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  • Méditation : "montons avec Jésus-Christ à Jérusalem"

    « Mes frères, si Dieu nous aime, croyez qu'il ne permet pas que nous dormions à notre aise dans ce lieu d'exil. Il nous trouve dans nos vains divertissements, il interrompt le cours de nos imaginaires félicités, de peur que nous ne nous laissions entraîner aux fleuves de Babylone, c'est-à-dire au courant des plaisirs qui passent. Croyez donc très certainement, ô enfants de la nouvelle alliance, que lorsque Dieu vous envoie des afflictions, c'est qu'il veut briser les liens qui vous tenaient attachés au monde, et vous rappeler à votre patrie. Ce soldat est trop lâche qui veut toujours être à l'ombre, et c'est être trop délicat que de vouloir vivre à son aise et en ce monde et en l'autre. Il est écrit : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez un jour (1). » Ne t'étonne donc pas, chrétien, si Jésus-Christ te donne part à ses souffrances, afin de t'en donner à sa gloire, et s'il te fait sentir les piqûres de tant d'épines qui percent sa tête. Est-ce être maltraité, que d'être traité comme Jésus-Christ ? Est-ce être maltraité que d'être inquiété où le plus grand malheur c'est d'être en repos ?

    Par conséquent, chrétiens, montons avec Jésus-Christ en Jérusalem : prenons part à ses opprobres et à ses souffrances, buvons avec lui le calice de sa passion. La matière ne manquera pas à la patience. La nature a assez d'infirmités, le monde assez d'injustices, ses affaires assez d'épines, ses faveurs assez d'inconstances, ses rebuts assez d'amertumes, ses engagements les plus agréables assez de captivités ; il y a assez de bizarreries dans le jugement des hommes, et assez d'inégalités, de contrariétés dans leurs humeurs. Ainsi, de quelque côté et par quelque main que la croix de Jésus-Christ nous soit présentée, embrassons-la avec joie, et portons-la du moins avec patience. « Regardez, dit le saint Apôtre, Jésus-Christ qui nous a donné et qui couronne notre foi. Songez que la joie lui étant offerte, il a préféré la croix, il a choisi la confusion ; et maintenant il est assis glorieux à la droite de son Père (2a) ». Voici une perte de biens, une insulte, une contrariété, une maladie : « Pensez donc sérieusement à celui qui a souffert une si horrible persécution par la malice des pécheurs, afin que votre courage ne défaille pas, et que votre espérance demeure ferme » : Ut ne fatigemini animis vestris deficientes (2b). »

    1. Luc., VI, 25. — 2a. Hebr., XII, 2. — 2b. Hebr., XII, 3.

    Bossuet, Premier Sermon pour le dimanche de la Quinquagésime (Second point), in "Œuvres" Tome XII, Versailles, 1816.

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    James Tissot (1836–1902), Jésus monte à Jérusalem
    Brooklyn Museum, NY (USA)
    (crédit photo)

  • Méditation : les bruits du monde

    « Le monde est bavard et bruyant. Tout ce qui est creux est sonore. Le monde est creux ; son esprit, c'est la vanité, le semblant, le rêve, le mensonge, la frivolité, la bagatelle, les riens, le rien. De là le flux, la multiplicité et le prodigieux tumulte de ses paroles allant dans tous les sens, et souvent se contredisant. Les chrétiens naissent du Verbe, mais d'un Verbe que l'oreille de l'homme n'entend pas ; d'un Verbe spirituel et qui n'enfante que dans le silence. Supposé l'esprit de silence envahissant la terre, l'esprit du monde en serait soudainement banni, et Dieu y aurait facilement son règne. Comme l'évangélisation des hommes par le Christ provient de ce silence où il est resté plongé trente ans, c'est dans le mystère de Nazareth que les apôtres chrétiens doivent venir puiser leurs discours. »

    Mgr Charles Gay (1814-1891), Élévations sur la vie et la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ Tome II (XXIIIe élévation), Oudin Frères, Poitiers - Paris, 1879.

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  • Méditation : La prière silencieuse

    « Nous avons besoin de trouver Dieu, et ce n'est ni dans l'agitation ni dans le bruit que nous le pourrons. Dieu est l'ami du silence. Dans quel silence croissent les arbres, les fleurs et l'herbe ! Dans quel silence se meuvent les étoiles, la lune et le soleil ! N'est-ce pas notre mission de donner Dieu aux pauvres des taudis ? Non pas un Dieu mort, mais un Dieu vivant et aimant. Plus nous recevons dans la prière silencieuse, plus nous pouvons donner dans notre vie active. Nous avons besoin de silence pour être capables de toucher les âmes. L'essentiel n'est pas ce que nous disons, mais ce que Dieu nous dit et dit à travers nous. Toutes nos paroles seront vaines tant qu'elles ne viendront pas du plus intime, les paroles qui ne transmettent pas la lumière du Christ accroissent les ténèbres. »

    Bse Teresa de Calcutta (1910-1997), La Joie du don ("Something beautiful for God"), Éditions du Seuil, Paris, 1975.

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  • Méditation : L'Eucharistie, sacrifice et action de grâce

    « Lorsque le Seigneur a pris la coupe, il a rendu grâce (Mt 26,27) ; nous pouvons songer là aux paroles de bénédiction qui expriment certes une action de grâce envers le Créateur, mais nous savons aussi que le Christ avait coutume de rendre grâce chaque fois qu'avant d'accomplir un miracle il levait les yeux vers le Père des cieux (Jn 11,41). Il rend grâce parce que d'avance il se sait exaucé. Il rend grâce pour la puissance divine qu'il porte en lui et par laquelle il va manifester aux yeux des hommes la toute-puissance du Créateur. Il rend grâce pour l’œuvre de rédemption qu'il lui est donné d'opérer, et il rend grâce par cette oeuvre qui est elle-même glorification du Dieu Trinité de qui elle renouvelle en sa pure beauté l'image défigurée.

