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éternité - Page 4

  • Méditation : "Prière du vieillard"

    Prière du vieillard

    « Seigneur Jésus-Christ, roi des rois, qui as puissance sur la vie et sur la mort ; tu connais ce qui est secret et caché, ni nos pensées ni nos sentiments ne sont voilés pour toi. Guéris mes menées, j'ai fait le mal en ta présence.
    Voici que ma vie décline de jour en jour, et mes péchés ne font que croître. Ô Seigneur, Dieu des esprits et des corps, tu connais l'extrême fragilité de mon âme et de ma chair. Accorde-moi, Seigneur, la force dans ma faiblesse, et soutiens-moi dans ma misère.

    Tu sais que j'ai été pour beaucoup un sujet d'étonnement, tu es mon puissant soutien. Donne-moi une âme reconnaissante ; que sans cesse je me souvienne de tes bienfaits, Seigneur plein de bonté. Ne garde pas la mémoire de mes nombreux péchés, mais pardonne toutes mes forfaitures.

    Seigneur, ne dédaigne pas ma prière - une prière de misérable - conserve-moi ta grâce jusqu'à la fin ; qu'elle me garde comme par le passé. C'est elle qui m'a enseigné la sagesse : bienheureux ceux qui empruntent ses chemins, car ils recevront la couronne de gloire.

    Seigneur, je te loue et te glorifie, malgré mon indignité, parce que ta miséricorde à mon égard n'a pas eu de borne. Tu as été pour moi aide et protection. Que le nom de ta majesté soit loué à jamais !
    A toi, ô notre Dieu, la gloire ! »

    Saint Ephrem, in Prières des premiers chrétiens par A. Hamman O.F.M., Librairie Arthème Fayard, Paris, 1951.

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  • Audience générale de ce mercredi 10 avril 2013

    "Nous sommes devenus fils de Dieu"

    Après avoir parcouru en voiture les allées de la Place St Pierre, le Pape François a consacré la catéchèse de l'audience générale à la signification salvifique de la Résurrection. La foi chrétienne, a-t-il dit, "est fondée sur la mort et la résurrection du Christ, telle une maison bâtie sur le roc. Si ce fondement cède, l'édifice s'effondre. Sur la croix Jésus s'est offert en se chargeant de nos péchés. Descendu dans l'abysse de la mort, il l'a vaincue par la Résurrection, ouvrant ainsi la voie à une renaissance". Paul dit que quelque chose d'absolument nouveau s'est produit avec la Résurrection : "Libérés de l'esclavage du péché nous sommes devenus fils de Dieu, appelés à une vie nouvelle qui se réalise dans le baptême, sacrement qui se pratiquait initialement par immersion... En sortant de la vasque baptismale le catéchumène était revêtu d'un vêtement neuf blanc pour signifier son immersion dans la mort et résurrection du Christ. Devenu fils de Dieu, le baptisé avait reçu...l'Esprit qui rend fils adoptif et pouvait, comme le dit l'apôtre, crier Abbà, Père ! L'Esprit reçu au baptême nous apprend et nous pousse à appeler Dieu père, ou mieux papa ! C'est là le plus grand des dons qu'offre le mystère pascal. Nous traitant en fils, Dieu nous comprend, nous pardonne et nous aime, même lorsque nous péchons".

    Mais le rapport filial avec Dieu, a précisé le Pape, "n'est pas un trésor à conserver dans un coin de notre vie mais une valeur qui doit mûrir et être chaque jour alimentée par l'écoute de la Parole, par la prière et les sacrements, tout particulièrement la pénitence, l'Eucharistie et la charité. Ainsi peut-on vivre en fils ! Soyons dignes d'être fils et comportons-nous véritablement comme tels, en laissant le Christ nous transformer pour être à son image, c'est à dire vivre en chrétiens, le suivre malgré nos limites et faiblesses. La tentation d'écarter Dieu pour nous mettre au centre de nous-même est un danger permanent... C'est pour cela que nous devons avoir le courage de la foi, celui de ne pas être tentés de croire que Dieu ne sert à rien et n'a aucune importance pour nous. C'est le contraire car en se comportant en fils de Dieu malgré nos faiblesses, en ressentant son amour, notre existence sera nouvelle, pleine de sérénité et de joie. Il est notre force et notre espérance. Nous devons donc être fermes sur cette espérance et être des signes visibles et clairs pour les autres. Le Ressuscité est l'espérance qui ne fait jamais défaut et ne déçoit jamais. Combien de fois dans la vie nos espoirs s'envolent et nos projets ne se réalisent pas ! Mais l'espérance des chrétiens est forte et sûre sur cette terre où Dieu nous a appelés à cheminer. Elle est ouverte à l'éternité car fondée sur Dieu, qui est fidèle... Etre chrétien ne se limite pas à obéir à des préceptes mais à vivre dans le Christ, à penser et agir comme lui, à aimer comme lui, à le laisser prendre possession de notre vie pour la changer, la libérer des ténèbres du mal et du péché. A qui demande raison de notre espérance montrons le Ressuscité. Indiquons le Christ par la diffusion de son message, et avant tout par notre vie de ressuscités. Montrons la joie d'être fils de Dieu et la liberté qu'apporte la vie dans le Christ, la véritable libération du mal, du péché et de la mort. En tendant vers la patrie céleste nous recevrons une force nouvelle jusque dans nos actions quotidiennes. C'est un service que nous devons rendre à un monde qui trop souvent ne parvient pas à tourner son regard vers Dieu".

    Après la catéchèse, le Pape François a salué et réconforté des malades et des handicapés placés au pied du parvis de la Basilique St Pierre.

    Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 10.4.13)

