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amour - Page 14

  • Angélus de ce dimanche 31 août 2014

    Place Saint Pierre de Rome, le Pape François, dans sa prière de l'Angélus dominical, est revenu sur « le moment crucial » lors duquel Jésus, après avoir vérifié que Pierre et les autres onze apôtres avaient cru en Lui comme le Messie et le Fils de Dieu, « commença à [leur] montrer qu'il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup […], être tué, et le troisième jour ressusciter ». (Mt 16, 21).

    Pour le Souverain Pontife, c'est un « moment critique lors duquel apparaît le contraste entre les modes de penser de Jésus et des disciples ». « Pierre se sent même le devoir de le réprimander, poursuit-il, car il ne peut pas attribuer au Messie une fin si ignoble. » Pierre est alors à son tour réprimandé par Jésus, car ses « pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » et sans s'en apercevoir fait la part de Satan.

    « Nous les chrétiens vivons dans le monde, pleinement insérés dans la réalité sociale et culturelle de notre temps, analyse le Pape, et c’est juste ainsi, mais cela comporte le risque que nous devenions “mondains”, que nous perdions la charge de nouveauté qui nous vient du Seigneur et de l'Esprit Saint. Ce devrait être le contraire ; quand dans les chrétiens reste vive la force de l’Évangile, celle-ci peut transformer "les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d’intérêts, la ligne de pensée, les sources d’inspiration et les modèles de vie" ». (Paul VI, Evangelii nuntiandi, 19).

    « Il est ainsi nécessaire de se renouveler continuellement, poursuit le Saint-Père. Comment faire cela, dans la pratique », questionne-t-il : « En lisant et méditant l’Évangile chaque jour, pour que la Parole de Jésus soit toujours présente dans notre vie ; en participant à la Messe du dimanche, où l'on rencontre le Seigneur dans la communauté, écoute sa Parole et reçoit l'Eucharistie qui nous unit à Lui et entre nous. Enfin sont très importantes pour le renouvellement spirituel les journées de retraite et d'exercices spirituels. Grâce à ces dons du Seigneur, nous pouvons nous conformer non au monde, mais au Christ, et Le suivre dans sa vie, perdant sa propre vie, dans le sens de l'offrir pour amour et dans l'amour. Et cela comporte le sacrifice, la croix, pour la recevoir nouvellement purifiée, libérée de l'égoïsme et de l'hypothèque de la mort, pleine d'éternité. »

    Source : Radio Vatican.

    Après la prière mariale, le Pape a salué les nombreux pèlerins réunis sur la place et a rappelé que demain, lundi 1er septembre, on célébrera en Italie la Journée annuelle pour la protection de la création, organisée par la Conférence épiscopale italienne (Eduquer pour la protection de la création, pour la santé de notre pays et de nos villes). Le Pape François a souligné l'importance de ce sujet et a lancé un appel pour que "se renforce l'engagement de tous, institutions, associations et citoyens, afin que soit sauvegardées la vie et la santé des personnes en respectant également l'environnement et la nature". Enfin, il a adressé un salut particulier aux parlementaires catholiques réunis pour leur cinquième rencontre internationale en les encourageant à "vivre le rôle délicat de représentants du peuple en conformité aux valeurs évangéliques".

    Source : Vatican Information Service.

    Texte intégral en italien sur le site internet du Vatican.

    Traduction française (texte intégral) sur Zenit.org.

  • Méditation : le zèle de St Jean Baptiste

    « Considérez, mes frères, la zèle de Jean-Baptiste contre les défauts du prochain. Race de vipères, dit-il, qui vous a appris à éviter la colère future ? De quel foyer croyez-vous que partent ces étincelles, ou plutôt ces charbons dévorants ? Il n'épargne pas les pharisiens. Ne dites point, leur dit-il, que vous avez Abraham pour père ; le Seigneur est assez puissant pour se susciter des enfants d'Abraham, de ces pierres. Mais ce serait peu que ce zèle, si Jean tremblait en la présence des puissants de la terre. Non, plein d'une sainte liberté, il reprend en face un Roi prévaricateur, cruel et orgueilleux. Mû par une impulsion toute divine, il sort du désert, sans craindre ses caresses et sans redouter la mort : car Hérode appréhendait Jean-Baptiste, il profitait souvent de ses avis et il l'écoutait volontiers ; mais Jean, peu jaloux de conserver ses bonnes grâces, lui parle avec toute la force dont il est capable. Il ne vous est pas permis, lui dit-il, de conserver cette femme pour votre épouse : Non licet. Lié de chaînes dans le fond d'un cachot, rien ne peut lui faire dissimuler la vérité ; et c'est pour la défendre, qu'il a le bonheur de succomber.

    Soyons embrasés du même zèle, mes très chers frères. Qu'on remarque en nous un ardent amour pour la justice, et une haine implacable pour l'iniquité. Que personne ne flatte le vice, et ne dissimule les péchés ; que personne ne dise : Suis-je le gardien de mon frère ? Que personne ne voie de sang froid la décadence de l'Ordre et l'affaiblissement de la discipline : car se taire, lorsqu'on peut s'opposer au mal par ses réclamations, c'est y consentir ; et vous n'ignorez pas que la peine de ceux qui consentent au péché doit être semblable à celle de ceux qui le commettent. »

    Saint Bernard, Homélies pour tous les dimanches et les principales fêtes de l'année, extraites de ses œuvres et traduites en français, Tome II, Propre des Saints (29 Août, La décollation de S. Jean-Baptiste, pp.237-238), Avignon, Seguin Aîné, 1830.

