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  • Méditation - Prière : mystère ineffable de l'Incarnation

    « Ô mon Dieu ! faites-moi digne de connaître quelque chose du mystère de la hauteur, quelque chose de cette incarnation, que vous avez faite, de cette incarnation, principe et source du salut. Ô incarnation ineffable ! c'est elle qui apporte à l'homme, avec le rassasiement de l'amour, la certitude du salut. Cette charité est au-dessus des paroles ; mais au-dessus d'elle il n'y a rien : le Verbe s'est fait chair ! Ô secret des entrailles de Dieu ! Vous vous êtes anéanti et dépouillé pour faire de moi quelque chose ; vous avez pris l'habit du dernier des esclaves, pour me donner le manteau d'un roi et d'un Dieu ! Et, prenant la forme de l'esclave, vous n'avez rien diminué de votre substance, vous n'avez fait tort de rien à votre divinité. Mais l'abîme de votre humilité m'ouvre les entrailles et m'arrache les cris : "Ô incompréhensible, fait compréhensible à cause de moi. Ô incréé, vous voilà créé ! Ô inaccessible aux esprits et aux corps, vous voilà, par un prodige de puissance, vous voilà palpable aux pensées et aux doigts ! Ô Seigneur, touchez mes yeux, pour que je voie la profondeur et la hauteur de la charité que vous nous avez communiquée dans cette incarnation ! Ô heureuse faute ! non pas heureuse en elle-même, mais par la vertu de la miséricorde divine. Heureuse faute qui a découvert les profondeurs sacrées et cachées des abîmes de l'amour ! En vérité, une charité plus haute ne peut pas être conçue. Ô Très Haut, faites mon intelligence capable de votre charité très haute et ineffable ! »

    Ste Angèle de Foligno (fêtée ce jour), in Le Livre des visions et instructions de la Bienheureuse Angèle de Foligno (ch.68, dernière lettre), Traduit par Ernest Hello (Troisième édition), Société de Saint-Augustin, Desclée de Brouwer, 1895.

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    Bannière brodée - Couvent des sœurs dominicaines de Stone (Staffordshire, Angleterre)

  • Méditation : à l'école du silence de Marie...

    « Le partage de la Vierge est d’être en silence. C’est son état, c’est sa voie, c’est sa vie. Sa vie est une vie de silence qui adore la Parole éternelle. En voyant devant ses yeux, en son sein, en ses bras, cette même Parole substantielle du Père, être muette et réduite au silence par l’état de son enfance, elle entre en un nouveau silence et y est transformée à l’exemple du Verbe incarné, qui est son fils, son Dieu et son unique Amour. Et sa vie se passe ainsi de silence en silence, de silence d’adoration en silence de transformation ; son esprit et ses sens conspirant également à former et à perpétuer en elle cette vie de silence...

    Silence humble, profond et adorant...

    Ce silence de la Vierge n’est pas un silence de bégaiement et d’impuissance, c’est un silence de lumière et de ravissement. C’est un silence plus éloquent, dans les louanges de Jésus, que l’éloquence même...

    Marie est en silence... »

    Cardinal de Bérulle (1575-1629), Opuscules de piété, Paris, Les maîtres de la spiritualité chrétienne, Aubier, 1943.

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  • Méditation : recueillement sur la Nativité, avec la Vénérable Mère Thérèse de St-Augustin (Madame Louise de France), dont nous fêtons aujourd'hui la "naissance au Ciel"

    « Qu’un Prince puissant descendît de son trône, pour venir se confondre dans les derniers rangs de ses sujets, s’asseoir à leur table, partager leur indigence, et essayer de leur rendre le fardeau de la pauvreté plus supportable, en le portant avec eux ; quelles impressions profondes d’amour et de vénération laisserait dans tous les cœurs le spectacle ou le récit d’un tel héroïsme de générosité ! Pour être plus accoutumés aux prodiges de la miséricorde divine, devons-nous en être moins touchés ? Ah ! plutôt que de permettre, Seigneur, que je me rende jamais coupable d’une ingratitude aussi monstrueuse, donnez-moi de recueillir dans mon âme toute la reconnaissance que l’univers vous doit.

    Parmi les réflexions qui viennent tumultueusement se présenter à mon esprit, à la vue de Jésus naissant, cinq objets doivent principalement fixer le désir qu’il veut bien m’inspirer, de lui préparer dans mon cœur une demeure digne de lui.

    I Son amour infini pour moi. J’étais présente à ses yeux, dès les premiers moments d’un sacrifice qui a commencé avec l’éternité. Il a daigné pourvoir à tous mes besoins. Pas une de mes misères qui ait échappé au dessein qu’il a formé, de venir lui-même apporter aux plaies du genre humain, les seuls remèdes que pût admettre la justice irritée de son Père ! Les intérêts de sa propre gloire, les ignominies et les besoins de cette chair mortelle qu’il n’a pas dédaigné de revêtir, pour m’élever jusqu’à lui, en s’abaissant jusqu’à moi, rien n’a pu l’arrêter.

    Ô amour ! qui faites disparaître dans un Dieu tout ce qu’il doit à sa grandeur, échapperez-vous au juste retour dont je me sens redevable ? Ne dois-je pas me donner sans partage à celui qui vient se donner tout entier à moi ?

    II Sa miséricordieuse charité. C’est pour tous les hommes, c’est pour les délivrer tous de l’esclavage du péché, c’est pour leur ouvrir à tous l’entrée du Ciel qu’il paraît sur la terre ; j’étais comprise dans cette multitude innombrable de pécheurs qu’il avait la vue et le désir de sauver. Mes infidélités à sa grâce qu’il prévoyait, n’ont pas mis obstacle à la générosité de ses démarches pour moi. Sa charité, comme me l’apprend son Apôtre, s’est manifestée en ma faveur, malgré toute mon indignité. Combien ce regard de bonté d’un Dieu naissant doit-il m’apprendre à renfermer dans ma charité ceux mêmes qui me paraissent si souvent la moins mériter !

    III Ses profondes abjections. En quel état paraît à mes yeux le Roi des Rois, le Dieu de l’univers, le dominateur suprême du Ciel et de la Terre ! Quelle escorte va l’environner dans la crèche ! Une étable sera son palais ; une cabane exposée à toutes les injures de l’air sera son asile ; de pauvres bergers composeront sa cour, le souffle de deux animaux sera l’unique adoucissement à ses premières souffrances ; telle est l’image abrégée de l’anéantissement auquel il s’est condamné pour moi.

    Puis-je croire cette vérité et souffrir encore que mon cœur soit susceptible de cet orgueil qui est le poison de toute la grandeur humaine. En peut-il être d’autre pour une âme chrétienne, que celle qui lui donne une conformité parfaite avec Jésus anéanti dans la crèche ? Qu’il est grand ce Dieu caché, malgré ce voile d’abjection qui le couvre à mes yeux ! Que je serai grande moi-même, quand je m’efforcerai de me rabaisser en sa présence !

    IV Son état d’infirmité et de souffrances. Jésus les embrasse dès sa naissance, pour m’apprendre à sanctifier les miennes, pour m’y fortifier, et pour m’y consoler. Mais, si le Saint des Saints accepte déjà dans un corps innocent ce douloureux partage, puis-je ne pas m’estimer heureuse des traits de ressemblance qu’il me fournira avec lui-même dans mille circonstances, où je pourrai unir mes souffrances aux siennes. En qualité de chrétienne et de pécheresse, je suis condamnée à la mortification et à la pénitence. La leçon qu’il me présente dans son berceau est un nouveau motif pour moi de me crucifier dans mes sensualités, et encore plus dans ma volonté propre. Plus je trouve de facilités à la satisfaire, plus j’apprendrai, dans ce premier sacrifice de Jésus naissant, à m’immoler dans tout ce que j’ai de plus intime pour les sens, pour l’esprit et pour le cœur.

