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salut - Page 8

  • Audience générale de ce mercredi 9 janvier 2013

    "Dieu s'est incarné pour sauver l'homme"

    Le Saint-Père a consacré la catéchèse de la l'audience générale au sens du mot incarnation, qui caractérise la célébration de Noël. "Comme nous le disons dans le Credo, le Fils de Dieu s'est fait homme". Saint Ignace d'Antioche et saint Irénée de Lyon, a d'emblée rappelé Benoît XVI, ont "utilisé ce terme pour commenter le prologue de l'Evangile de Jean, où figure l'expression : 'Le Verbe s'est fait chair'. Ici, le mot chair indique l'homme dans son intégralité, sous l'aspect de la caducité temporelle, de sa pauvreté et de sa contingence. Cela indique que le salut apporté par Dieu incarné en Jésus touche l'homme dans toute sa réalité et dans la variété des conditions où il se trouve. Dieu a assumé la condition humaine pour la guérir de tout ce qui la sépare de lui, pour permettre à l'homme de l'appeler Père à travers son Fils Unique". Puis il a rappelé que la coutume de l'échange des cadeaux à l'occasion de Noël exprime affection, amour et estime. Dans la liturgie, il "nous rappelle à la conscience du don original qu'est la Nativité. En s'incarnant, Dieu s'est fait don pour tous les hommes... Il a assumé notre humanité pour nous offrir sa divinité, et ce grand don" est le modèle des dons que nous faisons, "de manière à ce que nos rapports, notamment les plus importants, soient guidés par la gratuité et l'amour". L'incarnation "montre le réalisme de l'amour divin. De fait, l'action divine ne se limite pas aux paroles. Dieu, qui ne se contente pas de parler, s'immerge dans l'histoire et se charge du poids de la vie humaine".

    "Ce mode d'action de Dieu constitue un fort encouragement à nous interroger sur notre foi, qui ne saurait se limiter à un sentiment ou à des émotions et doit se concrétiser dans notre existence quotidienne pour l'orienter de manière pratique... La foi revêt un aspect fondamental qui intéresse l'esprit, le coeur et notre vie entière". Citant encore les Pères de l'Eglise qui ont rapproché Jésus et Adam, l'appelant le Second Adam, "l'Adam définitif, image parfaite de Dieu. Avec l'incarnation du Fils de Dieu une nouvelle création s'est manifestée, qui complète la question de savoir qui est l'homme. C'est effectivement en Jésus que s'accomplit parfaitement le projet divin sur l'être humain, car il est selon Dieu l'homme définitif... Il est donc capital de s'émerveiller à nouveau face au Mystère, de se laisser prendre par la grandeur de l'évènement qui voit Dieu parcourir notre humanité pour communiquer sa vie même aux hommes. Et il ne le fait pas avec la majesté d'un souverain soumettant le monde à sa puissance mais avec la petitesse d'un nouveau-né... Dans cet enfant, ce Fils de Dieu que nous adorons à Noël, nous voyons le visage véritable de l'être humain. C'est en nous ouvrant à l'action de sa grâce et en cherchant jour après jour à le suivre que nous réaliserons le projet de Dieu sur chacun de nous".
    Publié VIS Archive 01 - 9.1.13

    Allocution aux pèlerins francophones :

    « Chers frères et sœurs, le mot ‘incarnation’ retentit souvent dans nos églises, en ce temps de Noël. Mais quel est son sens ? Pour l’expliquer, saint Ignace d’Antioche et surtout saint Irénée partent du Prologue de Saint Jean qui dit : "Le Verbe s’est fait chair" (1, 14). Le mot ‘chair’ indique l’homme dans son intégralité. Dieu a pris notre humanité pour nous donner sa divinité et nous permettre d’être ses fils. Voici le grand don de Noël : en son Fils, Dieu s’est donné lui-même pour nous. Il nous montre ainsi le modèle du don. Celui-ci ne doit pas se réduire au matériel. La personne qui est incapable de donner un peu d’elle-même, donne toujours trop peu. Notre foi ne concerne pas seulement notre esprit et notre cœur, mais toute notre vie. Le Verbe incarné était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout a été créé. Son Incarnation réalise une nouvelle création. Le Christ est le Nouvel Adam qui révèle pleinement l’homme à l’homme et lui montre son vrai visage et sa vocation. Chers amis, en ce temps de Noël, méditons la grande richesse du Mystère de l’Incarnation. Laissons Dieu nous transformer toujours plus en image de son Fils fait homme pour nous.

    Je salue avec joie les pèlerins francophones, particulièrement les élèves qui ont fait le voyage à Rome pour me rencontrer ! L’Incarnation de Jésus est centrale dans notre foi. Laissez-vous toucher par la grandeur de cet événement, plutôt que par les aspects extérieurs de la fête. Bon pèlerinage ! »

    A la fin de l’audience générale, Benoît XVI a publié un nouveau tweet : "Suivant l’exemple du Christ, apprenons à nous donner totalement. Qui n’est pas capable de se donner lui-même, donne toujours trop peu."

    Sources : Vatican Information Service et Radio Vatican.

  • 31 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Au commencement était le Verbe..." (Jn 1, 1-18)

    « Le Verbe, la Parole de Dieu, incorporel, incorruptible et immatériel, est arrivé dans notre région, bien qu'il n'en ait pas été loin auparavant. En effet, il n'avait laissé aucune partie de la création privée de sa présence, car il remplissait tout, lui qui demeure auprès de son Père. Mais il s'est rendu présent en s'abaissant à cause de son amour pour nous, et il s'est manifesté à nous... Il a eu pitié de notre race, il a eu compassion de notre faiblesse, il a condescendu à notre condition périssable. Il n'a pas accepté que la mort domine sur nous ; il n'a pas voulu voir périr ce qui avait commencé, ni échouer ce que son Père avait accompli en créant les hommes. Il a donc pris un corps, et un corps qui n'est pas différent du nôtre. Car il ne voulait pas seulement être dans un corps ou seulement se manifester. S'il avait voulu seulement se manifester, il aurait pu réaliser cette théophanie avec plus de puissance. Mais non : c'est bien notre corps qu'il a pris...
    Le Verbe a pris un corps capable de mourir afin que ce corps, en participant au Verbe qui est au-dessus de tout..., reste impérissable grâce au Verbe qui y demeure, et afin de délivrer de la dégradation définitive tous les hommes par la grâce de la résurrection. Le Verbe a offert donc à la mort le corps qu'il avait pris, comme un sacrifice et une victime sans aucune tache ; et aussitôt il a anéanti la mort en délivrant de la mort tous les hommes ses semblables par l'offrande de ce corps qui leur ressemble.
    Il est juste que le Verbe de Dieu, supérieur à tous, qui offrait son propre temple, son corps, en rançon pour tous, ait payé notre dette par sa mort. Uni à tous les hommes par un corps semblable, il est juste que le Fils incorruptible de Dieu revête tous les hommes d'incorruptibilité, selon la promesse apportée par sa résurrection. Car la corruption elle-même, impliquée dans la mort, n'a plus aucun pouvoir sur les hommes à cause du Verbe qui demeure parmi eux dans un corps unique. »

    Saint Athanase (295-373), Sur l'incarnation du Verbe, 8-9 (Trad. Bréviaire ; SC 190).