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    Source et crédit photo : Langeais en Touraine

    Voir également, sur la décollation de St Jean Baptiste :
    les sermons de St Augustin proposés les 4 août 2012, 29 août 2012 et 8 février 2013
    et celui de St Bède le Vénérable proposé le 29 août 2013.

  • Méditation : "Refuser la croix, c'est refuser le ciel"

    « N'oublions pas que nous devons travailler ici-bas à acquérir deux choses : la vertu pour nous et le bonheur des autres ; être bon et saint, et rendre heureux autour de nous.

    Recevoir la croix, c'est recevoir Jésus Notre-Seigneur, qui ne donne jamais sa croix sans donner son amour. Refuser la croix, c'est refuser le ciel. La douleur fut le pain quotidien de la vie mortelle de Jésus et de Marie. C'est de vous, ô ma Mère, comme de votre divin Fils, que j'ai appris l'art divin de souffrir. Faites, Jésus, que tout en moi exhale le divin parfum de la piété, de la bonté, de la charité dans votre amour.

    Ah ! si les malheureux savaient mieux souffrir ! Si les heureux savaient mieux aimer, une aurore de bonté et d'union régnerait dans le monde, et la paix promise aux âmes de bonne volonté rayonnerait dans toutes les âmes.

    O Père ! notre Père ! vous qui êtes le Bon Dieu, que nous sommes loin de cette vérité !

    Dans toute condition, dans chaque état, pour tous, il y a chaque jour une croix à porter, au moins une ; mais un jour sans croix serait un jour sans mérite, un jour sans croix serait un jour qui ne serait pas pour le ciel.

    Chaque matin, baisons avec amour notre crucifix en promettant à Jésus de porter patiemment, généreusement ce jour, la croix de ce jour.

    Seigneur, ayez pitié de nous, de moi aussi, pauvre pécheresse, ayez pitié, mon Dieu ! »

    Marthe Robin, in "Journal - Décembre 1929 Novembre 1932", 2ème Cahier, 3 janvier 1931, Éditions Foyers de Charité, Châteauneuf-de-Galaure, 2012.

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  • Méditation : "Supportez-vous les uns les autres" (Ga 6,2 ; Col 3,13)

    « Dieu vous ordonne d'aimer le prochain tel qu'il est, et avec toutes ses faiblesses : et ce sont les faiblesses mêmes du prochain qui doivent être la matière de votre charité. Si les gens étaient sans défaut, qu'aurions-nous à en souffrir ? Et n'ayant rien à souffrir de personne, comment accomplirions-nous cette divine leçon de saint Paul : Supportez-vous les uns les autres (Ga 6,2 ; Col 3,13) ? Mais que cet homme ne se corrige-t-il pas ? De se corriger, c'est son affaire ; mais de le supporter, quoiqu'il ne se corrige pas, c'est la vôtre. Faites ce qui est pour vous du devoir de la charité, et du reste n'examinez point si les autres font ce qu'ils doivent, ou s'ils ne le font pas, puisque vous n'aurez point à en rendre compte. »

    Louis Bourdaloue s.j. (1632-1704), Pensées diverses sur la charité du prochain, in "Œuvres de Bourdaloue" Tome V (Pensées - De la charité chrétienne et des amitiés humaines), Paris, Lefevre - Pourrat Frères, 1888.

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  • Méditation - Prière : Consécration de la Famille au Coeur Immaculé de Marie

    « Ô très sainte Vierge, Reine du Ciel et de la terre, Reine et Mère de la famille que Dieu s'est choisie sur la terre pour naître et habiter parmi nous, aimable Maîtresse de la Maison de Nazareth, soyez aussi la Reine et la Mère de cette famille et de chacun de ses membres présents et absents, actuels et futurs ! Soyez à jamais la Maîtresse de cette maison et de tous ses habitants !

    Tous, nous vous proclamons notre Souveraine et notre Mère pour le temps et l'éternité ! Régnez pour faire régner sur nous l'adorable Cœur de Jésus ! De nouveau, nous nous donnons et consacrons à votre Cœur maternel, auquel nous remettons et abandonnons la direction de cette maison, le soin de nos âmes et de nos corps, la conduite de notre vie et de toutes nos affaires spirituelles et temporelles. Dirigez-nous, ô Vierge fidèle, dans la voie immaculée, dans la voie d'amour qui mène au Cœur divin ! Faites-nous demeurer avec vous dans son amour et dans son intimité ! Veillez à tout, dans votre infaillible sagesse ! Pourvoyez à tout, dans votre maternelle bonté et dans votre royale libéralité ! Remédiez à tous nos maux et à toutes nos fautes, dans votre grande miséricorde ! Redressez-nous dans nos écarts ! Soutenez-nous dans nos défaillances ! Fortifiez-nous dans nos faiblesses ! Consolez-nous dans nos peines ! Et faites qu'à l'heure de notre mort, votre tendre Cœur de bonne Mère, votre Cœur Immaculé, soit vraiment, pour nous, la porte du Ciel, du Ciel d'amour qu'est le Cœur de Jésus ! Nous vous en supplions par votre divine tendresse pour ce Cœur sacré et par l'amour dont il brûle pour vous ! Ainsi soit-il. »

    + Louis, Archevêque de Besançon, in "Allons à Marie - Manuel de la Garde d'Honneur du Cœur de Marie", Besançon, 1938.