    V L’étendue de ses satisfactions. C’est un Dieu qui me prévient, qui me recherche, qui paye pour moi à la justice de son Père. Que pourrais-je craindre avec une caution d’une valeur et d’une vertu aussi efficaces ? Je porterai à ses pieds bien des misères qu’il connaît, et dont il a compassion, mais qu’il est disposé à me pardonner, dès que je les détesterai toutes, dès que je n’en aimerai aucune. Indépendamment de tant de promesses miséricordieuses, qu’il m’a adressées tant de fois, ne s’offrira-t-il pas aux yeux de ma foi, avec tous les charmes qui peuvent lui attirer ma confiance ? Non, il ne viendra point à moi en juge, ni en vengeur, mais en Sauveur et en Père. Je me hâterai donc de me jeter entre les bras qu’il daigne me tendre ; je recueillerai avec ardeur ses soupirs ; je le conjurerai d’être mon Jésus et mon libérateur, à l’appui de ces tendres sentiments que je solliciterai au premier trône de son indulgence ; que ne trouverai-je pas de ressources auprès d’un cœur qui ne désire que la pleine confiance du mien !

    Ce mystère d’un Dieu naissant, doit donc ranimer tout mon amour pour lui, servir de règle à ma charité pour le prochain, rectifier tous mes jugements et toute ma conduite sur ce qui fait la véritable grandeur, soutenir mon courage dans l’usage de la pénitence chrétienne, réveiller et confirmer toute ma confiance aux miséricordes si étendues, dont la crèche est la dépositaire.

    Je demanderai donc avec un redoublement de ferveur, proportionné à tous mes besoins, ces heureux fruits de la fête qui approche ; je purifierai mon âme avec la plus exacte sincérité ; j’y ajouterai avec toutes les protestations de ma douleur, les promesses les plus sincères de ma fidélité future ; je réunirai tous mes désirs les plus ardents et les plus empressés pour attirer les grâces de ce divin enfant. Mille fois, je lui réitérerai ma consécration entière à son service, ma dépendance, ma gratitude et mon amour. Venez, lui dirai-je, venez auteur de tous les biens, répandez-les dans mon âme ; en la visitant, faites-lui goûter combien il est doux de vous aimer et d’être aimée de vous. Communiquez-moi ces saintes ardeurs dont le cœur de votre sainte mère était pénétré ; faites passer dans le mien ce feu céleste qui en consume toutes les froideurs ; remplissez-moi de cet esprit de foi, de cette fervente piété, qui accompagnaient ce saint Roi, mon Patron, à votre divin banquet ; qu’il n’y ait rien en moi qui ne se ressente de ces profonds hommages que vous rendirent à la crèche les esprits bienheureux dont elle était investie ; couronnez enfin, ô Dieu naissant ! tous vos bienfaits par cette paix que vous apportez à la terre ; qu’elle règne en moi, comme un gage de votre grâce et de votre clémence ; et qu’elle y persévère par la confiance de ma fidélité et de mon amour ! Le péché seul peut m’en priver. Ah ! Que jamais il ne trouble, il ne ravisse un trésor dont la possession m’est plus chère que tous les biens de ce monde, que ma vie même. C’est ô mon Jésus ! ce que je vous demande, et c’est ce que je ne cesserai de penser, et désirer jusqu’au dernier soupir ; il sera un soupir d’amour pour vous. »

    Vénérable Mère Thérèse de St-Augustin (Madame Louise de France (1787), fille de Louis XV, dies natalis ce 23 décembre), prieure du carmel de Saint Denis, "Au fil de l’année liturgique".
    Source : Le carmel en France.

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    Toile de Joseph Aubert (1849-1924), église Notre-Dame-des-Champs (Paris)

  • Méditation : le Rosaire

    « Le Rosaire nous aide à pénétrer les ineffables grandeurs de l'Incarnation, de la Passion et de la gloire de Jésus. Qui, mieux que Marie, a compris et vécu ces mystères ? Qui, mieux qu'elle peut nous en donner l'intelligence ? Si nous pouvions vraiment nous mettre en contact avec Marie, pendant la récitation du Rosaire, pour l'accompagner dans les diverses étapes de sa vie, nous pourrions recueillir quelque chose des sentiments de son Cœur dans le déroulement des grands mystères dont elle fut témoin et souvent même la protagoniste, et notre âme en serait merveilleusement nourrie. De cette manière, le Rosaire se transformerait en une méditation, je dirais presque : une contemplation, sous la conduite de Marie. Tel est justement ce que veut la Sainte Vierge, et non un certain nombre de Rosaires récités du bout des lèvres, tandis que la pensée divague de mille manières ! Les Ave répétés sans cesse, doivent exprimer l'attitude de l'âme qui s'efforce de s'élever vers Marie, de s'élancer vers elle pour être prise par elle et introduite dans la compréhension des mystères divins. "Ave Maria !" disent les lèvres, et le cœur murmure : Enseignez-moi, ô Marie, à connaître et aimer comme Jésus, comme Vous l'avez connu et aimé.

    Réciter le Rosaire de cette façon, demande le recueillement. Avant de commencer, dit Sainte Thérèse de Jésus, l'âme se demande à qui elle va parler et qui elle est, pour mieux savoir comment se comporter (cf. Château XXIV). La Sainte rit finement des personnes "tellement avides de réciter et de dire des prières vocales qu'elles ressemblent à celui qui, s'étant fixé la tâche d'en réciter tous les jours un nombre déterminé, se hâte de les achever promptement" (ib. XXXIII). Le Rosaire récité de cette manière ne peut alimenter la vie intérieure ; l'âme en recueille peu de fruit, et la Sainte Vierge peu de gloire. Récité, au contraire, dans un véritable esprit de dévotion, le Rosaire devient un moyen très efficace pour cultiver la piété mariale, pour pénétrer dans l'intimité de Notre-Dame et celle de son divin Fils. »

    « Ô Marie, puisque vous m'aimez, rendez-moi semblable à vous. Vous détenez le pouvoir de changer les cœurs, prenez donc mon cœur et transformez-le. Sanctifiez-moi, faites de moi votre digne fils. (S. Alphonse) »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome II (07/10), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation : le Très Saint Sacrement

    « Plus Jésus-Christ abaisse ses grandeurs dans ce sacrement, plus nous devons les vénérer, et la mesure de ses humiliations doit être la mesure de nos hommages. C'est la règle que le Père céleste a donnée au monde par son exemple : il voit son divin Fils humilié dans la crèche ; à l'instant il députe ses anges pour proclamer sa gloire aux habitants voisins et faire la garde autour du berceau d'un prince si grand et si délaissé. Il le voit sur les bords du Jourdain se confondre avec les pécheurs ; aussitôt il ouvre les cieux et le glorifie par le plus éclatant témoignage. Il le voit sur le Calvaire couvert d'opprobre ; à l'instant, pour lui faire honneur, il ressuscite les morts, obscurcit le soleil, fend les rochers, ébranle la terre. Or, si Notre-Seigneur doit être honoré à proportion qu'il s'abaisse, pourrons-nous jamais concevoir combien profonds doivent être nos respects devant la sainte Eucharistie ! Car où Jésus-Christ s'abaissa-t-il jamais aussi profondément ? ... O Sagesse éternelle ! vous vous étiez cachée sous la chair, et voilà que la chair elle-même se cache sous l'apparence du pain... Cette légère parcelle tombée sur la patène sacrée renferme le Dieu immense que la vaste étendue des cieux ne saurait contenir, le Roi du ciel, le Dieu de la gloire. O excès d'humiliation ! qui a semblé si fort au Père éternel, que, comme dédommagement, il n'a pas cru trop faire en laissant autour des tabernacles des légions d'anges, qui s'y tiennent prosternés dans une continuelle adoration... Concluons de là combien doivent être profonds nos respects devant l'Eucharistie : car là où tout le ciel tremble et adore, nous siérait-il d'oser porter un air familier, prendre nos aises, laisser notre esprit inattentif et notre coeur insouciant ? Et que sommes-nous donc devant ce Fils éternel de Dieu, descendu des splendeurs des saints ? Nous sommes d'humbles sujets devant le Roi de gloire, disait saint Thomas, en abordant les tabernacles avec le saisissement du respect... Nous sommes de chétives créatures devant l'infinie majesté de leur Dieu... Y pensons-nous sérieusement quand nous sommes dans le lieu saint ? Nous y tenons-nous toujours abîmés de respect et d'adoration ? »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Octave du Saint-Sacrement), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Adoration du Saint Sacrement à Montmartre, Paris

