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  • Méditation : le 31 décembre...

    « Le jour d'aujourd'hui parle pour moi ; voilà que nous sommes à la fin de cette année qui s'en va engloutir dans le néant, où tant d'autres se sont abîmées.

    Le temps passe, les années finissent, et nous passons et finissons avec elles ; mais il faut faire de fortes et absolues résolutions, que, si Notre-Seigneur nous donne l'année qui vient, nous l'emploierons mieux que ces autres passées. Cheminons d'un pas nouveau à son service divin et à notre perfection ; prenons donc de grands courages pour travailler tout de bon à la ruine de nous-mêmes, afin que cette année prochaine ne s'aille derechef abîmer dans son gouffre, et que, cependant, nous ne demeurions toujours dans nos imperfections, misères et iniquités. [...]

    Car ce n'est rien de commencer des années, si nous ne commençons de mettre la main à la besogne ; autrement nous serons tout étonnées, que nous verrons le temps couler, et nous avec lui, sans aucun profit pour notre âme. Je désire bien que cela ne soit pas, mais que vous considériez comme le temps s'en va. La figure de ce monde passe ; rien n'y est permanent et durable que la parole de Dieu ; le ciel et la terre, et tout ce qui se trouve en iceux, passe et s'évanouit de nos yeux. Que faire donc, parmi ces vicissitudes ? Ce que dit le bon David : Fais bien et espère en Dieu. Faisons le mieux notre devoir qu'il nous sera possible ; employons le temps que Dieu nous donne, avec grand soin, puis, espérons en sa souveraine miséricorde ; mais souvenons-nous de faire bien, car notre fin s'approche : nous vieillissons et approchons journellement de notre mort, à mesure que nos jours, les mois, les ans s'écoulent, et que tout prend fin. [...] Car, je vous assure, que c'est une sainte et salutaire cogitation que celle de notre fin, qui nous fait opérer plusieurs bonnes œuvres et fuir beaucoup de mal. [...]

    Or sus, commençons donc l'année au nom de Notre-Seigneur mais avec des efficaces résolutions de commencer à le servir fidèlement, selon notre petit pouvoir ; car il ne veut que ce que nous pouvons, mais cela il le veut : soyons soigneuses de le lui donner, faisant bien, puis espérant et nous confiant en son infinie miséricorde. »

    Sainte Jeanne-Françoise de Frémyot de Chantal (1572-1641), Exhortation VI pour le dernier samedi de 1629 (Exhortations pour quelques fêtes et principaux temps de l'année), in "Sa vie et ses œuvres", Tome 2, Œuvres diverses (Petit livret - Questions de sainte de Chantal ; réponses de saint François de Sales - Papiers intimes - Exhortations - Entretiens - Instructions), Paris, E. Plon & Cie, 1875.
    Édition authentique publiée par les soins des religieuses du premier monastère de la Visitation d'Annecy.
    Les 8 volumes peuvent être consultés et/ou téléchargés ici (Bibliothèque Sainte-Geneviève).

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  • Méditation : de la purification du coeur

    « Nous devons mettre tout notre soin à purifier notre cœur, parce que c'est là qu'est la racine de tous nos maux.
    [...]
    Nous sommes si pleins d'idées fausses et de jugements erronés, d'affections déréglées, de passions et de malices, que nous aurions honte de nous-mêmes si nous nous voyions tels que nous sommes. Imaginons-nous un puits bourbeux, duquel on tire incessamment de l'eau ; au commencement, ce qu'on en tire n'est quasi que de la boue ; mais à force de tirer, le puits se purifie, et l'eau devient plus claire ; de sorte qu'à la fin on en tire de l'eau fort belle et cristalline. De même travaillant sans cesse à purger notre âme, le fond se découvre peu à peu, et Dieu y manifeste sa présence par de puissants et merveilleux effets qu'il opère en l'âme, et par elle pour le bien des autres.
    Quand le cœur est bien purgé, Dieu remplit l'âme et toutes ses puissances, la mémoire, l'entendement, la volonté de sa sainte présence et de son amour. Ainsi la pureté de cœur conduit à l'union divine, et l'on n'y arrive point ordinairement par d'autres voies. »

    Louis Lallemant (1588-1635), La Doctrine spirituelle (Troisième Principe, ch. I, art. II, I), Paris, Jacques Lecoffre, Nouvelle édition, 1868.

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  • Méditation : tout à Jésus pour nos frères

    « Il faut avoir le cœur ouvert à Jésus-Christ sans s'arrêter aux créatures et à cet extérieur du monde. C'est un exercice qui est pénible à la chair, mais il faut se résoudre à lui faire souffrir cette peine. Il lui faut du bâton de la Croix pour la réduire ; il faut lui faire violence pour l'empêcher de se complaire au monde, et pour faire que notre âme n'ait rien à goûter que Jésus.

    Que notre esprit, notre âme et notre cœur soient tout à Jésus, et que rien ne leur donne lieu de s'épancher hors de lui. Que la terre se ferme, que le soleil s'obscurcisse, que tout le monde nous persécute, pour nous retenir en Jésus. Tout est à lui en nous : tout doit vivre de lui, tout doit être recueilli en lui pour être participant de lui, et être ainsi très puissant en sa vertu et en sa grâce. C'est le moyen d'agir ensuite sur les cœurs de nos frères avec toute vertu. La grâce répandue en nos sens et la joie de la chair qui se dilate dans les objets sensibles, énerve souvent la vigueur de l'esprit, qui, pour être puissant, doit toujours être renfermé dans le sein et l'intérieur de Dieu en nous.

    Il n'y a point d'autre principe ni d'autre fondement à jeter que la Croix, et il n'y a rien par quoi Jésus-Christ notre Tout nous veuille mieux instruire et nous attirer, que par ce saint et adorable moyen. C'est par là qu'il nous consommera, et qu'il nous fera tous un en lui pour l'éternité. »

    Jean-Jacques Olier (1608-1657), Lettre 93, Paris, Victor Lecoffre, 1885.

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  • Méditation : comme une statue...

