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combat - Page 2

  • Méditation : distractions et tentations dans la prière

    « Quelque désir qu'on ait de sa perfection, quelque soin qu'on apporte à l'exercice de la méditation, on ne doit pas s'attendre à y éprouver constamment la même facilité, la même dévotion. Il arrivera quelquefois, même aux plus fervents, que ce saint exercice sera pour eux sans goût, sans lumière, sans consolation ; qu'il leur paraîtra insipide, soit que cela provienne de leur disposition naturelle, soit que ce soit un effet de la malice du démon, ou une épreuve de Dieu. Leur imagination ne pourra se fixer à rien ; mille pensées se présenteront à leur esprit, leur cœur sera en proie à mille désirs, des tentations viendront en foule les assiéger ; mais qu'ils sachent que tout cela ne diminuera point devant Dieu le prix et le mérite de leur oraison ; moins ils seront contents d'eux-mêmes, plus le Seigneur sera content d'eux. Il est vrai que leur oraison ne sera pas proprement alors une méditation ; ils ne pourront former ni considérations, ni raisonnements, ni affections ; ce sera une oraison de travail et de combat ; mais leur constance à soutenir patiemment une si pénible situation, sans en vouloir abréger la durée un seul instant, profitera plus à leur âme que la meilleure méditation.

    Qu'ils ne soient pas non plus effrayés d'une pareille épreuve ; elle sera proportionnée à leurs forces et aux grâces que le Seigneur leur destine. Loin d'en être abattus, ils se réjouiront d'être dans un état où ils peuvent témoigner à Dieu leur fidélité d'une manière plus parfaite. Sans trop vouloir pénétrer la cause du changement qui s'est fait en eux, ils en prendront occasion de s'humilier, de se résigner entièrement au bon plaisir de Dieu, de mettre en lui seul toute leur confiance, et d'implorer avec plus d'ardeur le secours de sa grâce toute-puissante.

    S'ils se comportent de cette manière, ils connaîtront, par leur propre expérience, que ces aridités et ces épreuves de l'oraison ne leur seront pas moins utiles que les lumières et les consolations qu'on y reçoit. C'est un moyen dont Dieu se sert d'ordinaire pour détacher l'âme elle-même, pour la disposer à recevoir de plus grandes grâces, et la rendre capable de plus parfaites communications. »

    Pierre-Joseph Picot de Clorivière s.j. (1735-1820), in "cahiers sur l'oraison" n°14, Février 1959, Paris, éditions du Feu Nouveau, 1959.

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  • Méditation : se libérer de toute faim...

    « Compris dans toute sa profondeur, le jeûne est le seul moyen pour l'homme de recouvrer sa vraie nature spirituelle. c'est un défi, non théorique mais vraiment concret, au Menteur qui a réussi à nous convaincre que nous n'avons besoin que de pain, et qui a édifié sur ce mensonge toute la connaissance, la science et l'existence humaines. Le jeûne dénonce ce mensonge et prouve qu'il en est un. Il est très significatif que ce soit lors de son jeûne que le Christ rencontra Satan et que, plus tard, il ait dit que Satan ne peut être vaincu "que par le jeûne et la prière". Le jeûne est le véritable combat contre le diable parce qu'il est le défi à la loi singulière et universelle qui en fait le "prince de ce monde". Mais si quelqu'un a faim et découvre alors qu'il peut être vraiment indépendant de cette faim, ne pas être détruit par elle mais, tout au contraire, la transformer en une source d'énergie spirituelle et de victoire, alors plus rien ne subsiste de ce grand mensonge dans lequel nous avons vécu depuis Adam. »

    Alexandre Schmemann, Le Grand Carême (Le Carême dans nos vies, 3), Spiritualité Orientale n°13, Abbaye de Bellefontaine, 1977.

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    Psautier enluminé (v.1222), Copenhague, Det kongelige Bibliotek (Source)

  • Mois de mars : mois de Saint Joseph

    « Saint Joseph m’a toujours exaucée au-delà de mes prières et de mes espérances. »
    Ste Thérèse d’Avila (1515-1582)
     
    « Ô bienheureux Joseph, nous recourons à vous dans notre tribulation, et après avoir imploré le secours de votre très Sainte Épouse, nous sollicitons aussi, en toute confiance, votre patronage. Au nom de l’affection qui vous a uni à la Vierge Immaculée, Mère de Dieu, au nom de l’amour paternel dont vous avez entouré l’Enfant Jésus, nous vous supplions de jeter un regard propice sur l’héritage acquis par Jésus-Christ, au prix de son sang, et de nous assister de votre puissance et de votre secours dans nos besoins.

    Ô gardien très vigilant de la Sainte famille, protégez la famille privilégiée de Jésus-Christ.

    Père très aimant, préservez-nous de toute contagion de la corruption et de l’erreur ; protecteur très puissant, soyez-nous secourable, et assistez-nous, du haut du ciel, dans le combat que nous avons à soutenir contre la puissance des ténèbres. Et, de même qu’autrefois, vous avez arraché l’Enfant Jésus au péril de la mort, défendez aujourd’hui la Sainte Église de Dieu contre les embûches de l’ennemi et contre toute adversité, et couvrez-nous tous de votre constante protection, afin que nous puissions,à votre exemple et par votre assistance, vivre saintement, mourir pieusement, et obtenir l’éternel félicité dans le ciel. Amen. »

    Léon XIII

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  • Méditation : dès le réveil, se préparer aux combats spirituels