  • Méditation : le dépouillement intérieur

    « Qu'elles sont pauvres nos propres conceptions, ma chère Sœur, et comme on voit de plus en plus que la vérité se trouve dans le silence total, dans un abandon qui va jusqu'à la perte de soi en Celui qui est ! Et c'est justement là le difficile, ce qui ne peut être en aucun cas notre œuvre, mais la sienne. Il faut, pour que Dieu seul vive en nous, pour que la Sainte Trinité puisse s'imprimer en notre âme, que celle-ci soit étrangement pure et déprise d'elle-même ; qu'elle ait dépouillé non seulement ces excroissances du "moi" que sont la vanité, les retours sur soi, l'attachement à son sens propre, mais jusqu'à son être même. C'est alors que se réalise en nous comme une "Incarnation du Verbe", puisque nous sommes prédestinés à être enfants de Dieu, membres du Christ. Et de même que l'Incarnation n'a pu s'accomplir que par Marie, je pense que c'est d'Elle aussi que nous devons attendre cette grâce suprême. Dans ma pauvreté présente, toute ma vie intérieure consiste en un perpétuel recours à son intercession. »

    Sœur Marie de la Trinité (Marie-Jeanne de Monsabert, 1890-1936), Lettre à sa sœur visitandine (7 août 1935), in "Trop petite pour avoir peur", Editions P. Lethielleux, Paris, 1967.

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  • Méditation : le Fiat de la Sainte Vierge Marie

    « Dieu immortel, quel merveilleux égard vous avez eu pour Marie, d'avoir voulu qu'un si grand ouvrage, conçu par vous avec une sagesse si admirable, l'objet de toutes les complaisances de votre Trinité sainte et de l'avide attente de tous les mortels, fût soumis à sa délibération ! O incroyable majesté de la Vierge dans cette délibération auguste ! L'Epoux sacré, de toute éternité Fils de Dieu, a déjà aspiré, avec quelle ardeur ! à s'unir la nature humaine ; déjà le temps de l'alliance est arrivé. Le consentement de la Vierge doit être requis ; il l'est par une légation dont le céleste cérémonial atteste l'importance. L'ambassadeur expose la volonté de son Maître ; la Vierge délibère si elle acceptera. Notre race misérable, opprimée sous mille maux, n'a cessé par tant de voeux, par tant de larmes, d'appeler sa rédemption ; l'affaire est commise à la Vierge pour qu'elle prononce sur cette grande alternative, ou notre délivrance ou notre éternelle captivité. Au mariage d'Isaac il fut dit : "Appelons la vierge et demandons-lui son consentement." Ainsi a fait Dieu pour marier le Verbe avec la nature humaine.
    Combien Dieu a honoré et enrichi Marie, d'avoir voulu qu'elle fût Mère de son Fils unique, et non seulement d'avoir voulu qu'elle fût Mère de son Fils unique, mais, gloire prodigieuse pour elle, d'avoir voulu qu'elle le voulût, qu'elle y consentît pleinement, librement ; de le lui avoir proposé ; d'avoir permis qu'elle le discutât ; d'avoir fait dépendre, en un mot, ce capital dessein de son Fiat ! »

    Bartholomeo de los Rios († 1652), Hierarchia mariana, Lib. V, in "Bouquet à l'Immaculée", Oeuvre de St-Charles, Grammont (Belgique), 1912.

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    Tableau de l'Annonciation, Basilique Notre-Dame des Victoires (Paris)

  • Méditation : le corps mystique du Christ

    « Il y a des âmes qui cherchent Dieu dans le Christ Jésus, qui acceptent l'humanité du Christ, mais qui s'arrêtent là. Cela ne suffit pas ; nous devons accepter l'Incarnation avec toutes les conséquences qu'elle impose ; nous ne devons pas arrêter le don de nous-mêmes à l'humanité propre du Christ, mais l'étendre à son corps mystique. c'est pourquoi, ne l'oubliez jamais, car je touche ici à un point des plus importants de la vie surnaturelle, délaisser le moindre de nos frères, c'est délaisser le Christ lui-même ; soulager l'un d'eux, c'est soulager le Christ en personne. Quand on frappe l'un de vos membres, votre oeil ou votre bras, c'est vous-même que l'on atteint ; de même, atteindre qui que ce soit de notre prochain, c'est atteindre l'un des membres du corps du Christ, c'est toucher Jésus lui-même. Et c'est pourquoi Notre-Seigneur nous a dit que "tout ce que nous faisons de bien ou de mal au plus petit de ses frères, c'est à lui-même que nous le faisons". Notre-Seigneur est la vérité même ; il ne peut rien nous enseigner qui ne soit fondé sur une réalité surnaturelle. Or, en ceci, la réalité surnaturelle que nous fait découvrir la foi, c'est que le Verbe, en s'incarnant, s'est uni mystiquement l'humanité entière ; ne pas accepter et ne pas aimer tous ceux qui appartiennent ou peuvent appartenir au Christ par la grâce, c'est ne pas accepter et ne pas aimer le Christ lui-même. »

    Bx Columba Marmion, Le Christ vie de l'âme (II, 11), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer, Bruges, 1929.

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  • 27 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Cette parole de l'Ecriture... c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit." (Lc 4, 14-21)

    « Le Christ devait venir dans notre chair : ce n'était pas un autre, soit un ange, soit un ambassadeur, c'était le Christ lui-même qui devait venir pour nous sauver (Is 35,4)... Il devait naître dans une chair mortelle : un petit enfant, déposé dans une crèche, enveloppé de langes, allaité, qui grandirait avec les années et enfin mourrait cruellement. Autant de témoignages d'humilité profonde. Qui nous donne ces exemples d'humilité ? Le Très-Haut.

    Quelle est donc sa grandeur ? Ne cherche pas sur la terre, monte au-dessus des astres. Lorsque tu seras parvenu jusqu'aux légions des anges, tu les entendras dire : « Monte encore au-dessus de nous ». Quand tu seras monté jusqu'aux Trônes, aux Dominations, aux Principautés, aux Puissances (Col 1,16), tu les entendras encore dire : "Monte plus haut, nous sommes nous-mêmes des créatures", "car toutes choses ont été faites par lui" (Jn 1,3). Élève-toi donc au-dessus de toute créature, de tout ce qui a été formé, de tout ce qui a reçu l'existence, de tous les êtres qui changent, corporels ou incorporels, en un mot, au-dessus de tout. Ta vue ne peut pas encore parvenir jusque-là ; c'est par la foi qu'il faut t'y élever, c'est à elle de te conduire jusqu'au Créateur... C'est là que tu contempleras "le Verbe, qui était au commencement"...

    Or ce Verbe qui était en Dieu, ce Verbe qui était Dieu, par qui toutes choses ont été faites, sans qui rien n'a été fait, et en qui était la vie, est descendu jusqu'à nous. Qu'étions-nous ? Méritions-nous qu'il descende jusqu'à nous ? Non, nous étions indignes qu'il ait eu compassion de nous, mais lui était digne d'avoir pitié de nous. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 293 (5), pour la Nativité de Saint Jean Baptiste.

