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  • Méditation - « la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7, 3 ; Lc 6, 41)

    « Faisons-nous le procès ; que chacun examine bien ses pièces, les infirmités de son corps, le dérèglement de ses puissances, son inclination au mal, le désordre de son imagination, son infidélité et son ingratitude vers Dieu et ses déportements vers les hommes ; il trouvera en soi plus d'actes de malice et de sujets d'humiliation qu'il n'en connaît en personne au monde ; et alors qu'il dise hardiment : « Je suis le plus grand pécheur et le plus insupportable des hommes. » Oui, si nous nous étudions bien, nous trouverons que nous sommes grandement à charge à ceux qui nous fréquentent ; et quiconque en est là, que de bien connaître toutes ses misères, qui est un effet de la grâce de Dieu, assurez-vous qu'il est au point qu'il faut pour voir l'obligation qu'il a de supporter les autres ; il ne verra point de fautes en eux, ou, s'il en voit, ce sera peu en comparaison des siennes ; et ainsi du milieu de sa faiblesse il supportera son prochain en charité. Support admirable de Notre-Seigneur ! Vous voyez cette poutre qui soutient tout le poids du plancher, qui sans elle tomberait ; il nous a de même supportés en nos chutes, aveuglements et pesanteurs d'esprit. Nous étions tous comme accablés d'iniquités et de misères selon le corps et selon l'âme, et ce débonnaire Sauveur s'en est chargé pour en souffrir la peine et l'opprobre. Si nous y pensions bien, nous verrions combien nous méritons d'en être punis et méprisés, nous qui en sommes coupables... Que ferez-vous quand vous supporterez vos frères ? Vous accomplirez la loi de Jésus-Christ. Disons-lui tous : « Mon Seigneur, je ne veux point désormais reconnaître de défauts qu'en moi seul ; faites que, dès ce moment, éclairé de la splendeur de votre exemple, je porte tous les hommes en mon cœur, que je les supporte par votre vertu ; faites-moi la grâce d'y entrer, enflammez-moi de votre amour ». »

    St Vincent de Paul (fêté ce jour), extrait de la Conférence aux missionnaires, 30 mai 1659 (De la charité, texte du frère Ducournau), in "Saint Vincent de Paul. Œuvres présentées par André Dodin", Les Maîtres de la spiritualité chrétienne, Aubier, Paris, 1949.

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    Domenico Fetti (1589-1623), La parabole de la paille et de la poutre (détail)
    (Crédit photo)

  • Méditation - Vivre dans l'intimité des Saints

    (suite de la méditation d'hier)

    « Formez avec les saints des intimités de grâce. Il y a de vraies constellations au firmament des âmes, des astres vivants et puissants que Dieu destine à être des centres, et autour desquels des étoiles, plus ou moins nombreuses et brillantes, viendront successivement se grouper, pour graviter ensemble dans une harmonie d'invention divine et former un système dans le système universel des cieux. Cela se fait au moyen d'affinités secrètes dont la gloire révélera la raison, mais qui se sentent déjà très bien dans la grâce. On en subit l'action, même à l'égard d'âmes vivant sur la terre. Souvent aussi c'est vers un bienheureux qu'elles tournent le cœur et la pensée. Elles se traduisent, sinon toujours par l'identité des états, du moins par la parité des attraits et la similitude des voies intérieures, d'où naît ordinairement une sympathie tendre et confiante pour la personne. Les mêmes vues font du bien ; on considère les choses sous le même jour ; on a faim des mêmes mets ; on parle le même idiome. C'est cela qui charme, épanouit et attire. Aussi on va à ces âmes tout droit, comme la fleur va au soleil ; et à mesure qu'on les approche et qu'on traite avec elles, on devient plus paisible et l'on est simplifié. Il est rare qu'une âme sérieuse et intérieure ait lu pieusement un certain nombre de Vies de saints, sans avoir ressenti pour l'un d'eux, sinon pour plusieurs, quelque chose de ce que nous disons là. Cette lumière ne fût-elle pas plus vive que la lueur du premier crépuscule, prenez garde de la négliger. En la suivant, l'âme mettra peut-être le pied dans un sentier qui, plus vite et plus sûrement que tout autre, la mènera au haut de la montagne. Qu'elle se lie ensuite de plus en plus avec cet être bienfaisant vers lequel elle est attirée ; qu'elle l'invoque, qu'elle aime à recourir à lui avec une confiance de sœur et d'enfant ; qu'elle lui parle dans ce lieu secret et sacré de la foi, comme on parle à quelqu'un dont un voile appendu empêche, il est vrai, de voir le visage, mais de la présence de qui on est indubitablement assuré. Qu'elle se livre aux mains de cet être, c'est-à-dire, à ses influences, les attirant sur elle par ses prières et sa piété. Qu'elle se pénètre de son esprit ; qu'elle étudie ses goûts, ses œuvres, et se rende activement fidèle à lui ressembler comme il se peut. »

    (à suivre demain)

    Mgr Charles Gay (1814-1891), De la vie et des vertus chrétiennes considérées dans l'état religieux, Tome III (chap. XVII), H. Oudin Frères, Poitiers - Paris, Huitième édition, 1878.

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    La Cour Céleste, d'un volume de "La Cité de Dieu" de St Augustin
    Tempera et feuille d'or sur vélin (XVe siècle)

    (Crédit photo)

  • Méditation - Conseils en l'oraison

    « Vous me parlez de vos oraisons. Vous savez notre méthode bien simple : le Rosaire, le Chemin de la Croix et la sainte Messe. Sachez bien ces trois choses et vous saurez tout. Vous savez bien que saint Thomas et saint Bonaventure n'avaient pas d'autres livres. La Crèche, le Calvaire et le Tabernacle, voilà nos trois stations, où je veux vous laisser toujours. Que les mystères de Notre-Seigneur vous soient si familiers que vous puissiez en parler comme d'une chose qui vous est propre, comme les gens du monde savent parler de leur état et de leurs affaires. En lisant, prenez pour fondement de vos oraisons l'histoire du mystère, et étudiez chaque mot, chaque action, chaque vertu, et tâchez de les faire passer dans votre esprit, dans votre cœur et aussi dans votre conduite. Notez les choses qui vous frappent le plus, vous vous les rappellerez mieux, et plus tard cela vous servira...

