Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dieu - Page 10

  • Vivons en vue de notre éternité - II. Contemplation

    (suite de la méditation du jeudi 3 novembre)

    « Ô douce éternité ! que tes biens ont de douceurs, que tes joies ont d'attraits, que ta pensée même a de charmes ! Ô éternité immuable, viens détacher mon cœur de tous les biens fragiles et périssables de ce monde et de toutes ses fausses douceurs ; viens consoler mon âme de toutes les peines, de toutes les afflictions de la vie. Ô éternité, éternité bienheureuse, seras-tu mon partage ? quand viendra ce moment qui m'annoncera l'aurore de ce grand jour ? je ne soupire plus qu'après lui ; le reste est pour moi une figure qui passe et qui est déjà passée pour ne plus revenir.
    Dieu seul, l'éternité seule occuperont mes pensées, fixeront mes regards, seront l'objet de mes désirs et de mes espérances.
    Et vous, amour de mon Dieu, prenez dans mon cœur la place que ces objets périssables y occupaient si inutilement, ou plutôt, y avaient si injustement usurpée ; vous seul devez y établir désormais votre empire et y régner en souverain maître ; ô amour de mon Dieu ! c'est avec joie que je vous ouvre la porte de mon cœur, puisque c'est vous seul qui devez m'ouvrir la porte de l'éternité. »

    (à suivre lundi 7 novembre : Prière)

    Père Alphonse de la Mère des Douleurs, Pratique journalière de l'oraison et de la contemplation divine d'après la méthode de Sainte Thérèse et de Saint Jean de la Croix, Tome sixième (Mercredi de la dernière semaine, Oraison du matin - Contemplation), Desclée, De Brouwer, Lille - Paris - Bruges, 1917.

    éternité,biens,monde,détachement,pensées,regard,désir,espérance,Dieu,maître,coeur,âme

  • Méditation - La guerre contre le vieil homme : II. Désirer la sainteté

    (suite et fin de la méditation d'hier)

    « Méditez l’Épître aux Romains : « Je sens deux hommes en moi » - mais ne croyez pas que ce soit là un état définitif ! Beaucoup s'imaginent que l'idéal de la vie chrétienne, c'est d'éviter que le vieil homme fasse des siennes. Il y a beaucoup plus à espérer : c'est qu'il meure. Dans les épîtres pastorales, Paul ne dit plus la même chose, mais : « J'ai combattu le bon combat, ma course est consommée, j'attends la couronne de justice. » Tant que nous sentons deux hommes en nous, nous ne sommes pas complètement sauvés.
    Après plusieurs années de vie chrétienne ou religieuse, nous atteignons un certain plafond que nous ne pourrons jamais dépasser par nous-mêmes. Nous faisons des progrès, mais à l'intérieur de limites étroites. Nous en arrivons alors à la coexistence pacifique dont je parlais : par nous-mêmes, je le répète, nous ne pouvons rien faire de plus. Mais ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu, et nous n'avons pas le droit d'en douter.
    Alors, si nous le croyons vraiment, nous pouvons encore faire une chose. Nous pouvons dire à Dieu : « J'accepte le traitement »... et signer notre feuille d'hospitalisation - notre entrée dans le monastère des purifications passives. Alors là, Dieu sait comment faire. Il nous donne le Sang du Christ, lequel a le pouvoir d'opérer le miracle de notre sanctification totale, de faire de nous des êtres qui, même dans leurs premiers mouvements, n'offrent aucune résistance profonde à la volonté de Dieu : ce sont les saints. Tout ce qu'Il nous demande, c'est d'y croire et de le désirer. »

    P. M.-D. Molinié o.p. (1918-2002), Le courage d'avoir peur (Septième Variation : Le monastère des purifications), Les Éditions du Cerf, Paris, 1975.

    Sang-du-Christ_1a.jpg

  • Méditation - La prière du pauvre

    « Gerson fait mention d'un serviteur de Dieu qui avait coutume de dire que, depuis quarante ans qu'il s'adonnait à l'oraison avec tout le soin qui lui était possible, il n'avait point trouvé de méthode plus courte et plus facile pour faire une bonne oraison, que de se présenter devant Dieu comme un enfant ou comme un homme accablé de misère, aveugle, nu, dépourvu de toutes choses et abandonné de tout le monde. Le Prophète royal se servait si fréquemment de cette sorte d'oraison, que les Psaumes ne sont remplis que d'endroits où il s'appelle tantôt malade, tantôt orphelin, tantôt aveugle et tantôt pauvre et mendiant ; et plusieurs, en pratiquant la même méthode, sont parvenus à exceller dans l'oraison. Pratiquez-la donc, et Dieu vous fera la grâce d'obtenir par là ce que vous souhaitez. C'est une manière de prier fort efficace, dit Gerson (1), que celle dont se sert le pauvre : regardez avec quelle utilité et avec quelle patience il demande et attend l'aumône à la porte du riche, et avec quel soin il va aux lieux où il sait qu'on la donne. Nous devons en user de cette sorte à l'égard de Dieu ; et de même que, quand le pauvre se présente devant le riche, il lui remontre sa misère avec soumission, et en attend le soulagement dans une contenance respectueuse, aussi lorsque nous nous présentons devant Dieu dans l'oraison, nous devons lui remontrer nos besoins et notre misère avec une profonde humilité, et en attendre avec respect le remède de sa libéralité et de sa bonté. Comme les yeux de la servante sont continuellement attachés sur les mains de sa maîtresse, lorsqu'elle en attend quelque récompense, ainsi nos yeux doivent être continuellement attachés sur le Seigneur notre Dieu et notre maître, jusqu'à ce qu'il ait pitié de nous (2). »

    1. Gerson, de mont. contempl.. - 2. Ps. 122, 2.

    R.P. Alphonse (Alonso) Rodriguez s.j. (1526–1616), Pratique de la perfection chrétienne, Tome I (Première Partie, Traité V, Ch. XIX), Trad. Abbé Regnier-Desmarais, Poitiers, Henri Oudin, 1866.