    « Vous ne faites rien, me dites-vous, en l'oraison. Mais qu'est-ce que vous voudriez faire, sinon ce que vous y faites, qui est de présenter et représenter à Dieu votre néant et votre misère ? C'est la plus belle harangue que nous fassent les mendiants que d'exposer à notre vue leurs ulcères et nécessités. Mais quelque fois encore ne faites-vous rien de tout cela, comme vous me dites, mais vous demeurez là comme un fantôme et une statue. Eh bien, ce n'est pas peu que cela ! Dans les palais des princes et des rois, on met des statues qui ne servent qu'à recréer la vue du prince : contentez-vous donc de servir de cela en la présence de Dieu ; il animera cette statue quand il lui plaira. »

    St François de Sales, Lettre à la Présidente Brûlart, mars 1605.

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    Crédit photo : Lilytana

  • Méditation avec St Ambroise : des vertus de la Vierge Marie, mère de Dieu

    « C‘est l’ardeur à l’étude qui fait d’abord la noblesse du maître. Quoi de plus noble que la mère de Dieu ? Quoi de plus splendide que celle-là même qu’à choisie la splendeur ? Quoi de plus chaste que celle qui a engendré le corps sans souillure corporelle ? Et que dire de ses autres vertus ? Elle était vierge, non seulement de corps, mais d’esprit, elle dont jamais les ruses du péché n’ont altéré la pureté : humble de cœur, réfléchie dans ses propos, prudente, avare de paroles, avide de lecture ; elle mettait son espoir non dans l’incertitude de ses richesses, mais dans la prière des pauvres ; appliquée à l’ouvrage, réservée, elle prenait pour juge de son âme non l’homme, mais Dieu ; ne blessant jamais, bienveillante à tous, pleine de respect pour les vieillards, sans jalousie pour ceux de son âge, elle fuyait la jactance, suivait la raison, aimait la vertu. Quand donc offensa-t-elle ses parents, ne fût-ce que dans son attitude ? Quand la vit-on en désaccord avec ses proches ? Quand repoussa-t-elle l’humble avec dédain, se moqua-t-elle du faible, évita-t-elle le miséreux ? Elle ne fréquentait que les seules réunions d’hommes où, venue par charité, elle n’eût pas à rougir ni à souffrir dans sa modestie. Aucune dureté dans son regard, aucune licence dans ses paroles, aucune imprudence en ses actes ; rien de heurté dans le geste, de relâché dans la démarche, d’insolent dans la voix ; son attitude extérieure était l’image même de son âme, le reflet de sa droiture. Une bonne maison doit se reconnaître à son vestibule, et bien montrer dès l’entrée qu’elle ne recèle pas de ténèbres ; ainsi notre âme doit-elle, sans être entravée par le corps, donner au dehors sa lumière, semblable à la lampe qui répand de l’intérieur sa clarté. »

    St Ambroise, De Virginibus (extrait), in R.P. Régamey, "Les plus beaux textes sur la Vierge Marie", Éditions du Vieux Colombier - La Colombe, Paris, 1941.

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  • Méditation avec St Ambroise : de la colère

    « Que l'on se garde de la colère, ou si l'on ne peut d'avance s'en garder, qu'on la contienne ; l'irritation est en effet mauvaise conseillère de péché, elle qui bouleverse l'âme au point de ne pas laisser de place à la raison. La première chose est donc, si cela peut se faire, que le calme du caractère devienne une seconde nature, par une sorte d'habitude, par manière d'être, par résolution. Ensuite, puisque, la plupart du temps, la passion se trouve ancrée dans la nature et le caractère à ce point qu'on ne peut l'arracher ni l'éviter : si l'on a pu la prévenir, qu'on la réprime par la raison ; ou bien si l'âme a été envahie par l'irritation avant qu'elle ait pu, grâce à la réflexion, la prévoir et la prévenir afin de n'être pas envahie, réfléchis à la manière de vaincre la passion de ton âme, d'apaiser ta colère. Résiste à la colère si tu peux, retire-toi si tu ne peux pas, car il est écrit : « Faites place à la colère. » Jacob se retira avec bonté devant son frère qui était irrité et, fort du conseil de Rebecca, c'est-à-dire de la patience, il préféra vivre au loin et séjourner en pays étranger plutôt que d'exciter l'irritation de son frère, puis revenir quand il pensa son frère apaisé. Et c'est pour cette raison qu'il trouva si grand crédit près de Dieu. Par quels hommages ensuite, par combien de présents se réconcilia-t-il son frère lui-même, en sorte que celui-ci ne se souvint pas de la bénédiction dérobée, mais se souvint de la compensation offerte !

    Par conséquent si la colère a déjà surpris et envahi ton âme et si elle a monté en toi, n'abandonne pas ton rôle. Ton rôle est la patience, ton rôle est la raison ; la sagesse est ton rôle, ton rôle est de calmer l'irritation. Ou alors si l'opiniâtreté de qui te répond, t'a troublé et si son outrance t'a poussé à l'irritation, si tu n'as pu apaiser ton âme, retiens ta langue. Il est écrit en effet : « Garde ta langue du mal et que tes lèvres ne profèrent pas la tromperie », puis : « Recherche la paix et poursuis-la. » Vois cette paix du saint Jacob, quelle grandeur. D'abord, tâche de calmer ton âme ; si tu n'as pas eu le dessus, mets un frein à ta langue ; ensuite n'omets pas de chercher la réconciliation.
    [...]
    Si vous vous mettez en colère, mettez-vous en colère contre vous-mêmes parce que vous avez été emportés, et vous ne pécherez pas. Celui en effet qui se met en colère contre soi-même, parce qu'il a vite été troublé, cesse de se mettre en colère contre autrui ; tandis que celui qui veut prouver la justesse de sa colère, s'enflamme davantage et tombe vite en faute. Or « mieux vaut » selon Salomon « l'homme qui contient sa colère que celui qui prend une ville » parce que la colère abuse même les gens courageux. »

    St Ambroise, Traité des devoirs, Livre I, La colère (extraits).