  • Audience générale de ce mercredi 16 janvier 2012

    "A la recherche du Visage de Dieu"

    Le Saint-Père a consacré la catéchèse de l'audience générale à l'histoire du salut, à l'histoire de Dieu, racontée par l'Ancien Testament où il est dit comment après la création et malgré le péché originel "le Créateur offre de nouveau son amitié dans l'alliance avec Abraham, dans le cheminement du peuple d'Israël qu'il choisit par amour et non pas sur des critères de puissance... Dans cette œuvre, il s'est servi de médiateurs tels Moïse, les prophètes et les juges, qui transmirent sa volonté au peuple, lui rappelant l'exigence de la fidélité à l'alliance et à l'accomplissement final des promesses divines". La révélation divine a trouvé sa plénitude en Jésus, par lequel "il a visité son peuple, l'humanité, au-delà de toute attente, envoyant son Fils unique fait homme, Dieu en personne. Mais Jésus "ne parle pas seulement du Père mais nous révèle le visage de Dieu". Dans la phrase : 'Qui m'a vu a vu le Père' se résume la nouveauté du Nouveau Testament : "On peut voir Dieu. Il a montré son visage visible en Jésus-Christ".

    "La recherche du visage de Dieu est présente tout au long de l'Ancien Testament". Il n'est pas une chose, un objet, une simple image. Il a un visage, il peut entrer en relation car il "n'est pas enfermé au ciel pour voir l'humanité de loin. Si Dieu est certes au-dessus de toute chose, il s'adresse à nous et nous écoute. Il voit, parle et conclue des alliances et est capable d'aimer. L'histoire du salut est le long dialogue dans lequel Dieu se révèle progressivement à l'homme". Avec l'incarnation cette recherche du visage de Dieu "trouve un parachèvement inimaginable car ce visage devient visible. C'est le visage de Jésus, le Fils de Dieu fait homme en qui s'accomplit le cheminement de la Révélation entamé par l'appel d'Abraham. Il est la plénitude même de cette révélation car Fils de Dieu il en est le médiateur accompli. En lui Révélation et Révélateur coïncident... Vrai Dieu et vrai homme. Jésus n'est pas seulement le médiateur entre Dieu et l'humanité mais le médiateur de l'alliance nouvelle et éternelle...en qui nous voyons et rencontrons le Père, en qui nous pouvons appeler Dieu Abba, de qui vient le salut... Le désir de vraiment connaître Dieu, c'est à dire de voir son visage, existe chez tous les êtres humains, même chez les athées. Inconsciemment, nous avons tous l'envie de savoir qui il est... une attente qui s'accomplit dans le Christ...en qui nous trouvons un Dieu ami". Mais "nous ne devons pas suivre le Christ seulement lorsque nous en avons besoin ou lorsque nous en avons le temps. Toute notre vie doit être tournée vers sa rencontre et son amour en Jésus-Christ. Et cet amour, qui doit être central, doit s'adresser à lui comme au prochain. A la lumière du Crucifié cet amour nous permet de reconnaître le visage de Jésus dans le pauvre et le faible, dans celui qui souffre".

    Au terme de l'audience générale, le Pape a rappelé que vendredi 18 janvier débute la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, qui a pour thème cette année : "Ce que le Seigneur exige de nous", inspiré d'un passage du prophète Michée (Mi 6, 6-8). Benoît XVI a invité tous les chrétiens à prier, en demandant avec insistance à Dieu le grand don de l'unité entre tous les disciples du Seigneur. "Que la force inépuisable de l'Esprit Saint, a ajouté le Pape, nous stimule à nous engager de manière sincère dans la recherche de l'unité, afin de pouvoir professer tous ensemble que Jésus est le Sauveur du monde.

    Texte de la catéchèse du Pape aux pèlerins francophones :

    « Chers frères et sœurs, Dieu se révèle dans l’Ancien Testament à travers l’histoire du peuple d’Israël. Ses promesses se réalisent pleinement dans l’Incarnation de son Fils. En effet, dans la grotte de Bethléem, il a manifesté son visage en Jésus. S’il est vrai que Dieu ne peut pas être réduit à un objet, à une simple image, il est aussi vrai qu’il a un visage : celui du Christ. Il nous parle, nous écoute et nous voit. En Jésus, le contenu de la Révélation et son Révélateur coïncident. Jésus nous fait connaître le nom de Dieu : il est celui qui est présent parmi les hommes. Jésus est la Parole abrégée et substantielle du Père, le Médiateur de la nouvelle et éternelle alliance. En lui, nous voyons et rencontrons le Père ; en lui, nous pouvons invoquer Dieu avec le nom de « Abba, Père ». Si nous désirons voir le visage de Dieu, toute notre existence doit s’orienter vers la rencontre avec Jésus, vers l’amour pour lui et pour nos frères et sœurs. L’Eucharistie est la grande école où nous apprenons à voir le visage de Dieu, et où nous entrons en relation avec lui, en ayant le regard tourné vers le moment où Dieu nous comblera de la lumière de son visage pour toujours.

    Je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement les élèves venus de Strasbourg. Je vous invite à l’écoute assidue de la Parole de Dieu et à vivre pleinement du Mystère de l’Eucharistie, pour être familiers du visage de Jésus. Vous pourrez alors le reconnaître dans les personnes qui sont pauvres, faibles et souffrantes. Bon pèlerinage à tous ! »

    Sources : Vatican Information Service et Radio Vatican.

  • Audience générale de ce mercredi 9 janvier 2013

    "Dieu s'est incarné pour sauver l'homme"

    Le Saint-Père a consacré la catéchèse de la l'audience générale au sens du mot incarnation, qui caractérise la célébration de Noël. "Comme nous le disons dans le Credo, le Fils de Dieu s'est fait homme". Saint Ignace d'Antioche et saint Irénée de Lyon, a d'emblée rappelé Benoît XVI, ont "utilisé ce terme pour commenter le prologue de l'Evangile de Jean, où figure l'expression : 'Le Verbe s'est fait chair'. Ici, le mot chair indique l'homme dans son intégralité, sous l'aspect de la caducité temporelle, de sa pauvreté et de sa contingence. Cela indique que le salut apporté par Dieu incarné en Jésus touche l'homme dans toute sa réalité et dans la variété des conditions où il se trouve. Dieu a assumé la condition humaine pour la guérir de tout ce qui la sépare de lui, pour permettre à l'homme de l'appeler Père à travers son Fils Unique". Puis il a rappelé que la coutume de l'échange des cadeaux à l'occasion de Noël exprime affection, amour et estime. Dans la liturgie, il "nous rappelle à la conscience du don original qu'est la Nativité. En s'incarnant, Dieu s'est fait don pour tous les hommes... Il a assumé notre humanité pour nous offrir sa divinité, et ce grand don" est le modèle des dons que nous faisons, "de manière à ce que nos rapports, notamment les plus importants, soient guidés par la gratuité et l'amour". L'incarnation "montre le réalisme de l'amour divin. De fait, l'action divine ne se limite pas aux paroles. Dieu, qui ne se contente pas de parler, s'immerge dans l'histoire et se charge du poids de la vie humaine".

    "Ce mode d'action de Dieu constitue un fort encouragement à nous interroger sur notre foi, qui ne saurait se limiter à un sentiment ou à des émotions et doit se concrétiser dans notre existence quotidienne pour l'orienter de manière pratique... La foi revêt un aspect fondamental qui intéresse l'esprit, le coeur et notre vie entière". Citant encore les Pères de l'Eglise qui ont rapproché Jésus et Adam, l'appelant le Second Adam, "l'Adam définitif, image parfaite de Dieu. Avec l'incarnation du Fils de Dieu une nouvelle création s'est manifestée, qui complète la question de savoir qui est l'homme. C'est effectivement en Jésus que s'accomplit parfaitement le projet divin sur l'être humain, car il est selon Dieu l'homme définitif... Il est donc capital de s'émerveiller à nouveau face au Mystère, de se laisser prendre par la grandeur de l'évènement qui voit Dieu parcourir notre humanité pour communiquer sa vie même aux hommes. Et il ne le fait pas avec la majesté d'un souverain soumettant le monde à sa puissance mais avec la petitesse d'un nouveau-né... Dans cet enfant, ce Fils de Dieu que nous adorons à Noël, nous voyons le visage véritable de l'être humain. C'est en nous ouvrant à l'action de sa grâce et en cherchant jour après jour à le suivre que nous réaliserons le projet de Dieu sur chacun de nous".
    Publié VIS Archive 01 - 9.1.13