    Ainsi, le sacrifice éternellement actuel du Christ, sur la croix, au cours de la sainte messe et dans la gloire éternelle du ciel, peut se comprendre comme une seule immense action de grâce - c'est le sens du mot « eucharistie » - comme action de grâce pour la création, la rédemption et l'achèvement final. Il s’offre lui-même au nom de tout l'univers créé dont il est le modèle originel et dans lequel il est descendu pour le renouveler de l'intérieur et le conduire à son achèvement. Mais il appelle aussi tout ce monde créé à présenter avec lui au Créateur l'hommage d'action de grâce qui lui revient. »

    Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix [Edith Stein] (1891-1942), La Prière de l’Église, in "Source cachée - œuvres spirituelles", Le Cerf, Paris, 1999.

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  • Méditation : le Christ t'appelle, maintenant !

    « Tout le long de notre vie, Christ nous appelle. Il nous a appelés d'abord par le baptême, mais plus tard aussi ; que nous obéissions ou non à sa voix, il nous appelle encore en sa miséricorde. Si nous manquons à nos promesses baptismales, il nous appelle à nous repentir. Si nous nous efforçons de répondre à notre vocation, il nous appelle toujours plus avant, de grâce en grâce, de sainteté en sainteté, tant que la vie nous est laissée pour cela.

    Abraham a été appelé à quitter sa maison et son pays (Gn 12,1), Pierre ses filets (Mt 4,18), Matthieu son emploi (Mt 9,9), Elisée sa ferme (1R 19,19), Nathanaël sa retraite (Jn 1,47). Sans cesse, tous nous sommes appelés, d'une chose à l'autre, toujours plus loin, n’ayant pas de lieu de repos, mais montant vers notre repos éternel, et n'obéissant à un appel intérieur que pour être prêts à en entendre un autre. Christ nous appelle sans cesse, pour nous justifier sans cesse ; sans cesse, de plus en plus, il veut nous sanctifier et nous glorifier.

    Nous devons le comprendre, mais nous sommes lents à nous rendre compte de cette grande vérité, que Christ marche en quelque sorte parmi nous, et que de sa main, de ses yeux, de sa voix, il nous fait signe de le suivre. Nous ne saisissons pas que son appel est quelque chose qui a lieu en ce moment même. Nous pensons qu'elle a eu lieu au temps des apôtres ; mais nous n’y croyons pas, nous ne l'attendons pas vraiment pour nous-mêmes. [...]

    Il n'y a rien de miraculeux ou d'extraordinaire dans ses rapports avec nous. Il agit par l'intermédiaire de nos facultés naturelles et des circonstances de notre vie. Pourtant, sa Providence est pour nous, dans tous les points essentiels, ce qu'était sa voix pour ceux qu'il appelait quand il était sur la terre : qu'il commande par une présence visible, ou par une voix, ou par notre conscience, cela importe peu, du moment que nous sentons qu'il y a commandement. S'il y a un commandement, on peut y obéir, ou y désobéir ; on peut l'accepter comme l'acceptèrent Samuel ou saint Paul, ou le repousser comme fit le jeune homme qui avait de grands biens. »

    Bx John Henry Newman (1801-1890), Parochial and Plain Sermons (PPS) vol. 8, n° 2 « Divine Calls ».

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    Jésus appelle Saint André et Saint Pierre
    (crédit photo)

  • Méditation : Un sacrifice vivant

    « Dans son Exposition de la Doctrine catholique, livre destiné aux Protestants, Bossuet explique la façon dont les fidèles assistent à la messe : « En présentant Jésus-Christ à Dieu, nous apprenons en même temps à nous offrir à la majesté divine, en Lui et par Lui, comme des "hosties vivantes" (italiques). » Et saint Augustin : « Dans l'offrande qu'elle fait au Seigneur, du corps et du sang de Jésus-Christ, l’Église s'offre et s'immole elle-même... Ne faire qu'un seul corps en Jésus-Christ, voilà le vrai sacrifice des chrétiens. (1) »
    Hélas ! trop de fidèles se tiennent éloignés de cet idéal qui devrait être pourtant la règle. La règle de chaque chrétien. Combien plus la règle de chaque prêtre. « Quel beau spectacle présenterait l’Église, si tous les chrétiens » - et nous pouvons ajouter si tous les prêtres - « comprenaient ainsi cette loi de leur sacrifice ! Autour de Jésus apparaissant comme mort, tous les chrétiens spirituellement immolés, devraient former une hostie d'adoration réparatrice. Qu'il en soit ainsi de nous tous, ô mon Dieu, qu'il en soit ainsi. Donnez-nous d'être des hosties immolées avec Jésus-Christ. (2) »
    [...]
    Au dos d'une image qu'elle lui envoyait pour son sous-diaconat, la sœur de Mgr d'Hulst avait écrit : « Ne sois jamais prêtre sans être hostie. » - Belle devise pour nous tous. »

    1. De civitate Dei, L. X, ch. VI. - 2. P. J. Grimal : Le sacerdoce et le sacrifice de Jésus-Christ, p. 277 (Beauchesne, 1911).

    (méditation à suivre ce dimanche 24 janvier)

    Raoul Plus s.j. (1882-1958), L'idée réparatrice (Livre II ch. 3), Gabriel Beauchesne, Paris, 1919.

