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  • Méditation : Marthe de Béthanie

    « Marthe de Béthanie évoque souvent pour nous la scène d'Évangile où elle accueille Jésus (Lc 10, 38-42). Son histoire est la nôtre.
    « Au service du maître » : « Une femme nommé Marthe le reçut dans sa maison ».
    Comme elle, j'accueille Jésus dans ma vie et dans mon cœur. Il vient souvent à l'improviste, dans les événements qui surprennent. Difficile à gérer. Joie de le servir mais aussi embarras...
    « Overbooké » : « Elle était absorbée par les multiples soins du service... »
    Comme elle, je suis débordé. J'ai besoin d'aide pour accomplir mon travail sinon je vais « craquer ».
    « Au secours ! » : « Elle dit : Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisser servir toute seule ? Dis-lui donc de m'aider ! »
    Ma prière de demande est mêlée d'un reproche subtil (« cela ne te fait rien »), d'un jugement sur l'autre (« ma sœur… »), d'une tentative de manipulation (« dis-lui donc... »). Le fond du problème, c'est que je me sens seul, peu soutenu (« toute seule »).
    Réponse à la prière : « On se calme ! Voici comment Jésus miséricordieux me répond :
    - Il entend mon appel au secours, se tourne vers moi et m'appelle par mon nom.
    - Il connaît mon cœur et nomme ce qui s'y passe. « Tu te soucies et tu t'agites pour beaucoup de choses... ». Je me sens à la fois compris... et dévoilé.
    - Il me tourne vers l'essentiel : « une seule est nécessaire... ».
    « Et ta sœur ? » : « C'est Marie qui a choisi la meilleure part (elle écoutait sa parole), elle ne lui sera pas enlevée ».
    Jésus me déconcerte. Il n'exauce pas la prière selon mes vues humaines. Bien plus, il demande un nouveau regard sur l'événement. (...)
    ... Jésus a eu le dernier mot sur une femme stressée !
    Sainte Marthe, patronne des chrétiens stressés, prie pour nous ! »

    Olivier Belleil, revue « feu et lumière », n°296 (2010).

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  • Méditation de St Bonaventure : le Christ et l'Eglise

    « Dans cette Église répandue dans le monde entier, par l'opération de l'Esprit-Saint, distincte de multiples façons et groupée en un seul corps, préside un Pontife, le Christ, comme hiérarque suprême, qui selon un ordre admirable à l'instar de la cité céleste, répartit la dignité des charges en distribuant "les charismes des dons. C'est lui qui a donné aux uns d'être apôtres, à d'autres d'être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l’œuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ" (*). Il a aussi, selon la grâce septiforme de l'Esprit-Saint, donné les sacrements comme sept médicaments contre les maladies ; leur administration confère la grâce sanctifiante et remet les péchés qui ne sont jamais pardonnés que dans la foi et dans l'unité de la sainte mère Église. Parce que les péchés sont purifiés dans le feu de la tribulation, de même que Dieu a soumis le Chef de l’Église, le Christ aux flots des passions, de même il permet que son corps, son Église, soit éprouvée et purifiée par la tribulation jusqu'à la fin des siècles. Ainsi les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres, les Martyrs, les Confesseurs et les Vierges ainsi que tous ceux qui ont plu à Dieu, supportèrent de nombreuses tribulations dans la fidélité. Ainsi, tous les membres élus du Christ, jusqu'au jour du jugement, auront à les supporter. »

    (*) : citation de Ep 4, 11-13.

    St Bonaventure, fêté ce jour, L'Arbre de Vie (40), Trad. J.G. Bougerol, in "L'Arbre de Vie", EF, Paris, 1996.
    Voir le texte latin et surtout l'excellent commentaire de Richard S. Martignetti dans "L'Arbre de Vie de saint Bonaventure - Théologie du voyage mystique", Éditions franciscaines, 2014, pp. 271 sq., ouvrage présenté en nos pages Librairie.

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    Mosaïque de l'abside de la basilique Saint-Clément à Rome, XIIe siècle (détail)
    (Source et crédit photo)

    D’après l’inscription que comprend cette mosaïque, il s'agit d'une représentation de l’Église. Celle-ci est figurée par la croix du Christ, avec douze colombes qui représentent les apôtres, tandis que l'arbre de la croix se développe en de nombreuses volutes comme autant d'Églises qui en forment une seule.
  • Euthanasie/procès Bonnemaison : bienvenue dans le meilleur des mondes !

    Avec l’acquittement de Nicolas Bonnemaison, jugé à Pau pour 7 empoisonnements, les partisans de l’euthanasie ont fait sauter le verrou qui nous retenait au bord de l’univers d'Aldous Huxley ou de George Orwell.

    Tuer en série par compassion, puis être acquitté par compassion. Applaudi, même ! Un « tonnerre d’applaudissements » alors que les faits - sept meurtres - étaient passibles de la réclusion criminelle à perpétuité ! C’est ce qui vient de se passer chez nous, en France, à Pau, devant la Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques, ce 25 juin 2014. Et cela, quelques heures après qu’un jeune homme tétraplégique a été condamné, lui, à une mort lente, par la plus haute juridiction française. Coïncidence ou pas, la conjonction de l’affaire Lambert et du procès Bonnemaison aura vu la plus formidable mobilisation politique, judiciaire et médiatique, bref des trois pouvoirs, en faveur de l’euthanasie.   

    Les conséquences de cette transgression fondamentale sont bel et bien un « changement de civilisation » comme disait Christiane Taubira à propos du « mariage pour tous », la négation cette fois d’un des premiers commandements du décalogue : « Tu ne tueras point ».