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    Source et crédit photo : Bannière de Notre-Dame des Victoires

  • Méditation : marcher avec Jésus, "toujours mieux"

    « [...] Jésus aime singulièrement une âme, quels que soient ses antécédents, qui un jour vient à Lui, se remet, se confie à tout jamais à Lui, et qui, ensuite, sans jamais s'en départir, marche avec Lui ; alors, elle n'a qu'un but : Le regarder sans se distraire, pour L'imiter, faire servir tout pour L'aimer, même ses chutes, qui ne l'abattent pas mais lui servent de leçons et de nouveaux stimulants. Jamais de repos ; sa devise : toujours mieux. Pas de découragement, s'animer des obstacles et ne pas les grossir mais plutôt les diminuer après les avoir confiés à Jésus. Puis viendra le désir de l'union intime et cette âme fidèle vivra avec son Bien-Aimé ; chaque minute, chaque seconde se passera avec Lui, elle Lui parlera sans cesse, elle ne Le quittera plus de vue. »

    Mère Marie Cronier (fondatrice de l'abbaye de Dourgne), Doctrine monastique, citée par Dom Gérard, in "Benedictus Tome III - Lettres aux oblats" (n°27), Éditions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 2011.

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  • Méditation avec St Jean Eudes : imitation de la Bse Vierge Marie

    « Je vous exhorte, mon cher fils, d'aimer notre très sainte dame et notre divine maîtresse ; car si vous désirez vous garantir d'une infinité de périls et de tentations dont cette vie est pleine, si vous désirez trouver de la consolation et n'être point accablé de tristesse dans vos adversités, si enfin vous souhaitez d'être uni inséparablement avec notre Sauveur, ayez une vénération et une affection singulières pour sa très pure, très aimable, très douce, très fidèle, très gracieuse et très puissante mère ; car si vous l'aimez véritablement et que vous tâchiez de l'imiter soigneusement, vous expérimenterez qu'elle vous sera aussi une mère pleine de douceur et de tendresse, et qu'elle est si pleine de bonté et de miséricorde, qu'elle ne méprise personne et qu'elle ne délaisse aucun de ceux qui l'invoquent ; n'ayant point de plus grand désir que d'élargir les trésors des grâces que son fils lui a mis entre les mains, à tous les pécheurs.

    Quiconque aime cette Vierge immaculée, est chaste ; quiconque l'honore, est dévot ; quiconque l'imite, est saint. Personne ne l'aime sans ressentir les effets de son amour réciproque : pas un de ceux qui lui ont dévotion ne peut périr ; pas un de ceux qui tâchent de l'imiter ne peut manquer d'acquérir le salut éternel. Combien a-t-elle reçu dans le sein de sa miséricorde de misérables pécheurs qui étaient comme dans le désespoir et dans l'abandon à toutes sortes de vices, et qui avaient déjà, s'il faut ainsi dire, un pied dans l'enfer ; et qu'elle n'a pas néanmoins rejetés, lorsqu'ils ont eu recours à sa piété ; mais qu'elle a arrachés de la gueule du dragon infernal, les réconciliant avec son fils, et les remettant dans le chemin du paradis ; car c'est une grâce, un privilège et un pouvoir que son fils lui a donné, qu'elle puisse amener à la pénitence, ceux qui l'aiment, à la grâce ceux qui lui sont dévots, et à la gloire du ciel ceux qui s'efforcent de l'imiter. »

    St Jean Eudes, Le Cœur Admirable de la très sacrée Mère de Dieu ou La dévotion au très saint Cœur de la bienheureuse Vierge Marie (Livre IV, ch. IV), Troisième édition, Tome second, A Paris, chez L. D. Delossy, Libraire-Editeur, 1834.

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  • Méditation : Marie Immaculée vous aime !

    « Dans les difficultés, dans les ténèbres, dans les infirmités, dans les découragements, souvenons-nous que le Ciel... le Ciel s'approche. De jour en jour plus proche. Alors, courage ! Elle nous attend là-bas pour nous serrer sur son Cœur. Et ne croyez pas le diable, lorsqu'il voudrait vous convaincre que le Ciel existe mais qu'il n'est pas pour vous. Car même si vous commettiez tous les péchés possibles, un acte d'amour parfait lave tout cela, ne laissant aucune trace.