  • Méditation : joie pascale

    « Une joie unique, sans pareille, remplit aujourd'hui la sainte Eglise et le coeur de tout chrétien ; une joie qui n'est pas simplement la joie naturelle qui nous gagne, lorsqu'au matin de Pâques nous traversons champs et forêts et que nous sentons le puissant réveil du printemps. Non, c'est une joie qui touche ce qu'il y a en nous de plus profond et de plus sublime, c'est le bonheur sans mélange de la possession assurée, comme le dit la prière de l'Eglise : "O Dieu, qui nous avez, en ce jour, ouvert l'entrée de l'éternité par la victoire que votre Fils unique a remportée sur le mal."
    Nous sommes aujourd'hui au point culminant de l'année liturgique. Après la longue et pénible acension du Carême, nous avons atteint le sommet de l'édifice monumental de notre foi catholique, de cette splendide cathédrale spirituelle, et, maintenant, d'un coup d'oeil, nous pouvons faire la synthèse et embrasser dans ses grandes lignes le panorama de l'histoire du monde.
    L'Eglise ne regarde aujourd'hui que l'essentiel. L'éternité se déroule devant nos yeux émerveillés. Le mystère de Pâques embrasse, en effet, l'éternité. Par la résurrection du Christ, l'univers a retrouvé son orientation première.
    La filiation divine, la participation à la vie de Dieu, qu'Adam, père du genre humain, avait perdues pour lui et pour nous, le Seigneur, par sa mort sur la Croix et par sa glorieuse résurrection, nous les a rendues. Par le mystère de Pâques, l'humanité est ornée à nouveau de la splendeur première de la grâce sanctifiante, elle est rétablie dans ses droits inaliénables à la filiation divine.
    [...]
    L'intelligence divine, la Très Sainte Trinité digne de toutes nos adorations n'est pas soumise comme l'intelligence limitée de l'homme à la succession dans le temps. Pour Dieu il n'y a pas de passé et pas de futur, mais un éternel présent. Pour Lui, tout - les souffrances de Jésus-Christ, sa mort, sa résurrection - est un présent immuable. C'est comme si la vie du Sauveur s'était passée en un instant.
    "Je suis ressuscité et je suis encore avec Vous, alléluia ; vous avez mis votre main sur moi, alléluia. Votre science merveilleuse est au-dessus de moi, alléluia, alléluia." Ainsi parle le divin Ressuscité au matin de Pâques dans la prière qu'Il adresse par notre bouche à son Père.
    En Lui nous sommes toujours dans la main de Dieu ; merveilleuse est sa divine science sur chacun de nous. Tous, nous sommes resuscités dans le Christ ; nous avons reçu une nouvelle vie dans le bain de la régénération baptismale. La victoire souveraine de Jésus est aussi notre victoire, car nous vivons en Lui par la grâce sanctifiante.
    [...]
    "Réjouissez-Vous, Reine du ciel, réjouissez-Vous, ô Marie ! Celui qui Vous a choisie pour mère, alléluia, est sorti vivant du tombeau, alléluia. Priez pour nous, ô Marie, alléluia." »

    Toute l'année avec le Christ, par les Bénédictins de l'Abbaye de Notre-Dame d'Einsiedeln (La très sainte fête de Pâques), Traduction des Bénédictins de l'Abbaye Ste-Marie de la Pierre-Qui-Vire, Comptoir Français du Livre, Paris / Bruxelles, 1936.

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  • 29 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La Sainte Passion du Christ

    « Qu’Avril de ses bourgeons Lui fasse une couronne !
    Pour les foules il a fait un tapis d’herbe : elles ont mangé tout leur saoul.
    Merveille que cette bombance sur une autre bombance étendue !
    L’Avril visible à l’invisible a fait un beau décor !
    Les victoires aux fleurs se mêlent,
    Et les lis des champs, dans toute leur splendeur,
    Aux signes éclatants que fait Notre-Seigneur.

    Refrain :   
    En Avril ils ont tué
    L’Agneau et L’ont mangé,
    L’Agneau de Dieu qui vit
    Et qui donne la Vie !

    Avril avait commencé : il a conclu, il a fini ;
    De ses fleurs il a couronné le Peuple indigne
    Qui mangeait et prisait plus que tout un agneau transitoire ;
    Au lieu d’herbes amères, ce sont épines qu’ils ont glanés, ces égarés,
    Pour tourner en dérision l’Agneau véritable,
    Pour couronner le Roi dans une comédie
    Et pour tuer le Juste ; oh ! quelle vilenie !

    Que Moïse des justes T’offre la couronne,
    Lui qui tressa aussi les ossements des justes, rassemblés ;
    Au tonnerre de Ta voix, les fleurs s’ouvrirent, s’épanouirent !
    Au mois d’Avril, ce fut un vrai printemps en Enfer !
    Le visage des morts s’est éclairé,
    Leurs os tout desséchés, les voilà mis en liesse,
    Et leur grâce fanée, la voilà qui rayonne !

    Le soleil en pleines ténèbres T’a fait belle couronne !
    En se retirant il l’a tressée, en trois heures il l’a achevée,
    Pour couronner les trois jours de Sa mort ;
    Il a proclamé qu’avec la Mort Il avait maille à partir ;
    Parce que sur la croix tout homme à la Mort succombe,
    Il a saisi la croix et par elle a vaincu la Mort,
    Comme périt Goliath, tué par sa propre épée.

    De Lui le soleil proclame qu’Il est invisible et visible,
    Que Son corps s’est habillé de souffrance, Sa Nature étant impassible ;
    Selon Son corps Il a pâti, selon Sa Force Il a relui.
    Ô soleil visible, de l’Invisible endeuillé !
    Ô luminaire, de la Lumière tout marri !
    Consolé, il s’est levé, nous a consolés,
    Car du tombeau Lui s’est levé pour Son Église.

    Le soleil s’est caché là-haut, la lune tout en bas,
    Et les justes ont fui de tous côtés vers un refuge, un abri ;
    Le soleil correspond aux anges, la lune aux ensevelis ;
    Au milieu, les imposteurs déboussolés, meurtriers de leur Seigneur.
    Le soleil a paru, comme les anges envoyés ;
    La lune s’est levée avec les morts réveillés :
    Au piège, au beau milieu, les crucifieurs sont pris !

    Que l’Orient de sa droite Lui offre une couronne
    Tressée avec les symboles et les figures de l’Arche,
    Des fleurs que sur les Monts Qardu il a cueillies !
    Car c’est de là que viennent Noé, Sem et le Chef du monde,
    De là Abraham au grand nom,
    Et les Mages bénis, et puis l’Étoile encore,
    Et puis son glorieux voisin, le Paradis !

    Que l’Occident Lui offre deux couronnes magnifiques
    Dont le parfum s’en va en tout point cardinal,
    L’Occident où les deux Luminaires ont sombré !
    Les deux Apôtres ensevelis là-bas continuent de darder
    Leurs rayons qui jamais n’ont connu de couchant :
    Le soleil ? Voilà que Simon le surpasse,
    Tandis que par l’Apôtre la lune est éclipsée !

    Que du Parân le Sud Lui offre une couronne !
    Il a bourgeonné, il a fleuri de fleurs hébraïques !
    La redoutable Loi jamais accomplie par quiconque
    Est la couronne de Notre-Seigneur : Il l’a accomplie, Lui, bouclée.
    En prenant de l’âge, elle s’est calmée, assoupie,
    Et c’est en témoignage seulement qu’on la cite,
    Cette aïeule fourbue entrée en son repos.

    Le Nord était trop dur et sa terre sans fleurs…
    Rien que neiges et glaces, rien que violentes bises ;
    (les aquilons figurent le paganisme grec.)
    Mais voilà que de fleurs nouvelles il offre une couronne
    Au Soleil de l’Amour qui l’a rendu fécond !
    Voilà qu’exultent chez lui les ossements des martyrs,
    Que les vierges en fleur, radieuses, s’épanouissent !

