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croix - Page 8

  • Méditation : la souffrance

    1er vendredi du mois dédié au Sacré Cœur

    Dies natalis de la servante de Dieu Elisabeth Leseur (1914)

    « Seigneur, vous avez mis votre Croix sur mon âme, sur mon coeur, sur mon corps. Vous me donnez la souffrance, et de toutes les souffrances celles que Vous savez devoir transpercer mon coeur de la façon la plus aiguë. Aidez-moi à porter cette Croix sans amertume, sans abattement, sans retour égoïste sur moi-même. A travers bien des défaillances et d'humiliantes faiblesses, il me semble que Vous me faites peu à peu avancer dans la voie du renoncement, de l'entier abandon. Mon Dieu, laissez-moi Vous renouveler ma prière : qu'il n'y ait pour ceux que j'aime ni fautes ni douleurs, que votre lumière brille en eux, que leur âme soit sanctifiée par Vous. Je Vous les confie, et moi je m'abandonne à Vous, déposant mon fardeau en votre Coeur et lui abandonnant tout : souffrances, désirs, prières. C'est à Vous que je veux réserver les larmes du coeur, ne donnant aux autres que le sourire des yeux ; c'est avec Vous seul que je veux porter la Croix, ne laissant voir de mes misères intimes que le rayonnement du Thabor, de cette lumière qui m'a d'abord réchauffée et qui s'est éteinte pour laisser place aux ténèbres de la Croix. Jésus a fait son oeuvre de salut sur le Calvaire ; c'est par la douleur que les âmes choisies par Lui accomplissent le leur, dans le dépouillement et l'humiliation. »

    Elisabeth Leseur, Cahier de résolutions (1911), in "Journal et pensées de chaque jour", Paris, J. de Gigord, 1920.

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  • Méditation : Ste Catherine de Sienne, fêtée ce jour

    "Montons sur l'arbre de la très sainte croix"

    « Voilà donc notre doux et bon berger qui animé d'un désir insatiable et d'un amour enflammé a sacrifié sa vie sans se soucier de ses peines, de notre ignorance, de notre ingratitude pour un si grand bienfait, des reproches des juifs et, tel un amoureux, a obéi au père avec un grand respect. Elle peut donc s'accomplir en nous, si nous montons sur l'arbre, si nous le voulons, si notre négligence ne nous retient pas, la parole prononcée par la douce bouche de vérité : "Quand je serai hissé en haut, j'attirerai tout à moi." Et vraiment il en est ainsi. L'âme qui s'y est élevée, voit se déverser la bonté et la puissance du père, puissance qui a donné au sang du fils de Dieu la vertu de laver nos iniquités. Là nous voyons l'obéissance du Christ crucifié qui, pour obéir, meurt. Il se soumet à cette obédience avec un tel désir que la peine du désir est plus grande que la peine du corps. On y voit la clémence et l'abondance du Saint-Esprit c'est-à-dire cet amour ineffable qui le tint cloué sur le bois de la très sainte croix car ce ne sont ni les clous ni les cordes qui auraient pu le tenir attaché sur la croix s'il n'y avait pas eu les liens de la charité. Ah, il faudrait qu'il soit vraiment de diamant le coeur qui ne sentirait pas dissoudre sa dureté dans un si grand amour ! Mais en vérité le coeur blessé par cette flèche se dresse avec toute sa force : il n'est pas tout pur l'homme, mais pure est son âme pour laquelle Dieu a fait toutes choses. Si vous me disiez : "Moi je ne peux pas monter il est trop haut", je vous répondrais qu'il a fait des échelons dans son corps : élevez votre affection jusqu'aux pieds du fils de Dieu et élevez-vous jusqu'au coeur qui est ouvert et consumé pour vous. Alors vous atteindrez à la paix de sa bouche et vous goûterez et vous vous nourrirez d'âmes. Ainsi vous serez un vrai berger qui expose sa vie pour ses brebis. Tachez d'avoir toujours l'oeil sur elles afin que le vice soit extirpé. Semez la vertu. »

    Sainte Catherine de Sienne, Lettre XXXIV au Prieur de Montoliveto près de Sienne, in "Le Livre des Dialogues suivi de Lettres", Préface et traduction Louis-Paul Lartigues, Editions du Seuil, Paris, 1953.

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  • Méditation : douloureuse prière...

    « Ne nous étonnons pas que notre prière demeure douloureuse ; elle n'en est ni moins prière, ni moins puissante sur le Coeur de Dieu. Le bon Dieu ne nous demande pas de ne pas souffrir ; Il nous demande de prendre notre croix à deux mains et de la lui offrir en union avec la sienne. Nous comprendrons un jour que les heures où Il la dépose sur nos épaules sont les plus précieuses de notre vie.

    "Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés". Méditons parfois cette association de mots "bienheureux" et "ceux qui pleurent". Evidemment, c'est une vérité qui nous dépasse ici-bas. La terre n'est pas la patrie de la vérité ; on n'y connaît que des vérités partielles. Et c'est pourquoi le bon Dieu a ajouté au regard de raison, qui est trop court, le regard de foi, qui est une participation à son propre regard. Il développe en nous ce regard supérieur. Nous le remercierons un jour. »

    [Dom Augustin Guillerand, Op Cart (1877-1945)], Voix Cartusienne, Roma, Benedettine di Priscilla, 1959.

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  • Méditation : le sacrifice et la Croix

    « Le christianisme repose sur la notion de sacrifice. Tout chrétien, à son heure, doit faire comme son Modèle et accomplir, dans le silence ou l'indifférence des hommes, le sacrifice qu'il joindra à celui du Maître. Il doit connaître Gethsémané ou le Calvaire, dans la faible mesure que ses forces peuvent supporter. Il doit s'offrir en oblation pour le salut de tous et tendre pour tous vers la Croix ses mains souvent lasses. Ses lèvres doivent prononcer l'adhésion sublime du Crucifié, et son âme doit donner le plus pur d'elle-même pour les pécheurs et les déshérités. »

    Elisabeth Leseur, Pensées de chaque jour (1905), J. de Gigord, Paris, 1917.

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    Oxford University - St Thomas More Chapel

  • Méditation : "ad lucem per crucem"...