    Comme je voudrais vous dire et vous répéter sans cesse comme l'Immaculée est bonne pour éloigner de vos cœurs la tristesse, la chute de l'âme ou le découragement. Un « Marie » dit même par une âme plongée dans les ténèbres, dans les sécheresses, dans le malheur du péché, quel écho provoque-t-il dans son Cœur si aimant ! Et plus l'âme est malheureuse, plus elle est plongée dans la faute, plus elle entoure de sa protection pleine d'attention cet élan venu de nous, pauvres pécheurs. Et ne vous inquiétez pas si vous ne sentez pas cet amour. Si vous voulez aimer, c'est un signe certain que vous aimez, et il s'agit seulement de vouloir aimer. Le sentiment extérieur est aussi le fruit de la grâce, mais ne suit pas toujours la volonté. Parfois, il vous arrivera une pensée triste et comme nostalgique, une prière, une imploration... : « Est-ce que l'Immaculée m'aime encore ? » Je vous dis à tous et à chacun en particulier, en son nom, faites attention, en son nom. Elle vous aime, chacun de vous. Elle vous aime beaucoup. Elle vous aime en tout moment, sans aucune exception. C'est cela que je vous répète en son nom. »

    St Maximilien-Marie Kolbe, 13-04-1933 : L. Nagasaki, in "Entretiens spirituels inédits", Paris, Éditions P. Lethielleux, Dessain et Tolra, 1974.

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  • Méditation : Marie consolatrice

    « L'Esprit Saint veut nous conduire à la liberté spirituelle des enfants de Dieu. Car "là où est l'Esprit, là est la liberté" (2 Co 3,17). Il nous faut donc sortir de nos mensonges, car seule la Vérité peut nous rendre libre. Mais toute vérité n'est pas supportable à tout moment. La délicatesse maternelle de Marie joue un rôle irremplaçable à cet égard. Toute mère pour son enfant a l'expérience du psychologue le plus expérimenté, parce qu'elle l'aime. Que dire de Marie dans la manière dont elle nous aide à reconnaître les blessures qui sont en nous ? Car il ne suffit pas de faire venir à la lumière. Une blessure est enveloppée la plupart du temps dans un bandage d'amertume, de peur, de rancune, voire de colère rentrée, de refus de pardon, qui alimentent une souffrance latente, mais qui devient très vive si on y touche maladroitement. Dans ces circonstances, Marie suggère les situations cachées, secrètes, parfois très anciennes dans le temps, en les oignant de sa douceur et de sa miséricorde. Sa main qui soigne la blessure, l'effleure à peine. Elle est la consolatrice qui nous obtient la Consolation de l'Esprit Saint et rend possible l'accueil de la vérité. Elle nous fait comprendre aussi que cette blessure inavouable peut devenir notre richesse. Le Seigneur la transforme en une blessure d'Amour qui est un trait de notre visage et nous ouvre à la miséricorde envers les autres. Avec Marie, nous découvrons que nos difficultés, nos blessures et nos infirmités sont des chances données par Dieu pour accomplir notre vocation de fils et de filles de Dieu et nous rendre plus humble dans la mission apostolique. »

    Père Raymond Halter (1925-1998), Le disciple la prit chez lui (extrait de la Postface), F.X. de Guibert (O.E.I.L.), Paris, 1992.

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    La Vierge consolatrice, de Sébastien Cornu (1859)
    Église Saint-Roch, Chapelle de la Compassion (Paris)

    (Source et crédit photo)

  • Méditation - Prière : au soir de notre vie...

    « Quand le soir tombe et que la fin d'un jour, en s'annonçant, me fait songer à la fin des choses, comme j'ai besoin de vous prier de me garder cette vie qui ne passe pas :
    "Écoutez, au moment où les ténèbres de la nuit s'approchent, nos prières qu'accompagnent nos larmes. Ne permettez pas que notre âme, appesantie par le poids du péché, se détourne des choses éternelles et qu'elle quitte cette patrie intérieure où l'on vous connaît, où l'on vous aime."
    Le péché vous chasse, il fait la nuit, il remplace la lumière, qui vous montre à moi dans votre splendeur radieuse d'être infini, par la clarté inférieure et douteuse qui m'égare vers la créature. Il ne me permet plus de discerner nettement ce qui est vérité et mensonge, vrai bien et faux bien. Écartez de moi ces ténèbres. Faites au contraire que le soir de ma vie soit de plus en plus cette fin apaisée des longues journées d'été, où les nuages ont pu s'amonceler, le tonnerre gronder, le soleil darder un rayon trop dur, mais qui s'achève dans le calme recueilli et confiant où s'annonce un beau lendemain.
    Donnez-moi cela, ô Vous pour qui il n'y a ni orage ni nuage menaçant, ni rayon qui brûle, ni tempête qui dévaste, ni jour qui finit. Donnez-moi de vous connaître et de vous aimer comme vous vous connaissez et vous vous aimez ; donnez-moi votre vie éternelle. Vivez en moi, ô Père, dans mon âme que l'effort quotidien, soutenu par votre grâce, fera de plus en plus limpide ; engendrez comme dans un pur miroir votre Image qui est votre Fils ; gravez en moi vos traits ou mieux faites que je fasse cela, que bien souvent ma pensée aimante se retourne vers Vous. Donnez-moi de vous reconnaître, de vous adorer, de vous bénir en tout ce que vous voulez, en tout ce que vous faites. Donnez-moi votre Esprit qui ainsi vous reconnaît, vous adore et vous aime. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Liturgie d'âme (Harmonies divines), 2e édition, Roma, Benedettine di Priscilla, 1962.