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  • Méditation : "nous ferons en lui notre demeure"

    « 1. Le royaume de Dieu est au-dedans de vous, dit le Seigneur (Lc 17,21). Revenez à Dieu de tout votre cœur (Jl 2,12), laissez là ce misérable monde, et votre âme trouvera le repos.
    Apprenez à mépriser les choses extérieures et à vous donner aux intérieures, et vous verrez le royaume de Dieu venir en vous. Car le royaume de Dieu est paix et joie (Rm 14,17) dans l'Esprit Saint, ce qui n'est pas donné aux impies.
    Jésus-Christ viendra à vous et il vous remplira de ses consolations, si vous lui préparez au-dedans de vous une demeure digne de lui.
    Toute sa gloire et toute sa beauté est intérieure (Ps 44,14) ; c'est dans le secret du cœur qu'il se plaît.
    Il visite souvent l'homme intérieur et ses entretiens sont doux, ses consolations ravissantes ; sa paix est inépuisable, et sa familiarité incompréhensible.

    2. Âme fidèle, hâtez-vous donc de préparer votre cœur pour l'époux, afin qu'il daigne venir et habiter en vous.
    Car il a dit : Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure (Jn 14,23).
    Laissez donc entrer Jésus en vous, et n'y laissez entrer que lui.
    Lorsque vous posséderez Jésus, vous serez riche et lui seul vous suffit. Il veillera sur vous, il prendra de vous un soin fidèle en toutes choses, de sorte que vous n'aurez plus besoin de rien attendre des hommes.
    Car les hommes changent vite et vous manquent tout d'un coup ; mais Jésus-Christ demeure éternellement (Jn 12,34) : inébranlable dans sa constance, il est près de vous jusqu'à la fin. »

    Imitation de Jésus-Christ, Livre II ch. I, Traduction de Lamennais.
    Texte intégral ici (html) ou ici (pdf).

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    Gravure des frères Wierix, fin XVIe siècle

  • Méditation : la volonté et le progrès spirituel

    « La raison pour laquelle nous ne sommes pas meilleurs que nous ne sommes, c'est que nous n'avons pas la volonté d'être meilleurs : le pécheur et le saint ne sont séparés, au fond de notre cœur, que par une série de minuscules décisions. Les extrêmes ne sont jamais aussi proches que dans le royaume de l'esprit.
    [...]
    Saint Thomas nous dit : "Nous ne sommes pas des saints parce que nous n'avons pas la volonté d'être des saints.". Il ne dit pas, remarquez-le bien, "parce que nous ne voulons pas être des saints" : beaucoup d'entre nous le désirent. Mais se contenter tout simplement de désirer, c'est souhaiter qu'il arrive quelque chose sans que nous ayons à intervenir. Avoir la volonté signifie que nous sommes résolus à payer le prix nécessaire en efforts et en sacrifices.
    Nous nous abusons souvent nous-mêmes en imaginant que nous avons eu la volonté de nous améliorer, alors qu'en fait nous avons accumulé de nombreuses restrictions mentales et admis que nous ne changerions rien à notre manière d'agir dans de nombreux domaines ; dans ce cas, cette opération de la "volonté" se réduit à un vœu gratuit. [...]
    Pour la plupart, nous vivons notre vie avec une fausse image de nous-mêmes à laquelle nous ne voulons pas renoncer ; nous redoutons de souffrir en nous découvrant moins nobles que nous n'aimons à le penser. Nous faisons passer la réalité à travers un filtre d'orgueil qui élimine toutes les vérités qui pourraient nous blesser.
    Ces restrictions auxquelles nous nous cramponnons, ces attitudes que nous ne voulons ni modifier ni abandonner, tout cela affecte nos jugements conscients et les rend inexacts. Avant de pouvoir jamais émerger dans la joie de la réalité divine, il nous faut descendre dans cet enfer où sont enfouies nos fautes inavouées...
    [...]
    Rien ne paralyse plus sûrement la vie spirituelle que ces parasites cachés dans le moteur de notre âme. Cela peut être de l'égoïsme, de l'amertume à l'égard d'autrui, de la jalousie, de la haine. Ceux qui essaient de se rapprocher de Dieu sans s'être eux-mêmes préalablement analysés se demandent pourquoi ils subissent de si fréquentes défaites ; invariablement, c'est à cause du cheval de Troie qui est en eux, à cause du défaut majeur qu'ils n'ont pas identifié. Tant qu'on n'a pas amené ce défaut en pleine lumière, tant qu'on ne l'a pas reconnu comme tel devant Dieu avec le ferme propos de le détruire, il ne peut y avoir de véritable progrès spirituel. »

    Vénérable Fulton Sheen (1895-1979), Le chemin du bonheur (10, IX), Trad. André Cubzac (Way to Happiness, 1953, Maco Magazine), Le Livre Contemporain, Paris, s.d.
    (Les Vertus héroïques de Mgr Fulton Sheen ont été reconnues le 28 juin 2012)

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  • Méditation : Fête de la Dédicace

    « Adorons humblement l'immense majesté de Dieu, qui, quoique remplissant tout l'univers de sa présence et ayant droit par conséquent en tous lieux à nos respects et à notre amour, veut cependant être honoré et aimé d'une manière spéciale dans nos églises, où il a établi pour cela sa demeure... C'est là qu'il veut voir tous ses enfants rassemblés sous ses yeux, lui offrant l'hommage public et solennel de leur religion. Entrons dans ses vues et renouvelons-nous dans les grands sentiments de respect et d'amour dus au lieu saint. Aimons à y venir adorer Dieu et nous prosterner en sa présence.