    « Pour entrer dans sa gloire, gloire à laquelle Il avait droit par sa nature divine, le Christ a du souffrir. Le Père a voulu que cette gloire fût pour l'Homme-Dieu une récompense et un salaire : Dignus est Agnus qui occisus est accipere virtutem et divinitatem... et gloriam et benedictionem ("L'Agneau qui a été immolé a mérité de recevoir la force, et la divinité, et la gloire, et la bénédiction." 2° Rep.) Et pour les Saints de l'Ancien Testament comme pour ceux du Nouveau, la voie de la sanctification a toujours été celle de la tribulation, ainsi que l'affirmait Judith aux habitants de Béthulie : "Ils doivent se souvenir comme notre Père Abraham a été tenté et éprouvé par de nombreuses tribulations pour devenir l'ami de Dieu. Et de même tous ceux qui ont été agréables à Dieu ont dû demeurer fidèles au milieu de beaucoup d'épreuves" (Jdt VIII, 22-23). Et, en leur indiquant le moyen de profiter de leur extrême détresse, elle leur donnait les raisons de cette volonté d'en-haut : "Ne nous révoltons donc pas pour les maux que nous endurons ; mais, considérant combien ces châtiments que le Seigneur nous inflige comme à ses serviteurs, sont inférieurs à nos péchés, soyons bien convaincus qu'Il nous les envoie pour nous corriger et non pour nous perdre." (Ibid. 26-27) - Acceptons donc la loi providentielle nous obligeant, pour arriver à l'union divine, à nous assouplir au bon plaisir de notre Père des cieux dans la douleur et dans les sacrifices : Quod si extra disciplinam estis, cujus participes facti sunt omnes, ergo adulteri et non filii estis. ("Si vous n'étiez point châtiés, comme tous les autres l'ont été, c'est que vous seriez des bâtards et non des enfants légitimes" Hb XII, 8).

    [...] Ce serait nous faire une faveur périlleuse que de nous admettre aux intimités de l'oraison et de nous fixer sur la colline de l'encens avant de nous avoir éprouvés sur la montagne de la myrrhe, où l'âme se purifie des principes de corruption qu'elle porte encore en elle. - Admirons cette conduite de l'infinie Sagesse, et remercions-La de l'amour qu'Elle nous témoigne, en renouvelant ainsi les vases de nos coeurs avant d'y verser le vin nouveau, qui, sans cela, les ferait éclater.

    O Marie, qui portiez continuellement sur votre coeur comme un bouquet de myrrhe, le souvenir de la Passion de Jésus, faites que nous trouvions dans le culte de sa Croix, la force d'être doux à la souffrance ! »

    Méditations Cartusiennes pour tous les jours de l'année (Mercredi de la 2e semaine après l'Octave de Pâques), par un Chartreux, T.II, Imprimerie de Parkminster, Partridge Green, Sussex, 1921.

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    (Crédit photo)

  • Méditation : « Je suis la Résurrection et la Vie »

    « Jésus a vécu tout le mystère de la Croix dans l'intériorité de l'amour, ce qui est très important pour nous parce que nous risquons toujours de regarder le mystère de la Croix d'une manière trop extérieure, trop sensible : soit d'une manière trop artistique, soit d'une manière trop tragique. Mais si nous en restons là nous n'entrons pas dans le mystère de la Croix, nous restons à l'extérieur. Saint Paul nous dit que le Christ crucifié est établi de par Dieu notre sagesse (Cf. 1Co 1, 30) ; le mystère de la Croix doit donc être vécu comme la sagesse d'amour qui se révèle à nous, et donc il doit être vécu dans la lumière du Père, comme lui-même a regardé Jésus crucifié, et comme Jésus lui-même a vécu ce mystère dans une extase d'amour. La Croix est la plus grande extase d'amour. [...] La grâce chrétienne nous lie au mystère de la sagesse du Christ crucifié, ce qu'exprime Louis Chardon, théologien dominicain du XVIIe siècle, dans son très beau livre de théologie mystique sur La Croix de Jésus, où il nous montre la grandeur de la grâce chrétienne qui nous lie à la source unique de toute grâce. Jésus est source de grâce dans sa personne divine, et dans son coeur d'homme il est source instrumentale. C'est dans cette extase d'amour qu'il affirme : « Je suis la Résurrection ». Si nous voulons vrraiment contempler le mystère de la Croix et en vivre, nous devons le voir dans cette lumière ; car si nous le regardons d'une manière extérieure, trop humaine, le mystère de la Croix n'est plus pour nous source de contemplation, source de vie. C'est Jésus lui-même qui nous le dit, c'est lui qui nous annonce cela et qui fait comprendre à ses amis, aux apôtres, à Jean, comment il faut vivre le mystère de la Croix : « Je suis la Résurrection, je suis la Vie » - au-delà des apparences, découvrir la source de la lumière et de l'amour. »

    P. Marie-Dominique Philippe o.p. (1912-2006), Suivre l'Agneau - Lumière du monde, Tome 3 (XV), Médiaspaul, Paris, 2005.

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    Le Christ en Gloire - Andreï Roublev
    Déesis de l'iconostase de la Cathédrale de l'Assomption à Vladimir

  • 30 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Samedi Saint

    « Pour nous, bien-aimés, qui ne trouvons pas en notre Seigneur Jésus-Christ crucifié un motif de scandale ni une folie, mais la force de Dieu et la sagesse de Dieu ; pour nous, dis-je, race spirituelle d'Abraham, non pas engendrés dans une descendance esclave, mais régénérés dans une famille libre ; nous pour qui a été immolé l'agneau véritable et immaculé, le Christ, après que nous eussions été retirés de l'oppression et de la tyrannie de l'Egypte par une main puissante et un bras étendu ; étreignons cet admirable sacrement de la Pâque salutaire, et réformons-nous à l'image de celui qui s'est rendu conforme à notre difformité. Elevons-nous jusqu'à celui qui, de la poussière de notre abjection, a fait un corps à sa gloire ; et, afin de mériter d'avoir part à sa résurrection, mettons-nous en tout en accord avec son humilité et avec sa patience. Grand est le nom au service duquel nous nous sommes enrôlés, grand l'état dont nous avons assumé la règle. Ceux qui suivent le Christ n'ont pas le droit de s'écarter de la voie royale ; mais il est juste que, tendus vers les réalités éternelles, ils ne soient pas absorbés par les temporelles. Et, puisque nous sommes rachetés par le sang précieux du Christ, glorifions et portons Dieu dans notre corps ; ainsi mériterons-nous de parvenir aux biens qui ont été préparés pour les fidèles ; par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen. »

    Saint Léon le Grand, Sermon III sur la Passion (40, 3), in Sermons tome III, SC 74, Editions du Cerf, Paris, 1961.

  • 29 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La Sainte Passion du Christ

    « Qu’Avril de ses bourgeons Lui fasse une couronne !
    Pour les foules il a fait un tapis d’herbe : elles ont mangé tout leur saoul.
    Merveille que cette bombance sur une autre bombance étendue !
    L’Avril visible à l’invisible a fait un beau décor !
    Les victoires aux fleurs se mêlent,
    Et les lis des champs, dans toute leur splendeur,
    Aux signes éclatants que fait Notre-Seigneur.