    Alphonse,Alonso,Rodriguez,oraison,prière,méthode,enfant,misère,malade,orphelin,aveugle,pauvre,mendiant,Psaumes,humilité,soulagement,bonté,Dieu

    Eugène Burnand (1850-1921), L'homme riche et Lazare (3)
    (Crédit photo)

  • Méditation - De la vie des sens à la vie surnaturelle

    « Il y a trois vies au choix de l'homme : la vie des sens, qui est la vie animale ; - la vie de la raison, dont la fin est l'honneur et la sagesse de la terre ; - la vie de foi, qui est la vie surnaturelle, la vie du juste : Justus autem ex fide vivit (1).
    [...]
    La perfection de la vie surnaturelle, c'est de vivre en Dieu.
    Il faut à l'homme un centre de vie dans lequel il se repose, se fortifie, se réjouisse, s'anime à de plus grandes choses.
    L'homme des sens vit de sensations ; l'homme naturel vit dans les biens naturels ; mais le juste vit en Dieu.
    Jésus-Christ a dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et je demeure en lui. » (2)
    Saint Paul a dit : « Celui qui est uni à Dieu ne fait avec lui qu'un esprit. » (3)
    On reconnaît que Dieu est le centre d'une âme, quand la vérité de Dieu fait sa joie ; quand la volonté de Dieu fait son bonheur ; quand l'amour de Dieu est l'inspirateur, le grand moteur, la grande vertu de sa vie. - Alors Dieu règne en cette âme. « Anima justi est Dei, dit saint Grégoire ; l'âme du juste est la demeure de Dieu. »
    Où sont les pensées, les désirs, les plaisirs de mon coeur, là est mon trésor... »

    1. Rom. I, 17 & Heb. X, 38 : "Celui qui est juste par la foi, vivra". - 2. Jn. VI, 57. - 3. I Cor. VI, 17.

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Écrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Troisième Série, Retraites aux pieds de Jésus-Eucharistie (Troisième Retraite, Deuxième jour, IIe méditation), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1926 (treizième édition).

    Carl_Heinrich_Bloch_Consolator_1a.jpg

    Carl Heinrich Bloch (1834-1890), Le Consolateur

  • Méditation - Les caractères de la véritable vertu

    « La véritable vertu n'est jamais contente d'elle-même, ni mécontente des autres ; elle ne cherche qu'à contenter Dieu.

    1°. Jamais contente d'elle-même. Quand on se connaît bien, peut-on être content de soi ? Tant de passions, d'imperfections, de défauts ; tant de langueur, de tiédeur, de négligence ; tant d'infidélités à la grâce, si peu d'avancement dans le bien, si peu de désir de la perfection, pour un si grand fonds de misère ; à cette vue, loin d'être contents de nous-mêmes, ne devons-nous pas nous humilier, nous affliger, nous anéantir, et tout craindre pour nous ?
    Les plus grands Saints ont toujours été les plus humbles et les plus mécontents d'eux-mêmes ; ils se regardaient comme de grands pécheurs ; quoiqu'ils fassent pour Dieu, ils ne croyaient jamais avoir rien fait ; ils considéraient, non ce qu'ils avaient fait, mais ce qu'ils auraient du faire ; et après avoir pratiqué les plus éminentes vertus, ils disaient sincèrement et de cœur : Servi inutiles sumus (Lc 17, 10). Hélas ! nous ne sommes que des serviteurs inutiles. Voilà la solide vertu ; mais sont-ce là mes sentiments devant Dieu ?

    2°. La véritable vertu n'est jamais mécontente des autres : uniquement attentive sur elle-même, elle n'examine point la conduite de ceux dont elle n'a pas à répondre ; tant qu'elle peut, elle cherche à louer, elle cherche à excuser ; quand elle ne peut excuser l'action, elle excuse l'intention ; si on la blâme, elle ne se plaint point ; si on l'accuse, elle ne répond point ; si on la maltraite, elle croit mériter les mauvais traitements, et leur avoir donné lieu ; elle s'attribue tout à elle-même, pour ne pas condamner les autres : tout ce que les autres font, lui paraît mieux que ce qu'elle fait ; pour peu qu'on fasse pour elle, on en fait toujours trop ; craignant souverainement de manquer aux autres, jamais elle ne croit qu'on lui manque. A ce prix, ô mon Dieu ! ai-je à vos yeux le moindre vestige de vertu solide ?

    3°. La véritable vertu ne cherche qu'à contenter Dieu : voilà le grand objet qui fixe son attention et ses vœux, ses yeux fermés sur tout le reste, ne se portent qu'à Dieu ; elle ne veut que Dieu, ne cherche que Dieu, ne veut trouver que Dieu seul ; tout le reste n'est rien pour elle ; pourvu que son Dieu soit content, elle est satisfaite : ses vues ne vont qu'à lui plaire, ses désirs qu'à l'aimer, son cœur qu'à le posséder ; toute vue naturelle, toute considération humaine, tout motif bas et terrestre est banni de son cœur ; fallût-il faire les plus grands sacrifices, porter les plus rudes croix, se priver de tout et tout perdre, pourvu qu'elle plaise à son Dieu, qu'elle possède son Dieu, elle a tout, elle possède tout ; et si Dieu est content, elle est contente de tout.