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    (Source et crédit photo)

  • Méditation - Prière : La Transfiguration

    « Le ciel parlait, oui ; c'était le Père de ce ciel, le Père de Celui qui était là, transfiguré, le Visage brillant comme le soleil, avec des vêtements blancs comme neige.

    Cette Face du Fils de Dieu, volontairement voilée, si l'on peut dire, depuis plus de trente ans, une fois se découvrait, enfin, et laissait voir ce qu'elle est, ce que nous la verrons, un jour, dans les splendeurs de la gloire, lorsque cette gloire nous la révélera. A cette apparition, nous serons rassasiés.

    Pierre, Jacques et Jean, symboles de la foi, de l'espérance et de l'amour par lesquels on découvre le Visage de Jésus, ne pouvaient descendre de la montagne ; il y étaient si bien. Ils goûtaient l'ivresse d'une extase, qu'ils eussent voulue ainsi, éternelle. Ils ne voyaient plus que Jésus-Christ.

    Heureuse l'âme qui ne voit plus que Jésus-Christ ! Heureuse l'âme chez qui le détachement total est achevé, l'âme qui a dépassé la terre, qui s'est élevée vers Dieu, en se laissant elle-même ; l'âme qui ne voit plus, qui ne goûte plus en personne, en rien que Lui, Jésus, le suprême Amour, le Faîte de la vie !

    Seigneur Jésus, je le sais, pour être transfiguré, pour être transformé en vous, il faut que je reste sur cette montagne, au-dessus de tout, au-dessus de moi-même. Quand sera-ce que je ne verrai plus que Vous ? Quand sera-ce que mes yeux se perdront dans les vôtres et s'abîmeront en votre Lumière, Lumière de lumière, Splendeur de gloire, Candeur de la Lumière éternelle ?

    Seigneur, arrachez-moi à la terre, arrachez-moi à moi-même. Tournez, pour moi, en amertume toutes les choses de la vie, et faites-moi vivre de Vous seul. Que tout est vain sans Vous, hors de Vous ! Seigneur, Jésus-Amour, ravissez-moi ! »

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour - Temps après la Pentecôte I (Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ), Éditions de Maredsous, Belgique, 1950.

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    Alexander Andreyevich Ivanov (1806-1858)

  • Méditation : "Je vous donne un commandement nouveau"

    « Il faut nous aimer, du moins essayer constamment de nous aimer comme Jésus nous a aimés lui-même, avec le même désintéressement, la même spontanéité toute gratuite, avec la même profondeur et sincérité de sentiments, avec une véritable affection, avec le même dévouement sans limites, usque ad mortem (1), avec la même condescendance à l'égard de chacun, avec la même délicatesse, sicut dilexi vos (2) ! Les perspectives sont infinies, les progrès sont toujours possibles. Ne nous contentons pas d'une bonne petite vie familiale où l'on se supporte à peu près les uns les autres. Cherchons à nous aimer avec toujours plus de vérité, de profondeur. Soyons bons, très bons et bienveillants les uns à l'égard des autres. Ne supportons pas la moindre parole ni la moindre pensée contraire à la charité. La personne de notre prochain, quel qu'il soit, est sacrée ; il n'y faut toucher qu'avec un souverain respect. Et puis aimons-nous tous les uns les autres ; pas d'excommunication, pas d'exclusion sous aucun prétexte. Ayons une charité vraiment catholique... »

    (1) : par ex. Mt XXVI, 38 : "jusqu'à la mort"
    (2) : Jn XIII, 34 : "Mandatum novum do vobis: ut diligatis invicem sicut dilexi vos..." - "Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés..."


    Dom Placide de Roton, Jésus c'est tout (Aimer Jésus dans nos frères, Août 1952), Éditions Sainte-Madeleine, 2004.

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    Jésus-Christ bénissant les enfants, par Jean-Joseph Ansiaux (1764-1840)
    Musée du château de Versailles - (Source et crédit photo)