    Bien entendu, dans cette tragédie, comme depuis quarante ans dans celle de l’avortement, ce sont les défenseurs de la vie qui sont pointés du doigt comme des « extrémistes », la modération consistant à disposer de la vie d’autrui comme on l’entend. Pour ce faire, on commence toujours par piper les mots : de même que l’avortement était devenu l'« ivg » en 1975, le docteur Bonnemaison n’a pas « tué », il a « abrégé la vie » (cf. Le Figaro). Le voilà donc acquitté « de la totalité des faits » et libre de recommencer dès qu’il en aura l’occasion, avec le sourire, et sous les applaudissements des gens compatissants. «J'ai agi en médecin, jusqu'au bout» a-t-il assuré. Cette médecine-là est juste le contraire de celle d’Hippocrate (ce n’est donc pas le « judéo-christianisme » qui aurait inventé cet interdit).

    Maintenant, il s’agit de foncer, a déclaré son avocat, Me Ducos-Ader : « C'est une décision énorme qui va obliger les politiques à aller plus vite ». Toujours plus vite (pas comme sur nos routes). Le gouvernement est naturellement tout disposé à « faire évoluer notre cadre législatif », s’est empressé de déclarer son porte-parole, Sébastien Le Foll. Toujours plus de compassion....et beaucoup d'économies, car ça coûte cher, la vieillesse et la fin de vie ! Quand on nous proposera à l’hôpital, pour nous ou pour nos proches, une “sédation en phase terminale”, nous saurons qu’il s’agira en réalité d’une “sédation terminale”…Mais je rêve : on ne nous la proposera pas, on nous l'imposera, comme aux victimes du bon docteur Bonnemaison. Allez, une petite sédation... Vive la crise cardiaque ou l’accident mortel !

    Donc la guerre entre la « culture de vie » contre la « culture de mort » ou du « déchet » va se poursuivre. Elle est devenue totale, des premiers instants de la vie à sa fin naturelle (ou pas...), et mondiale. Nous la mènerons avec d’autant plus de détermination que ce sera sans crispation et avec cette certitude : la vie triomphera parce qu’elle a déjà triomphé. Mais pas sur un lit de roses…
    Philippe Oswald - Source : Aleteia

    Acquittement du dr Bonnemaison : Un verdict effrayant et révélateur

    Alliance VITA estime effrayant et révélateur l’acquittement du docteur Bonnemaison par la Cour d’assises de Pau, et demande qu’il soit fait appel de ce verdict absurde.

    Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA et auteur de La Bataille de l’euthanasie (Salvator 2012) :

    « Le docteur Bonnemaison a injecté de son propre chef des produits mortels à sept patients qui n’avaient rien demandé. Il est à l’évidence absurde que ce médecin soit acquitté, alors qu’il a agi non seulement en dehors du cadre légal français, mais également au-delà de toutes les revendications législatives pro-euthanasie et aussi des rares lois euthanasiques votées à l’étranger. La question est donc : comment en est-on arrivé là ?

    Cet acquittement par les jurés s’explique sans doute par l’orchestration de l’émotion provoquée par une avalanche de témoins militants venus de France et de Belgique, avec des positions aussi radicales qu’irresponsables. Il s’explique sans doute aussi par la personnalité apparemment compassionnelle du docteur Bonnemaison, dont la fragilité psychique a pu jouer le rôle de circonstance atténuante. Mais voilà la France piégée dans un processus de dépénalisation jurisprudentielle de la forme la plus brutale d’euthanasie décidée par un homme seul, sans demande des victimes.

    C’est un message dramatique pour tous les usagers du système de santé français et pour tous les médecins ou infirmiers qui pourraient être tentés de suivre l’exemple du docteur Bonnemaison. Quelle tristesse de devoir dire à nos proches, particulièrement aux personnes âgées fragiles se rendant aux urgences : prudence et méfiance ! Nous pensons à l’immense majorité des soignants qui ressentent ce malaise : ils savent parfaitement que le docteur Bonnemaison a franchi une ligne rouge et qu’une sanction pénale, même symbolique, était absolument nécessaire pour le signifier. Depuis la médiatisation de cette affaire, notre service d’écoute SOS Fin de vie reçoit de plus en plus de messages de personnes âgées qui ont peur des perfusions mortelles.

    Ce procès aura au moins eu le mérite de mesurer l’outrance des partisans français de l’euthanasie : ils prétendent qu’elle serait effectuée à la demande des patients, mais se réjouissent de l’acquittement d’un médecin qui a agi sans les consulter. En Belgique, les injections létales clandestines se sont multipliées en même temps que les euthanasies déclarées…

    C’est pourquoi Alliance VITA demande solennellement au Ministère public de faire appel de ce verdict. Il avait choisi de proposer dans son réquisitoire la peine symbolique de 5 ans avec sursis, ce qui constituait un avertissement minimal. Sans aucune sanction, c’est tout notre système de santé qui s’avoue incapable de protéger les personnes fragiles. Comme en 2008 dans le cas de Lydie Debaine que je décris dans mon livre, un second procès d’assises est impératif pour permettre de revenir sur un verdict aussi dangereux qu’insensé. »

    Alliance VITA a organisé mardi 24 juin 2014 une scénographie spectaculaire sur le parvis des Droits de l’Homme au Trocadero à Paris, pour manifester l’urgence d’être solidaires des personnes âgées plutôt que de basculer dans une culture d’euthanasie et d’exclusion. Elle se dit prête à s’impliquer dans un grand mouvement social contre l’euthanasie et pour la solidarité vis-à-vis des plus fragiles.

    Source : Alliance VITA.

  • Méditation - Prière : quel chemin pour servir Dieu ?