    Refrain :   
    En Avril ils ont tué
    L’Agneau et L’ont mangé,
    L’Agneau de Dieu qui vit
    Et qui donne la Vie !

    Avril avait commencé : il a conclu, il a fini ;
    De ses fleurs il a couronné le Peuple indigne
    Qui mangeait et prisait plus que tout un agneau transitoire ;
    Au lieu d’herbes amères, ce sont épines qu’ils ont glanés, ces égarés,
    Pour tourner en dérision l’Agneau véritable,
    Pour couronner le Roi dans une comédie
    Et pour tuer le Juste ; oh ! quelle vilenie !

    Que Moïse des justes T’offre la couronne,
    Lui qui tressa aussi les ossements des justes, rassemblés ;
    Au tonnerre de Ta voix, les fleurs s’ouvrirent, s’épanouirent !
    Au mois d’Avril, ce fut un vrai printemps en Enfer !
    Le visage des morts s’est éclairé,
    Leurs os tout desséchés, les voilà mis en liesse,
    Et leur grâce fanée, la voilà qui rayonne !

    Le soleil en pleines ténèbres T’a fait belle couronne !
    En se retirant il l’a tressée, en trois heures il l’a achevée,
    Pour couronner les trois jours de Sa mort ;
    Il a proclamé qu’avec la Mort Il avait maille à partir ;
    Parce que sur la croix tout homme à la Mort succombe,
    Il a saisi la croix et par elle a vaincu la Mort,
    Comme périt Goliath, tué par sa propre épée.

    De Lui le soleil proclame qu’Il est invisible et visible,
    Que Son corps s’est habillé de souffrance, Sa Nature étant impassible ;
    Selon Son corps Il a pâti, selon Sa Force Il a relui.
    Ô soleil visible, de l’Invisible endeuillé !
    Ô luminaire, de la Lumière tout marri !
    Consolé, il s’est levé, nous a consolés,
    Car du tombeau Lui s’est levé pour Son Église.

    Le soleil s’est caché là-haut, la lune tout en bas,
    Et les justes ont fui de tous côtés vers un refuge, un abri ;
    Le soleil correspond aux anges, la lune aux ensevelis ;
    Au milieu, les imposteurs déboussolés, meurtriers de leur Seigneur.
    Le soleil a paru, comme les anges envoyés ;
    La lune s’est levée avec les morts réveillés :
    Au piège, au beau milieu, les crucifieurs sont pris !

    Que l’Orient de sa droite Lui offre une couronne
    Tressée avec les symboles et les figures de l’Arche,
    Des fleurs que sur les Monts Qardu il a cueillies !
    Car c’est de là que viennent Noé, Sem et le Chef du monde,
    De là Abraham au grand nom,
    Et les Mages bénis, et puis l’Étoile encore,
    Et puis son glorieux voisin, le Paradis !

    Que l’Occident Lui offre deux couronnes magnifiques
    Dont le parfum s’en va en tout point cardinal,
    L’Occident où les deux Luminaires ont sombré !
    Les deux Apôtres ensevelis là-bas continuent de darder
    Leurs rayons qui jamais n’ont connu de couchant :
    Le soleil ? Voilà que Simon le surpasse,
    Tandis que par l’Apôtre la lune est éclipsée !

    Que du Parân le Sud Lui offre une couronne !
    Il a bourgeonné, il a fleuri de fleurs hébraïques !
    La redoutable Loi jamais accomplie par quiconque
    Est la couronne de Notre-Seigneur : Il l’a accomplie, Lui, bouclée.
    En prenant de l’âge, elle s’est calmée, assoupie,
    Et c’est en témoignage seulement qu’on la cite,
    Cette aïeule fourbue entrée en son repos.

    Le Nord était trop dur et sa terre sans fleurs…
    Rien que neiges et glaces, rien que violentes bises ;
    (les aquilons figurent le paganisme grec.)
    Mais voilà que de fleurs nouvelles il offre une couronne
    Au Soleil de l’Amour qui l’a rendu fécond !
    Voilà qu’exultent chez lui les ossements des martyrs,
    Que les vierges en fleur, radieuses, s’épanouissent !

    L’En Haut, l’En Bas, Seigneur, Te couronnent eux aussi :
    Voilà les six Côtés qui T’offrent leurs guirlandes,
    Puisque le sixième jour on T’a tressé une couronne d’épines.
    Qu’ils Te couronnent, et Ton Père par Toi !
    Le corps d’Adam par Toi triomphait :
    Grande humiliation lorsqu’il fut vaincu !
    Sa dette, sous les fleurs Tu l’as ensevelie.

    Au Né du Sixième Âge, merci de tous côtés !
    Parfait, le nombre Six : il n’est rien qui lui manque ;
    Couronne en la main droite : tel est le nombre Cent.
    En guise de couronne, notre droite offre des hymnes !
    De sénestre, par son symbole, sauve-nous,
    Et par ce qu’il représente conduis-nous à la Dextre,
    Là où le nombre Cent en guirlande est tressé ! »

    Saint Ephrem, Hymne VII sur la Passion, SC 459, Cerf, 2011.

  • Méditation : Jésus crucifié

    « Parcourons d'un regard d'amour le divin crucifié depuis les pieds jusqu'à la tête, depuis le moindre battement de son coeur jusqu'à ses plus vives émotions : tout nous presse de l'aimer ; tout nous crie : Mon fils, donne-moi ton coeur (¨Pr XXIII,26). Ses bras étendus nous disent qu'il nous embrasse tous dans sa dilection ; sa tête, qui ne pourrait reposer que sur les épines dont elle est hérissée, s'incline vers nous, pour nous donner le baiser de paix et de réconciliation ; sa poitrine, toute brisée de coups se soulève par les battements du coeur que l'amour émeut ; ses mains, violemment déchirées par la pesanteur du corps ; ses pieds, dont la plaie s'élargit par le poids qu'ils portent ; sa bouche desséchée par la soif ; toutes les plaies enfin dont son corps est couvert, forment comme un concert de voix qui nous crient : "Voyez comme je vous ai aimés !" Et que ne pouvons-nous pénétrer dans son Coeur ! Nous le verrions, ce Coeur, tout occupé de chacun de nous, comme s'il n'avait que chacun de nous à aimer ; demandant miséricorde pour nos ingratitudes, nos tiédeurs et nos péchés ; sollicitant pour nous tous les secours de grâce que nous avons reçus et que nous recevrons ; offrant pour nous à son Père son sang, sa vie, toutes ses douleurs intérieures et extérieures ; enfin, se consumant dans des ardeurs indicibles d'amour, sans que rien puisse l'en distraire. Ô amour ! serait-ce trop de mourir d'amour pour tant d'amour ? Ô bon Jésus ! je vous dirai avec saint Bernard : "Rien ne me touche, rien ne m'émeut, rien ne m'embrase, rien ne presse mon coeur de vous aimer comme votre sainte Passion. C'est là ce qui me gagne le plus à vous, ce qui m'y unit plus étroitement, ce qui m'y attache plus fortement." Ô ! que saint François de Sales avait bien raison de dire que le mont du Calvaire est le mont de l'amour ; que c'est là que dans les plaies du lion de la tribu de Juda les âmes fidèles trouvent le miel de l'amour, et que dans le ciel même, après la bonté divine, votre sainte Passion est le motif le plus puissant, le plus doux, le plus violent, qui ravit d'amour tous les bienheureux ! Et moi, après cela, ô Jésus crucifié ! pourrais-je vivre d'une autre vie que de la vie d'amour pour vous ? »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Vendredi Saint), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : le langage de la Croix