    « La première chose que vous avez à faire à votre réveil, c’est d’ouvrir les yeux de l’âme et de vous considérer comme en un champ clos, avec cette loi expresse que celui qui ne combat pas doit périr à jamais. Là, vous vous figurerez être en présence de votre ennemi, je veux dire de cette inclination mauvaise que vous avez déjà entrepris de combattre et qui se tient tout armée pour vous blesser et vous donner la mort. À votre droite, vous verrez Jésus-Christ votre invincible capitaine, la Vierge Marie avec Saint Joseph son époux bien-aimé, d’innombrables troupes d’anges et de saints, parmi lesquels l’archange saint Michel ; à votre gauche, vous verrez le démon et ses satellites prêts à exciter la passion ennemie et à vous persuader de céder à ses suggestions. Vous vous imaginerez alors entendre la voix de votre ange gardien, vous parlant de la sorte : « Vous avez aujourd’hui à combattre contre cet ennemi, et contre d’autres encore. Ne craignez point, ne perdez point courage ; ne cédez ni à la frayeur ni à quelque considération que ce soit ; car votre Seigneur et votre capitaine est ici près de vous avec ses glorieuses phalanges, pour combattre avec elles contre vos ennemis et il ne souffrira pas qu’ils vous soumettent par la force ou la ruse. Demeurez ferme, faites-vous violence, quoiqu’il doive vous en coûter parfois. Criez souvent au secours du plus profond de votre cœur ; appelez à votre aide votre Seigneur, la Vierge Marie et tous les saints, et vous remporterez infailliblement la victoire. Si vous êtes faible et peu aguerri, si vos ennemis sont forts et nombreux, songez que les troupes de celui qui vous a créé et racheté sont plus nombreuses encore, que votre Dieu est infiniment plus puissant que votre ennemi et qu’il désire bien plus ardemment vous sauver que le démon ne désire vous perdre. Combattez donc ; et ne vous lassez jamais de souffrir : de cette fatigue, de la violence que l’on déploie contre ses mauvaises inclinations, de la peine que l’on éprouve à surmonter les habitudes mauvaises, naissent la victoire et ce trésor inestimable qui procure le royaume du Ciel, et l’éternelle union de l’âme avec son Dieu. Vous commencerez le combat au nom du Seigneur et vous prendrez pour armes la défiance de vous-même, la confiance en Dieu, la prière et l’exercice de vos puissances spirituelles. Vous appellerez au combat cet ennemi et cette passion que vous vous êtes proposé de vaincre, selon l’ordre indiqué ci-dessus ; vous lui apposerez tantôt la résistance, tantôt la haine, tantôt les actes de la vertu contraire, lui donnant ainsi coup sur coup des blessures mortelles, pour plaire aux regards de votre divin Maître qui est là, avec toute l’Église triomphante, à contempler votre combat. Je vous répète que vous ne devez point vous lasser de combattre, mais considérer l’obligation qui nous incombe à tous de servir Dieu et de lui plaire, et la nécessité où nous sommes de combattre, attendu que nous ne pouvons abandonner le champ de bataille sans être blessés et blessés à mort. J’ajoute qu’en fuyant loin de Dieu comme un rebelle, et en vous donnant au monde et aux plaisirs de la chair, vous n’échapperez point à la peine. Il vous faudra combattre malgré vous, et vous serez en butte à tant de contrariétés que vous sentirez souvent la sueur inonder votre front et des angoisses mortelles pénétrer votre cœur. Considérez ici quelle folie il y aurait à s’imposer un travail si rude, avec la perspective de tourments infiniment plus horribles et d’une mort éternelle, et cela pour échapper à une peine passagère qui nous conduit à la vie éternelle et infiniment heureuse où l’âme jouit de la présence de son Dieu. »

    Lorenzo Scupoli, Le combat spirituel (chap. XVI), Trad. R.P. Jean Brignon, Chez Durand, Paris, 1774.
    Texte intégral (format pdf).

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  • Méditation : des bienfaits de la tentation (1)

    « Aucun mal moral n'est possible qu'autant que la volonté le veut : tant que la porte de la volonté est fermée, le démon ou l'imagination peuvent faire du bruit tout autour du cœur, ils ne peuvent en altérer la pureté. Voilà pourquoi Jésus-Christ et tous les saints ont subi l'épreuve de la tentation, sans que cette épreuve ait porté la moindre atteinte à leur sainteté. Voilà pourquoi toute désolation dans les tentations est déraisonnable : c'est ou un dépit de l'amour-propre mécontent de se voir misérable, ou une défiance de la bonté de Dieu, qui ne fait jamais défaut à qui l'invoque, ou la pusillanimité d'une âme qui se considère seule avec sa faiblesse, en dehors du secours de Dieu. Loin que la tentation soit un mal, elle peut au contraire tourner à notre grand avantage. Car :
    1° elle nous donne l'occasion de glorifier Dieu, puisqu'en résistant généreusement, nous lui prouvons notre fidélité, nous battons ses ennemis et en triomphons ;
    2° elle nous forme à l'humilité, en nous révélant le fonds mauvais qui est en nous ; à l'esprit de prière, en nous faisant sentir le besoin du recours à Dieu ; à la vigilance, en nous avertissant de nous défier de nos forces, et de fuir l'occasion du mal ; à l'amour divin, en faisant ressortir la bonté de Dieu qui veut bien abaisser sa grâce, s'abaisser lui-même par la communion, jusqu'à un fond aussi dépravé que le nôtre ; elle prévient le relâchement, elle réveille la ferveur, donne à la vertu un caractère plus ferme et plus solide (cf. II Cor XII, 9) ; elle nous apprend à nous connaître (cf. Eccl XXXIV, 9) ; elle vaut à l'âme plus de grâces en cette vie, plus de gloire dans l'autre, en proportion des mérites dont elle l'enrichit, et la rend plus digne de Dieu, comme les saints dont il est écrit : Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui (Sap III, 5).
    Voilà pourquoi Dieu disait au peuple d'Israël : "Je n'ai point voulu détruire les Chananéens, afin que vous ayez des ennemis à combattre" (Jud II, 3) ; et le pape saint Léon dit dans le même sens : "Il est bon à l'âme de craindre de tomber, et d'avoir constamment une lutte à soutenir" (Serm. III). L'âme fidèle tire de la tentation du mal le même fruit que de l'inspiration du bien. C'est pour elle l'occasion de se porter vers la perfection de la vertu contraire avec toute la bonne volonté dont elle est capable. Dans les tentations des sens, elle s'élève à l'infinie grandeur de Dieu, si haut placé au-dessus des vues basses et sensuelles ; dans les tentations de l'esprit, elle s'abîme dans son néant ; dans les tentations de plaisir, elle aime et embrasse la croix : est-ce ainsi que nous avons fait notre profit de la tentation ? »

    (à suivre demain)

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Premier dimanche de Carême), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Diable gargouille à la Cathédrale Notre Dame de Paris (Crédit photo)

  • Angélus de ce dimanche 09 mars 2014

    « L'Évangile du premier dimanche de Carême présente chaque année l'épisode des tentations de Jésus, lorsque le Saint-Esprit, descendu sur lui après le baptême dans le Jourdain, le poussa à affronter ouvertement Satan dans le désert pendant quarante jours, avant de commencer sa mission publique.