  • 29 décembre : Toute l'année avec les Pères...

    Syméon au Temple (Lc 2, 22-35)

    « "Les justes vivent pour toujours ; leur récompense est dans le Seigneur et le Très-Haut prend soin d'eux" (Sagesse V, 15 ). Le temps me manque pour pouvoir rappeler les vertus de tous les saints. Je traiterai donc du dernier des justes de l'Ancien Testament. Et qui est-il ? Syméon, dont l'évangile de saint Luc nous rapporte le nom. Il est à la fois le premier et le dernier. Le dernier à avoir vécu sous le régime de la Loi, le premier sous celui de la grâce. Juif soumis aux observances, il était chrétien par son action de grâce. Sa formation en avait fait un légiste, sa connaissance de Dieu en fit son messager.

    Syméon, dont l'histoire nous a été lue récemment, avait été retiré de l'impiété pharisaïque, comme une rose cueillie parmi les épines. Pour avoir été favorisé du don de la grâce, il avait acquis la réputation d'être le premier. Syméon était parvenu à un si haut degré de justice que pendant sa vie corporelle, Dieu lui fit cette révélation : "Il n'achèverait pas cette vie temporelle avant d'avoir serré dans ses bras de chair la Vie éternelle, Jésus Christ notre Seigneur".

    Le juste Syméon, qui dès avant l'Incarnation aspirait à voir le Seigneur, l'a donc vu dans son Incarnation, il l'a reconnu et l'a pris dans ses bras. Et il a supplié le Maître de l'univers, devenu enfant en la condition de serviteur, d'être délivré de la prison de son corps, en disant à haute voix ces paroles que tu as entendues récemment : "Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut". Je l'ai vu, laissez-moi m'en aller, ne me gardez pas ici ; permettez-moi de m'en aller dans la paix, ne me laissez pas dans la tristesse. Je l'ai vu, permettez-moi de partir. J'ai vu votre gloire, les anges danser, les archanges vous glorifier, la création exulter. J'ai vu le passage unique reliant le ciel à la terre. Maintenant, permettez-moi de m'en aller, ne me gardez pas ici.

    Ne me laissez pas voir l'insolence de mes compagnons juifs envers vous, la couronne d'épines que l'on tresse, l'esclave qui vous gifle, la lance qui s'approche de vous. Ne me laissez pas voir le soleil s'obscurcir, la lune décroître, les éléments s'altérer. Ne me laissez pas vous voir brisé sur la croix. Ne me laissez pas voir les rochers se fendre, le voile du Temple se déchirer. Car les éléments mêmes ne seront pas capables de supporter ce défi et ils prendront part aux souffrances du Seigneur. »

    Timothée de Jérusalem, Homélie sur Marie, "Discours sur Syméon".


    A pareil jour, prenant dans ses bras Jésus, le Verbe présent en la chair, pareil à la lumière du cierge, Siméon témoignait que c'était Lui "la Lumière destinée à éclairer les nations."

    Siméon était, certes, une lampe ardente, qui rendant témoignage à la Lumière ; c'est pour cela qu'il était venu au Temple, guidé par l'Esprit dont il était rempli : "pour recevoir, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton Temple", pour proclamer qu'elle était la miséricorde, la lumière de ton peuple.

    Tu en étais si bien illuminé, que tu voyais avec pareille clarté si longtemps à l'avance, l'illumination des nations. Dès lors, au sein même des ténèbres de ton peuple, resplendissait pour toi l'éclat de notre foi d'aujourd'hui.

    Réjouis-toi à présent, ô Siméon ! Vois ce que d'avance tu prévoyais ! Les ténèbres du monde se sont dissipées, et les nations marchent à ta lumière...

    Embrasse donc, ô saint vieillard, la Sagesse de Dieu ; serre sur ta poitrine la miséricorde de Dieu, et dis : Il demeurera sur mon coeur. Même lorsque je L'aurai rendu à sa Mère, Il restera avec moi ; reçois mes compliments, ô pleine de grâce, toi qui as mis au monde la Miséricorde que j'ai reçue, toi qui as confectionné le Cierge que j'ai pris en mains. Toi, Vierge, cire vierge, lumière vierge, tu as fourni la cire à la Lumière que j'ai reçue, tu as revêtu, Mère immaculée, le Verbe d'une chair immaculée !"

    Guerric d'Igny, 1er Sermon pour la Présentation (Trad. SC 166).

  • Méditation : Les Saints Innocents

    « Un petit enfant vient de naître : c’est le grand Roi. ~ Les mages arrivent d’un lointain pays. Ils viennent adorer celui qui est encore couché dans la crèche, mais qui règne au ciel et sur terre. Quand les mages annoncent la naissance du Roi, Hérode est pris d’inquiétude ; pour ne pas perdre son trône, il veut le tuer, alors que, s’il avait cru en lui, il aurait été ici-bas en sécurité, et dans la vraie vie, il aurait régné sans fin.
    Pourquoi as-tu peur, Hérode, en apprenant la naissance du Roi ? Il ne vient pas pour te détrôner, mais pour triompher du diable. Et comme tu ne comprends pas cela, tu es inquiet et tu entres en fureur ; et afin de perdre le seul enfant que tu recherches, tu es assez cruel pour en faire mourir un si grand nombre.
    Tu ne recules ni devant l’amour des mères éplorées, ni devant le deuil des pères pleurant leurs fils, ni devant les hurlements et les gémissements des tout-petits. Tu assassines ces faibles corps parce que la peur assassine ton cœur. Et tu t’imagines, si tu réalises tes désirs, que tu pourras vivre longtemps, alors que c’est la Vie elle-même que tu cherches à détruire.
    Celui qui est la source de la grâce, à la fois petit et grand, qui est couché dans la crèche, épouvante ton trône. Il agit par toi, sans que tu connaisses ses desseins, et il délivre les âmes de la captivité du diable. Il accueille les fils de ses ennemis et les adopte pour ses enfants.
    Ces tout-petits meurent pour le Christ sans le savoir, les parents pleurent la mort de ces martyrs ; et ceux qui ne parlent pas encore, le Christ les rend capables d’être ses témoins. Voilà comment il règne, lui qui était venu régner ainsi. Voici que déjà le libérateur accomplit la libération et que le sauveur apporte le salut.
    Mais toi, Hérode, ignorant tout cela, tu es inquiet et tu entres en fureur ; et tandis que tu t’irrites contre un petit enfant, tu lui rends déjà hommage, mais tu l’ignores.
    Qu’il est grand, le don de la grâce ! Par quels mérites ces enfants ont-ils obtenu d’être ainsi des vainqueurs ? Ils ne parlent pas encore, et ils confessent le Christ. Leurs corps sont encore incapables d’engager la lutte, et ils remportent déjà la palme de la victoire. »