    Continuez à faire votre chemin de la croix. Quand vous le faites, ne vous précipitez pas, pour être tourmenté de le finir ; mais, si quelque station vous plaît, si le Saint-Esprit vous éclaire sur un endroit de cette station, arrêtez-vous-y, goûtez la grâce de Dieu, acceptez la lumière qui vous y vient : il ne faut pas négliger les lumières et les grâces du moment. Quand même vous ne finiriez pas, cela ne fait rien ; il faut chercher la grâce et la lumière avant tout, et non pas le grand nombre des prières. »

    Bx Antoine Chevrier (1826-1879), Lettre 43 à Monsieur l'abbé Jaricot (20 mars 1868), in "Lettres du Vénérable Antoine Chevrier" Librairie Catholique Emmanuel Vitte, Lyon - Paris, 1927.

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    Eglise St François Xavier à Lavender Bay (Australie)
    (Crédit photo)

  • Méditation - Prière : « Suscipe, Domine... »

    « Suscipe, Domine,
    universam meam libertatem;
    accipe memoriam,
    intellectum
    atque voluntatem omnem;
    quidquid habeo vel possideo
    mihi largitus es;
    id tibi totum restituo
    ac tuae prorsus voluntati
    trado gubernandum;
    amorem tui solum cum gratia
    tua mihi dones
    et dives sum satis, nec aliud quidquam ultra posco.

    Prends, Seigneur et reçois,
    toute ma liberté,
    ma mémoire,
    mon intelligence
    et toute ma volonté;
    Tout ce que j'ai et possède,
    c'est Toi qui me l'as donné:
    A Toi, Seigneur, je le rends Tout est à Toi,
    disposes-en
    selon Ton entière volonté.
    Donne-moi,
    ton amour et ta grâce :
    c'est assez pour moi. »

    St Ignace de Loyola (1491-1556)

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  • Le Coeur de Jésus, siège de toutes les vertus - 3. la miséricorde

    (suite et fin de la méditation d'hier)

    « « La troisième vertu qu'il faut honorer dans le Sacré-Cœur, dit encore le P. Claude de la Colombière, c'est sa compassion très sensible pour nos misères, son amour immense pour nous malgré ces mêmes misères, et, malgré ces mouvements et impressions, son égalité inaltérable causée par une conformité si parfaite à la volonté de Dieu, qu'elle ne pouvait être troublée par aucun événement. »
    N'est-ce pas dans la miséricorde de son Cœur qu'il nous a visités : Per viscera misericordiae in quibus visitavit nos (Lc I,78). Quand Jésus rencontre des malades, des morts, son Cœur ne peut résister aux larmes de ceux qui les entourent. Emu de pitié, il les guérit, il les rend à la vie : "misericordia motus (Lc 7,13).
    En voyant la foule sans provisions pour son repas, il a compassion d'elle : misereor super turbam (Mt 14,14 ; Mt 15,32 ; cf. Lc 10,33).
    « Ce Cœur est encore autant qu'on le peut être dans les mêmes sentiments, remarque le P. Claude de la Colombière, il est toujours brûlant d'amour pour les hommes, toujours ouvert pour répandre toutes sortes de grâces et de bénédictions, toujours touché de nos maux, toujours pressé du désir de nous faire part de ses trésors et de se donner lui-même à nous, toujours disposé à nous recevoir, et à nous servir d'asile, de demeure et de paradis, dès cette vie. »
    En me tenant uni au Cœur de Jésus et en méditant ses mystères, je participerai de plus en plus à ses vertus.

    Résolutions. - J'ai à ma portée, dans le Cœur de Jésus, la source de toutes les vertus, qui se peuvent résumer dans l'humilité, la patience, la charité ; mais il faut que je boive résolument à cette source. Il faut que je m'unisse toujours plus fidèlement au Cœur de Jésus dans chacune de mes actions. »

    1. Extrait du Benedictus de Zacharie : "grâce à la miséricorde de notre Dieu en laquelle nous a visité l'Astre d'en haut" - 2. "en la voyant, il eut pitié d'elle". - 3. "il fut pris de pitié".

    Vénérable Léon Dehon (1843-1925), L'année avec le Sacré-Cœur, Tome I (18 juin, IIIe Point p. 653), Établissements Casterman, Tournai - Paris, s.d. (1909).

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  • Méditation - Le Saint Nom de Jésus

    Le nom de Jésus est un remède à nos infirmités ; il a rendu la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, l'agilité aux boiteux, la parole aux muets, la vie aux morts. Il a soustrait à la puissance du démon le corps des possédés. Lorsque vous éprouvez quelques souffrances, vous ou les vôtres, sans négliger les remèdes naturels, recourez au nom de Jésus... J'ai appris de témoins dignes de foi que, de nos jours, plusieurs ayant imposé les mains à des malades, selon le précepte divin, et invoqué le nom de Jésus, ces malades ont été guéris : Il les a sauvés, dit le Prophète, à cause de son nom et afin de faire connaître sa puissance (Prov. 105).