    « Tu veux, Père éternel, que nous te servions selon ton bon plaisir, et tu conduis tes serviteurs de différentes façons et par diverses voies. Ainsi tu montres que d’aucune manière nous ne pouvons ni ne devons juger les intentions de l’homme par des actes que nous percevons de l’extérieur, mais en chacun nous devons considérer ta volonté. Plus spécialement doivent le faire tes serviteurs qui sont unis à elle et, par elle, sont transformés. L’âme, qui dans ta lumière voit la lumière (Ps 35,10), se réjouit de contempler en chacun des hommes tes manières variées, tes voies innombrables. Car bien qu’ils cheminent par différentes voies, ils ne courent pas moins tous sur la route de ton ardente charité. Sans cela, ils ne suivraient d’ailleurs pas vraiment ta vérité.

    Aussi nous voyons certains courir sur le chemin de la pénitence, établis dans la mortification corporelle ; d’autres établis sur l’humilité et la mortification de leur volonté propre ; d’autres sur une foi vive ; d’autres sur la miséricorde ; et d’autres tout dilatés dans l’amour du prochain, après s’être quittés eux-mêmes. Par cette manière de voir, l’âme, qui a mis en œuvre avec sollicitude sa lumière naturelle, se développe et acquiert la lumière surnaturelle par laquelle elle découvre la largeur sans mesure de ta bonté. Comme ils ont le sens du réel, ceux qui voient ta volonté en toutes choses ! En toute action des hommes, ils considèrent ta volonté sans juger celle des créatures. Ils ont bien compris et reçu la doctrine de ta vérité, lorsqu’elle dit : « Ne jugez pas selon les apparences ». Ô Vérité éternelle, quel est ton enseignement ? Par quelle voie veux-tu que nous allions au Père ? Quelle voie nous convient-il de suivre ? Je ne puis voir d’autre route que celle que tu as pavée avec les vraies et réelles vertus de ton ardente charité. Toi, Verbe éternel, tu l’as aspergée de ton sang : c’est elle la voie. »

    Ste Catherine de Sienne (1347-1380), Oraison 16 (Trad. Orval).

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  • Mois du Sacré-Coeur - Neuvième Jour

    Neuvième Jour
     
    Prions pour celles de nos compagnes que nous aimons le plus.

    Jésus prend la défense de Magdeleine.

    Elle avait été coupable Magdeleine, mais elle était repentante et elle pleurait aux pieds de Jésus. Il n’en faut pas autant pour toucher le Cœur du bon Maître ; non seulement il pardonne, mais entendez comme il prend sa défense contre ceux qui, au fond de leur cœur, disaient : « Elle est pécheresse ! » - Elle est plus aimante que vous, répond Jésus. Je suis venu chez vous, vous ne m’avez point donné d’eau pour mes pieds et elle les a arrosés de ses larmes ; vous ne m’avez pas donné le baiser de paix, et elle n’a cessé de baiser mes pieds… Aussi, je lui dis : « Tout est pardonné, allez en paix ! » Leçon de miséricorde que je n’oublierai pas, ô mon Dieu ! Peut-être ceux que je méprise au fond du cœur, et ceux que j’accuse, sont plus chéris de Dieu, parce qu’ils l’aiment davantage.

    Je veillerai sur mes jugements, afin de ne penser mal de personne ; et je me priverai de quelque chose à mon repas, si je me laisse aller à un jugement téméraire.
  • Méditation avec St François de Sales : de la vertu d'humilité

    « Nous ne connaîtrons jamais notre propre perfection, car il nous arrive comme à ceux qui naviguent sur mer ; ils ne savent pas s'ils avancent, mais le maître pilote, qui sait l'art de naviguer, le connaît. Ainsi nous ne pouvons pas juger de notre avancement, mais bien de celui d'autrui ; car nous ne sommes pas assurés quand nous faisons une bonne action, que nous l'ayons faite avec perfection, d'autant que l'humilité nous le défend. Or, encore que nous puissions juger de la vertu d'autrui, si ne faut-il pourtant jamais déterminer qu'une personne soit meilleure qu'une autre, parce que les apparences sont trompeuses ; et tel qui paraît fort vertueux à l'extérieur aux yeux des créatures, devant Dieu le sera moins qu'un autre qui paraissait beaucoup plus imparfait.
    L'humilité est non seulement charitable, mais douce et maniable ; car la charité est une humilité montante, l'humilité est une charité descendante. L'humilité sera au dernier degré de sa perfection quand nous n'aurons plus de propre volonté ; par l'humilité "toute justice" est accomplie (Mt III, 15). »

    St François de Sales, Entretiens spirituels (Cinquième entretien), in "Œuvres", nrf Gallimard, Paris, 1969.

    Saint,François de Sales,humilité

  • Méditation : de la purification du coeur

    « Nous devons mettre tout notre soin à purifier notre cœur, parce que c'est là qu'est la racine de tous nos maux.
    [...]
    Nous sommes si pleins d'idées fausses et de jugements erronés, d'affections déréglées, de passions et de malices, que nous aurions honte de nous-mêmes si nous nous voyions tels que nous sommes. Imaginons-nous un puits bourbeux, duquel on tire incessamment de l'eau ; au commencement, ce qu'on en tire n'est quasi que de la boue ; mais à force de tirer, le puits se purifie, et l'eau devient plus claire ; de sorte qu'à la fin on en tire de l'eau fort belle et cristalline. De même travaillant sans cesse à purger notre âme, le fond se découvre peu à peu, et Dieu y manifeste sa présence par de puissants et merveilleux effets qu'il opère en l'âme, et par elle pour le bien des autres.
    Quand le cœur est bien purgé, Dieu remplit l'âme et toutes ses puissances, la mémoire, l'entendement, la volonté de sa sainte présence et de son amour. Ainsi la pureté de cœur conduit à l'union divine, et l'on n'y arrive point ordinairement par d'autres voies. »

    Louis Lallemant (1588-1635), La Doctrine spirituelle (Troisième Principe, ch. I, art. II, I), Paris, Jacques Lecoffre, Nouvelle édition, 1868.