    S. Quodvultdeus, Homélie aux catéchumènes, "Sur le Symbole", Liturgie des Heures – Office des Lectures.

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  • 25 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous..." (Jn 1, 1-18)

    « Jésus-Christ est né, rendez-lui gloire ! Christ est descendu du ciel, courez vers lui ! Christ est sur la terre, exaltez-le ! "Chantez au Seigneur, terre entière. Joie dans le ciel ; terre, exulte de joie !" (Ps 96,1,11) Du ciel, il vient habiter parmi les hommes ; tressaillez de crainte et de joie : de crainte à cause du péché, de joie à cause de notre espérance. Aujourd'hui les ombres se dissipent et la lumière se lève sur le monde ; comme autrefois dans l'Egypte frappée de ténèbres, aujourd'hui une colonne de feu illumine Israël. Ô peuple qui étais assis dans les ténèbres de l'ignorance, aujourd'hui contemple cette immense lumière de la vraie connaissance car "le monde ancien a disparu, toute chose est nouvelle" (2Co 5,17). La lettre recule, l'esprit triomphe (Rm 7,6) ; la préfiguration passe, la vérité apparaît (Col 2,17). Celui qui nous a donné l'existence veut aussi nous combler de bonheur ; ce bonheur que le péché nous avait fait perdre, l'incarnation du Fils nous le rend... Telle est cette solennité : nous saluons aujourd'hui l'avènement de Dieu parmi les hommes afin que nous puissions, non pas parvenir, mais revenir auprès de Dieu ; afin que nous nous dépouillions du vieil homme et que nous revêtions l'Homme nouveau (Col 3,9) ; afin que, morts en Adam, nous vivions dans le Christ (1Co 15,22)... »

    Saint Grégoire de Nazianze, Sermon 38 pour la Nativité ; PG 36, 311 sq (Trad. coll. Icthus vol.8, Grasset, Paris)

  • 24 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Naissance du Sauveur (Lc 2, 1-14)

    « Frères bien-aimés, quand il s'agit de célébrer la grandeur du mystère de notre salut, le prodige de la naissance du Sauveur, l'humanité doit avouer l'impuissance de ses conceptions et de sa parole. A un tel bienfait, à cette grâce infinie, que peut répondre la faiblesse de notre dévotion ? Comment concevoir que le Fils unique, consubstantiel au Père, éternel comme le Père, redoutable au ciel, à la terre et aux enfers, ait voulu se revêtir d'un corps humain pour opérer le salut de l'homme ? Quelle langue pourra raconter ce que l'intelligence ne saurait comprendre ? Quel homme tenterait de juger ce qui n'a pour auteur et pour témoin que Dieu lui-même ? "Car personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père" (Mt XI,27). Comment la fragilité humaine, corrompue par le péché, pourrait-elle sonder le secret de cette Nativité virginale ? Jésus-Christ naît, non point par la nécessité de vivre, mais par sa volonté de nous sauver. Il naît parmi les morts, lui qui donne la vie aux morts. Nous ne devons pas douter de l'accomplissement de cette Prophétie formulée par le plus grand des prophètes sous l'inspiration du Saint-Esprit : "Voici qu'une Vierge concevra dans son sein, et enfantera un Fils" (Is VIII,14). Qu'une femme enfante, c'est l'objet de notre foi à l'incarnation ; mais que cette femme ait toujours été vierge, c'est le principe d'une gloire éternelle pour celui qu'elle nomme son Fils. Jésus-Christ naît d'une vierge, car il n'était pas convenable que la vertu prît naissance dans la volupté, la chasteté dans la luxure, ou la pureté dans la corruption. Celui qui venait détruire l'ancien empire de la mort, ne pouvait naître sous les lois de cet empire, et le Seigneur de l'univers ne pouvait prendre la forme d'esclave dans laquelle il devait nous sauver, qu'en prenant un corps dans le sein d'une servante. Comment le Fils de Dieu aurait-il subi pour nous les crachats, les soufflets et la croix, s'il ne s'était pas constitué le Fils de l'homme ?

    Comment peut-on douter que ce soit là le secret du Tout-Puissant, quand on entend dire que le Roi des cieux est né d'une vierge, et que le Fils de la Vierge commande aux puissances du ciel ? Qui dira, mes frères, l'accroissement miraculeux des bienfaits de Dieu pour le salut des nations ? Autrefois, après le passage de la mer Rouge, voulant donner au peuple hébreu des préceptes relatifs au culte divin, le Seigneur appela Moïse au sommet du Sinaï, et confia à ce serviteur l'expression authentique de sa volonté à l'égard de cette petite nation. Mais quand les temps prédits furent arrivés, voulant prodiguer à toutes les nations les sacrements de la vie éternelle, Dieu lui-même, descendant du ciel et du sein de son Père, se renferma dans le sein d'une Vierge, et y revêtit notre humanité et se fit homme sans cesser d'être Dieu, acquérant ainsi une gloire incomparable. C'est ainsi que le Tout-Puissant est sorti du sein de Marie, a subi les infirmités de la chair sans perdre la majesté du Fils de Dieu, et, tempérant cette majesté suprême, il a réalisé ce prodige d'un Dieu fait homme s'entretenant avec les hommes, et d'un homme triomphant du démon par la puissance infinie qu'il tenait de son union hypostatique avec Dieu. »

    Saint Augustin, Deuxième Sermon sur la naissance de Jésus-Christ (1,3) - Sermons inédits, premier supplément, première section, huitième sermon sur l'Ecriture - Suite du Tome XIème des Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

  • 18 décembre : Toute l'année avec les Pères...

    Jésus : "Le-Seigneur-sauve" - Emmanuel : "Dieu-avec-nous" (Mt 1, 18-24)

    « L’évangéliste Matthieu, avec peu de mots, mais pleins de vérité, rapporte la naissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, par laquelle, étant fils éternel de Dieu avant les siècles, il est apparu dans le temps comme un fils d’homme. Il avait rappelé les générations de ses ancêtres, depuis Abraham jusqu’à Joseph, l’époux de Marie. Et certes, il convenait de toute façon que Dieu, puisqu’il voulait devenir homme par amour pour les hommes, ne naquît pas d’une autre que d’une vierge et que, lorsqu’il arriverait qu’une vierge enfantât, elle ne put procréer un autre fils que Dieu lui-même : Voici, dit le prophète, la Vierge portera et enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, nom qui se traduit: Dieu avec nous (Is 7,14).

    Le nom de Sauveur "Dieu-avec-nous", donné par le prophète, signifie les deux natures de son unique personne. En effet, celui qui est Dieu, né du Père avant tous les siècles, c’est lui-même qui est Emmanuel à la fin des temps, c’est-à-dire Dieu avec nous. Il l’est devenu dans le sein de sa mère, parce qu’il a daigné accepter la fragilité de notre nature dans l’unité de sa personne, quand le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous (Jn 1,14). C’est-à-dire qu’il a commencé d’une manière admirable à être ce que nous sommes, sans cesser d’être ce qu’il était, en assumant notre nature, de façon à ne pas perdre ce qu’il était en lui-même. [...]

