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  • Méditation : De la grâce

    « La grâce, c'est Dieu devant l'âme et demandant à entrer ; c'est Dieu dans l'âme pour y promouvoir et y diviniser toutes les formes de la vie ; c'est Dieu liant l'âme au prochain de l'amour même qui unit cette âme à lui, Dieu, et c'est ainsi Dieu nous menant tous, consentants et coopérants, à la vie éternelle.

    Il y a dans ce fait, est-il besoin de le dire, un immense objet d'espoir ; il y a aussi un objet de crainte ; car ainsi que dit Corneille : « les grâces du ciel que l'on repousse ouvrent un chemin à la foudre. » Au mieux, elles rendent inutile tout ce qui sans elles prétend s'accomplir. « Ce que Dieu n'a pas fait en toi, il le compte pour rien », écrit Tauler. Mais ce n'est pas une raison de perdre espoir. Désespérons de nous-mêmes, et dans une mesure encore beaucoup plus grande espérons en Dieu. Celui qui ne désespère pas de lui-même a les meilleures raisons de désespoir ; le chrétien en est sauf ; il a au dedans, et il le sait, un Esprit plus fort que sa faiblesse et qui peut tout surmonter, parce que c'est lui qui crée tout.

    Gardons-nous donc d'opposer jamais à la grâce nos étonnements et de lui offrir un visage morose. Attendons de la comprendre ; accueillons-la de confiance avec amitié, avec reconnaissance, avec une pleine foi. Accueillons de même ses délaissements apparents, ces abandons qui sont parfois notre pire épreuve. Quand Jésus pose la main sur notre épaule, on ne sent plus les autres fardeaux ; quand il s'éloigne et se tait, tout pèse et le chemin montant ne paraît plus praticable. Espérons ! La grâce est mystérieuse comme Dieu, comme notre âme et comme notre vie. Dans le mystère même le travail humain et surhumain peut se produire, le résultat peut venir et la joie indéfectible germer. »

    R.P. A. D. Sertillanges O.P. (1863-1948), Devoirs (LXIV), Fernand Aubier, Éditions Montaigne, Paris, 1936.

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  • Méditation : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2 Cor 12, 10)

    « Pour prêcher les vérités de la foi avec un véritable succès, pour les mettre soi-même en pratique, il faut le secours de la grâce de Dieu. Notre intelligence ne suffit pas, notre volonté non plus. Il n'y a qu'à se regarder soi-même avec loyauté, pour en être convaincu. Aussi, Jésus enseigne ce que nous devons faire pour obtenir le secours nécessaire à notre faiblesse intellectuelle et morale : la prière :

    « Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et on vous ouvrira. Car quiconque demande, reçoit, et celui qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira. Quel est l'homme parmi vous auquel son fils demandera du pain, et qui lui donnerait une pierre ? Ou si encore il demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent ? Si donc vous, méchants comme vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera de bonnes choses à ceux qui le prient. »

    Nous n'avons plus rien à craindre de notre faiblesse. Elle est même, pour nous, par la prière, notre plus grande force, car elle met entre nos mains la force de Dieu. Mais pour acquérir cette force de Dieu, il faut la demander humblement, instamment. Il faut surtout avoir en soi la conviction profonde et très sincère, que l'on ne peut rien par soi-même. Alors, nous pouvons tout, comme dit saint Paul, en celui qui nous fortifie. La puissance divine passe en nos mains. Rien n'est impossible à Dieu, ainsi quand on est convaincu de sa propre impuissance, c'est l'heure de la puissance de Dieu. Qui le sait et le met en pratique peut tout, obtient tout. Et jamais on n'est plus sûr du succès qu'en demandant à Dieu une chose qu'il est impossible à soi-même d'obtenir. Demandez, et vous recevrez. Le Père céleste attend votre prière confiante pour vous accorder l'impossible. »

    R.P. Mortier, o.p., L’Évangile - Simples commentaires pour la vie chrétienne (LVI), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer et Cie, Lille - Paris - Bruges, 1925.

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  • Méditation : En présence de Dieu

    « Ne vous êtes-vous pas déjà posé cette question : Comment se fait-il que je ne deviens pas meilleur, que je ne monte pas en sainteté, alors que, par ailleurs, je crois pouvoir dire que je n'offense pas le Bon Dieu et que je fais sa volonté ? Vous pourriez sans doute répondre comme tel religieux : C'est que j'agis d'une façon quelconque, un peu négligemment, ne mettant pas dans mes actions tout ce que je pourrais y mettre de pureté d'intention, d'amour, de générosité. C'est en un mot parce que je ne vis pas assez sous le regard de Dieu.

    Et c'est bien vrai ! Si nous agissions en présence de Dieu, nous voudrions toujours Lui faire plaisir.

    N'en est-il pas ainsi dans l'ordre humain ? Le fiancé sous le regard de sa fiancée, le soldat en présence d'un chef aimé ne donnent-ils pas tout ce dont ils sont capables ? De même, nous donnerons à nos actions toute leur valeur, nous y mettrons le maximum de délicatesse, si nous vivons en présence de ce Dieu qui nous regarde et qui nous aime. D'autant que Dieu, voyant nos dispositions, nous offre sa grâce avec abondance pour sanctifier nos actions (part de Dieu, part de l'homme).

