Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

coeur - Page 11

  • Méditation 4ème semaine de Carême : le sensualisme (1)

    « L'empire du sensualisme dans l'homme embrasse tout à la fois le domaine des sens, de l'imagination et du cœur. Les sens constituent son principal domaine. Le sensualisme est avant tout sensation, c'est-à-dire impression, émotion, vibration et tressaillement des sens. Mais il appelle à lui, comme puissances auxiliatrices, l'imagination et le cœur. L'imagination conspire avec les sens pour leur envoyer par l'image l'impression des voluptés absentes. Le cœur lui-même, quand il n'est pas soulevé par les attractions de l'esprit, se met, lui aussi, au service des sens... »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Troisième conférence : le sensualisme obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

    sensualisme,sens,imagination,coeur,sensation,impression,émotion,vibration,sentiment,plaisirs,volupté,passion

    « Vous le voyez, la pensée en est absente, l'intelligence en est exclue, et la volonté n'y a rien à faire. Aussi, que fait le sensualisme alors qu'il vient à se personnifier et à s'incarner dans un homme ? Il s'émeut, il tressaille, il palpite, il rêve ; il se nourrit d'images, il se repaît de sensations, il s'enivre de sentiments. Il ouvre son cœur à toutes les sympathies qui lui promettent, ne fût-ce que pour une heure, l'ivresse du sentiment ; il ouvre ses sens à tous les contacts qui lui promettent la volupté de la sensation ; il ouvre son imagination à tous les rêves qui lui montrent, par delà toutes les réalités qu'il touche, des plaisirs et des voluptés dont il remplit, pour s'en repaître, tout un monde idéal. Et pour trouver à la fois toutes ces voluptés, toutes ces images et tous ces tressaillements qu'ambitionne et poursuit sa passion de sentir, il court, il vole, il se précipite de fête en fête, de spectacle en spectacle, de festins en festins et de voluptés en voluptés. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Troisième conférence : le sensualisme obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

    sensualisme,sens,imagination,coeur,sensation,impression,émotion,vibration,sentiment,plaisirs,volupté,passion

  • Méditation 3ème semaine de Carême : la concupiscence (4)

    « La concupiscence ne retourne pas seulement les intelligences, elle retourne les cœurs aussi, dans le sens rétrograde. Tandis qu'elle obscurcit le ciel des idées, dérobant aux regards de l'humanité les principes éternels autour desquels s'accomplit le mouvement du progrès, et surtout l'idée de la fin dernière, elle accomplit au fond des cœurs une dépravation qui les précipite vers des décadences plus profondes encore...

    Au centre de la vie humaine il y a une chose qui donne par son mouvement l'impulsion à toute la vie. Cette chose que les impurs ont profanée, mais dont les profanations ne peuvent interdire à la parole sacrée de prononcer le nom, c'est l'amour. Oui, l'amour, voilà le centre de la gravitation humaine...

    Aussi, là où va mon amour, là vont mes pensées, là mes désirs, là mes aspirations, là mes actions, là mes joies et mes douleurs, là mes vertus ou mes vices, là mes progrès ou mes décadences. Quand cet amour est ordonné, tout est dans l'ordre ; quand il est désordonné, tout est dans le désordre. Quand cet amour monte, tout monte, je suis dans le progrès ; quand cet amour descend, tout descend, je suis dans la décadence.

    Tout le mystère du progrès gît donc au fond de ce problème pratique, le plus important et le plus décisif de toute la vie : faire monter ou descendre l'amour, ce qui revient à dire : mettre l'ordre ou le désordre dans l'amour. Or, le désordre dans l'amour, c'est la concupiscence même. La concupiscence prise dans son essence peut se définir : la perversion de l'amour ou l'amour retourné. Vous avez dans ce seul mot la philosophie des passions humaines, la théologie de la concupiscence, et je puis bien ajouter : la science du progrès. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Deuxième conférence : la concupiscence obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

    concupiscence,dépravation,fin dernière,coeur,amour,pensées,désirs,aspirations,actions,joies,douleurs,vertus,vices,progrès,décadences,monter,descendre,perversion

    (Crédit photo - Tous droits réservés)

  • Angélus de ce dimanche 8 mars 2015

    Bouquets de mimosa à la main, les fidèles ont accueilli le Pape François sous un beau soleil place Saint-Pierre pour l’Angélus de ce dimanche 8 mars, qui était aussi la journée de la femme. Le Pape n’a pas manqué d’ailleurs de saluer « toutes les femmes qui chaque jour cherchent à construire une société plus humaine et plus accueillante ». Le Pape a alors adressé « un merci fraternel à celles qui, de mille manières, sont des témoins de l’Évangile et travaillent dans l’Église ».

    Le Pape a profité de cette occasion pour rappeler à ses yeux « l’importance des femmes et la nécessité de leur présence dans la vie. Un monde où les femmes sont marginalisés, est un monde stérile parce que les femmes ne portent pas seulement la vie, elles nous transmettent la capacité de voir plus loin, au-delà d’elles-mêmes. Elles nous transmettent la capacité de comprendre le monde avec des yeux différents, de sentir les choses avec un cœur plus créatif, plus patient, plus tendre. » Le Pape a alors donné sa bénédiction à toutes les femmes présentes place Saint-Pierre et à toutes les autres.

    Le Corps de Jésus est le Temple

    Auparavant, avant la prière de l'Angélus, le Pape est revenu sur l’Évangile de ce troisième dimanche de Carême : Jésus chasse les marchands du Temple. A ceux qui lui demandent un geste divin qui confirme qu’il est l’envoyé de Dieu, Jésus répond : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Le Pape explique que ces personnes n’avaient pas compris que « le Seigneur faisait référence au Temple vivant de son Corps, qui aurait été détruit lors de sa mort sur la croix, mais serait ressuscité le troisième jour. »

    Le Pape François souligne que « ce geste de Jésus et son message prophétique se comprennent pleinement à la lumière de sa Pâque. » « Son corps deviendra dans la Résurrection le lieu du rendez-vous universel entre Dieu et les hommes ». « Son humanité est le vrai temple où Dieu se révèle, parle et se fait connaitre, et les vrais adorateurs de Dieu ne sont pas les gardiens du temple matériel, les détenteurs du pouvoir et du savoir religieux, mais ceux qui adorent Dieu en esprit et en vérité. »

    A ce temple de Jésus correspond un autre temple, celui que « nous construisons pour Dieu, dans notre vie ». Pour ce faire, nous devons marcher dans le monde comme Jésus et faire « de toute notre existence un signe de son amour pour nos frères, spécialement les plus faibles et les plus pauvres ». Après la prière de l’Angélus, le Pape a d’ailleurs demandé aux fidèles de chercher à être, durant ce Carême, « plus proches des personnes qui vivent des moments de difficultés : proches avec affection, dans la prière et en étant solidaires ».

