Ce temps, dit-il, est pour mes disciples un temps de joie durant lequel il ne leur faut parler de rien qui soit triste ; non que le jeûne soit triste de soi-même, mais seulement dans l'imagination des faibles. Car lorsqu'un homme s'avance dans la piété, le jeûne lui est doux et agréable.
    Jésus-Christ dans cette réponse mêle quelque chose qui pouvait affliger les Apôtres, en leur prédisant que "l'Epoux leur serait ôté", parce qu'il voulait les accoutumer insensiblement à son absence, et les préparer aux afflictions. Mais hélas, s'écrie saint Bernard, ce temps est venu pour nous aussi bien que pour les Apôtres ; et l'absence de Jésus-Christ notre Epoux arrache les larmes des yeux de tous ceux qui l'aiment, jusqu'à ce qu'ils lui soient réunis.
    "On ne met point de vin nouveau dans de vieux vaisseaux" (Mt 9,17). Ces manières proverbiales de parler, dont notre Seigneur se sert, pouvaient fort bien faire entendre que s'il laissait ses disciples dans une vie commune, il en usait ainsi par la connaissance qu'il avait de leur infirmité et de leur faiblesse, qui ne serait capable de cette grande austérité corporelle et spirituelle, qu'après que la grâce du Saint Esprit, qu'ils n'avaient pas encore reçue, en aurait fait des hommes nouveaux. Cette parabole nous marque encore ce renouvellement des "vaisseaux", c'est-à-dire de nos coeurs, qui se fait par la charité, et qui rend les hommes tout neufs, comme la malice les rend tout usés de vieillesse. C'est pourquoi saint Grégoire dit que si nous veillons sur nous-mêmes, nous travaillons tous les jours par nos prières, par nos lectures et par notre bonne vie, à passer du vieil homme au nouveau. »

    [Nicolas Fontaine], Explication de S. Augustin et des autres Pères Latins sur le Nouveau Testament, Premier Tome contenant les Evangiles de S. Matthieu et de S. Marc, A Paris, Chez Lambert Roulland, 1689.

  • 5 juillet : Sanctoral

    Comme au calendrier traditionnel
    Saint Antoine-Marie Zaccaria, confesseur


    Vie de Saint Antoine-Marie Zaccaria (1502-1539), prêtre, fondateur de la Congrégation des Barnabites

    « Prêtre enraciné en Dieu et dans le même temps passionné par l'homme, il vécut une spiritualité exigeante fondée sur la "folie de la croix". Il adopta l'apôtre Paul comme maître, modèle de vie et guide dans la réalisation d'un apostolat de charité en faveur du clergé et de tout le peuple chrétien. A une époque de relâchement général, saint Antonio Maria Zaccaria raviva la foi en promouvant une intense vie de renouveau intérieur, centré sur le Crucifié et le culte de l'Eucharistie, coeur de la vie de l'Eglise. Que son exemple constitue pour vous un encouragement à poursuivre sa mission, valable aujourd'hui comme alors, car elle vise à annoncer et à témoigner du Christ, mort et ressuscité pour notre salut.

    Très chers frères, en indiquant à ses fils spirituels l'idéal de vie religieuse et apostolique, saint Antonio Maria Zaccaria a mis en évidence la charité qui, elle seule, possède une véritable valeur (cf. Sermons IV), en ajoutant que pour atteindre la plus haute vertu théologale, il faut avancer dans la perfection, selon trois voies spirituelles prioritaires : l'observance des Commandements, l'étude de la vérité de l'Evangile, l'annonce de la Bonne Nouvelle (Constitutions, VI). Sur la base solide de ces points de référence concrets, s'est développée la spiritualité missionnaire de votre Famille religieuse. "Plantes et colonne du renouveau de la ferveur chrétienne" (Lettre, VII), vos Confrères qui constituèrent, en l'église Saint-Barnabé à Milan, le premier cénacle de vie ascétique et apostolique inspirée par le prêtre Antonio Maria Zaccaria, choisirent comme père et guide l'Apôtre des nations, en s'efforçant de mettre en pratique sa doctrine et son exemple. Ils prirent en outre l'engagement de réformer les coutumes, en se consacrant avec un soin particulier à l'éducation de la jeunesse dans les écoles et les aumôneries.

    Dans cette même lignée exigeante et évangéliquement féconde, les Clercs réguliers de Saint-Paul se sentent, aujourd'hui également, envoyés à témoigner de l'Evangile de la charité à leurs contemporains. L'amour pour Jésus, le "Crucifié vivant", et le désir d'embrasser dans la charité chaque homme, sans distinction, les poussent à rechercher avec une liberté prophétique et un sage discernement, des voies nouvelles pour être des présences vivantes dans l'Eglise, en communion avec le Pape et en collaboration avec les Evêques.

    En regardant les vastes horizons de la nouvelle évangélisation, l'urgence de proclamer et de témoigner le message évangélique à tous, sans distinction, devient toujours plus vivante. C'est pourquoi votre domaine d'apostolat est vaste comme le monde, et doit, comme le disait votre saint Fondateur, s'étendre jusqu'où le Christ a "placé la limite" (Lettre, VI). En effet, combien de personnes attendent encore de connaître Jésus et son Evangile ! Combien de situations d'injustice, de malaise moral et matériel sont présentes dans de nombreuses régions de la terre! Mais pour accomplir une mission si urgente, il est indispensable que chacun de vous, chers Frères, rencontre chaque jour le Christ dans la prière incessante et fervente. Ce n'est qu'ainsi que vous serez en mesure d'indiquer aux autres le chemin pour Le rencontrer.

    Forts de ce dialogue intérieur avec le Seigneur, vous pourrez collaborer avec Lui à sauvegarder les âmes, en allant au-devant des besoins des personnes dans l'esprit de l'apôtre Paul, sans craindre les obstacles et les difficultés. »

    Bx Jean-Paul II, extraits de l'Audience aux membres du Chapitre général des Clercs réguliers de Saint-Paul (Barnabites), le 8 juillet 2000.

  • 3 juillet : Méditation

    « Si vous aimez réellement Dieu, vous parlerez tout naturellement de Lui avec vos voisins et amis, non pas en faisant des sermons, mais avec l'esprit de douceur, de charité et d'humilité, distillant autant que vous le pourrez le miel délicieux des choses divines, goutte à goutte, tantôt dans l'oreille de l'un, tantôt dans l'oreille de l'autre, priant Dieu au secret de votre âme de faire passer cette sainte rosée jusque dans le coeur de ceux qui vous écoutent. Surtout, il faut faire cet office angélique doucement et suavement, non par manière de correction, mais par manière d'inspiration ; car c'est merveille combien la suavité et amabilité d'une bonne parole est une puissante amorce pour attirer les coeurs. »

    Saint François de Sales (1567–1622), Introduction à la vie dévote, 3e partie, ch. 26.

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  • Benoît XVI : Angélus de ce dimanche 1er juillet

    « Jésus est venu guérir le cœur de l’homme, donner le salut et demande de croire en Lui. »

    Benoît XVI, lors de l’angélus de ce dimanche 1er juillet, est revenu sur l’Evangile selon saint Marc qui raconte deux guérisons miraculeuses que le Christ a accompli envers deux femmes...
    En se penchant sur la souffrance humaine, Jésus ne fait pas que guérir le corps, il guérit également l’âme. Quand il demande à la fille d’un des chefs de synagogue qui est morte de se lever, il lui demande de le faire pour lui. Idem pour la femme victime d’hémorragies. Jésus lui-même explique que c’est sa foi qui l’a sauvée. Ces deux épisodes sont l’occasion pour Benoît XVI de nous inviter à dépasser une vision « purement horizontale et matérialiste de la vie ». Au-delà des demandes que nous adressons à Dieu et qui concernent tant de nos problèmes, « nous devons demander avec insistance une foi toujours plus solide, pour que le Seigneur renouvelle notre vie, nous devons demander une confiance assurée en son amour, en son aide qui ne nous abandonne pas ».