    Qu'aimerions-nous ici-bas, si nous n'aimions pas un lieu où sont rassemblés tous les monuments de l'amour de Dieu pour les hommes, un lieu où Dieu habite en personne, où il nous invite à venir lui présenter nos demandes, avec promesse de les exaucer ? Or voilà ce que sont nos églises. - 1° Là sont rassemblés tous les monuments de l'amour divin, et les fonts sacrés qui, en nous régénérant, nous ont faits enfants de Dieu, frères de Jésus-Christ, héritiers du ciel ; et la chaire d'où descend la parole sainte dans nos âmes pour y faire épanouir toutes les vertus ; et le tribunal de la miséricorde qui nous rend, avec l'innocence, nos droits au ciel quand nous les avons perdus ; et la table sainte qui nous nourrit du pain des anges ; et l'image de Jésus crucifié, mémorial de tant d'amour ; et le saint autel où chaque jour ce Dieu-Homme s'immole pour nous ; et les portraits ou statues de la sainte Vierge et des saints dont le souvenir rappelle tant de prodiges de grâce et nous prêche si éloquemment toutes les vertus. - 2° C'est là que Dieu habite... Là, Dieu tient sa cour à notre portée ; l'entrée nous en est toujours ouverte. Nous pouvons, quand nous le voulons, nous approcher de lui, lui parler et l'entendre, verser notre cœur dans le sien, y puiser la consolation dans nos peines, la force dans nos faiblesses ; y trouver un paradis en terre, en attendant le paradis du ciel... - 3° c'est là que Dieu nous invite à venir lui présenter nos demandes, avec promesse de les exaucer... Jésus-Christ nous y attend, nous y appelle, nous invite à venir tout lui demander avec confiance, et nous promet de nous exaucer. Répondons à son appel et venons en confiance lui ouvrir notre cœur et lui dire nos besoins. Concluons de là combien nous devons aimer nos églises, ces vestibules du ciel, ces lieux de rendez-vous donnés par Dieu à sa créature, ces vrais paradis de la terre.

    ............

     

    Adorons Dieu résidant dans nos poitrines comme dans son sanctuaire : c'est là l'église dont il est le plus jaloux, et où il aime mieux à être honoré ; église dont la dédicace n'a point d'octave, parce que c'est la fête de tous les jours, la fête du temps et de l'éternité. Remercions Dieu d'avoir bien voulu établir son temple dans le fond de notre être ; prions-le de nous pénétrer de cette grande vérité et de ses belles conséquences.

    La première chose pour élever un édifice, c'est d'en tailler et polir toutes les pierres. De même, pour qu'une âme soit digne d'entrer dans la construction du temple de Dieu, il faut que le ciseau et le marteau de la mortification lui aient ôté toutes les aspérités du caractère et toutes les inégalités de la volonté. Qui ne veut pas souffrir ce marteau et ce ciseau sera mis au rebut par le divin architecte. Si, au contraire, nous nous laissons sans murmure tailler, couper et polir, nous aurons une place d'honneur dans le temps de Dieu... - 2° Les pierres une fois bien taillées et bien polies, il faut les joindre et les coordonner ensemble, dans une exacte proportion de chaque partie avec le tout. C'est la charité qui dans le temple de Dieu opère cette jonction parfaite et cette belle harmonie d'ensemble dont parle l'Apôtre. - 3° Dans un temple tout doit être pur et saint. C'est ainsi que dans notre âme, vrai temple de Dieu, tout ce qui n'est pas pur et saint est une profanation. Nos corps mêmes doivent être purs comme le ciel, et avoir dans une chair de péché quelque chose qui ne soit pas de la chair, dit saint Augustin. - 4° Un temple est un lieu de prière. on ne doit s'y permettre ni dissipation ni rien de profane, ni pensées inutiles, ni imaginations vagabondes, mais bien plutôt s'y occuper de Dieu, de ses perfections, de ses louanges, de son amour. Il en doit être de même de notre âme. Puisqu'elle est un temple, il faut s'y recueillir, il faut y prier, y adorer et aimer, y remercier, y demander, et y écouter Dieu qui y parle quand on l'écoute. Sainte Thérèse nous apprend qu'elle dut à l'intelligence de cette vérité ses progrès dans la perfection, et la facilité qu'elle éprouva à mener une vie recueillie en Dieu. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Fête de la Dédicace), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation - Prière de Ste Gertrude

    « Ô amour unissant, Dieu de mon cœur, la louange et la joie de mon esprit ! ô mon Roi et mon Dieu (1) ! mon bien-aimé choisi entre mille (2) ! Époux chéri de mon âme, Seigneur Roi des armées, vous que mon cœur aime, cherche et désire uniquement ! De grâce, ô amour, soyez en ce monde ma dot, vous qui êtes riche des bénédictions et de la douceur divines. Jusqu'à ce qu'elle ne fasse qu'un avec vous pour jamais, que mon âme n'ait par son union intime avec vous qu'un même esprit, qu'un même souffle, qu'une même volonté, qu'une même affection. Vous êtes l'amour enflammé ; répandez sur moi, dans le cours de mon pèlerinage, une bénédiction vivante et efficace, tendre en même temps que brûlante, afin que mon âme, mon énergie et tout mon être s'allument, comme une étincelle, au feu de votre charité et ne s'éteignent jamais.

    Et vous, vivant amour, soyez pour moi la bénédiction qui consomme et qui achève. Faites que mon âme marche au-devant de vous comme une digne épouse. Réglez ma vie entière dans votre amour. Disposez ma mort en vous, qui êtes ma vie bienheureuse, dans la parfaite vigueur de la foi, de l'espérance et de la charité ; préparez-la par la digne réception de tous les sacrements de l’Église. Anéantissez à votre service toutes mes forces, consumez par votre amour jusqu'au dernier suc de mon corps ; alors mon âme, débarrassée de ce fardeau, vous suivra, joyeuse, tranquille et libre, ô vous qui daignez m'aimer si tendrement, jusque dans les profondeurs intimes, délicieuses et lumineuses de la Sainte Trinité. C'est là que tous mes péchés me seront remis par votre bonté ; là que votre inestimable charité couvrira toutes mes offenses ; là que ma vie perdue verra relever toutes ses ruines par sa très parfaite intimité avec vous, mon Jésus, trésor d'amour ! là que mon âme, languissante et malade aujourd'hui par l'ennui de cette vie, se rajeunira en vous, ô vivant amour ! qu'elle se renouvellera comme l'aigle (3), et ressentira les transports d'une joie et d'un bonheur immenses à la vue de votre visage d'où coule le miel ; car elle aura trouvé et déjà elle saisira les joies infinies de la vie éternelle, vous ayant en sa possession pour toujours, ô Dieu qui êtes l'amour ! Amen ! »

    (1) : Ps. V, 3.
    (2) : Cant. V, 10.
    (3) : Ps. CII, 5.