    Laissons entrer Jésus dans nos cœurs

    L’objectif de ce temple que nous construisons est de favoriser la rencontre entre Dieu et toutes les personnes que nous rencontrons sur notre route. Le Pape se demande toutefois si nous permettons au Seigneur de « faire le ménage dans notre cœur et de chasser les idoles, c’est-à-dire la cupidité, la jalousie, la mondanité, l’envie, la haine, cette habitude de médire et de critiquer les autres ». Le Pape rassure alors les fidèles, les assurant qu’il ne faut pas voir peur de demander à Jésus de faire le ménage dans nos cœurs car « Jésus ne donne jamais de coup de bâton. Jésus fait le ménage avec tendresse, avec miséricorde et avec amour ». 

    Le Pape rappelle alors que « chaque eucharistie que nous célébrons avec foi nous fait croitre comme temple vivant dans le Seigneur, grâce à la communion avec son Corps crucifié et ressuscité. » Et d’inviter les fidèles à laisser entrer Jésus « dans notre vie, dans notre famille et dans nos cœurs ».

    Source : Radio Vatican.

    Texte intégral traduit en français sur Zenit.org.

    Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation 2ème semaine de Carême : égoïsme et amour de Jésus-Christ (5)

    1er vendredi du mois, dédié au Sacré-Coeur de Jésus

    « Quand je vois sous mes yeux tant d'amours qui s'égarent dans l'erreur, qui se précipitent dans la chair ou qui se perdent dans le vide ; et quand je vois tant d'autres qui ne savent où ils vont, je me dis, dans un élan d'amour fraternel et d'ambition apostolique : Oh ! si tous ces amours venaient au foyer de tout amour ! Si ces cœurs qui fuient, s'égarent et se corrompent, venaient tous se reposer au Cœur de Jésus-Christ ! Si ces vents qui remuent la terre conspiraient tous ensemble pour ramener de nouveau tous ces cœurs à leur centre, c'est-à-dire au Cœur de Jésus-Christ ; grand Dieu ! quel changement dans les hommes, et quelle restauration dans les choses ! quelle ascension dans les âmes, quelle harmonie dans les cœurs, quelle force dans la société, quel progrès dans l'humanité ! Je me dis, en regardant le Cœur ouvert de Jésus-Christ, habitacle vivant de l'amour : Si tous nos cœurs étaient là, autour du Sacré-Cœur centre de la vie du Christ, et du progrès chrétien ! s'ils étaient là prêts à suivre le mouvement qui l'emporte lui-même !... quel avenir, grand Dieu !... Ah ! c'est un rêve peut-être ; mais ce rêve vous me le pardonnez ; je rêve votre grandeur, je rêve votre progrès, je rêve votre bonheur ; je rêve dans le Coeur de celui que j'aime votre ciel sur la terre. Pardonnez-le, c'est un rêve d'ami, c'est un rêve de frère ; c'est un rêve d'apôtre aussi ; et mon Dieu qui me l'envoie me dit au cœur que ce rêve peut devenir et bientôt deviendra, sinon pour tous du moins pour un grand nombre, la réalité que j'appelle.

    Ô Dieu, vous voulez que nous emportions les cœurs par la puissance de votre Cœur ; et vous avez dit comme autrefois : Qui enverrai-je ? Quem mittam ? mon cœur vous a répondu : Me voici ! ô Maître, envoyez-moi : Ecce ego, mitte me (1) ! Je crois à la puissance de votre amour pour triompher du cœur des hommes ; mettez son feu dans mon cœur, sa flamme dans ma parole, et envoyez-moi : Ecce ego, mitte me. Si je n'emporte le tout, j'emporterai une partie, la partie généreuse, capable de donner l'impulsion à l'autre ; et puisse cette minorité montrer, par le miracle de son amour et le prodige de son agrandissement moral, que le progrès par le christianisme est ce que nous l'avons nommé : l'amour de Jésus-Christ régnant dans les chrétiens. »

    1. : Isaïe VI, 8.

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Sixième conférence : le progrès moral par l'amour de Jésus-Christ), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

    égoïsme,charité,amour,Jésus,Christ,âmes,erreur,coeur,Sacré-Coeur,grandeur,bonheur,apôtre,me voici,christianisme

  • Méditation 2ème semaine de Carême : égoïsme et amour de Jésus-Christ (4)

    « L'amour de Jésus-Christ régnant dans l'homme réalise en lui cette parole de Fénelon, qu'on peut donner comme la plus belle formule du progrès : Sortir de soi pour entrer dans l'infini de Dieu. L'homme abdiquant sa pensée sort de lui-même pour entrer dans l'infini de la vérité divine. L'homme abdiquant son cœur sort de lui-même pour entrer dans l'infini de l'amour divin. L'homme abdiquant sa volonté sort de lui-même pour entrer dans l'infini de la souveraineté divine. L'homme enfin abdiquant toute sa vie, et se perdant tout entier dans la vie de Jésus-Christ, sort de lui-même pour entrer, avec son vainqueur, dans l'infini de la vie de Dieu. L'homme, si je puis le dire, est hors de lui : rien ne le rattache plus à lui-même pour lui-même. L'amour a coupé une à une si ce n'est toutes ensemble, ces racines profondes qui retenaient toutes les puissances de l'homme captives autour du centre personnel ; il a coupé la racine de l'orgueil, et la racine de la cupidité, et la racine du sensualisme, toutes ces racines de la concupiscence qui soutiennent et font croître dans l'humanité l'arbre de l'Egoïsme : l'arbre est tombé et avec lui ses rameaux brisés et ses fruits pulvérisés. Et à sa place un autre arbre fut planté au cœur humain, dans le sang de Jésus-Christ, l'arbre divin de l'amour, qui porte les fruits d'or cherchés par nos désirs, et dont les rameaux toujours jeunes, pleins d'une sève qui ne sait pas tarir, étendent dans les espaces et les siècles avec les progrès du christianisme tous les vrais progrès de l'humanité. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Septième conférence : le progrès moral par la destruction de l'égoïsme), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

    arbre-en-fleurs-3a.jpg

    Arbre de Judée
    (Crédit photo)
  • Méditation 1ère semaine de Carême : humilité et sainteté (3)