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  • Méditation : Le Saint Nom de Jésus-Christ (2)

    « Quelle puissance le nom de Jésus-Christ donne à nos prières ! elles cessent alors visiblement de ramper sur la terre, elles s'élèvent vers le ciel comme un encens d'agréable odeur. O nom de Jésus-Christ ! nom auguste, au-dessus de tout nom : Nomen quod est super omne nomen. Nom consolant, puisqu'il nous rappelle la miséricorde de Jésus-Christ pour l'homme ; nom qui nous rend par la prière tout puissants auprès de Dieu : car la parole de Jésus-Christ y est formelle ; c'est la parole du Dieu de vérité, il a daigné la confirmer par serment : en vérité, en vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, vous sera accordé. On voit que rien n'est excepté, mais seulement dans l'ordre du salut ; car, dit saint Augustin, au nom d'un Dieu qui est venu pour nous sauver, peut-on demander comme des biens ce qui serait étranger ou quelquefois contraire à notre salut ?

    On sent bien que, pour obtenir ces heureux effets du nom de Jésus-Christ, il doit être prononcé avec foi et dans de saintes dispositions ; la parole de l’Écriture y est formelle : tous ceux qui diront, Seigneur, Seigneur, c'est-à-dire, qui ne le diront que des lèvres, n'entreront point dans le royaume des cieux. Ce nom a été sur les lèvres de l'aveugle de Jéricho. Jésus, fils de David, s'écriait-il, ayez pitié de moi. En vain on lui imposa le silence ; sa foi le fit triompher de ces obstacles, et lui obtint un miracle. Combien de fois de nom de salut et de bénédiction est-il répété par nous chaque jour dans ces litanies si connues, composées en l'honneur de Jésus-Christ. On ne voit point que ce nom, quoique tout-puissant, nous guérisse d'aucune de nos passions. Croyons avec l’Écriture que nul ne peut dire Seigneur Jésus que par un mouvement de l'Esprit Saint. Alors ce nom sera prononcé avec intelligence, avec amour ; alors il excitera dans nos cœurs cet heureux tressaillement qu'éprouvait saint Bernard (*). Nous ne le prononcerons point, selon la pensée de saint Augustin, sans goûter les consolations de l'espérance, et le tentateur effrayé s'éloignera de nous. »

    (*) : cf. la méditation proposée hier.

    Athanase René Merault de Bizy, in "Instructions pour les fêtes de l'année", Tome premier (Sur le saint nom de Jésus), Librairie catholique de Perisse Frères, Lyon - Paris, 1841.

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  • Méditation : Le Saint Nom de Jésus-Christ (1)

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    « O Seigneur mon Dieu, que votre nom est grand et admirable ! Il est, au jugement de saint Paul, une digne récompense de vos humiliations et de vos souffrances. En l'entendant prononcer, toute créature doit s'incliner, tout genou doit fléchir, au ciel, sur la terre, dans les enfers, et toute langue doit confesser que votre gloire est incomparable (1). Votre nom est grand par son origine : c'est du ciel qu'il nous vient ; un ange l'a recueilli de la bouche du Père céleste et l'a apporté à la terre. Il est grand par sa signification : car il signifie Sauveur, c'est-à-dire une personne infinie en charité jusqu'à se sacrifier pour notre salut, et infinie en majesté pour donner à ce sacrifice une valeur infinie, seule capable de payer notre dette. Il est grand dans le ciel, où il apaise la justice divine et change les éclairs de sa colère en pluie de grâce (2). Il est grand sur la terre, où il opère les miracles et sanctifie les élus. Il est grand dans les enfers, où il enchaîne la fureur des démons. Il est grand partout, et si grand, qu'il est au-dessus de tout nom. [...] O Seigneur, que toutes les nations confessent la grandeur de votre nom, parce qu'il est saint et vénérable jusqu'à faire trembler de respect (3), et n'a rien de commun avec les noms vulgaires, qui ne suscitent dans les âmes qu'indifférence et froideur.

    Saint Paul l'a dit : "Quiconque invoque le nom du Seigneur sera sauvé" (4) ; c'est par lui qu'on arrive au salut (5). Jésus-Christ l'avait dit avant son apôtre : Mon nom rend la prière toute-puissante (6) ; et l’Église nous l'enseigne par sa pratique. C'est par le nom de Jésus qu'elle prie, qu'elle administre les sacrements, qu'elle nous bénit du berceau à la tombe (7)... Au nom de Jésus, le boiteux est redressé, le lépreux guéri, l'aveugle voit, le sourd entend, le muet parle, le paralytique recouvre l'usage de ses membres, la mort rend ses victimes, et le ciel s'ouvre au pécheur que ce divin nom a converti. Au nom de Jésus, les démons sont mis en fuite ; les lions, oubliant leur férocité, respectent le martyr qui a le nom de Jésus à la bouche. Au nom de Jésus, les chaînes tombent des mains du captif, les portes des prisons s'ouvrent, les éléments obéissent, la mer en fureur s'apaise et la terre transporte les montagnes. Oh ! qui n'aura donc confiance en ce divin nom ? qui ne l'invoquera dans le besoin ? "Toute notre espérance est dans le nom du Seigneur" (8) ; "heureux qui place en lui sa confiance" (9).
    [...]
    « La douceur du nom de Jésus, disait saint Bernard, me jette dans une sorte d'ivresse (10). Tout m'est insipide sans le nom de Jésus ; Jésus est du miel à ma bouche, une mélodie à mon oreille, une jubilation à mon coeur (11). » Est-ce ainsi que nous apprécions ce divin nom ? Ne le prononçons-nous jamais qu'avec respect et confiance, avec amour et délices ? »

    1. Ph II, 9 sq. - 2. Ps CXXXIV, 7 ; Jr LI, 16. - 3. Ps XCVIII, 3. - 4. Ac II, 21. - 5. Ac IV, 12 - 6. Jn XVI, 23. - 7. Per Dominum nostrum Jesum Christum. - 8. Ps CXXIII, 8. - 9. Ps XXXIX, 3. - 10. Quasi ebrietas spiritualis. - 11. Jesus mel in ore, in aure melos, in corde jubilus.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, 2 janvier, Premier, Deuxième & Troisième Points), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : Notre Seigneur est Roi