    Allocution aux pèlerins francophones :

    « Chers frères et sœurs, le mot ‘incarnation’ retentit souvent dans nos églises, en ce temps de Noël. Mais quel est son sens ? Pour l’expliquer, saint Ignace d’Antioche et surtout saint Irénée partent du Prologue de Saint Jean qui dit : "Le Verbe s’est fait chair" (1, 14). Le mot ‘chair’ indique l’homme dans son intégralité. Dieu a pris notre humanité pour nous donner sa divinité et nous permettre d’être ses fils. Voici le grand don de Noël : en son Fils, Dieu s’est donné lui-même pour nous. Il nous montre ainsi le modèle du don. Celui-ci ne doit pas se réduire au matériel. La personne qui est incapable de donner un peu d’elle-même, donne toujours trop peu. Notre foi ne concerne pas seulement notre esprit et notre cœur, mais toute notre vie. Le Verbe incarné était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout a été créé. Son Incarnation réalise une nouvelle création. Le Christ est le Nouvel Adam qui révèle pleinement l’homme à l’homme et lui montre son vrai visage et sa vocation. Chers amis, en ce temps de Noël, méditons la grande richesse du Mystère de l’Incarnation. Laissons Dieu nous transformer toujours plus en image de son Fils fait homme pour nous.

    Je salue avec joie les pèlerins francophones, particulièrement les élèves qui ont fait le voyage à Rome pour me rencontrer ! L’Incarnation de Jésus est centrale dans notre foi. Laissez-vous toucher par la grandeur de cet événement, plutôt que par les aspects extérieurs de la fête. Bon pèlerinage ! »

    A la fin de l’audience générale, Benoît XVI a publié un nouveau tweet : "Suivant l’exemple du Christ, apprenons à nous donner totalement. Qui n’est pas capable de se donner lui-même, donne toujours trop peu."

    Sources : Vatican Information Service et Radio Vatican.

  • 31 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Au commencement était le Verbe..." (Jn 1, 1-18)

    « Le Verbe, la Parole de Dieu, incorporel, incorruptible et immatériel, est arrivé dans notre région, bien qu'il n'en ait pas été loin auparavant. En effet, il n'avait laissé aucune partie de la création privée de sa présence, car il remplissait tout, lui qui demeure auprès de son Père. Mais il s'est rendu présent en s'abaissant à cause de son amour pour nous, et il s'est manifesté à nous... Il a eu pitié de notre race, il a eu compassion de notre faiblesse, il a condescendu à notre condition périssable. Il n'a pas accepté que la mort domine sur nous ; il n'a pas voulu voir périr ce qui avait commencé, ni échouer ce que son Père avait accompli en créant les hommes. Il a donc pris un corps, et un corps qui n'est pas différent du nôtre. Car il ne voulait pas seulement être dans un corps ou seulement se manifester. S'il avait voulu seulement se manifester, il aurait pu réaliser cette théophanie avec plus de puissance. Mais non : c'est bien notre corps qu'il a pris...
    Le Verbe a pris un corps capable de mourir afin que ce corps, en participant au Verbe qui est au-dessus de tout..., reste impérissable grâce au Verbe qui y demeure, et afin de délivrer de la dégradation définitive tous les hommes par la grâce de la résurrection. Le Verbe a offert donc à la mort le corps qu'il avait pris, comme un sacrifice et une victime sans aucune tache ; et aussitôt il a anéanti la mort en délivrant de la mort tous les hommes ses semblables par l'offrande de ce corps qui leur ressemble.
    Il est juste que le Verbe de Dieu, supérieur à tous, qui offrait son propre temple, son corps, en rançon pour tous, ait payé notre dette par sa mort. Uni à tous les hommes par un corps semblable, il est juste que le Fils incorruptible de Dieu revête tous les hommes d'incorruptibilité, selon la promesse apportée par sa résurrection. Car la corruption elle-même, impliquée dans la mort, n'a plus aucun pouvoir sur les hommes à cause du Verbe qui demeure parmi eux dans un corps unique. »

    Saint Athanase (295-373), Sur l'incarnation du Verbe, 8-9 (Trad. Bréviaire ; SC 190).

  • 25 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous..." (Jn 1, 1-18)

    « Jésus-Christ est né, rendez-lui gloire ! Christ est descendu du ciel, courez vers lui ! Christ est sur la terre, exaltez-le ! "Chantez au Seigneur, terre entière. Joie dans le ciel ; terre, exulte de joie !" (Ps 96,1,11) Du ciel, il vient habiter parmi les hommes ; tressaillez de crainte et de joie : de crainte à cause du péché, de joie à cause de notre espérance. Aujourd'hui les ombres se dissipent et la lumière se lève sur le monde ; comme autrefois dans l'Egypte frappée de ténèbres, aujourd'hui une colonne de feu illumine Israël. Ô peuple qui étais assis dans les ténèbres de l'ignorance, aujourd'hui contemple cette immense lumière de la vraie connaissance car "le monde ancien a disparu, toute chose est nouvelle" (2Co 5,17). La lettre recule, l'esprit triomphe (Rm 7,6) ; la préfiguration passe, la vérité apparaît (Col 2,17). Celui qui nous a donné l'existence veut aussi nous combler de bonheur ; ce bonheur que le péché nous avait fait perdre, l'incarnation du Fils nous le rend... Telle est cette solennité : nous saluons aujourd'hui l'avènement de Dieu parmi les hommes afin que nous puissions, non pas parvenir, mais revenir auprès de Dieu ; afin que nous nous dépouillions du vieil homme et que nous revêtions l'Homme nouveau (Col 3,9) ; afin que, morts en Adam, nous vivions dans le Christ (1Co 15,22)... »

    Saint Grégoire de Nazianze, Sermon 38 pour la Nativité ; PG 36, 311 sq (Trad. coll. Icthus vol.8, Grasset, Paris)

  • Angélus de ce dimanche 23 décembre

    Les chrétiens appelés, en ce temps de Noël, à se consacrer aux autres

    Lors de la prière de l’Angélus de de dimanche 23 décembre, IVe dimanche de l’Avent, Benoît XVI, s’attardant sur l’Évangile du jour, la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth, a invité les chrétiens à s’inspirer de ce geste et à rendre visite aux personnes qui vivent des situations difficiles pendant ce temps de Noël en particulier les malades, les prisonniers, les personnes âgées et les enfants. Le Pape a également appelés les fidèles à dépasser « le souci des préparatifs extérieurs et l’aspect superficiel » de cette fête.

    Son message aux pèlerins francophones :

    « Chers pèlerins francophones, en cette Année de la Foi, et à l’approche de Noël, recevons l’appel à convertir notre cœur pour fêter le Christ dans l’Enfant de Bethléem. Croire en Dieu demande de reconnaître dans Celui qui va naître, le Tout puissant qui vient nous sauver. Le mystère de l’Incarnation est au cœur de notre foi. Puisse cette fête de la Nativité la fortifier ! Dépassons le souci des préparatifs extérieurs et l’aspect superficiel pour suivre la Vierge Marie dans son silence et son recueillement ! Avec elle, préparons-nous à accueillir le Sauveur. Je vous bénis de grand cœur ! »

    Source : Radio Vatican.

  • Angélus de ce 1er dimanche de l'Avent

    Une nouvelle année liturgique commence ce dimanche 2 décembre. Quatre semaines avant Noël, l’Eglise entre dans le temps de l’Avent (du latin adventus qui signifie « venue ou présence »), une période pendant laquelle les fidèles se préparent à célébrer la venue de Dieu, que Benoît XVI qualifie ce dimanche de « mystère qui enveloppe entièrement le cosmos et l’histoire », avec deux point culminants : L’incarnation, la venue de Jésus Christ à Bethléem il y a deux mille ans, et son Avènement dans la gloire à la fin des temps.