    C’est pour quoi nous devons penser à ceux qui « aident les malades à porter leur croix, en particulier les médecins, les opérateurs de santé et ceux qui assurent l’assistance religieuse dans les maisons de soin ». Benoît XVI rend hommage à ces personnes qui sont « des réserves d’amour », qui apportent « sérénité et espoir à ceux qui souffrent ». Le Pape rappelle ce que déjà il écrivait dans son encyclique Deus Caritas Est, que les compétences professionnelles ne suffisent pas. Les malades « ont besoin d’humanité et de l’attention du cœur ».

    Benoît XVI nous invite donc à suivre l’exemple de Jésus envers les plus faibles : « Je vous invite à savoir prendre du temps pour Dieu. Sachez témoigner de sa présence au milieu de nous. Soyez des porteurs de sa miséricorde et de sa tendresse à chacun de ceux qu’il vous est donné de rencontrer, plus particulièrement à ceux qui souffrent. À l’exemple de la Vierge Marie, laissons de côté nos peurs et nos doutes et soyons fiers de témoigner de notre foi ! »
    Les professionnels de la santé tout comme nous tous ont besoin de la formation du cœur si chère au Pape. Une invite claire à ne pas penser qu’à nous-mêmes, et à se pencher davantage vers autrui, mais aussi et surtout vers Dieu.

    Source : Radio Vatican.

  • 27 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a avertis d'être de bons arbres afin de pouvoir porter de bons fruits. "Ou rendez l'arbre bon et son fruit bon, dit-il ; ou rendez l'arbre mauvais et son fruit mauvais ; car c'est par le fruit qu'on connaît l'arbre." Dans ces mots : "Ou rendez l'arbre bon et son fruit bon", il y a, non point un avis, mais un précepte salutaire que nous sommes obligés d'accomplir. Et dans ces autres : "Rendez l'arbre mauvais et son fruit mauvais", il n'y a pas un précepte à accomplir, mais l'avis d'être sur ses gardes. Car cet avis s'adresse à ces hommes qui croyaient, tout mauvais qu'ils étaient, pouvoir bien parler ou bien agir. Cela ne se peut, dit le Seigneur Jésus. Pour changer la conduite, il faut d'abord changer l'homme. Si celui-ci reste mauvais, il ne peut bien agir : et s'il est bon, il ne saura agir mal. [...]
    Que chacun donc devienne un bon arbre, et qu'on ne s'imagine pas porter de bons fruits en restant arbre mauvais. Il n'y a de bons fruits que sur les bons arbres. Change ton coeur et tu changeras de conduite. Arraches-en la cupidité et plantes-y la charité. De même que la cupidité est la racine de tout mal (I Tim. VI, 10), la racine de tout bien est la charité.
    Pourquoi alors, pourquoi des hommes murmurent-ils, disputent-ils entre eux et disent-ils Qu'est-ce que le bien ? — Ah ! si tu savais ce que c'est que le bien ! Le bien véritable n'est pas ce que tu voudrais avoir, mais ce que tu ne veux pas être. Tu voudrais avoir la santé du corps ; c'est un bien sans doute, mais ce n'est pas un grand bien, car le méchant l'a aussi. Tu veux avoir de l'or et de l'argent ; j'en dis autant, c'est un bien, mais à la condition que tu en feras un bon usage. Et tu n'en feras pas un bon usage, si tu n'es bon toi-même. D'où il suit que l'or et l'argent sont un mal pour les méchants et un bien seulement pour les bons. Ce n'est pas que l'or et l'argent rendent ceux-ci bons ; mais ils ne sont employés à un bon usage que pour être tombés entre les mains des bons. Tu veux de l'honneur ; c'est un bien, mais à condition encore que tu en feras un sage emploi. Combien y ont trouvé leur ruine ! Et pour combien a-t-il été un instrument de bonnes oeuvres !
    Ainsi donc, s'il est possible, sachons mettre de la différence entre ces diverses sortes de biens, puisqu'il est aujourd'hui question de bons arbres. »

    Saint Augustin, Sermon LXXII (1-4-5), in "Sermons détachés, Tome VI, Première série", des Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 23 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Cherchez, dit-il, premièrement le royaume et la justice de Dieu, et toutes ces choses vous seront données comme par surcroît." II ne dit pas seulement : "Vous seront données", mais vous seront données comme par "surcroît", pour montrer qu’il n’y a rien dans les dons qui regardent cette vie, qui mérite d’être comparé avec les biens à venir. C’est pourquoi il n’ordonne point qu’on lui demande ces choses, mais qu’on lui en demande de plus importantes et qu’on espère de recevoir en même temps celles-ci, "comme par surcroît". Cherchez les biens à venir et vous recevrez les biens présents. Ne désirez point les choses d’ici-bas et vous les posséderez infailliblement. Il est indigne de vous, d’importuner votre Seigneur pour des sujets qui le méritent si peu. Vous vous abaissez honteusement, si lorsque vous ne devez être occupés que des biens ineffables de l’autre monde, vous vous consumez dans les vains désirs des choses qui passent. Pourquoi donc, me direz-vous, Jésus-Christ nous commande-t-il de lui demander notre pain ? — Oui, Jésus-Christ nous commande cela, mais en ajoutant "notre pain de chaque jour", et en marquent expressément, donnez-nous "aujourd’hui". Il fait ici la même chose : "C’est pourquoi ne vous mettez point en peine pour le lendemain, car le lendemain se mettra en peine pour soi-même. A chaque jour suffit son mal." Il ne dit pas généralement : "Ne vous mettez point en peine", mais il ajoute, "pour le lendemain", nous donnant par ces paroles la liberté de lui demander les besoins du jour présent et bornant en même temps tous nos désirs aux choses les plus nécessaires. Car Dieu nous commande de lui demander ces choses, non parce qu’il a besoin que nous l’en avertissions dans nos prières, mais pour nous apprendre que ce n’est que par son secours que nous faisons tout ce que nous faisons de bien, pour nous lier et comme pour nous familiariser avec lui par cette obligation continuelle de lui demander tous nos besoins.

    Remarquez-vous comment il leur donne la confiance qu’il ne les laissera pas manquer des choses nécessaires, et que Celui qui leur donne si libéralement les plus grandes choses, ne leur refusera pas les plus petites ? Car je ne vous commande pas, leur dit-il, de ne vous mettre en peine de rien, afin que vous deveniez misérables et que vous n’ayez pas de quoi couvrir votre nudité, mais c’est afin que vous soyez dans l’abondance de toutes choses. Rien sans doute n’était plus propre à lui concilier les esprits que cette promesse. Ainsi comme en les exhortant à ne point rechercher une vaine gloire dans leurs aumônes, il les y porte en leur promettant une autre gloire plus grande et plus solide : "Votre Père", dit-il, "qui voit en secret, vous en rendra la récompense devant tout le monde" ; de même il les éloigne du soin des choses présentes, en leur promettant qu’il satisfera d’autant plus à tous leurs besoins, qu’ils se mettront moins en peine de les rechercher. Je vous défends, leur dit-il, de vous inquiéter, de ces choses, non afin qu’elles vous manquent, mais au contraire afin que rien ne vous manque. Je veux que vous receviez toutes choses d’une manière digne de vous et qui vous soit véritablement avantageuse. Je ne veux pas qu’en vous bourrelant vous-mêmes d’inquiétude, en vous laissant déchirer à mille soucis, vous vous rendiez indignes des secours du corps aussi bien que de ceux de l’âme, et qu’après avoir été misérables en cette vie, vous perdiez encore la félicité de l’autre. »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu (Homélie XXII, 3), in "Oeuvres complètes" (Tome VII), traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît

    NB : On peut lire dans l'Avertissement placé en tête de ces homélies les lignes suivantes :

    « Ces quatre-vingt-dix homélies [sur Saint Matthieu] ont, de tout temps, été regardées non-seulement comme le chef-d’oeuvre de saint Chrysostome, mais même comme ce qu’il y a au monde de plus complet et de plus excellent sur la morale chrétienne. Là, toutes les vertus, avec la manière de les acquérir et de les pratiquer ; tous les vices, avec les moyens à mettre en oeuvre pour les éviter et s’en corriger, sont définis, décrits, expliqués : là, rien n’est omis de ce qui concerne la vie sainte et la vie vicieuse, pour attirer à l’une et éloigner de l’autre. Nulle part saint Jean Chrysostome n’a montré tant d’invention, tant d’éloquence, tant de sagacité dans la formation des moeurs. C’est pourquoi saint Thomas d’Aquin disait, au rapport de Papire-Masson (De Romanis pontif., in Joanne XXI), qu’il attachait plus de prix à l’ouvrage de saint Chrysostome sur saint Matthieu, qu’à la possession de toute la ville de Paris. »

  • 19 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "La charité aime tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout." (1Co 13,7) Par là l'apôtre Paul montre que, si cette vertu peut se maintenir avec une telle fermeté, c'est qu'elle a été trempée dans une patience à toute épreuve. Il dit encore : "Supportez-vous les uns les autres dans l'amour, faisant tout ce qui est en votre pouvoir pour garder l'unité de l'esprit dans le lien de la paix." (Ep 4,2)
    Il n'est pas possible de maintenir l'unité ni la paix, si les frères ne s'appliquent pas à garder la tolérance mutuelle et le lien de la concorde grâce à la patience. Que dire encore, sinon de ne pas jurer, ni maudire, de ne pas réclamer ce qu'on nous enlève, de présenter l'autre joue à qui nous frappe, de pardonner au frère qui a péché contre nous, non seulement soixante-dix fois sept fois, mais de lui remettre tous ses torts, d'aimer nos ennemis, de prier pour nos adversaires et ceux qui nous persécutent ?
    Comment parvenir à accomplir tout cela si l'on n'est pas fermement patient, tolérant ? C'est ce que fit saint Étienne quand, loin de crier vengeance, il demanda grâce pour ses bourreaux en disant : "Seigneur, ne leur impute pas ce péché !" (Ac 7,60) »

    Saint Cyprien (v.200-258), Des bienfaits de la patience, 13-16 (trad. cf SC n°291).

  • 18 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "A qui prend ta tunique, dit le Christ, donne aussi ton manteau ; à qui prend ton bien, ne réclame pas ; et ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux" (Mt 5,40 ; Lc 6,30-31). De la sorte, nous ne nous attristerons pas comme des gens qu'on aurait dépossédés contre leur gré, mais au contraire nous nous réjouirons comme des gens qui auraient donné de bon coeur, puisque nous ferons un don gratuit au prochain plus que nous ne céderons à la contrainte. "Et, dit-il, si quelqu'un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en avec lui deux mille". De la sorte nous ne le suivons pas comme un esclave, mais nous le précédons comme un homme libre. En toutes choses donc le Christ t'invite à te rendre utile à ton prochain, ne considérant pas sa méchanceté, mais mettant le comble à ta bonté. Il nous invite ainsi à nous rendre semblable à notre Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45). »

    Saint Irénée de Lyon (v.130-v.208), Contre les hérésies, IV, 13, 3 (trad. cf SC n°100).

  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 15ème jour

    Quinzième jour : La soif du Cœur de Jésus


    J’ai soif ! s’écrie le Sauveur. Pourquoi fait-il entendre ce cri ? Ne sait-il pas qu’aucune main charitable ne lui présentera seulement quelques gouttes d’un breuvage rafraichissant ?... Ah ! c’est qu’il veut élever nos esprits à la pensée de la soif bien autrement ardente, allumée dans son Cœur par le feu de la charité. C’est donc comme s’il criait aux pécheurs : Voyez, dans mon corps, il n’y a plus de place pour la douleur ; dans ma vie, plus de place pour l’humiliation ; c’est ainsi que mon Cœur vous a témoigné son amour ! Et pourtant, ce Cœur a soif de faire encore plus pour vous, si c’était possible. Pour vous, il voudrait pouvoir souffrir mille morts encore plus cruelles et plus ignominieuses !... C’est encore comme s’il eût crié à Dieu son Père : Mon Dieu, j’ai fait connaître votre nom, j’ai accompli l’œuvre que vous m’avez confiée, ce sang que vous avez mis dans mes veines, je l’ai répandu jusqu’à la dernière goutte ; ma mort approche, et pourtant j’ai soif de faire encore plus pour vous, si c’était possible…
    Secoue donc ta torpeur, ô mon âme, rachetée par la mort de Jésus-Christ, et paye d’un juste retour la charité de son Cœur.
    Ubertin de Casal (1259-v.1330)

    Exemple : (Neuvième Promesse) Je bénirai moi-même les maisons où l’image de mon Sacré Cœur sera exposée et honorée
    Nous lisons dans le bulletin du Vœu National de février 1883 ce touchant récit :
    Voici une conversion due au Sacré Cœur de Jésus et dont la publicité peut servir à la gloire de Celui qui a tant aimé les hommes. Naguère, le voyageur ou le pèlerin de Saint-Antoine en Dauphiné, pouvait, en traversant le dernier village qui le séparait de ce pays et de son église monumentale, apercevoir un homme assis contre les murs de sa cabane. Cet homme à la chevelure en désordre, à la barbe hérissée, à l’œil fauve, à la figure découpée en traits saillants, aurait, au milieu d’un désert, fait frissonner le voyageur le plus courageux ; au milieu d’un groupe d’habitations si bien situées, à l’entrée d’une plaine aussi riche que belle, son aspect avait au moins quelque chose d’étrange. Cet extérieur si sauvage devait accuser un intérieur aussi négligé. Il poussait le manque de convenance jusqu’à insulter à la religion de ceux qu’il voyait aller à la Sainte Messe le dimanche. C’est dire qu’il n’avait pas souvent fréquenté l’église depuis sa Première Communion.
    Usé à la fin par un régime malsain autant que par les privations, il s’affaissa sur un grabat. Qui eut le courage et la charité de pénétrer dans cette antre se rappelle encore l’odeur nauséabonde qui s’en dégageait. Mais, en face du malade, quelque chose frappait la vue et étonnait : c’était une grande image du Sacré-Cœur de Jésus, mal peinte, noircie par la poussière. Les yeux du Sauveur se portaient grands ouverts sur le malade : c’était saisissant. Pour lui, il avait la dévotion de son image (plus encore que celle de Garibaldi placée en face) ; il en parlait avec admiration, l’invoquait, il aimait son Sacré-Cœur. Les promesses du Sacré-Cœur devaient se réaliser pour lui. On avait espéré que son image le sauverait, elle le sauva. Du reste, une neuvaine au Cœur divin avait été commencée par des personnes d’une piété exemplaire qui s’intéressaient et se dévouaient à lui, pour demander sa conversion ! Pendant ce temps, le prêtre l’aborda et quel ne fut pas son étonnement quand il vit cet homme le prévenir lui-même en quelque sorte, se hâter de mettre en ordre aux affaires de son âme, se confesser avec larmes ! N’était-ce pas le loup changé en agneau ? Aussi comme il réclamait dès lors son sacrement (le sacrement par excellence de l’Eucharistie) pour ne pas mourir, disait-il, comme un vieil animal ! Il le reçut avec une piété vraiment touchante en présence d’un groupe de personnes tout étonnées et ravies de ce changement. Et comme il fut fidèle à dire son chapelet tous les jours jusqu’à la mort ! Marie et le Sacré-Cœur l’ont conduit au ciel ! Gloire donc au Sacré-Cœur de Jésus qui a tant aimé et qui aime tant les hommes !