    L’En Haut, l’En Bas, Seigneur, Te couronnent eux aussi :
    Voilà les six Côtés qui T’offrent leurs guirlandes,
    Puisque le sixième jour on T’a tressé une couronne d’épines.
    Qu’ils Te couronnent, et Ton Père par Toi !
    Le corps d’Adam par Toi triomphait :
    Grande humiliation lorsqu’il fut vaincu !
    Sa dette, sous les fleurs Tu l’as ensevelie.

    Au Né du Sixième Âge, merci de tous côtés !
    Parfait, le nombre Six : il n’est rien qui lui manque ;
    Couronne en la main droite : tel est le nombre Cent.
    En guise de couronne, notre droite offre des hymnes !
    De sénestre, par son symbole, sauve-nous,
    Et par ce qu’il représente conduis-nous à la Dextre,
    Là où le nombre Cent en guirlande est tressé ! »

    Saint Ephrem, Hymne VII sur la Passion, SC 459, Cerf, 2011.

  • 23 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple..." (Jn 11, 45-57)

    « Notre Seigneur a été piétiné par la mort, mais, en retour, il a frayé un chemin qui écrase la mort. Il s'est soumis à la mort et il l'a subie volontairement pour la détruire malgré elle. Car, sur l'ordre de la mort, notre Seigneur "est sorti en portant sa croix" (Jn 19,17). Mais il a crié sur la croix et il a tiré les morts des enfers...

    Il est le glorieux "fils du charpentier" (Mt 13,55) qui, sur le char de sa croix, est venu au-dessus de la gueule vorace du séjour des morts et a transféré le genre humain dans la demeure de la vie (Col 1,13). Et parce que, à cause de l'arbre du paradis, le genre humain était tombé dans le séjour des morts, c'est par l'arbre de la croix qu'il est passé dans la demeure de la vie. Sur ce bois-là avait été greffée l'amertume ; mais sur celui-ci la douceur a été greffée, pour que nous reconnaissions en lui le chef auquel ne résiste rien de ce qui a été créé.

    Gloire à toi ! Tu as jeté ta croix comme un pont au-dessus de la mort, pour que les hommes y passent du pays de la mort à celui de la vie... Gloire à toi ! Tu as revêtu le corps d'Adam mortel et tu en as fait la source de la vie pour tous les mortels. Oui, tu vis ! Car tes bourreaux se sont comportés envers ta vie comme des semeurs : ils ont semé ta vie dans les profondeurs de la terre comme on sème le blé, pour qu'il lève lui-même et fasse lever avec lui beaucoup de grains (Jn 12,24).

    Venez, faisons de notre amour comme un encensoir immense et universel ; prodiguons des cantiques et des prières à celui qui a fait de sa croix un encensoir à la Divinité et nous a tous comblés de richesses par son sang. »

    Saint Ephrem, Homélie sur notre Seigneur (Trad. Bréviaire, 3e vend. Pâques rev.).

  • 11 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Parole du Seigneur : Oui, je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle..."
    (Is 65, 17-21)

    « Deux parents nous ont engendrés pour la mort ; deux parents nous ont engendrés pour la vie. Adam et Ève sont les parents qui nous ont engendrés pour la mort ; le Christ et l'Église sont les parents qui nous ont engendrés pour la vie. Dans le père qui m'a engendré pour la mort, je vois Adam ; Ève dans ma mère. Nous sommes issus d'une race charnelle. C'est à la vérité par un bienfait de Dieu, car nous ne devons ce bienfait qu'à Dieu. Cependant comment sommes-nous venus au jour ? Sans aucun doute, c'est pour mourir. Ceux qui nous ont précédés nous ont engendrés pour leur succéder : était-ce pour qu'éternellement nous vécussions sur la terre avec eux ? Ils devaient s'en aller, et ils ont voulu être remplacés.

    Ce n'est pas pour cela que nous engendrent Dieu notre père et l'Église notre mère ; c'est pour la vie éternelle, car eux-mêmes sont éternels ; et cette éternelle vie est l'héritage qui nous est promis par le Christ. Le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous (Jn I,14), il a été nourri, il a grandi, il a souffert, il est mort, il est ressuscité, il a reçu pour héritage le royaume des cieux. C'est comme homme qu'il est ressuscité et qu'il a reçu l'éternelle vie ; c'est comme homme et non comme Verbe ; comme Verbe il demeure immuable d'une éternité à l'autre éternité. Or comme cette sainte humanité est ressuscitée pour la vie éternelle, il nous a été promis de ressusciter également et de monter au ciel pleins de vie. Nous attendons le même héritage, la vie immortelle. Tout le corps n'est pas encore monté ; le chef est au ciel, les membres sur la terre ; le chef n'abandonnera pas le corps, seul il ne prendra point possession de l'héritage. Le Christ entier y sera admis, le Christ entier dans l'humanité, c'est-à-dire le chef et les membres. Nous sommes les membres du Christ ; donc espérons l'héritage ; quand tout sera passé nous aurons en partage un bonheur qui ne passera point et nous échapperons à un malheur qui ne passera point non plus : le bonheur et le malheur sont également éternels. Si Dieu a fait aux siens des promesses éternelles, il n'a pas fait aux impies de temporelles menaces. Il a promis aux saints une vie, un bonheur, un royaume un héritage sans fin : ainsi il a menacé les impies d'un feu qui ne s'éteindra point. Si nous n'aimons point encore ses promesses, redoutons au moins ses menaces. »

    Saint Augustin, Sermon XXII (10) des Sermons détachés sur l'Ancien Testament, in Oeuvres complètes de saint Augustin, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Tome VI, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 17 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Table des origines de Jésus Christ (Mt 1, 1-17)

    « Il ne sert à rien de dire que notre Seigneur, fils de la Vierge Marie, est vraiment homme, si on ne croit pas qu'il l'est de la manière que proclame l'Evangile. Lorsque Matthieu nous parle de la "généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham", il dessine, à partir de l'origine de l'humanité, la lignée des générations jusqu'à Joseph à qui Marie était fiancée. Luc, au contraire, remonte les degrés successifs pour aboutir au commencement du genre humain, et il montre ainsi que le premier et le dernier Adam sont de la même nature (3,23sq). Il était possible, certes, à la Toute-Puissance du Fils de Dieu de se manifester pour l'instruction et la justification des hommes de la même manière qu'il était apparu aux patriarches et aux prophètes sous une forme charnelle ; par exemple, lorsqu'il luttait avec Jacob (Gn 32,25) ou qu'il engageait une conversation avec Abraham, acceptant le service de son hospitalité au point de prendre la nourriture qu'il lui présentait (Gn 18). Mais ces apparitions n'étaient que des signes, des images de l'homme dont elles annonçaient la réalité puisée aux racines de ces ancêtres. Le mystère de notre rédemption, disposé dès avant le temps, depuis l'éternité, aucune image ne pouvait l'accomplir. »

    Saint Léon le Grand, Lettre 31 ; PL 54, 791 (Trad. Abbaye d'Orval).