    « C'est le fait dominant dans la vie de tous les saints : le progrès dans la perfection et le progrès dans l'humilité, se rencontrant dans une harmonie parfaite. On se demande souvent avec surprise, comment ont fait les saints illustres pour croire à leur néant ? Dignes de tant de respects, d'où leur venait l'ambition de tant de mépris ? Si grands dans leurs vertus, et souvent par leurs œuvres, comment arrivaient-ils à se trouver petits ? Comment le miracle de la sainteté n'effaçait-il pas en eux le miracle de l'humilité ? Messieurs, à cette question il y a une réponse : leur sainteté était leur humilité même : l'une croissait avec l'autre, parce que l'une sortait de l'autre, ou plutôt parce que l'une était l'autre. La vue de leur imperfection et l'ambition d'être parfaits, le sentiment de leur vide et la passion de la plénitude, la conviction de ce qui leur manque et le besoin de se compléter, croissent et se développent ensemble dans la vie des saints. Ils sentent l'harmonie profonde de ces deux paroles de l’Évangile : Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ; Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. Ils entendent Jésus-Christ qui leur révèle au plus intime de l'âme ce secret unique de leur progrès : Apprenez à descendre dans l'abîme de votre misère et de votre néant, pour entrer par moi et avec moi dans la grandeur et l'infini de Dieu. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Troisième conférence : le progrès moral par l'humilité chrétienne), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

    humilité,sainteté,perfection,imperfection,progrès,vertus,oeuvres,harmonie,evangile,douceur,coeur,misère,néant,grandeur

    (Crédit photo)

  • Méditation : "pour que votre joie soit complète"

    « Si vous gardez mes commandements,
    vous demeurerez en mon amour,
    comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père
    et je demeure en son amour.
    Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous
    et que votre joie soit complète. »
    Jean 15, 10-11.
     
    « Le Bon Dieu est dans votre cœur, c'est votre trésor, la joie de votre vie. Que tout soit pour Lui. Le mot trésor éveille l'idée de quelque chose de précieux que l'on tient caché, enfoui dans la terre. Gardez votre trésor caché au fond de la terre de votre âme. Vous êtes pauvre, Il est votre richesse puisqu'Il est votre Trésor, et la seule, la vraie richesse que l'on puisse nommer ainsi.
    Que j'aime cette comparaison du trésor de saint Jean de la Croix... Votre Bien-Aimé est un trésor caché. Si vous ne Le trouvez pas, c'est que vous ne creusez pas assez profondément pour vous cacher avec Lui. Cherchez-Le dans l'humilité et la foi. Il veut que nous L'aimions dans la foi sans Le connaître. Il veut de même que nous Le cherchions dans le recueillement et la foi sans avoir conscience de sa présence. C'est par le cœur spirituel (volonté) que se fait l'union. Si un seul rayon de la divine Bonté pénétrait dans votre âme, c'en serait fait, je crois, pour toujours.
    Dites-Lui souvent « ô mon Dieu, que Vous êtes bon ». Cela Lui fait plaisir.
    Je ne puis dire combien je souhaite que vous cherchiez Jésus avec un cœur tout de feu. Laissez là tout ce qui vous gêne encore ; laissez-vous vous-même tout à fait ; puis cherchez votre Seigneur, votre Dieu et votre Tout. Vous Le trouverez. Il vous appellera par votre nom, ce nom que Lui seul connaît et qui vous dit tout entier. Vous Lui répondrez : « Maître, oui, bon Maître », car vous serez tout à Lui.
    Il vous aura tout appris, Lui, la Sagesse ; Il vous aura tout donné, Lui, la richesse ; Il vous aura tout sacrifié, Lui, le bonheur ; Il vous aura transformé tout entier, Lui, l'Amour. Amen... Amen... Amen...
    Puissent mes paroles tomber sur votre âme comme des charbons ardents et l'embraser d'un feu qui ne s'éteigne plus jamais. »

    Robert de Langeac (Augustin Delage p.s.s., 1877-1947), in "Vous… Mes Amis", P. Lethielleux, 1952.

    feu_1a.jpg

  • Méditation : le silence du coeur...

    « Vous devez être emplies de silence, car, dans le silence du cœur, Dieu parle. Un cœur vide, Dieu le remplit. Même Dieu Tout-Puissant ne peut remplir un cœur plein - plein d'orgueil, d'amertume, de jalousie ; nous devons renoncer à ces sentiments. Tant que nous nous y accrochons, Dieu ne peut pas le remplir. Silence du cœur, pas seulement de la bouche - qui est aussi nécessaire - mais plus encore, ce silence de l'esprit, silence des yeux, silence du toucher. Alors vous pouvez L'entendre partout : dans le bruit d'une porte qui se ferme, dans la personne qui a besoin de vous, dans le chant des oiseaux, dans les fleurs, les animaux - ce silence qui est émerveillement et louange. »

    Bse Mère Teresa (1910-1997), Quand l'amour est là, Dieu est là, Desclée De Brouwer, Paris, 2011.

     mère teresa,silence,coeur,parole,dieu,émerveillement,louange

  • Méditation de la 4ème semaine de l'Avent : le silence (1er jour)