    Mon Dieu, que ces sentiments sont au-dessus des miens ! et que je suis éloignée de la véritable et solide vertu ! elle m'a été comme étrangère et inconnue jusqu'à présent ; je n'ai bâti que sur du sable mouvant, rien de solide et de bien fondé ; vertu fausse, défectueuse, hypocrite, apparente ; voilà mon état, et le sujet de mes larmes. Il est temps que je travaille ; hélas ! je ne dis pas à perfectionner la vertu en moi, mais à lui donner l'entrée de mon cœur, espérant que la grâce lui donnera l'accroissement, et m'accordera la persévérance. »

    Abbé Barthélemy Baudrand (1701-1787), L'âme religieuse élevée à la perfection par les exercices de la vie intérieure, Lyon, Frères Périsse, 1788 (sixième édition).

    Abbé Baudrand,caractères,véritable,vertu,passion,imperfection,défauts,langueur,tiédeur,négligence,infidélité,grâce,action,intention,sacrifice,Dieu

  • Méditation - L'unique nécessaire

    « Une âme qui discute avec son moi, qui s'occupe de ses sensibilités, qui poursuit une pensée inutile, un désir quelconque, cette âme disperse ses forces, elle n'est pas toute ordonnée à Dieu ; sa lyre ne vibre pas à l'unisson, et le Maître, quand Il la touche, ne peut en faire sortir des harmonies divines. Il y a encore trop d'humain, c'est une dissonance.
    L'âme qui se garde encore quelque chose de son royaume, dont toutes les puissances ne sont pas « encloses » en Dieu, ne peut être une parfaite louange de gloire ; elle n'est pas en état de chanter sans interruption le « canticum magnum », dont parle saint Paul parce que l'unité ne règne pas en elle ; et, au lieu de poursuivre sa louange à travers toutes choses dans la simplicité, il faut qu'elle réunisse sans cesse les cordes de son instrument un peu perdues de tous côtés.
    Combien elle est indispensable cette belle unité intérieure à l'âme qui veut vivre ici-bas de la vie des bienheureux, c'est-à-dire des êtres simples, des esprits. Il me semble que le Maître regardait à cela lorsqu'il parlait à Madeleine de « l'Unum necessarium » (Luc 10, 42). Comme la grande sainte l'avait compris ! L'œil de son âme éclairé par la lumière de la foi, avait reconnu son Dieu sous le voile de l'humanité, et, dans le silence, dans l'unité de ses puissances, « elle écoutait la parole qu'Il lui disait » (Luc 10, 39), elle pouvait chanter : « Mon âme est toujours entre mes mains », et encore ce petit mot : « Nescivi ! (*) »
    Oui, elle ne savait plus rien sinon Lui. On pouvait faire du bruit, s'agiter autour d'elle : « Nescivi ! » On pouvait l'accuser : « Nescivi ! » pas plus son honneur que les choses extérieures ne peuvent la faire sortir de ce silence sacré.
    Ainsi en est-il de l'âme entrée dans la forteresse du saint recueillement. L'œil de son âme ouvert sous les clartés de la foi, découvre son Dieu présent, vivant en elle. A son tour, elle demeure si présente à Lui, dans la belle simplicité, qu'Il la garde avec un soin jaloux. Alors peuvent survenir les agitations du dehors, les tempêtes du dedans ; on peut atteindre son point d'honneur : « Nescivi ! » Dieu peut se cacher, lui retirer sa grâce sensible : « Nescivi ! » Et encore avec saint Paul : « Pour son amour, j'ai tout perdu. » (Ph 3, 8)
    Alors le Maître est libre, libre de s'écouler, de se donner, « à sa mesure » (Eph 4, 7), et l'âme ainsi simplifiée, unifiée, devient le trône de l'Immuable, puisque l'unité est le trône de la sainte Trinité. »

    (*) : Nescivi (Ct 6, 12) : 1ère personne singulier parfait indicatif actif (Nescio, is, ire) : "Je n'ai plus rien su".

    Ste Élisabeth de la Trinité (1880-1906, canonisée ce jour), Testament spirituel, n°140, Éditions du Seuil, 1948.

    Bse_Elisabeth_de_la_Trinite_4a.jpg

  • Méditation - La parabole du débiteur impitoyable : nos devoirs envers la miséricorde de Dieu

    « Nous devons 1° l'aimer, car n'est-elle pas infiniment aimable, la miséricorde de ce Dieu qui, offensé partout, à tous moments, par toutes sortes de personnes, et en toutes manières, supporte tout en silence et comble de biens ceux-là même qui l'offensent ; cette miséricorde, qui pouvait nous faire mourir quand nous étions en péché, qui nous a supporté jusqu'à ce jour (1), où il nous offre le pardon avec son paradis et nous conjure d'accepter l'un et l'autre ? Bonté touchante, que nous figure le roi de notre évangile, lequel a pitié de son serviteur et lui laisse le temps de s'acquitter (2).

    Nous devons 2° avoir confiance aux divines miséricordes. Oh ! que ceux-là entendent mal la bonté de Dieu, qui s'en défient, se découragent, se désolent et disent : Le ciel m'abandonne ; je ne me sauverai pas ! Comprenons mieux Dieu et ses miséricordes. Au service d'un Dieu si bon, se sauve qui veut : il suffit de le vouloir. Quelles que soient nos misères, nous devons toujours avoir courage et confiance, lutter contre les obstacles, et tenir pour assuré que nous serons sauvés si nous le voulons. Quelques revers que Dieu nous envoie, souvenons-nous qu'il ne frappe que pour guérir.