  • Le sens du temps de l'Avent par Benoit XVI

    « La signification de l'expression "avent" comprend donc également celle de visitatio, qui veut dire simplement et précisément "visite" ; dans ce cas, il s'agit d'une visite de Dieu : Il entre dans ma vie et veut s'adresser à moi. Nous faisons tous l'expérience, dans notre existence quotidienne, d'avoir peu de temps pour le Seigneur et peu de temps également pour nous. On finit par être absorbé par ce qu'il faut "faire". N'est-il pas vrai que souvent, c'est précisément l'activité qui s'empare de nous, la société et ses multiples intérêts qui monopolisent notre attention ? N'est-il pas vrai que l'on consacre beaucoup de temps au divertissement et aux distractions en tout genre ? Parfois, les choses nous "submergent". L'Avent, ce temps liturgique fort que nous commençons, nous invite à nous arrêter en silence pour comprendre une présence. C'est une invitation à comprendre que chaque événement de la journée est un signe que Dieu nous adresse, un signe de l'attention qu'il a pour chacun de nous. Combien de fois Dieu nous fait percevoir un signe de son amour! Tenir, en quelque sorte, un "journal intérieur" de cet amour serait un devoir beau et salutaire pour notre vie ! L'Avent nous invite et nous encourage à contempler le Seigneur présent. La certitude de sa présence ne devrait-elle pas nous aider à voir le monde avec des yeux différents ? Ne devrait-elle pas nous aider à considérer toute notre existence comme une "visite", comme une façon dont Il peut venir à nous et devenir proche de nous, en toute situation ?

    Un autre élément fondamental de l'Avent est l'attente, une attente qui est dans le même temps espérance. L'Avent nous pousse à comprendre le sens du temps et de l'histoire comme "kairós", comme occasion favorable pour notre salut. Jésus a illustré cette réalité mystérieuse dans de nombreuses paraboles : dans le récit des serviteurs invités à attendre le retour du maître ; dans la parabole des vierges qui attendent l'époux ; ou dans celle de la semence et de la moisson. L'homme, au cours de sa vie, est en attente permanente : quand il est enfant, il veut grandir ; adulte, il tend à la réalisation et au succès; en avançant en âge, il aspire à un repos mérité. Mais arrive le temps où il découvre qu'il a trop peu espéré, au-delà de la profession ou de la position sociale, il ne lui reste rien d'autre à espérer. L'espérance marque le chemin de l'humanité, mais pour les chrétiens, elle est animée par une certitude : le Seigneur est présent tout au long de notre vie, il nous accompagne et un jour, il essuiera aussi nos larmes. Un jour, bientôt, tout trouvera son accomplissement dans le Royaume de Dieu, Royaume de justice et de paix.

    Mais il y a des manières très différentes d'attendre. Si le temps n'est pas rempli par un présent doté de sens, l'attente risque de devenir insupportable ; si on attend quelque chose, mais que pour le moment il n'y a rien, c'est-à-dire que si le présent reste vide, chaque instant qui passe apparaît exagérément long, et l'attente se transforme en un poids trop lourd, parce que l'avenir reste tout à fait incertain. Lorsqu'en revanche, le temps prend du sens, et en tout instant nous percevons quelque chose de spécifique et de valable, alors la joie de l'attente rend le présent plus précieux. Chers frères et sœurs, vivons intensément le présent où nous arrivent déjà les dons du Seigneur, vivons-le projetés vers l'avenir, un avenir chargé d'espérance. L'Avent chrétien devient de cette manière une occasion pour réveiller en nous le sens véritable de l'attente, en revenant au cœur de notre foi qui est le mystère du Christ, le Messie attendu pendant de longs siècles et né dans la pauvreté de Bethléem. En venant parmi nous, il nous a rendu et continue de nous offrir le don de son amour et de son salut. Présent parmi nous, il nous parle de différentes manières : dans l'Ecriture Sainte, dans l'année liturgique, dans les saints, dans les événements de la vie quotidienne, dans toute la création, qui change d'aspect selon que derrière elle Il est présent ou qu'elle est embrumée par le brouillard d'une origine incertaine et d'un avenir incertain. A notre tour, nous pouvons lui adresser la parole, lui présenter les souffrances qui nous affligent, l'impatience, les questions qui jaillissent de notre cœur. Soyons certains qu'il nous écoute toujours ! Et si Jésus est présent, il n'existe plus aucun temps vide et privé de sens. Si Il est présent, nous pouvons continuer à espérer même lorsque les autres ne peuvent plus nous assurer aucun soutien, même lorsque le présent devient difficile.

    Chers amis, l'Avent est le temps de la présence et de l'attente de l'éternité. Précisément pour cette raison, c'est, de manière particulière, le temps de la joie, d'une joie intériorisée, qu'aucune souffrance ne peut effacer. La joie du fait que Dieu s'est fait enfant. Cette joie, présente en nous de manière invisible, nous encourage à aller de l'avant avec confiance. La Vierge Marie est le modèle et le soutien de cette joie intime, au moyen de laquelle nous a été donné l'Enfant Jésus. Puisse-t-elle nous obtenir, fidèle disciple de son Fils, la grâce de vivre ce temps liturgique vigilants et actifs dans l'attente. Amen ! »

    Benoit XVI, extrait de l'homélie de la célébration des premières vêpres de l'Avent, 28 novembre 2009.
    © Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana

    Source et texte intégral : Site internet du Vatican.