    Ainsi pourrons-nous combattre efficacement la routine et la médiocrité. Nous expérimenterons que, si nous pensons à Dieu, nous vivons pour Lui, mais que, si nous ne pensons pas à Lui, nous vivons pour nous, selon cette parole de Notre-Seigneur à une âme : « Quand tu penses à Moi, tu vis pour Moi ; quand tu ne penses pas à Moi, tu vis pour toi. » »

    Dom Godefroid Bélorgey (1880-1964), Sous le regard de Dieu - Initiation à la vie intérieure (ch. III, Art. II, I. Regard Sanctifiant), Éditions du Cerf, Paris, 1946.

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  • Méditation : Jésus-Hostie, ma lumière

    « Jésus-Eucharistie, ma lumière.
    Oui, il est la grande lumière qui éclaire tout homme qui vient au monde ; - qui illumine les âmes qui veulent le suivre ; il est leur soleil intérieur. - Oh ! ce n'est qu'aux pieds de Jésus-Hostie que les saints trouvaient ces grandes vérités, ces rayons de clarté, cette science de Dieu, si précieuse et si rare !
    Jésus en l'Eucharistie est toujours le bon Maître qui instruit l'âme fidèle, lui révèle avec douceur sa misère et son néant ; - lui montre la vérité sans discussion, sans nuage, sans effort ; - lui manifeste avec amour sa sainte volonté, son bon plaisir sur elle. - Oh ! comme cette parole intérieure pénètre le plus intime de l'âme ! comme l'âme est délicieusement saisie de la beauté de la vérité, de la présence de Jésus, de sa divinité, de sa bonté.
    C'est Madeleine aux pieds de Jésus, éclairée de sa grâce. - c'est saint Jean endormi sur le Cœur de Jésus, y puisant la science, la douceur de la sainte dilection.
    O Jésus, soyez ma lumière, ma nuée lumineuse dans ce désert, mon unique Maître : je n'en veux pas d'autre !
    Soyez mon unique science : hors de vous, tout n'est rien pour moi. Parlez-moi comme aux disciples d'Emmaüs : que mon cœur prenne feu en vous écoutant ! »

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, IIIe Série, Quatrième Retraite (Sixième jour, IIIe méditation, I), Paris, Poussielgue Frères, 1873.

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    (Crédit photo)

  • Méditation : Précipitamment ou paisiblement ?

    « La nature est prompte, brusque, impétueuse et ardente en ce qu'elle désire, d'autant que la passion, qui est son guide, et dont le mouvement est de soi nécessaire, et non point libre, est ainsi faite. Omne vitium praeceps est, dit le chancelier de Paris : Tout vice est précipité et étourdi, même celui de la paresse qui va trop lentement en besogne, parce que tout vice est le défaut d'un esprit qui ne considère pas assez les choses. La grâce au contraire est retenue et considérée : Desiderium Justorum omne, dit Salomon, bonum est ; praestolatio impiorum furor (1), et comme traduit Vatable, Indignatio, excandescentia : Tous les désirs des justes sont bons, non seulement à raison de la matière et de l'intention, mais encore à cause de la façon, parce qu'ils ne sont point trop pressants ; ils ne sont ni trop chauds ni trop froids : tandis que ceux des pécheurs sont toujours brûlants ; ils ne sauraient attendre si on ne fait aussitôt ce qu'ils veulent ; ils se fâchent, ils tempêtent, ils entrent en fureur. Omnia tempus habent (2), dit le même : Chaque chose a son temps propre et déterminé ; celle que vous souhaitez n'est pas dans sa maturité ; son temps n'est pas encore venu ; donnez-vous un peu de loisir, l'impétuosité gâte tout.

    Da spatium tenuemque moram, male cuncta ministrat impetus.
    "Attends, diffère un moment : la précipitation est un guide funeste."
    Publius Papinius Statius (c.40-c.96), Thebais, X, 703.

    Comme nous voyons qu'en la montre d'une horloge, où toutes les heures du jour sont marquées, l'aiguille marche de l'une à l'autre sans se presser ni courir, mais posément et avec ordre ; nous devons faire de même aux actions de notre journée et de notre vie. Et pour prendre un exemple bien plus illustre, le décret en vertu duquel Dieu a créé le monde, a précédé d'une éternité toute entière son exécution, sans que Dieu se soit hâté d'un moment de le mettre en effet, mais attendant doucement et paisiblement l'heure qu'il avait résolue pour ce grand ouvrage. La grâce nous enseigne d'agir de la même sorte. »

    1. Prov. 11, 23. - 2. Eccl. 3, 1.

    P. J.-B. Saint-Jure s.j. (1588-1657), L'Homme spirituel où la vie spirituelle est traitée par ses principes (Chap. III Sect. XIV), Tome Premier, Nouvelle édition, Lyon, Pélagaud, Lesne et Crozet, 1836.

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  • Méditation : Jésus, donnez-moi à boire !

    « Tandis que Dieu me poursuit de ses invitations, mon âme, peut-être, ressemble à la terre aride dont parle le Psalmiste : Mon âme, comme une terre aride, desséchée, soupire après vous (1). Quand répondra-t-elle à l'invitation de Notre-Seigneur, qui crie à tous les hommes : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive... Comment se fait-il que j'entende de pareils appels, que j'aie tout près de moi de quoi étancher ma soif, et que je puise si rarement, si négligemment à cette source divine (2) ?