    Ste Gertrude, in Les Exercices de Sainte Gertrude (Sixième exercice, prière finale), Trad. Dom Albert Schmitt, Moine de Solesmes, Librairie Plon, Paris, 1942.

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  • Méditation : la grâce et la Communion des Saints

    « La grâce est le principe d'une union surnaturelle, très intime entre Dieu et l'âme. Elle est un lien très étroit qui rattache l'un à l'autre, un aimant puissant qui les rapproche. A la toute-puissance de Dieu, une multitude d'unions merveilleuses sont possibles, que nous ne soupçonnons même pas, mais qu'il connaît dans sa science infinie. Celle que réalise la grâce en est une. Elle n'est pas hypostatique comme celle qui existe entre les deux natures, divine et humaine, du Christ par la personne du Fils. Semblable à celle qui, par la transsubstantiation, unit les Espèces eucharistiques au Corps et à tout l’Être de Notre-Seigneur, et supprime de quelque façon les distances entre l'hostie consacrée et Lui, l'union par la grâce supprime les distances entre Dieu et l'âme, et le rend présent en celle-ci.
    Union ineffable, beaucoup plus étroite, plus parfaite que toutes les unions naturelles pouvant exister entre personnes ou substances distinctes. Dieu compénètre l'âme de toutes parts, jusqu'au plus intime de son être ; il ne fait qu'un avec elle.
    Qui dit présence, dit union ; présence surnaturelle, union surnaturelle.
    Et, par Dieu, la grâce nous unit à tous ceux qui lui sont unis, et d'autant plus qu'ils lui sont plus unis : avec les Élus qui, par la vision, l'amour et la possession béatifique, lui sont donc unis, selon le degré de leur union ; donc, avec le Christ avant tout ; avec la Sainte Vierge ; avec les âmes du purgatoire qui, elles aussi, lui sont unies par la grâce (et c'est une consolation pour nos cœurs en deuil de nous savoir unis à ceux que nous pleurons) ; avec les justes de la terre en proportion de l'intensité de leur grâce, surtout avec les plus saintes, les plus belles âmes. cette union les rapproche tous de nous et nous rapproche d'eux. Elle est un des fondements de cette communauté et communication de biens spirituels qu'on nomme : Communion des Saints. »

    Chanoine François Cuttaz, Le Juste - Notre vie de grâce (Deuxième partie, ch. VI), Chez l'Auteur, Annecy, 1955 (cinquième édition).

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  • Un mois avec Marie - Vingt-cinquième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    VINGT-CINQUIÈME JOUR
    L'Oraison

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    L'Ange a préparé les petits Voyants de Fatima aux Apparitions de Notre-Dame ; mais ensuite, cette bonne Mère ne laisse à personne le soin de leur formation.
    Elle leur montre que le péché est le seul véritable mal de l'homme Elle leur apprend à prier pour les pécheurs, à corriger leurs défauts, à faire des sacrifices, à accepter et même rechercher la souffrance.
    Pour exciter leur zèle, ouvrant les mains, elle darde sur eux une merveilleuse clarté qui les plonge en notre grand Dieu Trine et Un, leur révélant quelque chose de sa souveraine Beauté, de sa Toute-Puissance, de sa Bonté, de sa Tendresse infinie pour tout le genre humain. Dans l'intensité de leur saisissement, les enfants tombent à genoux ne sachant que répéter :
    « Ô très Sainte Trinité, je vous adore !... Mon Dieu, mon Dieu, je vous aime ! »
    François, très particulièrement, reste frappé, pénétré de cette immense grâce : « Nous étions tout embrasés dans cette lumière qui est Dieu, avouait-il, et nous ne brûlions pas. »
    Maintes fois désormais, il s'éloignera de ses deux compagnes pour trouver la solitude qui l'attire et se perdre dans l'Infini divin.
    Un jour où, par dévouement, il surveille seul les brebis à l'extrémité d'une sapinière, Jacintha va le chercher. Ne le trouvant pas, après avoir couru de tous côtés, elle l'appelle... mais en vain ; effrayée, elle rejoint Lucie qui part à son tour. Tout d'abord, elle ne voit rien non plus et n'obtient aucune réponse à ses appels. Enfin elle découvre son cousin derrière un petit mur qui le cache. A genoux, la tête penchée jusqu'à toucher le sol, il est en prière. Lorsque sa cousine le touche à l'épaule, il parait s'éveiller d'un long sommeil. Sourd aux bruits de la terre, ce cher petit contemplatif s'était absorbé en Dieu au point de ne pas entendre son nom crié à quelques mètres de lui.
    « Comment est Dieu !... Il est tel que nous ne pouvons l'exprimer ! disait-il à Lucie et à Jacintha. J'ai eu beaucoup de plaisir à voir l'Ange ; plus encore à voir la Sainte Vierge. Mais ce qui m'a plu davantage, c'est de voir Dieu dans cette grande lumière que la Dame nous a mise dans la poitrine. »
    « J'aime tant Notre-Seigneur !... »
    Et nous, l'aimons-nous ?... Nous n'avons pas reçu le même genre de grâces que François ; mais oui bien toutes celles qui peuvent faire de nous des Saints si... nous le voulons !
    Très peu parmi les Elus ont été gratifiés ici-bas par des apparitions, à tous est resté possible le cœur à cœur avec Dieu dans la prière, l'oraison.
    Nos devoirs d'état ne nous permettent point de passer des heures aux pieds du Seigneur !... mais oserons-nous lui refuser chaque matin un quart d'heure, quelques minutes ?...
    Cet instant, court et fervent, arrachera notre journée au banal terre à terre en l'orientant vers le Ciel. Il répandra en nous la force et la patience pour affronter sans faillir les travaux, les difficultés, les heurts quotidiens. L'atmosphère recueillie qu'il laissera dans nos âmes, conservée et cultivée, nous empêchera de nous extérioriser à l'excès, de nous évaporer..., de perdre le contact divin qui purifie, éclaire et sanctifie.
    Jésus, l'Hôte adoré, demeure en nos âmes toujours, partout. Ne l'oublions pas ! (Seul, le péché mortel peut le chasser) et Il est jaloux de se faire, comme Il le fut pour Marie : sa Mère et la nôtre, « l’Âme de notre âme, la Vie de notre vie ».
    Sachons comprendre, sachons répondre aux désirs de son Amour. Vivre uni au Sauveur, c'est préluder dès cet exil au bonheur parfait qui nous attend dans l'éternelle Patrie.