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  • Méditation : la volonté et le progrès spirituel

    « La raison pour laquelle nous ne sommes pas meilleurs que nous ne sommes, c'est que nous n'avons pas la volonté d'être meilleurs : le pécheur et le saint ne sont séparés, au fond de notre cœur, que par une série de minuscules décisions. Les extrêmes ne sont jamais aussi proches que dans le royaume de l'esprit.
    [...]
    Saint Thomas nous dit : "Nous ne sommes pas des saints parce que nous n'avons pas la volonté d'être des saints.". Il ne dit pas, remarquez-le bien, "parce que nous ne voulons pas être des saints" : beaucoup d'entre nous le désirent. Mais se contenter tout simplement de désirer, c'est souhaiter qu'il arrive quelque chose sans que nous ayons à intervenir. Avoir la volonté signifie que nous sommes résolus à payer le prix nécessaire en efforts et en sacrifices.
    Nous nous abusons souvent nous-mêmes en imaginant que nous avons eu la volonté de nous améliorer, alors qu'en fait nous avons accumulé de nombreuses restrictions mentales et admis que nous ne changerions rien à notre manière d'agir dans de nombreux domaines ; dans ce cas, cette opération de la "volonté" se réduit à un vœu gratuit. [...]
    Pour la plupart, nous vivons notre vie avec une fausse image de nous-mêmes à laquelle nous ne voulons pas renoncer ; nous redoutons de souffrir en nous découvrant moins nobles que nous n'aimons à le penser. Nous faisons passer la réalité à travers un filtre d'orgueil qui élimine toutes les vérités qui pourraient nous blesser.
    Ces restrictions auxquelles nous nous cramponnons, ces attitudes que nous ne voulons ni modifier ni abandonner, tout cela affecte nos jugements conscients et les rend inexacts. Avant de pouvoir jamais émerger dans la joie de la réalité divine, il nous faut descendre dans cet enfer où sont enfouies nos fautes inavouées...
    [...]
    Rien ne paralyse plus sûrement la vie spirituelle que ces parasites cachés dans le moteur de notre âme. Cela peut être de l'égoïsme, de l'amertume à l'égard d'autrui, de la jalousie, de la haine. Ceux qui essaient de se rapprocher de Dieu sans s'être eux-mêmes préalablement analysés se demandent pourquoi ils subissent de si fréquentes défaites ; invariablement, c'est à cause du cheval de Troie qui est en eux, à cause du défaut majeur qu'ils n'ont pas identifié. Tant qu'on n'a pas amené ce défaut en pleine lumière, tant qu'on ne l'a pas reconnu comme tel devant Dieu avec le ferme propos de le détruire, il ne peut y avoir de véritable progrès spirituel. »

    Vénérable Fulton Sheen (1895-1979), Le chemin du bonheur (10, IX), Trad. André Cubzac (Way to Happiness, 1953, Maco Magazine), Le Livre Contemporain, Paris, s.d.
    (Les Vertus héroïques de Mgr Fulton Sheen ont été reconnues le 28 juin 2012)

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  • Méditation - Prière : dans le dernier combat...

    « Quelque salutaire que soit, ô mon Dieu ! la crainte de vos jugements, je sais qu'une parfaite confiance en vous, qui êtes notre Père, et en Jésus-Christ votre Fils et notre Rédempteur, doit la modérer. Tant d'heureux pénitents ont obtenu de vous miséricorde, entre autres celui qui, témoin de vos supplices, s'écria : "Souvenez-vous de moi, Seigneur, quand vous serez arrivé dans votre royaume." (Lc 13, 42). Je vous adresse la même prière avec la confiance que me donne l'excès de vos bontés. Souvenez-vous, divin Sauveur, de vos anciennes miséricordes. C'est vous seul que j'ai offensé. C'est en votre présence que j'ai péché. Mais lorsque je fais réflexion sur votre redoutable justice, je me représente aussitôt le nombre presque infini de vos bienfaits, et particulièrement le sang que vous avez répandu pour moi avec tant d'abondance, et me sentant fortifié par cette grande marque de votre amour, il n'y a rien que je n'attende de votre miséricorde ; mettez donc votre croix et votre passion entre le jugement de Dieu et mon âme, lorsqu'elle sortira de ce monde, et n'abandonnez pas aux bêtes infernales une âme qui vous bénit et vous loue : Ne tradas bestiis animas confitentes tibi, et animas pauperum tuorum ne obliviscaris in finem (Ps 73, 19).

    Ô Vierge sainte, Mère de Dieu, Reine des Anges et des hommes, et particulièrement du clergé, je vous reconnais pour ma souveraine, en l'honneur de la dépendance que le Fils de Dieu mon Sauveur et mon Dieu a voulu avoir de vous, et en cette qualité je vous donne sur mon âme et sur ma vie tout le pouvoir que je puis vous donner selon Dieu. Regardez-moi, je vous prie, comme chose qui vous appartient, et faites de votre serviteur l'objet de vos miséricordes. J'ai recours à vous pour être délivré du péché, et pour être préservé de la mort éternelle. Je vous prie pour cela d'assister à ma mort, vous qui avez été présente à celle de votre divin Fils, et de me protéger, dans ce temps de ma plus grande nécessité, contre tous les ennemis de mon salut.
    Saint Michel Archange, qui êtes le chef des armées de Dieu, Ange mon protecteur, qui veillez à ma garde, saint Joseph, dont on croit que la mort a été honorée de la présence du Sauveur, défendez-moi dans le dernier combat, afin qu'aidé de vos prières, je puisse être admis en votre bienheureuse compagnie.
    Que le collège des saints Apôtres, que l'armée nombreuse des martyrs et des confesseurs, que l'assemblée des vierges, que les patriarches viennent à ma rencontre, qu'ils me consolent par de doux embrassements, et qu'ils me portent comme à l'envi dans le sein d'Abraham. Ainsi soit-il. »

    D.B.C. Dal Monte, Méditations ecclésiastiques suivies de divers Opuscules à l'usage des prêtres, pour faire suite aux Méditations ecclésiastiques de M. Chevassu, Tome sixième (Préparation à la mort, VI & VII), J.B. Pélagaud, Lyon - Paris, 1863.