    Jésus, je vous demande à boire : donnez-moi cette eau vitale. Donnez-moi la foi, l'espérance et la charité, non pas pauvrement, comme des sources qui suintent à peine, mais largement comme des sources bien jaillissantes. Donnez-moi l'eau de votre grâce, afin que mon âme soit lavée, calmée, fécondée. Si l'eau de la terre lave, purifie, si elle arrose et féconde les jardins, si elle calme un instant la soif du corps, que ne fera pas cette eau spirituelle dans mon âme ! Qu'elle jaillisse de votre sainte Passion, qu'elle jaillisse de votre Croix, qu'elle jaillisse en moi de votre Cœur et de vos plaies ; qu'elle jaillisse de votre sainte Eucharistie, de tous vos sacrements et de votre parole divine ; qu'elle jaillisse en moi par Marie, qui est le canal de la divine grâce, Mater divinae gratiae, et que mon âme attentive et avide s'y abreuve, afin qu'elle n'ait plus à venir puiser au puits de Jacob, au puits des frivoles satisfactions et affections humaines (3)... »

    1. Ps 142, 6. - 2. Voir Sauvé, La Sainte Trinité, pp. 185-186. - 3. A. Chometon s.j., Le Christ, vie et lumière, p. 107.

    P. J.-B. Gosselin s.j., Sujets d'Oraison pour tous les jours de l'année, Tome V (12), 2ème édition revue et augmentée, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1947.

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  • Méditation : La seule vraie richesse

    « Cherchez donc d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. Ce qu'il nous est permis, ce qu'il nous est même ordonné de rechercher avec ardeur, ce qui doit être l'objet de notre sollicitude la plus active, de nos désirs les plus vifs, de nos travaux les plus empressés, ce sont les biens célestes. Ce sont ceux-là qui forment notre richesse véritable, tous les autres ne sont que des biens imaginaires ; notre richesse assurée, Dieu ne la refuse jamais à l'ardeur de notre poursuite ; notre richesse impérissable, elle ne mourra pas même avec nous ; et quand nous serons dépouillés de tout le reste, ce sera alors qu'elle commencera à faire notre bonheur suprême. Déplorable interversion de morale et d'intérêt ! Tout de feu pour acquérir les biens de la terre, nous sommes tout de glace pour obtenir ceux du ciel. Nous recherchons avec activité, et dans une agitation continuelle, ce qui doit nous perdre ; et ce qui seul pourrait nous rendre infiniment et éternellement heureux, loin d'être l'objet de nos travaux, l'est à peine de nos désirs, et l'est rarement de nos pensées. Sortons de ce funeste égarement. Occupons-nous de ce qui seul est digne de nous occuper, du royaume de Dieu et de sa justice ; du royaume de Dieu qui est notre terme ; de la justice de Dieu qui en est la route ; du royaume où nous serons couronnés ; de la justice par laquelle nous y parvenons. Travaillons maintenant à acquérir la justice, pour arriver un jour au royaume. Dieu soutiendra nos efforts, et nous accordera, selon sa promesse, la grâce dans ce monde, et la gloire dans l'autre (1). »

    1. Gratiam, et gloriam dabit Dominus. Ps LXXIII, 12.

    C.G. de La Luzerne, Explication des Évangiles des Dimanches, Tome III (Évangile du quatorzième dimanche après la Pentecôte), Cinquième édition, Paris, Méquignon Junior, 1829.

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  • Méditation : « Que fais-tu de ta vie ? »

    « Telle est la première règle de ceux qui agissent :
    crois en Dieu
    comme si tout le cours des choses dépendait de toi,
    en rien de Dieu.
    Cependant mets tout en œuvre en elles,
    comme si rien ne devait être fait par toi,
    et tout de Dieu seul. » (*)

    Maxime extraite des Scintillae Ignatianae (1705) de Gábor Hevenesi (1656-1715), jésuite hongrois.


    « « Qu'as-tu fait de ta vie ? » voilà ce que Dieu me demandera. « Que fais-tu de ta vie ? » voilà ce qu'à toute heure me demande ma conscience. La question se pose aussi dans les termes suivants : « Ta vie est-elle manquée ? ou bien ta vie est-elle réussie ? » et non point suivant les jugements du monde, mais suivant les jugements de Dieu. Or, aux yeux de Dieu, est manquée toute vie qui se traîne dans la souillure, toute vie qui ne progresse pas dans le bien, toute vie qui ne porte aucun fruit de salut pour les autres ; est réussie, au contraire, toute vie qui a lutté pour se déprendre de la fange, toute vie qui s'est élevée vers plus de dignité par le travail moral, toute vie qui s'est dépensée et s'est rendue utile par le dévouement. Qui ne gémirait d'avoir manqué sa vie ? Qui n'ambitionnerait de réussir sa vie devant sa conscience et devant Dieu ?
    Or l'expérience journalière montre que le succès ou l'échec de la vie dépend moins de la grâce de Dieu qui est donnée à tous dans la mesure qui convient, que de la volonté, qui existe chez quelques-uns et qui manque chez le plus grand nombre.
    En effet, si je considère les hommes dont la vie a réussi au sens le plus chrétien du mot, qui ont fait de leur vie quelque chose de pur, de noble et d'utile, je découvre sans peine chez eux tous les éléments de la volonté : ils ont de bonne heure résolu d'être bons, et ils en ont pris les moyens. Ils ne se sont pas laissés gouverner par les circonstances ; mais ils ont adapté les circonstances à la réalisation de leur plan de vie. Ils n'ont pas été sans passion ; mais ils ont triomphé de leurs passions. La tentation s'est rencontrée sur leur chemin ; mais ils ont vaincu la tentation. Ils ne pouvaient pas, sans travail, se créer une carrière ; ils ont accepté et vaillamment porté le labeur. Quand ils se sont sentis inférieurs à leur tâche, ils ont invoqué le Dieu qui soutient les mains débiles. Ils ont été des hommes décidés, agissants, persévérants : leur volonté leur a valu le succès.
    Si, au contraire, j'observe quels sont les hommes dont la vie a échoué, dont l'existence a été sans honneur ou sans portée, sans joie et sans fruit, basse ou banale et stérile, il est évident que ce n'est pas la grâce de Dieu qui leur a fait défaut, mais la volonté qui leur a manqué. Ou bien ils n'ont jamais su vouloir ; ou bien, s'ils ont eu de bons mouvements, ils ne les ont pas suivis ou n'y ont pas persévéré. Les uns, timides ou lâches, n'ont jamais osé regarder en face les difficultés et se sont couchés devant toute barrière à franchir. D'autres, violents ou impressionnables par nature, n'ont jamais dompté leurs emportements ou leurs susceptibilités, et ont été perdus par les dispositions même qui pouvaient les sauver. D'autres enfin, ternes, apathiques, au lieu de secouer la langueur de leur tempérament, se sont endormis dans une paresseuse inertie. Tous ont été sollicités au bien par la grâce de Dieu ; mais cette grâce exigeait d'eux des efforts de volonté ; faute de volonté, leur vie s'est dévoyée ou annihilée. »