    3° Nous devons imiter les miséricordes de Dieu dans nos rapports avec le prochain. Le serviteur de l’Évangile, après avoir obtenu sa grâce, ne voulut point l'accorder à son compagnon ; le roi l'apprend, le mande, et rétracte la grâce accordée : J'avais eu pitié de vous, lui dit-il, ne deviez-vous pas aussi avoir pitié de votre compagnon ? Ainsi, remarque Jésus-Christ, fera le Père céleste à quiconque ne pardonnera pas à son frère du fond du cœur. Point donc de pardon pour qui ne pardonne pas, pour qui conserve du ressentiment des torts reçus. Dieu souffre toutes nos fautes sans se venger, sans s'emporter, sans même laisser voir qu'il est mécontent. C'est pour nous apprendre qu'il ne faut pas être si sensibles au mal qu'on nous fait, ou que nous nous imaginons qu'on a voulu nous faire ; ni être impatients, colères, vindicatifs, implacables, souvent pour des riens ; qu'il faut, au contraire, être toujours bons, doux, indulgents, miséricordieux, comme notre Père céleste (3), et avoir comme lui grande pitié des misères de l'humanité dans la personne de nos frères. »

    1. "qui solem suum oriri facit super bonos et malos, et pluit super justos et injustos" : il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes (Mt V, 45) - 2. "Misertus autem dominus servi illius dimisit eum" : Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir (Mt XVIII, 27). - 3. "Estote ergo misericordes sicut et pater vester misericors est" : Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux (Lc VI, 36 ; cf. Mt V, 48).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome III (Vingt et unième dimanche après la Pentecôte, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

    debiteur-impitoyable_burnand_1a.jpg

    Eugène Burnand (1850-1921), le débiteur impitoyable
    (Crédit photo)

  • Méditation - Nous avons tous une vocation particulière

    « Chacun de nous a sa vocation à lui ; il n'y a pas d'homme ni de femme qui soit un double emploi sur la terre ; il n'y a jamais eu deux vocations précisément identiques depuis le commencement du monde, et il ne s'en trouvera pas d'ici au jour du jugement. Peu importe quelle soit notre position dans la vie, peu importe combien nos devoirs peuvent paraître ordinaires, peu importe l'aspect vulgaire d'une existence commune, chacun de nous, secrètement, a cette grande vocation. Nous sommes, dans un sens où l'amour peut autoriser l'inexactitude, nécessaires à Dieu ; il a besoin de nous pour poursuivre ses plans, et personne ne peut nous remplacer complètement : c'est là notre dignité ; mais c'est aussi là que se trouve notre devoir ; et la source profonde de notre amour devient aussi la source profonde de notre crainte. Notre vocation est aussi réelle, aussi distincte que la vocation d'une carmélite ou d'une ursuline, d'un franciscain ou d'un oratorien ; elle est moins visible, moins facile à décrire ; elle a plus d'incertitudes et elle est beaucoup plus difficile à connaître ; mais il y a tout aussi bien vocation régulière et complète. Ceci une fois posé, il faut admettre que toute la vie spirituelle marche à l'aventure, si elle n'est pas basée sur la connaissance de cette vocation ou sur les efforts à faire pour la découvrir. Cette vocation, quelle qu'elle soit, est la volonté de Dieu sur nous ; il peut vouloir qu'elle ne nous soit pas pleinement connue ; mais il veut que nous essayons de la découvrir. la sainteté consiste simplement en deux choses qui sont l'une et l'autre un effort : l'effort pour connaître la volonté de Dieu, et l'effort pour l'accomplir une fois connue. »

    R.P. Frédéric-William Faber (1814-1863), Conférences spirituelles (Tous les hommes ont une vocation spéciale), Paris, Bray et Retaux, 1872 (Sixième édition).

    visages-du-monde_2a.jpg

  • Méditation - L'âme humaine, décrite par Ste Hildegarde de Bingen

    « L'âme est présente dans le corps comme un vent dont on ne voit ni n'entend le souffle. Aérienne, elle déploie son souffle, à la manière du vent, ses soupirs et ses pensées ; son humidité, véhicule de ses bonnes intentions envers Dieu, l'assimile à la rosée. Comme l'éclat du soleil qui illumine le monde entier et qui ne faiblit jamais, l'âme est tout entière présente dans la petite forme de l'homme. Ses pensées lui permettent de s'envoler dans toutes les directions : les œuvres saintes l'élèvent vers les étoiles par la louange de Dieu, les œuvres mauvaises des péchés la précipitent dans les ténèbres.

    L'âme raisonnable profère de multiples paroles qui résonnent comme l'arbre multiplie ses rameaux, et, de la même façon que les rameaux proviennent de l'arbre, les énergies de l'homme jaillissent de l'âme. Ses œuvres, quelles qu'elles soient, réalisées de concert avec l'homme, ressemblent aux fruits d'un arbre. [...]

    L'âme, tant qu'elle est dans le corps, sent Dieu parce qu'elle vient de Dieu, mais tant qu'elle accomplit sa tâche dans les créatures, elle ne voit pas Dieu. Lorsqu'elle aura quitté l'atelier de son corps et lorsqu'elle sera confrontée à Dieu, elle connaîtra sa nature et ses anciennes dépendances corporelles. [...] Elle attend donc avec avidité ce dernier jour du monde, car elle a perdu ce vêtement qu'elle aime et qui est son propre corps. Quand elle l'aura recouvré, elle verra avec les anges la face glorieuse de Dieu. [...] "L'homme est le vêtement que revêt mon Fils en sa royale puissance afin d'apparaître Dieu de toute création et vie de la vie." [...] Dans la forme de l'homme, c'est la totalité de Son œuvre que Dieu a consignée. »

    Ste Hildegarde de Bingen (fêtée ce jour), Le Livre des Œuvres divines, Quatrième vision, Trad. Bernard Gorceix (Albin Michel, coll Spiritualités vivantes, 1982), in Régine Pernoud, "Hildegarde de Bingen", Éditions du Rocher, 1995.