    « Dieu, notre Créateur et notre Sauveur, nous a donné un langage pour parler de Lui, car la foi vient de l'ouïe et nos langues sont les clefs qui ouvrent le Ciel aux autres.
    Mais lorsque l’Époux vient, il ne reste plus rien à dire sinon qu'Il arrive, et qu'il nous faut aller Le rejoindre. Ecce Sponcus venit ! Exite obviam ei !
    Nous allons alors Le retrouver dans la solitude. Là nous communiquons seuls avec Lui, sans paroles, sans pensées discursives, dans le silence de tout notre être. […]
    Si vous entrez dans la solitude avec le silence des lèvres, les créatures muettes partageront avec vous le repos de leur silence. Mais si vous entrez dans la solitude avec un cœur silencieux, le silence de la création parlera plus fort que les langues des anges et des hommes.
    Le silence des lèvres et de l'imagination dissout ce qui nous sépare de la paix des choses. Mais le silence de tous les désirs désordonnés dissout ce qui nous sépare de Dieu. Nous en venons enfin à vivre pour Lui seul.
    Les créatures muettes cessent alors de s'adresser à nous par leur silence. C'est le Seigneur Lui-même, caché en nous, qui nous parle, au moyen d'un silence beaucoup plus profond. Ceux qui aiment le bruit qu'ils font ne peuvent supporter autre chose. Ils déshonorent constamment le silence des forêts, des montagnes et de la mer… […]
    Pour certains hommes, un arbre n'est réel que lorsqu'ils songent à le couper, un animal n'a de valeur qu'à l'abattoir ; ils ne regardent que les choses qu'ils ont résolu d'épuiser, et ne remarquent même pas ce qu'ils ne détruisent pas.
    Comment connaîtraient-ils le silence de l'amour, puisque leur amour n'est que l'absorption du silence d'un autre dans leur tumulte. Et ne connaissant pas le silence de l'amour, ils ignorent celui de Dieu, qui est amour, qui ne détruit jamais ce qu'Il aime, qui est tenu, par Sa propre loi d'amour, de donner la vie à tous ceux qu'Il attire dans Son silence.
    Ce n'est pas pour lui seul que nous devons aimer le silence. Le silence est le père de la parole. Une vie de silence est ordonnée en vue de l'ultime affirmation qui doit exprimer ce pour quoi nous avons vécu. […]
    Nous recevons dans nos cœurs le silence du Christ lorsque nous prononçons notre première parole de foi sincère. Nous faisons notre salut dans le silence et l'espérance. Le silence est la force de la vie intérieure. Il pénètre au cœur même de notre être moral, si bien que sans lui nous sommes immoraux. Il entre mystérieusement dans la composition de toutes les vertus et les préserve de la corruption. […]
    Si nous remplissons nos vies de silence, nous vivons dans l'espérance, et le Christ vit en nous et rend nos vertus réelles. Puis, lorsque vient l'heure, nous Le confessons ouvertement devant les hommes, et notre confession prend une signification vraie parce qu'elle sourd d'un profond silence. Elle éveille le silence du Christ dans les cœurs de ceux qui nous entendent, si bien qu'ils se taisent, eux aussi, et, étonnés, commencent à écouter. Car ils ont enfin découvert leur être vrai. […]
    Qu'il est tragique de voir que ce sont ceux qui n'ont rien à dire qui parlent sans cesse, comme des artilleurs affolés qui tirent dans les ténèbres où il n'y a pas d'ennemis. La cause de ce perpétuel bavardage est la mort, l'ennemi qui semble à tout instant les confronter dans les profondes ténèbres et le silence de leur être. Alors ils lui crient au visage. Ils désorganisent leur vie par le bruit. Ils s'assourdissent eux-mêmes par de vains mots, ne s'étant jamais aperçus que leurs cœurs sont enracinés dans un silence qui n'est pas mort, mais vie. Ils bavardent à en mourir, redoutant la vie comme si c'était la mort. »

    Thomas Merton (1915-1968), Nul n'est une île, Éditions du Seuil, 1956.

    bierstadt-yosemite_1.jpg

    Albert Bierstadt (1830-1902), Yosemite Valley
    (Source)
  • Méditation de la 3ème semaine de l'Avent : le recueillement (6ème jour)

    « Fais-moi entrer, Seigneur, dans la pureté du cœur, fais-moi entrer dans la liturgie ininterrompue de ta Parole et de mon silence pour que "sur cette tablette lissée par une absolue simplicité tu te manifestes et inscrives tes propres lois" ("Petite philocalie de la prière du cœur", trad. Jean Gouillard, Seuil, Paris, 1979).
    Ainsi priait Maxime le Confesseur au VIIe siècle, levant les bras vers le Maître des heures et de la Sagesse. Car nous sommes venus ici apprivoiser la Sagesse. Nous sommes venus ici avec des mains patientes de cueilleurs et des joues de vierges attentives. Comme Marie, la fiancée émerveillée à l'annonce de sa maternité divine, Marie aux lèvres scellées et au cœur écoutant, exaltant son Seigneur et exultant de joie en Dieu son Sauveur. Il nous faut ainsi, à l'imitation de Marie, laisser derrière nous les ombres de l'intelligence et le dépôt de l'ignorance et faire monter sur nos lèvres orantes l'humble confiance qui enlace et fait vivre dans la simplicité de la tendresse de Dieu.
    Même si, dans l'obscurité du recueillement, nous touchons le fond trouble de nos insuffisances et de nos doutes que plus rien ne semble devoir éclairer, demeurons et durons dans les odeurs fortes du sous-bois car nous sommes ici pour trouver la lumière. Nous nous rencontrerons d'abord nous-mêmes avec nos forces et nos faiblesses, nos élans et nos dénis, avec tout cet enchevêtrement de l'agir humain, si contradictoire, mais qui façonne des saints de la terre maculée, du bois véreux de l'indigence et de l'inconstance des saisons de l'âme. Nous nous rencontrerons enfants de Dieu comme le nourrisson allaité du Psaume 131 dont le cœur ne s'est pas gonflé et dont les reins ne se sont pas ceints d'orgueil. C'est ainsi que se construit le recueillement par un regard de paix sur soi, un regard de réconciliation sur le moi déjointoyé de l'homme en péril qui ouvre grand les portes de la connaissance et de la contemplation, notre terre nourricière. Jan Ruusbroeck, à la fin du moyen âge, aimait souligner cette compassion envers nous-mêmes qui surgit comme une vertu naturelle de la simplicité :
    "Car les hommes les plus simples sont les plus apaisés et ils sont parfaitement en paix en eux-mêmes. Ils sont aussi les plus profondément immergés en Dieu, les plus éclairés pour comprendre." ("Les noces spirituelles", Dom André Louf éd., "Spiritualité occidentale" n°3, Bellefontaine, 1993) »