    Le tentateur essaie de détourner Jésus du plan de son Père, c'est-à-dire de la voie de sacrifice, de l'amour qui s'offre lui-même en expiation, pour lui faire prendre un chemin facile, de succès et de pouvoir. Le duel entre Jésus et Satan advient à coups de citations de la Saint Écriture. Le diable, en effet, pour détourner Jésus du chemin de la croix, lui présente de faux espoirs messianiques : le bien-être économique, indiqué par la capacité de transformer les pierres en pain, le style spectaculaire et miraculeux, avec l'idée de se jeter du point le plus haut du temple de Jérusalem, et de se faire sauver par des anges, et enfin le raccourci de pouvoir et de domination, en échange d'un acte d'adoration de Satan. Ce sont les trois groupes de tentations : nous les connaissons bien !

    Jésus rejette clairement toutes ces tentations et réaffirme sa détermination à suivre la voie tracée par le Père, sans aucun compromis avec le péché et la logique du monde. Notez bien comment Jésus a répondu. Lui ne dialogue pas avec Satan, comme le fit Eve dans le Jardin d'Eden. Jésus sait qu'avec Satan on ne peut pas dialoguer, parce qu'il est tellement malin. C'est pourquoi Jésus, au lieu du dialoguer comme avait fait Eve, choisit de se réfugier dans la Parole de Dieu et de répondre avec la force de cette Parole. Rappelez-vous ceci : au moment de la tentation, de nos tentations, pas d'arguments avec Satan, mais toujours se défendre par la Parole de Dieu ! Et cela nous sauvera. Dans ses réponses à Satan, le Seigneur, utilisant la Parole de Dieu, nous rappelle tout d'abord que "l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Mt 4,4 ; Cf. Dt 8,3), et cela nous donne de la force, nous soutient dans la lutte contre la mentalité mondaine qui abaisse l'homme au niveau des besoins primaires, lui faisant perdre la faim de ce qui est vrai, bon et beau, la faim de Dieu et de son amour. Il rappelle aussi que "il est également écrit : « Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu » (v. 7), puisque le chemin de la foi passe aussi par des moments d'obscurité, de doute, et se nourrit de patience et d'attente persévérante. Jésus enfin rappelle que "il est écrit : « C'est le Seigneur, ton Dieu, que tu adoreras : à lui seul tu rendras un culte » (v. 10) ; c'est à dire que nous devons nous débarrasser des idoles, des choses vaines, et construire notre vie sur l'essentiel.

    Ces paroles de Jésus seront ensuite confirmées dans ses actions. Son absolue fidélité au dessein d'amour du Père le conduira au bout de trois ans à la confrontation finale avec le "prince de ce monde" (Jn 16, 11), à l'heure de la passion et de la croix, et c'est là que Jésus emportera sa victoire définitive, la victoire de l'amour !

    Chers frères et sœurs, le temps du Carême est une occasion propice pour nous tous pour réaliser un chemin de conversion, en nous confrontant sincèrement à cette page de l’Évangile. Renouvelons les promesses de notre Baptême : renonçons à Satan et à toutes ses œuvres et séductions - parce qu'il est un séducteur -, pour marcher dans les voies de Dieu et "arriver à Pâques dans la joie de l'Esprit Saint" (Oraison du 1er Dimanche de Carême année A).

    Pendant ce temps de Carême, nous devons garder à l'esprit l'invitation de la Caritas International dans sa campagne contre la faim dans le monde. Je vous souhaite à tous que ce chemin du Carême qui vient de commencer soit riche de fruits ; et je vous demande un souvenir dans la prière pour moi, et pour les collaborateurs de la Curie romaine, qui ce soir, commenceront la semaine d'Exercices spirituels. Merci. »

    (Texte intégral en italien sur le site internet du Vatican.)

    Il n'y aura donc pas d'audience générale ce mercredi 12 mars, le Saint-Père étant en retraite avec la curie romaine pour la semaine d'Exercices spirituels (du 9 au 14 mars).

    N.B. : Contrairement à l’ordinaire, cette retraite n’aura pas lieu au Vatican, le Pape François emmenant la curie à Ariccia, au sud-est de Rome, dans la région dite des « Châteaux romains » (« Castelli Romani »).
    Sur le territoire de cette commune, se trouvent notamment le sanctuaire de « Sainte-Marie-de-Galloro », qui abrite un chef d’œuvre pictural du Xe siècle, et la « Maison du Sacré-Cœur », centre jésuite de retraites et d’exercices spirituels.

  • Méditation : les tentations de Jésus au désert

    « Notre-Seigneur a voulu particulièrement, dans sa tentation du Jourdain, nous enseigner l'art des combats spirituels et nous mériter la victoire. Il a voulu nous montrer le secret de la force, qui est l'amour. Voyez dans quelles conditions il s'avance au-devant des tentations : "Plenus spiritu sancto" (S. Luc) ; "ductus a spiritu" (S. Marc). Son Cœur est rempli de l'amour de son Père, c'est sa force. Remarquez ses réponses au démon, elles sont toutes tirées de l’Écriture, parce qu'il se nourrit de la parole.
    [...]
    Dans cet évangile, Notre-Seigneur ne nous donne pas seulement le secret de sa force qui est l'amour, mais il nous enseigne aussi les moyens pour entretenir et accroître cet amour : ces moyens sont la prière, la méditation de la sainte Écriture, la solitude, le jeûne. C'étaient là les occupations de Notre-Seigneur au désert ; c'est par là que son divin Cœur se préparait aux tentations qu'il avait résolu de subir pour notre instruction. Ce sont là les vertus que l’Église nous invite à pratiquer pendant le saint temps de carême, pour croître dans l'amour et dans la force et prendre une vie nouvelle à l'occasion des grands mystères de la Rédemption.
    Une âme dissipée et répandue au dehors, une âme distraite, une âme sensuelle peut-elle aimer fortement Notre-Seigneur ?
    Disciplinons notre volonté par la règle de la solitude et du silence, recueillons notre esprit dans la prière et la méditation, mortifions notre corps par le jeûne, et Notre-Seigneur viendra dans notre âme purifiée pour y allumer le feu de son amour. »

    P. L. Dehon, L'Année avec le Sacré-Cœur - Méditations pour tous les jours de l'année, Tome I (Le 1er dimanche de Carême), Établissements Casterman, Tournai - Paris, s.d. [1910].