    Sainte_Hildegarde-de-Bingen_dessin1a.jpg

    L'Homme universel, 'Liber Divinorum Operum' de Ste Hildegarde de Bingen, 1165.
    (Crédit photo)

  • Méditation - « Mater admirabilis, ora pro nobis - Mère admirable, priez pour nous ! »

    « Quelle plus intime alliance que celle de la très sainte Vierge avec les trois divines Personnes ! Elle est tout ensemble la fille, la mère et l'épouse d'un Dieu... Le Seigneur avait arrêté dans ses conseils éternels que le monde serait sauvé par l'incarnation de son Verbe, et que cet ineffable mystère s'accomplirait dans le sein d'une vierge, par l'opération du Saint-Esprit. Dès lors il fut de la gloire de l'adorable Trinité que rien ne manquât à la perfection d'une créature appelée à une dignité aussi sublime que celle de mère du Rédempteur. Le Père adopta d'une manière toute spéciale pour sa fille celle qui devait être la mère de son Fils unique ; dès le sein maternel, il la prévint d'une effusion de grâces sans exemple et sans mesure. Le Fils, la Sagesse éternelle, fait ses délices d'habiter dans le cœur qu'il a choisi comme sa demeure : Deliciae meae esse cum filiis hominum, dit-il dans les Livres saints (Prov. VIII, 31). Mais quels attraits particuliers ne devait-il pas trouver dans le cœur de celle qu'il appelait sa mère ! C'est encore dans le cœur virginal de Marie que se célébreront les noces ineffables de l'Esprit-Saint. Or, si le divin Esprit se plaît à enrichir de ses dons le cœur des hommes, avec quel amour ne dut-il pas se reposer sur celui de Marie son épouse !... Pourrons-nous jamais admirer assez tout ce que les relations intimes de la très sainte Vierge avec les Personnes divines ont dû produire de vertus et de perfections dans son Coeur immaculé ? Puissions-nous mériter du moins de contempler dans le ciel ce que nous ne pouvons pas même soupçonner sur la terre !... »

    M. H.-C.-A. Juge, Manuel de Prédication Populaire, Tome second (IIIe Série, XXXI), Société Générale de Librairie Catholique, Paris - Bruxelles, 1881.

    sainte Vierge,fille,mère,épouse,Dieu,salut,incarnation,Verbe,Trinité,rédempteur,Coeur immaculé,Esprit-Saint,ciel,contemplation

    Mater Admirabilis, fresque originale, Trinité des Monts, Rome
    (Crédit photo)
     
    La “Mater Admirabilis” représente la Vierge à quinze ans. Elle est l’œuvre d’une élève de l’école française de la Trinité des Monts, Pauline Perdrot, devenue ensuite religieuse chez les Dames du Sacré-Cœur. Son histoire est fort bien relatée ICI.
    Sa fête est célébrée le 20 octobre.
    A noter que le 26 mars 2003, Jean-Paul II bénissait une copie de cette fresque dont l'original est conservé en l’église romaine de la Trinité-des-Monts. Cette copie fut ensuite placée en l’église Sainte-Catherine à Varsovie, en Pologne.
  • Méditation - Total abandon en la volonté divine

    « Saint François de Sales expose trois lois de la vie spirituelle : la première est de faire tout pour Dieu et rien pour soi ; la seconde de ne jamais rien rabattre de son exactitude à tous ses devoirs au milieu des maux de cette vie ; la troisième de bénir Dieu dans l'adversité comme dans la prospérité. Le saint évêque recommande ensuite de s'abandonner entièrement à Dieu : « Les saints qui sont au ciel ont une telle union avec la volonté de Dieu, que, s'il y avait un peu plus du bon plaisir de Dieu à ce qu'ils allassent en enfer, ils quitteraient à l'instant le paradis pour y aller. Nous devons de même en toute occasion nous laisser conduire à la volonté de Dieu, sans nous préoccuper des conséquences nuisibles ou favorables qui en découleront, assurés que nous sommes, que rien ne saurait nous être envoyés de ce cœur paternel, dont il ne nous fasse tirer profit, si nous avons confiance en lui ». »

    Mgr Paul Guérin (1830-1908), Vie de Saint François de Sales, in "Les Petits Bollandistes. Vie des Saints", Tome XIV, Paris, Bloud et Barral, 1886 (pp.532-533). Citation relevée par le Bx Charles de Foucauld en 1897 (Notes détachées 76, in "Voyageur dans la nuit", nouvelle cité, Paris, 1979).

    regard_8a.jpg

  • Méditation - Les trois règles de la ferveur

    « La dévotion, la ferveur que le service de Dieu exige de nous, considérée dans l'opposition qu'elle a avec nos paresses et nos langueurs, est une prompte et ferme volonté d'accomplir de point en point tout le bon plaisir de Dieu, autant qu'on le peut connaître par l'une de ces trois règles. La première, quand il y a commandement, ou de la part de Dieu, ou de la part de l’Église, ou bien de ceux qui ont autorité sur nous, et dans le cas où la nécessité parle d'elle-même, il faut prendre la nécessité comme un commandement de Dieu, ou comme un signe et une marque de ses ordres et de ses volontés. La seconde, quand on est engagé en quelque affaire à cause de sa charge. Tout ce qui est nécessaire pour l'accomplissement des devoirs de la condition où Dieu nous a mis, doit être rapporté à la volonté de Dieu ; car il est certain que Dieu veut que nous nous acquittions parfaitement de nos obligations. La troisième, quand le Saint-Esprit nous déclare son bon plaisir par quelque inspiration qui nous porte à quelque acte de perfection. Suivant ces trois règles, on peut remarquer trois degrés et comme trois actes de la vertu que nous considérons, savoir : premièrement, de s'acquitter des choses nécessaires ; secondement, de remplir dignement sa charge et de satisfaire volontiers aux obligations qu'elle porte avec soi ; troisièmement, de passer au-delà de l'obligation et de faire plus qu'on est tenu, sans toutefois sortir des bornes que l'ordre, la raison et l'état de chacun lui prescrivent.