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    William Bouguereau (1825-1905), Une âme portée au Ciel, 1878
    Huile sur toile, Musée du Périgord

  • Méditation - Prière : patience et miséricorde de Dieu

    « Mon Dieu, qu'avez-Vous fait pour moi ? Les hommes disent de Vous, ô mon seul Bien, que vos jugements sont sévères et vos châtiments extrêmes. Tout ce que je puis dire est qu'il n'en a pas été ainsi pour moi. Que d'autres parlent pour eux, et Vous les confondrez et les abîmerez dans leur propre confusion au jour du jugement. Je n'ai rien à faire avec eux, c'est Vous qui les jugerez, mais pour moi, ma seule expérience est celle de votre conduite envers moi : ici, je rends témoignage de ce que je sais d'une manière absolue et de ce que je ressens au plus intime de moi-même, que Vous n'avez eu pour moi que patience et miséricorde. Oh ! comme Vous oubliez que je me sois jamais révolté contre Vous ! Vous m'accordez toujours à nouveau votre secours. Je tombe, et pourtant Vous ne me rejetez pas. Malgré tous mes péchés, Vous m'aimez toujours, Vous me protégez, Vous me consolez, Vous m'entourez de bienfaits, Vous me soutenez et Vous me conduisez. Je contriste votre grâce, et pourtant Vous l'augmentez. Je Vous offense, et Vous ne Vous irritez pas, mais Vous êtes aussi bon que si je n'avais pas de pardon à demander, rien dont je dusse me repentir, rien qu'il ne fallût réparer, comme si j'étais votre meilleur, votre plus fidèle, votre plus ferme et plus loyal ami. Hélas ! je suis même conduit à présumer de votre amour, tant il ressemble à la faiblesse de l'indulgence, bien que mon devoir soit de Vous craindre ! Je le confesse, ô mon Sauveur véritable, chaque jour n'est qu'un mémorial nouveau de votre amour infatigable et que rien ne peut vaincre ! »

    Bx John Henry Newman (fêté ce jour), Méditations sur la doctrine chrétienne, V. La puissance de la Croix, La patience de Jésus (2), in "Méditations et Prières" traduites par Marie-Agnès Pératé, Paris, Librairie Victor Lecoffre, 1919.

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  • Méditation : le pardon

    « Lorsque nous jugeons et accusons des gens,
    n'est-ce pas parce que nous sommes incapables
    d'accepter la vérité de nos propres failles
    et de nous pardonner à nous-mêmes ?
    Nous projetons sur d'autres ce que nous refusons de voir en nous.
    Nous accusons, jugeons et condamnons d'autres
    parce qu'inconsciemment nous nous jugeons nous-mêmes.
    Lorsque nous condamnons les autres, nous faisons notre propre procès.
    Nous avons tous du mal à accepter
    que nous sommes coupables d'avoir blessé d'autres
    et de nous être enfermés dans l'égoïsme.
    [...]

    Jésus nous appelle à regarder la vérité en face,
    sans juger ni condamner,
    et à accepter que nous sommes égoïstes, tournés sur nous-mêmes,
    incapables de partager et d'aimer vraiment.
    Il nous appelle à nous pardonner à nous-mêmes
    et à demander pardon
    pour toutes les blessures que nous avons infligées aux autres,
    pour tous les actes d'amour et de justice que nous avons omis de faire,
    pour toute notre indifférence envers ceux qui sont faibles et écrasés.
    Devenant conscients du pardon de Dieu,
    nous apprenons à pardonner aux autres.
    Entrant dans une communion nouvelle, plus profonde avec Dieu,
    nous découvrons notre identité profonde,
    et notre vrai moi commence à émerger.
    Nous commençons à aimer les autres comme Dieu les aime.
    Si Dieu nous pardonne,
    avec tout le désordre et la saleté qui sont en nous,
    nous pouvons à notre tour pardonner aux autres,
    avec tout le désordre et la saleté qui sont en eux.
    Les murs qui nous séparent des autres commencent à tomber.
    Mais pardonner est une vraie lutte.
    Des sentiments de colère et de vengeance
    peuvent continuer à nous habiter.
    Nous avons besoin d'une force nouvelle de Dieu
    pour arriver à pardonner
    et devenir des hommes et des femmes de paix.

    Tout l'évangile de Jésus est contenu dans ces mots du "Notre Père" :
           "Pardonne-nous nos offenses
           comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés."

    [...]

    Le pardon est au cœur de toute relation.
    Il est l'essence même de l'amour.
    Pardonner, c'est aimer les gens tels qu'ils sont
    et leur révéler leur beauté, cachée derrière les murs
    qu'ils ont construits autour de leurs cœurs.
    Le pardon est une force nouvelle qui vient de Dieu.
    Le pardon est la route vers la paix. »

    Jean Vanier, Entrer dans le mystère de Jésus - Une lecture de l’Évangile de Jean (ch.11, Le pardon), Éditions Salvator, Paris, 2013.