    Nathalie Nabert, Le Maître intérieur, Ad Solem, Genève, 2006.

    recueillement

  • Méditation de la 3ème semaine de l'Avent : le recueillement (1er jour)

    « La dissipation est opposée au recueillement. Être dissipé, c'est penser à plusieurs choses lorsqu'on ne devrait penser qu'à une seule. Être recueilli, c'est se fixer à ce qui doit occuper actuellement sans penser à autre chose.
    Le recueillement consiste à éviter la dissipation, et par conséquent à retenir ses sens intérieurs, qui sont l'esprit et l'imagination, ainsi que les sens extérieurs qui sont la langue, les yeux, les oreilles, afin qu'ils ne se portent pas à toutes sortes d'objets, et que l'esprit puisse s'appliquer entièrement à ce qui doit l'occuper.
    ...
    Évitez l'oisiveté. Un esprit oisif court partout et ne s'arrête nulle part ; c'est un oiseau, c'est un papillon qui ne fait que voltiger.
    Évitez l'empressement, modérez l'activité naturelle. Que votre âme ne sorte jamais de vos mains. Et si vous sentez que votre cœur veut vous échapper, dites-lui aussitôt : mon cœur, où vas-tu ? reviens, tu ne m'abandonneras pas.
    ...
    Dieu pense toujours à nous, pensons le plus souvent que nous pouvons à Dieu. Que les yeux de notre âme soient toujours, comme ceux du prophète, fixés sur le Seigneur (1). Puissions-nous dire avec lui : je ne perds point de vue le Seigneur, qui est ma défense ; il m'accompagne et me met à couvert de ce qui peut me nuire (2). Un saint abbé disait souvent à ses moines, que l'exercice de la présence de Dieu était le moyen des moyens pour devenir parfait ; il leur répétait sans cesse ces paroles du Seigneur au père des croyants, afin qu'ils les méditassent : « Marchez en ma présence et soyez parfait, j'établirai pour toujours une alliance entre vous et moi » (3). »

    1. "Oculi mei semper ad Dominum." (Ps 24, 15) - 2. "Providebam Dominum in conspectu meo semper, quoniam a dextris est mihi ne commovear." (Ps 15, 8) - 3. "Ambula coram me et esto perfectus ; ponamque foedus meum inter me et te." (Gn 17, 1-2).

    [Jean-Baptiste Lasausse], La science de l'oraison mentale ou Instructions pour chaque jour du mois (IXe Jour), A Paris, De l'Imprimerie de Crapart, 1791.

    71254_1a.jpg

  • Méditation : langage d'âme, offrande de silence

    « Lorsque le remous des pensées s'apaise et que s'estompe le bruissement de l'imagination, comme les ombres portées du mur dans l'avènement du soir, quelque chose, en effet, se produit, qui n'est pas la cessation de la vie ni le dépérissement de la joie, mais l'amplitude de l'Autre, la résurgence de Dieu en nous, ce vertige des lèvres désormais closes sur le bien du cœur enveloppé de son Dieu.

    « Je vous bénis, Père, de ce que vous avez montré aux petits, de ce que vous avez laissé aux savants et aux prudents » (Mt 11, 25).

    ainsi priait Jésus devant les foules ébahies de cet éloge de l'enfance qui ne sait rien, mais qui, dans  l'offertoire de son silence, reçoit sa nourriture. Il faut se laisser combler de cet éblouissement qui nous saisit là dans le secret et nous conduit sans bruit vers Celui qui Est. Le langage d'âme est silencieux. Il remonte comme un fleuve vers sa source et nous libère des bois flottants de la parole, nous plongeant inexorablement dans la réalité divine. C'est cela être attiré à plus de silence, ce cheminement intérieur jusqu'à la diminution de soi où s'exhale l'invisible, ce consentement au Dieu de notre vie dont nous ne percevons que le parfum, là au centre de notre étourdissement, comme un soleil d'amour insaisissable mais vivant et fort qui nous fait murmurer aux heures sombres de la vie :

    L’Éternel est ma force et mon bouclier ; En lui mon cœur se confie, et je suis secouru ; J'ai de l'allégresse dans le cœur. (Ps 28, 7)...
    Tant que nous ne sommes pas parvenus à la nudité nous ne pourrons devenir ni obéissants, ni patients, ni doux, ni pacifiés, ni parfaits dans la charité, vertus sans lesquelles notre cœur ne peut être la demeure du Saint-Esprit, puisque le Seigneur déclare à son prophète : « Sur qui reposera mon esprit, sinon sur le paisible, l'humble et celui qui tremble à mes paroles. » (Is 66, 2). (*)

    Et dans ce repos paisible où veille notre prière, Dieu est cette touche intérieure qui fait frémir l'être et le vivant. »

    (*) : Jean Cassien, Institutions cénobitiques, L. XII, ch. 31, Jean-Claude Guy éd., « Sources chrétiennes » n°109, Cerf, Paris, p.497-499.

    Nathalie Nabert, Le Maître intérieur (Silence), Ad Solem, Genève, 2006. (p.35 + cit. p.38)

    Christ_blessing_little_child_1a.jpg

    Christ blessing the little child (1873)
    (courtesy of Sankt Nikolai Kirke, Holbaek, Denmark)

  • Méditations de la 1ère semaine de l'Avent : la douceur (5ème jour)