    Une ligne de conduite à suivre pour être prêt à Sa Venue

    L'Avent est la période durant laquelle les fidèles se préparent intérieurement à célébrer Noël. Un temps d’attente partagé par toute l’Eglise. A l’issue de la prière de l’Angélus, le Pape a affirmé que « l’Eglise, comme la fiancée, l’épouse promise de l’Agneau de Dieu crucifié et ressuscité, vit dans la mémoire de son Seigneur et dans l’attente de son retour. Une attente faite d’espérance vigilante et besogneuse ».

    Ce dimanche, poursuit le Pape, la Parole de Dieu trace une ligne de conduite à suivre pour être prêt quand le Seigneur viendra. Se référant à l’Evangile de Luc, le Pape affirme que la sobriété et la prière sont essentielles. Citant ensuite Saint Paul, Benoît XVI invite les fidèles à « croître et surabonder dans l’amour » entre nous et à l'égard de tous les hommes, pour établir fermement nos cœurs dans une sainteté sans reproche. (1 Th 3, 12–13)

    Prière, sobriété et amour du prochain

    « Au milieu des bouleversements du monde, et des déserts de l’indifférence ou du matérialisme, les chrétiens accueillent le salut et le témoignage de Dieu avec un autre mode de vie, comme un ville postée au sommet d’une montagne », a affirmé le Pape pour qui « la Vierge Marie incarne parfaitement l’esprit de l’Avent, fait de l’écoute de Dieu, du désir profond d’accomplir sa volonté, de joie au service du prochain ». « Laissons-nous être conduits par elle afin que Dieu quand Il viendra ne nous trouve pas fermés et distraits », conclut le Pape.

    Une page glorieuse du christianisme indien

    Le Pape a par ailleurs mentionné deux événements importants pour l’Eglise. D’abord à Kottar en Inde, Devasahayam Pillai, un fidèle laïc mort en martyr au XVIIIe siècle, a été proclamé bienheureux ce dimanche. « Nous nous unissons à la joie de l’Eglise en Inde et prions pour que le nouveau bienheureux soutienne la foi des chrétiens de ce grand et noble pays. »

    Devasahayam Pillai, père de famille, officier au palais, apprécié par le roi, est fusillé en 1752, dans l’Etat indien du Tamil Nadu. Il n’a que 40 ans. Pendant trois ans, il a été incarcéré et torturé y compris en public. Son seul tort : s’être converti de l’hindouïsme au catholicisme. Il avait été baptisé sept ans plus tôt par un missionnaire jésuite. Son exemple créait des émules. Sa dépouille, jetée dans la forêt, sera retrouvée par les chrétiens et inhumée devant l’autel de l’église Saint-François-Xavier.

    Le Pape appelle à accueillir et défendre les personnes porteuses de handicaps

    Le Pape a enfin évoqué la Journée Internationale des droits des personnes porteuses de handicaps qui se tiendra ce lundi. « Chaque personne, avec ses limites physiques et psychologiques, même graves, est toujours une valeur inestimable, et doit être considérée comme telle. J’encourage, a poursuivi le Pape, les communautés ecclésiales à être attentives et accueillantes envers ces frères et sœurs. J’exhorte les législateurs et les gouvernements à protéger les personnes porteuses de handicap et à promouvoir leur pleine participation à la vie de la société. »

    Message aux pèlerins francophones

    « Je salue cordialement les pèlerins francophones. Nous entrons aujourd'hui dans l'Avent, le temps liturgique de l'attente et de l'espérance du Christ, qui cette année se situe dans le contexte de l'Année de la foi. Je vous invite donc à découvrir le lien profond entre les vérités sur l'Incarnation du Christ, que nous professons dans le Credo, et notre existence quotidienne. Dieu veut nous sauver en son Fils Jésus, Il s'est fait l'un de nous. Approfondissons de dimanche en dimanche le salut qui nous est offert pour le recevoir avec foi. Notre vie en sera transformée. Bon Avent à tous ! »

    Sources : Radio Vatican 1 & 2.

  • 8 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Joseph, fils de David..." (Mt 1, 20 sq)

    « Mes frères, que votre charité écoute en quels termes le prophète Isaïe a annoncé Notre-Seigneur Jésus-Christ. "Voici", dit-il, "qu’une vierge concevra dans son sein et enfantera un Fils" (Is 7, 14) ; "et vous l’appellerez Jésus, car il sauvera lui-même son peuple de leurs péchés" (Mt 1, 21).

    "Joseph, fils de David" (Mt 1, 20). Vous voyez, mes frères, la race tout entière désignée dans une seule personne ; vous voyez dans un seul nom toute une généalogie. Vous voyez dans Joseph la famille de David. "Joseph, fils de David" ; Joseph était sorti de la vingt-huitième génération, et il est appelé fils de David, pour mieux nous découvrir le mystère de sa naissance, et nous prouver l’accomplissement de la promesse ; ne s’agit-il pas d’une conception surnaturelle et d’un enfantement céleste dans une chair restée parfaitement vierge ? "Joseph, fils de David" ; voici en quels termes David avait reçu la promesse de Dieu le Père : "Le Seigneur a juré la vérité à David, et il ne le trompera pas : je placerai sur mon trône le fruit de tes entrailles" (Ps 131, 11). David chante ainsi ce grand événement : "Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite" (Ps 110, 1). "Le fruit de vos entrailles" ; c’est bien le fruit de ses entrailles, le fruit de son sein ; car le divin Hôte, le Dieu du ciel, en venant faire séjour dans son sein, n’a pas connu les barrières du corps ; il est sorti du sein de Marie sans ouvrir la porte virginale. Et c’est ainsi que s’est accomplie cette parole du Cantique des Cantiques : "Mon Epouse, jardin fermé, source scellée" (Ct 4, 14).

    "Joseph, fils de David, gardez-vous de craindre". L’époux est prévenu de ne pas craindre au sujet de son épouse, car tout esprit vraiment pieux s’effraie d’autant plus qu’il compatit davantage. "Joseph, fils de David, gardez-vous de craindre" ; vous qui êtes assuré de votre conscience, ne succombez pas sous le poids des pensées que provoque ce mystère. "Fils de David, gardez-vous de craindre". Ce que vous voyez est une vertu, et non pas un crime ; ce n’est point une chute humaine, mais un abaissement divin ; c’est une récompense, et non pas une culpabilité. C’est un accroissement du ciel, et non pas un détriment du corps. Ce n’est point la perte d’une personne, mais le secret du Juge. Ce n’est point le châtiment d’une faute, mais la palme de la victoire. Ce n’est point la honte de l’homme, mais le trésor de Jésus-Christ. Ce n’est point la cause de la mort, mais de la vie. Voilà pourquoi : "Gardez-vous de craindre", car celle qui porte un tel Fils ne mérite point la mort. "Joseph, fils de David, ne craignez pas de recevoir Marie pour votre épouse". La loi divine elle-même donne à la compagne de l’homme le titre d’épouse. De même donc que Marie est devenue mère sans éprouver aucune atteinte à sa virginité, de même elle porte le nom d’épouse en conservant sa pudeur virginale.