  • 28 novembre : Méditation

    « Le Ciel, vérité et certitude à laquelle il importe que nous rendions témoignage, car elles sont celles que les hommes et les jeunes gens de notre temps ignorent le plus. Savent-ils que l'on est mis au monde pour aller au Ciel ? Que l'on pratique la religion chrétienne pour aller au Ciel ? ... Ces pensées sont horripilantes pour le matérialisme moderne, parce qu'elles le pulvérisent. Mais aussi, pour le chrétien, quelle prise de position !
    Il y en a qui veulent faire valoir la religion, et intéresser à la religion, en montrant seulement l'utilité de celle-ci pour la vie présente. Efforts bien mal placés ! Comme si l'on voulait recruter des coureurs cyclistes en leur disant qu'on soignera bien leurs vélos, ou que le parcours sera ombragé ! ou qu'ils feront plaisir à la population ! Pas du tout. On leur annonce, au contraire, on leur promet tout ce qu'ils récolteront à l'arrivée : la prime, l'ovation, le bouquet de fleurs, la publicité, la gloire. Parce que c'est l'arrivée qui attire, et qui émeut ; qui mobilise, et qui recrute. Il faut d'ailleurs de la grandeur d'âme pour penser toujours, durant les difficultés du parcours, à l'arrivée et à la récompense. Puisque le prix promis à la vie religieuse est le plus enviable de tous les prix que l'on puisse gagner, il faut tenir sur lui les yeux.
    Nous devons donc penser à notre Ciel aussi souvent que nous pensons à Dieu, aimer notre Ciel autant que nous aimons Dieu ; et aimer Dieu autant que nous aimons d'avance notre Ciel. Mais c'est difficile, car c'est accorder à l'autre vie une fameuse réalité, et à notre grand Dieu une fameuse proximité ! Pourtant, nous disons chaque jour au même Dieu :
    "Assure Toi-même la paix de notre vie,
    arrache-nous à la damnation,
    et reçois-nous parmi tes élus,
    par le Christ Notre-Seigneur"
    (Prière Eucharistique 1).
    Cette prière a bien rapport à l'arrivée, n'est-ce pas ? Elle dit donc le fin du fin de cette aventure qu'est la vie ; de ce parcours à travers joies et souffrances qu'est toute vie. Donc aussi le fin du fin de tout savoir et de toute poésie. "Reçois-nous parmi tes élus !" »

    Père Jérôme (Kiefer, 1907-1985), Ecrits monastiques, Le Sarment, 2002.

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  • 23 novembre : Méditation

    « Occupons-nous des choses de Dieu, pour ne pas nous laisser prendre à celles des hommes, et tels des pèlerins, soupirons vers la patrie et désirons-la sans cesse ; c'est le terme du voyage que souhaitent et désirent les voyageurs, et puisque nous sommes en ce monde des voyageurs et des pèlerins, songeons sans relâche au terme de la route, qui est celui de notre vie ; la fin de notre pèlerinage, c'est l'entrée dans la patrie.[...] Quand on a une belle patrie, on doit l'aimer. Gardons solidement ancrée en nous la certitude que notre vie n'est qu'un voyage : nous ne sommes que des voyageurs, des pèlerins, les hôtes passagers de ce monde ; ne nous attachons pas aux convoitises terrestres, mais emplissons-nous l'esprit des beautés spirituelles et célestes, en chantant avec le Psalmiste : "Mon âme a soif du Dieu vivant ; quand pourrai-je aller contempler la face de Dieu ?" (Ps XLI, 3), et "Mon âme, comme une terre desséchée a soif de toi" (Ps CXLII, 6). Disons encore avec l'Apôtre : "Mon souhait est de m'en aller pour être avec le Christ" (Phil, 23). Nous savons bien que tout le temps que nous passons dans ce corps est un exil loin du Seigneur (II Co V, 6-8), mais tout ce temps, nous devons le passer sous le regard de Dieu. Aussi, fuyant toute paresse et toute tiédeur, appliquons-nous à plaire à l'Omniprésent, afin de passer heureusement, la conscience en paix, dans la béatitude éternelle de notre Père, du présent à l'absent, de la tristesse à la joie, du caduc à l'éternel, du terrestre au céleste, du pays de la mort à celui des vivants, là où nous voyons face à face le Ciel et le Roi des rois à la tête de son Royaume, Notre Seigneur Jésus-Christ à jamais dans la gloire ! Amen. »

    Saint Colomban (563-615), Instruction 8, in "Instructions, Lettres et poèmes", L'Harmattan, 2000.

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  • 11 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    L'obole de la veuve : "Elle a tout donné, tout ce qu'elle avait pour vivre." (Mc 12, 38-44)

    « Les richesses dont nous disposons ne doivent pas ne servir qu'à nous ; avec des biens injustes on peut faire une oeuvre juste et salutaire, et soulager l'un de ceux que le Père a destinés à ses demeures éternelles... Qu'elle est admirable, cette parole de l'apôtre Paul : "Dieu aime celui qui donne avec joie" (2Co 9,7), celui qui fait l'aumône de bon coeur, sème sans compter afin de moissonner aussi abondamment, et partage sans murmure, hésitation ou réticence... Et il est encore plus grand, ce mot que le Seigneur dit ailleurs : "Donne à quiconque te demande" (Lc 6,30)... Réfléchis alors à la récompense magnifique promise à ta générosité : les demeures éternelles. Quel beau commerce ! Quelle affaire extraordinaire ! On achète l'immortalité pour de l'argent ; on échange les biens caducs de ce monde contre une demeure éternelle dans les cieux ! Si donc, vous les riches, vous avez de la sagesse, appliquez-vous à ce commerce... »

    Saint Clément d'Alexandrie (150-v.215), Homélie "Quel riche peut être sauvé ?" (Trad. coll. Icthus, vol.6 rev.).

  • 2 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La mort et les défunts

    « Forts des enseignements [de l'Ecriture], marchons sans trembler vers notre rédempteur Jésus, vers l'assemblée des patriarches, partons vers notre père Abraham, lorsque le jour sera venu. Marchons sans trembler vers ce rassemblement de saints, cette assemblée de justes. Nous irons vers nos pères, ceux qui nous ont enseigné la foi ; même si les oeuvres nous manquent, que la foi nous aide, défendons notre héritage ! Nous irons aux lieux où Abraham ouvre son sein aux pauvres comme à Lazare (Lc 16,19 sq) ; là reposent ceux qui ont supporté le rude poids de la vie de ce monde. Maintenant, Père, encore et encore étends tes mains pour accueillir ces pauvres, ouvre tes bras, élargis ton sein pour en accueillir davantage, car très nombreux sont ceux qui ont cru en Dieu...
    Nous irons au paradis de joie où Adam, jadis tombé dans une embuscade de brigands, ne pense plus à pleurer ses blessures, où le brigand lui-même jouit de sa part du Royaume céleste (cf Lc 10,30 ; 23,43). Là où aucun nuage, aucun orage, aucun éclair, aucune tempête de vent, ni ténèbres, ni crépuscule, ni été, ni hiver ne marqueront l'instabilité des temps. Ni froid, ni grêle, ni pluie. Notre pauvre petit soleil, la lune, les étoiles, ne serviront plus à rien ; seule la clarté de Dieu resplendira, car Dieu sera la lumière de tous, cette lumière véritable qui illumine tout homme resplendira pour tous (Ap 21,5 ; Jn 1,9). Nous irons là où le Seigneur Jésus a préparé des demeures pour ses petits serviteurs, pour que là où il est, nous soyons aussi (Jn 14,2-3)...
    "Père, ceux que tu m'as donné, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire" (Jn 17,24)... Nous te suivons, Seigneur Jésus ; mais pour cela, appelle-nous, car sans toi personne ne monte. Tu es la voie, la vérité, la vie (Jn 14,6), la possibilité, la foi, la récompense. Reçois-nous, raffermis-nous, donne-nous la vie ! »

    Saint Ambroise (v.340-397), Sur le bien de la mort (Trad. Pierre Cras, "Cyprien, Ambroise - Le Chrétien devant la mort", Coll. Les Pères dans la Foi, DDB, Paris, 1980 rev.).