    En hébreu "Jésus" veut dire "salut" ou "Sauveur", un nom qui désignait pour les prophètes une vocation très déterminée. D'où ces paroles chantées dans un grand désir de le voir : "Mon âme exultera dans le Seigneur et se réjouira dans son salut ; mon âme se consume après ton salut" (Ps 12,6 ; 34,9 ; 118,81). "Je me glorifierai dans le Seigneur, je me réjouirai en Dieu mon Sauveur" (Ha 3,18). Et surtout : "Mon Dieu, en ton nom, sauve-moi" (Ps 54,3). c'est comme si on disait : "Toi qui t'appelles Sauveur, en me sauvant, manifeste la gloire de ton nom". Donc le nom du fils qui est né de la Vierge Marie est Jésus, selon l'explication de l'Ange : "C'est lui qui sauve son peuple de ses péchés". [...]

    Marie mit donc au monde son fils premier-né (Lc 2,7), c’est-à-dire le fils de sa substance ; elle enfanta celui qui, avant toute créature, était Dieu, né de Dieu, et qui, dans l’humanité où il était créé, devançait en mérite toute créature.

    Et elle lui donna le nom de Jésus (cf. Lc 2,21). Donc, le nom de Jésus est celui du fils qui, né de la Vierge, signifie selon l’explication de l’ange qu’il sauvera son peuple de ses péchés. Or, celui qui sauve des péchés, c’est évidemment lui aussi qui sauvera des corruptions de l’âme et du corps, qui sont les suites du péché.

    Quant au nom du Christ, c’est le titre d’une dignité sacerdotale et royale. Car les prêtres et les rois, sous la loi ancienne, étaient appelés Christs à cause de la chrismation. Cette onction d’huile sainte préfigurait celui qui, en venant dans le monde comme vrai roi et pontife, a été consacré d’une onction de joie, comme aucun de ses semblables (Ps 44,8). A cause de cette onction ou chrismation, le Christ en personne et ceux qui participent à la même onction, c’est-à-dire à la grâce spirituelle, sont appelés "chrétiens".

    Du fait qu’il est Sauveur, le Christ peut nous sauver de nos péchés ; du fait qu’il est pontife, il peut nous réconcilier avec Dieu le Père ; du fait qu’il est roi, qu’il daigne nous donner le royaume éternel de son Père, Jésus Christ notre Seigneur qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen. »

    Saint Bède le Vénérable, Homélies pour la Vigile de Noël, 5, CCL 122, 32-36 (Trad. Solesmes et Clerus.org).

  • 15 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Elie est déjà venu" (Mt 17, 10-13)

    « Il est visible, mes frères, que les apôtres n’avaient point appris de l’Ecriture ce qu’ils disent ici d’Elie ; mais seulement des docteurs de la loi, et que c’était un bruit commun parmi le peuple. C’est ainsi qu’il s’était répandu des traditions touchant Jésus-Christ. Ce qui fit dire à la Samaritaine : "Le Messie viendra, et lorsqu’il sera venu, il nous annoncera toutes ces choses" (Jn IV,25). C’est pourquoi les Juifs firent cette demande à saint Jean : "Etes-vous Elie ou le Prophète ?" (Jn I,21) Car, comme je viens de le dire, ce bruit s’était fort répandu parmi les Juifs touchant Jésus-Christ et touchant Elie, mais ils ne lui donnaient pas un bon sens.

    L’Ecriture nous marque deux avènements de Jésus-Christ. L’un est déjà passé, et l’autre est encore à venir. Saint Paul nous en parle, lorsqu’il dit : "La grâce salutaire de Dieu s’est manifestée à tous les hommes pour nous apprendre à renoncer à l’impiété et aux désirs du siècle, afin de vivre avec modestie, avec piété et avec justice." (Tit II,11) Cet apôtre décrit ainsi le premier de ces deux avènements, puis il passe ensuite au second, lorsqu’il ajoute : "Dans l’attente d’une bienheureuse espérance, et de l’avènement du grand Dieu Notre-Sauveur Jésus-Christ." (Tit II) Les prophètes même ont parlé de l’un et de l’autre de ces deux avènements, et ils ont dit qu’Elie serait le précurseur du second, comme saint Jean l’était du premier. C’est ce qui fait que Jésus-Christ lui donne le nom d’Elie ; non parce qu’il était en effet Elie, mais parce qu’il en accomplissait le ministère, puisque saint Jean a été le précurseur du premier avènement comme Elie le doit être du second. Mais les scribes confondaient ces deux choses, et pour mieux corrompre le peuple, ils ne lui parlaient que du second avènement. Si ce Jésus, disaient-ils, était le véritable Christ, Elie serait déjà venu. Et c’est dans cette pensée que les apôtres disent ici au Fils de Dieu, "qu’il fallait qu’Elie vînt auparavant" ; c’était aussi la pensée des pharisiens, lorsqu’ils envoyèrent demander à Jean s’il était Elie. Mais voyons ce que Jésus-Christ répond à cette difficulté.

    "Jésus leur répondit : Il est vrai qu’Elie doit venir auparavant, et qu’il rétablira toutes choses." (Mt XVII,11) Il dit qu’Elie viendrait en effet avant son second avènement ; mais il ajoute qu’il était déjà venu, désignant par là son précurseur Jean-Baptiste. C’est là cet Elie qui est déjà venu ; car pour le prophète Elie : "Il viendra et rétablira toutes choses", c’est-à-dire toutes les choses que le prophète Malachie a marquées. «Le Seigneur dit : je vous enverrai Elie le Thesbite, qui réunira les coeurs des pères avec leurs enfants, afin que lorsque je viendrai je ne frappe point la terre d’une plaie "qui soit incurable". (Mal IV,5) Remarquez, mes frères, l’exactitude des paroles de ce prophète. Comme la ressemblance du même ministère pouvait faire donner à saint Jean le nom d’Elie, il a soin, pour éviter cette confusion, de marquer le pays de l’un, et il l’appelle "Thesbite", pour le distinguer de saint Jean qui n’était pas de cette ville. Il les distingue encore l’un de l’autre par cette seconde marque, "afin", dit-il, "que lorsque je viendrai," je ne frappe point la terre d’une plaie qui soit "incurable" : paroles qui nous font voir quelle sera la terreur du second avènement. Car il n’est pas venu la première fois pour "frapper la terre". Il dit lui-même : "Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver". (Jn III,16) Le prophète Malachie marque donc cette circonstance, pour faire voir qu’Elie ne précéderait que le dernier avènement de Jésus-Christ, lorsqu’il viendrait juger le monde.