    J. Guibert, Retraite spirituelle, Douzième méditation (II), Paris, Librairie Vve Ch. Poussielgue, 1909.

    (*) : Maxime souvent déformée en "Agis comme si tout dépendait de toi, prie comme si tout dépendait de Dieu" et faussement attribuée à St Ignace de Loyola, y compris par Pedro de Ribadeneira, in "La vie de saint Ignace de Loyola" (Cf. Angélus de Benoît XVI du Dimanche 17 juin 2012).

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  • Méditation : Aimer Jésus-Christ

    « Que faut-il faire pour aimer J.-C. ? L'aimer. Méditez cette réponse pour la bien comprendre et en profiter. Lorsque l'âme est dans un état de sécheresse, il faut toujours répéter à Dieu qu'on l'aime, malgré l'apparente contradiction qu'il y a entre la parole et le sentiment. On doit agir d'après la grâce et non d'après le sentiment. C'est la grâce qui fait exprimer les actes d'amour. L'absence du sentiment fait croire que l'on formule une fausseté ; toutefois on a remporté une victoire, acquis un mérite devant Dieu en obéissant à la grâce et surmontant la répugnance naturelle à ces actes.

    L'amour de J.-C. ne se prouve pas par des sentiments affectueux, mais par les œuvres. Cette doctrine n'est pas des hommes, mais de N.-S. lui-même : « Celui qui m'aime garde mes commandements. » D'abord garder les commandements en fuyant tout péché mortel ; puis en évitant tout péché véniel délibéré, et enfin en tâchant de diminuer ceux mêmes qui sont involontaires, c'est le partage de ceux qui aspirent à être parfaits. Quelle est la récompense promise à cette fidélité ? N.-S. ajoute : « Celui qui garde mes commandements m'aime ; mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure. » Ce ne sera pas une visite passagère, mais stable. Notre cœur deviendra le sanctuaire de Dieu. Voilà la récompense promise aux œuvres, à la fidélité à garder les commandements. Elle ne l'est pas au sentiment indépendant de notre volonté, qu'il ne tient pas à nous d'éprouver ; au lieu qu'il dépend de nous d'agir suivant la volonté de Dieu. »

    [P. Eusèbe Godfroy s.j.] Avis spirituels pour servir à la sanctification des âmes, Tome I (CCC), Vingt-et-unième édition, Paris, Ancienne Maison Ch. Douniol, P. Téqui, 1906 (1ère éd. 1861).

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  • Méditation : Prière à la Sagesse divine

    « Divine Sagesse, de qui procèdent toutes les œuvres par lesquelles nous pouvons être agréables à Dieu, venez en nous ; agissez en nous, demeurez en nous, prenez racine dans notre cœur, afin de nous faire porter des fruits de salut ; conduisez-nous à vous par vous-même, puisque vous n'êtes pas seulement la voie par laquelle nous devons marcher, mais encore le terme où nous devons tendre, et la vie bienheureuse que nous devons espérer. Et vous, Vierge sainte, apprenez-nous par votre exemple, à être les temples spirituels de cette divine Sagesse, en lui rendant, comme vous, le culte intérieur d'une charité humble et fervente, en lui soumettant notre esprit et notre cœur, en renonçant à nous-mêmes, pour n'être plus éclairés, conduits, poussés et animés que par elle. Vous êtes maintenant affranchie des liens et des faiblesses de cette vie ; vous vivez et régnez dans le Ciel avec celui que vous avez enfanté et servi sur la terre ; vous êtes élevée comme les cèdres et les cyprès dans la bienheureuse Sion, au-dessus même des Esprits célestes ; vous recevez dans le sein de Dieu la récompense des humiliations et des croix que vous avez portées aux yeux des hommes : obtenez-nous par votre puissante intercession la grâce d'être de dignes membres de Jésus-Christ votre Fils, par l'observation fidèle de sa loi, et par la participation de sa gloire. »

    [Louis de Bonnaire (1679-1752)] La Religion chrétienne, méditée dans le véritable esprit de ses maximes, Tome 6 (15 août), Paris, Chez Froullé, Libraire, 1784.