    « Seigneur, Tu as dit : "Celui qui veut être mon disciple, qu'il prenne sa croix de chaque jour et qu'il me suive." Je m'en vais maintenant marcher sur Tes traces et Te suivre en esprit sur le chemin de la croix.
    Que mon âme, je T'en prie, saisisse combien Tu as souffert pour moi. Ouvre mes yeux ; touche mon coeur que je voie, que je sente profondément la grandeur de Ton amour pour moi ; que je me tourne vers Toi de toute mon âme, ô mon Sauveur, et quitte le péché qui T'a causé de si amères douleurs.
    De mes fautes, Seigneur, je me repens du fond du coeur. Je veux commencer une vie nouvelle, m'y mettre sérieusement et Te suivre : aide-moi !
    Aide-moi aussi à porter ma croix avec Toi : le chemin des douleurs est l'école de la souffrance, de la patience, de la victoire sur soi. Que dans les Tiennes je reconnaisse mes propres détresses !
    Fais-moi comprendre le langage de la croix.
    Et mon devoir, le devoir de l'instant présent.
    Eclaire, fortifie mon âme, pour que je profite de cette méditation et en vive. »

    Romano Guardini (1885-1968), Le Chemin de Croix du Seigneur notre Sauveur (Réflexions préliminaires), Trad. de l'allemand par Antoine B. Giraudet s.j., Salvator, Paris, 2013.

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    Christ en Croix, Fra Angelico (détail)

  • Messe des Rameaux et de la Passion place St-Pierre

    En ce dimanche des Rameaux qui célèbre l’entrée de Jésus à Jérusalem, l’Eglise entre dans la Semaine Sainte. Pour la seconde fois depuis le début de son pontificat, le Pape François a célébré la messe place Saint-Pierre où des oliviers venant de la région italienne des Pouilles ont été disposés formant un jardin méditerranéen en plein Rome. La place, comme les rues attenantes et la célèbre Via della Conciliazione, était noire de monde. Selon plusieurs agences de presse, plus de 200 000 fidèles étaient présents pour cette célébration.

    Cette année, la procession des Rameaux a eu lieu avec des jeunes, en l'honneur du coup d'envoi des prochaines Journée Mondiales de la Jeunesse (JMJ) de Rio au mois de juillet prochain. Le Pape François a exprimé son intention de se mettre « en route » avec les jeunes « sur les traces du bienheureux Jean-Paul II et de Benoît XVI ». Dans son homélie, le pape François a ainsi confirmé sa présence aux prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse au Brésil.

    Dans son homélie improvisée en partie, le Pape a demandé aux fidèles de ne pas « être des hommes et des femmes tristes : car un chrétien ne peut pas l’être ». « Notre joie ne nait pas de la possession des choses mais de la rencontre avec Jésus » a souligné le Pape François. « Fête, lumière, joie, » a-t-il insisté « cette lumière de l’amour de Jésus est aujourd’hui une fête ».

    Homélie du Pape François

    « Jésus entre à Jérusalem. La foule des disciples l’accompagne en fête, les manteaux sont étendus devant lui, on parle des prodiges qu’il a accomplis, un cri de louange s’élève : "Béni soit celui qui vient, lui, notre roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux" (Lc, 19, 38).
    Foule, fête, louange, bénédiction, paix. C’est un climat de joie que l’on respire. Jésus a réveillé dans le cœur tant d’espérances surtout chez les gens humbles, simples, pauvres, oubliés, ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde. Lui a su comprendre les misères humaines, il a montré le visage de miséricorde de Dieu, il s’est baissé pour guérir le corps et l’âme. Tel est Jésus, avec un Cœur qui regarde chacun de nous, nos maladies et nos péchés. Grand est son amour. C'est avec cet amour qu'il est entré dans Jérusalem...
    C’est une scène belle, joyeuse et pleine de lumière, la lumière de l'amour et du Cœur de Jésus...
    Au commencement de cette Messe nous l’avons répété nous aussi. Nous avons agité nos palmes, nos rameaux d’olivier, nous avons chanté : "Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, lui notre roi" (Antienne) ; Nous aussi nous avons accueilli Jésus en exprimant nous aussi notre joie de l’accompagner, de le savoir proche, présent en nous et au milieu de nous, comme un ami, comme un frère, aussi comme un roi, c’est-à-dire comme un phare lumineux de notre vie. Jésus est Dieu abaissé jusqu'à cheminer avec nous. Il est notre ami et notre frère, celui qui éclaire notre chemin.

    La joie, tel est le mot que je veux vous dire. Ne soyez jamais des hommes et des femmes tristes, un chrétien ne peut jamais l’être. Ne vous laissez jamais prendre par le découragement. Notre joie n’est pas une joie qui naît de la possession de nombreux biens, mais du fait d’avoir rencontré une personne, Jésus, qui est parmi nous. Nous savons qu’avec lui nous ne sommes jamais seuls, même dans les moments difficiles, même quand le chemin de la vie se heurte à des problèmes et à des obstacles qui semblent insurmontables. Et il y en a tant ! Nous accompagnons et nous suivons Jésus, mais surtout nous savons qu'il nous accompagne et nous charge sur ses épaules. En cela est notre joie, l’espérance que nous devons porter dans notre monde. S'il vous plaît, ne vous laissez pas voler l'espérance que Jésus nous apporte !