    Il exprime en même temps le sujet pour lequel Elie lui servirait de précurseur. Il dit que ce serait pour persuader aux Juifs de croire en Jésus-Christ, et de ne s’exposer pas au danger de périr tous lorsqu’il viendrait. C’est ce que Jésus-Christ leur rappelle lorsqu’il dit : "Quand Elie viendra, il rétablira toutes choses", c’est-à-dire qu’il rétablira la foi des Juifs qui seront alors, et qu’il les amènera de leur incrédulité passée à une foi humble et fervente. Et il faut encore remarquer l’exactitude de ce prophète. Il ne dit pas : "Il réunira les coeurs des enfants avec leurs pères", mais "le coeur des pères avec leurs enfants". Comme les Juifs étaient les pères des apôtres, l’Ecriture marque qu’Elie réunirait les coeurs des pères, c’est-à-dire les sentiments des Juifs avec leurs enfants, c’est-à-dire avec les apôtres, et qu’il leur ferait embrasser leur doctrine sainte.

    "Mais je vous déclare qu’Elie est déjà venu, et ils ne l’ont point connu, mais ils l’ont traité comme il leur a plu ; ils feront souffrir de même le Fils de l’homme (12). Alors ses disciples, reconnurent que c’était de Jean-Baptiste qu’il leur avait parlé (13)". Les apôtres comprennent cela d’eux-mêmes. Les docteurs de la loi, ni l’Ecriture ne leur en disaient rien. Mais comme ils devenaient plus éclairés, et plus attentifs à ce que Jésus-Christ leur disait, ils le comprennent sans difficulté, surtout après ce que Jésus-Christ leur avait déjà dit dans une autre rencontre : "Que Jean était Elie qui doit venir". (Mt XI,27) Et il ne faut pas s’étonner si, après avoir dit "qu’Elie est déjà venu", il dit néanmoins qu’il doit venir encore pour rétablir toutes choses. L’un et l’autre était véritable. Quand il dit "qu’Elie viendrait pour rétablir tout", il marque, comme j’ai dit, le véritable Elie et la conversion des Juifs ; et lorsqu’il dit "qu’il est déjà venu", il marque saint Jean qu’il appelle Elie, parce qu’il remplissait la mission que remplissait Elie. Les prophètes usent de cette manière de parler, lorsqu’ils donnent en beaucoup d’endroits le nom de "David" aux rois qui ont imité la piété et le zèle du véritable David ; et lorsqu’ils appellent les Juifs "princes de Sodome et enfants d’Ethiopie" (Is 1,13), à cause de la corruption et du dérèglement de leurs moeurs. Ainsi, parce que saint Jean avait été le précurseur du premier avènement comme Elie le devait être du second, Jésus-Christ lui donne le nom d’Elie. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie LVII sur Saint Matthieu (1), in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 11 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La brebis perdue et retrouvée (Mt 18, 12-14)

    « "Voici que le nom du Seigneur vient de loin" dit le prophète (Is 30,27). Qui pourrait en douter ? Il fallait à l'origine quelque chose de grand pour que la majesté de Dieu daigne descendre de si loin en un séjour si indigne d'elle. Oui, effectivement, il y avait là quelque chose de grand : sa grande miséricorde, son immense compassion, sa charité abondante. En effet, dans quel but croyons-nous que le Christ est venu ? Nous le trouverons sans peine puisque ses propres paroles et ses propres oeuvres nous dévoilent clairement la raison de sa venue. Il est venu en toute hâte des montagnes pour chercher la centième brebis égarée. Il est venu à cause de nous pour que les miséricordes du Seigneur apparaissent avec plus d'évidence, ainsi que ses merveilles à l'égard des enfants des hommes (Ps 106,8). Admirable condescendance de Dieu qui nous cherche, et grande dignité de l'homme ainsi recherché ! Si celui-ci veut s'en glorifier, il peut le faire sans folie, non que de lui-même il puisse être quelque chose, mais parce que celui qui l'a créé l'a fait si grand. En effet, toutes les richesses, toute la gloire de ce monde et tout ce qu'on peut y désirer, tout cela est peu de chose et même n'est rien en comparaison de cette gloire-là. "Qu'est-ce donc que l'homme, Seigneur, pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention ?" (Jb 7,17) »

    Saint Bernard, Sermon 1 pour l'Avent, 7-8 (Trad. Orval).

  • 10 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Guérison du paralytique : "Tes péchés te sont pardonnés... Lève-toi..." (Lc 5, 17-26)

    « Le Verbe de Dieu est venu habiter dans l'homme ; il s'est fait "Fils de l'Homme" pour habituer l'homme à recevoir Dieu et pour habituer Dieu à habiter dans l'homme, comme il a plu au Père. Voilà pourquoi le signe de notre salut, l'Emmanuel né de la Vierge, a été donné par le Seigneur lui-même (Is 7,14). C'est en effet le Seigneur lui-même qui sauve les hommes, puisque ceux-ci ne peuvent se sauver par eux-mêmes... Le prophète Isaïe a dit : "Affermissez-vous, mains affaiblies, genoux chancelants ! Ranimez votre courage, cœurs défaillants ; affermissez-vous, ne craignez plus ! Voici notre Dieu qui exerce lui-même le jugement ; il vient lui-même, il va nous sauver" (35,3-4). Car c'est seulement du secours de Dieu, et non de nous-mêmes, que nous pouvions tenir notre salut.
    Voici un autre texte où Isaïe a prédit que celui qui nous sauve n'est ni simplement un homme, ni un être incorporel : "Ce n'est pas un messager, ce n'est pas un ange, mais c'est le Seigneur lui-même qui sauvera son peuple. Parce qu'il l'aime, il lui pardonnera ; lui-même, il le délivrera" (63,9). Mais ce Sauveur est aussi vraiment un homme, visible : "Cité de Sion, voici : tes yeux verront notre Sauveur" (33,20)... Un autre prophète a dit : "Lui-même il se retournera, nous fera miséricorde, et jettera nos péchés au fond de la mer" (Mi 7,19)... Du pays de Juda, de Bethléem (Mi 5,1) devait venir le Fils de Dieu, qui est aussi Dieu, pour répandre sa louange sur toute la terre... Dieu donc s'est bien fait homme et le Seigneur lui-même nous a sauvés en nous donnant le signe de la Vierge. »

    Saint Irénée de Lyon (v.140-v.208), Contre les hérésies III, 2, 2 (Trad. SC 34).

  • Méditation & Prière

    « Elle est par sa pureté immaculée la Reine élue par Dieu lui-même, la Reine aimée des Anges qui des hauteurs des Cieux règne sur tout l'univers des âmes et des mondes. Par son titre de « Mère de Dieu », elle est la Reine des docteurs. Par sa force d'âme, elle est la Reine des martyrs. Par sa justice et son amour, elle est la Reine de tous les saints et de tous les prédestinés. Envahie dès le premier instant par les radieuses et vivifiantes clartés du Verbe, toute éveillée en sa foi ardente, son âme vierge aimante et pure entre en un regard infiniment plus profond et plus divin que celui des Chérubins et des Séraphins dans le mystère insondable du Christ dont elle sera la Mère vierge et sans tache. Elle est l'âme la plus aimante et la plus aimée du Père après Jésus - et par conséquent la plus magnifiquement comblée des faveurs divines. Auprès d'elle, tous les Anges et tous les Saints réunis sont comme s'ils n'étaient pas, car sa souveraine présence remplit le ciel et la terre. »

    Marthe Robin (1902-1981).
    Source : P. Raymond Peyret, "Prends ma vie Seigneur" : La longue Messe de Marthe Robin, Desclée De Brouwer, Paris, 1985.