    PRIÈRE

    Ô Marie, ma bonne Mère, bénissez votre enfant d'une bénédiction de fidélité qui l'aide à remplir tous ses devoirs, d'une bénédiction de pureté qui l'éloigne de tout péché, d'une bénédiction d'amour qui lui donne la grâce de vous aimer beaucoup, vous et votre divin Fils. Ainsi soit-il.

    Mère du Sauveur, priez pour nous.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.
  • Méditation : "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur"

    « L'invocation du Nom de Dieu s'accompagne de sa manifestation immédiate, car le nom est une forme de sa présence.

    Le nom de Jésus - JESCHOUAH, veut dire Sauveur.

    La prière du cœur... y attire Jésus par l'invocation incessante : Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur.

    Dans cette prière qui est celle du publicain évangélique, c'est toute la Bible, tout son message réduit à son essentielle simplicité : Confession de la Seigneurie de Jésus, de sa divine filiation, donc de la Trinité ensuite de l'abîme de la chute qui invoque l'abîme de la miséricorde divine.

    Le commencement et la fin sont ramassés ici dans une seule parole chargée de la présence sacramentelle du Christ dans son nom.

    Cette prière résonne sans cesse au fond de l'âme, même en dehors de la volonté et de la conscience ; à la fin, le nom de Jésus résonne de lui-même et prends le rythme de la respiration, en quelque sorte est "collé" au souffle, même pendant le sommeil :
    "Je dors, mais mon cœur veille".

    Jésus attire dans le cœur, c'est la liturgie intériorisée et le Royaume dans l'âme apaisée. Le nom remplit l'homme comme son temple, le transmue en lieu de la présence divine, le christifie. C'est l'expérience de Saint Paul qu'on peut mieux comprendre à la lumière de cette prière :
    "Ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi". »

    Paul Evdokimov (1901-1970), Les âges de la vie spirituelle - Des Pères du désert à nos jours, DDB, Paris, 1964.

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  • Méditation - Prière : bienveillance et évangélisation

    « Seigneur, que le mal et les défauts qui me sautent aux yeux chez ces Pharisiens, ne soient pas, inconsciemment, mon propre mal et mes propres défauts. Guéris-moi de ce qui m'aveugle. Aide-moi à éviter les paroles inutiles, oiseuses, celles qui visent à me faire briller en public sans qu'elles aient une dimension spirituelle. N'as-tu pas dit, qu'au jour du jugement les bons rendront compte de toute parole sans fondement ? Aide-moi à édifier les autres par tout ce que je dis et si, par inadvertance, je manque à cette résolution, je me jetterai vite à tes pieds pour te demander pardon et te promettre de ne rien dire qui ne soit constructif pour l'âme de mes proches. »

    Père Mansour Labaky, L’Évangile en prières (Mt 12, 22-37 ; cf. Lc 11, 15-26), Sarment, Éditions du Jubilé, 2006.

    « Toutes paroles sont inutiles, si elles ne proviennent pas de l’âme. Les paroles qui ne donnent pas la lumière du Christ augmentent les ténèbres. »

    Bse Teresa de Calcutta (1910-1997).

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  • Méditation : le Rosaire

    « Le Rosaire nous aide à pénétrer les ineffables grandeurs de l'Incarnation, de la Passion et de la gloire de Jésus. Qui, mieux que Marie, a compris et vécu ces mystères ? Qui, mieux qu'elle peut nous en donner l'intelligence ? Si nous pouvions vraiment nous mettre en contact avec Marie, pendant la récitation du Rosaire, pour l'accompagner dans les diverses étapes de sa vie, nous pourrions recueillir quelque chose des sentiments de son Cœur dans le déroulement des grands mystères dont elle fut témoin et souvent même la protagoniste, et notre âme en serait merveilleusement nourrie. De cette manière, le Rosaire se transformerait en une méditation, je dirais presque : une contemplation, sous la conduite de Marie. Tel est justement ce que veut la Sainte Vierge, et non un certain nombre de Rosaires récités du bout des lèvres, tandis que la pensée divague de mille manières ! Les Ave répétés sans cesse, doivent exprimer l'attitude de l'âme qui s'efforce de s'élever vers Marie, de s'élancer vers elle pour être prise par elle et introduite dans la compréhension des mystères divins. "Ave Maria !" disent les lèvres, et le cœur murmure : Enseignez-moi, ô Marie, à connaître et aimer comme Jésus, comme Vous l'avez connu et aimé.

    Réciter le Rosaire de cette façon, demande le recueillement. Avant de commencer, dit Sainte Thérèse de Jésus, l'âme se demande à qui elle va parler et qui elle est, pour mieux savoir comment se comporter (cf. Château XXIV). La Sainte rit finement des personnes "tellement avides de réciter et de dire des prières vocales qu'elles ressemblent à celui qui, s'étant fixé la tâche d'en réciter tous les jours un nombre déterminé, se hâte de les achever promptement" (ib. XXXIII). Le Rosaire récité de cette manière ne peut alimenter la vie intérieure ; l'âme en recueille peu de fruit, et la Sainte Vierge peu de gloire. Récité, au contraire, dans un véritable esprit de dévotion, le Rosaire devient un moyen très efficace pour cultiver la piété mariale, pour pénétrer dans l'intimité de Notre-Dame et celle de son divin Fils. »

    « Ô Marie, puisque vous m'aimez, rendez-moi semblable à vous. Vous détenez le pouvoir de changer les cœurs, prenez donc mon cœur et transformez-le. Sanctifiez-moi, faites de moi votre digne fils. (S. Alphonse) »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome II (07/10), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Un mois avec Marie - Quatrième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    QUATRIÈME JOUR
    « Si vous ne devenez semblables à ces enfants… »

    Lucia, Francisco, JacinthaComment ne pas reconnaître dans les préférences du Cœur Immaculé de Marie, les préférences de son divin Fils ?