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  • Méditation - Prière : supplication du pécheur

    « Comment oserai-je te prier de me pardonner, moi qui ai si souvent promis de me convertir et qui n'ai jamais exécuté ma promesse ? Moi qui ai si souvent protesté dans l'église que je ne pécherais plus, et qui suis aussitôt retombé dans mes crimes ?
    Donne-moi encore une année de temps. Aie pitié de moi, parce que je suis faible et infirme.
    Je me suis livré malheureusement aux mauvais penchants de mon corps et de mon âme, et je n'ai suivi que mes passions et mes affections dépravées. Je vois que le temps de la moisson est venu, et que le moissonneur paraît avec la faux à la main. Je vois que la mesure de mes jours est remplie, et que le juge va paraître.
    Tourne, Seigneur, tes yeux favorables sur moi. Sauve-moi par un effet de ta miséricorde. Sauve-moi par cette pitié qui a sauvé tous ceux qui ont eu le bonheur de l'être.
    Moïse a péché, Aaron a péché, David a péché, saint Pierre le chef des apôtres a péché.
    Fais-moi donc entendre ces paroles consolantes : "Ta foi t'a sauvé, va en paix."
    Car de tous ceux qui sont sauvés, aucun n'a entendu ces paroles : "ce sont tes œuvres qui t'ont sauvé."
    C'est toi qui sauves ceux qui ont mis en toi toute leur confiance. »

    Saint Anastase (le Sinaïte, 7ème siècle), Vie des Pères des déserts d'Orient d'après le R.P. Michel-Ange Marin (T.V), Louis Vivès, 1869.

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  • Méditation : la voix de la conscience

    « La Conscience est la voix de Dieu dans la plupart des hommes ; cette voix est ou méprisée ou mal entendue, ou entièrement éteinte. Elle est méprisée en ceux qui ne veulent rien faire de ce qu'elle dit, mal entendue en ceux qui lui font dire tout ce qu'ils veulent, éteinte en ceux qui la méprisent sans en recevoir de reproche. Le dernier de ces états est sans doute le pire, à cause qu'il est mal aisé d'en sortir, que c'est un état désespéré ; mais les autres conduisent à celui-ci, et à cela près qu'on en sort plus aisément que du dernier, on peut dire qu'ils sont pires ; le dernier est la peine des autres.
    On méprise cette voix, c'est le premier pas ; elle nous avertir du mal que nous avons fait, de celui que nous devons éviter, du bien que nous pouvons faire ; pour une fois que nous obéissons, combien de fois méprisons-nous cette voix ; cependant c'est la voix de la raison, c'est la voix de l'homme, c'est notre propre jugement, c'est ce que nous estimons le plus raisonnable. Voilà pourquoi Dieu ne nous condamnera que sur le jugement, que nous avons fait nous-mêmes de nous-mêmes. C'est la voix de la grâce, cet avis, ce bon conseil que vous recevez dans le fond de votre coeur ; c'est le prix du Sang de Jésus-Christ, c'est le germe de l'Eternité, c'est la voix du Saint-Esprit. »

    St Claude La Colombière, Réflexions chrétiennes ("De la Conscience"), A Lyon, chez Anisson, Posuel & Rigaud, 168

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    Chapiteau de l'église Notre Dame du Bourg
    Sainte Colombe en Bruilhois (Lot-et-Garonne)

  • Méditation : prière et charité

    « Il est évident pour tous que la prière est le grand moyen de hâter nos ascensions surnaturelles ; elle a le privilège de mettre la toute-puissance de Dieu au service de l'homme : "Ceux qui espèrent dans le Seigneur trouveront des forces toujours nouvelles ; ils prendront des ailes comme l'aigle" (Is XL, 31). Mais sans la charité, la prière est inefficace. "On demande le pardon plénier de ses fautes, dit un éminent ascète, et l'on garde envers le prochain une rancune secrète. On supplie Dieu de faire qu'on L'aime enfin de toute son âme, et l'on reste intérieurement rétrécie et froide pour ses soeurs. On assiège son crucifix pour obtenir un peu d'humilité et de douceur, et l'on n'a jamais le courage de réprimer ses impatiences ni d'abaisser son amour-propre. Alors qu'arrivera-t-il ? Dieu entend le désir et agrée même la prière ; la grâce sort de son sein, mais au lieu de trouver un coeur vacant et d'y écouler ses eaux bienfaisantes, la grâce rencontre un coeur tout obstrué et s'y brise comme un flot sur une digue." (Mgr Gay, Vie et vertus chrétiennes, T.I, De l'espérance).
    Ajouterons-nous que si la charité pour le prochain fait défaut, l'âme est bien en danger et côtoie des abîmes. Les péchés véniels se multiplient, péchés de pensées et de paroles. La médisance est extrêmement facile et par le jugement téméraire on approche bien de la calomnie. Avec de telles dispositions est-il possible de progresser ?... Peut-on parler de perfection quand le salut lui-même risque d'être compromis ? "Celui qui n'aime pas demeure dans la mort" (Epitre)
    Ô Marie, Vous avez porté dans votre sein et tenu dans vos bras la richesse de la terre et du ciel, et votre Coeur, où abonde la charité du Père, Vous inspire de répandre sur notre misère une vraie profusion de trésors célestes. Riches de tant de grâces, donnez-nous d'imiter votre compassion pour nos frères privés de Dieu ! »

    Méditations cartusiennes pour tous les jours de l'année (Vendredi de la 3e Semaine après la Trinité), par un Chartreux, Tome second, Imprimerie de Parkminster, Partridge Green, 1921.

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  • Méditation : du jugement...