  • 2 novembre : Méditation

    « Combien ai-je encore à vivre ? Je n'en sais rien. Il meurt en moyenne sur le globe 4500 personnes par heure, 76 par minute. Quelle heure, quelle minute sera la mienne ? L'Évangile nous l'apprend : ce sera l'heure et la minute où je m'y attendrai le moins. Dieu l'a réglé ainsi, pour que je ne puisse pas raisonnablement me relâcher un seul jour et que je me tienne toujours prêt : car, si je m'endors un seul jour dans un état où je ne voudrais pas mourir, peut-être mon réveil serait en enfer. Non seulement j'ignore quand je mourrai ; mais j'ignore aussi profondément comment je mourrai. Mourrai-je de mort subite, sans avoir le temps de me préparer ? il en meurt tant de la sorte ! Mourrai-je d'une maladie qui m'enlèvera la connaissance et la parole, par conséquent la possibilité de me préparer ? Mourrai-je d'une maladie lente, qui fera croire à moi et aux miens que je ne suis pas en danger et que rien ne presse ? Mourrai-je entouré de gens qui, crainte de m'effrayer, n'oseront pas me parler de faire venir un prêtre ? Mourrai-je enfin sans confession, sans les derniers sacrements ? Je n'en sais rien, et lors même que je les recevrais, la douleur dans la maladie distrait, absorbe ; on est capable de bien peu de chose : c'est donc une folie de compter sur ce dernier moment pour régler la plus grave de toutes les affaires, l'affaire d'une éternité heureuse ou malheureuse. Soyons prêts aujourd'hui, soyons-le toujours, et ne remettons rien à un lendemain incertain. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Angélus de cette fête de la Toussaint

    La sainteté, "la victoire de l'amour sur l'égoïsme et sur la mort"

    Ce jeudi 1er novembre, l'Eglise célèbre la Toussaint, honorant ceux et celles qui ont été de vivants et lumineux témoins du Christ. « Cette fête évoque la double dimension de l’Eglise : le chemin historique sur la terre et celle qui célèbre la Jérusalem céleste, le ciel, l’éternité ». Face à des milliers de fidèles réunis pour la prière de l’Angélus ce jeudi midi place Saint-Pierre, le Pape a expliqué que « la communion des Saints est une réalité qui commence ici sur la terre pour s’accomplir dans le Ciel. »
    Sur terre, l’Eglise est le début de mystère de communion qui unit l'humanité, un mystère totalement centré sur Jésus Christ. Citant l'Evangile de Jean, Benoît XVI a rappelé que le Christ est mort « pour réunir les fils de dieux éparpillés », instaurant une « dynamique nouvelle », « un mouvement qui conduit l’humanité vers Dieu, vers l’unité et la paix dans son sens profond ». Etre chrétien, et faire partie de l’Eglise signifie s’ouvrir à cette communion, être « comme une graine mise en terre, qui meurt et germe vers le Ciel. »

    Suivre l’Evangile ne signifie pas renoncer à sa personnalité, au contraire

    Les Saints, ceux proclamés par l’Eglise, mais aussi tous ceux que seul Dieu connait, ont vécu intensément cette dynamique. En chacun d’eux, et chacun à sa manière, le Christ s’est rendu présent, grâce à son Esprit opérant à travers la Parole et les sacrements.
    « L’homme uni au Christ, dans l’Eglise, n’annule pas sa personnalité, mais l’ouvre, la transforme avec la force de l’amour pour lui donner, déjà sur la terre, une dimension éternelle. Le Christ nous ouvre à la communion avec tous les membres de son corps mystique qui est l’Eglise, une communion qui est parfaite dans le Ciel, où n’existe aucun isolement, aucune concurrence ou séparation. »
    Avec cette fête, explique le Pape, « nous avons un avant-goût de la beauté de cette ouverture totale », où nous sommes certains de pouvoir atteindre Dieu dans l’autre, et l’autre dans Dieu. Dans la sainteté, « nous voyons la victoire de l’amour sur l’égoïsme et sur la mort. » Ainsi, « seule la foi dans la vie éternelle nous fait aimer vraiment l’histoire et le présent, mais sans acharnement, avec la liberté du pèlerin qui aime la terre parce qu’il a le cœur dans le Ciel. »

    Message aux pèlerins francophones :

    « Chers pèlerins francophones, aujourd’hui nous célébrons la multitude des saints qui sont auprès de Dieu. La sainteté que l’Église honore en eux a le visage des béatitudes proclamées par Jésus. Dans leur vie, ils ont reflété la lumière du Ressuscité. En suivant leur exemple de fidélité à l’amour du Christ, marchons nous aussi vers la joie du royaume où Dieu essuiera toute larme de nos yeux et où nous le verrons ! Confions-nous à la Vierge Marie, Reine de tous les saints. Bonne fête de la Toussaint à vous tous et à vos familles ! »

    Source : Radio Vatican.

  • 27 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez..." (Lc 13, 1-9)

    « Voici cinq chemins de la conversion : d'abord la condamnation de nos péchés, puis le pardon accordé aux offenses du prochain ; le troisième consiste dans la prière ; le quatrième dans l'aumône ; le cinquième dans l'humilité. Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins ; ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère.
    Car, même si tu vis dans la plus grande pauvreté, tu peux abandonner ta colère, pratiquer l'humilité, prier assidûment et condamner tes péchés ; ta pauvreté ne s'y oppose nullement. Alors que sur ce chemin de la conversion il s'agit de donner ses richesses, même la pauvreté ne nous empêche pas d'accomplir le commandement. Nous le voyons chez la veuve qui donnait ses deux piécettes.
    Voilà donc comment soigner nos blessures ; appliquons ces remèdes. Revenus à la vraie santé, nous nous approcherons hardiment de la table sainte et avec beaucoup de gloire nous irons à la rencontre du roi de gloire, le Christ. Obtenons les biens éternels par la grâce, la miséricorde et la bonté de Jésus Christ notre Seigneur. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Sermon sur le diable tentateur ; PG 49, 263-264 (Trad. bréviaire).