    Mais nous nous demandons : pourquoi Jésus entre-t-il à Jérusalem, ou peut-être mieux, comment Jésus entre-t-il à Jérusalem ? La foule l’acclame comme roi. Et lui ne s’oppose pas, il ne la fait pas taire (cf. Lc 19, 39-40). Quel type de roi est Jésus ? Il monte un petit âne, il n’a pas une cour qui le suit, il n’est pas entouré d’une armée symbole de force. Ceux qui l’accompagnent sont des gens humbles, simples. Ceux qui l'accueillent voient en lui quelque chose de supérieur. Leur foi leur permet de saisir qu'il est le Sauveur. Jésus n’entre pas dans la ville sainte pour recevoir les honneurs réservés aux rois terrestres, à qui a le pouvoir, à qui domine. Il y entre pour être flagellé, insulté et outragé, comme l’annonce Isaïe, Il entre à Jérusalem pour recevoir une couronne d’épines, un bâton, un manteau de pourpre, une royauté qui sera objet de dérision. Il entre pour monter au Calvaire chargé d’une poutre de bois.

    Le deuxième mot clef est Croix. Jésus entre à Jérusalem pour mourir sur la Croix. Et c’est justement ici que resplendit son être de roi selon Dieu. Son trône royal est le bois de la Croix ! Je pense à ce que Benoît XVI dit aux cardinaux : "vous êtes des princes, mais d'un roi crucifié". Jésus prend sur lui le mal, la saleté, le péché du monde et celui de chaque homme. Et il le lave, il le lave avec son sang, avec la miséricorde et l’amour de Dieu. Regardons autour de nous. Combien de blessures le mal inflige-t-il à l’humanité ! Guerres, violences, conflits économiques qui frappent les plus faibles, soif d’argent, que personne ne pourra emporter avec soi. Ma grand-mère nous disait enfants que le drap funèbre n'a pas de poches. Et puis la soif de pouvoir, la corruption et les divisions, les crimes contre la vie humaine et contre la création. Et puis il y a nos péchés personnels, les manques d’amour et de respect envers Dieu, envers le prochain et envers la création tout entière. Sur la Croix, Jésus sent tout le poids du mal et avec la force de l’amour de Dieu le vainc, le défait dans sa résurrection. Voici tout le bien que Jésus nous accorde depuis son trône de la Croix. La Croix du Christ embrassée avec amour ne porte pas à la tristesse, mais à la joie, à la joue d'être sauvés et de faire un tant soit peu de ce qu'il a fait le jour de sa mort.

    Sur cette place il y a beaucoup de jeunes. Depuis 28 ans le Dimanche des Rameaux est la Journée de la Jeunesse. Voici le troisième mot clef, les jeunes. Chers jeunes, je vous ai vu dans la procession d'entrée et je vous ai imaginé faisant la fête autour de Jésus, agitant des rameaux d’olivier. Je vous imagine criant son nom et exprimant votre joie d’être en sa compagnie. Vous avez une part importante dans cette fête de la foi. Vous apportez la joie de la foi et dites que nous devons vivre la foi avec un cœur jeune, toujours, même à soixante-dix ou quatre-vingts ans ! Oui, avec un coeur jeune. Avec le Christ, le cœur ne vieillit jamais. Tous nous savons que le Roi que nous suivons et qui nous accompagne est très spécial, c’est un Roi qui aime jusqu’à la Croix et qui enseigne à servir, à aimer. N’ayons pas honte de sa Croix. Au contraire, embrassez-la pour avoir compris que c’est dans le don de soi, dans le fait de se dépasser, que réside la véritable joie, que c’est avec l’amour de Dieu qu'il a vaincu le mal. Portez la Croix pèlerine à travers tous les continents, par les routes du monde. Portez-la en répondant à l’invitation de Jésus, pour faire de toutes les nations des disciples. Cette phrase de Mathieu est le thème de la JMJ de cette année. Portez-la pour dire à tous que sur la Croix Jésus a abattu le mur de l’inimitié qui sépare les hommes et les peuples, et qu’il a apporté la réconciliation et la paix. Chers amis, moi aussi je me mets en route dès aujourd'hui avec vous, sur les traces de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Désormais nous sommes proches de la prochaine étape de ce grand pèlerinage de la Croix. J'envisage avec joie d'aller en juillet prochain à Rio de Janeiro. Je vous donne rendez-vous dans cette grande ville du Brésil. Préparez vous, surtout spirituellement dans vos communautés, pour que cette rencontre soit un signe de foi pour le monde entier. Les jeunes doivent dire au monde qu'il est bon de suivre Jésus, de marcher avec lui. Son message est un bienfait. Dites-lui qu'il est bon de se surpasser et d'aller vers les périphéries du monde et de nos vies pour porter ce message. Les trois mots clefs sont aujourd'hui la joie, la Croix, les jeunes. Demandons à la Vierge Marie de nous enseigner la joie de la rencontre avec le Christ, l’amour avec lequel nous devons lui porter au pied de la Croix, l’enthousiasme du cœur jeune avec lequel nous devons le suivre en cette Semaine Sainte et durant toute notre vie. Ainsi soit-il. »

    Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 24.3.13) et Radio Vatican.

  • Méditation : le tromphe du Christ

    « C'est un fait bien étrange que Notre-Seigneur, qui toute sa vie avait fui la gloire et l'éclat, pour s'ensevelir dans l'obscurité, accepte les honneurs d'un triomphe avec toutes les démonstrations de l'estime publique ; et cela à la veille de sa mort, lorsqu'il sait parfaitement qu'il va être crucifié. D'où vient cette différence de conduite ? Pourquoi accepter aujourd'hui ce qu'il a toujours refusé ?

    - C'est 1° qu'il veut nous montrer combien il aime les volontés de son Père. Toute sa vie employée à lui plaire avait été, sans doute, un éclatant hommage rendu à ses volontés adorables, mais une occasion solennelle se présente de porter jusqu'au plus sublime héroïsme ce parfait amour. Son Père lui demande le sacrifice de sa liberté, de son honneur, de sa vie. O mon Père, me voici, s'écrie-t-il, je viens accomplir vos ordres (Mt X,7) ; je viens, non avec la patience qui se résigne, mais avec la joie qui triomphe, enseigner au monde combien vos volontés sont aimables, surtout quand elles crucifient ; votre bon plaisir ravissant, surtout quand il immole.

    - 2° Jésus triomphe, parce qu'il va nous donner les deux plus grands témoignages de son amour : l'un à la Cène, en établissant le sacrifice et le sacrement de l'amour ; l'autre au Calvaire, en mourant pour nous. Depuis longtemps il désirait l'un et l'autre avec une ardeur incroyable (Mt XII,30). Le moment tant désiré est venu : tant de bonheur vaut bien une marche triomphale. Allant à la Cène, c'est un bon père qui vient, surabondant de joie, léguer à ses enfants le plus magnifique héritage ; allant au Calvaire, c'est un Roi-Sauveur qui va livrer combat aux puissances infernales, au monde, à la chair, au péché. Il lui en coûtera tout le sang de ses veines, sa vie même ; mais n'importe, à ce prix il nous sauvera : il est content, voilà pourquoi il triomphe. Oh ! qui ne bénira ce divin triomphateur et ne criera avec tout le peuple : "Hosanna au fils de David !"