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    Rubens (1577-1640), Assomption de la Divine et Sainte Vierge Marie (détail)

  • Méditation : Jésus, Fin désirée

    « Le but de tous nos désirs est la béatitude qui se définit « l'état résultant de la réunion de tous les biens ». Or personne ne parvient à cet état, si ce n'est par l'union suprême à Celui qui est la source et l'origine des biens tant naturels que gratuits, corporels et spirituels, éternels et temporels. C'est Celui qui dit de lui-même : « Je suis l'alpha et l'oméga, le principe et la fin. »

    De même en effet que le Verbe éternellement proféré produit toutes choses, de même le Verbe incarné répare, élève et achève toutes choses ; c'est pourquoi il fut nommé vraiment en toute exactitude « Jésus, car il n'est point d'autre nom donné aux hommes sous le ciel », par lequel on puisse obtenir le salut.

    Je crois et j'espère en vous, Jésus tant désiré, comme en la fin de toutes choses. Je vous aime « de tout mon coeur, de tout mon esprit, de toute mon âme, de toutes mes forces ». Que je sois donc transporté en vous, car vous seul suffisez, vous seul sauvez, vous seul êtes bon et suave à qui vous cherche et « aime votre nom ».

    « Vous êtes en effet, ô mon bon Jésus, le rédempteur de ceux qui étaient perdus, le sauveur de ceux qui avaient besoin d'être rachetés, l'espoir des exilés, la force de ceux qui travaillent, la douce consolation des esprits inquiets, la couronne et le trône impérial des vainqueurs, l'unique récompense et la joie de tous les habitants du ciel, l'illustre Fils du Dieu suprême, le fruit sublime d'un sein virginal, la fontaine surabondante de toutes les grâces et tous nous avons reçu de votre plénitude ». »

    St Bonaventure, La Triple Voie, II. L'Illumination, 2. L'Arbre de Vie (48), in "Les Maîtres de la Spiritualité chrétienne", Saint Bonaventure, Aubier, Paris, 1943.
    (A suivre demain)

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    Christ Pantocrator, Abside de la Basilique San Miniato al Monte, Florence, Italie

  • Méditation : "Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes"

    « Songe, ô mon âme, à cet amour éternel, et combien Jésus a raison de dire : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes ». Cœur de chair, il est vrai, ce Cœur de Jésus fut mortel et frêle ; il fut transpercé d'un coup de lance ; mais il est le symbole d'un amour infini et éternel : en contemplant l'un, j'adore l'autre ; telle est la dévotion au Sacré-Cœur. Déjà dans sa réalité charnelle, ce Cœur est adorable parce qu'il est divin ; mais que vaut à nos yeux un cœur, sinon par l'amour qui l'anime ? S'il n'en est peut-être par l'organe, il en est et reste du moins l'emblème. Double objet, mais inséparable, de la même dévotion ; vouloir séparer l'un de l'autre, c'est ignorer le Sacré-Cœur.

    O Jésus ! puis-je dire avec sainte Chantal et saint Augustin, que vous avais-je donc fait, pour que vous m'aimiez de toute éternité et que de toute éternité j'eusse place dans votre Cœur ? Amour trop tard connu, trop tard aimé, enfermez mon cœur dans le vôtre pour qu'il vous soit désormais fidèle et rachète le temps perdu : il en a si peu à vous rendre pour votre éternité d'amour !

    "Père éternel, je vous offre l'amour embrasé et les désirs ardents du Cœur de Jésus, votre Fils bien-aimé, pour suppléer à l'aridité et à la froideur de mon chétif cœur." (Louis de Blois)

    "O Dieu tout-puissant et éternel, regardez le Cœur de votre Fils bien-aimé. Voyez l'hommage de réparation qu'il vous offre pour les pécheurs ; et quand ceux-ci se tournent vers vous pour demander miséricorde, laissez-vous toucher, faites-leur grâce, au nom de ce même Fils Jésus-Christ, qui vit et règne avec vous dans l'unité du Saint-Esprit, Dieu, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il." (Oraison des Litanies) »

    J.B., Messager du Cœur de Jésus, Janvier 1903.

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  • Méditation : la docilité à la conduite du Saint-Esprit

    « Les principaux moyens d'arriver à cette direction du Saint-Esprit sont les suivants :

    1) Obéir fidèlement aux volontés de Dieu, que nous connaissons déjà ; il y en a plusieurs que nous ne connaissons pas, car nous sommes tout pleins d'ignorance. Mais Dieu ne nous demandera compte que des connaissances qu'il nous aura données ; faisons-en un bon usage ; il nous en donnera de nouvelles. Accomplissons ce qu'il nous a déjà fait connaître de ses desseins, et il nous manifestera ensuite les autres.

    2) Renouveler souvent le bon propos de suivre en toutes choses la volonté de Dieu, et nous affermir en cette résolution autant qu'il est possible.

    3) Demander sans cesse cette lumière et cette force du Saint-Esprit pour accomplir les volontés de Dieu, nous lier au Saint-Esprit et nous tenir attachés à lui, comme saint Paul qui disait aux prêtres d'Ephèse : Etant lié par le Saint-Esprit, je m'en vais à Jérusalem ; surtout au changement des actions les plus importantes, demander à Dieu la lumière du Saint-Esprit et lui protester sincèrement que nous ne désirons autre chose que de faire sa volonté. Après quoi, s'il ne nous donne point de nouvelles lumières, nous ferons [comme] auparavant, ce que nous avons accoutumé de faire et ce qui nous semblera pour lors le meilleur.
    C'est pour cela qu'au commencement des grandes affaires, comme à l'ouverture des parlements, des assemblées du clergé, des conciles, on demande l'assistance du Saint-Esprit par des messes votives qu'on dit en son honneur.