    "Joseph, fils de David, ne craignez pas de recevoir Marie pour votre épouse ; car l’enfant qui naîtra d’elle est le fruit du Saint-Esprit". Qu’ils viennent et entendent, ceux qui demandent quel est cet enfant qui est né de Marie : "Ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit". Qu’ils viennent et entendent, ceux qui, profitant de l’obscurité du grec pour troubler la pureté latine, ont multiplié les blasphèmes dans le but de faire disparaître ces expressions : Mère de l’homme, Mère du Christ, Mère de Dieu. "Ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit". Et ce qui est né du Saint-Esprit est esprit, parce que "Dieu est esprit". Pourquoi donc demander ce qui est né du Saint-Esprit ? Il est Dieu, et parce qu’il est Dieu il nous répond avec saint Jean : "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ; et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire" (Jn 1, 1-14). Jean a vu sa gloire ; vous, infidèle, mesurez l’injure : "Ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit. Et nous avons vu sa gloire". De qui ? "De Celui qui est né du Saint-Esprit" ; du "Verbe qui s’est fait chair et qui a habité parmi nous. Ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit". Une Vierge a conçu, mais par l’action du Saint-Esprit ; une Vierge a enfanté, mais enfanté Celui que prophétisait Isaie en ces termes : "Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous". Il sera homme avec eux, mais : "Maudit soit l’homme qui place son espérance dans l’homme" (Jr 17, 15). »

    Saint Augustin, Sermons inédits, Sermons sur le propre du Temps : VIe Sermon sur l'Incarnation (1-4), Suite du Tome XIe des Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

    Source : Abbaye Saint Benoît


    « Neuf mois étant accomplis, Anne mit au monde une fille et l'appela du nom de Marie. Quand elle l'eut sevrée, la troisième année, Joachim et elle se rendirent au temple du Seigneur et, ayant offert au Seigneur des victimes, ils présentèrent leur petite fille Marie pour qu'elle habitât avec les vierges qui, nuit et jour, sans cesse, louaient Dieu.

    Quand elle eut été amenée devant le temple du Seigneur, Marie gravit en courant les quinze marches sans se retourner pour regarder en arrière et sans regarder ses parents comme le font les petits enfants. Et cela frappa d'étonnement toute l'assistance, au point que les prêtres du Temple eux-mêmes étaient dans l'admiration.

    Puisque la Vierge Marie devait naître d'Anne, la nature n'a pas osé devancer le germe béni de la grâce. Elle est restée sans fruit jusqu'à ce que la grâce eût porté le sien. En effet il s'agissait de la naissance, non d'un enfant ordinaire, mais de cette première-née d'où allait naître le premier-né de toute créature, en qui subsistent toutes chose. O bienheureux couple, Joachim et Anne ! Toute la création vous doit de la reconnaissance, car c'est en vous et par vous qu'elle offre au Créateur le don qui surpasse tous les dons, je veux dire la chaste Mère qui était seule digne du Créateur.

    Aujourd'hui sort de la souche de Jessé le rejeton sur lequel va s'épanouir pour le monde une fleur divine. Aujourd'hui Celui qui avait fait autrefois sortir le firmament des eaux crée sur la terre un ciel nouveau, formé d'une substance terrestre ; et ce ciel est beaucoup plus beau, beaucoup plus divin que l'autre, car c'est de lui que va naître le soleil de justice, celui qui a créé l'autre soleil....

    Que de miracles se réunissent en cette enfant, que d'alliances se font en elle ! Fille de la stérilité, elle sera la virginité qui enfante. En elle se fera l'union de la divinité et de l'humanité, de l'impassibilité et de la souffrance, de la vie et de la mort, pour qu'en tout ce qui était mauvais soit vaincu par le meilleur. O fille d'Adam et Mère de Dieu ! Et tout cela a été fait pour moi, Seigneur ! Si grand était votre amour pour moi que vous avez voulu, non pas assurer mon salut par les anges ou quelque autre créature, mais restaurer par vous-même celui que vous aviez d'abord créé vous-même. C'est pourquoi je tressaille d'allégresse et je suis plein de fierté, et dans ma joie, je me tourne vers la source de ces merveilles, et emporté par les flots de mon bonheur, je prendrai la cithare de l'Esprit pour chanter les hymnes divins de cette naissance... »

    Saint Jean Damascène (v.675-v.749), Première homélie pour la Nativité de la Vierge Marie (extrait).

  • 18 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Ce n'est pas sans raison que lorsque les trois mages eurent été conduits par l'éclat d'une nouvelle étoile pour venir adorer Jésus, ils ne le virent pas en train de commander aux démons, de ressusciter des morts, de rendre la vue aux aveugles, ou la marche aux boiteux, ou la parole aux muets, ni d'accomplir quelque acte relevant de la puissance divine ; non, ils virent un enfant gardant le silence, tranquille, confié aux soins de sa mère ; en lui n'apparaissait aucun signe de pouvoir, mais il offrait à la vue un grand prodige, son humilité. Toute la victoire du Sauveur, en effet, victoire qui a subjugué le diable et le monde, a commencé par l'humilité et a été consommée par l'humilité.
    Le Christ aime l'enfance qu'il a d'abord vécue dans son âme et dans son corps. Le Christ aime l'enfance, maîtresse d'humilité, règle d'innocence, modèle de douceur. Le Christ aime l'enfance, vers elle il oreinte la manière d'agir des aînés, vers elle il ramène les vieillards ; il attire à son propre exemple ceux qu'il élève au royaume éternel. »

    Saint Léon le Grand, 7ème Sermon pour l'Epiphanie (2,3), trad. R. Dolle, SC n°22 bis.

  • 21 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le Verbe de Dieu qui est éternel, invisible, incompréhensible, incorporel, principe né du principe, lumière née de la lumière, source de la vie et de l'immortalité, empreinte exacte du premier modèle, marque ineffaçable, ressemblance identique du Père, intention et pensée de celui-ci, progresse vers son image. Il prend chair pour sauver la chair, il s'unit à une âme raisonnable pour sauver mon âme ; il veut purifier le semblable par le semblable et il devient totalement homme, sauf en ce qui concerne le péché.
    Il est conçu par la Vierge, préalablement purifiée par le Saint-Esprit dans son âme et dans sa chair, car, s'il fallait honorer la génération, il fallait honorer davantage la virginité. Il se présente comme Dieu incarné, formant un seul être de deux principes opposés, la chair et l'esprit. L'esprit donnait la divinité, la chair était divinisée.
    Lui qui enrichit les autres s'appauvrit, car il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité. Lui qui est plénitude s'anéantit, il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude.
    Quel trésor de bonté ! Quel grand mystère en ma faveur ! J'ai reçu l'image, et je ne l'ai pas gardée. Le Verbe a participé à ma chair afin de sauver l'image et de rendre la chair immortelle ! Il s'unit à nous par une deuxième union, beaucoup plus étonnante que la première.
    Il fallait que l'homme soit sanctifié par un Dieu devenu homme ; après avoir terrassé notre tyran, il nous délivrerait et nous ramènerait vers lui, par la médiation du Fils, pour l'honneur du Père. C'est ainsi que le Fils se montre obéissant en toutes choses envers lui pour accomplir son plan de salut.
    Ce bon Pasteur est venu rechercher la brebis égarée, en donnant sa vie pour ses brebis, sur les montagnes et les collines où tu offrais des sacrifices. il a retrouvé celle qui était égarée, il l'a chargée sur ces épaules qui ont porté aussi le bois de la croix et, après l'avoir saisie, il l'a ramenée à la vie d'en haut.
    Cette lumière éclatante du Verbe est précédée par la lampe qui brûle et qui éclaire ; la parole, par la voix qui crie dans le désert ; l'Epoux, par l'ami de l'Epoux, celui qui prépare pour le Seigneur un peuple choisi en le purifiant dans l'eau en vue de l'Esprit.
    Il nous a fallu un Dieu qui s'incarne et qui meure pour que nous vivions. Nous sommes morts avec lui pour être purifiés ; morts avec lui, nous sommes ressuscités avec lui ; ressuscités avec lui, avec lui nous sommes glorifiés. »

    Saint Grégoire de Nazianze (329-390), Homélie pour la Pâque (Hom. 45), 9.22.26.28.