    - 3° Jésus triomphe pour nous apprendre le prix des croix et des souffrances. Le monde fait consister le bonheur dans les jouissances qui passent, dans les honneurs qui se fanent. Pour le désabuser, Jésus a pris la fuite quand on a voulu le faire roi (Jn VI,15). Il s'est retiré à l'écart lorsqu'il a voulu se transfigurer ; et quand on lui a offert des jouissances, il s'y est dérobé, mais quand il s'agit d'être humilié et de souffrir : Allons en avant ! s'écrie-t-il (Mt XXVI,46) ; la croix m'attend ; c'est ma gloire, j'irai la chercher en triomphe. Je la porterai sur mes épaules, comme a dit le prophète. Bel exemple qui a fait voler à la mort douze millions de martyrs en chantant des cantiques de joie.

    Comment, après cela, plaçons-nous notre gloire dans la réputation, notre félicité dans les plaisirs, notre honte dans les humiliations, au lieu de dire avec l'Apôtre : "Je me complais dans l'humiliation, la persécution et l'angoisse pour Jésus-Christ" (2Co XII,10). »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Dimanche des Rameaux), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • 23 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple..." (Jn 11, 45-57)

    « Notre Seigneur a été piétiné par la mort, mais, en retour, il a frayé un chemin qui écrase la mort. Il s'est soumis à la mort et il l'a subie volontairement pour la détruire malgré elle. Car, sur l'ordre de la mort, notre Seigneur "est sorti en portant sa croix" (Jn 19,17). Mais il a crié sur la croix et il a tiré les morts des enfers...

    Il est le glorieux "fils du charpentier" (Mt 13,55) qui, sur le char de sa croix, est venu au-dessus de la gueule vorace du séjour des morts et a transféré le genre humain dans la demeure de la vie (Col 1,13). Et parce que, à cause de l'arbre du paradis, le genre humain était tombé dans le séjour des morts, c'est par l'arbre de la croix qu'il est passé dans la demeure de la vie. Sur ce bois-là avait été greffée l'amertume ; mais sur celui-ci la douceur a été greffée, pour que nous reconnaissions en lui le chef auquel ne résiste rien de ce qui a été créé.

    Gloire à toi ! Tu as jeté ta croix comme un pont au-dessus de la mort, pour que les hommes y passent du pays de la mort à celui de la vie... Gloire à toi ! Tu as revêtu le corps d'Adam mortel et tu en as fait la source de la vie pour tous les mortels. Oui, tu vis ! Car tes bourreaux se sont comportés envers ta vie comme des semeurs : ils ont semé ta vie dans les profondeurs de la terre comme on sème le blé, pour qu'il lève lui-même et fasse lever avec lui beaucoup de grains (Jn 12,24).

    Venez, faisons de notre amour comme un encensoir immense et universel ; prodiguons des cantiques et des prières à celui qui a fait de sa croix un encensoir à la Divinité et nous a tous comblés de richesses par son sang. »

    Saint Ephrem, Homélie sur notre Seigneur (Trad. Bréviaire, 3e vend. Pâques rev.).

  • Première homélie du nouveau Souverain Pontife : "Cheminer, édifier, confesser"

    Les 114 Cardinaux électeurs, ainsi que les conclavistes, se sont rassemblés à 17 h dans la Chapelle Sixtine où sous la présidence du Pape François a été concélébrée la messe Pro Ecclesia.
    La première lecture était tirée d'Isaïe :
    "A la fin des temps, la maison de Yahvé se dressera au sommet des montagnes. Et arbitre de nombreuses nations, Yahvé jugera tous les peuples. Ceux-ci briseront leurs épées pour en faire des socs de charrue, et de leurs lances des serpes. Plus aucune nation ne lèvera les armes contre une autre, et nul n'apprendra plus l'art de la guerre."
    La seconde retenue était un passage de l'épître de Pierre consacrée au sacerdoce commun des fidèles :
    "Approchez-vous de la pierre vivante, rejetée par les hommes mais choisie par Dieu car précieuse à ses yeux. Et vous mêmes, comme pierres vivantes, oeuvrez à l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint... Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis destiné à chanter les louanges de celui qui vous a tiré des ténèbres jusqu'à sa lumière admirable".
    Ensuite l'Evangile était le récit par Mathieu de la confession de Pierre :
    "Et vous autres, que dites-vous que je suis ?, lança Jésus à ses compagnons. Ce à quoi Pierre répondit : Toi tu es le Christ, le fils du Dieu vivant. Formule à laquelle le Seigneur répliqua par ces mots : Et moi je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes de l'Enfer n'auront pas prise sur elle."
    C'est donc sur ces trois textes, étroitement liés entre eux, que le Saint-Père a appuyé son homélie, brève et donnée sans texte écrit :

    « Ces trois lectures ont en commun le mouvement. Dans la première il est le chemin, dans la deuxième l'édification de l'Eglise, et dans la troisième la confession : Cheminer, édifier, confesser. La première chose que Dieu dit à Abraham : "Marche en ma présence et sois parfait". Donc la vie est un voyage et lorsqu'on s'arrête, plus rien ne va. Il ne faut pas cesser d'avancer en la présence du Seigneur, dans la lumière du Seigneur, en essayant de vivre avec la qualité irréprochable que Dieu demanda à Abraham. Edifier ! Pour construire l'Eglise, il est question de pierres, mais de pierres qui ont une consistance, de pierres vivantes, bénies par l'Esprit en vue de bâtir l'Eglise, l'Epouse du Christ, dont la pierre angulaire est le Seigneur en personne. Le troisième point est confesser. Nous pouvons marcher tant que nous le voulons, construire un tas de choses, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, rien ne va. Nous deviendrions une philanthropique ONG mais non l'Eglise, l'Epouse du Seigneur. Si on ne bâtit pas sur la roche il arrive ce qu'il arrive aux enfants sur la plage avec leurs châteaux de sable. Sans consistance, ils s'effondrent. » Puis le Pape François a cité une phrase de Léon Bloy à propos de qui ne confesse pas Jésus Christ : « Celui qui ne prie pas Dieu, prie pour le Diable, car qui ne confesse pas le Christ confesse la mondanité du Diable... Marcher, construire et confesser aujourd'hui n'est pas si facile, parce qu'il y a des secousses, des mouvements de terrains et des tractions arrière.