    « Juger les autres nous rend aveugles et nous empêche de discerner nos propres fautes. Garder le silence permet au contraire de voir plus clair en soi et nous cessons alors de projeter nos fautes sur les autres. Il est dit dans un apophtegme : "Il y eut un jour une réunion à Scété à propos d'un frère qui avait péché. Les Pères parlaient, mais abba Pior gardait le silence. Plus tard, il se leva, sortit, prit un sac, le remplit de sable et le porta sur son épaule. Il mit aussi un peu de sable dans une corbeille qu'il plaça devant lui. Interrogé par les Pères sur ce que cela signifiait, il dit : "Ce sac contient beaucoup de sable, ce sont mes péchés qui sont nombreux. Je les ai laissés derrière moi afin de ne pas m'affliger à leur sujet et de ne pas pleurer. Et voici les petits péchés du frère, qui sont devant moi, et je passe mon temps à les juger. Il ne faut pas agir ainsi, mais plutôt porter les miens devant moi et m'en soucier, et supplier Dieu de me les pardonner." Les Pères se levèrent et dirent : "Vraiment, telle est la voie du salut."

    Cet acte symbolique nous montre clairement combien nous sommes souvent portés à juger nos frères. Peut-être pensons-nous que c'est par souci pour leur salut que nous parlons d'eux. En réalité, nos péchés à nous sont beaucoup plus nombreux que les leurs qui nous préoccupent tant. Et il nous faut un abba Pior qui nous éclaire, avec précaution et amabilité, et nous montre qu'il ne sert à rien de s'emporter au sujet des péchés du prochain, qu'il vaut mieux prier pour lui et sentir, à travers la prière, que nous sommes tous mis à l'épreuve et que nul ne peut garantir qu'il ne péchera pas. »

    Anselm Grün, Le ciel commence en toi - La sagesse des Pères du désert pour aujourd'hui (ch.5), Salvator, Paris, 2013.

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    Monastère de St Antoine le Grand - IVème siècle - Egypte
    (Photo : B. Rousseau)

  • Méditation : "Aimer mon prochain, c'est aimer Jésus-Christ"

    « Pourquoi toujours penser plutôt mal d'autrui, que d'en penser en bien ?
    Dieu seul peut juger et condamner.
    Nous ignorons, d'ordinaire, pourquoi le prochain agit comme ceci, ou comme cela.
    Il faudrait, pour bien le juger, pénétrer, à fond, sa pensée, son caractère, son éducation, les raisons qui le font agir.

    Pensons, aussi charitablement que nous pouvons, d'autrui.
    En tout homme, fût-il larron comme Dismas, il y a toujours quelque chose de bon.
    Voyons cela, avant tout, si nous ne sommes pas chargé de le juger,
    encore moins de le condamner.

    Ne disons que du bien d'autrui.
    Pourquoi toujours en dire du mal, si mince soit-il ?
    N'est-ce pas orgueil de notre part ?
    Ne nous flattons-nous pas nous-mêmes, en médisant des autres ?

    Enfin, mettons-nous au service d'autrui.
    Venons à son aide, en ces serviabilités qui ne coûtent pas si cher,
    mais que notre paresse ne nous conseille pas toujours.
    Le prochain a ses nécessités, volons à son secours.
    Elles peuvent être sérieuses et même extrêmes.
    Un chrétien qui voit Jésus-Christ dans son frère, peut-il passer outre, et ne pas se faire, une fois de plus, le bon Samaritain de l'Evangile ?

    Je ne serai jugé, au tribunal de Dieu, que sur ma charité.
    Cet Evangile est formel sur ce point.
    Le bien que je n'aurai pas fait à mon prochain, c'est à Jésus que je ne l'aurai pas fait.
    N'est-ce pas tout dire ?

    Mais, n'avons-nous donné qu'un verre d'eau froide à qui a soif,
    il y a là, comme un mérite infini,
    attendu l'esprit de foi avec lequel j'ai fait ce geste.
    Aimer mon prochain, c'est aimer Jésus-Christ. »

    Dom Eugène Vandeur, Recollection de trois jours (La Charité, I), Editions de Maredsous, 1962.

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  • 25 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    (Lc 6, 36-38 - cf Mt 7, 1-2 ; Mc 4, 24)
    "Soyez miséricordieux... Ne jugez pas... Ne condamnez pas... Pardonnez... Donnez..."

    « Le Christ a donné sa vie pour toi et tu continues à détester celui qui est un serviteur comme toi ? Comment peux-tu t'avancer vers la table de la paix ? Ton Maître n'a pas hésité à endurer pour toi toutes les souffrances, et tu refuses même de renoncer à ta colère ?...  "Un tel m'a gravement offensé, dis-tu, il a été tant de fois injuste envers moi, il m'a même menacé de mort !" Qu'est-ce que cela ? Il ne t'a pas encore crucifié comme ses ennemis ont crucifié le Seigneur.

    Si tu ne pardonnes pas les offenses de ton prochain, ton Père qui est dans les cieux ne te pardonnera pas non plus tes fautes (Mt 6,15). Que dit ta conscience quand tu prononces ces paroles : "Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié" et ce qui suit ? Le Christ n'a pas fait de différence : il a versé son sang aussi pour ceux qui ont versé le sien. Pourrais-tu faire quelque chose de semblable ? Lorsque tu refuses de pardonner à ton ennemi, c'est à toi que tu causes du tort, pas à lui...; ce que tu prépares, c'est un châtiment pour toi-même au jour du jugement...

    Écoute ce que dit le Seigneur : "Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande"... Car le Fils de l'homme est venu dans le monde pour réconcilier l'humanité avec son Père. Comme Paul le dit : "Maintenant Dieu a réconcilié avec lui toutes choses" (Col 1,22) ; "par la croix, en sa personne, il a tué la haine" (Ep 2,16). »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la trahison de Judas, 2, 6 ; PG 49, 390 (Trad. Delhougne, Les Pères commentent, Brepols, 1991).