    Page d’histoire :
    Garcia Moreno n’avait pas toujours vécu en disciple dévoué de Jésus. Catholique convaincu, il avait cependant négligé longtemps la pratique de ses devoirs. Il était étudiant à Paris, lorsqu’un jour, faisant une promenade au Luxembourg avec quelques amis, la conversation se transforma en discussion religieuse. Garcia Moreno défendit avec vigueur et succès la cause de sa foi. Un de ses interlocuteurs, se voyant vaincu, crut sortir d’embarras en mettant Garcia Moreno lui-même en cause : « Vous parlez très bien, dit-il, mais cette religion si belle, vous en négligez un peu la pratique… Depuis quand vous êtes-vous confessé ? » Moreno baissa la tête, puis regardant en face son interlocuteur : « Cet argument peut être excellent aujourd’hui, il ne le sera plus demain. » Rentré dans sa chambre, il médita longtemps sur sa vie passée, pleura ses fautes devant Dieu ; son amour s’était réveillé sous l’injure faite à son Dieu ; le lendemain, il était à la sainte Table, et jamais depuis, tant s’en faut, il n’a mérité le reproche qui causa son retour à Dieu.
    (Vie de Garcia Moreno, par le P. Berthe)

    ☞   Rappel : des précisions dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur, concernant Garcia Moreno et le Sacré-Cœur de Jésus – voir en juillet 1873.

    Bouquet spirituel :
    Vrai Dieu ! que le Cœur divin est amoureux de notre amour ! Ne suffirait-il pas qu’il nous eût permis de l’aimer ? Mais non, il nous commande de l’aimer.
    Saint François de Sales (1567-1622)

    C’est au Cœur affligé de Jésus que je veux donner toute ma tendresse ; je veux m’occuper à pleurer ses douloureuses blessures ; je veux surtout déplorer tant de souffrances rendues inutiles pour un si grand nombre d’âmes.
    Saint Claude La Colombière (1641-1682)

    Pratique :
    Tous les soirs, examiner sa conscience et faire un acte de contrition parfaite, afin de n’être jamais en état de péché mortel.

    Oraison jaculatoire :
    Mon Jésus, miséricorde.

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.
  • 14 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Écoute ce que dit le Seigneur : "Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande". Mais tu diras : "Vais-je laisser là l'offrande et le sacrifice ?" "Certainement, répond-il, puisque le sacrifice est offert justement pour que tu vives en paix avec ton frère." Si donc le but du sacrifice est la paix avec ton prochain, et que tu ne sauvegardes pas la paix, il ne sert à rien que tu prennes part au sacrifice, même par ta présence. La première chose que tu aies à faire c'est bien de rétablir la paix, cette paix pour laquelle, je le répète, le sacrifice est offert. De celui-ci, alors, tu tireras un beau profit.
    Car le Fils de l'homme est venu dans le monde pour réconcilier l'humanité avec son Père. Comme Paul le dit : "Maintenant Dieu a réconcilié avec lui toutes choses" (Col 1,22) ; "par la croix, en sa personne, il a tué la haine" (Ep 2,16). C'est pourquoi celui qui est venu faire la paix nous proclame également bienheureux, si nous suivons son exemple, et il nous donne son nom en partage : "Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu" (Mt 5,9). Donc ce qu'a fait le Christ, le Fils de Dieu, réalise-le aussi autant qu'il est possible à la nature humaine. Fais régner la paix chez les autres comme chez toi. Le Christ ne donne-t-il pas le nom de fils de Dieu à l'ami de la paix ? Voilà pourquoi la seule bonne disposition qu'il requiert de nous à l'heure du sacrifice, c'est que nous soyons réconciliés avec nos frères. Il nous montre par là que de toutes les vertus la charité est la plus grande. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Homélie sur la trahison de Judas, 6 ; PG 49, 390 (trad. Delhougne, Les Pères commentent).

  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 10ème jour

    Dixième jour : Le Cœur de Jésus s’offrant à son Père

    La très clémente charité du Dieu très doux, très miséricordieux, très compatissant de Jésus se montre tout entière dans le soin empressé qu’il a pris de s’offrir lui-même à son Père céleste : excité sans relâche par le feu dévorant qui brûlait son Cœur, il s’est présenté pour procurer le salut des hommes ; il s’est dévoué, s’est exposé, s’est sacrifié pour nous… Avoir souffert tout cela, n’est-ce pas le faire d’un Cœur très charitable, très aimant, tout débordant d’un amour sans bornes, n’est-ce pas là une preuve incontestable de la bonté du Sacré-Cœur ?...
    Ô Père miséricordieux, nous vous présentons maintenant ces mêmes souffrances par le Cœur très doux de votre Fils en union avec l’amour avec lequel il s’offrit lui-même à vous ; nous vous demandons par les entrailles de votre miséricorde, qu’aujourd’hui encore, ces mêmes mérites opèrent dans tous les élus, vivants et morts, la vertu et la paix que jadis ils opérèrent sur l’autel de la Croix.
    Lansperge le Chartreux (1489-1543)

    Exemple : (Quatrième Promesse) Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à l’heure de la mort
    Si l’on veut voir comment Notre-Seigneur daigne récompenser à la mort ceux qui ont aimé son divin Cœur, il suffit de lire le récit des derniers moments de Mlle de Angelis, jeune Romaine, morte le 30 mai 1869. Le 28 mai, elle reçut le Viatique ; pendant son action de grâces, elle serra longtemps sur sa poitrine l’image du Cœur de Jésus, lui parlant avec une telle tendresse qu’on la crut ravie en extase : « Oh ! que je suis contente, s’écriait-elle, que je suis heureuse, ô mon Jésus, de m’en aller auprès de vous ! Oh ! que j’éprouve de consolation ! Vous savez, ô mon Dieu, combien je vous aime ! » Ayant fait appeler son frère aîné et son neveu, elle leur parla avec un zèle tout apostolique sur l’importance du salut, l’attachement à l’Eglise, l’assistance quotidienne à la Sainte Messe, la fuite des mauvaises compagnies. Son confesseur lui ayant dit qu’elle irait bientôt en paradis, elle s’écria : « Ô mon Père ! quelle douce parole ! le paradis ! je vais au paradis ! je m’en vais enfin voir mon Jésus, je vais rejoindre Marie, ma bonne Mère. Oui, je vais au paradis. » Elle se mit alors à baiser mille fois l’image du Cœur de jésus, puis celle de Marie et de Saint Joseph. « Vraiment, disait-elle, je ne suis déjà plus de ce monde, je suis dans le Cœur de Jésus, sous le manteau de Marie : oh ! que je suis heureuse ! je ne me serais jamais attendue à être si consolée à mes derniers moments. » Au milieu des plus violentes douleurs, elle parlait à Notre-Seigneur avec la tendresse la plus touchante : « Venez, disait-elle, venez vite, ô mon Jésus ! Qu’il me tarde de m’unir à vous ! Que vous êtes aimable, Seigneur, quel doux paradis que votre Cœur ! Ah ! quand verrai-je le front si ravissant de mon Jésus ! Quand baiserai-je ses mains, ses pieds, son divin Cœur ; oui, ce Cœur qui m’a tant aimée, ce Cœur qui sera ma demeure éternelle, ce Cœur si plein de douceur et d’amabilité ! » Enfin, tenant dans ses mains l’image du Cœur de Jésus et la regardant avec tendresse, elle répéta plusieurs fois : Jésus, Jésus, Jésus !... et rendit tranquillement son âme à Dieu. Tous ceux qui l’ont connue s’accordent à proclamer que sa bienheureuse mort a été le fruit de sa dévotion vraiment extraordinaire au Sacré-Cœur de Jésus.
    P. S. Omer