    [...] C'est dans cette promptitude de notre volonté, que consiste proprement la dévotion. [...] Oh ! que vous êtes éloigné de cette dévotion, puisqu'après tant de connaissances que vous avez des volontés de Dieu, vous êtes encore à décider si vous les exécuterez ; ou si vous prenez quelques résolutions, vous les différez tellement, que vous faites assez voir qu'il n'y a pas grande dévotion dans un cœur qui est si lent et si peu affectionné... Reconnaissez ce défaut et demandez-en pardon... Oui, mon Dieu, et de bon cœur ; et si j'ai été paresseux à bien faire, je ne veux pas l'être à reconnaître ma faute et à m'en repentir. »

    P. Julien Hayneuve s.j. (1588-1663), Méditations sur la Vie de N.-S. Jésus-Christ Tome I (Lundi de la quatrième semaine de l'Avent, Premier point), Édition corrigée, rajeunie et disposée selon l'ordre du Bréviaire romain par M. l'Abbé J.-B. Lobry, Paris, Hippolyte Walzer, 1868.

    escargot_3a.jpg

  • Méditation - « Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur » (Ps 129)

    « C'est un grand secret et une grâce précieuse que de chercher le contact avec Dieu à travers la détresse et la déréliction. Dieu apparaît alors comme le refuge, le salut, le père, la mère qui nous enveloppe de sa tendresse, qui nous comprend et nous sauve. Nous pouvons tout dire à Dieu, surtout nos tentations les plus inavouées et nos plaintes, car nous savons qu'il nous écoute toujours. J'ose dire que « c'est très calé », non pas comme une acrobatie, mais le contraire d'une acrobatie : une chute vertigineuse dans le vide. Comme nous sommes loin des belles définitions de la prière qu'on nous a apprises : « une élévation de l'âme vers Dieu » ! Disons plutôt que c'est une descente dans les profondeurs de nos propres enfers, là où Jésus s'est plongé le premier ; et le seul fil qui nous relie à Dieu, en nous empêchant de tomber dans le désespoir, est le cri de la supplication. Celui qui descend à cette profondeur de détresse, soutenu par le dynamisme de la supplication, peut espérer rebondir dans le Cœur du Père, mais le rebondissement est d'autant plus puissant que la descente a été plus vertigineuse. »

    Jean Lafrance (1931-1991), En prière avec Marie, Mère de Jésus (ch. VIII, 5), Abbaye Ste-Scholastique, Dourgne, 1985.

    Jean Lafrance,détresse,déréliction,Dieu,refuge,salut,père,mère,tendresse,plainte,élévation,descente,prière,supplication,grâce

    (Crédit photo)

  • Méditation - Prenons soin de notre âme !

    « Frères, il y a deux sortes de champs : l'un est le champ de Dieu, l'autre celui de l'homme. Tu as ton domaine ; Dieu aussi a le sien. Ton domaine, c'est ta terre ; le domaine de Dieu, c'est ton âme. Est-il juste que tu cultives ton domaine et que tu laisses en friche celui de Dieu ? Si tu cultives ta terre et que tu ne cultives pas ton âme, c'est parce que tu veux mettre ta propriété en ordre et laisser en friche celle de Dieu ? Est-ce juste ? Est-ce que Dieu mérite que nous négligions notre âme qu'il aime tant ? Tu te réjouis en voyant ton domaine bien cultivé ; pourquoi ne pleures-tu pas en voyant ton âme en friche ? Les champs de notre domaine nous feront vivre quelques jours en ce monde ; le soin de notre âme nous fera vivre sans fin dans le ciel...

    Dieu a daigné nous confier notre âme comme son domaine ; mettons-nous donc à l’œuvre de toutes nos forces avec son aide, pour qu'au moment où il viendra visiter son domaine, il le trouve bien cultivé et parfaitement en ordre. Qu'il y trouve une moisson et non des ronces ; qu'il y trouve du vin et non du vinaigre ; du blé plutôt que de l'ivraie. S'il y trouve tout ce qui peut plaire à ses yeux, il nous donnera en échange les récompenses éternelles, mais les ronces seront vouées au feu. »

    St Césaire d'Arles (fêté demain, 470-543), Sermons au peuple, n° 6 ; CCL 103, 32 (trad. SC 175, Cerf, 1971 (p.327) et Orval)

    champ_ble_7a.jpg

  • Méditation - En entrant dans l'église...

    « Voyez un saint entrer dans une église : il entre sans se soucier de ceux qui y sont ; il oublie tout pour ne voir que Notre-Seigneur ; en face du Pape, on ne pense guère aux évêques ou aux cardinaux ; et au ciel les saints ne s'amusent pas à s'honorer les uns les autres. Non, à Dieu seul tout honneur et toute gloire ! Faisons donc ainsi : dans l'église, il n'y a que Notre-Seigneur.

    Après être entrés, restez un moment en repos ; le silence est la plus grande marque de respect ; et la première disposition à la prière, c'est le respect. La plupart de nos sécheresses dans la prière et de nos indévotions viennent de ce que nous avons manqué de respect à Notre-Seigneur en entrant, ou de ce que nous nous tenons irrespectueusement.

    Oh ! prenons donc la résolution inébranlable de ce respect d'instinct ; il n'y a pas besoin de raisonner pour cela. - Est-ce que Notre-Seigneur doit se prouver chaque fois que nous entrons à l'église ; doit-il chaque fois nous envoyer un ange pour nous dire qu'il est là ?

    Certes, ce serait bien malheureux ; mais, hélas ! nécessaire. »

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Écrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Première Série, La Présence réelle (Dieu est là, III), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1928 (seizième édition).