    « La douceur n'est point une certaine mollesse d'âme, une certaine inertie de caractère, qui nous fait accéder volontiers à tout, et nous rend semblables à ces éponges où les eaux de toutes les couleurs entrent les unes après les autres, et reçoivent toutes l'accueil le plus gracieux.
    Pour que la douceur plaise à Dieu, dit saint Jérôme, elle doit avoir à l'occasion quelque chose de corrosif comme la vérité. Saint François de Sales assurait que les paroles de la vraie douceur sont rondes, franches, naïves, sincères, et ne laissent pourtant pas d'être tendres et pleines d'amour.
    La douceur est une vertu éminemment chrétienne. Voyez le Père céleste, dont il a été dit : "Soyez parfaits comme lui". "Il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, il fait pleuvoir sur le champ des pécheurs, comme sur celui des justes. S'il atteint d'une extrémité du monde à l'autre avec force, il dispose tout avec suavité."
    Voyez notre divin Maître, dont le prophète Saül a dit : "Voici mon fils, mon serviteur que j'ai élu, mon bien-aimé en qui j'ai mis ma complaisance... Il n'écrasera pas le roseau déjà brisé, il n'éteindra point la mèche qui fume encore."
    [...]
    O âmes chrétiennes ! Soyons comme le divin Maître dans nos rapports avec les hommes : Soyons pleins de bonté tolérante. Que de "roseaux brisés" autour de nous ! Que de mèches où, tout au plus, on aperçoit un peu de fumée, et encore une fumée noire et repoussante !
    N'oublions pas l'exemple de Jésus : au lieu de briser entièrement, relevons avec charité ; au lieu de fouler aux pieds, prenons un souffle dans notre cœur, versons-le sur cette pauvre mèche, et peut-être que l'étincelle sera rappelée à la vie ; peut-être va-t-elle briller de nouveau et nous donner une belle lumière !
    Et alors même que nos espérances seraient trompées, nous aurions fait notre devoir, nous serions les disciples de Celui qui a dit : "Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur !" »

    [Abbé Sylvain 1826-1914] Paillettes d'Argent (XIV), Première série (Année 1890), Paris, Tolra, Libraire-Editeur.

    bougie_mains_2a.jpg

  • Méditations de la 1ère semaine de l'Avent : la douceur (4ème jour)

    « Qu'elle est donc bien précieuse à vos yeux, Seigneur, cette vertu de douceur, puisque vous nous la recommandez si instamment et que vous nous la rappelez tout particulièrement par cette parole : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ; puisque, pour nous la faire aimer, vous avez voulu qu'elle resplendisse d'un si vif éclat dans votre sainte humanité ? Vous aviez, ô Jésus ! combien elle serait capable de captiver le cœur de l'homme ; aussi, en venant sur la terre, dédaignant la grandeur, la force et la puissance, vous avez préféré être revêtu de cette incomparable douceur ! L'Esprit-Saint avait déjà, par les prophètes, révélé cette grâce admirable qui serait répandue sur tous vos traits, et, pendant votre vie mortelle, vous n'avez cessé d'attirer les enfants des hommes par la suave onction de vos paroles et l'ineffable charité de vos actions ; vous n'avez point brisé le roseau cassé, ni éteint la mèche qui fumait encore (Is XLII, 1-3).
    Aux mépris, aux injures et aux fureurs de vos ennemis vous n'avez opposé que la mansuétude et la bonté ; car vous n'êtes point venu, Seigneur, pour nous apprendre à opérer des prodiges, à dominer les éléments, à calmer les tempêtes, à guérir les malades, à ressusciter les morts, mais pour nous enseigner par vos exemples la divine vertu de charité.
    Ô Douceur qui nous êtes apparue (Ti III, 4), apprenez-nous à vous imiter, apprenez-nous à posséder nos âmes par la patience (Lc XXI, 19). Faites-nous comprendre que c'est le propre d'un cœur grand et généreux de n'avoir ni aigreur ni emportement, et de n'user jamais de paroles injurieuses ou piquantes ; rendez-nous doux et humbles, afin que votre esprit repose sur nous, et que notre prière vous soit agréable (Judith IX) ; afin que nous goûtions ici-bas la paix de vos enfants, et que nous entrions un jour dans la terre promise où coulent le lait et le miel (Ex III, 8), où abonde toute douceur et où toute joie est parfaite. Oui, donnez-nous, Seigneur, d'entrer dans cette terre des vivants (Ps LXIV, 9), dans ce riche héritage, dans ce glorieux empire, qui doit être le partage de ceux qui auront été fidèles à suivre vos divins enseignements. »

    A.M.D.G., Les Enseignements de la divine sagesse dans l’Évangile et les saintes Écritures, faisant suite à Allons au Ciel, Imprimerie de Saint-Augustin, Lille-Bruges, 1881.

    jesus_samaritaine_1a.jpg

  • Méditations de la 1ère semaine de l'Avent : la douceur (2ème jour)

    « Discite a me quia mitis sum et humilis corde »
    « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur »
    Mt XI, 29
     
    « A quel degré d'intimité avec Notre-Seigneur serions-nous parvenus si nous étions vraiment bons et doux au dedans et au dehors ?

    Cette intimité serait notre récompense car Jésus a dit : « Vous trouverez le repos de vos âmes » (Mt XI, 30), et aussi « vous posséderez la terre ». La terre de notre âme ; se posséder, condition essentielle pour être possédé de Dieu,
    la terre des autres, leur cœur... on accorde presque tout à une âme douce, on aime beaucoup les doux,
    la Terre promise enfin, le Dieu des doux et des humbles. Tôt ou tard, une âme humble et douce recevra la visite de Dieu. Cela vaut bien la peine de s'en occuper. Nos progrès insuffisants dans la vie contemplative viennent peut-être de ce que nous nous sommes trop désintéressés de cette vertu.

    Que le Bon Maître est sa Sainte Mère si douce et si bonne nous obtiennent la vertu de douceur !

    Si ferme qu'il soit, ô Jésus, votre Amour pour l'âme intérieure n'a rien de dur. Ce n'est pas un despote. Il ne tyrannise pas. Il est souple au contraire. Il est délicat. Il s’accommode de tout.