    Le nom de Jésus est la consolation de ceux qui souffrent. Dieu ne laisse pas, il est vrai, ses serviteurs succomber à la tentation ; cependant il les expose aux peines de la vie. Mais alors loin de nous le désespoir ! N'oublions pas le doux nom de Jésus, invoquons-le surtout alors. Le nom de Jésus, écrit dans le cœur des justes, dit saint Augustin, leur donne une audace étonnante contre le choc de tous les maux. « Si vous me menacez des bêtes féroces, s'écrie saint Agathe à son juge, elles deviendront douces au nom de Jésus ; si vous avez, contre moi, recours au feu, à ce nom les anges m'environneront d'une rosée vivifiante. » Par la vertu de ce nom les martyrs triomphent de tous les tourments ; en votre nom, mon Dieu, nous mépriserons ceux qui s'élèvent contre nous ; notre secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre (Ps. 43. id. 123).
    [...]
    Le nom de Jésus est le secours de l'âme fatiguée. Toutes les fois, dit saint Bernard, que vous vous rappelez le nom de Jésus, ne sentez-vous pas vos forces renaître ? Qui ranime notre esprit comme ce souvenir ? qui répare nos sens fatigués, raffermit nos vertus, vivifie nos actions bonnes et honnêtes, réchauffe nos pures affections autant que lui ? Votre cœur est-il en proie à la paresse et à l'engourdissement ? Jésus vous guérit en excitant votre ferveur. Que le nom de Jésus soit donc toujours placé dans votre âme, toujours porté dans vos mains ; en lui vous trouverez un remède à votre indolence et à votre tiédeur, un remède pour corriger vos actes mauvais et relever ceux qui sont imparfaits, un remède pour préserver vos sens de la corruption et les guérir s'ils se corrompent...

    Le nom de Jésus est l'aliment de notre méditation. Ce nom, dit saint Bernard, n'est pas seulement une lumière, il est une nourriture. Ne vous sentez-vous pas fortifié toutes les fois que vous vous souvenez de Jésus ? Ce nom est une huile, et tout aliment est sans saveur à l'âme s'il n'en est pas assaisonné. Oh ! quelle douceur semble couler des lèvres d'un petit enfant plein d'innocence quand, formé par une pieuse mère, et ne pouvant encore retenir le Pater et l'Ave, il prononce avec respect le nom de Jésus ! Ce nom est en vérité comme le miel à notre bouche, une douce harmonie à nos oreilles ; il est comme la rosée de l'Hermon qui descend sur la montagne de Sion. (Ps. 132).

    St Bernardin de Sienne (fêté ce jour), Extrait d'un Sermon pour la Fête-Dieu à Vicence, 3 juin 1423, in "Histoire de Saint Bernardin de Sienne de l'Ordre des Frères mineurs" par M. L'Abbé Berthaumier (L. III chap. I), Paris, Elie Gauguet, Libraire-Editeur, 1862.

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    Monogramme IHS, maître-autel de l'église du Gesù, Rome (Italie)
    (Crédit photo)

  • Méditation - L'inquiétude de l'avenir

    « Rien ne m'inquiète comme l'avenir.

    Le passé, si pénible soit-il, je l'ai vécu ; j'ai souffert, j'ai supporté, c'est fini ; j'ai peut-être triomphé de ce passé.
    J'ai même l'âme en paix pour tout ce qui a pu le souiller ; car, j'ai demandé pardon. Et Dieu, parce que je pardonne, a pardonné.

    Le présent, je le vis, si dur soit-il ; je sais où je suis ; je me rends compte de mes difficultés ; je travaille à les vaincre.
    Je l'ai devant moi, je n'ai pas à craindre qu'il me surprenne, à mon insu, à l'improviste. Au besoin, je me défends ; et je sais à quelle place je puis frapper.

    Mais l'avenir, l'avenir ? De quoi l'avenir sera-t-il fait ? Que m'arrivera-t-il demain, après-demain, dans un an, dans dix ans ?
    Où serai-je, que ferai-je ? Et moi, et les miens, et tous ceux et celles que j'aime, que deviendront-ils ? Oh ! le souci des miens !...
    Et ma fortune qui s'émiette ?
    Et mes enfants qui grandissent, turbulents, audacieux, passionnés déjà ?
    Et ma santé ébranlée ? Et l'âge qui vient ?
    Et cette éternelle importune, la mort qui m'apparaît proche, traîtresse, inopinée, souvent, peut-être sans prêtre ! Tout cela m'agite...
    Et tout ce qu'on appelle ce mystère : l'avenir, cauchemar parfois si troublant, et que, de lassitude souvent, on voudrait ne plus regarder, ne plus pressentir ; car le bon Dieu se l'est réservé à Lui seul.

    Ah ! vous avez raison... L'avenir !... C'est Dieu, c'est le bon Dieu qui le connaît et le garde.
    Et cette pensée-là, précisément, c'est elle qui, tout-à-coup, jette lumière en moi et l'espérance, et calme, et quiétude parfaite.
    Mon Dieu, Vous, le bon Dieu, Vous savez mon avenir ? Bien sûr. Qui peut douter de cela ?
    Vous l'avez devant Vous, aussi présent à Vous-même que Vous-même, ô Vous, qui vivez et régnez dans un éternel présent.
    Vous tenez mon avenir dans vos mains.
    Vous l'y gardez puissamment, et avec tant de sainte prévoyance, avec tant d'amour aussi...
    Autant dire que Vous me serrez, moi-même, dans le creux de cette Main adorable en laquelle sont toutes choses, oui, l'univers entier (1).

    Ah ! si je me décidais à croire, enfin, à cette Providence que Vous être et que j'adore ;
    A la Providence d'un Père, de toute bonté, au bon Dieu !... J'éprouve une telle consolation et une telle force à vous le redire : « Vous êtes le bon Dieu » Et je suis, moi, votre pauvre petite créature qui s'abandonne, aveuglément, pour son avenir, à Vous seul.
    Vous êtes mon Père, un vrai Père à qui l'enfant que je suis, se laisse aller, sans réserve, si sûr de Vous...