  • 1er juillet : Méditation

    « Le Précieux Sang est le plus grand, le plus irrécusable de nos besoins. Il n'y a pas de véritable vie sans lui. Cependant il nous est très important de bien concevoir ceci, la création tout entière ne pouvait le mériter. Quelque nécessaire qu'il soit, il ne nous est nullement dû ; nous n'y avons aucun droit. L'amour de Dieu à notre égard nous a déjà paru comme une invention romanesque. Tout ce que Dieu a fait pour nous est prodigieux. Il nous est presque impossible de le croire, maintenant même que notre pensée s'y arrête avec plus de loisir. Nous connaissons la tendresse ineffable de notre Créateur, sa facilité à se laisser apaiser, la douceur de son Coeur, son inclination à pardonner. Nous savons que les besoins de ses créatures plaident auprès de lui d'une manière plus éloquente que nous ne pouvons le dire. Cependant, il n'y a pas de nécessité qui ait pu exiger le Précieux Sang, pas de mérites qui aient pu le gagner, pas de prières qui aient pu l'obtenir. Enfin, il n'y a pas d'intelligence créée, ni angélique, ni humaine, qui ait jamais pu imaginer rien de pareil.

    Le ciel serait rempli de multitudes innombrables de bienheureux aussi parfaits que saint Joseph, que saint Jean-Baptiste ou les apôtres, et tous ces saints auraient-ils encore dans leur sainteté le pouvoir de mériter, jamais, pendant des milliers et des milliers de siècles, leurs mérites réunis n'auraient pu gagner une seule goutte du Précieux Sang. [...] Réunissons ensemble les saints, les anges et Marie dans tout l'éclat de leur sainteté, supposons que cette sainteté va toujours croissant dans la suite sans fin des âges et des siècles, jamais ils n'auraient pu mériter le mystère de l'Incarnation dont la vertu réparatrice réside dans le Précieux Sang. Oh ! cette pensée inonde mon coeur de joie. Avoir toujours à reposer sur la libre souveraineté de Dieu, au lieu de reposer sur ma petitesse et ma misère ; toujours retomber sur la magnificence gratuite de Dieu, être pour toujours redevable de tout, et de quel tout, à Jésus ! ô Dieu miséricordieux ! cette joie est de toutes les joies de la terre celle qui se rapproche le plus de la joie des cieux. »

    R.P. F.W. Faber (1814-1863), Le Précieux Sang ou le Prix de notre Salut, Paris, Ambroise Bray, 1867 (4ème éd.).

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  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 9ème jour

    Neuvième jour : L’amour du Cœur de Jésus dans l’incarnation

    Qui l’a fait ainsi habiter parmi nous ? L’amour ; c’est donc l’amour qui l’a fait descendre pour se revêtir de la nature humaine ; mais quel cœur aurait-il donné à cette nature humaine, sinon un cœur tout pétri d’amour ? Qu’aura donc fait le Verbe divin en se faisant homme, sinon de se former un cœur sur lequel il imprimât cette charité infinie qui l’obligeait à venir au monde ? Donnez-moi tout ce qu’il y a de plus tendre, tout ce qu’il y a de plus doux et d’humain ; il faut faire un Sauveur qui ne puisse souffrir les misères, saisi de douleur ; qui voyant les brebis perdues, ne puisse supporter leurs égarements. Il lui faut un amour qui le fasse courir au péril de sa vie, qui lui fasse baisser les épaules pour charger dessus ses brebis perdues, qui lui fasse crier : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi. Venez à moi, vous tous qui êtes chargés. Venez, pécheur, c’est vous que je cherche. Enfin, il lui faut un cœur qui lui fasse dire : Je donne ma vie, parce que je veux. C’est moi qui ai un cœur amoureux, qui dévoue mon corps et mon âme à toutes sortes de tourments. Voilà quel est le Cœur de Jésus, voilà quel est le mystère du christianisme.
    Bossuet (1627-1704)

    Exemple : (Troisième Promesse) Je les consolerai dans toutes leurs peines
    Nous lisons dans les chroniques des Frères Mineurs qu’un homme riche et de qualité, étant entré dans l’Ordre, fut aussitôt assailli du tentateur au sujet de son changement de vie ; « pour ce qu’au lieu de manger des viandes délicates et de se vêtir somptueusement, il trouva au monastère des febves et des herbes avec autres légumes, du gros drap, de la paille au lieu d’un lict bien mol, et au lieu des richesses une estroite pauvreté, au lieu d’honneur, vileté, une grande austérité et rigueur au lieu des plaisirs. »
    L’ennemi lui représentant vivement tout cela au cœur, il résolut de reprendre les idées du siècle, et aucune considération ne put le faire changer de sentiment.
    « Comme il se retirait, ses yeux s’arrêtèrent sur un crucifix qui se trouvait sur son passage, et il se mit à genoux pour implorer la miséricorde du Sauveur. On n’a pas en vain recours à la Passion du Sauveur ; la prière du fugitif n’était pas achevée qu’il se sentit élevé en oraison jusqu’à l’extase. Notre-Seigneur lui apparut, accompagné de sa bienheureuse Mère. « Mon fils, lui dit-il, pourquoi abandonnes-tu ta sainte vocation ? – Seigneur, répondit le novice, vous savez que, accoutumé dans le monde à vivre délicatement, je ne puis supporter ici l’austérité de la règle, principalement en ce qui concerne le vêtement et la nourriture. » Alors le divin Sauveur, étendant le bras droit et lui montrant la plaie sanglante de son côté, lui dit : Porte ici ta main, mon fils, imprègne-la du sang qui en découle, et lorsqu’une chose te paraîtra difficile, marque-la de ce sang puisé à mon Cœur. Alors, ce qui auparavant te semblait insupportable te deviendra doux et agréable.
    Le novice obéit, et depuis, quand la tentation ou le dégoût assiégeaient son âme, il rappelait à son esprit la Passion du Fils de Dieu et contemplait l’amoureuse plaie de son Cœur. Et par la vertu de cette contemplation, toutes les amertumes de la vie religieuse se changeaient pour lui en délices. N’est-ce pas en action, la parole que nous chantons dans l’office du Sacré-Cœur :
    Quicumque certum quaeritis
    Rebus levamen asperis…
    Ad Cor reclusum vulnere,
    Ad mite cor accedite.

    « Vous tous qui cherchez dans vos peines une consolation assurée, approchez-vous de ce Cœur ouvert, approchez-vous de ce Cœur si doux. »
    (Etudes franciscaines sur le Sacré-Cœur par le R.P. Henri de Grèzes)

    Page d’histoire :
    Don Garcia Moreno (1821-1875), président de la république américaine de l’Equateur, et qui mourut en martyr sous le poignard d’un assassin parce que sa dévotion au Cœur sacré de Jésus en avait fait le plus ardent défenseur de l’Eglise, donna toute sa vie les plus grands exemples des vertus chrétiennes. Malgré sa position élevée, il se rappelait que tout homme est petit devant Dieu, et voici ce qu’il écrivait dans sa règle de vie : « Tous les matins, je ferai oraison et je demanderai l’humilité… Je dirai à chaque heure : je suis pire qu’un démon, et l’enfer devrait être ma demeure. Dans ma chambre, ne jamais prier assis quand je puis le faire debout. Faire des actes d’humilité, baiser la terre par exemple. Désirer toutes sortes d’humiliations, prenant soin toutefois de ne pas les mériter ; me réjouir quand on censurera ma personne et mes actes. Ne jamais parler de moi si ce n’est pour avouer mes défauts ou mes fautes. » Le jour même de sa glorieuse mort, il avait tracé ces mots : « Mon Seigneur Jésus-Christ, donnez-moi l’amour et l’humilité. »

    ☞   Des précisions dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur, concernant Garcia Moreno et le Sacré-Cœur de Jésus – voir en juillet 1873.

    Bouquet spirituel :
    C’est au Cœur du Sauveur que nous sommes redevables de toutes les faveurs que nous avons reçues, telles que la rédemption, la vocation à la foi, le pardon de nos fautes.
    Saint Alphonse de Liguori (1696-1787)

    Dans la poitrine maternelle, son Cœur divin prévoyait, disposait, méritait, impétrait tous les bienfaits que nous avons reçus.
    Saint François de Sales (1567-1622)

    Pratique :
    Rejeter les pensées de vanité dès que nous les remarquons.

    Oraison jaculatoire :
    Jésus, doux et humble de Cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre.

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.