  • Méditation - Prière avec St Alphonse-Marie de Liguori

    « O Domina quae rapis corda (1), vous dirai-je assez avec saint Bonaventure ; ô vous qui par votre amour et vos bienfaits pour vos serviteurs, ravissez leur cœur, ravissez aussi ce cœur misérable qui désire vous aimer beaucoup. Vous, ma Mère, dont la beauté a captivé un Dieu, et l'a fait descendre du ciel dans votre sein, vivrai-je sans vous aimer ? Non, vous dis-je avec cet autre serviteur, si enflammé pour vous, Jean Berchmans de la Compagnie de Jésus (2) : point de repos, tant que je ne serai pas certain d'avoir obtenu la grâce d'un tendre et constant amour pour vous, ô ma Mère, qui m'avez si tendrement aimé, alors même que j'étais ingrat. Si donc vous m'avez tant aimé tant que je ne vous aimais pas, que ne dois-je pas espérer de votre bonté, maintenant que je vous aime ? Je vous aime, ô ma Mère, et je voudrais posséder un cœur qui vous chérit pour tous les malheureux qui ne vous aiment point. Si j'avais des richesses, je les emploierais toutes à vous honorer. Si j'avais des sujets, je ferais de tous des serviteurs de Marie. Pour vous et pour votre gloire, je sacrifierais enfin ma vie, s'il en était besoin. Je vous aime donc, ô ma Mère, mais en même temps je crains de ne pas vous aimer, parce que j'entends dire que l'amour rend ceux qui aiment semblables à la personne aimée (3). Me voir si peu semblable à vous, est donc un signe que je ne vous aime pas. Vous si pure, et moi si souillé ! Vous si humble, et moi si orgueilleux ! Vous si sainte, et moi si inique ! Mais c'est à vous d'y porter remède, ô Marie ; puisque vous m'aimez, rendez-moi semblable à vous. Vous avez la puissance de changer les cœurs ; prenez donc le mien, et changez-le. Faites voir au monde ce que vous pouvez en faveur de ceux que vous aimez. Rendez-moi saint, rendez-moi digne de votre Fils. Je l'espère. Ainsi soit-il. »

    (1) O Domina quae rapis corda [hominem] : "Ô Dame souveraine de l'univers qui ravissez les coeurs [des hommes]". Expression également attribuée à St Bernard, notamment par St Jean Eudes (in "Le Coeur admirable de la très Sacrée Mère de Dieu...", L. VI, ch. VIII).
    (2) Nunquàm quiscam donec habuero teneru amorem ergà matrem meam, Mariam.
    (3) Amor aut similes invenit, aut facit (Aristote).

    St Alphonse-Marie de Liguori, Les gloires de Marie (ch. I, III, Prière), Traduction nouvelle, Tome I, Paris, Gaume Frères, 1852.

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  • Méditation : un seul Corps

    « "La multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain" (1Co X,17). Qu'est-ce que ce pain ? Le Corps du Christ. Et que deviennent ceux qui le reçoivent ? Le Corps du Christ. Ils ne sont plus plusieurs corps, mais un seul. Que de grains de froment entrent dans la composition du pain ! Mais ces grains, qui les voit ? Ils sont bien dans le pain qu'ils ont formé, mais rien ne les distingue les uns des autres, tant ils sont unis. Ainsi sommes-nous unis les uns avec les autres et avec le Christ. Il n'y a plus plusieurs corps nourris par divers aliments ; nous formons un seul corps, nourri et vivifié par un même pain. C'est pourquoi Paul dit : "Nous avons tous part à un seul pain." Si nous participons tous au même pain, si nous sommes unis en lui au point de devenir un même corps, pourquoi ne sommes-nous pas unis par un même amour, étroitement liés entre nous par la même charité ? Relisez l'histoire de nos ancêtres dans la foi et vous trouverez ce tableau remarquable : "La multitude des croyants avait un seul cœur et une seule âme" (Ac IV,32). Mais, hélas, il n'en est pas ainsi aujourd'hui. De nos jours l’Église offre le spectacle contraire ; on ne voit que conflits douloureux, divisions acharnées entre frères. Vous étiez loin de lui, mais le Christ n'a pas hésité à vous unir à lui. »

    St Jean Chrysostome (v.345-407), Homélies sur la 1ère Epître aux Corinthiens, XXIV, 2.
    Autre traduction sur le site de l'abbaye Saint Benoît (Œuvres complètes", Tome IX, traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1864.)

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  • Méditation - Poésie : "Sois un saint..."

    « Ne sois pas seulement un homme dans la vie,
    Un passant qui s'en va, qui souffre, qui gémit,
    Qui, sans force et sans foi, ne connaît que l'envie,
    Et dont le cœur s'éteint comme un jour qui finit...

    Ne sois pas seulement une pâle copie
    Du visage divin que ton front réfléchit,
    Ne sois pas l'être vain que le sépulcre épie,
    Ne sois pas l'esprit terne où nulle aube ne luit...

    Ne te contente pas d'être grand sur la terre,
    Que ton but soit plus haut, ton rêve plus austère ;
    Rien n'est digne de toi sous le firmament bleu...

    Sois un saint, chaque jour fais ton âme plus belle,
    Plus sereine, plus haute et reproduis en elle
    Les vertus, les grandeurs et l'amour de ton Dieu. »

    P. Charles Lemercier, in "Nos Mères", Préface de Mgr Fuzet, Archevêque de Rouen, Éditions de la Vicomté, Rouen, 1930 (1ère éd. Jouve et Cie Éditeurs, Paris, 1910).

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  • Méditation : que faire pendant la messe ?

    « Comment occuper les instants que la foi nous révèle comme si précieux, et durant lesquels le Christ est vraiment présent à l'autel, puis dans l'âme de celui qui participe pleinement à la messe en communiant ?