    « Ô Marie ! Ô ma sainte et bonne Mère ! Donnez-moi, donnez à tous de comprendre la grande valeur du silence dans lequel on entend Dieu. Apprenez-moi à me taire pour écouter la Sagesse éternelle. Apprenez-moi à tirer du silence tout ce qu’il renferme de grand, de saint, de surnaturel, de divin ; aidez-moi à en faire une prière parfaite, une prière toute de foi, de confiance et d’amour. Une prière vibrante, agissante, féconde, capable de glorifier Dieu et de sauver les âmes. Ma vie vaudra ce que vaudra mon oraison. »

    Marthe Robin, le 12 janvier 1930.
    (Source)

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    La Vierge Marie, par le Maitre de Moulins
    Partie centrale d'un tryptique, sa dernière oeuvre connue
    visible en la Cathédrale Notre-Dame de Moulins

  • 27 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez..." (Lc 13, 1-9)

    « Voici cinq chemins de la conversion : d'abord la condamnation de nos péchés, puis le pardon accordé aux offenses du prochain ; le troisième consiste dans la prière ; le quatrième dans l'aumône ; le cinquième dans l'humilité. Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins ; ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère.
    Car, même si tu vis dans la plus grande pauvreté, tu peux abandonner ta colère, pratiquer l'humilité, prier assidûment et condamner tes péchés ; ta pauvreté ne s'y oppose nullement. Alors que sur ce chemin de la conversion il s'agit de donner ses richesses, même la pauvreté ne nous empêche pas d'accomplir le commandement. Nous le voyons chez la veuve qui donnait ses deux piécettes.
    Voilà donc comment soigner nos blessures ; appliquons ces remèdes. Revenus à la vraie santé, nous nous approcherons hardiment de la table sainte et avec beaucoup de gloire nous irons à la rencontre du roi de gloire, le Christ. Obtenons les biens éternels par la grâce, la miséricorde et la bonté de Jésus Christ notre Seigneur. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Sermon sur le diable tentateur ; PG 49, 263-264 (Trad. bréviaire).

  • 20 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Psaume 8

    « "Pour moi, je considère vos cieux, l’ouvrage de vos doigts" (Ps VIII, 4). Nous lisons que Dieu écrivit la loi de son doigt, pour la donner à Moïse, son saint et fidèle serviteur (Ex XXXI, 18), et dans ce doigt de Dieu. beaucoup d’interprètes voient l’Esprit-Saint. Si donc par les doigts de Dieu, nous pouvons entendre aussi les ministres remplis de l’Esprit-Saint, parce que c’est lui qui agit en eux ; comme ce sont eux qui nous ont préparé toutes les divines Ecritures, il nous est permis aussi d’entendre par les cieux les livres de l’un et de l’autre Testament. Il est dit aussi de Moïse, que les mages de Pharaon, voyant qu’il les surpassait, s’écrièrent : "Celui-ci est le doigt de Dieu" (Id. VIII, 19). Quoique cette expression d’Isaïe : "Le ciel sera replié comme un livre" (Is XXXIV, 4), s’applique au ciel éthéré, on peut très bien l’entendre encore dans le sens allégorique des livres de l’Ecriture. "Pour moi donc, je considère les cieux qui sont l’ouvrage de vos mains", c’est-à-dire, je lirai, je comprendrai ces Ecritures, que vous avez écrites par vos ministres, que dirigeaient l’Esprit-Saint.

    On peut donc aussi voir les livres saints, dans ces cieux dont il disait auparavant : "Votre magnificence est élevée au-dessus des cieux", ce qui signifiait : Parce que votre magnificence est plus élevée que les cieux, et qu’elle surpasse toutes les paroles des Ecritures ; voilà que vous avez tiré de la bouche des enfants nouveau-nés et à la mamelle, la louange la plus parfaite, en contraignant à commencer par croire aux saintes Ecritures, ceux qui désirent arriver à la connaissance de votre grandeur ; et cette grandeur est bien au-dessus des Ecritures, puisqu’elle surpasse tous les efforts et toutes les expressions du langage. Dieu donc a voulu abaisser les Ecritures jusqu’au niveau des enfants nouveau-nés et à la mamelle, comme l’a dit un autre psaume : "Il a abaissé les cieux et il est descendu" (Ps XVII, 19) ; et il l’a fait à cause de ses ennemis, qui détestent la croix de Jésus-Christ, et dont les discours orgueilleux ne peuvent même, en disant la vérité, devenir utiles aux enfants nouveau-nés et à la mamelle. C’est ainsi qu’est détruit l’ennemi et le défenseur, qui veut défendre tantôt la sagesse, tantôt le nom du Christ, et qui attaque néanmoins la vérité dont il garantit la prompte intelligence, puisqu’il ruine la foi qui en est la base. On peut le convaincre encore de ne posséder point la vérité, puisqu’en ruinant la foi qui est l’échelle pour y arriver, il prouve qu’il en ignore le chemin. Si donc on veut détruire ce téméraire, cet aveugle prometteur de la vérité, qui en est à la fois l’ennemi et le défenseur, il faut regarder les cieux, l’ouvrage des doigts de Dieu, c’est-à-dire comprendre les saintes Ecritures qui s’abaissent jusqu’à cette lenteur des enfants qu’elles nourrissent d’abord par l’humble croyance des faits historiques accomplis pour notre salut, qu’elles fortifient ensuite jusqu’à les élever à la sublime intelligence des vérités éternelles. Ces cieux donc, ou les livres saints, sont l’ouvrage des doigts de Dieu, puisqu’ils sont écrits par le Saint-Esprit qui animait les saints et agissait en eux. Pour ceux qui ont cherché leur gloire plutôt que le salut des hommes, ils ont parlé sans l’Esprit-Saint, en qui sont les entrailles de la divine miséricorde. »

    Saint Augustin, Commentaires sur les Psaumes : Psaume 8 (7-8), Traduits par M. l’abbé Morisot, 1875.