    « Le divin Maître veut régner et régner par son amour. Il est Roi.
    Il l'est par droit de nature, parce qu'Il est Fils de Dieu, souverain Seigneur des créatures à qui Il a donné l'être, parce qu'Il est l'Homme parfait, le modèle que l'humanité doit s'efforcer de reproduire.
    Roi, Il l'est par droit de conquête. Il a au prix de son sang délivré les hommes de l'esclavage de Satan et leur a ouvert le Ciel. A Lui donc l'humanité qu'Il a sauvée.
    Roi, Notre-Seigneur l'est par la volonté de son Père. Vous êtes mon Fils, je vous donnerai les nations en héritage, dit Dieu le Père, et le Fils lui répond : J'ai été établi par Vous sur la montagne de Sion. L'apôtre Saint Paul faisait écho de ces paroles de l'Ancien Testament quand il disait : Il faut que Jésus-Christ règne.
    Notre-Seigneur veut régner par amour.

    Il y a plusieurs manières de se soumettre les hommes. La puissance du génie. Elle est grande, mais cependant elle ne saisit pas l'homme par ce qu'il a de plus intime. La force de la volonté. Elle se fait craindre, mais alors ce ne sont pas des sujets à proprement parler, mais plutôt des esclaves. L'amour enfin. C'est, à vrai dire, la seule manière de bien soumettre les hommes : quand le cœur est gagné, tout est gagné.
    C'est ainsi que Notre-Seigneur veut régner sur nous, et voilà pourquoi il nous présente son Cœur, symbole de son amour : Mon Cœur veut régner, dit-il ; je règnerai malgré mes ennemis.

    Comme cette dernière parole nous console et nous rassure ! Faisons régner le Cœur de Jésus en nous, en Lui soumettant entièrement notre âme ; autour de nous, par les moyens qu'Il a Lui-même employés : la bonté, la patience, le dévouement, le sacrifice. Et puis, prions-le d'étendre son règne : la prière est toute puissante sur le Cœur de Dieu. »

    Mgr Amette (Évêque de Bayeux), 25 juin 1903, in Abbé Coubé, "La Royauté du Sacré-Cœur", Paris, Bureaux de la Ligue Eucharistique, 1906.

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  • Méditation : Où trouver le Christ Jésus ?

    « Mes sœurs, nous ne connaissons pas Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il faudrait pourtant faire enfin sa connaissance : c'est la seule chose qui importe. Au lieu de ces idées plus ou moins justes que nous nous formons de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il s'agirait d'entrer enfin en rapport avec lui afin de ne plus voir que lui seul. Il y a une parole du Cantique qui me paraît ici fort suggestive et allant droit à ce que nous disons. Quand la pauvre petite âme, ayant peur de se tromper, se demande, anxieuse : « Mais s'il m'arrive de suivre quelqu'un qui ne serait pas lui ? », elle supplie : Indica mihi quem diligit anima mea, ubi pascas, ubi cubes in meridie (Ct 1, 7). Indiquez-moi où vous paissez vos troupeaux, où vous reposez à l'heure de midi ? Quel malheur si l'on se trompait ! Le pasteur marche en tête du troupeau, très loin. Si on allait se méprendre ? Si nous allions suivre quelqu'un qui ne serait pas le Seigneur lui-même, mais simplement quelqu'un de ses compagnons... Ah ! Seigneur, vous qu'aime mon âme, ne permettez pas que je me mette à divaguer, donnez-moi les indications précises pour que je sois sûre de ne pas me tromper...

    Mes sœurs, vous le savez bien, il repose sur la Croix. Si tu veux me trouver, répond-il à l'âme, c'est là que je suis, tu n'as qu'à prendre ma Croix, ou plutôt ta Croix, celle que j'ai faite pour toi sur mesure, celle que j'ai préparée avec un amour infini pour toi ; tu n'as qu'à l'embrasser généreusement pour être sûre de ma présence. Car de même qu'on ne trouve pas Jésus sans la Croix, on ne trouve pas la Croix sans Jésus. In hoc signo vinces. C'est par ce signe, avec ce signe de la Croix que nous triompherons de toutes nos illusions. Il n'y a pas moyen de divaguer quand on s'attache à la Croix du Seigneur : Ne vagari incipiam post greges sodalium tuorum - Pour que je ne m'égare plus en suivant les troupeaux de vos compagnons (Ct 1, 7). »

    [P. Pierre-Thomas Dehau (1870-1956)], Des fleuves d'eau vive (Rester avec Jésus), Lyon, Les Éditions de l'Abeille, 1941.

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    Fresque de Giotto di Bondone, église San Francesco à Assise