    Page d’histoire :
    Sainte Emilie de Rodat, fondatrice et Supérieure générale de la Sainte-Famille de Villefranche, morte le 19 septembre 1852, se distingua par l’intelligence du pauvre. Elle se proposait, ainsi que ses compagnes, d’honorer spécialement le Cœur de Jésus. La fin principale de son Institut étant l’éducation chrétienne, les orphelines, les enfants les plus déshéritées de la nature, les plus rebutantes, étaient l’objet de ses prédilections. Les pauvres petites filles saisies dès leur naissance par la misère et livrées à toutes les duretés de la vie lui attendrissaient le cœur… Dans les commencements de la Congrégation, alors que tout y faisait défaut, une Sœur, ayant un jour brisé une grande cruche pleine de vin, s’en désolait, lorsqu’elle vit venir à elle la Mère Emilie tenant par la main une enfant recueillie dans la rue. « Consolez-vous, lui dit-elle, nous avons plus gagné que perdu : voyez cette pauvre petite ! » Et elle montrait l’enfant qu’on venait de lui amener, toute galeuse et pleine de vermine. Et elle s’en réserva le soin ; c’était elle qui la lavait, la peignait, l’habillait… Son grand moyen d’attirer les grâces sur son Institut et ses ressources pour la fondation et l’entretien de sa maison était de prendre des orphelines pauvres. Elle redoublait d’aumônes dans les temps de disette ; et plutôt que de renvoyer les enfants des familles dans la gêne, elle leur faisait remise de partie ou totalité de la pension : elle en prenait parfois deux et trois de la même famille à sa charge. (Vie de la R. Mère Emilie, par Aubineau)

    ☞   La Congrégation de la Sainte-Famille de Villefranche et Sainte Emilie de Rodat

    Bouquet spirituel :
    Dès le premier moment de son Incarnation, la Croix fut, pour ainsi dire, plantée dans son Cœur, et il accepta dès lors toutes les douleurs, toutes les humiliations que sa sainte humanité devait souffrir.
    Sainte Marguerite-Marie (1647-1690

    J’aurais consenti à souffrir, non pas une seule fois, mais une infinité de fois, pour recouvrer une seule âme.
    Notre-Seigneur à la Bienheureuse Baptista Varani (1458-1527)

    Pratique :
    Faire aujourd’hui une aumône plus abondante.

    Oraison jaculatoire :
    Cœur de Jésus, soyez toute notre richesse.

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.

  • 9 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le Seigneur enseigne comme il convient d'être miséricordieux et généreux envers les pauvres, sans s'arrêter à la pensée de sa pauvreté ; car la générosité ne se calcule pas d'après l'abondance du patrimoine, mais d'après la disposition à donner. C'est pourquoi la parole du Seigneur fait préférer à tous cette veuve dont il est dit : "Cette veuve a donné plus que tous". Au sens moral, le Seigneur apprend à tout le monde qu'il ne faut pas se laisser détourner de faire le bien par la honte de la pauvreté, et que les riches n'ont pas à se glorifier parce qu'ils semblent donner plus que les pauvres. Une petite pièce prise sur peu de bien l'emporte sur un trésor tiré de l'abondance ; on ne calcule pas ce qui est donné mais ce qui reste. Personne n'a donné davantage que celle qui n'a rien gardé pour elle... »

    Saint Ambroise (v.340-397), Exhortation aux veuves, § 27s (trad. Solesmes, 1980, rev.).

  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 7ème jour

    Septième jour : L’océan

    Dans ce divin Cœur était comme une mer d’une douceur très suave, où je trouvais une foi indicible, et le souverain bien. Je ne pouvais voir le fond de cette mer, en sorte qu’elle était comme un abîme. Plus j’y entrais et plus j’en apercevais la profondeur ; plus je goûtais de ses eaux et plus ma soif devenait insatiable. Après avoir joui quelque temps de cette vision et de ce goût béatifiques, j’ai entendu une voix qui disait : Je suis l’amour fidèle qui établit l’âme dans la vérité ; après quoi, elle n’a plus que du dégoût pour le monde, ce qui la fait mépriser des mondains. Mais elle aime ce mépris ; elle aime la solitude ; elle aime les tribulations et les douleurs. Et quand ces sentiments lui sont devenus habituels, je la fais monter plus haut ; je l’introduis dans le ciel empyrée, où elle contemple mes plaies, dont la splendeur la fait brûler d’amour. Lorsqu’elle est bien enflammée, je la transforme et alors elle entre dans mon Cœur ; elle y trouve un abîme de charité et de douceur incomparables ; elle s’y plonge et y demeure submergée. La lumière répandue de ces plaies sacrées sur les justes de la terre, bien que sortant de la même source, n’arrive pas à tous par le même canal ; les uns la reçoivent des pieds de Jésus, les autres de ses mains, d’autres enfin de son Cœur adorable. Les âmes qui reçoivent les rayons sortis des pieds de Jésus sont celles qui l’aiment d’un amour ordinaire ; les ferventes sont éclairées des rayons de ses mains ; celles que le Sacré Cœur inonde d’un torrent de lumière sont celles qui, par la grâce, se sont élevées jusqu’au pur amour.
    Sainte Françoise Romaine (1384-1440)

    Exemple : (Première Promesse) Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires dans leur état
    Eustelle, surnommée à juste titre l’Ange de l’Eucharistie, morte à Saint-Pallais de Saintes en 1840, fut une de ces âmes qui ne vivent que pour consoler Jésus Jésus-Christ délaissé au Saint Tabernacle. Elle exprime dans ses lettres des sentiments dignes des Séraphins : « Ô Sainte Eucharistie ! s’écrie-t-elle. Ô Sainte Eucharistie ! Que j’aime à répéter ces mots ! Que mon âme y trouve de délices !... C’est dans le Sacrement adorable de l’Eucharistie que se trouve l’amour, c’est à cette source sacrée dont les eaux jaillissent jusqu’à la vie éternelle, que nous devons aller étancher notre soif : c’est à ce tabernacle que nous devons aller chercher l’Agneau immaculé qui seul peut rendre à notre âme la blancheur de son innocence première. Pauvre Jésus ! Il n’est pas aimé ! Il n’est pas connu ! Ô aveuglement ! Ô stupidité de l’homme ! Que ne m’est-il donné de soumettre tous les cœurs au joug du saint amour !... Ô sainte Eucharistie ! C’est toi qui m’enlèves ainsi à moi-même ; tu me transportes déjà dans la région céleste. Que je t’aime ! Tu fais mes délices ; tu me fais mourir, pour mieux revivre. Laisse-moi expirer à tes pieds ; la mort m’est un gain. » Qui n’admirera ce langage dans une pauvre couturière qui ne connaît d’autre école que le Cœur de Jésus ? Voici ce qu’elle écrivait à son directeur : « Je vis cet aimable Sauveur, il y a quelques jours ; il me montrait son Cœur divin… Ô Jésus ! donnez-moi votre Cœur, donnez-moi votre amour… c’est aux pieds du Tabernacle qu’on apprend la science de l’amour !... »
    Cette magnifique parole de Marie-Eustelle nous indique où il faut aller apprendre la science des Saints, la science d’aimer Jésus-Christ, l’unique science nécessaire. Ecoutons encore une fois cette âme séraphique : « Ô Sacrement de l’Eucharistie, unique ambition de mon cœur, objet de tout ce que je pense, de tout ce que je crois, de tout ce que je veux ! Que ne puis-je te faire connaître ! Cher bon Maître ! Ô Jésus ! C’est trop, c’est trop pour ce lieu d’exil ! Suspends un peu ces délices ineffables ! Ô mon céleste Ami ! Tu m’enchaînes en quelque sorte sur cette terre étrangère, mais c’est aux pieds de tes autels. Eucharistie ! Ô doux cœur de mon âme ! Ô ma vie ! Ô l’âme de ma vie ! Eucharistie ! Que ce nom résonne délicieusement au-dedans de moi-même ! » Elle terminait ordinairement ses lettres par le Rendez-vous dans le Cœur de Jésus. Que les gens simples se consolent ; s’ils le veulent, ils peuvent lutter d’amour avec les Séraphins !...
    P. S. Omer