    Vous n'aimez pas à éteindre la mèche qui fume encore ni à achever le roseau à demi brisé. Votre joug est suave et votre fardeau léger. Vous êtes la Douceur, la Miséricorde, la Patience et la Bonté. Votre Amour tient de Vous. Il est tout cela lui aussi. Il communique ses qualités à l'âme qu'il consume. Alors elle juge de tout et de Vous, son Bien-Aimé d'après ce qu'elle est elle-même. Plus elle se sent envahie par la douceur, l'amabilité, l'affabilité et la grâce de son Époux, plus elle vous trouve doux, aimable, affable et gracieux. C'est un miroir vivant qui vous renvoie votre propre image, ô Jésus !
    Doux et saint commerce d'amitié que celui-là ! »

    Robert de Langeac [Abbé Augustin Delage p.s.s. (1877-1947)], Conseils aux âmes d'oraison (ch. IV), 2ème série, Paris, P. Lethielleux, 1952.
  • Méditations de la 1ère semaine de l'Avent : la douceur (1er jour)

    « Discite a me quia mitis sum et humilis corde »
    « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur »
    Mt XI, 29
     
    « Ne jamais parler quand on est ému.

    Quand vous murmurez contre tout, temps, personnes et choses, reconnaissez que c'est vous qui avez tort et que votre mauvaise humeur ne vient que de vous.

    C'est dans les difficultés imprévues que le fond de l'âme se révèle. On sent, on pense, puis on parle et on agit tel qu'on est.

    Jésus vous rendra doux, doucement. Il faut longtemps pour introduire une bonne habitude dans la vie.

    Il faut à tout prix arriver à la complète domination de soi-même. Notre divin Sauveur est notre modèle. Il est doux. Il veut des âmes douces comme Lui.

    Pour la perfection de la vie contemplative, il faut au moins une paix suffisante avec le prochain. Il y a certains caractères irascibles, un peu à charge aux autres. Comment faut-il les prendre ? On les compare à un fagot d'épines : je me piquerai de quelque côté que je le touche... Ils souffrent et font souffrir... Il n'y a pas là évidemment cette ouverture de cœur, cet épanouissement de la charité nécessaire à la vie contemplative.

    De plus nous avons la grande mission de nous aider les uns les autres à aimer le Bon Dieu. Il ne faut pas être obstacle.

    Et quel a été le résultat de nos manifestations de mauvaise humeur, qu'est-ce que cela arrange ? Rien du tout.

    Que faire si l'on a pas su lentement, réellement se discipliner ? Parer tout d'abord aux difficultés immédiates : s'interdire toute manifestation extérieure, étouffer les sentiments intérieurs. Puis demander instamment à Notre Seigneur dans la Sainte Communion la vertu de douceur : « Discite a me quia mitis sum et humilis corde » (Mt XI, 29). Il la fera descendre goutte à goutte dans notre âme. Il nous donnera grâce ensuite à chaque occasion pour surmonter l'impatience qui gronde parce que nous tenons trop à notre jugement, à notre volonté ou à nos goûts et pour étouffer toute mauvaise humeur.

    Donc résolution très nette de ne se fâcher jamais, de ne s'irriter ni au dehors, ni au dedans, de réprimer dès qu'on s'en aperçoit le moindre mouvement d'impatience.

    Faites tout ce qui dépend de vous pour retrouver le calme. Ce calme divin qui vient de Dieu nous donne à nous-même, nous donne à Dieu et nous donne Dieu. Si nous savions en comprendre le prix, nous ferions tout pour le garder quand nous le possédons, tout pour le retrouver quand il nous est enlevé, tout pour le rétablir dans sa plénitude quand il a été troublé. Pour goûter Dieu, il faut être calme. Pour voir et réaliser la volonté de Dieu, il faut encore et toujours être calme.

    Une âme qui n'est pas paisible, calme et douce ne peut pas plaire au Bon Dieu : elle n'a pas la piété filiale parfaite parce qu'elle ne sait pas reconnaître la volonté du Bon Dieu dans tout ce qu'elle rencontre de pénible, dans les caractères qui l'entourent, dans les événements qui arrivent.

    Elle ne voit que ce qui la heurte ; elle ne peut pas dire au Bon Dieu qu'elle L'aime vraiment puisqu'elle regimbe contre l'aiguillon !

    Nous sommes appelés à vivre avec le Bon Dieu, à nous entretenir familièrement avec Lui, à L'aimer, à Le faire aimer dans une certaine mesure : par cette impatience, cette irritation, tout cela est compromis.

    Combien avons-nous perdu de temps à cause de nos mouvements d'humeur ? Que de souffrances inutiles, que de grâces tombées à terre !

    A quel degré d'intimité avec Notre-Seigneur serions-nous parvenus si nous étions vraiment bons et doux au dedans et au dehors ? »

    Robert de Langeac [Abbé Augustin Delage p.s.s. (1877-1947)], Conseils aux âmes d'oraison (ch. IV), 2ème série, Paris, P. Lethielleux, 1952.

    Lac-reflets-4a.jpg

  • Méditation : pourquoi l'Avent ?

    « C'est de la part de l’Église une profonde sagesse de ne pas nous introduire tout à coup devant la crèche de Bethléem, mais de nous la montrer en quelque sorte du doigt un mois d'avance, pour nous dire : Préparez-vous à vous présenter devant le divin Enfant (1). Réfléchissez sérieusement à ce grand mystère, qui, après avoir été caché neuf mois dans le sein de Marie, va s'offrir à la religion du monde le jour de Noël. Préparez-lui dans votre cœur, par la méditation, une foi plus vive de ses grandeurs, un religion profonde pour sa majesté abaissée, un amour reconnaissant pour sa charité de si haut descendue si bas, une humilité vraie pour honorer ses anéantissements, une douceur de caractère et de paroles en rapport avec son incomparable bénignité, un esprit de pénitence et de recueillement qui ne fasse pas contraste avec l'austérité de la crèche et les saines occupations du divin Enfant. Si vous ne préparez ainsi vos cœurs par une sérieuse méditation du mystère du Verbe incarné, vous perdrez les grâces attachées à la grande solennité. Prévenons un tel malheur en commençant dès aujourd'hui à nous occuper de ce mystère et en entrant dans une nouvelle vie. »

    (1) : Praeparare in occursum Dei tui (Amos IV, 12) - Parate viam Domini (Is XI, 3).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Premier Dimanche de l'Avent), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

    Vierge_Marie_35.jpg

    Bréviaire Mozarabe, Ier Dimanche de l'Avent, Capitule :