  • 22 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses." (Lc 12, 13-21)

    « "Il y avait, dit-il, un homme riche dont le domaine avait prospéré." Qu'est-ce à dire avait prospéré ? Le domaine qu'il possédait avait produit des fruits en abondance, et en telle abondance qu'il ne savait où les mettre ; ainsi la richesse même mit tout-à-coup dans la gêne ce vieil avare. Combien d'années s'étaient déjà écoulées sans que ses greniers fussent trop étroits ? Il avait donc fait une récolte si riche que ce qui avait suffi ne lui suffisait plus. Dans sa détresse il cherche donc, nos pas comment il dépensera, mais comment il conserve là cette abondance extraordinaire. Or, à force d'y réfléchir, il trouva un moyen. Ce moyen découvert lui fit croire qu'il était sage. J'ai réfléchi avec prudence, j'ai découvert avec sagesse, disait-il. Qu'a-t-il découvert dans sa sagesse ? "Je renverserai mes greniers, dit-il, j'en ferai de plus grands, je les remplirai et je dirai à mon âme." Que lui diras-tu ? "Mon âme, tu as beaucoup de bien en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois, fais grande chère." Voilà ce que dit à son âme ce sage bien avisé.

    "Dieu lui dit â son tour" ; car Dieu ne dédaigne pas d'adresser la parole aux insensés eux-mêmes. Mais, dira peut-être quelqu'un d'entre vous, comment Dieu s'est-il entretenu avec cet insensé ? O mes frères, à combien d'insensés ne parle-t-il pas quand on lit l'Evangile ? Car écouter l'Evangile, quand on le lit, sans le pratiquer, n'est-ce pas être insensé ? Que lui dit donc le Seigneur ? Comme cet avare s'applaudissait encore de la mesure qu'il venait de découvrir : "Insensé", lui dit le Sauveur ; "Insensé", qui te crois sage ; "Insensé", qui as dit à ton âme : "Tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années ; aujourd'hui même on te redemande ton âme." Tu lui as dit : "Tu possèdes beaucoup de bien" ; et on te la redemande, et elle ne possède plus rien. Ah ! qu'elle méprise cette sorte de biens et soit bonne en elle-même, afin qu'elle se présente avec sécurité lorsqu'on la redemandera. Et qu'y a-t-il de plus inique que de chercher à posséder beaucoup de biens sans vouloir être bon ? Tu es indigné de rien avoir, toi qui ne veux pas être ce que tu cherches à posséder. Voudrais-tu que ton champ fût mauvais ? Non sans doute, tu veux qu'il soit bon. Que ta femme fut mauvaise ? Non, mais qu'elle soit bonne. Voudrais-tu enfin d'une habitation mauvaise, d'une mauvaise chaussure ? Pourquoi n'y a-t-il que ton âme que tu veuilles mauvaise ?

    À cet insensé occupé de vains projets et construisant des greniers sans faire attention aux besoins des pauvres, le Sauveur ne dit point : Ton âme aujourd'hui sera entraînée dans l'enfer ; il ne dit pas cela, mais : "On te la redemande." Je ne te fais pas connaître où elle ira ; je te dis seulement que bon gré, malgré toi, elle quittera ces lieux où tu tiens pour elle tant de biens en réserve. Comment, ô insensé, as-tu songé à renouveler et à agrandir tes greniers ? Ne savais-tu que faire de tes récoltes ? »

    Saint Augustin, Sermons détachés première série : Sermons détachés sur l'Ancien Testament, les Evangiles et les Actes des Apôtres, Passages détachés de saint Luc, Sermon CVII (5-6), in Oeuvres complètes de saint Augustin, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, tome VI, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 15 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Lors du Jugement..." (Lc 11, 29-32)

    « Le Seigneur viendra des cieux sur les nuées, lui qui est monté sur les nuées (Ac 1,9). C'est en effet lui qui a dit : "Et ils verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire" (Mt 24,30). Mais quel sera le signe véritable de son avènement, de crainte que les puissances ennemies n'osent nous égarer en le simulant ? "Et alors paraîtra, dit-il, le signe du Fils de l'homme dans le ciel" (Mt 24,30). Or le signe véridique et propre du Christ est la croix. Le signe d'une croix lumineuse précède le roi, désignant celui qui a d'abord été crucifié, afin qu'à cette vue ceux qui l'avaient d'abord percé de clous et entouré d'embûches se frappent la poitrine (Za 12,10) en disant : "Voici celui qui a été souffleté, celui dont le visage a reçu les crachats, celui qu'on avait entouré de chaînes, celui que jadis on avait humilié sur la croix." "Où fuir la face de ta colère ?" diront-ils (Ap 6,16). Et entourés des armées angéliques, ils ne trouveront nulle part de refuge.
    Pour les ennemis de la croix, la crainte sera le signe ; mais la joie pour ses amis qui auront cru en elle ou l'auront prêchée ou auront souffert pour elle. Qui donc aura alors le bonheur d'être trouvé l'ami du Christ ? Il ne dédaignera pas ses serviteurs, ce roi glorieux qu'entoure la garde des anges et qui siège sur le même trône que le Père. Car pour que les élus ne soient pas confondus avec les ennemis, "il enverra ses anges avec la grande trompette, et des quatre vents ils rassembleront les élus" (Mt 24,31). Il n'a pas oublié Lot dans son isolement (Gn 19,15 ; Lc 17,28) ; comment oublierait-il la foule des justes ? "Venez les bénis de mon Père" (Mt 25,34), dira-t-il à ceux qui seront transportés sur les chars des nuées et que les anges auront rassemblés. »

    Saint Cyrille de Jérusalem (313-350), Catéchèse baptismale 15 (Trad. Ed. du Soleil Levant, 1962 rev.).

  • 6 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Qui peut gravir la montagne du Seigneur
    et se tenir dans le lieu saint ?"
    Psaume XXIII, 3.

    « C'est une parole d'exhortation, mes frères ; puisque tous nous nous efforçons de monter, tous nous tendons en haut, tous nous aspirons à nous élever, et tous nous faisons des efforts pour grandir, efforçons-nous du moins de monter là où nous puissions être bien, où nous nous trouvions en sûreté, d'où nous ne puissions tomber, là enfin, où nous puissions nous tenir fermes. Mais si le Prophète demande où est celui qui montera sur cette montagne, ce n'est pas seulement pour exciter eu nous le désir d'y monter, mais encore afin de nous apprendre le moyen de le faire si nous en avons le désir. Heureux celui qui a disposé dans son coeur des degrés pour s'élever sur cette montagne et qui soupire après la maison du Seigneur, et tombe presque en défaillance par la force de ce désir. Cette montagne est fertile, où se trouve le comble de tous les biens, c'est la montagne d'éternelle volupté, la montagne de Dieu. Et "bienheureux ceux qui demeurent dans votre maison, Seigneur, ils vous loueront dans les siècles des siècles" (Ps LXXXIII, 5). Si vous voulez être sûrs que c'est effectivement une maison, écoutez un témoin fidèle qui vous le dira : "O Israël que la maison de Dieu est grande, et combien étendu est le lieu, qu'il possède ! Il est vaste et n'a point de bornes, il est élevé, il est immense" (Ba III, 24). Que dis-je, non seulement c'est une montagne, mais c'est le mont des monts ; on y voit beaucoup d'habitations, beaucoup d'autres montagnes, ses fondements mêmes se trouvent placés dans les montagnes saintes (Ps LXXXVI, 2).