  • 8 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La décollation de Jean le Baptiste (Mc 6, 14-29 - cf Mt 14, 3-12 ; Lc 3, 19-20)

    « Le trait évangélique que nous avons entendu aujourd'hui, me donne occasion de dire à votre charité : Vous voyez que ce misérable Hérode aimait saint Jean, l'homme de Dieu ; mais que dans l'ivresse de la joie et des séductions d'une danseuse, il jura témérairement et promit de donner tout ce que lui demanderait cette jeune fille, qui l'avait captivé en dansant devant lui. Il s'affligea néanmoins lorsqu'il vit qu'on lui faisait une demande cruelle et criminelle ; à ses yeux c'était un crime horrible : mais placé entre son serment et la requête de la jeune fille, craignant tout à la fois et de commettre un forfait sanglant et de se rendre coupable de parjure, pour ne pas offenser Dieu en se parjurant, il prit le parti de l'offenser en versant le sang (Mc VI, 17-28).

    Que devait-il donc faire ? me demande-t-on. Répondrai-je : Il ne devait pas s'engager par serment ? Mais qui ne voit cette vérité ? D'ailleurs, on ne me consulte pas pour savoir s'il devait prêter ce serment ; mais ce qu'il devait faire après l'avoir prêté. La question est grave. Son serment était téméraire : qui l'ignore ? Il ne l'en a pas moins prêté ; et la jeune fille vient de requérir la tête de saint Jean. Que doit faire Hérode ? Donnons-lui un conseil. Lui dirons-nous : Epargne Jean, ne commets pas ce crime ? C'est conseiller le parjure. Lui dirons-nous : Ne te parjure pas ? C'est exciter au crime. Triste embarras !

    Avant donc de vous jeter dans ce filet inextricable, renoncez aux serments téméraires ; oui, mes frères ; oui, mes enfants, je vous en supplie, renoncez-y avant d'en avoir contracté la funeste habitude. Est-il besoin de vous précipiter dans une impasse où nous ne savons quel conseil vous donner ?

    Toutefois, en examinant avec plus de soin les Écritures, j'y rencontre un exemple qui me montre un homme pieux et saint tombant dans un serment téméraire et aimant mieux ne pas accomplir ce qu'il avait promis, que d'être fidèle à son serment en répandant le sang humain. Je vais rappeler ce trait à votre charité.

    Pendant que Saül persécutait le saint homme David, celui-ci, pour échapper à Saül et à la mort, allait où il pouvait. Or, un jour il demanda à un homme riche, nommé Nabal, occupé de la tonte de ses brebis, les aliments nécessaires pour le soutenir, lui et ses compagnons d'armes. Cet homme sans entrailles les lui refusa, et, ce qui est plus grave, il répondit en l'outrageant. Le saint jura de le mettre à mort. Il avait des armes, en effet, et sans réfléchir assez il fit serment de tirer de lui une vengeance qui lui était facile et que la colère lui représentait comme juste. Il se mit donc en route pour accomplir son serment. L'épouse de Nabal, Abigaïl vint à sa rencontre, lui amenant les aliments qu'il avait demandés. Elle le supplia humblement, le gagna et le détourna de répandre le sang de son mari (I R XXV). Ainsi, après avoir fait un serment téméraire, David ne l'accomplit point, inspiré par une piété plus grande.

    Je reviens donc, mes très chers frères, à la leçon que je vous dois. Il est vrai, le saint roi dans sa colère ne répandit pas le sang de cet homme : mais qui peut nier qu'il ait fait un faux serment ? De deux maux il a choisi le moindre ; le dernier étant moins grave que n'eût été le premier. Bien que considéré en lui-même, le faux serment fait un grand mal. Vous devez donc travailler d'abord et lutter contre votre funeste, funeste, funeste et très funeste habitude, et faire disparaître les serments que vous avez à la bouche.

    "Que votre langage soit : Oui, oui ; non, non. Ce qui est en plus vient du mal." (Mt V, 37).

    Prenez garde au faux serment, prenez garde au jugement téméraire. Or, vous éviterez sûrement ces deux maux, si vous détruisez en vous l'habitude de jurer. »

    Saint Augustin, Sermon CCCVIII (1-5) sur la décollation de Saint Jean-Baptiste (Sermons détachés sur divers passages de l'Écriture sainte — Deuxième série : Solennités et Panégyriques), in Oeuvres complètes (Tome VII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1868.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • Jean-Sébastien Bach : Cantate BWV 105 "Herr, gehe nicht ins Gericht mit deinem Knecht"

    (Seigneur, n'entre pas en jugement avec ton serviteur)

  • 29 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Jésus parlait à ses disciples de sa venue..." (Lc 21, 20-28)

    « Veux-tu apprendre que la croix peut être signe du Royaume ? C'est avec ce signe que le Christ doit venir lors de son deuxième et glorieux avènement ! Pour que tu apprennes à quel point la croix est digne de vénération, il a fait d'elle un titre de gloire... Nous savons que sa première venue s'est produite dans le secret, et cette discrétion était justifiée : il était venu en effet chercher ce qui était mort. Mais cette deuxième venue ne se passera pas de la même manière... Il apparaîtra aussitôt à tous et personne n'aura besoin de demander si le Christ est ici ou là (Mt 24,26) ; nous n'aurons pas besoin de chercher si le Christ est bien là. Mais ce qu'il faudra chercher, c'est s'il vient avec la croix... "Quand viendra le Fils de l'homme le soleil s'obscurcira et la lune ne donnera plus son éclat." (Mt 24,27) Si grande sera la gloire de sa lumière que devront ternir devant elle les astres les plus brillants. "Alors tomberont les étoiles et le signe du Fils de l'homme apparaîtra dans le ciel." Vois-tu quel pouvoir a le signe de la croix ? "Le soleil s'obscurcira et la lune se cachera", et la croix au contraire brillera, bien visible, afin que tu saches que sa splendeur est plus grande que celle du soleil et de la lune. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la croix et le larron (Trad. L'année en fêtes, Migne, 2000).