    « Ne dédaignez pas nos prières, Seigneur ! regardez et exaucez dans votre clémence. La voix de notre ennemi nous jette dans le trouble ; consolez-nous par l'Avènement sacré de votre Fils unique ; que la foi nous donne des ailes, et semblables à la colombe, nous nous élèverons en haut. Seigneur, éloignez-nous d'un siècle pervers, et gardez-nous des filets de l'ennemi ; par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

  • Méditation : la Bse Vierge Marie, gardienne de notre âme

    « Il est écrit : « Si le Seigneur ne garde lui-même la cité, c'est en vain que veillent ceux qui sont préposés à sa garde ». De saints docteurs ont appliqué cette parole à Marie, et ils ont dit : Si la Mère du Seigneur ne se fait pas gardienne de la cité, la vigilance des sentinelles sera impuissante. Et de quelle cité, parlaient-ils donc ? Ne savez-vous pas que notre âme, que l'âme du chrétien est souvent comparée à une ville, à une cité fortifiée ? Or, cette cité a des portes : ce sont nos sens. Et ces portes, elles ont besoin d'être gardées : il y faut même une garde sévère ; sinon l'ennemi, qui rôde sans cesse autour de nous, peut faire des incursions terribles dans la place. Les portes de cette cité, trop souvent nous n'avons pas la main assez forte, assez sûre pour en défendre l'entrée...
    Pour défendre cette clé de notre cœur, à quelles autres mains irons-nous la confier ?... Ô Vierge sainte, heureux ceux qui vous ont choisie pour la dépositaire de leur trésor ! heureux ceux qui vous ont commis la tutelle de leur âme ! heureux ceux pour qui vous êtes cette porte de sûreté dont parle le psalmiste : Ostium circumstanciae (1) ! Heureux ceux qui ne peuvent plus, en quelque sorte, disposer d'eux-mêmes ; ceux qui se sont dépossédés du droit de se trahir, de se vendre à l'ennemi, attendu que leur cœur vous appartient, et qu'ils vous l'ont remis pour toujours ! »

    (1) : Ps CXI, 3.

    Cardinal Pie (1815-1880) extrait d'un discours à N.-D. des Clefs, Semaine religieuse de Namur, in Abbé R. Béringer, "Recueil documentaire - La Très Sainte Vierge", Deuxième édition, Chez l'auteur, Belgique, 1927.

    Notre-Dame_la_Grande_Poitiers_3a.jpg

    Notre-Dame des Clefs, église Notre-Dame la Grande de Poitiers

  • Méditation : n'oublions pas les âmes du Purgatoire (6)

    « Que se passe-t-il quand on fait la communion pour les âmes du Purgatoire ? Seule la miséricorde de Dieu le sait avec pleine certitude. Mais il est incontestable que cette application si puissante du sang du divin Cœur ne reste jamais sans effet. Peut-être l'âme pour laquelle on communie est-elle délivrée complètement, et rien ne nous oblige de croire que cet effet est aussi rare que le disent certains auteurs spirituels. Peut-être cette âme reçoit-elle une grande diminution du temps qu'elle avait à passer dans ce lieu d'expiation, une assurance plus intime de sa prompte délivrance, un soulagement dans la peine du dam, une suspension plus ou moins longue de la peine du sens, quelque chose de semblable à ces consolations ineffables dont ont joui certains martyrs sous les fouets et les roues, au milieu des flammes et sur le chevalet. Toujours est-il que, si nous en croyons des révélations particulières, elles désirent ardemment le pain de nos communions. Le P. Faure, dans son excellent livre sur le Purgatoire, en cite les deux exemples suivants :
    "Le docte et pieux Louis de Blois raconte, dans un de ses ouvrages, que l'âme d'un défunt, ayant apparu à un serviteur de Dieu, tout environnée de flammes, lui dit qu'elle endurait de cruels tourments à cause de la tiédeur et de la négligence qu'elle avait apportées à la réception de l'Eucharistie. Elle ajouta que, s'il voulait bien communier une fois à son intention, elle serait aussitôt délivrée des souffrances du Purgatoire. Touché du déplorable état de cette âme infortunée, le serviteur de Dieu se rendit à ses désirs. Le lendemain, l'âme pour laquelle il avait communié lui apparut de nouveau, brillante comme le soleil, nageant au sein des plus pures délices, et, après lui avoir promis de ne pas l'oublier dans ses prières, elle s'envola au ciel." (Monil. Spir. 6.)
    "Le frère de sainte Madeleine de Pazzi lui apparut, après sa mort, pour lui faire connaître qu'il avait besoin de cent sept communions pour être délivré du Purgatoire. La sainte s'empressa de satisfaire à cette demande, et l'âme de son frère fut soulagée aussitôt et délivrée ensuite de toutes ses peines." »

    R.P. Deidier, Considérations sur le Purgatoire (XVI), Paris, P. Téqui, 1895.

    soulagement,délivrance,âmes,purgatoire,Coeur,Jésus,Louis de Blois,Madeleine de Pazzi,eucharistie,communion

  • Méditation : la vraie dévotion à Marie

    « Gardons-nous de croire que c'est avec Elle que nous travaillons, si nous nous bornons à lui élever des autels ou à faire chanter des cantiques en son honneur. Ce qu'Elle veut de nous, c'est une dévotion qui permette d'affirmer avec sincérité que nous vivons habituellement unis à Elle, que nous recourons à son conseil, que nos affections passent par son Cœur et que nos demandes se font souvent par Elle.

    Mais ce que Marie attend surtout de notre dévotion, c'est l'imitation de toutes les vertus que nous admirons en Elle et l'abandon sans réserves entre ses mains pour qu'Elle nous revête de son divin Fils.

    A cette condition du Recours habituel à Marie, nous imiterons ce général d'armée du Peuple de Dieu, qui, avant de marcher à l'ennemi, disait à Débora : « Si vous venez avec moi, j'irai ; sinon, je n'irai pas », et nous ferons vraiment toutes nos œuvres avec Elle. Non seulement Elle sera mêlée aux décisions principales, mais encore à tous les imprévus et même aux détails d'exécution. »

    Dom J.B. Chautard, L'âme de tout apostolat (dernier chapitre et épilogue pp. 269-272), Éditions P. Téqui - Em. Vitte, 1920.

    N-D_des_Douleurs_3a.jpg