  • Méditation : Reconnaissance de la Royauté universelle du Christ

    « Reconnaissons-nous que nous avons été créés pour le Christ ? ... Sommes-nous résolus à vivre conformément aux droits de Notre-Seigneur par une obéissance entière à la Loi de Dieu et de l’Église ? Le Christ règne en nous.
    Voici une formule qui esquisse l'acceptation de cette Royauté : « O Christ Jésus, je vous reconnais pour Roi universel ; tout ce qui a été créé, a été fait pour vous. Exercez sur moi tous vos droits. Je renouvelle mes promesses du baptême en renonçant à Satan, à ses pompes et à ses œuvres.
    Divin Cœur de Jésus, je vous offre cette journée pour obtenir que toutes les âmes reconnaissent votre Royauté sacrée. »
    ...
    Nous devons travailler à établir la Royauté du Christ autour de nous.
    Pour y réussir, comment procéder ? Que chacun se fasse apôtre ; qu'il propose la petite formule aux personnes de bonne volonté qui l'entourent et le nombre des adhérents à la Royauté du Christ ne tardera pas à se multiplier.
    Toutefois, ne l'oublions pas, il s'agit de la Royauté sociale du Christ. Il ne suffit donc pas que les individus l'acceptent comme individus ; il ne suffit même pas, ce qui est cependant de grande importance, que M. le Curé fasse cet acte publiquement, au nom de la paroisse. Pour avoir toute sa portée, il devra être accepté par un certain nombre de familles, lorsqu'on ne saurait les avoir toutes...
    La famille est le noyau de la société. C'est donc la famille qui doit faire un acte d'acceptation officiel des droits de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
    Aussi demande-t-on aux pères et aux mères de famille de choisir un jour par semaine qu'ils offriront pour honorer les droits de Notre-Seigneur et pour obtenir que tous les cœurs se soumettent explicitement à ces droits. La veille au soir, toute la famille étant réunie pour la prière, le père ou la mère récite la formule ainsi modifiée : « O Christ Jésus, au nom de ma famille et de la France, je vous reconnais pour Roi universel. Toute la création a été faite pour vous et pour votre Mère. Exercez sur nous tous vos droits. Nous renouvelons nos promesses du baptême en renonçant à Satan, à ses pompes et à ses œuvres. Divin Cœur de Jésus, nous vous offrons la journée de demain pour obtenir que la France et l'univers entier reconnaissent votre Royauté sacrée. » »

    Un Frère mineur de la Province de France, La Royauté du Christ (Chapitre Quatrième : Comment établir la Royauté du Christ ?), Desclée, Lefebvre et Cie, Rome / M. Giard, Lille, 1906.

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  • Dimanche 25 octobre 2015

    Fête du Christ-Roi (dernier dimanche d'octobre)
    (30ème dimanche du Temps Ordinaire)

     Commentaire de l'Evangile du dimanche

    « Si les hommes venaient à reconnaître l'autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables - une juste liberté, l'ordre et la tranquillité, la concorde et la paix - se répandraient infailliblement sur la société tout entière.
    [...]
    Si les princes et les gouvernants légitimement choisis étaient persuadés qu'ils commandent bien moins en leur propre nom qu'au nom et à la place du divin Roi, il est évident qu'ils useraient de leur autorité avec toute la vertu et la sagesse possibles. Dans l'élaboration et l'application des lois, quelle attention ne donneraient-ils pas au bien commun et à la dignité humaine de leurs subordonnés !
    [...]
    La fête, désormais annuelle, du Christ-Roi Nous donne le plus vif espoir de hâter le retour si désirable de l'humanité à son très affectueux Sauveur. Ce serait assurément le devoir des catholiques de préparer et de hâter ce retour par une action diligente ; mais il se fait que beaucoup d'entre eux ne possèdent pas dans la société le rang ou l'autorité qui siérait aux apologistes de la vérité. Peut-être faut-il attribuer ce désavantage à l'indolence ou à la timidité des bons ; ils s'abstiennent de résister ou ne le font que mollement ; les adversaires de l’Église en retirent fatalement un surcroît de prétentions et d'audace. Mais du jour où l'ensemble des fidèles comprendront qu'il leur faut combattre, vaillamment et sans relâche, sous les étendards du Christ-Roi, le feu de l'apostolat enflammera les cœurs, tous travailleront à réconcilier avec leur Seigneur les âmes qui l'ignorent ou qui l'ont abandonné, tous s'efforceront de maintenir inviolés ses droits.

    Mais il y a plus. Une fête célébrée chaque année chez tous les peuples en l'honneur du Christ-Roi sera souverainement efficace pour incriminer et réparer en quelque manière cette apostasie publique, si désastreuse pour la société, qu'a engendrée le laïcisme. Dans les conférences internationales et dans les Parlements, on couvre d'un lourd silence le nom très doux de notre Rédempteur ; plus cette conduite est indigne et plus haut doivent monter nos acclamations, plus doit être propagée la déclaration des droits que confèrent au Christ sa dignité et son autorité royales. »

    Pie XI, Encyclique Quas Primas (14, 19), 11 décembre 1925.
    (Texte intégral)

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    « Jésus est roi, ne nous lassons pas de le dire, d'abord parce qu'il est Dieu. Un Dieu créateur, juge et maître du monde. L'Enfant Jésus, dans ses petits poings, enfermait les étoiles. Puis il est roi d'une royauté de conquête, ayant ravi et délivré au prix de son sang l'humanité prisonnière. Et cette humanité est maintenant sa captive, d'une captivité volontaire de reconnaissance et d'amour.
    Veut-on savoir comment Jésus veut régner sur nous ? Il dit : Mon fils, donne-moi ton cœur ! Il promet la vie éternelle, et sur la terre le centuple et des jaillissements d'eau vive. Ce qu'il promet, il l'a pratiqué lui-même, il l'a mille fois donné à tous ses amis : l'humilité qui chasse l'orgueil, la chère pauvreté qui se veut riche de Dieu, la chasteté qui répond à l'appel du plus grand amour.
    Comment répondre à cet appel ? « Conversion », ce mot signifie qu'il faut tourner son regard vers la lumière, et incliner l'oreille de son cœur. Le Roi commande, il suffit d'obéir. Le reste viendra tout seul et l'âme chantera son obéissance jusque sur la Croix, en couronnant par le martyre une vie sainte. »

    Dom Gérard (1927-2008), méditation pour la fête du dernier dimanche d'octobre, Missel quotidien complet pour la forme extraordinaire du rite romain, Édition entièrement nouvelle par les moines bénédictins de l'abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, Éditions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 2013.
  • Méditation : « Nous avons cru à l'amour » (1 Jn IV, 16)