    Pierre-Julien Eymard,

  • Méditation - « Mais priez mes enfants... »

    « La prière est une lumière, une puissance ; elle est l'action même de Dieu : celui qui prie dispose de la puissance de Dieu.
    Vous ne verrez jamais celui qui ne prie pas devenir un saint. Ne vous laissez pas prendre aux belles paroles et aux apparences. Le démon aussi peut beaucoup : il est très savant ; il se change en ange de lumière. Ne vous fiez pas à la science : elle ne fait pas le saint. La seule connaissance de la vérité est impuissante à sanctifier : il y faut l'amour. [...]
    Je vais plus loin, et je dis que les bonnes œuvres de zèle, de charité, ne sanctifient pas toutes seules. Dieu n'a pas donné ce caractère à la sainteté. Les Pharisiens observaient la loi, faisaient l'aumône, consacraient la dîme au Seigneur : le Sauveur les appelle cependant des « sépulcres blanchis ». L’Évangile nous montre que la prudence, la tempérance, le dévouement peuvent s'allier à des consciences vicieuses : témoin les Pharisiens, ils travaillaient beaucoup mais leurs œuvres ne priaient point.
    Les bonnes œuvres extérieures ne font donc pas la sainteté d'une âme, ni la pénitence, ni la mortification. Que d'hypocrisie et d'orgueil peuvent recouvrir un habit pauvre et une mine exténuée par les privations !
    Mais une âme vit de prière. - Oh ! on ne se trompe jamais à ce caractère ! On prie : dès lors on a toutes les vertus, on est un saint. Qu'est-ce que la prière, sinon la sainteté en pratique ? Toutes les vertus y trouvent leur exercice. L'humilité, qui vous fait avouer à Dieu que vous manquez de tout, que vous ne pouvez rien ; qui vous fait avouer vos péchés, lever les yeux vers Dieu et confesser que Dieu seul est saint et bon.
    Il y a là aussi l'exercice de la foi, de l'espérance et de l'amour. Quoi encore ? En priant, nous exerçons toutes les vertus morales et évangéliques.
    Quand on prie, on fait pénitence, on se mortifie : on domine l'imagination, on cloue la volonté, on enchaîne le cœur, on s'humilie. La prière est donc la sainteté même, puisqu'elle renferme l'exercice de toutes les vertus.
    Il en est qui disent : La prière, ce n'est que de la paresse ! - Eh bien ! qu'on prenne ceux qui travaillent le plus, qui se dépensent toujours avec ardeur, ils auront bien plus de peine à prier qu'ils n'en avaient à se dévouer, à se sacrifier aux œuvres de zèle. Ah ! c'est qu'il est plus doux, plus consolant pour la nature, plus facile de donner que de demander à Dieu ! Oui, la prière est à elle seule la pratique de toutes les vertus ; sans elle, rien ne vaut ni ne dure. La charité même, sans la prière, qui la féconde et la rafraîchit, la charité se dessèche comme une plante sans racine. »

    (à suivre ce mardi 2 août, en la fête de St Pierre-Julien Eymard)

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Ecrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Deuxième Série, La sainte Communion (L'esprit de prière), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1926 (seizième édition).

    homme_priere_5a.jpg

  • Méditation - « Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur » (Mt 6, 21)

    « Marcher en présence de Dieu :
    Se le rappeler à toute heure :
    Il ne nous quitte en aucun lieu :
    Le cœur du Juste est sa demeure. »

    « Plus l'esprit et le cœur seront libres, plus on aura de facilité à se tenir en la présence de Dieu ; parce que Dieu est toujours la première chose qui se présente à l'un et à 1'autre, lorsqu'ils sont vides de toute autre chose.
    Les moyens particuliers sont d'avoir habituellement sous les yeux des objets pieux, qui rappellent à Dieu, tels que le Crucifix, des images ou des tableaux de dévotion, des sentences prises de l’Écriture ou des Pères. L'esprit se prend par les sens, et rien n'est plus capable de fixer l'imagination, ou de la ramener. De faire souvent le signe de la croix, selon l'usage des premiers Chrétiens, qui, au rapport de Tertullien, commençaient par là toutes leurs actions, même les plus indifférentes ; de savoir par cœur un certain nombre d'aspirations tirées des Psaumes, ou d'autres endroits des Livres saints, et d'en faire usage dans le cours de la journée. Pour peu qu'on s'y astreigne dans les commencements, l'habitude en deviendra douce et facile, soit qu'on soit seul ou en compagnie. Si l'on fait chaque jour la méditation, l'on peut se nourrir le long du jour de la pensée ou de l'affection dont on aura été plus vivement touché. On peut aussi s'imprimer fortement dans l'esprit quelque grande vérité, quelque sentence, ou se proposer de la ruminer pendant quelque temps, jusqu'à ce qu'on en soit bien pénétré, et passer ensuite à une autre. Chacun peut imaginer, à cet égard, différentes pratiques, les suivre et les changer selon son goût et le profit qu'il en retire.
    Mais le grand moyen d'acquérir la présence continuelle de Dieu, est de s'occuper beaucoup de Jésus-Christ et de ses mystères, surtout de celui de sa passion. Les diverses représentations de ses souffrances frappent vivement l'imagination ; l'esprit y trouve une matière inépuisable de solides et saintes réflexions ; le cœur en est touché, attendri, excité à tous les sentiments qui nourrissent la dévotion. »

    Abbé Jean-Nicolas Grou s.j. (1731-1803), Maximes de la vie spirituelle, avec des explications (IVe Maxime), A Paris, Chez Belin, 1789.

    marche,présence,Dieu,coeur,esprit,demeure,crucifix,signe de croix,Ecriture,Livres saints,méditation,Jésus-Christ,passion,dévotion

    James Tissot (1836-1902), La flagellation, de face

  • Méditation - Marie, Mère de miséricorde

    « Pour comprendre nos angoisses, pour compatir à nos douleurs, il faut un cœur qui ait souffert. Pour obtenir notre pardon, il faut une âme innocente. Pour avoir à s’occuper des besoins de tous, il faut être exempt de toutes dettes, pur de toute tache. Pour consoler, pour sécher les larmes des petits enfants, il faut être Mère. Pour dispenser les grâces et les bienfaits du Ciel, il faut être Reine. Pour donner à tous, pour les aider tous, il faut avoir dans les mains la clé des trésors de Dieu. C’est ce que fait la très Sainte Vierge : (…) elle est Reine, elle puise à son gré dans le trésor divin.