    Lorsque Jésus parcourait la Judée et la Galilée, Il aimait les enfants et les bénissait. « Laissez-les venir à moi », disait-Il, ne permettant point que l'on écartât leur troupe bruyante et parfois indiscrète.
    La Vierge témoigne, à son tour, une prédilection marquée pour « ces petits ».
    Lorsqu'Elle daigne se montrer à la terre, elle choisit même parmi les plus rustiques - parce que mieux préservés des souffles ternissants - ses confidents et messagers.
    Nommons Mélanie et Maximin de La Salette, Bernadette à Lourdes, les enfants de Pontmain, Estelle Faguette à Pellevoisin, et les chers Voyants de Fatima : Lucie, François, Jacintha.
    C'est de leur parfaite simplicité et de leur innocence qu'émane la douce attirance exercée par ces jeunes êtres sur le Cœur de l'Immaculée.
    Sans calculs, sans détours, l'enfant digne encore de ce nom, se montre tel qu'il est ; il va droit à ce qui l'attire. Biaiser n'est pas son fait. Du qu'en dira-t-on, il n'a cure.
    Il ne soupçonne nullement, d'ailleurs, les malveillances, jalousies, méchancetés humaines. Il ne les connaîtra que trop en grandissant !
    Récemment sanctifié par le Baptême, dans sa première beauté, son âme est une fleur, un blanc lys tourné vers le Ciel. Et Marie trouve en elle comme un reflet de sa virginale splendeur.
    Les charmes de sa petitesse toute simple, toute pure sont conquérants en leur inconscience même. Mais les qualités de l'enfance sont-elles infailliblement destinées à disparaître avec les années, étouffées par l'expérience quotidienne de la vie ? « Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des Cieux » (1), disait le divin Maître à ses disciples, à la foule, à tous.
    Il est donc nécessaire que ces qualités soient voulues et cultivées, conservées ou recouvrées par « les grands ».
    Elles prennent alors le nom de vertus, et Notre-Dame en apprécie la valeur, car elles ne poussent des racines profondes que par l'effort, la lutte contre l'orgueil et les passions aux productions multiples.
    La Vierge aima saint Jean, l’Apôtre-Vierge ; elle chérissait également Madeleine, purifiée par les larmes du repentir et de l’amour.
    L’âme demeurée pure ou redevenue telle est d'une beauté surnaturelle. Dieu en personne rayonne en elle, « Il y éclate comme du centre d'un cristal ». Et le regard lumineux de cette âme, simplifiée par la grâce, peut se fixer sur sa « Maman du Ciel », dans une pieuse application à lui plaire, à l'imiter.
    Quels suaves rapports s'établissent dès lors, entre Marie et son humble fils de la terre ! Oh ! devenons petits enfants par la simplicité, la pureté ! Que notre devise soit :
    « Droit au but ! - Plutôt la mort que la souillure ! »
    « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur parce qu'ils verront Dieu » (2).

    PRIÈRE

    Sainte Marie, Mère de Dieu, gardez-moi un cœur d'enfant, pur et transparent comme une source. Obtenez-moi un cœur simple qui ne savoure pas les tristesses, un cœur magnifique à se donner, tendre à la compassion ; un cœur fidèle et généreux qui n'oublie aucun bien et ne tienne rancune d'aucun mal. Faites-moi un cœur doux et humble, aimant sans demander de retour, joyeux de s'effacer dans un autre cœur devant votre divin Fils, un cœur grand et indomptable qu'aucune ingratitude ne ferme, qu'aucune indifférence ne lasse ; un cœur tourmenté de la gloire de Jésus-Christ, blessé de son amour et dont la plaie ne guérisse qu'au Ciel.
    (Père de Grandmaison, S. J.)

    Ô Marie conçue sans péché,
    priez pour nous qui avons recours à Vous. (300 j.)

    (1) St Matthieu XVIII, 3.
    (2) St Matthieu V, 8.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.
  • Un mois avec Marie - Troisième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    TROISIÈME JOUR
    La Réparation

    L'Ange de l'EucharistieLes vertus théologales, l'humble adoration, la prière nous ont préparés à recevoir les enseignements de Notre-Dame. Ouvrons encore nos intelligences à l'esprit de réparation. Notre nature, ennemie de tout ce qui coûte un effort, une peine, y répugne. Il est très nécessaire, indispensable cependant.