    Pourquoi, si je crois en Vous, si j'espère en Vous, pourquoi me laisseriez-Vous choir de cette Main-là, qui gouverne tout ce qui est, tout ce qui se meut, tout ce qui vit ?
    Pourquoi hésiterais-je, un seul instant, à refuser à mon âme tout souci d'avenir, toute inquiétude, toute crainte, toute défiance aussi ?
    Ah ! n'est-ce pas me défier de Vous que de vivre ainsi, continuellement, dans cette attitude d'âme si peu chrétienne, si indigne de Vous ?
    Non, je ne veux plus regarder ainsi dans l'inconnu de la vie, en me troublant.
    « A chaque jour suffit sa peine, et demain aura souci de lui-même » (2) dit Jésus.
    C'est du pur Évangile, si toutefois je veux croire à la Parole infaillible de la Vérité.

    Père, c'est fait... Je vous abandonne mon avenir, quel qu'il puisse être.
    S'il doit être rempli et débordant de joies pures, de consolations, de succès, de rêves enfin réalisés, je vous bénis, dès aujourd'hui.
    Si, au contraire, Vous me l'avez préparé plein de dégoûts, d'ennuis, de tristesses et de déceptions, je veux vous en bénir, dès maintenant.
    Mes joies, Vous les sanctifierez, dans l'humilité de mon cœur.
    Mes peines, Vous en ferez un élément de grande pénitence, qui sauve.
    Je m'abandonne, je ne regarde plus, je ne veux plus être inquiet.
    Je suis dans vos mains de Père, souveraine Providence ; et j'y veux rester, toujours, avec l'aide de votre grâce.

    Seigneur, ne me laissez plus succomber à la tentation, à l'épreuve de l'inquiétude. »

    1. Ps. XCIV, 4. - 2. Matth. VI, 34.

    Dom Eugène Vandeur o.s.b. (1875-1967), L'abandon à Dieu Voir de la Paix. Commentaire du Pater (Vingt-et-unième élévation), Deuxième édition, Abbaye de Maredsous, 1938.

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  • Méditation : Tout offrir à Jésus

    « Offrir au bon Dieu nos inquiétudes, les blessures du passé et tous les sentiments douloureux, pour qu'il les prenne, c'est lui demander de nous en détacher. Au lieu de s'en inquiéter ou de les regretter, il faut venir tout simplement, avec douceur, près du Cœur de Jésus, et les lui offrir comme matière de sacrifice. Il faut en profiter pour s'unir à son agonie et lui demander, par le mystère de cette agonie toute sainte et divine, de nous purifier.

    Il est bon de sentir sa faiblesse, mais à condition de ne pas se replier sur soi-même et de tout donner au bon Dieu. A l'aube de notre vie, il nous demande de lui offrir notre travail, mais ensuite il nous demande surtout de lui apporter nos souffrances, nos fatigues et nos impuissances.

    Après nous avoir soutenus par des grâces de lumière et de force, il nous demande de persévérer sur un chemin où il nous mène de façon plus obscure, en nous faisant sentir notre faiblesse. Par là, nous nous préparons au ciel, à la lumière et à la vie nouvelle du ciel. »

    P. Thomas Philippe (1905-1993), ... des miettes pour tous, Saint-Paul, Paris, 1994.

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  • Méditation : Prière à la Vierge Marie

    « O Marie, notre Mère, nous voulons être vos enfants obéissants, nous voulons pratiquer tout ce que vous nous enseignez, et que vous nous commandez ; mais vous savez qu'il ne nous suffit pas, à nous, de connaître nos devoirs pour les remplir, nous avons besoin en outre de la grâce et de l'assistance divine, qui nous aide non seulement à connaître, mais à agir. Obtenez-nous donc ce secours, ô Mère des grâces divines. C'est dans vos mains que reposent les célestes trésors ; ouvrez donc vos mains et remplissez nos esprits et nos cœurs et toutes les puissances de notre âme des bénédictions célestes. Alors nous vous servirons en enfants dévoués ; nous serons obéissants à vos préceptes, nous vous louerons, nous vous bénirons dans tous les siècles des siècles. Amen. »

    Un Religieux Passionniste, L'excellence de Marie et de sa dévotion, Traduit du manuscrit italien (Marialogia), Tournay, Typographie de J. Casterman, 1841.

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  • Méditation : "Il faut prier sans cesse et ne pas se décourager" (Luc 18, 1)

    « Il y a une telle libéralité divine d'assistance du Saint-Esprit, des dons et de l'amour de Dieu dans la moindre des grâces qui composent notre existence, qu'il y en aurait assez pour convertir une armée de pécheurs. Dieu vous donne un trésor si grand et si étendu parce qu'il vous aime ; son amour vous est fidèle. La grâce est gratuite. Et cependant Dieu exige le tribut de la prière. La prière est une condition posée par Dieu pour que la grâce soit continuée et pour qu'elle arrive à se développer. Car autant il est vrai que nous ne pouvons rien sans le secours de la grâce, autant il est vrai que Dieu ne consentira jamais à se servir de la grâce toute seule pour sanctifier une âme. La créature étant en possession de son intelligence et de sa liberté, il exige tout le concours de la créature. D'autre part, la créature seule ne peut pas, par ses propres forces, accomplir des actes surnaturels, il faut donc qu'elle ait recours à la prière. La prière consiste donc en même temps à publier notre impuissance, à la reconnaître, et, comme conséquence, à puiser dans la richesse de Dieu et à lui demander son assistance, sans laquelle nous ne pouvons pas correspondre à la grâce. Et comme le mouvement de la vie ne s'arrête pas, qu'il nous emporte avec une rapidité effrayante vers le terme final, le mouvement de la prière ne doit pas s'arrêter non plus ; il faut prier toujours et, quand on avance, il faut que la prière occupe, qu'elle prenne dans la vie une place plus large, qu'elle exerce sur l'âme un empire plus complet... Oportet semper orare et non deficere (1). Il faut prier toujours, parce que toujours il faut marcher, combattre, il faut toujours que la grâce descende d'en-haut pour nous assister. »

    1. Il faut prier sans cesse et ne pas se décourager. (Lc. 18, 1).

    Dom Romain Banquet (1840-1929), Retraite monastique (retraite prêchée aux moniales de Sainte-Scholastique de Dourgne, 1910), Éditions Sainte Madeleine, 1988.