    « Se savoir, se croire aimé d'une manière divine en Jésus, c'est ce qui importe avant tout à son disciple, car « la connaissance de l'infinie bonté de Dieu est le premier sentiment que nous devions avoir (1) ». Et que d'âmes, même pieuses et désireuses de perfection, ne se développent pas et restent naines, parce qu'elles n'osent se nourrir de cet amour venant de la Divinité.
    Le Père et le Fils ont mis dans leur cœur le Saint-Esprit, l'Amour subsistant, mais elles ne lui font point place, elles le tiennent à l'étroit ; elles ne lui offrent pas un cœur dilaté parce qu'elles n'osent se croire si chères à Dieu, si chéries de Dieu. Elles ne comprennent pas que le plus bel hommage à faire à un Dieu tout aimant, c'est de croire à son amour ; elles ne comprennent pas que la seule manière d'être à Dieu, c'est de se livrer pleinement à son amour.
    Nous, disait saint Jean, nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous. Nous avons cru à l'amour. Dieu est amour ; et celui qui demeure en l'amour, demeure en Dieu et Dieu en lui (1 Jn IV, 16). Ainsi devient-on intime du Seigneur.
    - Oui. Mais pour aspirer à cette intimité, ne faut-il pas être un saint Jean, apôtre vierge, colombe par la pureté de l'âme, aigle par la sublimité de la pensée ?
    - Et quels étaient donc les amis intimes de Jésus à Béthanie ? Lazare avait-il tout quitté pour suivre Jésus ? Marthe ne se laissait-elle pas dominer par des préoccupations d'ordre matériel ? Marie n'était-elle pas la pécheresse que Simon se scandalisait de voir tolérée aux pieds de Jésus (2) ?
    Chez tous, comme chez eux, Jésus vient frapper à la porte, cherchant qui veut, comme eux, croire à sa dilection. Je me tiens à la porte, dit-il, je frappe. Si quelqu'un répond à ma voix et ouvre sa porte, j'entre, et nous nous mettons à table, moi avec lui, lui avec moi (Ap III, 20). »

    1. Texier, Première retraite. - 2. Le P. Fl. Jubaru, avec la Liturgie romaine et avec Maldonat, identifie Marie de Béthanie et la pécheresse dont parle saint Luc. Rappelons que presque tous les exégètes modernes distinguent deux, ou même trois personnages : la pécheresse dont il est question au chapitre VII de saint Luc, Marie de Magdala et Marie de Béthanie.

    P. J.-B. Gosselin s.j., Sujets d'oraison pour tous les jours de l'année, Tome V (43), 2ème édition revue et augmentée, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1947.

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  • Méditation : Exaltation de la Sainte Croix

    « C'est aujourd'hui le jour de l'Exaltation de la sainte Croix, croix aimable à laquelle a été suspendu par amour le Sauveur du monde entier. C'est par la croix que nous devons être régénérés dans l'état de haute noblesse où nous étions dans l'éternité ; c'est à cette noblesse que, par l'amour de cette croix, nous renaîtrons et serons élevés à nouveau. Cette éminente dignité de la croix, il n'y a pas de paroles pour l'exprimer. Or, Notre Seigneur, lui, a dit : « Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi. » (1) Il veut dire par là qu'il veut attirer à lui nos cœurs terrestres qui sont possédés de l'amour des créatures. Il veut attirer à lui la soif que nous avons des jouissances et des satisfactions de la terre. Notre âme, belle et orgueilleuse, retenue par la complaisance qu'elle prend en elle-même, par l'amour de la satisfaction temporelle de notre sensibilité, il voudrait l'attirer tout entière à lui ; oui, pour qu'il soit ainsi élevé en nous, et qu'il grandisse en nous et dans nos cœurs ; car pour qui Dieu a jamais été grand, toutes les créatures sont petites et les choses passagères, comme rien. Cette aimable croix est le Christ crucifié élevé d'une façon inimaginable, bien au-dessus de tous les saints, de tous les anges, au-dessus des joies, délices et félicités, qu'ils ont tous ensemble ; et, comme sa véritable et essentielle demeure est au plus haut des cieux, il veut habiter en ce qu'il y a de plus haut en nous, c'est-à-dire dans notre amour et dans nos sentiments les plus élevés, les plus intimes, les plus délicats. Il veut attirer les facultés intérieures dans les supérieures, et élever jusqu'à lui les facultés supérieures avec les inférieures. Si nous faisons cela, il nous attirera nous aussi dans sa demeure la plus élevée et la plus intime. Car voici l'inéluctable loi : si je veux aller si haut et y demeurer, il faut que je le reçoive ici de toute nécessité, dans ce qui est mien. Autant je lui donne maintenant du mien, autant il me donnera du sien. C'est à égalité d'échange. »

    1. Jn 12, 32.

    Jean Tauler, Troisième Sermon pour l'exaltation de la Croix (1), in "Sermons" (58), Éditions du Cerf, Sagesses Chrétiennes, Paris, 1991.

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    Luigi Gregori (1819–1896), Exaltation de la Sainte Croix (détail)
    Intérieur de la Basilique du Sacré Coeur, Notre Dame, Indiana