    Il faut redire ici le danger de chercher à satisfaire la sensibilité. Non, la meilleure prière, au cours de la messe, n'est pas celle qui remplit le plus l'âme d'émotion. Non, la messe n'a été ni inutile ni stérile si elle a laissé le cœur apparemment sec, du moment que l'âme a loyalement cherché à s'unir à la prière et à l'immolation du Christ. Ici encore, la foi va donner la lumière et permettre de comprendre comment il faut tendre à s'unir à la prière du Christ, à son amour pour son Père, à son amour pour les âmes, par delà les émotions de la sensibilité. [...]

    Le mieux que l'on puisse faire à la messe, c'est de chercher, dans la foi, à s'unir le mieux possible à la prière du Christ en croix, c'est de tendre de toute la force de la volonté à s'identifier à Lui dans l'acte de son sacrifice. C'est cette pensée qui fait comprendre le prix des prières liturgiques de la messe et qui doit les faire aimer. Non seulement parce que peut-être la première partie de la messe comporte des textes riches qui sont nourrissants ou évocateurs d'idées chères, mais parce que les prières de la messe, nées de la dévotion de l’Église, permettent à celui qui célèbre la messe ou y assiste, d'identifier sa prière à celle du Christ. »

    R.P. Lucien-Marie de Saint-Joseph, O.C.D., La communion dans l'attente (La tunique blanche), La Vigne du Carmel, Éditions du Seuil, Paris, 1951.

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  • Méditation : livrés à l'Amour...

    « Vivons d'amour, soyons simples comme elle (*), livrées tout le temps, nous immolant de minute en minute en faisant la volonté du bon Dieu sans rechercher des choses extraordinaires. Et puis faisons-nous toutes petites, nous laissant porter, comme l'enfant dans les bras de sa mère, par Celui qui est notre Tout. Oui, ma petite sœur, nous sommes bien faibles, je dirais même nous ne sommes que misère, mais Il le sait bien, Il aime tant nous pardonner, nous relever, puis nous emporter en Lui, en sa pureté, en sa sainteté infinies ; c'est comme cela qu'Il nous purifiera par son contact continuel, par des attouchements divins. Il nous veut si pures, mais Lui-même sera notre pureté : il faut nous laisser transformer en une même image avec Lui, et cela tout simplement, en aimant tout le temps cet amour qui établit l'unité entre ceux qui s'aiment !

    Moi aussi, je veux être sainte, sainte pour faire son bonheur. Demandez-Lui que je ne vive plus que d'amour, « c'est ma vocation ». Et puis unissons-nous pour faire de nos journées une communion continuelle : le matin éveillons-nous dans l'Amour, tout le jour livrons-nous à l'Amour, c'est-à-dire en faisant la volonté du bon Dieu, sous son regard, avec Lui, en Lui, pour Lui seul. Donnons-nous tout le temps sous la forme qu'Il veut... Et puis, quand vient le soir, après un dialogue d'amour qui n'a pas cessé en notre cœur, endormons-nous encore dans l'Amour. Peut-être verrons-nous des fautes, des infidélités, abandonnons-les à l'Amour : c'est un feu qui consume, faisons ainsi notre purgatoire dans son Amour ! »

    (*) : "elle" désigne Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, à qui elle a recommandé sa correspondante à qui elle adresse cette lettre. Ce passage résume nombre d'aspects de la spiritualité de la sainte du Carmel de Lisieux.

    Bse Élisabeth de la Trinité, extrait de la Lettre à Germaine de Gemeaux [20 août 1903], in "Œuvres complètes", Éditions du Cerf, Paris, 1980.

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  • Méditation : l'amour réel de Dieu

    « La perfection n'est pas dans la tête, elle est dans le cœur et dans la volonté ; laissez donc toutes les pensées imaginables s'agiter dans votre esprit et y faire du tapage, ne vous en occupez pas, n'y faites pas attention : c'est un fou qui vous parle, gardez-vous de lui répondre, de chercher à lui imposer silence, laissez-le faire, passez votre chemin. Allez-vous vous mettre à la fenêtre, sur la rue, pour dire aux passants qu'ils font trop de bruit et qu'ils vous fatiguent ? Quel temps perdu ! Après les premiers, il en vient d'autres et toujours d'autres qui n'ont pas entendu ce que vous avez dit. Vous n'aurez jamais la paix, la dilatation du cœur, si vous vous occupez de ce qui se passe dans votre esprit, si vous y arrêtez votre volonté ; n'y pensez pas et dilatez votre cœur dans l'amour de Dieu.
    Tout ce qui se passe dans votre esprit, dans vos impressions, ne vous empêche pas de faire des actes d'amour, de reconnaissance, d'abandon. J'en dirai autant de vos ennuis, de vos dégoûts dans les choses de Dieu. Au milieu de tout cela, faites des actes d'amour ; il faut passer au milieu de tout cela, pour arriver à l'amour réel de Dieu, qui n'est pas amour sensible, mais qui réside dans la volonté. »

    P. Ludovic de Besse OFM Cap (1831-1910), Note 4 adressée à une "personne pieuse vivant au milieu des soucis de la famille", in R.P. Hilaire de Barenton, "Le P. Ludovic de Besse", Paris, Librairie Saint-François, 1913.