    4) Remarquer exactement les divers mouvements de notre âme. Par cette diligence, nous viendrons peu à peu à reconnaître ce qui est de Dieu et ce qui n'en est pas. Ce qui vient de Dieu dans une âme soumise à la grâce est ordinairement paisible et tranquille. Ce qui vient du démon est violent et porte avec soi le trouble et l'anxiété. »

    Louis Lallemant s.j. (1587-1635), La doctrine spirituelle, Lecoffre-Gabalda, Paris, 1921.

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  • Méditation : « L'Esprit de vérité vous fera accéder à la vérité tout entière »

    « Si ta nature hésite devant les mystères trop profonds de la foi, dis sans crainte, non pour t'opposer, mais avec le désir d'obéir « Comment cela arrivera-t-il ? » (Lc 1,34). Que ta question soit une prière, qu'elle soit amour, piété, humble désir. Qu'elle ne scrute pas avec hauteur la majesté divine, mais qu'elle cherche le salut dans les moyens de salut du Dieu de notre délivrance. Alors l'Ange du grand Conseil te répondra : « Lorsque viendra le Consolateur que je vous enverrai du Père, il rendra témoignage de moi et vous enseignera toutes choses ; toute vérité vous viendra de l'Esprit de vérité » (cf. Jn 15,26 ; 14,26 ; 16,13). « Qui donc connaît les secrets de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même, nul ne connaît les secrets de Dieu, sinon l'Esprit de Dieu » (1 Co 2,11).

    Hâte-toi donc de communier à l'Esprit Saint. Il est là dès qu'on l'invoque ; on ne l'invoque que s'il est déjà présent. Appelé, il vient ; il arrive dans l'abondance des bénédictions divines. C'est lui le fleuve impétueux qui réjouit la cité de Dieu (Ps 46,5). Lors de sa venue, s'il te trouve humble et sans inquiétude, tremblant à la parole de Dieu, il reposera sur toi et te révélera ce que Dieu le Père cache aux sages et aux prudents de ce monde (Mt 11,25). Alors commenceront à briller pour toi toutes ces choses que la Sagesse pouvait, alors qu'elle était sur terre, dire aux disciples, mais qu'ils ne pouvaient porter avant la venue de l'Esprit de vérité qui leur enseignerait toute vérité.

    Pour recevoir et apprendre cette vérité, il est vain d'attendre de la bouche d'un homme ce qu'il n'a pu recevoir ni apprendre des lèvres de la Vérité elle-même. Car, selon l'affirmation de cette Vérité, « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ; et, de même que ceux qui l'adorent doivent nécessairement l'adorer en esprit et en vérité, de même, ceux qui désirent le connaître ou le comprendre ne doivent chercher qu'en l'Esprit Saint l'intelligence de la foi, et le sens de cette vérité pure et sans mélange. Parmi les ténèbres et l'ignorance de cette vie, il est lui-même pour les pauvres en esprit, la lumière qui éclaire, la charité qui attire, la douceur qui charme, l'amour de celui qui aime, la tendresse de celui qui se livre sans réserve. C'est lui qui, de conviction en conviction, révèle aux croyants la justice de Dieu ; il donne grâce pour grâce et, pour la foi « qui vient de ce que l'on entend » (Rm 10,17), l'illumination. »

    Guillaume de Saint-Thierry, Le miroir de la foi, Sources Chrétiennes n° 301, Le Cerf, 1982, & Trad. M.-M. Davy, Paris, Vrin, 1959.

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  • Méditation : le Paraclet, vivant Amour

    « Mon Dieu, je Vous adore comme la troisième Personne de la Bienheureuse Trinité, sous le nom d'Amour, qui Vous désigne. Vous êtes le vivant amour dont s'aiment le Père et le Fils, et Vous êtes l'auteur de l'amour surnaturel dans nos cœurs - Fons vivus, ignis, caritas. Vous êtes descendu du ciel sous la forme d'un feu au jour de la Pentecôte ; et toujours comme un feu, Vous brûlez dans nos cœurs les scories de la vanité et du péché, et Vous y allumez la pure flamme de la dévotion et des saintes affections. C'est Vous qui unissez le ciel et la terre en nous montrant la gloire et la beauté de la nature divine et en nous faisant aimer ce qui est en soi-même si transportant et plein d'attraits. Je Vous adore, ô feu éternel et incréé, par lequel vivent nos âmes, par lequel elles sont rendues dignes du ciel.
    [...]
    Mon très saint Seigneur et Sanctificateur, tout bien qui existe en moi est à Vous. Sans Vous, je serais pire et pire encore avec les années et je tendrais à devenir un démon. Si je diffère du monde en quelque manière, c'est parce que Vous m'avez choisi et tiré du monde et que Vous avez allumé l'amour de Dieu dans mon cœur. Si je diffère de vos saints, c'est parce que je ne demande pas assez ardemment votre grâce, ni une grâce assez grande et parce que je ne profite pas diligemment de celle que Vous m'avez donnée. Augmentez en moi cette grâce de l'amour, malgré toute mon indignité.
    Elle est plus précieuse que tout au monde. Je l'accepte en place de tout ce que le monde peut me donner. Oh ! donnez-la-moi ! elle est ma vie ! »