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    La tentation dans le désert, par Briton Riviere (1898) - Guildhall Art Gallery, Londres

  • Méditation : ne reportons pas sans cesse à demain...

    « Si nous voulons bien y réfléchir, cette vie n'est autre chose qu'une guerre continuelle. En cet exil, en cette vallée de larmes, c'est notre partage de chaque jour, combattus que nous sommes, sans cesse, par trois mortels ennemis : le monde, le démon et la chair.
    Le monde nous appelle avec ses vices et ses richesses, nous promet une vie longue et nous dit : "Allons ! Toi qui es jeune, abandonne-toi à ton bon plaisir ; quand tu seras vieux, tu te corrigeras".

    Le démon nous tend sans cesse des pièges et des filets pour nous faire trébucher et tomber ; il nous empêche de faire le bien et de pratiquer la charité ; il nous plonge dans le souci des biens temporels pour écarter le souvenir de Dieu et du soin, que nous devons avoir, de garder notre âme pure et de l'enrichir par les bonnes œuvres. A peine sortis d'une préoccupation, nous tombons en une autre. "Oui, bientôt, disons-nous, aussitôt cette affaire terminée, je veux amender ma vie", et répétant ainsi "bientôt, bientôt", nous n'arrivons jamais à échapper aux séductions du démon, jusqu'à ce qu'enfin survienne l'heure de la mort et que disparaissent tous les faux biens, promis par le monde et le démon. Car tels le Seigneur nous trouvera, tels il nous jugera. Il serait donc bon de nous corriger à temps, et de ne pas faire comme ces gens qui disent : "Demain !", toujours "Demain !", et jamais ne commencent.

    L'autre ennemi, le plus dangereux, est comme un voleur domestique et familier qui, avec de belles paroles et sous de bonnes apparences, s'efforce sans cesse de nous entraîner à la perdition : c'est la chair, notre corps, qui ne veut que bien manger, bien boire, bien se vêtir, bien dormir, travailler peu et s'adonner au vice et à la vaine gloire.
    Contre ces trois ennemis, la protection, l'aide et la grâce de Notre-Seigneur nous sont bien nécessaires. Il faut aussi nous humilier profondément, quitter tout pour Jésus-Christ, notre tout, placer notre confiance uniquement en lui, confesser sincèrement tous nos péchés aux pieds du confesseur, accomplir la pénitence imposée, ne plus jamais pécher pour l'amour de Jésus-Christ seul ; et s'il nous arrive de faillir, nous confesser souvent. Ainsi nous pourrons vaincre ces ennemis dont j'ai parlé.

    Surtout, ne nous fions pas à nous-mêmes, sous peine de tomber mille fois par jour dans le péché, mais mettons notre confiance en Jésus-Christ seul. Pour sa bonté, pour son amour seul, évitons le péché, la médisance ; ne faisons ni tort ni mal au prochain, mais souhaitons-lui ce que nous voudrions qu'on nous fît à nous-mêmes. Désirons aussi le salut de tous les hommes et aimons, servons Jésus-Christ seul, pour lui-même et non par crainte de l'enfer. »

    St Jean de Dieu (8 mars 1495-8 mars 1550), fondateur de l'Ordre des Religieux de la Charité, extrait de la deuxième lettre à la Duchesse de Sessa. (Source)

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    L'hôpital qu'il a fondé à Grenade a donné naissance aux Frères Hospitaliers de Saint Jean de Dieu.
    Canonisé en 1690, il a été proclamé en 1886 par Léon XIII Patron des malades, des hôpitaux et des ordres hospitaliers, et en 1930 par Pie XI, Patron des infirmiers, infirmières et de leurs associations.
    Les personnes alcooliques sollicitent son aide pour guérir leur dépendance.

     

    Prière pour les malades
     
    Seigneur, daigne exaucer notre prière pour tous les affligés et ceux qui les soignent !
    Pour ceux qui t’aiment et t’offrent leurs souffrances : soutiens leur cœur devant les défaillances de leur nature.
    Pour ceux qui te cherchent : fais briller à leurs yeux la lumière de ta croix d’où descendent le pardon et la paix.
    Pour ceux qui te méconnaissent : fais entendre la parole de consolation : « Venez à moi, vous tous qui souffrez, et je vous soulagerai ».
    Pour tous ceux qui sont au service des souffrants et qui veillent sur eux : à tous Seigneur, donne le calme, le courage, la paix et la consolation.
    Accorde ta miséricorde Seigneur, à ceux que tu rappelleras à toi !
    Ô Marie, consolatrice des affligés, priez pour nous !
    Notre Père Saint Jean de Dieu, priez pour nous !

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  • Méditation : le Seigneur, au centre de notre vie

    « La communion est un combat
    de tous les instants.
    La négligence d'un seul moment peut la briser :
    il suffit d'un rien ;
    une seule pensée sans charité,
    un préjugé maintenu obstinément,
    un attachement sentimental,
    une orientation erronée,
    une ambition ou un intérêt personnel,
    une action accomplie pour soi-même
    et non pour le Seigneur [...].
    Aide-moi, Seigneur, à m'examiner ainsi :
    "Quel est le centre de ma vie ?
    Toi ou moi ?"
    Si c'est toi, tu nous rassembleras tous dans l'unité.
    Mais si je vois qu'autour de moi,
    tous s'écartent et se dispersent,
    ce sera le signe que je me suis placé au centre. »

    Cardinal F.-X. Nguyen van Thuan (1928-2002), Prières d'espérance, Le Sarment, Fayard, 1995.

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    Fresque de l'église Sainte-Croix, en Dordogne

  • Méditation : "Appelle à l'aide !"

    « Ne te décourage pas, ne te laisse pas aller au désespoir lorsque tu sens dans ton âme un souffle meurtrier, un bouillonnement de méchanceté et de mal, d'impatience et de blasphème, ou un fléchissement sous l'emprise des mauvaises pensées. Combats sans relâche et résiste courageusement, invoque de tout ton cœur le Seigneur Jésus-Christ, le vainqueur de l'enfer. Humilie-toi profondément, profondément, reconnaissant du fond de l'âme que tu es le premier des pécheurs (1), indigne d'être compté parmi les hommes, et le Seigneur, voyant ton humilité et ton combat, te viendra en aide. Appelle aussi à ton secours notre Protectrice, la très sainte Vierge Mère de Dieu, et dis-lui : "Guéris, ô toute Pure, les blessures amères de mon âme, et terrasse les ennemis qui ne cessent de me faire la guerre. (2)" »

    1 : cf. 1 Tim 1, 15
    2 : Canon à l’Ange Gardien

    Saint Jean de Cronstadt (1829-1908), Ma vie en Christ, Abbaye de Bellefontaine, 1979.