    Les crimes couvrent la terre ; des âmes tombent chaque jour, nombreuses, dans l'abîme éternel. Cela ne réclame-t-il pas en tous temps et plus que jamais à cette heure, le réveil, l'activité d'une généreuse énergie ?
    Source surabondante, féconde et toujours jaillissante, la Rédemption pourrait suffire à laver dans ses flots divinement purs les souillures de milliards de mondes. Elle serait capable de déverser dans le cœur de tous les malheureux en perdition, le repentir final, le salut... Mais l'homme n'est pas une simple réceptivité, un esclave. Le Seigneur a fait sa dignité en le créant libre : libre d'accepter les grâces dont Il ne cesse de l'inonder, libre aussi de les refuser. Et Il lui demande, en reconnaissant la monstrueuse ingratitude qu'est le péché, d'ajouter sa faible part au grand Œuvre de la réparation.
    Il sait, d'ailleurs, l'indigence de ses fils adoptifs. Afin d'y suppléer Il met à leur disposition les Trésors infinis de leur Frère aîné : Son Unique. A nous de les faire valoir en véritables enfants du Père des Cieux.
    L'Ange avait déjà dit aux petits Voyants : « Offrez continuellement au Seigneur des prières et des sacrifices en acte de réparation pour les nombreux péchés qui l'offensent, et de supplications pour la conversion des pécheurs ! »
    Deux ou trois mois plus tard, il leur apparaît de nouveau dans la grotte du Cabeço, où les petits prient depuis un certain temps. Il tient en main un calice surmonté d'une hostie, de laquelle tombent des gouttes de sang qui découlent dans le calice. Laissant le calice et l'hostie comme suspendus en l'air, l'Ange s'agenouille à côté d'eux et leur fait répéter trois fois cette formule :
    « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, présents dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages dont Il est lui-même offensé.
    « Par les mérites infinis de son Cœur Sacré et par l'intercession du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »
    Puis, se relevant, il prend l'hostie et la présente à Lucie. Il partage ensuite le calice entre François et Jacinta en disant :
    « Prenez le Corps et le Sang de Jésus-Christ horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs péchés et consolez votre Dieu. »
    Se prosternant de nouveau, il répète trois fois la prière « Très Sainte Trinité... » et il disparaît. Expier nos péchés et ceux de tous, en obtenir le pardon, consoler le Seigneur : voilà le triple but de la réparation.
    Sa vertu est grande pour écarter ou faire cesser les fléaux que nous avons mérités.
    Offrons pour cela la Victime sacro-sainte : Notre-Seigneur Jésus-Christ ; mais n'oublions pas de mêler à ses Mérites infinis la goutte d'eau de nos propres souffrances et sacrifices. Elle est représentée dans le calice au saint Sacrifice de la Messe, et Dieu l'exige !

    PRIÈRE

    Par les dons sublimes de votre Cœur, obtenez-moi, ô Marie, ma Mère, une vraie et solide dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, afin que me renfermant en Lui avec mes pensées et mes affections, j'accomplisse tous mes devoirs, et que tout mon être Lui soit livré pour sa plus grande gloire.

    Notre-Dame du Sacré-Cœur, priez pour nous.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.
  • Méditation : demeurer en présence de Dieu

    « Il arrive souvent qu'une personne, tandis qu'elle se livre à ses devoirs extérieurs, n'est occupée d'aucune activité intérieure, de sorte que sa vie demeure sans âme. Comment pouvons-nous éviter cela ? Quelque devoir que l'on ait à accomplir, il faut y mettre un cœur plein de la crainte de Dieu, un cœur constamment imprégné de la pensée de Dieu ; et c'est par cette porte que l'âme rentrera dans la vie active. Tous nos efforts doivent tendre à garder la pensée incessante de Dieu, à rester continuellement conscients de sa présence : "Cherchez le Seigneur... Cherchez constamment sa face" (Ps 54, 4). La sobriété et la prière intérieure reposent sur cette base.

    Dieu est partout ; veillez à ce que vos pensées soient également toujours avec Dieu. Comment cela peut-il se faire ? Les pensées se pressent les unes contre les autres, comme des moucherons dans un essaim, et les émotions suivent les pensées. Afin d'attacher leur pensée à un objet unique, les Pères prenaient l'habitude de répéter continuellement une courte prière ; grâce à cette répétition constante, cette courte prière finissait par adhérer à la langue et par se répéter de son propre mouvement. De cette manière, leur pensée adhérait à la prière et par la prière, au souvenir continuel de Dieu. Une fois que cette habitude est acquise, la prière nous garde dans le souvenir de Dieu, et le souvenir de Dieu nous garde dans la prière ; ils se soutiennent mutuellement. Voici donc une voie pour arriver à marcher devant Dieu. »

    Théophane le Reclus (1815-1894), in Higoumène Chariton, "L'art de la prière - Anthologie de textes spirituels sur la prière du cœur" (III), Spiritualité orientale n°18, Abbaye de Bellefontaine, 1976.

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  • Méditation : le martyre de la Vierge Marie

    « Le martyre de la Vierge Marie nous est connu tant par la prophétie de Siméon que par le récit même de la passion du Seigneur. De l’enfant Jésus, ce vieillard disait : Il sera un signe division ; et toi, disait-il à Marie, une épée transpercera ton âme.

    Oui, Mère bénie, un glaive a transpercé ton âme : il n’aurait pu, sans transpercer celle-ci, pénétrer dans la chair du Fils. C’est vrai, ce Jésus qui est le tien, qui est à tous, certes, mais à toi tout particulièrement, après avoir remis son esprit, ne fut pas atteint dans son âme par la lance meurtrière ; sans épargner un mort, auquel elle ne pouvait pourtant plus faire de mal, elle lui ouvrit le côté ; mais c’est ton âme qu’elle transperça. La sienne, assurément n’était plus là, mais la tienne ne pouvait s’enfuir. Ton âme, c’est la force de la douleur qui l’a transpercée, aussi pouvons-nous très justement te proclamer plus que martyre, puisque ta souffrance de compassion aura certainement dépassé la souffrance qu’on peut ressentir physiquement.

    N'a-t-elle pas été plus qu'une épée pour toi, n'a-t-elle pas percé ton âme et atteint jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, cette parole : "Femme, voici ton fils" ? Ô quel échange ! Jean t'est donné en lieu et place de Jésus, le serviteur à la place du Seigneur, le disciple au lieu du Maître, le fils de Zébédée à la place du Fils de Dieu, un simple homme à la place du vrai Dieu. Comment l'écoute de cette parole ne transpercerait-elle pas ton âme pleine d'affection, quand le seul souvenir de cette parole brise déjà nos cœurs, qui sont pourtant de roc et de fer ?

    Ne vous étonnez pas, frères, qu'on puisse dire de Marie qu'elle a été martyre dans son âme. S'en étonnerait celui qui aurait oublié comment Paul mentionne, parmi les fautes les plus graves des païens, le fait qu'ils ont été "sans affection". Un tel péché était bien loin du Cœur de Marie ; qu'il le soit aussi de ses modestes serviteurs. »

    St Bernard, Homélie pour le dimanche dans l'octave de l'Assomption (14-15).
    (Cf. Abbaye Saint Benoît)

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    Vierge des Sept Douleurs - Albrecht Dürer (Source)

  • Vendredi 13 septembre 2013

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