    Le passage de l'Evangile proposé dans la liturgie se poursuit avec une situation particulière. Le même Pierre qui a confessé en Jésus le Christ, réplique : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Je te suivrai, mais pas sans parler de croix. Que cela voudrait-il dire sans la croix ? Quand nous marchons sans la croix, quand on construit sans la croix et quand nous confessons le Christ sans croix, nous ne sommes pas les disciples du Seigneur mais des serviteurs de ce monde. Nous sommes des évêques et des prêtres, des cardinaux et des papes, mais pas les disciples du Seigneur ! Je voudrais qu'après ces jours de grâce nous ayons tous le courage, simplement le courage, de marcher en présence du Seigneur, avec la croix du Seigneur, d'édifier l'Eglise sur le sang du Seigneur, qui est a été versé sur la croix, et de confesser la gloire du Christ crucifié. Ainsi seulement l'Eglise ira de l'avant. J'espère pour chacun d'entre nous que l'action de l'Esprit, la prière de Marie, notre Mère, nous accorde cette grâce de marche, de construire et de confesser Jésus, le Christ crucifié. »

    Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 14.3.13)

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    La devise et le blason du nouveau Pape

  • Méditation : l'union à Dieu

    « Cherchons à aimer plus profondément, plus sincèrement, sans aucune recherche de soi, selon Dieu et pour la gloire de Dieu ; pour l'amour du Christ, par fidélité à son sang répandu pour les pécheurs et pour la rédemption du monde, pour ne pas attrister l'Esprit du Christ qui habite en nous et qui répand en nos coeurs son amour, aimons de tout notre coeur, de toute notre force, de tout notre esprit. Tout le reste n'est rien. C'est cela la vraie pureté de coeur.
    "L'union à Dieu, si elle est vraie, ne nous ferme pas sur nous-mêmes, mais ouvre au contraire notre esprit et dilate notre coeur, jusqu'à embrasser le monde entier et le mystère de la Rédemption par le Christ. Séparés de tous, nous sommes unis à tous" (SR 4.34.1 et 2)

    Qu'on réalise le sérieux de notre solidarité. La croix y est inscrite. La souffrance se trouve au coeur de l'amour, c'est son visage caché. L'ordre de l'amour peut nous demander un jour le sacrifice de ce qui semble être le meilleur de notre coeur. L'amour a un rythme pascal, c'est sa loi : on ne passe à la vie que par une mort, la vie ne naît que de la mort, et on ne possède que ce qu'on a perdu, réellement, inutilement et irrévocablement - on ne le possède que dans la foi, la foi pure. »

    Le chemin du vrai bonheur, par un Chartreux (ch.4), Presses de la Renaissance, Paris, 2002.

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  • Méditation : le dépouillement

    « Le désir me fut donné de connaître la voie de la croix, afin de savoir me tenir debout à ses pieds, et trouver le refuge, l’universel refuge des pécheurs. La lumière vint, et voici comment me fut montrée la voie. Si tu veux aller à la croix, me dit l’Esprit, dépouille-toi de toutes choses, car il faut être légère et libre. Il fallut pardonner toute offense, me dépouiller de toute chose terrestre, hommes ou femmes, amis, parents et toute créature ; et de la possession de moi, et enfin de moi-même, et donner mon coeur à Jésus-Christ, de qui je tenais tout bien, et marcher par la voie épineuse, la voie de la tribulation. Je me défis pour la première fois de mes meilleurs vêtements et des aliments les plus délicats, et des coiffures les plus recherchées. Je sentis beaucoup de peine, beaucoup de honte, peu d’amour divin. J’étais encore avec mon mari, c’est pourquoi toute injure qui m’était dite ou faite avait un goût amer. Cependant je la portais comme je pouvais. Ce fut alors que Dieu voulut m’enlever ma mère, qui m’était, pour aller à lui, d’un grand empêchement. Mon mari et mes fils moururent aussi en peu de temps. Et parce que étant entrée dans la route, j’avais prié Dieu qu’il me débarrassât d’eux tous, leur mort me fui une grande consolation (Il est bien entendu que ces sentiments exceptionnels tiennent à la voie exceptionnelle par où était conduite Angèle de Foligno. Les dernières lignes, du reste, ne laissent aucun doute à cet égard). Ce n’était pas que je fusse exempte de compassion ; mais je pensais qu’après cette grâce, mon coeur et ma volonté seraient toujours dans le Coeur de Dieu, le Coeur et la volonté de Dieu toujours dans mon cœur. »

    Bse Angèle de Foligno, Le Livre des visions et instructions (Neuvième pas : "La voie de la croix"), Trad. Ernest Hello, Paris, A. Tralin, 1910.
    Texte intégral en ligne : Abbaye St Benoît.

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  • 16 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    L'appel de Matthieu "Suis-moi" (Lc 5, 27-32)

    « Ce que le Seigneur a commandé : "Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même" semble dur et pénible. Mais ce n'est ni dur ni pénible, parce que celui qui commande est celui qui aide à réaliser ce qu'il commande. Car si la parole du psaume "à cause des paroles de tes lèvres, j'ai suivi des chemins difficiles" (Ps 16,4) est vraie, elle est vraie aussi, la parole que Jésus a dite : "Mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger"  (Mt 11,30). Car tout ce qui est dur dans le commandement, l'amour fait en sorte qu'il soit doux. Nous savons de quels prodiges l'amour est capable. Parfois l'amour est de mauvais aloi et dissolu ; mais que de difficultés endurent les hommes, que de traitements indignes et insupportables souffrent-ils pour parvenir à ce qu'ils aiment !... Comme la grande affaire de la vie doit être de bien choisir ce que l'on doit aimer, est-il surprenant que celui qui aime Jésus Christ et qui veut le suivre se renonce à lui-même pour l'aimer ?...
    Que signifie ce qui suit : "Qu'il prenne sa croix" ? Qu'il supporte ce qui est pénible et qu'ainsi il me suive. Car lorsqu'un homme commencera à me suivre en se conduisant selon mes préceptes, il aura beaucoup de gens pour le contredire, beaucoup pour s'opposer à lui, beaucoup pour le décourager. Et cela de la part de ceux qui se prétendent compagnons du Christ. Ils marchaient avec le Christ, ceux qui empêchaient les aveugles de crier (Mt 20,31). Qu'il s'agisse de menaces, de flatteries ou d'interdictions, si tu veux suivre le Christ, change tout cela en croix ; endure, supporte, ne te laisse pas accabler...
    Vous aimez le monde ; mais il faut lui préférer celui qui a fait le monde... Nous sommes dans un monde qui est saint, qui est bon, réconcilié, sauvé, ou plutôt qui doit être sauvé, mais qui est sauvé dès maintenant en espérance. "Car nous sommes sauvés, mais c'est en espérance" (Rm 8,24). Dans ce monde donc, c'est-à-dire dans l'Église, qui tout entière suit le Christ, celui-ci dit à tous : "Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même". »

    Saint Augustin, Sermon 96 (1-4.9), Trad. Brésard, 2000 ans B, rev.