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  • Méditations de la Semaine Sainte - Samedi

    (suite de la méditation d'hier)

    « "Joseph d'Arimathie ayant descendu de la croix le corps de Jésus, l'enveloppa d'un linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n'avait encore été mis." (1)
    S. Paul disait que le Christ devait nous être « semblable en toutes choses » (2) ; jusque dans sa sépulture, Jésus est l'un des nôtres : « on l'ensevelit, dit S. Jean, à la manière des Juifs, avec des linges et des aromates » (3). Mais le corps de Jésus, uni au Verbe, « ne devait pas souffrir la corruption ». Il restera à peine trois jours dans le tombeau ; par sa propre vertu, Jésus en sortira triomphant de la mort, resplendissant de vie et de gloire, et « la mort n'aura plus d'empire sur lui » (4).
    L'Apôtre nous dit encore que « par notre baptême nous avons été ensevelis avec le Christ pour mourir au péché » : Consepulti enim sumus cum illo per baptismum in mortem (5). Les eaux du baptême sont comme un sépulcre où nous devons laisser le péché, et d'où nous sortons, animés d'une nouvelle vie, la vie de la grâce. La vertu sacramentelle de notre baptême dure toujours. En nous unissant par la foi et l'amour au Christ déposé dans le tombeau, nous renouvelons cette grâce de « mourir au péché, afin de ne vivre que pour Dieu » (6).

    Seigneur Jésus, que j'ensevelisse dans votre tombeau tous mes péchés, toutes mes fautes, toutes mes infidélités ; par la vertu de votre mort et de votre sépulture, donnez-moi de renoncer de plus en plus à tout ce qui m'éloigne de vous, à Satan, aux maximes du monde, à mes amours-propres ; par la vertu de votre résurrection, faites que, comme vous, je ne vive plus que pour la gloire de votre Père ! »

    1. Luc. XXIII, 53. - 2. Hebr. II, 17. - 3. Joan. XIX, 40. - 4. Rom. VI, 9. - 5. Ibid. 4. - 6. Cf. Rom. VI, 11.

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. XIV, XIV), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937.

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  • Méditation : Saint Joseph

    « Joseph est un abîme, un sanctuaire, un tabernacle. Tout en lui appartient à Dieu ; non seulement en droit et par la loi de sa prédestination, mais en fait et par son choix libre qui l'ajuste à sa destinée, et le rend merveilleusement fidèle à sa grâce. Dieu se sert de lui comme de personne, hormis de Jésus et de Marie ; Dieu l'emploie à des usages auxquels il n'a employé ni n'emploiera jamais personne, ni homme, ni ange. Il pousse envers lui son droit de souverain propriétaire à des extrémités où, en dehors de l'Homme-Dieu et de sa mère, il ne l'a point poussé. Et Joseph s'étend tout entier et toujours, il s'étend volontairement, mais comme une cire fondante, sous cet adorable pression de son Créateur et Seigneur. Il écoute toujours : on dirait qu'il n'est qu'une oreille. Il parle sans doute, mais au dedans et ne rompt point le silence. On n'imagine rien de plus auguste, de plus grave, de plus égal, de plus tranquille, de plus digne, de plus doux. Il est comme un reflet du Père céleste et une sorte de forme divine. On ne le contemple pas sans avoir le cœur tout entier tiré au dedans, et se sentir comme forcé de se taire. On pense trop de choses en le voyant, et des choses trop solennelles, trop saintement touchantes aussi, pour pouvoir en dire un seul mot. D'ordinaire, les paroles sont les fleurs de l'âme ; ici toute parole déflorerait l'âme et la trahirait. C'est un bonheur exquis de considérer ce qu'on découvre ; c'est un supplice inexprimable de ne pouvoir le raconter. On ne se le formule point à soi-même. Toute formule est si petite quand il s'agit de Joseph, qu'elle devient à tout ce qu'on y voudrait faire entrer une sorte de geôle. Rien n'est moins vague pourtant que ce qu'on voit ; mais on n'en voit pas les limites. On est si proche du ciel, que la terre se dérobe et qu'on n'y peut plus prendre pied. Toutefois, même en sentant ce tourment de son insuffisance, l'âme ne perd rien de sa paix. On ne peut être agité en face de saint Joseph, et si on l'est quand on l'aborde, dès qu'on l'a regardé, on s'apaise. »

    Mgr Charles Gay (1814-1891), De Saint Joseph, in "Élévations sur la vie et la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ" (Vingt-deuxième élévation), Tome I, Oudin Frères, Poitiers - Paris, 1879.

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  • Méditation : 1er Vendredi du mois, dédié au Sacré-Coeur de Jésus

    « La lutte continuera toute la vie, entre les impressions de la nature et le devoir de la conscience, mais la grâce soutiendra dans le combat et fera triompher. Ce combat est utile, il tient en haleine et empêche de tomber dans une fausse confiance ; il fait recourir à Dieu pour remporter la victoire. Soyons-lui bien unis ; et que ce soit toujours dans le Cœur de Jésus-Christ que nous allions réparer nos armes, et en chercher de nouvelles ; prenons-le pour asile, pour forteresse, et n'en sortons que pour suivre ses impressions, ou plutôt n'en sortons pas ; prions-le d'agir lui-même en nous, par nous, comment et quand il le voudra. Prions-le de nous inspirer les pensées qui doivent nous rendre fidèles à lui. Dans les moments de lutte, lui demander d'être notre défense, notre victoire. Prions-le de nous donner : la pensée du bien pour le connaître ; l'amour du bien pour l'embrasser ; le courage du bien pour mettre en pratique la lumière reçue. Si quelque épine vient embarrasser notre marche, passons outre. Si plus nombreuses, et comme des branches détachées, elles semblent intercepter notre route, détournons-nous avec calme, prions le Seigneur de nous diriger, et avec le secours de sa grâce, spécialement invoquée, reprenons notre marche ; cet obstacle surmonté, loin de nous avoir retardés, aura rapproché Dieu, avec la lumière, la force et le courage. »

    Avis spirituels pour servir à la sanctification des âmes (Le combat contre soi-même, XXVI, Avantages de la lutte intérieure), Seconde édition, Nancy, 1863.