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  • Méditation - Prière : dans le dernier combat...

    « Quelque salutaire que soit, ô mon Dieu ! la crainte de vos jugements, je sais qu'une parfaite confiance en vous, qui êtes notre Père, et en Jésus-Christ votre Fils et notre Rédempteur, doit la modérer. Tant d'heureux pénitents ont obtenu de vous miséricorde, entre autres celui qui, témoin de vos supplices, s'écria : "Souvenez-vous de moi, Seigneur, quand vous serez arrivé dans votre royaume." (Lc 13, 42). Je vous adresse la même prière avec la confiance que me donne l'excès de vos bontés. Souvenez-vous, divin Sauveur, de vos anciennes miséricordes. C'est vous seul que j'ai offensé. C'est en votre présence que j'ai péché. Mais lorsque je fais réflexion sur votre redoutable justice, je me représente aussitôt le nombre presque infini de vos bienfaits, et particulièrement le sang que vous avez répandu pour moi avec tant d'abondance, et me sentant fortifié par cette grande marque de votre amour, il n'y a rien que je n'attende de votre miséricorde ; mettez donc votre croix et votre passion entre le jugement de Dieu et mon âme, lorsqu'elle sortira de ce monde, et n'abandonnez pas aux bêtes infernales une âme qui vous bénit et vous loue : Ne tradas bestiis animas confitentes tibi, et animas pauperum tuorum ne obliviscaris in finem (Ps 73, 19).

    Ô Vierge sainte, Mère de Dieu, Reine des Anges et des hommes, et particulièrement du clergé, je vous reconnais pour ma souveraine, en l'honneur de la dépendance que le Fils de Dieu mon Sauveur et mon Dieu a voulu avoir de vous, et en cette qualité je vous donne sur mon âme et sur ma vie tout le pouvoir que je puis vous donner selon Dieu. Regardez-moi, je vous prie, comme chose qui vous appartient, et faites de votre serviteur l'objet de vos miséricordes. J'ai recours à vous pour être délivré du péché, et pour être préservé de la mort éternelle. Je vous prie pour cela d'assister à ma mort, vous qui avez été présente à celle de votre divin Fils, et de me protéger, dans ce temps de ma plus grande nécessité, contre tous les ennemis de mon salut.
    Saint Michel Archange, qui êtes le chef des armées de Dieu, Ange mon protecteur, qui veillez à ma garde, saint Joseph, dont on croit que la mort a été honorée de la présence du Sauveur, défendez-moi dans le dernier combat, afin qu'aidé de vos prières, je puisse être admis en votre bienheureuse compagnie.
    Que le collège des saints Apôtres, que l'armée nombreuse des martyrs et des confesseurs, que l'assemblée des vierges, que les patriarches viennent à ma rencontre, qu'ils me consolent par de doux embrassements, et qu'ils me portent comme à l'envi dans le sein d'Abraham. Ainsi soit-il. »

    D.B.C. Dal Monte, Méditations ecclésiastiques suivies de divers Opuscules à l'usage des prêtres, pour faire suite aux Méditations ecclésiastiques de M. Chevassu, Tome sixième (Préparation à la mort, VI & VII), J.B. Pélagaud, Lyon - Paris, 1863.

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    William Bouguereau (1825-1905), Une âme portée au Ciel, 1878
    Huile sur toile, Musée du Périgord

  • Méditation sur la fête du Christ-Roi

    « Pour comprendre la fête du Christ-Roi, il faut élargir ses vues et considérer le plan grandiose de la restauration de toutes choses dans le Christ (*), car les peuples déchristianisés, les États et les familles sans Dieu, les impies mêmes doivent être reconquis et gagnés au Christ. Les droits du Sauveur à la domination totale et universelle sont indiscutables. C'est précisément ce qui doit faire de nous, en ce jour, des Apôtres de son royaume. Si nous n'étions pas capables par la parole et par l'action, la prière, le travail et le sacrifice, d'occuper notre rang dans l'armée qui combat et triomphe pour le Seigneur, la fête du Christ-Roi aurait perdu son sens pour nous.

    Le royaume du Christ doit embrasser la terre entière. Ce n'est pas qu'Il veuille porter ombrage à quelque état ou puissance terrestre, mais rois et empereurs, tous sont des créatures, tous ont été rachetés par le sang du Christ. Dans le domaine spirituel nous sommes tous sous la main de Dieu ; nous sommes guidés par les principes de la vérité et de la justice, et surtout par la grande loi de l'amour. Cette soumission à l'autorité si douce du Christ est l'unique source d'unité et de paix pour les peuples. Que chacun pour sa part fasse passer la doctrine de l’Évangile dans la vie publique afin que la grâce et la doctrine du Christ soient le salut du monde. Agrandir le monde du bien, réduire les proportions du mal, tel doit être l'objet de nos luttes et de notre vie. Que chacun de nous s'y donne avec un cœur plein d'amour et une foi inébranlable dans le bien. »

    (*) : “C’est en lui qu'ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre... tout a été créé par lui et pour lui... tout subsiste en lui... Dieu s'est plu... par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.” (St Paul aux Colossiens, 1, 16-20).

    Toute l'année avec le Christ, par les Bénédictins de l'Abbaye de Notre-Dame d'Einsiedeln (Fête du Christ-Roi), Traduction des Bénédictins de l'Abbaye Ste-Marie de la Pierre-Qui-Vire, Comptoir Français du Livre, Paris / Bruxelles, 1936.