    Page d’histoire :
    La manière dont Notre-Seigneur récompensa un acte d’obéissance de Sainte Marguerite-Marie nous montre combien cette vertu lui est chère. Voici comment cette amie du Cœur de Jésus raconte elle-même le fait : « La veille de Saint Thomas (21 décembre 1682), notre très honorée Mère me commanda, en vertu de la sainte obéissance, de demander ma santé à Notre-Seigneur, lequel allait toujours augmentant mes infirmités. Etant, pour lors, alitée à l’infirmerie et si malade que j’aurais eu peine à subsister longtemps comme j’étais… Voici la manière dont elle me fit ce commandement : Qu’il fallait demander à notre-Seigneur que si tout ce qui se passait en moi (ses révélations) était de lui, il en donnât pour marque de suspendre tous mes maux corporels pendant cinq mois, en sorte que je n’aie besoin pendant tout ce temps d’aucun remède ou soulagement… Mais Celui qui a voulu mourir par obéissance m’a bien fait connaître combien il la chérit, puisque, m’étant levée dans le moment pour aller au chœur lui faire ma demande que mes péchés me rendaient indigne d’obtenir, j’ai toujours été depuis en si parfaite santé qu’il me semble que rien n’est capable de l’altérer. »
    (Vie de Sainte Marguerite-Marie, édition de Paray)

    ☞   La biographie résumée de Sainte Marguerite-Marie dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur

    Bouquet spirituel :
    Les pécheurs trouveront dans mon Cœur l’Océan infini de la miséricorde.
    (Promesse du Sacré Cœur)

    Vous entrerez dans cet aimable Cœur comme un voyageur dans un navire dont le pur amour est le pilote.
    Sainte Marguerite-Marie (1648-1690)

    Pratique :
    Ne jamais murmurer, quel que soit le supérieur qui nous commande.

    Oraison jaculatoire :
    Cœur de Jésus, obéissant pour nous jusqu’à la mort de la croix, ayez pitié de nous.


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    http://chemindamourverslepere.com



    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.

  • 3 juin : Méditation

    « Rien n'est plus propre à dilater le coeur d'amour que la pensée du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Jamais Dieu ne m'apparaît plus beau, plus Dieu, si je puis ainsi dire, que quand, pénétrant dans le secret de la Trinité, j'en contemple les opérations ineffables, les grandeurs divines pleinement connues par le Père, louées à l'égal de ce qu'elles méritent par le Verbe, et aimées dignement par le Saint-Esprit. Jamais la charité ne presse plus vivement mon coeur de s'écrier : Oui vraiment, Dieu est tout amour. Le Père est amour : car, non content d'être le Père du Verbe éternel, il veut encore être le nôtre : Père par création, puisqu'il nous a donné l'être et la vie ; Père par providence, puisqu'il a si grand soin des enfants qu'il a mis au monde... Mon Père ! Mon Père ! Père enfin par un amour dont jamais n'approcha aucun père... Et vous aussi, ô Fils éternel de Dieu, vous êtes tout amour. Pour moi, vous vous êtes fait homme ; pour moi, vous avez sacrifié votre vie, et vous ne rougissez pas devant votre Père et votre Esprit-Saint de m'appeler votre frère... Et vous, Saint-Esprit, vous êtes aussi tout amour, puisque vous êtes l'amour même du Père et du Fils, égal à votre principe ; et c'est par vous que le Fils s'est donné à moi ; c'est par vous que la charité se répand dans nos coeurs ; c'est par vous que se font les bonnes prières. Vous vivez en nous comme dans votre temple, pour corriger nos défauts, nous former aux vertus, et de pécheurs que nous sommes nous faire saints. - Qu'y a-t-il donc de plus aimable que les trois Personnes de la Sainte Trinité ? Et que n'avons-nous trois coeurs pour aimer chacune d'elles ! Mais consolons-nous : en aimant un seul Dieu, nous les aimons toutes les trois à la fois, puisqu'elles n'ont qu'une seule et même nature. Ô amour ! embrasez mon coeur ; que je ne vive plus que pour le Père, le Fils et le Saint-Esprit ! »

    M. Hamon, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Lundi de la Trinité), 19e édition revue, corrigée, augmentée, Tome 2, Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • 27 mai : Béatification à Vannes de Louise-Elisabeth Molé

    Béatification à Vannes de Louise-Elisabeth Molé,connue sous le nom de Mère Saint-Louis
    Fondatrice de la Congrégation des soeurs de la Charité Saint-Louis

    Extraits du Message de Mgr Centène, évêque de Vannes : "Dieu fait grâce"

    [...]

    Dieu fait grâce dans notre monde. Par la foi, Il nous invite à communier au don total de sa vie et à en vivre de manière surnaturelle, dès ici-bas.

    Comment pouvons-nous vivre de cette union à Dieu à laquelle nous sommes appelés ? Nous pouvons suivre l’exemple des saints, car, ainsi que le disait le saint curé d’Ars, « là où les saints passent, Dieu passe avec eux ».

    [...]

    Louise-Elisabeth a vécu intensément les exigences de l’amour évangélique, tant dans l’état du mariage que dans la vie religieuse.

       § Sa vie témoigne qu’à l’origine de cette union à Dieu, il y a d’abord l’accueil de la grâce donnée par « Dieu lui-même qui nous a aimés le premier ». La jeune demoiselle de Lamoignon reçut Dieu, intimement, le jour de sa première communion : « je reçus, quoique bien jeune alors, de grandes grâces de Dieu. Je ne les oublierai jamais ». Depuis ce jour, Louise-Elisabeth vécut sous le signe de l’union à Dieu chaque instant de sa vie, désirant « lui rendre Amour pour Amour ». L’Eucharistie était devenue le centre et le moteur de sa vie car, disait-elle, « en participant au Corps de Jésus-Christ, dans la communion […] on pense, on parle et on agit comme Jésus-Christ ».