    Le saint prophète Isaïe ne s'en tait pas non plus : "La montagne, dit-il, qui est la demeure du Seigneur, sera fondée sur le haut des monts, et s'élèvera au dessus des collines" (Is II, 2). Et pourquoi ne serait-ce pas le mont des monts (fondé sur les hauteurs mêmes) de la terre entière, où se trouve une abondance si variée de toutes sortes de délices, où seulement est la plénitude de toutes les abondances ? En effet, ce sera le mont de la paix, le mont de la joie, le mont de la vie, le mont de la gloire. Or, tous ces monts ne forment qu'un mont, le mont de la félicité consommée N'est-ce point le mont de la paix, la paix même sur la paix, la paix qui passe tout sentiment ? Oui, certainement c'est un mont bien élevé que la paix dans le coeur, la paix dans la chair, la paix du côté des hommes méchants, la paix avec tous nos proches, la paix de la part des démons mêmes, la paix avec Dieu. Or, cette paix sera sans fin. Il y aura aussi de la joie, mais une joie telle que le Seigneur la dépeint, "une joie pleine" (Jn XVI, 22). Une joie sûre, une joie que personne ne nous ravira. Nous aurons aussi la vie, nous l'aurons même avec une grande abondance, car la venue d'un si grand pasteur, qui n'est venu vers ses brebis, comme il le dit lui-même, que "pour qu'elles aient la vie et qu'elles l'aient avec abondance" (Jn X, 10), ne saurait demeurer sans effet. Est-ce qu'il ne vous semble pas aussi que cette montagne c'est ce poids éternel de gloire qui s'élève au delà de toute mesure ? Or, tout cela et tout ce qu'on peut encore se figurer d'aussi désirable, ce n'est point autre chose que la bonne mesure de la félicité, la mesure foulée, agitée, et qui se répand par dessus les bords (Lc VI, 38), c'est comme si on accumulait les uns sur les autres pour n'en plus faire qu'un seul, un mont d'or, un mont d'argent, un mont d'hyacinthe, un mont d'émeraudes et de toutes les plus belles pierres fines, un mont d'étoffes de pourpre, d'écarlate et de lin et de toutes choses aussi précieuses. En effet, tout nous sera rendu avec usure, ceux qui auront élevé sur le fondement un édifice d'or, d'argent, de pierres précieuses, verront avec surprise, leur humble construction se changer en d'immenses montagnes ; ils n'auront répandu qu'une modique semence et ils moissonneront, je ne dis pas de grandes gerbes, mais de grands monceaux de gerbes. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons divers : Trente-troisième Sermon (1-2). in "Oeuvres complètes de Saint Bernard" (Tome III), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Librairie Louis Vivès, Paris, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît

  • 25 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Qui s'élève sera humilié, et qui s'abaisse sera élevé" (Mt 23,12)... Imitons le Seigneur qui est descendu du ciel jusqu'au dernier abaissement, et qui, en retour, a été élevé du dernier rang jusqu'à la hauteur qui lui convenait. Découvrons tout ce que nous enseigne le Seigneur pour nous conduire à l'humilité.
    Petit bébé, le voici déjà dans une grotte, couché non dans un berceau, mais dans une mangeoire. Dans la maison d'un artisan et d'une mère sans ressources, il est soumis à sa mère et à son époux. Se laissant enseigner, écoutant ceux dont il n'avait nul besoin, il interrogeait, mais pourtant de telle sorte que par ses interrogations, on s'étonnait de sa sagesse. Il se soumet à Jean, et le Maître reçoit de son serviteur le baptême. Jamais il n'a résisté à ceux qui se dressaient contre lui, et n'a pas fait preuve de sa puissance invincible pour se libérer des mains qui l'enchaînaient, mais il s'est laissé faire, comme impuissant, et dans la mesure où il l'a jugé bon, il a donné prise sur lui à un pouvoir éphémère. Il a comparu devant le grand prêtre en qualité d'accusé ; conduit devant le gouverneur, il s'est soumis à son jugement, et alors qu'il pouvait répondre aux calomniateurs, il a subi en silence leurs calomnies. Couvert de crachats par des esclaves et des servants indignes, il a été enfin livré à la mort, à une mort infamante aux yeux des hommes. Voilà comment s'est déroulé sa vie d'homme depuis sa naissance jusqu'à sa fin. Mais après un tel abaissement, il a fait éclater sa gloire... Imitons-le pour arriver, nous aussi, à la gloire éternelle. »

    Saint Basile de Césarée (Basile le Grand) (v.330-379), Homélie sur l'humilité, 5-6 (trad. Brésard, 2000 ans B.)

  • 16 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « A l’oeuvre, frères ! Efforçons-nous d'être trouvés associés à la résurrection du Christ et de passer de la mort à la vie tandis que nous sommes encore en ce corps. Tous ceux qui passent par une conversion, de quelque nature qu'elle soit, tous ceux qui passent d'un état à un autre, vivent une fin : ils ne sont plus ce qu'ils étaient. Et aussi ils vivent un commencement : ils deviennent ce qu'ils n'étaient pas. Mais il est important de savoir pour qui l'on meurt et pour qui l'on vit, car il y a une mort qui fait vivre et une vie qui fait mourir.
    Ce n'est pas ailleurs que dans ce monde éphémère que l'on recherche l'une et l'autre, en sorte que c'est de la qualité de nos actions ici-bas que dépendra la différence des rétributions éternelles. Mourons donc au diable et vivons pour Dieu ; mourons au péché pour ressusciter à la justice ; que disparaisse l'être ancien pour que se lève l’être nouveau. Puisque, selon la parole de la Vérité, "Nul ne peut servir deux maîtres" (Mt 6,24), prenons pour maître non celui qui fait trébucher ceux qui sont debout pour les mener à la ruine, mais celui qui relève ceux qui sont tombés pour les conduire à la gloire. »

    Saint Léon le Grand († 461), 20ème sermon sur la Passion (cf SC 74bis).