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  • Méditation - Prières à St Raphaël

    Hymne des Vêpres de St Raphaël
    (fêté ce jour au calendrier traditionnel)

    « Divin guide, Raphaël,
    recevez avec bonté l'hymne
    chantant nos supplications
    que vous consacrent nos voix joyeuses.
    Dirigez notre course vers le salut,
    soutenez nos pas,
    que nous n'errions jamais à l'aventure
    loin du chemin du Ciel.
    Regardez-nous d'En-Haut,
    de l'étincelante lumière du Ciel
    provenant du Père des Lumières,
    remplissez nos âmes.
    Rendez la santé aux malades,
    dissipez la nuit des aveugles ;
    en chassant les maux des corps
    rendez aux cœurs la vigueur.
    Assistant le Souverain Juge,
    plaidez la cause de nos crimes,
    et apaisez la colère vengeresse,
    fidèle intercesseur auprès de la Divinité.
    Vous qui avez repris le Grand Combat,
    confondez l'orgueilleux Ennemi ;
    contre les esprits rebelles,
    donnez-nous la force,
    augmentez en nous la grâce.
    Gloire à Dieu le Père
    ainsi qu'à son Fils Unique,
    avec l'Esprit Paraclet,
    maintenant et dans tous les siècles des siècles.
    Amen. »

    Saint,St,Raphaël,Archange

    « Glorieux Archange, saint Raphaël, grand Prince de la Cour Céleste, illustre par les dons de la sagesse et de la grâce, guide des voyageurs sur terre et sur mer, consolation des malheureux et refuge des pécheurs, je vous supplie de m'assister dans toutes mes nécessités et les peines de cette vie, comme vous avez soutenu le jeune Tobie dans ses pérégrinations. Puisque vous êtes le remède de Dieu, je vous prie humblement de guérir mon âme de ses infirmités et mon corps des maux qui l'affligent. Je vous demande, en particulier, de respecter ce corps, temple vivant du Saint-Esprit. Amen. »

    Prière diffusée par l'Association des Saints Anges gardiens - 21 montée St Laurent - 69005 Lyon.
    Spécimen de la revue de l'Association sur simpe demande.

  • Le combat de l'Église contre l'avortement

    L’Église catholique s'est toujours battu pour la Vie et par conséquent contre l'avortement et contre l'euthanasie. Paul Aventin présente dans son nouvel ouvrage le "combat de l'Église contre l'avortement" :

    le-combat-de-l-eglise-contre-l-avortement.jpgDepuis les années 70, la libéralisation de l'avortement n'a jamais cessé son extension, c'est la norme dans de nombreux pays. Le nombre d'enfants avortés est estimé à environ deux milliards d'individus en 40 ans. C'est de loin la première cause de mortalité au monde. Pourtant, de nombreuses civilisations et cultures s'y sont toujours opposées comme c'est le cas de l'Église catholique depuis le début de l'ère chrétienne. À une époque où les catholiques vivent dans un environnement préjudiciable au respect de la vie naissante, l'avortement est parfois devenu « toléré » aux yeux de certains. L'inacceptable ne peut cependant devenir acceptable et c'est ce que rappelle inlassablement l'Église depuis les dernières décennies. L'histoire des saints/bienheureux mais également les interventions des papes, particulièrement au XXe siècle, interpellent et expliquent les raisons pour lesquelles l'élimination d'un enfant non né reste un homicide.

    Pourtant, la pensée catholique n'a pas permis d'endiguer le fléau de l'avortement, l'opinion publique occidentale le considérant souvent comme une avancée médicale et un confort auquel elle ne souhaite pas renoncer malgré la popularité d'un Jean-Paul II ou d'une mère Térésa qui ne sont toujours pas entendus sur ces sujets. La détérioration des conditions socio-économiques ou familiales ainsi que l'uniformisation des modes de vie et de pensée participent sous forme de pressions convergentes au choix de l'avortement. Si sur le plan humain tout semble avoir été réalisé et tout semble avoir échoué, l'Église et plus particulièrement le pape dispose d'élever au rang de martyrs les enfants avortés au nom du rejet de la vérité annoncée par l'Église ; à savoir que la vie d'un être humain débute dès la fécondation et non après une période hypothétique de gestation que les législateurs de chaque pays se plaisent à définir selon les intérêts de certains lobbies. S'il est vrai que la Miséricorde Divine s'applique aussi aux enfants non nés et non baptisés, L'Église ne précise pas encore de quelle manière… Ne serait-ce pas sa mission sous le règne du pape François ?
    Outre les arguments théologiques et politiques, sont présentées un ensemble de prières proposées par l'Église catholique, d'une part pour redonner l'espérance qu'un jour l'avortement soit perçu pour ce qu'il est : un manque d'amour envers son prochain, envers les plus vulnérables que sont les enfants à naître ; d'autre part pour venir en aide à ceux qui ont vécu l'avortement, à ceux qui se posent la question de garder un enfant en gestation ou encore aux enfants avortés qui doivent pouvoir accéder à la béatitude éternelle.

    208 pages - 14,9 x 21cm - 15 € aux éditions Bénédictines.