  • Méditation : Le Chemin de la croix

    « C'est une sainte dévotion de faire souvent cet exercice. [...] Suivons N.-S. et la Sainte Vierge au Calvaire. Cette voie nous est tracée par le sang de J.-C. et les larmes de la sainte Vierge ; c'était avec elle que les saintes femmes pleuraient en suivant N.-S.
    Mais ne vous contentez pas d'aller au Calvaire méditer les souffrances et la mort de J.-C., allez-y pratiquement pour souffrir et mourir avec lui. Portons la croix et portons-la jusqu'à la mort, à l'exemple de N.-S. Notre croix se compose des peines de l'âme, qui viennent de nous-mêmes, ou du démon, ou de Dieu même. Acceptons ces inquiétudes, ces incertitudes, ces craintes que nous ressentons. Notre croix se compose encore des peines du corps, de toutes les petites souffrances que nous éprouvons, acceptons-les. Notre croix se compose de notre caractère qu'il faut régler, réprimer, combattre ; du caractère des autres qu'il faut supporter ; c'est bien juste : puisque nous avons des défauts, des inconvénients dont ils souffrent, il est juste de supporter les leurs. Consentons à être crucifiés avec N.-S., c'est-à-dire consentons à une vie toute crucifiée, à ne quitter la croix qu'avec la vie. La mort est la dernière croix, mais si elle est horrible pour les mondains, elle est quelquefois bien douce pour les âmes pieuses. Les personnes qui, pendant leur vie, ont eu une grande frayeur de ce dernier moment, le voient arriver avec joie.
    Toutes les profanations, impiétés, qui en tant de lieux outragent l'autel et la croix, doivent nous porter à rendre nos cœurs de véritables Calvaires d'honneur où la croix de J.-C. soit adorée, vénérée. Faire le chemin de la croix en réparation des outrages envers Jésus crucifié ; dans ce but lui offrir toutes les épreuves qui nous adviennent. »

    [P. Eusèbe Godfroy s.j.] Avis spirituels pour servir à la sanctification des âmes (LXXXI), Tome I, Vingt-et-unième édition, Paris, Ancienne Maison Ch. Douniol, P. Téqui, 1906 (1ère éd. 1861 - 2e éd. Vagner, Nancy, 1863 - 8e éd. Ch. Douniol 1869 - 13e éd. Ch. Douniol 1878).

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  • Méditation : Jésus, donnez-moi à boire !

    « Tandis que Dieu me poursuit de ses invitations, mon âme, peut-être, ressemble à la terre aride dont parle le Psalmiste : Mon âme, comme une terre aride, desséchée, soupire après vous (1). Quand répondra-t-elle à l'invitation de Notre-Seigneur, qui crie à tous les hommes : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive... Comment se fait-il que j'entende de pareils appels, que j'aie tout près de moi de quoi étancher ma soif, et que je puise si rarement, si négligemment à cette source divine (2) ?

    Jésus, je vous demande à boire : donnez-moi cette eau vitale. Donnez-moi la foi, l'espérance et la charité, non pas pauvrement, comme des sources qui suintent à peine, mais largement comme des sources bien jaillissantes. Donnez-moi l'eau de votre grâce, afin que mon âme soit lavée, calmée, fécondée. Si l'eau de la terre lave, purifie, si elle arrose et féconde les jardins, si elle calme un instant la soif du corps, que ne fera pas cette eau spirituelle dans mon âme ! Qu'elle jaillisse de votre sainte Passion, qu'elle jaillisse de votre Croix, qu'elle jaillisse en moi de votre Cœur et de vos plaies ; qu'elle jaillisse de votre sainte Eucharistie, de tous vos sacrements et de votre parole divine ; qu'elle jaillisse en moi par Marie, qui est le canal de la divine grâce, Mater divinae gratiae, et que mon âme attentive et avide s'y abreuve, afin qu'elle n'ait plus à venir puiser au puits de Jacob, au puits des frivoles satisfactions et affections humaines (3)... »

    1. Ps 142, 6. - 2. Voir Sauvé, La Sainte Trinité, pp. 185-186. - 3. A. Chometon s.j., Le Christ, vie et lumière, p. 107.

    P. J.-B. Gosselin s.j., Sujets d'Oraison pour tous les jours de l'année, Tome V (12), 2ème édition revue et augmentée, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1947.

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  • Méditation : Aimer Jésus-Christ

    « Que faut-il faire pour aimer J.-C. ? L'aimer. Méditez cette réponse pour la bien comprendre et en profiter. Lorsque l'âme est dans un état de sécheresse, il faut toujours répéter à Dieu qu'on l'aime, malgré l'apparente contradiction qu'il y a entre la parole et le sentiment. On doit agir d'après la grâce et non d'après le sentiment. C'est la grâce qui fait exprimer les actes d'amour. L'absence du sentiment fait croire que l'on formule une fausseté ; toutefois on a remporté une victoire, acquis un mérite devant Dieu en obéissant à la grâce et surmontant la répugnance naturelle à ces actes.

    L'amour de J.-C. ne se prouve pas par des sentiments affectueux, mais par les œuvres. Cette doctrine n'est pas des hommes, mais de N.-S. lui-même : « Celui qui m'aime garde mes commandements. » D'abord garder les commandements en fuyant tout péché mortel ; puis en évitant tout péché véniel délibéré, et enfin en tâchant de diminuer ceux mêmes qui sont involontaires, c'est le partage de ceux qui aspirent à être parfaits. Quelle est la récompense promise à cette fidélité ? N.-S. ajoute : « Celui qui garde mes commandements m'aime ; mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure. » Ce ne sera pas une visite passagère, mais stable. Notre cœur deviendra le sanctuaire de Dieu. Voilà la récompense promise aux œuvres, à la fidélité à garder les commandements. Elle ne l'est pas au sentiment indépendant de notre volonté, qu'il ne tient pas à nous d'éprouver ; au lieu qu'il dépend de nous d'agir suivant la volonté de Dieu. »

    [P. Eusèbe Godfroy s.j.] Avis spirituels pour servir à la sanctification des âmes, Tome I (CCC), Vingt-et-unième édition, Paris, Ancienne Maison Ch. Douniol, P. Téqui, 1906 (1ère éd. 1861).