    Source : Le Docteur angélique (Oeuvres complètes de saint Thomas d'Aquin)

  • 15 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Lors du Jugement..." (Lc 11, 29-32)

    « Le Seigneur viendra des cieux sur les nuées, lui qui est monté sur les nuées (Ac 1,9). C'est en effet lui qui a dit : "Et ils verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire" (Mt 24,30). Mais quel sera le signe véritable de son avènement, de crainte que les puissances ennemies n'osent nous égarer en le simulant ? "Et alors paraîtra, dit-il, le signe du Fils de l'homme dans le ciel" (Mt 24,30). Or le signe véridique et propre du Christ est la croix. Le signe d'une croix lumineuse précède le roi, désignant celui qui a d'abord été crucifié, afin qu'à cette vue ceux qui l'avaient d'abord percé de clous et entouré d'embûches se frappent la poitrine (Za 12,10) en disant : "Voici celui qui a été souffleté, celui dont le visage a reçu les crachats, celui qu'on avait entouré de chaînes, celui que jadis on avait humilié sur la croix." "Où fuir la face de ta colère ?" diront-ils (Ap 6,16). Et entourés des armées angéliques, ils ne trouveront nulle part de refuge.
    Pour les ennemis de la croix, la crainte sera le signe ; mais la joie pour ses amis qui auront cru en elle ou l'auront prêchée ou auront souffert pour elle. Qui donc aura alors le bonheur d'être trouvé l'ami du Christ ? Il ne dédaignera pas ses serviteurs, ce roi glorieux qu'entoure la garde des anges et qui siège sur le même trône que le Père. Car pour que les élus ne soient pas confondus avec les ennemis, "il enverra ses anges avec la grande trompette, et des quatre vents ils rassembleront les élus" (Mt 24,31). Il n'a pas oublié Lot dans son isolement (Gn 19,15 ; Lc 17,28) ; comment oublierait-il la foule des justes ? "Venez les bénis de mon Père" (Mt 25,34), dira-t-il à ceux qui seront transportés sur les chars des nuées et que les anges auront rassemblés. »

    Saint Cyrille de Jérusalem (313-350), Catéchèse baptismale 15 (Trad. Ed. du Soleil Levant, 1962 rev.).

  • 14 octobre : Méditation

    « Quand on a compris sa propre misère et les multiples dangers et le nombre d'âmes immortelles qui y succombent chaque jour et se damnent, le coeur se serre de tristesse et il redouble de prière.
    Il voudrait aider les pauvres pécheurs, leur ouvrir les yeux, leur découvrir les pièges tendus à leur vertu.
    Il voudrait couvrir de sa prière les âmes encore innocentes ou les soustraire à la ruse et à la malice des démons.
    Il voudrait enfin se sacrifier mille fois ne fût-ce que pour une seule âme, parcourir la terre et les mers pour prêcher l'Evangile, et jeter partout la semence de sa prière et de ses sacrifices.

    Comment l'âme dévouée à Jésus et admise dans son intimité peut-elle s'amuser à des choses profanes quand le démon n'est occupé qu'à perdre les âmes ?
    Comment peut-elle se reposer quand l'enfer ne se repose jamais ? Comment peut-elle songer à des plaisirs et à des passe-temps non voulus par l'obéissance ou la nécessité tandis que Satan ne cesse de combattre Jésus et de détruire son règne dans les coeurs ?

    Aussi l'idée de la prière l'obsède. Cet esprit de prière est l'âme de tous ses excercices spirituels. Elle va à la méditation, à la Messe, à la Communion comme une affamée qui désire obtenir pour elle et pour les autres, de l'amour, plus d'amour, plus de générosité, de fidélité à ses devoirs, de patience dans les peines.
    Elle va à l'office non pas seulement pour rendre au Dieu souverain ses adorations et ses remerciements mais aussi pour lui demander pardon et le supplier de lui donner plus d'amour.

    Elle prie pendant son travail et pendant ses récréations autant que possible, elle trouve d'ingénieux moyens pour se rappeler Dieu et lui répéter sa prière : Jésus, faites que je vous aime, que je me sanctifie.
    Elle a souvent l'Ave Maria à la bouche. Elle s'est habituée à redire cette prière si agréable à la Mère de Dieu, même pendant ses occupations et jusque dans son sommeil. Il lui semble alors tenir la main de sa Mère céleste. Elle la supplie de la remplacer près de Jésus, au moment de ses distractions ou de ses occupations et elle garde au fond du coeur la douce persuasion que cette bonne Mère exauce son désir.
    Ainsi l'âme tend de toutes ses forces à observer à la lettre le commandement du divin Maître : "Oportet semper orare et nunquam deficere" (Lc 18,1). Il faut toujours prier et ne jamais se lasser. »

    Jos. Schrijvers, C.SS.R., Les âmes confiantes, Imprimerie St Alphonse, Louvain, 1932 (2e éd.).

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    Vitrail de l'église Saint-Denis d'Athis-Mons

  • La puissance du chapelet - Historique par l'Abbé Pagès

    « L'Église a toujours reconnu à cette prière une efficacité particulière, lui confiant les causes les plus difficiles dans sa récitation communautaire et dans sa pratique constante. En des moments où la chrétienté elle-même était menacée, ce fut à la force de cette prière qu'on attribua l'éloignement du danger, et la Vierge du Rosaire fut saluée comme propitiatrice du salut.
    Aujourd'hui, je recommande volontiers à l'efficacité de cette prière la cause de la paix dans le monde et celle de la famille.

    [...]

    Prière pour la paix, le Rosaire est aussi, depuis toujours, la prière de la famille et pour la famille. Il fut un temps où cette prière était particulièrement chère aux familles chrétiennes et en favorisait certainement la communion. Il ne faut pas perdre ce précieux héritage. Il faut se remettre à prier en famille et à prier pour les familles, en utilisant encore cette forme de prière...
    La famille qui est unie dans la prière demeure unie. Par tradition ancienne, le saint Rosaire se prête tout spécialement à être une prière dans laquelle la famille se retrouve...
    Recommencer à réciter le Rosaire en famille signifie introduire dans la vie quotidienne des images bien différentes, celles du mystère qui sauve : l'image du Rédempteur, l'image de sa Mère très sainte. La famille qui récite le Rosaire reproduit un peu le climat de la maison de Nazareth : on place Jésus au centre, on partage avec lui les joies et les souffrances, on remet entre ses mains les besoins et les projets, on reçoit de lui espérance et force pour le chemin. »

    Bx Jean-Paul II, Lettre Apostolique Rosarium Virginis Mariae, n° 39-41, 16 octobre 2002.

  • 5 octobre : Méditation

    1er vendredi du mois

    « Adorons le Coeur si bon et si miséricordieux de Jésus. Les maux qui affligent les âmes qu'il a rachetées de son sang, les douleurs qui visitent ses amis privilégiés le touchent de la manière la plus sensible. Il voudrait leur épargner tant de souffrances ; mais il sait que leur salut doit s'opérer de la sorte. Lui-même a du souffrir, et entrer ainsi dans sa gloire (Lc 24, 26), et le disciple ne doit pas être mieux traité que le Maître. D'ailleurs, c'est leur âme immortelle, c'est leur salut éternel qu'il aime avec tant de constance et de générosité. Il jette un regard de compassion sur ceux qui souffrent ; il met très avant dans son Coeur les maux de ses amis, et, se tournant vers son Père céleste, il adore sa divine volonté, il accepte et veut pour eux, comme il l'a voulu pour lui-même, qu'elle s'accomplisse. Efforçons-nous d'entrer dans ces sentiments, et supplions le Coeur adorable de nous les communiquer. »

    R.P. Exupère de Prats-de-Mollo, Sainte Madeleine dans l'Evangile (Livre IV, Méditation XIII), Paris - Leipzig, H. & L. Casterman, Tournai, 1888.