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    (Source dessin)

  • Méditation : "ce qui manque... c'est de se taire et d'agir"

    « Il est certain que l'avancement de l'âme dans la perfection ne dépend pas du nombre des notions dont elle se charge, mais bien de l'assimilation active qu'elle s'en fait. Une seule sentence de l’Évangile peut conduire à la sainteté ; c'est la doctrine de notre Maître : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes (Mt XXII, 37, [en latin dans le texte original]).

    Un des plus éminents docteurs de la vie spirituelle, saint Jean de la Croix, se plaisait à inculquer les mêmes principes : « Ce qui manque, dit-il, si tant est qu'il manque quelque chose, ce n'est ni d'écrire, ni de parler, ce qui se fait ordinairement à profusion, mais bien de se taire et d'agir... Lorsqu'on a fait connaître à une âme tout ce qui est nécessaire à son avancement, elle n'a plus besoin ni de prêter l'oreille aux paroles des autres, ni de parler elle-même. Il ne lui faut plus alors que mettre en pratique ce qu'elle sait, avec générosité, application et silence, avec humilité, charité et mépris de soi-même, sans s'inquiéter de chercher toujours des choses nouvelles, qui ne servent qu'à satisfaire l'appétit des consolations extérieures sans pouvoir le rassasier, et qui laissent l'âme faible, vide, dénuée d'esprit intérieur et de véritable vertu. Il en est de cette âme comme de celui qui recommencerait à prendre de la nourriture avec d'avoir digéré la précédente. La chaleur naturelle, en se partageant sur tous ces aliments, n'a pas assez de force pour lui assimiler le tout et le convertir en substance ; et c'est de là que s'engendrent les maladies. » (Œuvres spirituelles, Lettre IIIe)

    Rien, en effet, ne vaut, dans la vie spirituelle, que ce qui est conduit jusqu'à la pratique. Les belles pensées, les grands sentiments qui ne produisent pas les vertus solides, sont sans aucune valeur ; et la preuve de la doctrine se fait dans les actes. Aimer à s'instruire dans la science naturelle est sans doute montrer un esprit bien fait ; mais se borner à scruter la vérité, sans mettre jamais en œuvre, par la volonté, les richesses que possède l'intelligence, c'est faire preuve d'illogisme et accuser une médiocre conviction.

    Notre foi a cela de particulier qu'elle entraîne à appliquer toutes les vérités qu'elle nous enseigne. Elle ne renferme aucune théorie qui ne doive se transformer en pratique ; les rêveurs, les faiseurs de systèmes n'y ont point d'avenir ; elle ne façonne que ceux qui agissent comme ils croient. Les hommes au cœur droit, qui tirent toutes les conséquences logiques de leur croyance, ne vivent que de la foi ; en un mot, les vaillants, sont ceux que saint Paul appelle les saints. »

    Madame Cécile Bruyère (1845-1909), abbesse du monastère Sainte-Cécile de Solesmes, La Vie spirituelle et l'Oraison d'après la Sainte Écriture et la Tradition monastique (extrait de la Préface), Solesmes, Imprimerie Saint-Pierre, 1899.

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    Œuvres de miséricorde, par David II Teniers, dit le Jeune (années 1640, Louvre)

  • Méditation : accueillir avec amour notre vocation chrétienne

    « Marie et l'Eucharistie aujourd'hui viennent nous rappeler cet aspect très important de notre vocation chrétienne : nous sommes tous appelés à la consécration. C'est-à-dire à la sanctification. Comme chrétiens, notre vocation est une vocation à la sainteté. Nous sommes appelés à la consécration personnelle de l'homme, de la femme que nous sommes. Nous sommes appelés à nous laisser sanctifier et à grandir dans cette sanctification. Cela se passe chaque fois que nous recevons Jésus-Eucharistie.

    Mais, en second lieu, nous sommes appelés à réaliser, par notre liberté, par notre activité, la consécration de ce monde dans lequel nous sommes. A travers notre foi, à travers la liberté de notre vie chrétienne, Dieu demande que nos familles soient vraiment consacrées et qu'elles soient des familles chrétiennes. Dieu demande que notre vie sociale, notre vie de relations, le quartier, la ville, le village auquel nous appartenons, soient consacrés. Dieu demande que, par notre travail, toute cette matière, tout ce monde dans lequel nous travaillons et agissons soient consacrés à sa gloire.

    Demandons au Seigneur, que nous aussi, nous comprenions bien cette vocation qui est la nôtre. Demandons lui non seulement la lumière mais aussi la force de pouvoir la réaliser dans notre propre vie, dans notre propre activité, de la réaliser non pas comme une sorte de devoir qui nous serait imposé mais comme Marie elle-même l'a réalisée. Lorsqu'elle a dit oui à son Dieu, c'était un oui d'amour. Que nous sachions vivre notre vie chrétienne dans l'amour et le Seigneur, à ce moment-là, non seulement nous bénira, mais bénira nos familles, notre travail et toute notre vie sociale. »

    Père Raymond Halter (1925-1998), Le disciple la prit chez lui (2e Part., ch. 6), F.X. de Guibert (O.E.I.L.), Paris, 1992.

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    Carlo Dolci (1616-1686), La Vierge de l'Annonciation (musée du Louvre, Paris)