    (…) tous les cris, toutes les supplications, toutes les louanges qui montent de la Terre vers Dieu, passent par Marie, de Marie à Jésus et de Jésus au Père. En retour, toutes les grâces obtenues passent du Père au Fils, du Fils à sa Sainte Mère, et par elle à celui qui prie. Ce n’est pas spécialement quelques âmes que Marie protège, elle vient au secours de tous. La sainte Vierge a tout pouvoir sur le Cœur de Dieu, c’est donc toute sa famille humaine qu’elle protège, qu’elle console, qu’elle guérit, qu’elle encourage, qu’elle éclaire, qu’elle soutient, qu’elle veut sauver. Mère de miséricorde, elle imite le Père de toutes les miséricordes et nous aide même sans être priée. »

    Marthe Robin, extraits du livre du Père Henri-Marie Manteau-Bonamy, "Marthe Robin sous la conduite de Marie. 1925-1932. Extraits de son journal", Éditions Saint-Paul, 1995.

    Vierge-au-sourire-5a.jpg

    Vierge au sourire, Sanctuaire de Lisieux
    « Elle est plus Mère que Reine »
    Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus

  • Méditation - « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1)

    « Si vous voulez faire un progrès efficace en la vertu, et parvenir à une familière conversation avec Dieu, tâchez de marcher toujours en sa présence, vous persuadant que Dieu vous dit ce qu'il dit à Abraham : Marche devant moi et sois parfait, c'est-à-dire, si tu marches en ma présence, faisant tes œuvres pour l'amour de moi et comme devant moi, pour me plaire avec une intention droite, tu seras parfait. [...]
    La meilleure manière et la plus aisée de se tenir en la présence de Dieu est donc de vous comporter comme s'il n'y avait que Dieu et vous au monde, de sorte que vous tâchiez de ne plaire qu'à lui seul, et ne cherchiez de contentement et de repos qu'en lui, croyant qu'il vous regarde continuellement, et qu'il pense autant à vous que s'il n'y avait que vous au monde. Cette considération doit vous exciter de faire en sorte que quelque affaire que vous traitiez, en quelque lieu que vous soyez, quelque chose que vous entrepreniez, vous ayez un continuel sentiment de la présence de Dieu, demeurant en toutes vos actions avec une crainte filiale de lui déplaire et un soin amoureux de lui plaire. Vous devez fonder ces deux affections sur un profond respect envers Dieu, qui vous voit et qui vous considère.
    Cette vue de Dieu en toutes vos actions vous garantira souvent de péché, et ne permettra pas que vous admettiez rien en votre cœur, que ce que Dieu veut, et qu'en tous vos déportements vous ne fassiez rien qui le puisse offenser. »

    Exercices religieux utiles et profitables aux âmes religieuses qui désirent s'avancer en la perfection (XVII), Septième édition, A Paris, Chez Louis Josse, 1709.

    progrès,vertu,présence,Dieu,conversation,Abraham,marche,parfait,offense,crainte,respect

  • Méditation - « Si vous connaissiez le don de Dieu » (Jn 4,10)

    « Le Cœur ineffable de Jésus adressait ces paroles à la pécheresse de Samarie au puits de Jacob où elle venait puiser l’eau. Mais qui nous révélera ce don royal de la libéralité d’un Dieu sinon Dieu lui-même ? Un don, rien ne nous appartient plus légitimement en propre, or Dieu nous a fait don de son Fils unique. Dès lors, Jésus-Christ est devenu notre possession, notre appartenance, notre propriété. C’est indéniable ! Mais si le très noble Fils de Dieu est à moi, qui pourra me manquer ?

    Il est non seulement le Bien, mais le "TOUT Bien" ! Si je suis pauvre, il est mon trésor ; si je suis faible, il est ma force ; si mes ennemis m’assaillent, il devient mon bouclier. Il y a plus encore avec ce royal don que nous fait le Ciel, nous pouvons à notre tour et à toute heure du jour, lui offrir des actions de grâce et d’amour pour nous acquitter surabondamment de tous nos devoirs envers Dieu ! Nous pouvons également le solliciter pour obtenir pour nous et tous nos frères les faveurs les plus insignes. Que pourrait refuser Dieu à une âme qui s’empare de son Divin Fils et implore par Lui, les secours et les bénédictions qui lui sont nécessaires ?

    S’il est une souffrance pour cet adorable « Dieu-donné », c’est celle d’être si peu connu, apprécié et si rarement imploré. Délaissé dans son Tabernacle, Jésus-Christ s’offre perpétuellement à Dieu son Père pour nous, mais surtout il attend que, l’offrant à notre tour, nous emparant de tout ce qu’il est, nous négocions à l’aide de ses mérites la grande affaire de notre salut. Et ce trésor, hélas, nous l’ignorons trop souvent. Sachons nous prévaloir de ce don inestimable : un Jésus à nous, tout à nous ! Quelle infinie miséricorde, quel supplément à toutes nos insuffisances, quel recours en toutes nos détresses ! Comme l’écrivait St Jean de la Croix, soyons assurés que « qui a Jésus a tout ! » et avec l’Épouse du Cantique des Cantiques nous pouvons dire avec confiance : « Mon bien-aimé est tout à moi et je suis toute à Lui ! » »

    Sœur Marie du Sacré Cœur Bernaud (1825-1903), fondatrice de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur.
    Site de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur, Paray-le-Monial

    mon-bien-aime_1a.jpg