       § Par ailleurs, Louise-Elisabeth communia intensément à la passion du Christ-Rédempteur, réalisant même, dans les belles années de son mariage, un « pacte avec la croix ». La jeune femme décidait de s’abandonner intégralement dans les bras de son Sauveur. C’est ainsi qu’elle surmonta courageusement la misère, la perte de trois de ses cinq enfants et de son mari Édouard Molé, guillotiné pendant la révolution, avec le soutien de son « Bien Aimé » Seigneur. Sensible à la misère des autres, elle voyait le Christ souffrant à travers le pauvre souffrant. Après des années à leur service, à Paris, celle que les pauvres appelaient « l’ange des mansardes » acceptait, à quarante ans, de bouleverser sa vie pour la consacrer entièrement aux déshérités, à Vannes, en réponse à l’appel de Dieu et de l’évêque, Mgr de Pancemont.

       § Enfin, Louise-Elisabeth communia profondément à la résurrection du Christ pendant toute son existence. Son mariage heureux fut une des plus belles grâces de sa vie. Elle disait de son mari qu’il était « l’homme le plus vertueux et le meilleur ». Par ailleurs, le développement de son oeuvre, au décès de la fondatrice, le 4 mars 1825, témoigne de la fécondité de sa vie unie au Christ. La congrégation compte alors une cinquantaine de religieuses désirant vivre selon son esprit et porter aux déshérités, dans les ateliers et écoles de la fondation, l’amour de Dieu qui les habite. Aujourd’hui, la congrégation compte près de 620 sœurs professes réparties en 10 pays, sur 3 continents.

    Que la Passion et la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ transfigurent nos vies en profondeur, à la suite de la bienheureuse Louise-Elisabeth.

    + Raymond CENTÈNE
    Évêque de Vannes

    Bse-Mere-Saint-Louis.jpg

    Portrait de Mère Saint-Louis


    L'homélie du Cardinal Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints

    Les remerciements de Mgr Centène, évêque de Vannes

    Extrait de l'homélie :

    « Aujourd'hui, l'Église et la société ont besoin de saints. Les saints désintoxiquent l'humanité, blessée par le mal de l'idolâtrie, de l'inimitié, de la discorde, de la jalousie. Les saints s'opposent à ces oeuvres de la chair avec les oeuvres de l'Esprit, dont les fruits bénéfiques sont l'amour, la joie, la paix, la magnanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi (cf. Gal 5,16-25). En vivant selon l'Esprit, les consacrés deviennent, sur la terre, une oasis céleste, ils sont des sentinelles de la présence providentielle de Dieu dans l'histoire. »

    Photos et textes sur le site internet du Diocèse de Vannes
  • 23 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Est-il rien de plus dérisoire qu'un chrétien qui ne se soucie pas des autres ? Ne prends pas comme prétexte ta pauvreté : la veuve qui a mis deux petites pièces dans le tronc du Temple (Mc 12,42) se lèverait contre toi ; Pierre aussi, qui disait au boiteux : "Je n'ai ni or ni argent" (Ac 3,6), et Paul, si pauvre qu'il avait souvent faim. N'objecte pas ta condition sociale, car les apôtres étaient humbles aussi et de basse condition. N'invoque pas ton ignorance, car ils étaient des hommes sans lettres. Même si tu étais esclave ou fugitif, tu pourrais toujours faire ce qui dépend de toi. Tel était Onésime dont Paul fait l’éloge (Phl). Serais-tu de santé fragile ? Timothée l'était aussi. Oui, qui que nous soyons, n'importe qui peut être utile à son prochain, s'il veut vraiment faire ce qu'il peut.
    Vois-tu combien les arbres de la forêt sont vigoureux, beaux, élancés ? Et cependant, dans nos jardins, nous préférons des arbres fruitiers ou des oliviers couverts de fruits. De beaux arbres stériles…, tels sont les hommes qui ne considèrent que leur propre intérêt…
    Si le levain ne fait pas lever la pâte, il n’est pas un vrai ferment. Si un parfum n'embaume pas ceux qui approchent, pouvons-nous l'appeler un parfum ? Ne dis donc pas qu’il est impossible d’avoir une bonne influence sur les autres, car si tu es vraiment chrétien, il est impossible qu'il ne se passe rien ; cela fait partie de l'essence même du chrétien… Il serait aussi contradictoire de dire qu'un chrétien ne peut pas être utile à son prochain que de dénier au soleil la possibilité d'éclairer et de réchauffer. »

    Saint Jean Chrysostome (vers 345-407), Homélie 20 sur les Actes des apôtres (trad. cf. AELF).

  • Mai : le mois de la Vierge Marie - 15ème jour

    Quinzième jour : De l’aide que nous devons à nos frères

    La Très Sainte Vierge nous apparaît comme un admirable type de bonté et de charité : Elle est le salut des infirmes, la santé des malades, le refuge des pécheurs ; nous mêlons son nom à toutes nos douleurs ; quand nous souffrons, nous allons à Elle, et lorsque nous sommes malheureux, nous cherchons un asile dans sa maternelle protection, car Elle est compatissante et Elle nous aime.
    Puissions-nous l’imiter dans nos rapports avec nos frères ! Le genre humain est une grande famille dont Dieu est le Père, et il ne faut pas que nous quittions ce sujet de l’amour du prochain sans nous demander de quelle manière nous devons lui prouver. Le divin Maître s’est chargé de nous en indiquer le caractère spécial : Vous l’aimerez, dit-il, comme vous-mêmes ; c’est-à-dire que nous devons lui vouloir et lui procurer autant qu’il est en nous, le bien que nous désirons pour notre propre personne. Et cependant, hélas ! l’égoïsme règne sur la terre et nous le trouvons même parmi les chrétiens. On recherche son intérêt, on rapporte tout à soi, sans s’inquiéter des autres. On reste insensible à leurs chagrins, s’ils ne nous touchent point personnellement.
    Dieu a voulu l’inégalité dans les conditions humaines. Il y a parmi nous des riches et des pauvres, tus enfants de Dieu et frères en Notre-Seigneur ; ceux qui possèdent les biens de la terre doivent venir en aide à ceux qui sont dans la misère. L’aumône est un grand devoir que nous oublions trop facilement.
    L’exercice de la charité est toujours facile aux véritables chrétiens. Si vous avez beaucoup, donnez beaucoup ; si vous avez peu, donnez peu ; car c’est le cœur qui fait le prix des choses, ajoute Saint Ambroise. Le Seigneur, en récompensant cette belle vertu de charité, regardera moins à la valeur du don qu’à la pureté d’intention. Qu’en toute chose cette parole de l’Ecriture : « Fais à autrui ce que tu voudrais qui te fût fait », soit la règle de notre conduite envers nos frères.

    Exemple. – Lorsque Saint Louis quitta la Palestine pour revenir en France, il s’embarqua sur un vaisseau qui heurta contre des rochers avec tant de violence qu’il y eut trois toises de la quille emportées. On pressa le monarque de passer sur un autre. Il refusa en disant : « Ceux qui sont ici avec moi aiment leur existence autant que j’aime la mienne ; si je descends, ils descendront aussi, et ne trouveront point de bâtiment pour les recevoir, ils resteront exposés à mille dangers. J’aimerais mieux mettre entre les mains de Dieu ma vie, celle de la reine et de mes enfants, que de causer un tel dommage à tant de braves gens. »

    Prière de Saint Germain. – Ô Marie ! ayez pitié de moi ; vous, la mère de mon Dieu, qui avez tant d’amour pour les hommes, accordez-moi tout ce que je vous demande : vous qui êtes notre défense et notre joie, rendez-moi digne de jouir avec vous de cette félicité dont vous jouissez dans le ciel. Ainsi soit-il.

    Résolution. – Je ne ferai pas à autrui ce que je ne voudrais pas que l’on me fît à moi-même.
    Marie, Secours des chrétiens, priez pour nous.