  • Méditation - Prière : St Michel, Archange, protecteur de l'Église

    « Après l'adorable nom de Jésus, "qui fait fléchir tout genou au ciel, sur la terre et dans les enfers" ; après le nom suave et béni de Marie, parfum de salut qui exhale la grâce divine, dit saint Ambroise, est-il nom plus digne de respect que celui du glorieux prince des célestes phalanges ? Michael ou Michel signifie : qui est semblable à Dieu ? quis ut Deus ?
    Michael est un nom de puissance et de victoire. Comme un roi anoblit sur le champ de bataille le général qui a vaillamment combattu pour sa cause, ainsi Dieu a voulu que le cri de guerre, le cri d'humilité et d'amour du valeureux archange contre Satan, devint son titre de noblesse. A ce nom de Michael, à cette parole foudroyante : Quis ut Deus ? l'orgueilleux Lucifer et sa troupe rebelle tombèrent, rapides comme l'éclair, dans l'abîme creusé par la vengeance divine.
    Michael ! qui est comme Dieu ? nom sublime, dit le cardinal Desprez, qui renferme tout le culte que la créature doit à son Créateur, nom qui contient en substance les actes de Foi, d'Espérance, de Charité et de Contrition. "Ô nom mille et mille fois béni, s'écrie un pieux auteur, nom tout puissant sur le ciel, la terre et l'enfer, nom acclamé et loué par la très sainte Trinité dans les cieux, où il sera toujours le nom et le cri du triomphe, nom grand et salutaire pour la terre et surtout pour l’Église militante dont il est le rempart et le bouclier, nom formidable pour les démons qu'il met incontinent en déroute ; que j'aime à vous redire sans cesse et à vous célébrer toujours, car, selon l'expression des saints Pères, chaque fois que vous êtes prononcé, le ciel répète son cri de victoire, de reconnaissance et de sainte allégresse ; la terre tremble comme au jour où l'Archange y descend et le chrétien retrouve sa force et son espérance, malgré ses défaillances ; l'enfer de nouveau frémit de rage et d'impuissance et courbe son front découronné, pour cacher la honte de ses constantes défaites."
    A l'exemple de saint Michel, combattons vaillamment les ennemis de Dieu. L'heure actuelle est une heure de crise et de formidable tempête. L’Église de Jésus-Christ est attaquée de toutes parts, et ses ennemis ne sentent même plus le besoin de dissimuler leurs coups. Mais ayons confiance ; saint Michel combat avec nous, et bientôt luira le jour où, le règne de Dieu s'affermissant, nous pourrons pousser, nous aussi, notre cri de fidélité et de victoire : Quis ut Deus ? Qui est comme Dieu ?
    A ceux qui foulent aux pieds l'autorité divine, qui ne veulent plus relever que de leur sot orgueil, qui répètent chaque jour, avec une effrayante énergie, leur cri de négation : Il n'y a point de Dieu ! disons hardiment : Il y a un Dieu, c'est le Dieu qui a créé les mondes, le Dieu qui commande à la vie et à la mort. Malheur à celui qui ne l'écoute pas ! Il s'ensevelit dans la nuit la plus obscure, il se traîne dans la honte, il se condamne à une mort irrémédiable, à la mort éternelle.
    N'ayons pas peur des clameurs impies ; manifestons fièrement notre foi ; aux échos de l'enfer, répondons par les échos du ciel : Quis ut Deus ? Notre voix finira par couvrir celle de l'impiété, par l'étouffer et l'anéantir ; elle retentira victorieuse sur la terre, comme jadis celle des bons anges dans le ciel.
    Michael ! Qui est semblable à Dieu ? Ce nom doit être la devise du chrétien. En traversant les ombres du temps et de l'espace, il n'a rien perdu de sa force et de sa vertu première. Toujours il renversera les projets des impies et confondra leurs complots diaboliques, comme il précipita Satan dans l'enfer ; il sera toujours un glaive de feu contre le blasphème, l'orgueil et la cupidité.
    Michael ! Qui est semblable à Dieu ? N'est-ce pas la suprême et victorieuse réponse à tous les sophismes, à toutes les calomnies et à toutes les haines de l'enfer ? Opposons donc cette puissante affirmation, comme une digue aux débordements de l'impiété et de l'apostasie. Mais n'oublions pas non plus de nous en faire à nous-mêmes une salutaire protestation dans les épreuves de notre for intérieur, un bouclier contre les traits du monde ou du démon. Il est impossible que, passant souvent dans l'âme, le nom de saint Michel n'y laisse pas quelques-unes de ces fortes empreintes qui fixent dans le bien, ou du moins quelques-uns de ces rayons vivifiants qui éclairent, réchauffent, encouragent et consolent toujours.

    Ô saint Michel, glorieux chef de la milice céleste, vous dont le bras a conservé toute sa vaillance, vous, plein de bonté pour les enfants de Dieu et de sollicitude pour l’Église de Jésus-Christ, daignez nous secourir dans nos épreuves et nos douleurs, déjouez les complots de l'enfer, couvrez de votre protection l’Église notre mère, comme d'un bouclier contre lequel viendront s'émousser tous les traits de ses ennemis ; consolez, fortifiez, inspirez nos pontifes, nos religieux et religieuses ; conduisez leurs plumes, dictez leurs paroles, donnez-leur cet esprit de fermeté, de force et de sagesse que vous puisez en Dieu, afin que l’Église trouve en chacun d'eux un ardent défenseur de sa foi. Ô saint Archange, soutenez-nous dans les combats du Seigneur, et hâtez, par votre puissante intercession, l'heureux jour du triomphe du bien sur le mal, de l’Église du Christ sur l'infernale persécution de Satan. »

    Extrait de "L'Ange Gardien" n°4, Août 1895 & n°8, Décembre 1895.

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  • Méditation : les tentations

    « Ne vous effrayez ni ne vous découragez des tentations ; luttez toujours, humiliez-vous toujours, ne vous découragez jamais. La tentation ne dépend pas de nous et n'est pas une faute : tâchons de ne pas nous y arrêtez, d'y résister dès le premier moment ; luttons et prions. Si nous succombons, humilions-nous. Souvenons-nous que la tentation est toujours un moyen de nous faire croître en force par le combat et croître en humilité par la vue de notre misère ; c'est un moyen de nous faire croître en sainteté par la lutte en vue de Dieu contre ce qui est opposé à sa volonté ; c'est quelquefois la peine de fautes anciennes dont Dieu veut nous faire mesurer la gravité en nous faisant voir les longues traces qu'elles laissent ; c'est toujours une leçon d'indulgence pour le prochain, dont nous avons tant besoin étant si portés à la sévérité pour autrui. Courage, humilité, espérance. »

    Bx Charles de Foucauld, Lettre à Louis Massignon, in "L'aventure de l'amour de Dieu - 80 lettres inédites de Charles de Foucauld à Louis Massignon", ed. J.-F. Six, Paris, Le Seuil, 1993.

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  • Méditation : défauts et sanctification

    Comment nos défauts naturels peuvent servir à notre sanctification

    « Quand nous les combattons généreusement, ils peuvent nous être très utiles, en devenant pour nous des occasions de mérite et de sanctification ; en ce sens, on peut dire que nos défauts naturels nous conduisent au ciel plus sûrement, je ne dis pas que nos vertus, mais que nos bonnes qualités, lesquelles, bien souvent, nous inspirent une funeste confiance en nous-mêmes.
    Saint Augustin le disait jadis aux fidèles d'Hippone : "Suivons le Christ et montons au ciel après lui, au moyen même de nos défauts et de nos mauvais penchants. Pourvu qu'on s'applique à les surmonter, pourvu qu'on les domine, on s'en fait un marchepied pour monter plus haut. Ils nous élèveront, si nous les tenons sous nos pieds ; et, par ce moyen, de nos défauts eux-mêmes nous nous faisons une échelle pour nous rapprocher de Dieu" (Serm. III, de Ascens.).
    Que le nombre, que la ténacité de ces défauts ne découragent donc personne ! A qui aime Dieu, tout tourne au bien (Rm, VIII). Ne nous lassons pas de combattre le vieil homme avec toutes ses misères ; car si nos mauvais penchants ne sont pas écrasés, ils nous écraseront (S. Bern., Serm. IV, de Ascens.). »

    Mgr de Ségur, La piété et la vie intérieure, IIe Traité, Le renoncement (IX), Tolra, Paris, s.d.