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  • 26 septembre : Méditation

    « Toi qui jouis du don inappréciable de la foi ; toi qui bénéficies des sacrements de l'Eglise et manges quand il te plaît à la Table de Dieu ; toi que le Seigneur a fait riche des infinies espérances, partage unique de ceux qui peuvent dire "je crois" ; toi le choyé de l'Eternel Amour, le comblé de tant et tant de bienfaits divins ; insigne favorisé du monde de la grâce, catholique mon frère, as-tu pitié des infortunes surnaturelles qui t'entourent : de tant d'âmes privées du Christ et qui meurent de misère dans la nuit sans étoile de leur ignorance religieuse et des erreurs qui mènent à tous les désespoirs ?
    Catholique pratiquant, heureux privilégié de la Rédemption, millionnaire du monde de la grâce, as-tu pitié des indigents, des pauvres, des sans-Dieu, des sans foi, des sans espérances, qui languissent de toute part autour de toi ?
    La richesse est une fonction ; c'est un peu pour soi et surtout pour le bonheur des autres qu'on détient la richesse... Si cela est vrai pour les biens matériels, il est évident qu'il doit en être ainsi pour les trésors de l'ordre surnaturel.
    Riche de la Rédemption, catholique, mon frère, es-tu apôtre ? Te soucies-tu de communiquer ta foi ?
    Enfant de Dieu, sors de ton égoïsme ; oublie-toi toi-même, songe aux autres, renonce à ta petite tranquillité. L'heure des dévouements sans réserve a sonné. Va, va, va, enfant de Dieu, va ! Il y a tant de pitié au royaume des âmes, sur la terre de France.
    Ah ! que d'êtres humains égarés, révoltés, lamentables et malheureux, à qui pourtant il eût suffit, pour devenir de vertueux croyants, de rencontrer sur leur chemin un coeur d'apôtre !... Et c'était peut-être toi ce coeur par qui le Christ voulait les arracher au naufrage !...
    Mystérieuse et grave responsabilité de tout catholique !...
    Fils de l'Eglise, le Pape t'y appelle. Il faut te jeter dans la mêlée. Les adversaires de ta foi travaillent avec acharnement, à multiplier les apostats : vas-tu assister, impassible, à ces ravages ?
    Combien, jusqu'à ce jour, voyons, combien de coeurs, combien de consciences coupables se sont-ils restitués à Dieu, grâce à toi ?
    Combien d'âmes as-tu rendues meilleures ?...
    S'il est des vies dont on peut dire qu'elles ne valent pas une heure, parce qu'elles n'ont été employées qu'à poursuivre le néant et n'ont rien produit d'éternel, il est des heures dont on peut dire qu'elles valent des années et rachètent une vie : ce sont les heures à jamais bénies où l'on sauve une autre âme. Ah ! multiplie ces heures dans ta vie.
    "Hélas ! s'écrie saint Bernard, hélas ! qu'une bête de somme tombe sur le chemin, il se trouvera quelqu'un pour lui porter secours ; il en est bien peu qui se soucient d'une âme qui périt..."
    Mon frère, toi, sois apôtre ! »

    Chanoine Marie-Eugène Henry (Chapelain de Paray-le-Monial), Points d'appui au sein de la tempête, Editions Alsatia, Paray-le-Monial, 1940.

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  • 24 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La lampe sous le boisseau (Lc 8, 16-18)

    « La lampe sur le lampadaire, c'est notre Seigneur Jésus Christ, la vraie lumière du Père "qui éclaire tout homme venant au monde" (Jn 1,9). Autrement dit, c'est la Sagesse et la Parole du Père ; ayant accepté notre chair, il est réellement devenu et il a été appelé la "lampe" du monde. Il est célébré et exalté dans l'Eglise par notre foi et notre piété. Il se rend ainsi visible à toutes les nations et il brille pour "tous les gens de la maison", c'est-à-dire pour le monde entier, selon sa parole : "On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, où elle brille pour tous dans la maison" (Mt 5,15).
    Comme on le voit, le Christ se nomme lui-même une lampe. Dieu par nature, il est devenu chair dans le plan du salut, une lumière contenue dans la chair comme dans un vase... C'est à cela que David pensait lorsqu'il disait : "Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route" (Ps 118,105). Comme il fait disparaître les ténèbres de l'ignorance et du mal des hommes, mon Sauveur et Dieu est appelé une lampe dans l'Ecriture. Comme il est le seul à pouvoir anéantir les ténèbres de l'ignorance et à dissiper l'obscurité du péché, il est devenu pour tous la voie du salut. Il conduit auprès du Père ceux qui, par la connaissance et la vertu, marchent avec lui sur le chemin des commandements comme sur une voie de justice.
    Le lampadaire, c'est la sainte Eglise parce que le Verbe de Dieu brille par sa prédication. C'est ainsi que les rayons de sa vérité peuvent éclairer le monde entier... Mais à une condition : ne pas la cacher sous la lettre de la Loi. Quiconque s'attache à la seule lettre de l'Ecriture vit selon la chair ; il met la lampe sous le boisseau. Placée au contraire sur le lampadaire, l'Eglise, elle éclaire tous les hommes. »

    Saint Maxime le Confesseur (v.580-662), Question 63 à Thalassius ; PG 90, 667s (Trad. Argyriou/Tournay).

  • 18 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Le fils de la veuve de Naïm

    « La divine miséricorde se laisse vite fléchir par les gémissements de cette mère. Elle est veuve ; les souffrances ou la mort de son fils unique l'ont brisée... Il me semble que cette veuve, entourée de la foule du peuple, est plus qu'une simple femme méritant par ses larmes la résurrection d'un fils, jeune et unique. Elle est l'image même de la Sainte Eglise qui, par ses larmes, au milieu du cortège funèbre et jusque dans le tombeau, obtient de rappeler à la vie le jeune peuple du monde... Car à la parole de Dieu les morts ressuscitent, ils retrouvent la voix et la mère recouvre son fils ; il est rappelé de la tombe, il est arraché au sépulcre. Quelle est cette tombe pour vous, sinon votre mauvaise conduite ? Votre tombeau c'est le manque de foi... De ce sépulcre, le Christ vous libère ; vous sortirez du tombeau si vous écoutez la parole de Dieu. Et si votre péché est trop grave pour que puissent le laver les larmes de votre pénitence, qu'interviennent pour vous les pleurs de votre mère l'Eglise... Elle intercède pour chacun de ses enfants, comme pour autant de fils uniques. En effet, elle est pleine de compassion et éprouve une douleur spirituelle toute maternelle lorsqu'elle voit ses enfants entraînés à la mort par le péché. »

    Saint Ambroise (v.340-397), Sur l'Evangile de St Luc (V, 89), SC n°45.