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  • Méditation : A propos des tentations (3/3)

    « On rapporte de sainte Catherine de Sienne, qu'un jour qu'elle était extrêmement tourmentée de ces sortes de pensées (1), Jésus-Christ lui apparut, et les dissipa toutes par sa présence ; et qu'alors se plaignant tendrement à lui, elle lui dit : Où étiez-vous, Seigneur, quand il s'élevait dans mon cœur de si horribles pensées ? Ma fille, lui répondit le Sauveur, j'étais au milieu de votre cœur. Hé quoi, mon aimable Jésus, reprit-elle, pouviez-vous demeurer parmi des pensées si sales et si honteuses ? Mais, ma fille, lui repartit-il, étiez-vous bien aise de les avoir ? Hélas, Seigneur, répondit la Sainte, j'en étais pénétrée de douleur, et je ne sais ce que je n'aurais pas plutôt choisi. Qui pouvait donc, reprit-il, vous en donner tant d'horreur, sinon moi qui étais au milieu de votre cœur ? Ainsi, quelque mauvaises et quelque honteuses que puissent être les pensées qui s'élèvent en nous, pourvu qu'au lieu de nous y complaire, nous soyons fâchés de les avoir, non seulement nous pouvons croire que Dieu ne nous a pas abandonnés, mais c'est une marque infaillible qu'il demeure en nous, puisque c'est lui seul qui peut nous donner cette horreur pour le péché et cette crainte de perdre la grâce. "C'est dans le temps de l'affliction qu'il est avec nous (2), comme il nous en assure lui-même par le Prophète, et c'est du milieu des flammes et des épines du buisson ardent qu'il vous parle. »

    1. des tentations contre la foi et l'impureté. - 2. Ps. 90, 15.

    R.P. Alphonse Rodriguez s.j. (1526–1616), Pratique de la Perfection Chrétienne, Tome III, Part. II, Traité IV, Chap. XX, Trad. Abbé Regnier-Desmarais, Poitiers, Henri Oudin, 1866.

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    Pieter Bruegel l'Ancien (v.1526–1569)
    La chute des Anges rebelles

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  • Méditation : "Le plafond de la Sixtine"

    « Prier, c'est en vérité m'offrir à Dieu pour qu'il ait le loisir de me recréer. Entendez : pour qu'il puisse opérer à son aise ces merveilles de la grâce qu'il accomplit en ceux qui le laissent faire. Mais voilà, les chrétiens ne semblent pas attendre de Dieu autre chose qu'un secours pour les aider à vivre une vie plus morale. Ils ne soupçonnent pas que l'âme où Dieu travaille est une forêt où vibrent de mystérieuses symphonies, un fond sous-marin aux lueurs inattendues, un paysage aux larges horizons, un ciel tout bruissant d'étoiles. Ce que nous ignorons maintenant, nous le découvrirons plus tard avec éblouissement.
    Rappelez-vous ce qu'on dit de Michel-Ange peignant le plafond de la chapelle Sixtine. Une bâche empêchait ceux qui entraient dans l'édifice de voir son œuvre. Il ne tolérait pas qu'elle soit retirée, même quand le pape l'en priait. Enfin, un beau jour, le chef-d’œuvre fut dévoilé. Eh bien, le plafond de la Sixtine n'est rien en comparaison de ce que Dieu fait dans une âme qui prie. Dieu travaille en moi non pas seulement à l'heure de l'oraison, mais à longueur de journée, dans la mesure où par amour pour lui je m'efforce d'accomplir sa volonté. Mais l'oraison est bien le moment privilégié, en ce sens qu'alors je me fais malléable, plastique, ouvert, accueillant à l'action intérieure de Dieu. »

    P. Henri Caffarel (1903-1996), L'oraison, jalons sur la route, Parole et Silence, 2006.

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    Visite de la Chapelle Sixtine en 3D

  • Méditation : la Paix chrétienne

    « Dieu Seul est « l'Auteur de toute paix », c'est donc à Lui qu'il faut la demander chaque jour. Si nous comptions sur nous pour cela, nous serions vite détrompés. L'existence de chaque jour est faite de petites complications, de soucis mesquins, de menus devoirs, et si nous ne mettons ordre à ce fatras, nous sommes rapidement débordés et vite l'équilibre moral est rompu. Ceci est encore plus vrai dans les périodes de tristesse ou de maladie. Il y a dans l'épreuve, physique ou morale, lorsqu'elle n'est pas « surnaturalisée », une force dissolvante inouïe ; elle brise l'énergie, ramène à terre notre esprit, aigrit notre caractère et dépouille de toute beauté et de tout charme les objets extérieurs et les faits quotidiens. Elle est la souffrance humaine, seule, et le fardeau est trop lourd pour nos épaules ; nous subissons, dans la révolte ou l'acceptation passive, nos maux et nos angoisses. Peu à peu notre être moral s'amoindrit, nous nous absorbons dans la contemplation de notre souffrance, et l'épreuve passe sur nous, stérile, nous laissant ensuite plus faibles et moins proches de Dieu.