    "Mois de Marie pour tous", par M.A.G.
    Approbation + Flavien, Evêque de Bayeux et Lisieux, le 13 octobre 1874.
    Imprimatur Brugis, 23a Februarii 1932. Jos. Van der Meersch vic. gen.

  • Mai : le mois de la Vierge Marie - 14ème jour

    Quatorzième jour : De l’amour du prochain

    Le divin Maître nous dit, dans l’Evangile, que le premier commandement est d’aimer Dieu par-dessus toutes choses, et que le second, en tout semblable au premier, est d’aimer notre prochain comme nous-mêmes pour l’amour de Lui.
    Marie, notre Mère, ne manqua pas de pratiquer avec une grande perfection cette belle vertu de la charité ; Elle aimait son prochain parce qu’Elle aimait Dieu ; Elle le voyait en Lui, et plus tard Elle a porté cet amour jusqu’à la sublimité, puisque, au pied de la Crois, Elle a accepté la mort de son divin Fils pour le salut du genre humain.
    Ce n’est pas assez de reconnaître, d’une façon générale, que nous devons aimer nos frères ; il faut, dans la pratique, leur prouver cet amour, et cela nous sera d’autant plus facile, que nous nous laisserons guider par les motifs de la foi ; car alors, voyant comme la Très Sainte Vierge, Dieu dans nos frères, nous les aimerons malgré leurs défauts, et nous pourrons triompher des antipathies et des aversions naturelles qui, si souvent, nuisent à la paix des familles.
    Saint Jean, parvenu à un âge très avancé, se faisait porter dans l’assemblée des fidèles et leur répétait sans cesse : « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres », résumant ainsi cette sublime doctrine de la charité dont il avait été toute sa vie l’apôtre. Les premiers chrétiens l’avaient bien compris ; ils étaient si unis les uns aux autres, que les païens s’étonnaient de leurs vertus et disaient : « Voyez comme ils s’aiment ! » Leurs biens étaient en commun et ils mettaient en pratique ce commandement du Sauveur : Aimez votre prochain comme vous-même.

    Exemple. – Par un hiver si rigoureux que beaucoup de monde mourait de froid, Saint Martin rencontra un jour auprès de l’une des portes de la ville d’Amiens, un pauvre qui était nu. Il fut touché de compassion, et voyant que nul autre n’avait égard à sa misère, il jugea que Dieu le lui avait particulièrement réservé pour le soulager. Mais que pouvait-il faire pour son assistance, ayant déjà distribué tout son argent en des œuvres de cette nature, et ne se voyant plus rien que le manteau dont il était couvert ? Il coupa ce manteau en deux avec son épée, et ne s’en réservant que la moindre partie, il donna l’autre à ce pauvre pour le revêtir.
    La nuit suivante, comme Saint Martin dormait, Jésus-Christ lui apparut couvert de cette partie de manteau, et il entendit ces paroles : « Bien que Martin ne soit encore que catéchumène, il m’a pourtant donné cet habit ! » rappelant ainsi que c’est Lui-même que nous revêtons et que nous nourrissons dans la personne du pauvre.

    Prière de Saint Bonaventure. – Puisse, ô Marie, mon cœur brûler toujours et mon âme se consumer pour vous ! Jésus, mon Sauveur, et Marie, ma tendre Mère, accordez-moi, par vos mérites, de vous aimer autant que vous en êtes dignes. Ainsi soit-il.

    Résolution. – J’assisterai les pauvres autant que je pourrai, et je verrai Notre-Seigneur souffrant en eux.
    Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous.

    "Mois de Marie pour tous", par M.A.G.
    Approbation + Flavien, Evêque de Bayeux et Lisieux, le 13 octobre 1874.
    Imprimatur Brugis, 23a Februarii 1932. Jos. Van der Meersch vic. gen.

  • Mai : le mois de la Vierge Marie - 5ème jour

    Cinquième jour : Dieu est notre Maître

    Plus la Très Sainte Vierge avançait dans la connaissance de Dieu, plus Elle l’aimait. Comment, en effet, pourrait-on ne pas donner toutes les affections de son cœur à Celui qui réunit toutes les grandeurs, toutes les beautés, toutes les perfections dont les créatures que nous admirons le plus ici-bas ne sont que comme un pâle reflet ? S’il est encore des hommes qui n’aiment pas le Seigneur, qui ne pensent pas à Lui, dont les âmes ne s’élèvent point vers Lui, c’est qu’Il leur est inconnu. Ces malheureux ne savent pas que ce Dieu tout-puissant, le Créateur de l’univers, le Roi des rois, les a aimés le premier et d’un si grand amour, que pour les racheter de la damnation éternelle, le Verbe éternel, la seconde personne de la Sainte Trinité a voulu descendre du Ciel, naître dans une étable et mourir sur la croix. Oh ! ne sentons-nous pas que notre cœur est ému en considérant tant de marques d’amour ? Comprenons combien nous serions ingrats si nous n’aimions pas Dieu de toutes les forces de notre âme, plus qu’aucune des choses créées, plus que nous-mêmes, et si nous n’étions pas disposés à tout sacrifier pour son amour.

    Exemple. – Un jour que le saint curé d’Ars entendait les oiseaux chanter, il se prit à dire en soupirant : « Pauvres petits oiseaux, vous avez été créés pour chanter et vous chantez. L’homme a été créé pour aimer Dieu et il ne l’aime pas. Cependant le seul bonheur que nous ayons sur la terre, c’est d’aimer Dieu et de savoir qu’il nous aime. Etre aimé de Dieu, être uni à Dieu, vivre en la présence de Dieu, vivre pour Dieu, oh ! quelle belle vie… »

    Prière de Saint Bernard. – Ô notre puissante Souveraine, parlez pour nous à notre Seigneur Jésus-Christ ; qui peut mieux le faire que Vous, qui avez joui si intimement de ses entretiens sur la terre ? Demandez pour nous un grand amour de Dieu, la persévérance dans sa sainte grâce et le bonheur de mourir dans son amitié. Ainsi soit-il.

    Résolution. – Je dirai souvent à Dieu que je l’aime et je chercherai à le lui prouver par ma conduite.
    Mère du Sauveur, priez pour nous.

    "Mois de Marie pour tous", par M.A.G.
    Approbation + Flavien, Evêque de Bayeux et Lisieux, le 13 octobre 1874.
    Imprimatur Brugis, 23a Februarii 1932. Jos. Van der Meersch vic. gen.

  • 27 avril : Méditation

    « L'intention profonde du silence est de libérer l'âme, de lui rendre forces et loisir pour adhérer au Seigneur. Il affranchit l'âme, comme l'obéissance donne toute sa maîtrise à la volonté. Il a, comme le travail, la double efficacité de nous soustraire à la basse attraction de nos penchants sensibles et de nous fixer dans le bien. Il nous établit peu à peu dans une région sereine, sapientum templa serena, où nous sommes capables de parler à Dieu et d'entendre sa voix. Le silence soutient donc à son tour une affinité avec la foi et la charité. Et de même qu'on ne nous demande pas l'obéissance pour la servitude, on ne nous demande pas non plus le silence dans un parti pris de vexation : toutes ces limitations tutélaires sont autre chose que des retranchements. Le silence est oeuvre festive ; et c'est pourquoi, selon les anciens coutumiers, on l'observait rigoureusement les jours de fête : propter festivitatis reverentiam. Or, dans l'âme chrétienne, la fête est de tous les jours. »

    R.P. Dom Paul Delatte, Commentaire sur la Règle de Saint Benoît (ch. VI), Paris, Plon-Nourrit et Cie / Maison Alfred Mame, 8e édition, 1913.

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