    Bx John Henry Newman (1801-1890), Méditations et Prières, Trad. Marie-Agnès Pératé, Lecoffre-Gabalda, Paris, 1934

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  • Méditation : La Pentecôte toute proche

    « Vous montez en gloire, Seigneur Jésus, vous nous le répétez aujourd'hui : "Je m'en vais" (italiques) à mon Père, dites-vous, je m'élève en ses profondeurs infinies ; mais c'est pour vous, mes petits enfants. Je ne veux pas vous laisser orphelins ; je vais revenir à vous, et votre cœur sera dans la joie. (1)
    Revenez, Seigneur Jésus, je vous appelle, je vous attends. Revenez à moi, "en votre Consolateur, en l'Esprit de Vérité qui procède du Père et qui sera en moi votre témoin. (2)
    En attendant, je reste au ciel, le cœur en haut, tout appliqué à vous porter ma volonté ; tout appliqué à vous servir avec un cœur sincère (3), c'est-à-dire, détaché, purifié, tout entier sorti de lui-même.
    Mon cœur ainsi vous parle ; il vous dit un amour qu'il pratique ; il entre dans vos vues, dans vos desseins, dans vos désirs. Rivé à votre amour, il ne veut plus que ce que vous voulez ; de la sorte, vous l'entraînez au Sein du Père où vous habitez vous-même.
    Revenez, Seigneur Jésus, avec votre Esprit d'Amour ; nous l'appelons, nous l'attendons, nous voulons en faire l'hôte de nos âmes, afin qu'il nous enseigne toute la Vérité que vous êtes, et que notre joie se fasse pleine.
    La grande joie que celle qui nous adviendra en cette Pentecôte toute proche, lorsque nous éprouverons l'effet de votre Oraison. Seigneur Jésus ! Lorsque s'épanchera, en langues de feu, sur nos âmes, toute la vertu de votre Esprit ; et qu'elles se sentiront ivres du vin de Dieu, de l'Amour qu'Il est !
    Mon Dieu, préparez mon âme à cette ivresse. Purifiez-la de tout amour profane ; donnez-lui la vigueur de la grâce surnaturelle (4) qui renverse tous les obstacles, toutes les barrières s'opposant à cette effusion de l'Esprit.
    Je vous regarde, Seigneur Jésus, je vous regarderai toujours ; je plonge mon regard dans votre regard. Que ces deux regards se rencontrent toujours, créent l'étincelle de Feu qui doit me consumer. »

    1. Alleluia. - 2. Evangile. 3. Collecte. - 4. Secrète.

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour - Temps Pascal, Pentecôte (Dimanche après l'Ascension), Éditions de Maredsous, 1956.

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    Giotto di Bondone (1266/67-1337)

  • Méditation : Ad Jesum per Mariam

    « Lorsqu'on a découvert le rôle que la Très Sainte Vierge joue dans la vie intérieure, rien ne paraît plus désirable que d'entrer toujours davantage dans Son intimité.
    « Que ce doux nom ne soit jamais loin de votre bouche, jamais loin de votre cœur. (1) » « C'est un bonheur de pouvoir contempler en silence ce qu'un long discours serait incapable de bien expliquer. (2) »
    Mais que va faire la Sainte Vierge dans les âmes qui Lui sont unies ? Elle va leur parler de Son Fils, leur faire connaître Jésus, les conduire à Lui, et tout cela à Sa manière maternelle et cachée :
    « Puissions-nous avoir par Vous accès auprès de Votre Fils, ô Vous qui avez eu le bonheur de trouver la grâce, d'enfanter la vie et le salut ! Que Celui qui nous a été donné par Vous, par Vous aussi nous reçoive ! Que Votre sainteté excuse auprès de Lui la faute de notre corruption, et que Votre humilité, qui charme les regards de Dieu, Lui fasse pardonner à notre vanité.
    Que Votre immense charité couvre la multitude de nos péchés, et que Votre glorieuse fécondité nous rende féconds aussi en bonnes œuvres. Ô Vous, Notre-Dame, notre Médiatrice et notre Avocate, réconciliez-nous avec Votre Fils, recommandez-nous, présentez-nous à Lui ; faites, ô bienheureuse Vierge, par la grâce que Vous avez trouvée, par la prérogative que Vous avez méritée, par la miséricorde dont Vous êtes la Mère, faites que Jésus-Christ, Votre Fils et notre Seigneur..., qui a daigné par Vous partager notre faiblesse et notre misère, nous fasse la grâce, par Votre intercession, de nous faire un jour partager avec Lui la gloire et le bonheur éternels. (3) »
    Ainsi Marie nous conduit à Jésus : Ad Jesum per Mariam. »

    1. Super Missus est, II, 17. - 2. idem - 3. In Adventu, Serm. II, 5.

    Dom Godefroid Bélorgey (1880-1964), Dieu nous aime (ch. VI : A l'école de Saint Bernard), Éditions du Cerf, Paris, 1949.

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  • Méditation : le Père Joseph-Marie Perrin

    Jour anniversaire du rappel à Dieu du P. Joseph-Marie Perrin (1944-2002)

    « Être enfant au sens évangélique, c'est être désoccupé de soi, simple regard et pure capacité ; c'est être relation à Dieu comme l'enfant l'est au monde et non enfermé en soi-même, en ses préoccupations déformantes. »

    Père Joseph-Marie Perrin, Vivre avec Dieu, 1957.