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  • Méditation : les tentations

    « Si l'on pouvait voir dans la tête d'un solide marin quelle figure y prend la tempête, on verrait qu'elle s'y inscrit non comme un danger, mais comme une série de manoeuvres à exécuter, comme un "Oh ! hisse !" Devant ses lions, un bon dompteur calcule et ne tremble pas. Dans tous les cas, la tranquillité est une protection, et par elle-même elle est une valeur.
    Le danger est beau. L'homme qui l'affronte avec une prudence virile a d'avance sur lui le reflet de la victoire. Comment vaincre sans ennemis ? Le lutteur, en nous, n'aurait alors plus d'emploi. Le bien est meilleur, chez celui qui a risqué le pire. L'exercice de notre force ne consiste qu'à discipliner nos faiblesses et à franchir l'obstacle extérieur : nous exonérer de ce souci ne serait-ce pas un désastre ?
    Oh ! que la tentation nous "éprouve" bien ! On ne fait connaissance avec le poids de son corps qu'à la montée d'une côte ou sur une pente vertigineuse : la lourdeur de notre âme et son insécurité, si nécessaires à expérimenter pour provoquer l'élan vers l'unique recours, ne sont ressenties de nous qu'aux flancs de la montagne mystique et devant ses précipices. Une tentation est bienvenue, si l'expérience de nous-mêmes s'y accroît, si notre humilité s'y approfondit et si, par une fuite qui est au vrai une ascension, nous sommes portés à l'unique but de l'existence. »

    A. D. Sertilanges, O.P., Devoirs - Dix minutes de culture spirituelle par jour, Fernand Aubier / Editions Montaigne, Paris, 1936.

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    (Photo du film "Den Perfekte Stormen" - Wolfgang Petersen, 2006)

  • Méditation : l'examen de conscience

    « Tous les saints et tous les maîtres de la vie spirituelle sont unanimes à présenter l'examen journalier de la conscience comme le moyen le plus efficace de corriger les défauts et d'avancer dans les vertus. Les philosophes païens eux-mêmes prescrivaient à leurs disciples de s'examiner chaque jour sur ces trois points : Qu'ai-je fait ? comment l'ai-je fait ? Qu'ai-je omis de faire ? C'est qu'effectivement, sans cet examen bien fait chaque jour, on ne se connaît pas. Il y a en nous des vices si déguisés, des dérèglements si cachés, des désordres si subtils, qu'on ne les aperçoit qu'à force de réflexions sérieuses. Il en est de l'âme qui ne s'examine pas ou qui s'examine mal, comme d'une vigne tombée en friche, qui, faute d'être cultivée, se couvre de ronces et d'épines. [...] Faute d'examen, les vices croissent dans l'âme, et les vertus en disparaissent ; sans qu'on le remarque, l'état de la conscience va toujours s'empirant ; et telle est l'ignorance où l'on est de soi-même, qu'on ne le soupçonne même pas. L'âme s'assoupit, perd sa force, ne se tient plus en garde contre les tentations et les occasions dangeureuses ; et, dans cet état, elle touche à sa perte. Avec l'examen journalier, au contraire, on remarque ses manquements et on les répare ; on se dit chaque soir : "J'ai fait telle faute aujourd'hui, je m'en corrigerai demain ; j'observe dans mon coeur telle mauvaise inclination, je vais la combattre." Chaque jour on se dit : "J'aurai ce soir à me rendre compte de l'emploi de mon temps, de ma fidélité à la grâce", et cette pensée éveille la vigilance, excite l'attention et empêche les mauvaises habitudes de se former. De plus, la vue de ses misères, que l'examen journalier tient sans cesse devant les yeux, conserve l'humilité, éloigne la présomption, dispose à bien se confesser par une connaissance plus claire de ses fautes. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Mercredi de la première semaine de Carême), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • 13 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « L'histoire sacrée rapporte que, jadis, le peuple hébreu et toutes les tribus d'Israël, accablés à cause de leurs péchés sous la lourde oppression des Philistins, s'astreignirent, pour pouvoir vaincre leurs ennemis, à un jeûne qui renouvela à la fois les forces de leur âme et celles de leur corps. Ils avaient, en effet, compris que le mépris des commandements de Dieu et leurs moeurs corrompues leur avaient mérité cette dure et misérable servitude et qu'ils combattaient en vain les armes à la main s'ils ne commençaient par faire la guerre aux vices. Ils s'imposèrent donc la punition d'une sévère pénitence en s'abstenant de manger et de boire ; et, afin de triompher de leurs ennemis, ils triomphèrent d'abord en eux-mêmes des appels de la gloutonnerie. Ainsi arriva-t-il que des adversaires redoutables et des maîtres impitoyables prirent la fuite devant des hommes affamés qu'ils avaient soumis, rassasiés, à leur joug.
    Nous aussi, bien-aimés, avons à faire face à mille adversités et à mille combats ; si nous voulons recourir à semblables remèdes, nous serons guéris par semblable discipline. Notre situation est à peu de chose près celle qui fut la leur : ils subissaient les violentes attaques d'adversaires charnels, comme nous subissons les violentes attaques d'ennemis spirituels. Si la réforme de nos moeurs, obtenue par l'aide de Dieu, nous fait triompher de ces derniers, la force aussi de nos ennemis visibles succombera ; ils seront affaiblis par notre amendement même, car, s'ils avaient acquis quelque pouvoir sur nous, c'était grâce à nos fautes et non par leurs mérites.
    Dans ces conditions, bien-aimés, afin d'être assez forts pour vaincre tous nos ennemis, recherchons le secours divin en obéissant aux commandements célestes, et sachons bien que nous ne pourrons prévaloir sur nos adversaires qu'après avoir prévalu sur nous-mêmes. [...] Il n'y a pour l'homme de vraie paix et de vraie liberté, que lorsque son corps est soumis à l'âme comme à son juge, et l'âme conduite par Dieu comme par son supérieur. »

    Saint Léon le Grand, Premier sermon sur le Carême (XXXIX - 1-2), in Sermons Tome II, Trad. Dom René Dolle, SC49, Editions du Cerf, Paris, 1957.