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  • Angélus de ce dimanche 16 août 2015

    Le Pain de vie, Jésus lui-même, et le sacrement de l’Eucharistie : le Pape François est revenu ce dimanche midi, lors de l’Angélus place Saint-Pierre, sur l’Évangile de saint Jean qui reprend le discours de Jésus sur le Pain de vie. Il a rappelé aux pèlerins que « l’Eucharistie n’est pas une prière privée ou une belle expérience spirituelle », qu’elle « n’est pas simplement une commémoration de ce que Jésus a fait lors de la Dernière Cène : l’Eucharistie est “mémorielle”, c’est-à-dire qu’elle est un geste qui actualise et rend présent l’événement de la mort et de la résurrection de Jésus : le pain est réellement son Corps donné, le vin est réellement son Sang versé ». Le Pape a donc souligné à quel point il était nécessaire de se rendre à la Messe pour communier.

    Pour bien comprendre ce que signifiait cette démarche, le Saint-Père est revenu sur la signification de « manger la chair et boire le sang ». Il faut bien comprendre ce qui se passe dans le Cœur de Jésus quand il rompt le pain pour la foule affamée. Il « s’identifie avec ce pain rompu et partagé ». « Ce processus atteint son point culminant lors de la dernière Cène où le pain et le vin deviennent réellement son Corps et son Sang ». Pour cela, il faut aussi que nous disions « oui », et que nous adhérions à la foi.

    Si nous communions vraiment avec foi, a expliqué le Pape, notre vie se trouve transformée « en un don à Dieu et aux frères ». « Cela signifie entrer dans un dynamisme d’amour oblatif et devenir des personnes de paix, de pardon, de réconciliation, de partage social ».

    « Vivre en communion concrète, réelle avec Jésus sur cette terre nous fait déjà passer de la mort à la vie, et ainsi nous fermons nos yeux sur ce monde dans la certitude qu’au dernier jour nous sentirons la voix de Jésus ressuscité qui nous appellera, et qui nous nous réveillerons pour être toujours avec Lui et avec la grande famille des saints ».

    Source : Radio Vatican.

    Texte intégral traduit en français sur Zenit.org.

    Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican.

  • Mystère de la Communion Eucharistique (2)

    (suite de la méditation d'hier dimanche)

    « Peut-être avons-nous trop l'habitude de considérer ce mystère sous son aspect intime, dans ce cœur à cœur dont nous parlions, dans cet échange d'amour qui se fait entre Dieu et chacun de nous. Ce mystère, le plus intime en effet de notre religion, est en même temps le plus social. Il n'y en a pas qui ait plus de retentissement extérieur.
    Il est la plus riche expression de ce mystère de la Communion des saints qui fait, de tous les croyants, un seul corps dont Jésus-Christ est la tête, dont nous sommes les membres.
    Il fonde la famille chrétienne. Il nous apparente les uns aux autres par la communication de la même vie. Nous devenons vraiment des frères, puisque dans nos veines coule le même sang, qui est celui du Christ, passé du calice à nos lèvres, et de nos lèvres à nos cœurs. [...]
    Ce mystère réalise la parfaite égalité des âmes devant le don de Dieu. Partout ailleurs éclatent des différences dans le partage des biens. ici le plus humble fidèle recevant une parcelle d'hostie reçoit son Dieu dans la même plénitude que le saint le plus avancé en perfection. Il n'y a d'égalité que là. Elle n'est nulle part ailleurs. [...] Venez à cette table, savant ou ignorant, vieillard ou enfant, corps robuste ou infirme, homme avancé dans la sainteté ou converti d'hier, approchez-vous, mangez la nourriture qui vous est préparée, vous recevrez tous Jésus en plénitude. Les effets de sa présence pourront se diversifier selon vos dispositions et selon les capacités surnaturelles de vos âmes. Le don même du Christ est égal pour tous. »

    R.P. Ponsard, Carême 1928, Retraite Pascale (Jeudi Saint, II), Conférences de Notre-Dame de Paris, Spes, 1928.

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    Quid retribuam Domino ?
    Calicem salutaris accipiam
    et nomen Domini invocabo.


    Comment rendrai-je au Seigneur
    tout le bien qu'il m'a fait ?
    J'élèverai la coupe du salut,
    j'invoquerai le nom du Seigneur.

    (Ps 115, 12-13)
  • Méditation : Mystère de la Communion Eucharistique (1)

    « L'Eucharistie est cette prise de possession de Dieu par l'homme. Dieu se donne vraiment, réellement, substantiellement, sans division, sans partage. Il fait mieux que se donner, il se livre comme la nourriture qui cesse d'être elle-même pour devenir celui qui la reçoit. Il devient nous. Cœur à cœur, fusion de deux cœurs en un. Ce que nous sommes, il le devient ; ce qu'il est, nous le devenons. La force se fait faiblesse, la faiblesse se fait force. Il devient en chacun de nous juste ce qui répond au besoin de chacun de nous. Si nous sommes obscurité, il se fait en nous lumière ; si nous sommes tourment, il se fait en nous paix et quiétude ; si nous sommes égoïsme, il se fait en nous charité. C'est ce qu'indique l'apôtre quand il dit : « Cum infirmor, tunc potens sum. » (*)
    Cet échange merveilleux s'opère par la présence réelle du Christ. Il réalise, au-delà de toute espérance, la promesse qu'il a faite d'être avec nous jusqu'à la consommation des siècles. Le monde peut crouler, les étoiles s'éteindre, ou nos temples se renverser : tant qu'il restera un coeur et une hostie, il restera encore sur terre une raison pour Dieu et pour l'homme de croire à la victoire de l'amour, et à la possibilité du bonheur. »

    R.P. Ponsard, Carême 1928, Retraite Pascale (Jeudi Saint, II), Conférences de Notre-Dame de Paris, Spes, 1928.

    (*) : II Cor XII, 10 : "Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort."
    Voir le commentaire de Bossuet sur ce verset, dans son Panégyrique de l'Apôtre Saint Paul, ainsi que la remarquable méditation de Benoît XVI sur ce chapitre XII de la 2e Lettre aux Corinthiens, donnée lors de l'Audience générale du Mercredi 13 juin 2012.

    (à suivre demain)

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