    Que faut-il donc faire pour conserver, en dépit de la douleur, cette paix productrice de tout bien ? Prier d'abord, demander chaque jour à Dieu de nous garder paisibles et de nous donner la joie que rien ne détruit. Chercher sa grâce dans le Sacrement où Il la donne si généreusement : dans l'Eucharistie. Puis, mettre de l'ordre dans ses occupations, dans son âme, dans sa vie ; ne jamais laisser les irritations, les souffles mauvais du dehors, les mesquineries de l'existence faire irruption dans notre âme, au détriment des réalités spirituelles. Remplir tellement notre âme des choses qui, seules, sont dignes d'elles ; vivre dans une union si étroite avec Dieu, si proches du Cœur du Christ, si pleinement éclairés de l'Esprit-Saint, que notre être extérieur en soit transformé et que nos paroles, nos actes, notre attitude même ne soient que l'expression de nos plus intimes convictions, de notre vie spirituelle. Et enfin, faire de notre souffrance, devenue féconde par la libre acceptation et par le don que nous en faisons en faveur d'autrui, une œuvre vivante et rédemptrice ; nous tenir proche des âmes que Dieu nous mettra sur notre route et chercher à les comprendre et à les aimer. Voilà, par la grâce divine, les sources de la paix et le moyen de la posséder pleinement. »

    Elisabeth Leseur (1866-1914), La vie spirituelle (Petits traités de l'Espérance et de la Paix chrétienne), Paris, J. de Gigord, 1920.

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  • Méditation : Humilité et Providence divine (1)

    « Si vous ne vous rendez semblables à des enfants, vous n'entrerez point dans le royaume du ciel... Laissez venir à moi les petits enfants, car c'est à ceux qui leur ressemblent qu'appartient le royaume des cieux. (Mt XVIII, 3-4 ; Lc XVIII 16-17) »

    « Lorsque l'enfant s'est souillé, il ne peut se laver ; un autre doit lui rendre ce service ; s'il tombe, il est incapable de se relever sans le secours d'autrui ; une fois relevé, il ne peut même pas se tenir debout si on ne le soutient, ni faire un pas sans appui ; a-t-il faim ou soif, il ne peut ni manger, ni boire que ce qu'on lui présente ; qu'un ennemi le mette en danger, qu'il souffre du froid ou de quelque incommodité, il ne pourra ni se défendre, ni se soulager par lui-même. Enfin, pour comble de misère, il ne sait ni ne peut demander ce qui lui manque, ne s'en rendant même pas compte.

    Voilà ce qui caractérise les tout-petits ; telles sont leurs misères ; elles n'ont qu'un remède : la tendre sollicitude, l'amour plein de compassion de leur maman... Je me verrai donc devant Dieu comme un tout-petit, et m'appliquerai les différentes marques de faiblesse que nous venons d'énumérer.

    1. Ma misère est telle que ma volonté libre, laissée à elle-même, peut pécher et se souiller de mille manières ; mais ensuite, impossible de me laver, de me purifier si Dieu ne le fait lui-même : Seigneur, dois-je donc dire avec David, lavez-moi complètement de mon iniquité et purifiez-moi de mon péché (1).

    2. Le poids de mes inclinations charnelles et de ce corps terrestre, qui alourdit l'âme, me fait pour un rien donner du nez en terre, et j'y reste fixé par mon affection désordonnée aux choses de ce monde, car je suis le fils de l'Adam terrestre ; une fois tombé, je ne puis donc pas me relever, mais il faut que Dieu me tende la main et me redresse, sans quoi je resterais toujours dans la poussière, comme la maison d'Israël dont parlait Amos : La voilà tombée, jamais elle ne retrouvera sa splendeur (2).

    3. Si Dieu, par miséricorde, me relève ; s'il me place debout en me communiquant quelque courage ou sentiment de dévotion, je reste impuissant à me maintenir debout, à conserver ses dons, à réaliser le moindre progrès sans son aide ; aussi devrai-je toute ma vie craindre les rechutes, selon l'avertissement de saint Paul : Que celui qui pense se tenir debout prenne garde de tomber (3).

    4. Si j'ai faim et soif des choses saintes, comme des sacrements, de la parole de Dieu, et autres bonnes œuvres, je ne puis par mes seules forces ni les chercher efficacement, ni m'en nourrir avec profit, à moins qu'en tout cela Dieu ne me secoure ; et s'il naît en moi quelque désir de me rendre meilleur, ce désir restera vain si le Seigneur, qui me l'a donné, ne m'accorde encore sa grâce pour le réaliser.

    5. Le démon, la chair et le monde me tentent et m'entourent si dangereusement que, livré à moi-même, je suis perdu : Dieu seul peut me délivrer. Quant aux armes pour me défendre, c'est encore le Seigneur seul qui me les donne. Toujours je resterais avec mes fautes, tiède et froid, si Dieu ne me réchauffait du feu de son amour ; et s'il ne me rafraîchissait avec l'eau vive de sa grâce, l'incendie de l'amour-propre ne s'éteindrait jamais dans mon cœur.

    6. Enfin, telle est ma misère que je ne sais même pas ce que je dois, selon mes besoins, demander dans mes prières (4) : il faut que ce soit l'Esprit Saint qui me l'enseigne ; même aveuglement sur mes périls et mes besoins, à moins que Dieu ne m'en découvre la gravité. »

    « C'est vouloir que Dieu nous abandonne que de nous attribuer ce qu'il y a de bien en nous. Il faut ne rien être à ses propres yeux pour devenir un instrument entre les mains du Créateur. Voulez-vous ne cesser jamais de lui être agréable, n'oubliez en aucun temps que vous n'êtes absolument que ce que sa main vous a faites, que vous ne pouvez rien que par sa grâce, et que vous ne réussirez que là où il aura mis sa bénédiction. »
    Sainte Angèle Merici, dernier avis à ses filles.

    1. Ps. 50. - 2. Amos V, 2. - 3. I Cor X, 12. - 4. Rom VIII, 26.

    P. J.-B. Gosselin s.j., Sujets d'oraison pour tous les jours de l'année, Tome V (54), 2ème édition revue et augmentée, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1947.
    Traduction littérale de la Méditation du Vénérable Louis du Pont (VIe partie, sujet I), faite sur l'édition castillane.