  • Méditation - Prière de Ste Bernadette

    « Prière d'une pauvre mendiante à Jésus.
    O Jésus, donnez-moi, je vous prie, le pain de l'humilité,
    le pain d'obéissance,
    le pain de charité,
    le pain de force pour rompre ma volonté et la fondre à la vôtre,
    le pain de mortification intérieure,
    le pain de détachement des créatures,
    le pain de patience pour supporter les peines que mon coeur souffre. O Jésus, vous me voulez crucifiée, "fiat",
    le pain de force pour bien souffrir,
    le pain de ne voir que vous seul en tout et toujours,
    Jésus, Marie, la Croix, je ne veux d'autres amis que ceux-là. »

    Sainte Bernadette, "Carnet de notes intimes" 12 (1873), in Les écrits de sainte Bernadette présentés par André Ravier s.j., Couvent Saint-Gildard - P. Lethielleux, Paris, 1961.

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  • Méditation - Poésie : "La croix de bois"

    La croix de bois

    « Gardienne des chemins qui vont par les villages,
    Vieille croix dont les bras s'ouvrent dans les feuillages ;
    Toi qu'entourent là-bas, d'un cercle familier,
    Et l'épine et le charme et le haut peuplier,
    Pour te voir en automne on passe dans les haies
    Encor pleines d'oiseaux, de feuilles et de baies.

    Au midi les regains verdissent les penchants.
    Vers le nord c'est la plaine où, seul au fond des champs,
    Le dernier laboureur fait deux haltes pour une.
    Devant lui c'est la croix, mystérieuse et brune.
    Si, craintif et songeur, il ne se signe plus,
    Il sait bien que, voilà deux siècles révolus,
    Ses ancêtres, au bord de la forêt prochaine,
    Sous la hache à grands coups firent tomber un chêne.
    Le géant s'étendit sur le sol qui trembla.
    Ils en prirent le coeur et le plantèrent là.
    On vit la croix de bois debout dans la campagne,
    Puis le curé du temps, qu'une foule accompagne,
    Bannière déployée un soir vint la bénir.
    Les jours diminuaient, l'automne allait finir.
    Sur la glèbe brumeuse, aux formes disparues,
    Le repos du dimanche arrêtaient les charrues.
    Le soir tombait, des voix chantaient, le flot humain
    Roula, mêlant sa houle aux ombres du chemin.

    La croix, deux ou trois fois depuis, fut renversée.
    Sa silhouette absente attristant la pensée
    De ceux qui la cherchaient dans l'agreste décor,
    Pour un nouveau gibet on abattit encor
    Un chêne au coeur mystique et, dépassant la ligne
    Du hallier frémissant, réapparut le Signe,
    l'arbre taillé, plus droit, plus fort et plus vivant
    Que le chêne feuillu qui tressaillait au vent.
    C'est que le sang du Christ a coulé comme une onde
    Sur cette croix dont la Victime apporte au monde
    Le pain de l'âme avec le pain matériel,
    Tout l'espoir des moissons de la terre et du ciel.

    Le Dieu qui la distingue à travers la nuée,
    Ne l'a pas vue aux mains des fils diminuée.
    Ici, du moins, survit la foi des paysans.
    Sur le socle de pierre où pèsent deux cents ans
    Les hommes d'aujourd'hui s'agenouillent encore.
    Plus d'un ancêtre y vint s'incliner dès l'aurore.
    Et voici, retourné dans le soir qui descend,
    Le dernier laboureur qui salue en passant. »

    Paul Harel (1854-1926), Poèmes mystiques et champêtres, Paris, Librairie Plon, s.d.

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  • Méditation : le singe de Dieu...

    « Saint Paul nous dit que le démon se transforme en ange de lumière pour nous tromper, c'est-à-dire qu'il se fait passer pour un ange, ou pour un saint ou une sainte, comme il veut ; et nous sommes si simples, si orgueilleux, que nous croyons avoir affaire à un ange ou à un saint, tandis que c'est au démon que nous avons affaire. Depuis le péché, le démon a une grande influence sur nous, surtout sur ceux qui sont portés à l'orgueil et qui aiment les choses extraordinaires ; le démon en profite pour les tenter et les magnétiser de son influence : il est si rare de voir des âmes conduites vraiment par l'esprit de Dieu (1).
    Une des grandes marques à laquelle on connaît qu'une âme est conduite par l'esprit de Dieu, c'est la souffrance et l'épreuve. Une âme qui n'a pas été éprouvée et qui n'a pas souffert de contradiction peut difficilement être conduite par l'esprit de Dieu (2). Vous n'avez qu'à dire à cette personne : "C'est le démon qui vous inspire." Vous verrez la grimace qu'elle fera et vous connaîtrez par là que c'est le démon qui la conduit, ou bien sa seule imagination. Si c'est le bon Dieu qui la conduit, elle se tiendra dans la défiance d'elle-même, elle craindra d'être dans l'illusion ; elle appréhendra les choses extraordinaires, et demandera à Dieu d'en être délivrée, et ne parlera jamais à personne de ces choses, dans la crainte de se tromper ou de perdre l'humilité.
    Comme nous sommes sujets à l'erreur ! et comme il faut trembler à la vue de tant de dangers et d'ennemis !
    Soyez sage, chère enfant, restez bien dans l'humilité... »

    (1) : Du Saint curé d'Ars : "Le démon ne tente que les âmes qui veulent sortir du péché et celles qui sont en état de grâce. Les autres sont à lui, il n'a pas besoin de les tenter."
    (Sermon du 1° dimanche de Carême)

    (2) : De Saint Isaac le Syrien : "La voie de Dieu est une croix quotidienne. Nul n'est jamais monté au ciel confortablement. Nous savons où mène cette voie du confort. Dieu ne laisse jamais sans souci celui qui se consacre à Lui de tout son coeur. Il lui donne d'avoir le souci de la vérité. C'est d'ailleurs à cela qu'on connaît que Dieu veille sur un tel homme : Il lui envoie toujours ses afflictions. Celui qui veut être sans souci dans le monde, celui qui a ce désir et qui en même temps cherche à marcher sur le chemin de la vertu, a quitté ce chemin."
    (Discours ascétiques, 4° discours)


    Bx Antoine Chevrier (1826-1879), Lettre à Mlle G. (bienfaitrice du Prado) [200] du 25 mai 1874, in Lettres du Vénérable Antoine Chevrier, fondateur de la Providence du Prado, Librairie catholique Emmanuel Vitte, Paris, 1927.

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    Saint Michel terrassant Lucifer