    « Le chrétien à la Messe, devrait voir le Christ lui ouvrant les bras pour le saisir, lui demandant de se livrer à son étreinte ; c'est à ce moment, sans doute, que se réalise le plus actuellement la grande promesse qui explique toute la vie de l’Église et l'histoire de la grâce en chacun : "Je reviendrai vous prendre avec moi, afin que, là où je suis, vous soyez, vous aussi." (Jn 14, 3) »

    Père Joseph-Marie Perrin, L'Eucharistie, de l’Évangile à Vatican II, 1971.

    « Il ne manque rien aux épreuves du Seigneur puisque la moindre a une valeur infinie, mais il nous invite à transformer en amour, en joie offerte chacune des difficultés de notre vie, surtout celles qui résultent de nos travaux, même tout petits, pour son œuvre. »

    Père Joseph-Marie Perrin, Lettre à l'auteur, 5 juillet 1992.

    « Jésus qui m'aimes tant,
    Écoute ma prière.
    Que ton bon plaisir
    Soit mon plaisir, ma passion, mon amour.
    Donne-moi de le chercher, de le trouver, de l'accomplir.
    Montre-moi tes chemins.
    Indique-moi tes sentiers.
    Tu as des desseins sur moi.
    Dis-les-moi bien
    Et donne-moi de les suivre.
    Bonté suprême, ô Jésus,
    Je te demande
    Un cœur épris de Toi,
    afin que ma vie
    Ne soit qu'un acte d'amour. »

    Prière de St Thomas d'Aquin.

    Citations extraites de "Le Père Joseph-Marie Perrin", par Camille Leca, Artège, 2014.

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  • Méditation : De la liturgie

    « La liturgie est la joie des hommes ; les hommes sont faits pour Dieu, pour aller à Dieu ; ils ont besoin de rédemption, ils ont besoin de sainteté, pour retrouver ou maintenir le contact avec le Dieu Saint. Or c'est la liturgie qui leur procure tout cela. "En elle, l'Esprit Saint a eu l'art de concentrer, d'éterniser, de diffuser par tout le Corps du Christ, la plénitude inaltérable de l’œuvre rédemptrice, toutes les richesses surnaturelles du passé de l’Église, du présent, de l'éternité."
    La liturgie est la joie des hommes, parce qu'elle est pour eux le moyen privilégié de l'approche divine, "une voie majeure, quasi sacramentelle" ; la source de leur progrès spirituel : jour après jour, dimanche après dimanche, "la frappe du balancier liturgique imprime dans l'âme baptisée une plus grande ressemblance avec le Seigneur."
    [...]
    La liturgie est la joie des hommes, parce qu'elle est la plus haute école d'oraison : d'une manière persuasive, presque sans contrainte, elle nous apprend la contemplation chrétienne, qui est prière et amour. C'est dans le cadre de la liturgie que nous recevons les sacrements, canaux de la grâce, que nous participons au Sacrifice du Calvaire, que nous communions au Corps du Christ. Quand, prêtre, je dis la messe, "j'ai en mains ce qu'il faut pour dire à Dieu un merci digne de Lui, puisque je Lui offre Jésus-Christ. Quand, membre du Christ par le baptême, je communie, je possède Jésus-Christ. Quand on a Jésus-Christ, on a tout. La supplication, l'adoration, l'action de grâce, c'est Lui, et quand je l'offre au bon Dieu, je suis quitte avec le bon Dieu, parce que Jésus-Christ c'est tout, c'est l'Offrande Infinie !" Par l'eucharistie, nous touchons Dieu et Dieu nous touche, c'est déjà pour nous le Ciel anticipé. Où trouverions-nous un plus grand sujet de joie ? »

    "Quatre bienfaits de la liturgie" par un moine bénédictin [Dom Gérard], Éditions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 1995.

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  • Méditation : les croix du chrétien

    « Notre amoureux Sauveur dispense à ses membres, selon son bon plaisir, ses vénérables croix, à proportion de la grâce qui les dispose par sa propre inclination, ou même à mesure de la perfection où il les veut élever de nouveau. De ce principe, qui n'a jamais encore manqué, l'admirable saint Paul tire cette conséquence..., que « tous ceux-là endureront des persécutions, qui voudront vivre pieusement en Jésus-Christ » (1)...

    Cette proposition du grand Apôtre a tant de vérité qu'elle ne souffre point d'exception, parce qu'il n'y eut jamais aucun homme sur la terre qui appartienne à la grâce de Jésus par la participation de sa sainteté - ce que saint Paul appelle : « vivre pieusement en Jésus-Christ » -, lequel n'ait expérimenté quelqu'une de ces manières de persécutions...

    C'est pourquoi le Saint-Esprit veut que celui qui dispose son cœur pour servir Dieu avec toute la fidélité que lui doit sa créature, prépare à même temps son âme à l'épreuve de cette touche infaillible qui fait discerner les âmes généreuses d'avec les inconstantes (2). Que l'on jette les yeux sur cette troupe innombrable qui compose le Corps mystique glorieux de Jésus, et sur ceux qui, étant encore en l’Église militante, s'efforcent d'atteindre à la fin de la lice, à l'exemple de lui-même qui, comme un géant, l'a courue depuis un bout jusqu'à l'autre (3) sans avoir repris haleine, et l'on verra avec trop de clarté la vérité constante de cette très importante maxime. »

    1. II Tim III, 12 - 2. Eccli II, 1 - 3. Ps XVIII, 6-7.

    P. Louis Chardon o.p. (1595-1651), La Croix de Jésus (Premier Entretien, ch. XVIII), Éditions du Cerf, Paris, 1937 (1ère édition 1647).

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