    (à suivre demain)

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  • Méditation : A l'école de Marie et Joseph

    « Notre vie est très semblable à celle de Marie et Joseph entre l'Incarnation et Noël ; puisque comme Saint Joseph nous avons Notre-Seigneur contre nous, dans le tabernacle ; et comme la Sainte Vierge nous L'avons en nous, corporellement au moment de la communion sacramentelle, spirituellement par la communion spirituelle. Marie et Joseph adoraient Jésus au milieu d'eux, et nous trouvons que c'était bien doux... Jésus est-il moins au milieu de nous ! N'est-il pas dans ce tabernacle aussi réellement, aussi complètement que dans le sein de la bienheureuse Vierge ? N'y est-il pas aussi près de nous qu'il l'était de Saint Joseph ? Y est-il plus caché pour nous qu'il ne l'était pour ses saints Parents en ces mois de bienheureuse attente ! L'avons-nous moins en nous au moment de la sainte communion que ne l'avait en elle la très Sainte Vierge ? Ne pouvons-nous pas l'avoir sans cesse en nous spirituellement, par la communion spirituelle ?... Que nous sommes heureux ! Quelle destinée Dieu nous a fait ! Quelle béatitude divine ! La grâce incomparable que vous avez faite pendant quelques mois à vos saints Parents, vous nous la faites tous les instants de notre vie, ô Dieu de bonté. Ce bonheur céleste dont vous les avez fait jouir pendant quelques mois, vous l'offrez à tous les chrétiens en tous les moments de leur existence... Oh, jouissons de notre bonheur ; oh, profitons d'une telle grâce. Oh, soyons reconnaissants en entourant, comme Marie et Joseph, comme les saints anges, de tout notre amour, de toutes nos adorations, d'une perpétuelle contemplation, du culte le plus continuel, le plus empressé, le plus fervent, ce Sauveur béni qui est au milieu de nous comme Il était au milieu d'eux ! Apprenons de la Sainte Vierge à L'entourer, à l'adorer, à le garder en nous, Lui qui daigne si souvent être en nous corporellement comme Il fut en elle, Lui qui veut être spirituellement toujours, toujours en nous... Comme ces mois d'attente des Parents de Notre-Seigneur sont l'image exacte de notre condition !... Comme eux nous avons Notre-Seigneur sous notre toit, mais caché, voilé, invisible. Comme Marie nous avons chaque jour Notre-Seigneur en nous. Oh, Mère chérie, apprenez-nous à porter, à garder amoureusement dans notre corps et surtout dans nos âmes ce Sauveur bien Aimé. Oh, Marie et Joseph, apprenez-nous à adorer et à entourer le divin Jésus dans son tabernacle comme vous l'adoriez et l'entouriez sous le toit de Nazareth. »

    Bx Charles de Foucauld (1858-1916), Commentaire de Saint Matthieu (Lecture du Saint Évangile - St Matthieu), Œuvres spirituelles du Père Charles de Foucauld Tome V (p.57-58), nouvelle cité, 1989.

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  • Méditation - Prière : "Vers vous, ô mon Dieu, j'élève mon âme"

    Ad te levavi animam meam
    Vers vous, ô mon Dieu, j'élève mon âme
    (Introït)

    « Ad te levavi animam meam... Vers vous, Jésus-Christ, moi aussi, j'élève aujourd'hui mon âme, vers Vous, le Dieu qui est venu déjà, qui vient toujours, pour venir une dernière fois dans la gloire, juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres.

    Au début de cette année sacrée, vous invitez mon âme à croître, à progresser en Vous, à se développer en tout point, et à réaliser toujours mieux votre Image. J'élève vers Vous mon âme si basse, si fatiguée, si rivée aux choses qui s'en vont et qui tombent.

    Seigneur Jésus, que dirai-je devant ma faiblesse ? J'élève le cri de ma confiance et je vous clame, moi aussi : "Seigneur, je me fie à Vous" (italiques), car je suis sûr de Vous !...

    Non, Seigneur, je ne me découragerai pas. Je reprends, aidé de votre grâce, le labeur de ma sanctification, en ce premier jour de l'année que célèbre votre Église. Je vous attends, Seigneur, je vous attends joyeux, confiant, ravi de ce que vous voulez bien me tendre, une fois de plus, la main qui guide dans les voies de la sainteté. »

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour, Avent (Dimanche de la première semaine), Éditions de Maredsous, Namur, 1956.

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    Don Simone Camaldolese (1378-1405), Gradual (Volume 1, folio 1r), Newberry Library
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  • Méditation : De la vigilance

    « Ne vous contentez pas de faire un bon propos à votre lever, ne vous contentez pas même de prévoir quelques précautions à prendre, je vous le dis, ou plutôt votre adorable maître vous le dit : Veillez et priez. Vigilate et orate. Priez afin que la grâce affermisse votre volonté chancelante dans le bien. Veillez afin de découvrir de loin les pièges que vos ennemis cachent de tout côté sous vos pas : Laqueum absconderunt pedibus meis. Priez afin que les tentations, qui sont vos combats, vous soient épargnées, ou que, si vous devez les soutenir, vous n'y succombiez pas du moins. Veillez afin que l'ennemi ne vous surprenne pas sans armes et sans moyens de défense. Priez afin que votre imagination soit moins volage et moins turbulente, que votre esprit se recueille, que votre longue inconstance soit fixée, que le secours efficace de la grâce ne vous manque en aucune occasion. Veillez sur votre propos afin de ne pas le perdre de vue s'il est possible, veillez sur vos sens intérieurs afin qu'ils ne s'échappent et ne se satisfassent jamais aux dépens de la vertu. Veillez sur vos sens extérieurs afin qu'ils ne troublent pas l'intérieur, en y introduisant des images, des souvenirs, des pensées, des affections inutiles et dangereuses. Veillez surtout afin de ne laisser passer aucune occasion d'éviter le défaut que vous combattez, ou de pratiquer la vertu que vous désirez acquérir. »

    A.M.D.G., Maximes des Saints Pères et des maîtres de la vie spirituelle sur l'examen particulier (Deuxième Partie, Chap. V, III), Librairie catholique de Périsse Frères, Lyon - Paris, 1839.

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